Recherche quantitative originale – Caractéristiques des Canadiens qui utilisent des produits de vapotage en fonction de leur usage du tabac : résultats de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2020

Revue PSPMC

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Christine D. Czoli, Ph. D.; Camille Guertin, Ph. D.; Daniel Dubois, B.A.; Nancy Farrell, Ph. D.; Gabriella Luongo, Ph. D.; Gillian Williams, Ph. D.; Trevor Mischki, Ph. D.

https://doi.org/10.24095/hpcdp.44.11/12.02f

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Attribution suggérée

Article de recherche par Czoli CD et al. dans la Revue PSPMC mis à disposition selon les termes de la licence internationale Creative Commons Attribution 4.0

Rattachement des auteurs

Direction de la lutte contre le tabagisme, Direction générale des substances contrôlées et du cannabis, Santé Canada, Ottawa (Ontario), Canada

Correspondance

Christine D. Czoli, Direction de la lutte contre le tabagisme, Santé Canada, 150, promenade Tunney’s Pasture, Ottawa (Ontario)  K1A 0T6; tél. : 343-542-3059; courriel : christine.czoli@hc-sc.gc.ca

Citation proposée

Czoli CD, Guertin C, Dubois D, Farrell N, Luongo G, Williams G, Mischki T. Caractéristiques des Canadiens qui utilisent des produits de vapotage en fonction de leur usage du tabac : résultats de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2020. Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada. 2024;44(11/12):512-523. https://doi.org/10.24095/hpcdp.44.11/12.02f

Résumé

Introduction. À ce jour, la surveillance du vapotage chez les Canadiens (qu’ils utilisent des produits de vapotage contenant de la nicotine ou n’en contenant pas) a largement été analysée en fonction de l’âge et de l’usage du tabac, mais il n’existe aucune étude, à l’échelle nationale, qui soit représentative d’un large éventail de caractéristiques. Notre étude a permis de caractériser les Canadiens de 15 ans et plus qui vapotent en fonction de leur usage du tabac.

Méthodologie. Nous avons utilisé les données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2020 (taille de l’échantillon analytique non pondéré : 28 413 répondants) pour l’analyse du vapotage au cours des 30 derniers jours en fonction du tabagisme (fumeur, ancien fumeur et non-fumeur/n’ayant jamais fumé). Une méthode d’analyse comparative entre les sexes et les genres Plus (ACSG Plus) nous a permis de sélectionner les caractéristiques individuelles pour l’analyse. Des statistiques descriptives ont contribué à l’analyse des résultats en fonction de chaque caractéristique et nous avons élaboré des modèles de régression logistique multivariée pour identifier les facteurs significatifs associés à chaque catégorie de vapotage au cours des 30 derniers jours en fonction du tabagisme, à partir des données pondérées.

Résultats. En 2020, 2,0 % (605 000) des Canadiens de 15 ans et plus ont déclaré à la fois vapoter et fumer (double usage), 1,2 % (372 000) ont déclaré vapoter et être ancien fumeur et 1,1 % (352 000) ont déclaré vapoter et n’avoir jamais fumé ou être non-fumeur. À l’intérieur de chaque catégorie de vapotage au cours des 30 derniers jours en fonction du tabagisme, certains sous-groupes de population présentaient des risques plus élevés : les jeunes et les jeunes adultes, les hommes et les personnes souffrant d’un trouble de l’humeur ou d’un trouble d’anxiété présentaient un risque plus élevé de double usage; le vapotage et le fait d’être ancien fumeur ont été associés à une auto-identification comme homme, à un trouble de l’humeur ou d’anxiété et à la province ou région; et enfin les jeunes et les jeunes adultes, les hommes et les personnes ne faisant pas partie d’une minorité visible présentaient un taux plus élevé de vapotage associé au fait de n’avoir jamais fumé ou d’être non-fumeur.

Conclusion. Cette analyse portant sur les Canadiens qui vapotent en fonction de leur usage du tabac a permis d’identifier des sous-groupes de population à forte prévalence et nous informe sur la composition des populations qui vapotent en fonction de plusieurs caractéristiques, ce qui nous permet d’approfondir notre compréhension des Canadiens qui adoptent des habitudes de vapotage.

Mots-clés : inhalateurs électroniques de nicotine, vapotage, tabagisme, cigarette, santé publique

Points saillants

  • Dans cette étude, nous avons utilisé une méthode d’analyse comparative entre les sexes et les genres Plus pour caractériser, en fonction de leur usage du tabac, les Canadiens qui utilisent des produits de vapotage.
  • Le vapotage et le fait de fumer (double usage) ont été associés à un jeune âge, à l’auto-identification comme homme et à des troubles de santé mentale. Le vapotage et le fait d’être ancien fumeur ont été associés à l’auto-identification comme homme, à des troubles de santé mentale et à la province. Le vapotage et le fait de n’avoir jamais fumé ou d’être non-fumeur ont été associés à un jeune âge, à l’auto-identification comme homme et au fait de n’appartenir à aucune minorité visible.
  • Les résultats mettent en lumière la composition des sous-groupes de population qui s’adonnent au vapotage, ce qui peut enrichir les études en matière d’équité et la recherche sur les interventions et les communications publiques.

Introduction

Ces dernières années, l’utilisation de produits de vapotage (avec ou sans nicotine) a considérablement augmenté chez les Canadiens, plus particulièrement chez les jeunes. Les produits de vapotage sont des dispositifs à piles qui chauffent une solution liquide contenant habituellement de la nicotine et des arômes, mais pas de tabac. L’Enquête canadienne sur le tabac, l’alcool et les drogues chez les élèves (ECTADE) a montré un doublement approximatif de la prévalence du vapotage chez les élèves canadiens, passant de 10 % en 2016-2017 à 20 % en 2018-2019, un taux demeuré ensuite stable jusqu’en 2021-2022Note de bas de page 1.

Les données de l’Enquête canadienne sur le tabac et la nicotine (ECNT) reflètent par ailleurs cette stabilisation du taux de vapotage chez les jeunes de 15 à 19 ans entre 2019 et 2022 mais indiquent, en revanche, une augmentation du vapotage chez les jeunes adultes de 20 à 24 ans entre 2020 et 2022, le vapotage chez les adultes de 25 ans et plus étant demeuré stable entre 2019 et 2022Note de bas de page 2. Les données probantes révèlent également le rôle central de l’usage de la cigarette : cet usage est corrélé de manière solide et cohérente au vapotageNote de bas de page 3Note de bas de page 4Note de bas de page 5Note de bas de page 6, et la plupart des Canadiens de 15 ans et plus qui vapotent déclarent fumer ou avoir déjà fumé, quoiqu’avec des variations selon le groupe d’âgeNote de bas de page 2. Ainsi, l’âge et le tabagisme sont jusqu’à présent des éléments clés pour comprendre l’émergence du vapotage au Canada.

