Recherche quantitative originale – Activité physique, participation à des sports organisés et utilisation du transport actif pour se rendre à l’école chez les adolescents canadiens par identité de genre et par orientation sexuelle

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Chinchin Wang, M. Sc.Note de rattachement des auteurs 1Note de rattachement des auteurs 2Note de rattachement des auteurs 3; Greg Butler, M. Sc.Note de rattachement des auteurs 1; McKenna R. J. Szczepanowski, M.A.Note de rattachement des auteurs 1Note de rattachement des auteurs 4; Marisol T. Betancourt, M. Sc., M.D.Note de rattachement des auteurs 1; Karen C. Roberts, M. Sc.Note de rattachement des auteurs 1

https://doi.org/10.24095/hpcdp.44.2.02f

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Attribution suggérée

Cet article de recherche par Wang C et al. dans la Revue PSPMC est mis à la disposition selon les termes de la licence internationale Creative Commons Attribution 4.0 International

Rattachement des auteurs
Correspondance

Karen C. Roberts, Centre de surveillance et de recherche appliquée, Agence de la santé publique du Canada, 785, avenue Carling, Ottawa (Ontario)  K1A 0K9; tél. : 613‑697‑8386; courriel : Karen.c.roberts@phac-aspc.gc.ca

Citation proposée

Wang C, Butler G, Szczepanowski MRJ, Betancourt MT, Roberts KC. Activité physique, participation à des sports organisés et utilisation du transport actif pour se rendre à l’école chez les adolescents canadiens par identité de genre et par orientation sexuelle. Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada. 2024;44(2):50-59. https://doi.org/10.24095/hpcdp.44.2.02f

Résumé

Introduction. La pratique régulière d’activité physique est associée à un grand nombre d’avantages pour la santé chez les jeunes. Bien que des études antérieures aient fait ressortir des différences dans la pratique de l’activité physique chez les jeunes selon l’identité de genre et l’orientation sexuelle, ces facteurs ont été peu étudiés chez les adolescents canadiens.

Méthodologie. Les données de l’Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes de 2019 ont été utilisées pour évaluer la prévalence de la participation à des sports organisés, le temps passé à pratiquer des sports organisés, l’activité physique totale et l’utilisation du transport actif pour se rendre à l’école en fonction de l’identité de genre (cisgenre ou non cisgenre) chez les adolescents de 12 à 17 ans et de l’attirance sexuelle (hétérosexuelle ou non hétérosexuelle) chez les adolescents de 15 à 17 ans.

Résultats. Aucune différence n’a été constatée entre les adolescents canadiens cisgenres et non cisgenres sur le plan du nombre moyen de minutes d’activité physique totale par semaine. Le nombre hebdomadaire moyen de minutes passées à pratiquer des sports organisés était nettement plus faible chez les adolescents non cisgenres (qui représentent 0,5 % de la population) que chez les adolescents cisgenres. Certaines données indiquent que les adolescents non cisgenres étaient plus nombreux que les autres adolescents à utiliser le transport actif pour se rendre à l’école, mais leur puissance statistique est insuffisante pour faire ressortir des différences significatives. Les adolescents canadiens ayant déclaré tout type d’attirance non hétérosexuelle (et qui représentent 21,2 % de la population, incluant les jeunes avec une attirance principalement hétérosexuelle) étaient moins nombreux que les adolescents ayant déclaré une attirance exclusivement hétérosexuelle à faire de l’activité physique régulièrement et à participer à des sports organisés. Les écarts étaient plus marqués chez les garçons que chez les filles. Les garçons ayant déclaré une attirance non hétérosexuelle étaient plus nombreux que ceux ayant déclaré une attirance hétérosexuelle à utiliser le transport actif pour se rendre à l’école.

Conclusion. Les adolescents non cisgenres et les adolescents ayant déclaré une attirance non hétérosexuelle participaient moins que les autres adolescents à des sports organisés, mais ils semblent être plus nombreux à utiliser le transport actif. L’atténuation des barrières à la pratique de sports organisés pourrait accroître l’activité physique dans ces groupes.

Mots‑clés : identité de genre, orientation sexuelle, minorités sexuelles et de genre, sports pour les jeunes, exercice, activité physique, transport actif

Points saillants

  • Les adolescents canadiens non cisgenres présentaient des taux de participation à des sports organisés moins élevés que ceux des adolescents cisgenres, mais leur temps d’activité physique totale était simlaire.
  • Les adolescents canadiens non hétérosexuels présentaient des taux de participation à des sports organisés et des temps d’activité physique totale inférieurs à ceux des adolescents hétérosexuels.
  • Des mesures doivent être prises pour réduire les barrières à la pratique de sports organisés chez les adolescents non cisgenres et non hétérosexuels.

