Aperçu – Le point sur les tendances de l’incidence du cancer au Canada (1984-2017)

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Alain A. Demers, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 1Note de rattachement des auteurs 2; Nathalie Saint-Jacques, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 3; Larry Ellison, M. Sc.Note de rattachement des auteurs 4; Darren Brenner, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 5; Natalie Fitzgerald, M. Sc.Note de rattachement des auteurs 6; Samina Aziz, M. Sc.Note de rattachement des auteurs 1; Donna Turner, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 2Note de rattachement des auteurs 7

https://doi.org/10.24095/hpcdp.42.7.04f

Rattachement des auteurs
Correspondance

Alain Demers, Centre de surveillance et de recherche appliquée, Agence de la santé publique du Canada, 785, avenue Carling, pièce 611B2, Ottawa (Ontario)  K1A 0K9; tél. : 613-797-2129; courriel : alain.demers@phac-aspc.gc.ca

Citation proposée

Demers AA, Saint-Jacques N, Ellison L, Brenner D, Fitzgerald N, Aziz S, Turner D. Le point sur les tendances de l’incidence du cancer au Canada (1984-2017). Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada. 2022;42(7):340-345. https://doi.org/10.24095/hpcdp.42.7.04f

Résumé

Cet article met en lumière les tendances en matière de cancer tirées des résultats du rapport Statistiques canadiennes sur le cancer 2021. Ces tendances ont été mesurées à l’aide de la variation annuelle en pourcentage (VAP) des taux d’incidence normalisés selon l’âge. Globalement, les taux d’incidence du cancer sont en baisse (−1,1 %), mais avec des variations en fonction du type de cancer et du sexe du patient. Ainsi, chez les hommes, les plus fortes baisses par année ont été observées pour le cancer de la prostate (−4,4 %), le cancer colorectal (−4,3 %), le cancer du poumon (−3,8 %), la leucémie (−2,6 %) et le cancer de la thyroïde (−2,4 %). Chez les femmes, les diminutions les plus marquées ont été observées pour le cancer de la thyroïde (−5,4 %), le cancer colorectal (−3,4 %) et le cancer de l’ovaire (−3,1 %).

Points saillants

  • Dans l’ensemble, l’incidence du cancer diminue à un taux de −1,1 % par année. Les deux plus fortes baisses ont été observées chez les hommes pour le cancer de la prostate (−4,4 % par année) et le cancer colorectal (−4,3 % par année) et, chez les femmes, pour le cancer de la thyroïde (−5,4 % par année) et le cancer colorectal (−3,4 % par année).
  • Les taux de mélanome sont en hausse (hommes : 2,2 % par année; femmes : 2,0 % par année) ainsi que ceux de myélome multiple (hommes : 2,5 % par année; femmes : 1,6 % par année).
  • Les tendances en matière de cancer au Canada sont dynamiques et elles dépendent de chaque type de cancer. La diminution de l’incidence du cancer de la prostate et du cancer de la thyroïde souligne l’importance de mettre à jour les pratiques de dépistage à partir des meilleures données probantes.

Mots-clés : néoplasmes, analyse de données, tendance, surveillance du cancer

Introduction

Cet article met en lumière les tendances en matière de cancer tirées des résultats du rapport Statistiques canadiennes sur le cancer 2021 (SCC 2021)Note de bas de page 1, qui a été élaboré par le Comité consultatif des statistiques canadiennes sur le cancer en collaboration avec la Société canadienne du cancer, Statistique Canada et l’Agence de la santé publique du Canada à partir des données fournies par les registres provinciaux et territoriaux du cancer.