Ces caractéristiques sont également pertinentes pour la recherche sur les politiques en matière de santé publique. Les données probantes des dix dernières années reflètent les difficultés posées par les produits de vapotage : ces derniers présentent des avantages potentiels en tant qu’outil de sevrage tabagique pour les millions de Canadiens qui fument la cigarette, mais aussi des effets nocifs potentiels pour les personnes, en particulier les jeunes, qui utilisent ces produits mais ne fument pasNote de bas de page 7. Les répercussions des produits de vapotage sur les anciens fumeurs de cigarettes – quant à savoir si ces produits encouragent ou découragent la reprise du tabagisme – ne sont pas clairesNote de bas de page 7. La Stratégie canadienne sur le tabac vise à offrir aux fumeurs des sources de nicotine moins nocives, tout en protégeant d’une dépendance à la nicotine les jeunes et ceux qui n’utilisent pas les produits du tabacNote de bas de page 8. En somme, au lieu de considérer les Canadiens qui vapotent comme un groupe homogène, la Stratégie tient compte de l’interaction entre le vapotage et le tabagisme, en supposant que les motifs d’utilisation, les habitudes d’utilisation des produits et, ultimement, les répercussions associées en matière de santé publique varient en fonction de l’usage du tabac chez les personnes qui utilisent les produits de vapotage.

La recherche sur la lutte contre le tabagisme a montré que de nombreux facteurs sont pertinents pour la compréhension de l’épidémiologie du tabagisme. Au Canada, la prévalence du tabagisme au fil du temps a varié en fonction du sexeNote de bas de page 9 et des disparités en matière de tabagisme ont été observées en fonction du revenu du ménage et de la santé mentaleNote de bas de page 10. Toutefois, on ne sait pas s’il existe des caractéristiques autres que l’âge et l’usage du tabac qui soient pertinentes pour l’épidémiologie du vapotage. À ce jour, la surveillance nationale du vapotage chez les jeunes et les adultes canadiens est demeurée limitée, la prévalence étant souvent évaluée en fonction du groupe d’âge ou de l’année scolaire, du sexe ou du genre et de l’usage du tabacNote de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 11. Des études ont porté sur certaines caractéristiques supplémentaires, en particulier l’origine ethnique, la province de résidence, le revenu du ménage et la santé physique et mentale perçue, bien que ces études aient été limitées à des sous-groupes de population, notamment les étudiants canadiensNote de bas de page 4Note de bas de page 6 et les Canadiens de 15 ans et plus vivant en Ontario et au QuébecNote de bas de page 5.

D’autres études ont porté sur le vapotage dans certains sous-groupes de la population canadienne en fonction de diverses caractéristiques individuelles, interpersonnelles et environnementalesNote de bas de page 12Note de bas de page 13Note de bas de page 14Note de bas de page 15, mais ces études reposent sur des échantillons de commodité, ce qui signifie que les résultats sont peu généralisables. Il manque une étude nationale représentative d’un large éventail de caractéristiques, et c’est pour combler cette lacune en matière de données probantes que nous avons voulu cerner les caractéristiques des Canadiens qui utilisent des produits de vapotage, et ce, en fonction de leur usage du tabac.     

Méthodologie

Source des données et population à l’étude

L’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) est une enquête transversale administrée par Statistique Canada qui recueille annuellement (de janvier à décembre) des données sur l’état de santé, le recours aux soins de santé et les déterminants de la santé chez les CanadiensNote de bas de page 16. L’enquête couvre environ 98 % de la population canadienne de 12 ans et plus. Le cadre d’échantillonnage exclut les personnes vivant dans les réserves ou sur les terres de la Couronne dans les provinces, les résidents d’institutions, les membres à temps plein des Forces canadiennes, les jeunes de 12 à 17 ans vivant dans des foyers d’accueil et les résidents de certaines régions éloignéesNote de bas de page 16

Les données sont tirées du fichier Réponse rapide de l’ESCC de 2020 pour l’analyse du vapotage, à l’aide du module Alternatives au tabac et vapotage (TAV), le premier cycle de l’ESCC qui fait état de l’utilisation des produits de vapotage dans toutes les provinces canadiennesNote de bas de page 17. L’accès aux données a été fourni par la Direction des stratégies de soins de santé de Santé Canada. L’approbation éthique des enquêtes démographiques menées par Statistique Canada est fondée sur la Loi sur la statistique du Canada.

Analyse des données

Les principaux résultats (au nombre de 3) sont le vapotage au cours des 30 derniers jours en fonction de l’usage du tabac (fumeur, ancien fumeur et non-fumeur/n’ayant jamais fumé), pour cadrer avec les objectifs de la Stratégie canadienne sur le tabac (tableau 1).