Introduction

La pratique régulière d’activité physique est associée à un grand nombre d’avantages pour la santé, en particulier la prévention des maladies chroniques et l’amélioration du bien‑êtreNote de bas de page 1. Les Directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures pour les enfants et les jeunes (5 à 17 ans) recommandent, pour obtenir les meilleurs avantages pour la santé, une moyenne d’au moins 60 minutes par jour d’activité physique d’intensité moyenne à élevée (APME) incluant une variété d’activités aérobiquesNote de bas de page 2. Selon les plus récentes données nationales mesurées au moyen d’appareils, tirées de l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé de 2018 et de 2019, 35,6 % des adolescents de 12 à 17 ans respectent cette recommandationNote de bas de page 3. L’activité physique de faible intensité (APF) peut aussi se traduire par des avantages pour la santé. Des recherches ont révélé des associations étroites et constantes entre, d’une part, l’activité physique totale (APME et APF) et, d’autre part, l’amélioration de la santé cardiovasculaire, de la forme physique et de la santé des os ainsi qu’une diminution de l’adipositéNote de bas de page 4.

Identifier les sous‑groupes de population les moins actifs permet d’orienter les stratégies et les politiques visant à promouvoir la santé. L’identité de genre et l’attirance sexuelle sont des déterminants de la santé importants. Plusieurs inégalités sociales et sanitaires ont été observées chez les personnes non cisgenres (qui s’identifient à un genre différent du sexe assigné à la naissance) et non hétérosexuelles (qui ne sont pas attirées seulement par des personnes du sexe opposé) comparativement aux personnes cisgenres (qui s’identifient au sexe assigné à la naissance) et hétérosexuelles (qui sont attirées seulement par des personnes du sexe opposé)Note de bas de page 5. Des études menées aux États‑Unis, au Royaume‑Uni, en Nouvelle‑Zélande et en Espagne ont révélé que les niveaux d’activité physique et de participation à des sports organisés étaient plus faibles chez les adolescents non cisgenres par rapport aux adolescents cisgenresNote de bas de page 6Note de bas de page 7Note de bas de page 8Note de bas de page 9 ainsi que chez les adolescents non hétérosexuels par rapport aux adolescents hétérosexuelsNote de bas de page 9Note de bas de page 10Note de bas de page 11Note de bas de page 12Note de bas de page 13Note de bas de page 14Note de bas de page 15Note de bas de page 16Note de bas de page 17. L’importance de ces écarts varie selon le sexe : les écarts constatés entre les sujets cisgenres et non cisgenres étaient plus marqués chez les garçons que chez les fillesNote de bas de page 10.

À notre connaissance, la seule étude représentative à avoir évalué l’activité physique et la pratique de sports selon l’identité de genre et l’attirance sexuelle chez les adolescents canadiens est celle fondée sur les enquêtes sur la santé des adolescents de la Colombie‑Britannique menées de 1998 à 2013. Cette étude a révélé que les garçons s’identifiant comme « principalement » hétérosexuels, bisexuels ou « principalement » ou « exclusivement » homosexuels étaient toujours moins nombreux à pratiquer des sports organisés et non organisés et à faire de l’activité physique que les garçons « exclusivement » hétérosexuelsNote de bas de page 18. Quant aux filles, celles s’identifiant comme bisexuelles ou « principalement » ou « exclusivement » homosexuelles étaient moins nombreuses que les filles hétérosexuelles à pratiquer une activité physique ou des sports non organisés, et les adolescentes bisexuelles étaient moins nombreuses que les adolescentes hétérosexuelles à participer à des sports organisésNote de bas de page 18.

Notre étude vise à présenter les données probantes dont on dispose en utilisant les données représentatives à l’échelle nationale de l’Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes de 2019 pour évaluer l’activité physique totale, la participation à des sports organisés et l’utilisation du transport actif pour se rendre à l’école chez les adolescents canadiens (de 12 à 17 ans) en fonction de l’identité de genre et de l’attirance sexuelle.

Méthodologie

Source des données

La source des données de notre étude est l’Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes de 2019 (ECSEJ), une enquête transversale réalisée par Statistique Canada. La collecte des données a eu lieu du 11 février au 2 août 2019. L’ECSEJ portait sur un échantillon représentatif à l’échelle nationale constitué d’enfants et de jeunes de 1 à 17 ans. Les jeunes vivant dans une réserve des Premières Nations ou dans tout autre établissement autochtone ou placés dans des foyers d’accueil ou dans des établissements institutionnels ont été exclus de l’enquête. Le cadre d’échantillonnage était constitué des bénéficiaires de l’Allocation canadienne pour enfants, qui forment 98 % de la population de 1 à 17 ans de l’ensemble des provinces et 96 % de celle des territoires.