Le nombre et le taux de nouveaux cas de cancer diagnostiqués chaque année et au fil du temps sont des révélateurs importants du fardeau que le cancer constitue pour la population canadienne et le système de santé. Ces données sont essentielles pour les intervenants qui planifient les services de dépistage, de diagnostic, de traitement et de soutien. Alors qu’ils ont été relativement stables entre 1984 et 2012, les taux globaux d’incidence du cancer ont diminué à un rythme de −1,1 % par année depuis 2012Note de bas de page 1. Cette baisse est probablement attribuable à la réussite du dépistage du cancer du col de l’utérus et du cancer colorectal, mais aussi à l’évolution des pratiques de dépistage du cancer de la prostate et du cancer de la thyroïde et à la diminution de la prévalence du tabagisme. La surveillance de l’incidence de chaque cancer au fil du temps peut aider à cerner les tendances émergentes, à mettre en évidence les progrès réalisés et à indiquer quels domaines sont à prioriser en matière de recherche et de gestion des ressources. Cet article a pour objet de présenter les résultats du rapport SCC 2021 concernant l’évolution des tendances de l’incidence du cancer au Canada. Des données sont fournies pour 22 types de cancer, mais nous mettons l’accent sur ceux qui ont connu les changements les plus importants au cours des dernières années.

Méthodologie

Nos données sont tirées du chapitre sur l’incidence du cancer du rapport SCC de 2021Note de bas de page 1, qui couvre la période 1984-2017. Le Québec n’a pas été inclus dans les résultats parce que ses données n’étaient disponibles que jusqu’en 2010. La source de données sur l’incidence du cancer pour 1992-2017 est le Registre canadien du cancer (RCC)Note de bas de page 2 et, pour les données antérieures à 1992, le Système national de déclaration des cas de cancer (SNDCC).

Les taux d’incidence normalisés selon l’âge (TINA, plus loin dans le texte « les taux ») ont été déterminés au moyen de la méthode de standardisation directe et de la population canadienne type de 2011Note de bas de page 3. Nous avons utilisé le logiciel d’analyse JoinpointNote de bas de page 4 (version 4.7.0.0) pour calculer la variation annuelle en pourcentage (VAP) des taux pour chaque type de cancer entre 1984 et 2017 et pour repérer les années d’inflexion dans les VAP. Étant donné que, pour établir la tendance, il fallait disposer d’au moins cinq années de données, notre période la plus récente possible a été 2013-2017. Autrement, nous avons utilisé les paramètres par défaut du logiciel Joinpoint. Nous avons étudié 22 types de cancer, classés selon leur tendance la plus récente. Nous avons plus spécifiquement distingué ceux dont la tendance a changé de façon significative (valeur p < 0,05 ou valeur p < 0,001) et ceux pour lesquels aucun changement significatif n’a été détecté (valeur p ≥ 0,05). Pour en savoir plus, consulter l’annexe II, « Sources des données et méthodologie », du rapport SCC de 2021Note de bas de page 1.

Résultats et analyse

Le tableau 1 présente les tendances détectées entre 1984 et 2017 grâce aux analyses Joinpoint pour les 22 types de cancer. La figure 1 illustre les tendances les plus récentes classées en trois groupes selon le sens du changement dans les tendances. Nous détaillons les résultats les plus significatifs.