Tableau 1. Aperçu des mesures prises dans le cadre de l’étude, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2020
Mesure Description Remarques
Résultats primaires
Vapotage au cours des 30 derniers jours en fonction de l’usage du tabac Les répondants ont été classés en fonction de leur vapotage et de leur usage du tabac au moment de l’enquête :
(1) Vapotage et tabagisme : inclut les répondants qui ont déclaré avoir vapoté au cours des 30 derniers jours ET qui ont déclaré avoir fumé des cigarettes quotidiennement ou occasionnellement au moment de l’enquête.
(2) Vapotage et tabagisme antérieur : inclut les répondants qui ont déclaré avoir vapoté au cours des 30 derniers jours ET avoir fumé plus de 100 cigarettes au cours de leur vie, mais qui n’ont pas déclaré fumer au moment de l’enquête.
(3) Vapotage et absence de tabagisme (non-fumeur ou n’ayant jamais fumé) : inclut les répondants qui ont déclaré avoir vapoté au cours des 30 derniers jours ET [(qui ont déclaré n’avoir jamais fumé une cigarette au cours de leur vie) OU (qui ont fumé une cigarette entière mais pas plus de 100 cigarettes ET qui ont déclaré ne pas fumer au moment de l’enquête)].
Mesure du vapotage fondée sur les réponses au module TAV_055. Usage du tabac en fonction des réponses aux questions SMK_005, SMK_020 et SMK_025.
Caractéristiques de l’Analyse comparative entre les sexes et les genres Plus (ACSG Plus)
Âge Les répondants ont indiqué leur date de naissance, qui a été utilisée pour créer des groupes d’âge :
  • Jeunes et jeunes adultes (15-24 ans)
  • Adultes (25 ans et plus)
Selon les réponses à DHH_AGE.
Sexe Les répondants ont indiqué leur sexe à la naissance :
  • Masculin
  • Féminin
Selon les réponses à DHH_SEX.
Genre Les répondants ont indiqué leur genre :
  • Homme
  • Femme
Selon les réponses à GDR_010.
Les catégories de réponses ont été renommées « homme/hommes » et « femme/femmes » pour les différencier de la variable et du concept de sexe. La catégorie de réponse « personne de genre différent » a été exclue, car les données ne pouvaient être communiquées.
Appartenance à une minorité visibleNote de bas de page a Les répondants ont indiqué s’ils appartenaient ou non à une minorité visible :
  • Minorité visible
  • Pas une minorité visible
Selon la variable SDCDVFLA (elle-même fondée sur les réponses à la variable SDCDVVM et, à son tour, au facteur de stratification SDC_020).
L’appartenance à une minorité visible repose sur une question qui « permet de recueillir des données conformément à la Loi sur l’équité en matière d’emploi, sa réglementation et ses directives pour appuyer les programmes qui donnent à chacun une chance égale de participer à la vie sociale, culturelle et économique du Canada »Note de bas de page b. Plus précisément, on a demandé aux participants s’ils appartenaient à « un ou plusieurs groupes raciaux ou culturels »Note de bas de page aNote de bas de page c à partir d’une liste fournie par l’enquêteur (Blanc, Sud-Asiatique, Chinois, Noir, Philippin, Latino-Américain, Arabe, Asiatique du Sud-Est, Asiatique occidental, Coréen, Japonais, Autre groupe).
Identité autochtoneNote de bas de page a Les répondants ont mentionné leur identité autochtone :
  • Première Nation, Métis ou Inuk (Inuit)
  • Personne non autochtone
Selon les réponses à SDC_015.
Pays de naissance Les répondants ont indiqué leur pays de naissance :
  • Canada
  • Autre
Selon la variable SDCDVIMM.
Province de résidence Les répondants ont indiqué leur province de résidence :
  • Provinces de l’Ouest (Colombie-Britannique, Alberta, Saskatchewan, Manitoba)
  • Ontario
  • Québec
  • Provinces de l’Est (Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard, Terre-Neuve-et-Labrador)
Selon les réponses à la variable GEO_PRV.
Première langue officielle parlée Les répondants ont indiqué leur langue officielle parlée :
  • Anglais
  • Français
Selon la variable SDCDVFLS.
La première langue officielle parlée prend en compte 1) la connaissance des deux langues officielles; 2) la langue maternelle et 3) la langue parlée à la maison.
Niveau de scolarité Les répondants ont indiqué leur niveau de scolarité le plus élevé :
  • Études secondaires non terminées
  • Diplôme d’études secondaires sans études postsecondaires
  • Certificat ou diplôme d’études postsecondaires, diplôme universitaire de premier cycle ou plus
Selon les réponses aux questions EHG2_01, EHG2_02, EHG2_03, EHG2_04.
Revenu du ménage ($ CA) Quantile de revenu du ménage :
  • Quantile 1 (0 à 70 000)
  • Quantile 2 (70 001 à 130 000)
  • Quantile 3 (130 001 à 12 000 000)
Selon les réponses à INC_021.
Trois quantiles de revenus ont été créés à partir des montants de revenu total pondérés fournis par Statistique Canada d’après les dossiers fiscaux, les données fournies par les répondants et les données imputées, afin d’établir des fourchettes de revenus du ménage pour tous les membres du ménage, toutes sources confondues, avant impôts et déductions, après recodage des valeurs négatives à zéro.
Trouble de l’humeur ou trouble d’anxiété Les répondants ont mentionné s’ils étaient atteints d’un trouble de l’humeur ou d’un trouble d’anxiété :
  • Trouble de l’humeur ou trouble d’anxiété
  • Aucun trouble de l’humeur ou d’anxiété
Selon les réponses aux questions CCC_195 et CCC_200, lesquelles demandaient aux répondants s’ils étaient atteints de problèmes de santé de longue durée susceptibles de persister pendant 6 mois ou plus ou durant déjà depuis 6 mois ou plus et ayant été diagnostiqués par un professionnel de la santé. Les troubles de l’humeur englobent la dépression, le trouble bipolaire, la manie et la dysthymie. Les troubles d’anxiété englobent la phobie, le trouble obsessionnel compulsif et le trouble panique.

La sélection des caractéristiques individuelles a été guidée par l’Analyse comparative entre les sexes et les genres plus (ACSG Plus), une approche intersectionnelle visant à évaluer la façon dont une série de facteurs influe sur les réalités vécues par les personnes et les différences sur le plan des résultats de santéNote de bas de page 18, ainsi que par la disponibilité des données. L’ensemble final de caractéristiques englobe les suivantes : âge, sexe, genre, pays de naissance, province, première langue officielle, appartenance à une minoritéNote de bas de page * visible, AutochtoneNote de bas de page * (identité autochtone), niveau de scolarité, revenu du ménage et trouble de l’humeur ou trouble d’anxiété (tableau 1). La présentation des résultats ci-dessous est conforme aux directives de publication de Statistique Canada.

Les analyses ont été réalisées à partir de données pondérées. Les poids d’échantillonnage de l’enquête de Statistique Canada utilisant la méthode bootstrap (1 000 répétitions) ont été appliqués pour estimer l’erreur-type et tenir compte de la complexité du plan d’enquête. L’analyse a été limitée aux répondants de 15 ans et plus afin de mieux aligner les résultats avec ceux d’autres outils de surveillance utilisés par Santé Canada. Les répondants pour lesquels des données étaient manquantes pour les principaux résultats (moins de 0,5 %) ont été exclus de l’analyse, donnant ainsi lieu à un échantillon analytique non pondéré de 28 413 personnes (n = 399 vapoteurs et fumeurs, n = 309 vapoteurs et anciens fumeurs et n = 260 vapoteurs et non-fumeurs/n’ayant jamais fumé; n = 27 445 non-vapoteurs).

Des statistiques descriptives ont été générées pour estimer la prévalence pondérée des résultats à tous les niveaux de caractéristiques de l’ACSG Plus, au moyen de tests du chi-carré de Pearson avec correction de Rao-Scott pour marquer les différences (par exemple, pour le résultat concernant le vapotage et le tabagisme en fonction du genre : prévalence des femmes et des hommes canadiens qui ont déclaré vapoter et être fumeurs). Nous avons également décrit la proportion de chaque niveau de caractéristiques de l’ACSG Plus parmi les Canadiens qui ont fait une déclaration pour chaque résultat clé (par exemple, pour le résultat concernant le vapotage et le tabagisme par genre : proportion de Canadiens ayant déclaré vapoter et être fumeurs qui s’identifiaient comme femmes et proportion de ceux qui s’identifiaient comme hommes).

Des modèles de régression logistique multivariée ont été estimés et évalués à l’aide de l’approche de ZhangNote de bas de page 19 pour analyser les corrélats de chaque résultat clé et une description du modèle final pour chacun de ces résultats clé est incluse avec les résultats (voir la section suivante). Compte tenu de l’étendue de la corrélation entre le sexe et le genre, nous avons choisi d’inclure le genre dans notre exercice de modélisation puisque les rôles, les comportements, les expressions et les identités construits par la société peuvent être plus pertinents pour façonner les comportements à l’égard des produits de vapotage et du tabac que les différences physiologiques entre les sexesNote de bas de page 18. Les analyses ont été réalisées à l’aide de la version Stata 17.0 (StataCorp LP, College Station, Texas, États-Unis) et nous avons fixé le seuil de signification statistique à p < 0,05.