Cette étude se limitait aux adolescents de 12 à 17 ans, soit une tranche d’âge restreinte par rapport à d’autres définitions des jeunes (par exemple celle de l’Organisation mondiale de la santé). Les données de l’étude ont été collectées au moyen de questionnaires électroniques et d’entrevues téléphoniques. Tous les adolescents ont répondu à des questions sur leur genre et sur leurs comportements liés à l’activité physique mais seuls les adolescents de 15 à 17 ans ont été interrogés sur leur attirance sexuelle.

Ce sont 11 077 répondants de 12 à 17 ans (dont 5 301 de 15 à 17 ans) qui ont participé à l’ECSEJ. Le taux de participation a été de 41,3 %. Statistique Canada a fourni des pondérations d’enquête pour prendre en compte l’échantillonnage et la non-réponse et pour générer des estimations représentatives à l’échelle nationale. En résumé, chaque répondant s’est vu attribuer une pondération en fonction du plan d’enquête et de facteurs d’ajustement correspondant au nombre de personnes de l’ensemble de la population qu’il représentait. D’autres détails sur la pondération ont été publiés en ligne par Statistique CanadaNote de bas de page 19Note de bas de page 20. Chaque analyse a été limitée aux répondants sur lesquels nous avions des données complètes concernant les comportements liés à l’activité physique, soit 11 064 (99,9 % des jeunes de 12 à 17 ans) pour l’identité de genre et 5 254 (98,1 % des jeunes de 15 à 17 ans) pour l’attirance sexuelle.

Mesures

La formulation exacte de chaque question de l’enquête se trouve en ligne sur le site de Statistique CanadaNote de bas de page 21. Les mesures liées au sexe, au genre et à l’attirance sexuelle utilisées dans cette étude sont fondées sur les données disponibles et les normes statistiques en vigueurNote de bas de page 22. Les définitions et les mesures sont en constante évolution, si bien qu’elles ne correspondent pas nécessairement à celles utilisées dans les recherches antérieures ou à venir.

Sexe

On a demandé aux adolescents de 12 à 17 ans : « Quel était votre sexe à la naissance? Par sexe, on entend le sexe assigné à la naissance. » Les choix de réponse étaient « masculin » et « féminin ».

Identité de genre

On a demandé aux adolescents de 12 à 17 ans : « Par genre, on entend le genre actuel, qui peut différer du sexe assigné à la naissance ou de celui inscrit dans les documents légaux. Quel est votre genre? » Les choix de réponse étaient « masculin », « féminin » et « ou veuillez préciser ». Les adolescents qui s’identifiaient à un genre autre que masculin ou féminin ont été classés dans la catégorie « non binaire ».

Cisgenre/non cisgenre

Les adolescents qui s’identifiaient au genre qui leur avait été assigné à la naissance ont été classés dans la catégorie « cisgenre ». Les adolescents qui s’identifiaient à un genre autre que celui qui leur avait été assigné à la naissance, incluant ceux classés dans la catégorie « non binaire », ont été classés dans la catégorie « non cisgenre ».

Attirance sexuelle

On a demandé à chaque jeune de 15 à 17 ans s’il était « attiré seulement par les hommes », « attiré surtout par les hommes », « attiré autant par les femmes que par les hommes, « attiré surtout par les femmes », « attiré seulement par les femmes » ou « pas certain ». Les adolescents qui s’identifiaient au genre masculin et étaient attirés seulement par les femmes, ou qui s’identifiaient au genre féminin et étaient attirés seulement par les hommes, ont été classés dans la catégorie « attirance hétérosexuelle ». Les adolescents qui étaient attirés par les personnes du même genre qu’eux ou par les personnes des deux genres, qui n’étaient pas certains de leur attirance sexuelle ou qui s’identifiaient comme des personnes non binaires ont été classés dans la catégorie « attirance non hétérosexuelle ». Ces catégories ont déjà été utilisées dans d’autres étudesNote de bas de page 23Note de bas de page 24.