Tableau 1. Variation annuelle en pourcentage (VAP) des taux d’incidence normalisés selon l’âge, selon le siège du cancer et le sexe, Canada (à l’exclusion du Québec), 1984-2017
Type de cancer Hommes Femmes
Période VAP Valeur p Période VAP Valeur p
Tête et cou 1984-2004 −2,4 < 0,001 1984-2004 −1,1 < 0,001
2004-2017 0,6 0,003 2004-2017 0,3 0,099
Œsophage 1984-2005 0,3 0,034 1984-2017 −0,4 < 0,001
2005-2011 2,8 0,008
2011-2017 −1,8 0,009
Estomac 1984-2002 −2,6 < 0,001 1984-2001 −2,8 < 0,001
2002-2017 −1,0 < 0,001 2001-2017 −0,5 0,009
Colorectal 1984-2013 −0,3 < 0,001 1984-1994 −1,7 < 0,001
2013-2017 −4,3 < 0,001 1994-2000 0,4 0,41
2000-2013 −0,5 < 0,001
2013-2017 −3,4 < 0,001
Foie 1984-2013 3,8 < 0,001 1984-2005 1,9 < 0,001
2013-2017 −0,3 0,86 2005-2013 5,8 < 0,001
2013-2017 −3,2 0,16
Pancréas 1984-2002 −1,4 < 0,001 1984-2006 −0,3 0,023
2002-2017 1,4 < 0,001 2006-2013 2,2 0,004
2013-2017 −2,2 0,074
Poumon et bronches 1984-1990 −0,7 0,077 1984-1993 2,9 < 0,001
1990-2003 −2,2 < 0,001 1993-2013 0,9 < 0,001
2003-2013 −1,0 < 0,001 2013-2017 −2,0 < 0,001
2013-2017 −3,8 < 0,001
Mélanome 1984-2017 2,2 < 0,001 1984-1994 0,2 0,74
1994-2017 2,0 < 0,001
Sein 1984-2017 0,5 0,019 1984-1991 2,0 < 0,001
1991-2017 −0,2 0,008
Col de l’utérus S. O. 1984-2005 −2,0 < 0,001
2005-2017 −0,6 0,019
Utérus S. O. 1984-1990 −1,5 0,08
1990-2005 0,4 0,055
2005-2011 3,1 < 0,001
2011-2017 1,0 0,054
Ovaire S. O. 1984-1997 −1,5 < 0,001
1997-2013 −0,1 0,42
2013-2017 −3,1 0,01
Prostate 1984-1993 5,6 < 0,001 S. O.
1993-2007 0,2 0,61
2007-2017 −4,4 < 0,001
Testicule 1984-2017 1,3 < 0,001 S. O.
Vessie 1984-2007 −1,2 < 0,001 1984-2008 −0,9 < 0,001
2007-2011 7,8 0,005 2008-2012 7,2 0,053
2011-2017 −0,5 0,49 2012-2017 −1,2 0,38
Rein et bassinet du rein 1984-1989 4,0 0,005 1984-2017 1,1 < 0,001
1989-2003 0,1 0,61
2003-2012 2,7 < 0,001
2012-2017 0,4 0,63
Encéphale et SNC 1984-2017 −0,4 < 0,001 1984-2017 −0,5 < 0,001
Thyroïde 1984-1998 2,8 < 0,001 1984-1998 4,0 < 0,001
1998-2013 7,0 < 0,001 1998-2004 10,4 < 0,001
2013-2017 −2,4 0,17 2004-2013 5,5 < 0,001
2013-2017 −5,4 < 0,001
Lymphome de Hodgkin 1984-2017 −0,4 < 0,001 1984-2017 0,1 0,54
Lymphome non hodgkinien 1984-2017 1,3 < 0,001 1984-1993 2,1 < 0,001
1993-2017 0,9 < 0,001
Myélome multiple 1984-2007 0,3 0,064 1984-2005 0,2 0,26
2007-2017 2,5 < 0,001 2005-2017 1,6 < 0,001
Leucémie 1984-1994 −1,1 0,022 1984-2001 −0,3 0,15
1994-2013 0,9 < 0,001 2001-2010 1,9 < 0,001
2013-2017 −2,6 0,038 2010-2017 −1,6 0,004

Source des données : Comité consultatif des statistiques canadiennes sur le cancer, en collaboration avec la Société canadienne du cancer, Statistique Canada et l’Agence de la santé publique du Canada. Statistiques canadiennes sur le cancer 2021. Toronto (Ont.) : Société canadienne du cancer; 2021.
Abréviation : SNC, système nerveux central.