Résultats

En 2020, 2,0 % (605 000) des Canadiens ont déclaré vapoter et être fumeur (double usage), 1,2 % (372 000) ont déclaré vapoter et être ancien fumeur et 1,1 % (352 000) ont déclaré vapoter mais n’avoir jamais fumé ou être non-fumeur (tableau 2).

Tableau 2. Caractérisation des Canadiens de 15 ans et plus ayant déclaré avoir vapoté au cours des 30 derniers jours, selon leur usage du tabac, 2020
Caractéristique Vapotage et tabagisme Vapotage et tabagisme antérieur Vapotage et absence de tabagisme (n’ayant jamais fumé/non-fumeur)
Prévalence du vapotage et du tabagisme chez les Canadiens Distribution des caractéristiques chez les Canadiens qui vapotent et qui fument Prévalence du vapotage et du tabagisme antérieur chez les Canadiens Distribution des caractéristiques chez les Canadiens qui vapotent et qui sont anciens fumeurs Prévalence du vapotage et de l’absence de tabagisme (jamais fumé ou non-fumeur) chez les Canadiens Distribution des caractéristiques chez les Canadiens qui vapotent et qui n’ont jamais fumé ou qui sont non-fumeurs
% pondéré [IC à 95 %] (estimation pondérée de la population)
Ensemble 2,0 [1,6 à 2,3] (605 000) 100,0
(605 000)
1,2 [1,0 à 1,4] (372 000) 100,0
(372 000)
1,1 [0,9 à 1,3] (352 000) 100,0
(352 000)
Groupe d’âge
Jeunes et jeunes adultes (15 à 24 ans) 4,2 [3,0 à 5,4] (178 000) 29,3 [21,9 à 36,7] (178 000) 1,9Note de bas de page a [1,0 à 2,8] (80 000) 21,4Note de bas de page a [12,6 à 30,2] (80 000) 6,3 [5,0 à 7,6] (267 000) 75,7 [67,3 à 84,0] (267 000)
Adultes (25 ans et plus) 1,6 [1,3 à 1,9] (428 000) 70,7 [63,3 à 78,1] (428 000) 1,1 [0,9 à 1,3] (292 000) 78,6 [69,8 à 87,4] (292 000) 0,3Note de bas de page a [0,2 à 0,5] (86 000) 24,3Note de bas de page a [16,0 à 32,7] (86 000)
Sexe
Masculin 2,7 [2,1 à 3,2] (412 000) 68,1 [60,2 à 76,0] (412 000) 1,5 [1,2 à 1,8] (227 000) 61,1 [53,6 à 68,7] (227 000) 1,5 [1,2 à 1,9] (231 000) 65,7 [57,7 à 73,7] (231 000)
Féminin  1,2 [0,9 à 1,6] (193 000) 31,9 [24,0 à 39,8] (193 000) 0,9 [0,7 à 1,1] (145 000) 38,9 [31,3 à 46,4] (145 000) 0,8 [0,6 à 1,0] (121 000) 34,3 [26,3 à 42,3] (121 000)
Genre
Hommes 2,7 [2,1 à 3,2] (412 000) 68,4 [60,5 à 76,3] (412 000) 1,5 [1,2 à 1,8] (229 000) 61,7 [54,2 à 69,2] (229 000) 1,5 [1,2 à 1,9] (232 000) 66,0 [58,0 à 74,0] (232 000)
Femmes 1,2 [0,9 à 1,6] (190 000) 31,6 [23,7 à 39,5] (190 000) 0,9 [0,7 à 1,1] (142 000) 38,3 [30,8 à 45,8] (142 000) 0,8 [0,6 à 1,0] (120 000) 34,0 [26,0 à 42,0] (120 000)
Appartenance à une minorité visibleNote de bas de page b
Minorité visible 2,5Note de bas de page a [1,5 à 3,6] (168 000) 28,4 [19,4 à 37,5] (168 000) Note de bas de page c Note de bas de page c 0,9Note de bas de page a [0,5 à 1,2] (57 000) 16,3Note de bas de page a [9,8 à 22,8] (57 000)
Pas d’appartenance à une minorité visible 1,8 [1,5 à 2,0] (422 000) 71,6 [62,5 à 80,6] (422 000) Note de bas de page d Note de bas de page d 1,2 [1,0 à 1,5] (295 000) 83,7 [77,2 à 90,2] (295 000)
Identité autochtoneNote de bas de page b
Autochtone 2,3Note de bas de page a [1,2 à 3,3] (22 000) 3,6Note de bas de page a [1,9 à 5,4]
(22 000)
Note de bas de page c Note de bas de page c Note de bas de page c Note de bas de page c
Non-Autochtone 1,9 [1,6 à 2,2] (571 000) 96,4 [94,6 à 98,1] (571 000) Note de bas de page d Note de bas de page d Note de bas de page d Note de bas de page d
Pays de naissance
Canada 1,9 [1,6 à 2,2] (435 000) 73,1 [64,7 à 81,6] (435 000) 1,4 [1,1 à 1,6] (313 000) 84,9 [78,9 à 90,9] (313 000) Note de bas de page d Note de bas de page d
Autre  2,0Note de bas de page a [1,2 à 2,7] (160 000) 26,9 [18,4 à 35,3] (160 000) 0,7Note de bas de page a [0,4 à 1,0] (55 000) 15,1Note de bas de page a [9,1 à 21,1] (55 000) Note de bas de page c Note de bas de page c
Province
Provinces occidentalesNote de bas de page e 2,0 [1,5 à 2,5] (194 000) 32,0 [25,1 à 39,0] (194 000) 1,4 [1,1 à 1,7] (136 000) 36,6 [29,0 à 44,2] (136 000) 1,3 [1,0 à 1,6] (126 000) 35,9 [27,7 à 44,0] (126 000)
Ontario 1,8Note de bas de page a [1,2 à 2,4] (219 000) 36,1 [27,5 à 44,7] (219 000) 0,7 [0,5 à 0,9] (81 000) 21,8 [15,5 à 28,0] (81 000) 1,0Note de bas de page a [0,6 à 1,4] (119 000) 33,7 [24,3 à 43,1] (119 000)
Québec 2,1Note de bas de page a [1,4 à 2,8] (147 000) 24,2 [17,3 à 31,2] (147 000) 1,7Note de bas de page a [1,2 à 2,3] (123 000) 33,1 [24,6 à 41,5] (123 000) 1,1 [0,8 à 1,5] (81 000) 22,9 [16,1 à 29,6] (81 000)
Provinces de l’EstNote de bas de page f 2,3Note de bas de page a [1,5 à 3,0] (46 000) 7,6Note de bas de page a [4,9 à 10,4]
(46 000)
1,6Note de bas de page a [1,0 à 2,2] (32 000) 8,6Note de bas de page a [5,2 à 11,9]
(32 000)
1,3Note de bas de page a [0,6 à 2,0] (27 000) 7,6Note de bas de page a [3,9 à 11,3]
(27 000)
Langue officielle parlée
Anglais 2,0 [1,6 à 2,4] (464 000) 81,4 [76,1 à 86,7] (464 000) 1,1 [0,9 à 1,3] (254 000) 70,0 [61,5 à 78,5] (254 000) 1,2 [0,9 à 1,4] (268 000) 77,6 [71,0 à 84,2] (268 000)
Français 1,6 [1,1 à 2,1] (106 000) 18,6 [13,3 à 23,9] (106 000) 1,7Note de bas de page a [1,1 à 2,2] (109 000) 30,0 [21,5 à 38,5] (109 000) 1,2 [0,8 à 1,5] (77 000) 22,4 [15,8 à 29,0] (77 000)
Niveau de scolarité
Études secondaires non terminées 2,6Note de bas de page a [1,7 à 3,5] (95 000) 16,3Note de bas de page a [10,9 à 21,7] (95 000) 1,4Note de bas de page a [0,5 à 2,3] (51 000) 13,8Note de bas de page a [5,7 à 21,8] (51 000) 2,5 [1,9 à 3,1] (92 000) 26,3 [19,8 à 32,7] (92 000)
Diplôme d’études secondaires sans études postsecondaires 2,7 [2,0 à 3,5] (190 000) 32,7 [25,6 à 39,9] (190 000) 1,6 [1,2 à 2,1] (112 000) 30,3 [23,0 à 37,5] (112 000) 2,0Note de bas de page a [1,3 à 2,6] (135 000) 38,4 [29,2 à 47,6] (135 000)
Certificat ou diplôme d’études postsecondaires ou diplôme universitaire de premier cycle ou plus 1,5 [1,1 à 1,8] (295 000) 50,9 [42,9 à 59,0] (295 000) 1,0 [0,8 à 1,2] (208 000) 55,9 [47,1 à 64,7] (208 000) 0,6Note de bas de page a [0,4 à 0,8] (124 000) 35,4 [26,5 à 44,3] (124 000)
Revenu du ménage ($ CA)
Quantile 1 : 0 à 70 000 2,1 [1,6 à 2,7] (225 000) 37,2 [29,1 à 45,4] (225 000) 1,3 [0,9 à 1,7] (137 000) 36,9 [28,5 à 45,3] (137 000) 0,8Note de bas de page a [0,5 à 1,2] (90 000) 25,5 [17,5 à 33,4] (90 000)
Quantile 2 : 70 001 à 130 000 1,8 [1,4 à 2,3] (192 000) 31,8 [24,5 à 39,0] (192 000) 1,3 [1,0 à 1,6] (133 000) 35,8 [28,3 à 43,3] (133 000) 1,0Note de bas de page a [0,7 à 1,4] (109 000) 31,1 [22,6 à 39,6] (109 000)
Quantile 3 : 130 001 à 12 000 000 1,9Note de bas de page a [1,3 à 2,5] (188 000) 31,0 [22,8 à 39,2] (188 000) 1,0 [0,7 à 1,4] (102 000) 27,3 [19,7 à 34,9] (102 000) 1,6 [1,1 à 2,0] (153 000) 43,4 [34,3 à 52,5] (153 000)
Trouble de l’humeur ou trouble d’anxiété
Trouble de l’humeur ou trouble d’anxiété 4,3 [3,1 à 5,5] (196 000) 33,1 [25,2 à 40,9] (196 000) 2,3 [1,7 à 2,9] (105 000) 28,2 [21,2 à 35,1] (105 000) 1,5Note de bas de page a [1,0 à 2,0] (67 000) 19,2 [13,3 à 25,0] (67 000)
Aucun trouble de l’humeur ou d’anxiété 1,5 [1,2 à 1,8] (397 000) 66,9 [59,1 à 74,8] (397 000) 1,0 [0,8 à 1,2] (267 000) 71,8 [64,9 à 78,8] (267 000) 1,1 [0,9 à 1,3] (284 000) 80,8 [75,0 à 86,7] (284 000)