Activité physique

Les répondants ont été invités à indiquer le temps total qu’ils avaient consacré à pratiquer des activités physiques qui les faisaient transpirer au moins un peu et respirer plus fort ainsi que le temps qu’ils avaient passé ces activités au cours de chacun des 7 derniers jours. Les choix de réponse étaient des intervalles de 15 minutes (aucun temps, 15 minutes ou moins, 30 minutes, 45 minutes, 1 heure, et ainsi de suite jusqu’à 7 heures ou plus). Les répondants ayant répondu 15 minutes ou moins ou 7 heures et plus se sont vu attribuer des temps de respectivement 15 minutes et 7 heures pour cette journée. Le temps total sur les 7 jours a été utilisé pour calculer le nombre moyen de minutes d’activité physique par jour, car les analyses de sensibilité ont montré que ces estimations correspondaient davantage à l’APME mesurée au moyen d’appareils chez les adolescents canadiens qu’au temps passé à transpirer ou à respirer plus fort, même s’il est possible qu’elles englobent à la fois l’APME et l’APFNote de bas de page 3. Les répondants ont été répartis en deux groupes : ceux ayant maintenu une moyenne 60 minutes et plus d’activité physique par jour et ceux ayant obtenu une moyenne de moins de 60 minutes par jour. Ce seuil correspond à la valeur utilisée dans les Directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures pour les enfants et les jeunes (5 à 17 ans)Note de bas de page 2.

Participation à des sports

On a demandé aux répondants s’ils avaient participé à un sport ou à une activité physique avec un entraîneur ou un instructeur au cours des 7 derniers jours. Ils ont aussi été invités à indiquer le temps total qu’ils avaient consacré à participer à un sport ou à une activité physique au cours de chacun des 7 derniers jours. Ce total a été divisé par 7 pour établir le temps moyen par jour.

Transport actif

On a demandé aux répondants s’ils avaient utilisé la marche, le vélo ou un autre mode de transport actif pour se rendre à l’école au cours des 7 derniers jours et d’indiquer le temps qu’ils avaient passé à utiliser chacun de ces modes de transport. Nous avons ensuite additionné le temps d’utilisation de chaque mode de transport, puis divisé cette somme par 7 pour établir le temps moyen de transport actif par jour.

Analyses statistiques

Nous avons utilisé des statistiques descriptives pour calculer les pourcentages, les moyennes et les intervalles de confiance (IC) à 95 % concernant l’identité de genre (cisgenre/non cisgenre), l’attirance sexuelle globale et stratifiée par genre ainsi que des indicateurs relatifs à la pratique d’activité physique, à la participation à des sports et à l’utilisation du transport actif, stratifiés par identité cisgenre/non cisgenre et par attirance hétérosexuelle/non hétérosexuelle. À titre d’analyse de sensibilité, nous avons également établi des distributions en excluant les sujets qui avaient répondu « pas certain » à la question sur l’attirance sexuelle. Nous avons calculé tous les pourcentages et toutes les moyennes à l’aide de pondérations d’enquête afin de nous assurer que ces valeurs étaient représentatives à l’échelle nationale et des IC à 95 % ont été établis à l’aide de poids bootstrap. Des tests bilatéraux du chi carré de Wald ont permis d’évaluer les différences entre les moyennes et les pourcentages des groupes sous un seuil de signification statistique de 0,05. Les analyses ont été réalisées à l’aide du logiciel SAS Enterprise Guide, version 7.1 (SAS Institute, Cary, Caroline du Nord, États‑Unis).

Résultats

Identité de genre et activité physique

Selon le sexe assigné à la naissance et le genre autodéclarés, 0,3 % des adolescents de 12 à 17 ans ont été classés dans la catégorie « non binaire » et 0,5 % ont été classés dans la catégorie « non cisgenre » (tableau 1). Toutes les estimations relatives aux adolescents non binaires et non cisgenres doivent être interprétées avec prudence en raison de la faible taille de l’échantillon.

Tableau 1. Identité de genre des participants à l’étude, adolescents de 12 à 17 ans, Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes de 2019 (N = 8 418)
Identité Fréquence pondéréeNote de bas de page a Pourcentage (%) IC à 95 %
Genre autodéclaré
Masculin 884 934 50,5 49,4 à 51,6
Féminin 862 592 49,2 48,2 à 50,3
Non binaire 4 472 0,3Note de bas de page D 0,1 à 0,4
Cisgenre/non cisgenre
Cisgenre 1 743 799 99,5 99,3 à 99,7
Non cisgenre 8 199 0,5Note de bas de page C 0,3 à 0,7