Figure 1. Variation annuelle en pourcentage (VAP) la plus récenteNote de bas de page a des taux d’incidence normalisés selon l’âge, selon le siège du cancer et le sexe, Canada (à l’exclusion du Québec)
Figure 1. La version textuelle suit.
Figure 1 - Équivalent textuel
Figure 1. Variation annuelle en pourcentage (VAP) la plus récente des taux d’incidence normalisés selon l’âge, selon le siège du cancer et le sexe, Canada (à l’exclusion du Québec) - Hommes
Type de cancer (période) Variation annuelle en pourcentage p
Prostate (2007-2017) −4,4 < 0,001
Colorectal (2013-2017) −4,3 < 0,001
Poumon et bronches (2013-2017) −3,8 < 0,001
Leucémie ( 2013-2017) −2,6 < 0,05
Oesophage (2011-2017) −1,8 < 0,05
Estomac (2002-2017) −1,0 < 0,001
Encéphale et SNC (1984-2017) −0,4 < 0,001
Lymphome de Hodgkin (1984-2017) −0,4 < 0,001
Thyroïde (2013-2017) −2,4 ≥ 0,05
Vessie (2011-2017) −0,5 ≥ 0,05
Foie (2013-2017) −0,3 ≥ 0,05
Rein et bassinet du rein (2012-2017) 0,4 ≥ 0,05
Sein (1984-2017) 0,5 < 0,05
Tête et cou (2004-2017) 0,6 < 0,05
Lymphome non-hodgkinien (1984-2017) 1,3 < 0,001
Testicule (1984-2017) 1,3 < 0,001
Pancréas (2002-2017) 1,4 < 0,001
Mélanome (1984-2017) 2,2 < 0,001
Myélome multiple (2007-2017) 2,5 < 0,001
Figure 1. Variation annuelle en pourcentage (VAP) la plus récente des taux d’incidence normalisés selon l’âge, selon le siège du cancer et le sexe, Canada (à l’exclusion du Québec) - Femmes
Type de cancer (période) Variation annuelle en pourcentage p
Thyroïde (2013-2017) −5,4 < 0,001
Colorectal (2013-2017) −3,4 < 0,001
Ovaire (2013-2017) −3,1 < 0,05
Poumon et bronches (2013-2017) −2,0 < 0,001
Leucémie ( 2010-2017) −1,6 < 0,05
Col de l’utérus (2005-2017) −0,6 < 0,05
Estomac (2001-2017) −0,5 < 0,05
Encéphale et SNC (1984-2017) −0,5 < 0,001
Oesophage (1984-2017) −0,4 < 0,001
Sein (1991-2017) −0,2 < 0,05
Foie (2013-2017) −3,2 ≥ 0,05
Pancréas (2013-2017) −2,2 ≥ 0,05
Vessie (2012-2017) −1,2 ≥ 0,05
Lymphome de Hodgkin (1984-2017) 0,1 ≥ 0,05
Tête et cou (2004-2017) 0,3 ≥ 0,05
Utérus (2011-2017) 1,0 ≥ 0,05
Lymphome non hodgkinien (1993-2017) 0,9 < 0,001
Rein et bassinet du rein (1984-2017) 1,1 < 0,001
Myélome multiple (2005-2017) 1,6 < 0,001
Mélanome (1994-2017) 2,0 < 0,001

Source des données : Comité consultatif des statistiques canadiennes sur le cancer, en collaboration avec la Société canadienne du cancer, Statistique Canada et l’Agence de la santé publique du Canada. Statistiques canadiennes sur le cancer 2021. Toronto (Ont.) : Société canadienne du cancer; 2021.
Abréviation : SNC, système nerveux central.

Note de bas de page a

Les VAP ont été calculées pour la période 1984-2017. Si un ou plusieurs changements significatifs ont été détectés dans la tendance des taux, la VAP la plus récente a été utilisée. Si aucun changement significatif n’a été observé, la VAP correspond à la tendance des taux sur toute la période.