Vapotage et tabagisme (double usage)

Comme l’illustre le tableau 2, le vapotage et le tabagisme (c’est-à-dire le double usage) varient significativement en fonction de l’âge (p < 0,001). La prévalence du double usage s’est révélée significativement plus élevée chez les jeunes et les jeunes adultes de 15 à 24 ans (4,2 %) par rapport aux adultes de 25 ans et plus (1,6 %), mais les adultes de 25 ans et plus représentent la majorité (70,7 %) des Canadiens ayant déclaré un double usage.

Le double usage varie significativement selon le sexe à la naissance (p < 0,001) et l’identité de genre autodéclarée (p < 0,001). La prévalence du double usage est significativement plus élevée chez les personnes de sexe masculin (2,7 %) et de genre masculin [hommes] (2,7 %) que chez les personnes de sexe féminin (1,2 %) et de genre féminin [femmes] (1,2 %). La plupart des Canadiens ayant déclaré un double usage étaient des personnes de sexe masculin (68,1 %, contre 31,9 % de personnes de sexe féminin) et s’étaient identifiés comme des hommes (68,4 %, contre 31,6 % qui s’étaient identifiées comme des femmes).

Le double usage ne varie pas selon le pays de naissance (= 0,90), selon l’appartenance à une minorité visible (p = 0,15) ou selon l’identité autochtone (p = 0,56). La plupart des Canadiens ayant déclaré un double usage étaient nés au Canada (73,1 %) et ne s’étaient pas identifiés comme appartenant à une minorité visible (71,6 %) ou à un peuple autochtone (96,4 %).

Le double usage ne varie pas selon la province (p = 0,78). La plupart des Canadiens ayant déclaré un double usage vivaient en Ontario (36,1 %) ou dans les provinces de l’Ouest (32,0 %).

Le double usage ne varie pas non plus en fonction de la langue officielle (p = 0,21), même si la plupart des Canadiens ayant déclaré un double usage ont indiqué l’anglais comme première langue officielle parlée (81,4 %).

Le double usage varie significativement en fonction du niveau de scolarité (p < 0,01). Les Canadiens n’ayant pas obtenu un diplôme d’études secondaires (2,6 %Note de bas de page ) et ceux ayant obtenu un diplôme d’études secondaires seulement (2,7 %) présentaient des taux de prévalence de double usage significativement plus élevés que ceux ayant obtenu un certificat/diplôme d’études postsecondaires ou un diplôme universitaire de premier cycle ou plus (1,5 %). Environ la moitié (50,9 %) des Canadiens ayant déclaré un double usage avaient terminé des études postsecondaires, tandis qu’environ un tiers (32,7 %) avaient terminé des études secondaires, les autres (16,3 %Note de bas de page ) n’ayant pas terminé leurs études secondaires.

Le double usage ne varie pas selon le revenu du ménage (p = 0,71). Parmi les Canadiens ayant déclaré un double usage, le revenu de ménage était relativement réparti également.

Le double usage varie significativement en fonction de l’état de santé mentale (p < 0,001). Les Canadiens qui souffraient de trouble de l’humeur ou de trouble d’anxiété avaient un taux de prévalence plus élevé (4,3 %) que les Canadiens ne souffrant pas de ces troubles (1,5 %), mais la plupart des Canadiens ayant déclaré un double usage ne souffraient ni de trouble de l’humeur ni de trouble d’anxiété (66,9 %).