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Tendances à la baisse

Les taux de cancer de la thyroïde ont diminué chez les hommes et chez les femmes depuis 2013 (VAP chez les hommes : −2,4 %, non significatif; VAP chez les femmes : −5,4 %). L’augmentation du taux pour la période antérieure à 2013 est probablement attribuable à un surdiagnosticNote de bas de page 5. Dans une étude canadienne récente, les auteurs ont trouvé des données probantes à l’appui de l’hypothèse du surdiagnostic, dont la confirmation du rôle central joué par le cancer papillaire de la thyroïde dans les tendances passéesNote de bas de page 6. Les taux de cancer de la prostate ont fortement diminué entre 2007 et 2017 (VAP : −4,4 %). Le taux d’incidence a atteint un sommet en 1993 et en 2001, correspondant à une utilisation accrue du dépistage par le dosage de l’antigène prostatique spécifique (APS) au CanadaNote de bas de page 7. Le Groupe d’étude canadien a déconseillé ce type de dépistage en 2014Note de bas de page 8. Une diminution similaire, qui s’explique par la mise à jour des lignes directrices, a été détectée aux États-UnisNote de bas de page 9. Les taux de cancer colorectal ont connu une baisse marquée chez les deux sexes depuis 2013 (VAP chez les hommes : −4,3 %; VAP chez les femmes : −3,0 %). La baisse récente est probablement attribuable en partie à l’augmentation du dépistage, qui permet de détecter les polypes précancéreux traitables et de réduire l’incidence du cancer. Entre 2007 et 2017, la plupart des provinces et des territoires ont mis en œuvre des programmes de dépistage structurés du cancer colorectal; le Québec et les Territoires du Nord-Ouest en sont à l’étape de la planificationNote de bas de page 10. Les taux de cancer du poumon ont diminué depuis les années 1990 chez les hommes (VAP : de −1,0 % à −3,8 %) et depuis 2013 chez les femmes (VAP : −2,0 %). Ces différences dans les tendances sont le reflet d’habitudes de tabagisme antérieures. Chez les hommes, une diminution de la prévalence des fumeurs quotidiens a commencé au milieu des années 1960 au Canada, tandis que, chez les femmes, il n’y a pas eu de baisse avant le milieu des années 1980Note de bas de page 11. Le taux d’incidence du cancer de l’ovaire a diminué rapidement (VAP : −3,1 %) depuis 2013. Plusieurs facteurs pourraient contribuer à cette tendance favorable, notamment l’utilisation accrue des contraceptifs oraux, des changements dans les facteurs de risque liés à la reproduction et dans certains facteurs de protection (comme un âge plus avancé à l’accouchement), la diminution de la prévalence du tabagisme ainsi que des changements dans la classification des maladies (depuis 2000, les néoplasmes ovariens à la limite de la malignité ou à faible pouvoir carcinogène ne sont plus considérés comme des tumeurs malignes)Note de bas de page 12Note de bas de page 13Note de bas de page 14. Les taux de leucémie sont en diminution rapide, depuis 2013 chez les hommes (VAP : −2,6 %) et depuis 2010 chez les femmes (VAP : −1,6 %). Des tendances similaires ont été signalées à l’échelle mondiale entre 1990 et 2017, avec cependant un taux de diminution variable en fonction des pays et des sous-types de leucémieNote de bas de page 15Note de bas de page 16. Si les facteurs à l’origine de ces tendances ne sont pas totalement connus, selon certains auteurs, les changements dans les expositions environnementales (par exemple le benzène), le mode de vie (tabagisme) et les comportements des parents (augmentation de la consommation d’acide folique pendant la période précédant la grossesse et pendant la grossesse) pourraient jouer un rôleNote de bas de page 15Note de bas de page 17. Les taux d’incidence du cancer de l’œsophage connaissent une baisse plus rapide chez les hommes (VAP : −1,8 %; 2011 à 2017) que chez les femmes (VAP : −0,4 %; 1984 à 2017). Les facteurs de risque de ce type de cancer sont l’obésité, la consommation d’alcool et la consommation de tabacNote de bas de page 18. Alors que l’obésitéNote de bas de page 19 et les ventes de boissons alcooliséesNote de bas de page 20 ont augmenté au Canada, la diminution de la consommation de tabacNote de bas de page 11 pourrait expliquer la baisse observée dans les taux d’incidence. Depuis 2013, les taux de cancer du foie ont diminué chez les femmes, mais pas de façon statistiquement significative (VAP : −3,2 %). Le type de cancer du foie le plus courant, le carcinome hépatocellulaire, est généralement attribuable aux infections chroniques par le virus de l’hépatite B et le virus de l’hépatite C, au diabète, ainsi qu’à une consommation excessive d’alcoolNote de bas de page 21. La raison de cette diminution récente dans les taux d’incidence chez les femmes n’est pas claire, mais des changements dans la prévalence des facteurs de risque et la détection précoce pourraient être en cause. Les taux de cancer du col de l’utérus connaissent une baisse (VAP : −0,6 %), explicable en grande partie par le dépistage systématique au moyen du test de Papanicolaou (Pap). Toutes les provinces du Canada (à l’exception du Québec) ont mis en place un programme de dépistage structuré du cancer du col de l’utérus. Les lignes directrices actuelles recommandent un dépistage tous les 2 ou 3 ans, à partir de 21 ou 25 ans et jusqu’à l’âge de 65 ou 70 ansNote de bas de page 22. Au cours des prochaines années, le taux d’incidence du cancer du col de l’utérus devrait continuer à diminuer grâce à la vaccination contre le virus du papillome humain (VPH) et à l’adoption d’un dépistage primaire du VPH dans le cadre du dépistage du cancer du col de l’utérusNote de bas de page 23.