Le modèle multivarié final centré sur le vapotage et le tabagisme a été ajusté en fonction du groupe d’âge, du genre et de l’état de santé mentale. Les résultats ont montré des probabilités plus élevées de double usage chez les jeunes et les jeunes adultes (par rapport aux adultes : rapport de cotes ajusté [RCA] = 2,47, IC à 95 % : 1,71 à 3,58, p < 0,001), les hommes (par rapport aux femmes : RCA = 2,44, IC à 95 % : 1,64 à 3,64, p < 0,001) et les personnes souffrant d’un trouble de l’humeur ou d’un trouble d’anxiété (par rapport à celles ne souffrant d’aucun de ces troubles) : RCA = 3,31, IC à 95 % : 2,27 à 4,82, p < 0,001).

Vapotage et tabagisme antérieur

Comme l’illustre le tableau 2, le vapotage et le tabagisme antérieur ne varient pas en fonction de l’âge (= 0,09), mais plus des trois quarts des Canadiens ayant déclaré vapoter et être ancien fumeur étaient âgés de 25 ans ou plus (78,6 %).

Le vapotage et le tabagisme antérieur varient significativement en fonction du sexe (p < 0,01) et du genre (p < 0,01), avec une prévalence plus élevée chez les personnes de sexe masculin (1,5 %, contre 0,9 % chez les personnes de sexe féminin) et les hommes (1,5 %, contre 0,9 % chez les femmes). La plupart des Canadiens qui vapotaient et étaient anciens fumeurs étaient des personnes de sexe masculin (61,1 %) et s’identifiaient comme des hommes (61,7 %).

Les résultats concernant le vapotage et le tabagisme antérieur en fonction de l’appartenance à une minorité visible et en fonction de l’identité autochtone n’ont pas pu être communiqués ni publiés en raison des exigences en matière de communication des données.

Le vapotage et le tabagisme antérieur varient significativement en fonction du pays de naissance (p < 0,001) : la prévalence de vapotage et du tabagisme antérieur était significativement plus élevée chez les personnes nées au Canada (1,4 %) que chez celles nées à l’étranger (0,7 %Note de bas de page ). La plupart des Canadiens ayant déclaré vapoter et être ancien fumeur étaient nés au Canada (84,9 %).

Le vapotage et le tabagisme antérieur varient également selon la province (< 0,001) : la prévalence était significativement plus élevée dans les provinces de l’Est (1,6 %Note de bas de page ), les provinces de l’Ouest (1,4 %) et le Québec (1,7 %Note de bas de page ) qu’en Ontario (0,7 %). La plus grande proportion de Canadiens ayant déclaré vapoter et être ancien fumeur vivaient dans les provinces de l’Ouest (36,6 %), suivies du Québec (33,1 %), de l’Ontario (21,8 %) et des provinces de l’Est (8,6 %Note de bas de page ).

Le vapotage et le tabagisme antérieur ne varient pas en fonction de la langue officielle (p = 0,07), mais la plupart des Canadiens ayant déclaré vapoter et être ancien fumeur (70,0 %) avaient indiqué l’anglais comme première langue officielle.

Aucune différence significative n’a été observée entre les vapoteurs et anciens fumeurs en fonction du niveau de scolarité (p = 0,15). Plus de la moitié des Canadiens ayant déclaré vapoter et être ancien fumeur avaient un certificat/diplôme postsecondaire ou un diplôme universitaire de premier cycle ou plus (55,9 %), près d’un tiers avaient fait des études secondaires mais pas d’études postsecondaires (30,3 %) et les autres n’avaient pas obtenu de diplôme d’études secondaires (13,8 %Note de bas de page ).

Le vapotage et le tabagisme antérieur ne varient pas en fonction du revenu du ménage (p = 0,52). Parmi les Canadiens qui avaient déclaré vapoter et être ancien fumeur, la distribution des revenus du ménage était légèrement asymétrique, avec une proportion plus faible de répondants dans le quantile supérieur.

Des différences significatives ont été observées quant au vapotage et au tabagisme antérieur en fonction de l’état de santé mentale (p < 0,001) : la prévalence du vapotage et du tabagisme antérieur était significativement plus élevée chez les personnes qui souffraient de trouble de l’humeur ou de trouble d’anxiété (2,3 %) que chez celles qui n’en souffraient pas (1,0 %), mais la majorité des Canadiens qui vapotaient et étaient ancien fumeurs ne souffraient ni de trouble de l’humeur ni de trouble d’anxiété (71,8 %).

Le modèle multivarié final centré sur le vapotage et le tabagisme antérieur a été ajusté en fonction du groupe d’âge, du genre, de la province et de l’état de santé mentale. Les résultats ont révélé des probabilités plus élevées de vapotage et de tabagisme antérieur chez les hommes (par rapport aux femmes : RCA = 1,81, IC à 95 % : 1,33 à 2,45, p < 0,001); ceux qui vivaient au Québec (par rapport à l’Ontario : RCA = 2,84, IC à 95 % : 1,75 à 4,62, p < 0,001), dans les provinces de l’Est (par rapport à l’Ontario : RCA = 2.37, IC à 95 % : 1,42 à 3,94, p < 0,01) et dans les provinces de l’Ouest (par rapport à l’Ontario : RCA = 2,14, IC à 95 % : 1,41 à 3,23, p < 0,001) et ceux qui avaient un trouble de l’humeur ou un trouble d’anxiété (par rapport à sans ces troubles : RCA = 2,55, IC à 95 % : 1,82 à 3,56, p < 0,001).

Vapotage et absence de tabagisme (non-fumeurs et personnes n’ayant jamais fumé)

Comme l’illustre le tableau 2, le vapotage et le fait de n’avoir jamais fumé ou d’être non-fumeur varient significativement en fonction de l’âge (p < 0,001), avec une prévalence plus élevée chez les jeunes et les jeunes adultes (6,3 %) par rapport aux adultes (0,3 %Note de bas de page ). Les jeunes et les jeunes adultes (75,7 %) forment également la majorité des Canadiens ayant fait état de ce résultat.

Le vapotage et le fait de n’avoir jamais fumé ou d’être non-fumeur varient aussi significativement en fonction du sexe (p < 0,001) et du genre (< 0,001). La prévalence était plus élevée chez les personnes de sexe masculin (1,5 %, contre 0,8 % chez les personnes de sexe féminin), de même que chez les hommes (1,5 %, contre 0,8 % chez les femmes). La plupart des Canadiens qui vapotaient et qui n’avaient jamais fumé ou étaient non-fumeurs étaient de sexe masculin (65,7 %) et s’identifiaient comme des hommes (66,0 %).

Le vapotage et le fait de ne jamais avoir fumé ou d’être non-fumeur ne varient pas en fonction de l’appartenance à une minorité visible (p = 0,12), mais la plupart des Canadiens ayant déclaré ce résultat n’avaient pas déclaré appartenir à une minorité visible (83,7 %).

Les résultats concernant le vapotage et le fait de n’avoir jamais fumé ou d’être non-fumeur en fonction de l’identité autochtone et en fonction du pays de naissance n’ont pas pu être communiqués ni publiés en raison des exigences en matière de communication des données.

Aucune différence significative n’a été observée en ce qui concerne le vapotage et le fait de ne jamais avoir fumé ou d’être non-fumeur par province (p = 0,52). La plupart des Canadiens qui avaient déclaré ce résultat vivaient dans les provinces de l’Ouest (35,9 %) ou en Ontario (33,7 %).

Le vapotage et le fait de n’avoir jamais fumé ou d’être non-fumeur ne varient pas en fonction de la langue officielle (p = 0,92), mais un peu plus du trois quarts des Canadiens ayant déclaré ce résultat avaient indiqué l’anglais (77,6 %) comme première langue officielle.

Des différences significatives ont été observées en ce qui concerne le vapotage et le fait de ne jamais avoir fumé ou d’être non-fumeur en fonction du niveau de scolarité (p < 0,001) : les Canadiens titulaires d’un certificat/diplôme postsecondaire ou d’un diplôme universitaire de premier cycle ou plus (0,6 %Note de bas de page ) avaient une prévalence significativement plus faible de vapotage et d’être non-fumeur ou n’avoir jamais fumé par rapport à ceux qui n’avaient pas obtenu de diplôme d’études secondaires (2,5 %) et à ceux qui avaient obtenu un diplôme d’études secondaires mais sans études postsecondaires (2,0 %Note de bas de page ). Le niveau de scolarité était distribué de manière variable parmi les Canadiens ayant déclaré vapoter et n’avoir jamais fumé ou être non-fumeurs : 38,4 % avaient un diplôme d’études secondaires mais sans études postsecondaires, 35,4 % avaient un certificat ou un diplôme d’études postsecondaires ou un diplôme universitaire de premier cycle ou plus et 26,3 % n’avaient pas obtenu de diplôme d’études secondaires.

Le vapotage et le fait de n’avoir jamais fumé ou d’être non-fumeur varient significativement en fonction du revenu du ménage (p = 0,02) : la prévalence était significativement plus élevée chez les Canadiens qui se situaient au quantile supérieur de revenu du ménage (1,6 %) que chez ceux qui se situaient au quantile inférieur (0,8 %Note de bas de page ). Parmi les Canadiens ayant déclaré ce résultat, la distribution des revenus du ménage était asymétrique, avec une plus grande proportion de répondants dans le quantile supérieur.

Aucune différence significative n’a été observée en ce qui concerne le vapotage et le fait de ne jamais avoir fumé ou d’être non-fumeur en fonction de l’état de santé mentale (= 0,13). Parmi les Canadiens ayant déclaré ce résultat, 80,8 % ne souffraient d’aucun trouble de l’humeur ou d’anxiété.

Le modèle multivarié final centré sur le vapotage et le fait de ne jamais avoir fumé ou d’être non-fumeur a été ajusté en fonction du groupe d’âge, du genre et de l’appartenance à une minorité visible. Les résultats ont montré des probabilités plus élevées de vapotage et de ne jamais avoir fumé ou d’être non-fumeur chez les jeunes et les jeunes adultes (par rapport aux adultes : RCA = 22,62, IC à 95 % : 14,06 à 36,39, p < 0,001); les hommes (par rapport aux femmes : RCA = 1,76, IC à 95 % : 1,21 à 2,56, p < 0,01) et parmi ceux qui ne s’identifiaient pas comme appartenant à une minorité visible (par rapport à ceux qui s’identifiaient comme appartenant à une minorité visible : RCA = 2,31, IC à 95 % : 1,39 à 3,85, p < 0,01).

Analyse

À notre connaissance, les résultats de l’étude constituent l’une des premières caractérisations approfondies et représentatives à l’échelle nationale des Canadiens qui pratiquent le vapotage en fonction de leur usage du tabac.

Alors que des analyses antérieures des corrélats du vapotage chez les Canadiens de 15 ans et plus n’ont montré aucune association avec le sexeNote de bas de page 3Note de bas de page 5, notre analyse multivariée a révélé des associations significatives entre les genres, les hommes présentant des probabilités plus grandes que les femmes pour chacun des résultats du vapotage stratifiés selon l’usage du tabac. Des recherches antérieures ont mis en évidence une association entre le vapotage et le sexe masculin chez les étudiants canadiensNote de bas de page 4Note de bas de page 6. Les résultats de l’enquête ECTADE 2021-2022Note de bas de page 1 ont montré des différences dans le vapotage en fonction du genre, avec des taux de vapotage plus élevés chez les filles/femmes que chez les garçons/hommes. S’il est vrai que la prévalence du vapotage était également élevée chez les étudiants qui s’identifiaient comme transgenres, de diverses identités de genre ou en questionnement, le contraste avec les garçons/hommes n’avait pas atteint la signification statistiqueNote de bas de page 1. Dans l’ensemble, les résultats suggèrent de nouvelles tendances en matière de vapotage selon le genre, qu’il peut être particulièrement important de surveiller chez les jeunes, étant donné qu’ils sont beaucoup plus susceptibles d’avoir une identité ou une expression de genre non binaireNote de bas de page 20.

Le double usage ainsi que le vapotage et le tabagisme antérieur ont été significativement associés à des troubles de l’humeur ou des troubles d’anxiété. Ces associations ne sont sans doute pas surprenantes, puisque ces résultats reflètent des expériences présentes ou passées de tabagisme par la cigarette, qui est très répandu chez les personnes vivant avec des troubles de santé mentaleNote de bas de page 10. La croyance commune selon laquelle le tabagisme contribuerait à réduire le stress et les symptômes ou troubles de santé mentale peut faire craindre que le sevrage tabagique n’aggrave ces résultats. Il est cependant prouvé que l’abandon du tabac n’aggrave pas ces symptômes ou troubles et peut même, à long terme, améliorer l’humeur, la santé mentale et l’abstinence d’autres substancesNote de bas de page 21Note de bas de page 22.

Les données probantes révèlent également que les produits de vapotage contenant de la nicotine peuvent aider les personnes à cesser de fumerNote de bas de page 23. Par conséquent, il convient de continuer à encourager les personnes qui fument à arrêter, que ce soit au moyen de produits de vapotage ou au moyen d’autres formes d’aide. S’il est vrai qu’aucune association entre le vapotage et le fait de n’avoir jamais fumé (ou d’être non-fumeurs) et la santé mentale n’a été observée dans notre analyse, des recherches portant sur des populations de jeunes – dont la majorité n’a pas d’antécédents de tabagisme – laissent penser que le vapotage est associé à un piètre état de bien-être et à une plus grande délinquanceNote de bas de page 24, à des comorbidités psychiatriquesNote de bas de page 25 et à une moins bonne santé mentale perçueNote de bas de page 1. Il convient donc de continuer à surveiller la santé mentale des personnes qui n’ont pas d’antécédents de tabagisme mais qui pratiquent le vapotage, plus particulièrement les jeunes.