Tendances à la hausse

L’incidence du myélome multiple a augmenté de 2,5 % par année chez les hommes entre 2007 et 2017 et de 1,6 % chez les femmes depuis 2005. L’amélioration de la détection et de la vérification des cas contribuerait en partie à l’augmentation des cas de myélome multiple dans d’autres paysNote de bas de page 24. Par ailleurs, la prévalence accrue de l’obésité, un facteur de risque connu du myélome multiple, pourrait contribuer à la récente tendance à la hausse du taux d’incidenceNote de bas de page 19Note de bas de page 25. Un risque élevé de myélome multiple a également été associé à l’utilisation de pesticides et à la proximité de plans d’eau et de rivières contaminéesNote de bas de page 26Note de bas de page 27. Le taux d’incidence du mélanome de la peau a augmenté en moyenne de 2,2 % par année entre 1984 et 2017 chez les hommes et de 2,0 % par année entre 1994 et 2017 chez les femmes. L’exposition aux rayons ultravioletsNote de bas de page 28 provenant du soleil, des lits de bronzage et des lampes solaires est un facteur de risque bien établi du mélanomeNote de bas de page 29.

Conclusion

Ces résultats montrent que les tendances de l’incidence du cancer au Canada sont dynamiques et varient selon le siège de cancer. Les tendances les plus récentes révèlent une augmentation rapide des taux de mélanome et de myélome. À l’inverse, les taux de certains autres cancers ont récemment diminué, notamment ceux du cancer colorectal, du cancer de la thyroïde, du cancer de la prostate et du cancer du poumon. La baisse des taux de cancer de la prostate et de cancer de la thyroïde révèle l’importance de mettre à jour les pratiques de dépistage en fonction des meilleures données probantes.

Conflits d’intérêts

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts.

Contributions des auteurs et avis

Tous les auteurs ont contribué à la conception, à l’interprétation des données et à la révision de l’article. L’Agence de la santé publique du Canada a effectué l’analyse des données.

Le contenu de l’article et les points de vue qui y sont exprimés n’engagent que les auteurs; ils ne correspondent pas nécessairement à ceux du gouvernement du Canada.

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