Nos résultats montrent que le double usage est également associé significativement à un plus jeune âge (15 à 24 ans). Ce résultat est quelque peu surprenant, étant donné que la hausse du vapotage chez les jeunes entre 2016-2017 et 2018-2019 a été observée parallèlement à la baisse continue du tabagismeNote de bas de page 1. Toutefois, ce résultat reflète probablement l’amalgame des répondants les plus jeunes (15 à 19 ans) et des jeunes adultes (de 20 à 24 ans) en une seule catégorie. Bien que cela ait été fait dans le but de produire des résultats pouvant être communiqués, il est important de noter que les jeunes adultes qui vapotent constituent un groupe distinct dont la trajectoire de prévalence diffère à la fois de celle des jeunes et de celle des adultes plus âgés, et parmi lequel les principaux motifs de vapotage cités reflètent une combinaison d’usage récréatif et d’usage dans un objectif de sevrage tabagiqueNote de bas de page 2

Les résultats concernant le vapotage et le tabagisme antérieur ont également montré des variations significatives selon la province. Ce résultat reflète probablement la variation observée entre les provinces canadiennes quant à la prévalence du tabagisme antérieur qui, au fil du temps, a généralement été plus faible en Ontario et plus élevée dans d’autres régions, soit dans les provinces de l’Ouest et, plus particulièrement, dans les provinces de l’Est et au QuébecNote de bas de page 2Note de bas de page 11. Comme cela a été mentionné précédemment, l’impact des produits de vapotage demeure incertain chez les anciens fumeurs de cigaretteNote de bas de page 7, ce qui fait que d’autres recherches doivent être menées pour comprendre le rôle de ces produits dans le sevrage tabagique et la rechute, dont des études longitudinales portant sur les motivations de leur usage.

Les résultats de cette étude nous permettent de mieux comprendre les effets potentiels des produits de vapotage sur la santé publique. Premièrement, les résultats identifient des sous-populations affichant des taux de prévalence relativement plus élevés et plus faibles. Par exemple, le vapotage et le fait de n’avoir jamais fumé ou d’être non-fumeur étaient plus fréquents chez les jeunes et les jeunes adultes, chez les hommes et chez ceux qui ne s’identifiaient pas à une minorité visible. La prévalence accrue chez les jeunes est préoccupante, puisque la nicotine est une substance qui crée une dépendance et que l’exposition à la nicotine pendant l’adolescence est susceptible de nuire au développement du cerveau et d’avoir des répercussions cognitivesNote de bas de page 26Note de bas de page 27. Ces résultats peuvent enrichir les discussions en matière d’équité et de recherche et améliorer l’efficacité des communications et des interventions à l’égard de certains sous-groupes de population à risque, qu’il s’agisse des communications en matière de prévention primaire, comme les campagnes médiatiquesNote de bas de page 28 ou des conseils sur l’arrêt du vapotageNote de bas de page 29.

Deuxièmement, les résultats de l’étude mettent en lumière la composition des sous-populations qui adoptent ces comportements. Par exemple, des analyses montrent que la plupart des Canadiens ayant déclaré un double usage étaient âgés de 25 ans ou plus, s’identifiaient comme des hommes, avaient un niveau de scolarité plus élevé et avaient déclaré ne souffrir d’aucun trouble de santé mentale. Ces résultats pourraient faire avancer la recherche en matière de communications efficaces incitant les fumeurs de cigarettes à passer complètement aux produits de vapotage.

Points forts et limites

Cette étude présente plusieurs points forts, dont l’utilisation pour la première fois de données représentatives à l’échelle nationale de l’utilisation des produits de vapotage dans toutes les provinces canadiennes. De plus, l’analyse du vapotage en fonction de l’usage du tabac permet une compréhension nuancée de ce comportement quant au risque associé. Par ailleurs, le cadre ACSG Plus offre une optique riche et diversifiée permettant de mieux connaître les Canadiens qui pratiquent le vapotage.

Notre étude présente toutefois certaines limites. Tout d’abord, les analyses ont été réalisées à partir de données autodéclarées, qui peuvent être sujettes à des biais. Ensuite, bien que la question du vapotage ait été tirée du module Réponse rapide – Alternatives au tabac et vapotage (TAV) de l’ESCC et qu’elle ait visé à évaluer l’utilisation des produits de vapotage avec ou sans nicotine, la question ne comportait pas de préambule excluant explicitement le cannabis. Il est donc possible que les résultats incluent le vapotage de diverses substances. En outre, bien que nous reconnaissions les limites de l’utilisation de la variable du vapotage au cours des 30 derniers jours comme mesure d’un usage régulierNote de bas de page 30, il s’agit d’une mesure couramment utilisée et de la meilleure mesure disponible pour l’analyse compte tenu des limites de l’enquête.

L’utilisation de l’approche ACSG Plus intègre des facteurs à l’échelle de l’individu, ce qui fait que certains facteurs interpersonnels et sociétaux liés au comportement de vapotage ont pu ne pas être intégrés. Ensuite, malgré l’utilisation d’une source de données comportant un échantillon de grande taille, nous avons été limités dans notre capacité à analyser certaines caractéristiques, notamment l’orientation sexuelle et les activités liées au travail (en raison des exigences en matière de déclaration) et la situation de handicap (qui n’a pas été évaluée au cours du cycle de 2020). Enfin, la collecte des données au cours du cycle de 2020 s’étant déroulée pendant la pandémie de COVID-19, elle a été interrompue entre la mi-mars et le mois de septembre, ce qui a réduit les taux de réponse. Il convient donc d’interpréter les résultats avec prudence et il est nécessaire de continuer à exercer un suivi sur le vapotage chez les Canadiens.

Conclusion

Les résultats de notre étude permettent d’identifier des groupes à forte prévalence et d’approfondir notre compréhension des vapoteurs au Canada en fonction de leur usage du tabac. Ils peuvent servir à orienter d’autres recherches dans les domaines de la prévention et de l’arrêt du vapotage, que ce soit en ce qui concerne les sous-populations particulières à risque, l’équité ou les communications et les interventions efficaces pour des publics précis. 

Financement

Aucun financement n’a été accordé pour cette recherche.

Conflits d’intérêts

Aucun à déclarer.

Contributions des auteurs et avis

  • Conception : CDC, TM.
  • Analyse formelle : CG, DD, NF, GL, GW.
  • Interprétation des résultats : CDC, TM, CG, DD, NF, GL, GW.
  • Rédaction de la première version du manuscrit : CDC.
  • Relectures et révisions : CDC, TM, CG, DD, NF, GL, GW.

Le contenu de l’article et les points de vue qui y sont exprimés n’engagent que les auteurs; ils ne correspondent pas nécessairement à ceux du gouvernement du Canada

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Détails de la page

2024-11-27