Les mesures de l’activité physique par identité de genre sont présentées dans le tableau 2. Le nombre moyen de minutes d’activité physique par semaine était le même chez les adolescents cisgenres et chez les adolescents non cisgenres. Il n’est pas possible de présenter les pourcentages d’adolescents non cisgenres qui ont maintenu une moyenne de 60 minutes ou plus d’activité physique par jour et qui ont participé à des sports organisés durant la dernière semaine en raison de la forte variabilité d’échantillonnage. La proportion de répondants ayant participé à des sports organisés au cours de la dernière année était de 48,5 % chez les adolescents non cisgenres, contre 67,3 % chez les adolescents cisgenres. Les adolescents non cisgenres ont aussi passé considérablement moins de temps à pratiquer des sports organisés que les adolescents cisgenres (96 contre 214 minutes par semaine en moyenne). Enfin, 48,0 % des adolescents non cisgenres ont utilisé un mode de transport actif pour se rendre à l’école (moyenne de 335 minutes par semaine), contre 29,2 % des adolescents cisgenres (moyenne de 164 minutes par semaine). Ces différences ne sont pas significatives.

Tableau 2. Mesures de l’activité physique chez les adolescents cisgenres et non cisgenres de 12 à 17 ans, Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes de 2019 (N = 8 418)
Mesure de l’activité physique Cisgenre Non cisgenre Valeur p
Estimation IC à 95 % Estimation IC à 95 %
Pourcentage d’adolescents (%)
Qui ont maintenu une moyenne de 60 minutes ou plus d’activité physique par jour 27,4 26,1 à 28,7 Note de bas de page E s.o. s.o.
Qui ont participé à des sports organisés au cours de la dernière année 67,3 65,9 à 68,7 48,5Note de bas de page D 29,2 à 68,1 0,0576
Qui ont participé à des sports organisés au cours de la dernière semaine 50,8 49,3 à 52,3 Note de bas de page E s.o. s.o.
Qui ont utilisé le transport actif pour se rendre à l’école 29,2 27,9 à 30,5 48,0Note de bas de page D 27,7 à 68,7 0,0691
Nombre moyen de minutes par semaine
Activités physiques qui font transpirer ou respirer plus fort 296 287 à 304 270Note de bas de page C 140 à 400 0,7020
Participation à des sports organisés 214 199 à 228 96Note de bas de page D 41 à 151 < 0,0001Note de bas de page *
Transport actif pour se rendre à l’école 164 154 à 175 335Note de bas de page D 124 à 547 0,1135

Attirance sexuelle et activité physique

Parmi les adolescents de 15 à 17 ans, 78,8 % ont déclaré une attirance hétérosexuelle et 21,2 % ont déclaré une attirance non hétérosexuelle (17,4 % étaient attirés par les personnes du même genre qu’eux ou par les personnes des deux genres alors que 3,8 % n’étaient pas certains de leur attirance, voir tableau 3). Les filles ont été plus nombreuses que les garçons à déclarer une attirance non hétérosexuelle.

Tableau 3. Attirance sexuelle des participants à l’étude, adolescents de 15 à 17 ans, Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes de 2019 (N = 3 963)
Identité et attirance Fréquence pondéréeNote de bas de page a Pourcentage IC à 95 %
Échantillon global (genre masculin, genre féminin, genre non binaire)
Attirance hétérosexuelle 659 609 78,8 77,1 à 80,4
Attirance non hétérosexuelle 177 699 21,2 19,6 à 22,9
Attirance pour le même genre que soi ou pour les deux genres 146 106 17,4 15,9 à 19,1
Pas certain 31 593 3,8 3,0 à 4,7
Genre masculin (n = 1 907)
Attirance hétérosexuelle 356 798 85,2 82,8 à 87,3
Attirance non hétérosexuelle 61 990 14,8 12,7 à 17,2
Attirance pour le même genre que soi ou pour les deux genres 51 886 12,4 10,4 à 14,6
Pas certain 10 104 2,4Note de bas de page C 1,6 à 3,4
Genre féminin (n = 2 040)
Attirance hétérosexuelle 302 811 72,7 70,0 à 75,2
Attirance non hétérosexuelle 113 754 27,3 24,8 à 30,0
Attirance pour le même genre que soi ou pour les deux genres 92 776 22,3 19,9 à 24,8
Pas certain 20 978 5,0 3,7 à 6,7
Genre non binaire (n = 16)
Attirance hétérosexuelle 0 0,0 s.o.
Attirance non hétérosexuelle 1 955 100,0 s.o.
Attirance pour le même genre que soi ou pour les deux genres 1 444 73,8Note de bas de page C 44,5 à 92,9
Pas certain Note de bas de page E Note de bas de page E s.o.

Les mesures de l’activité physique par attirance sexuelle (hétérosexuelle ou non hétérosexuelle) sont présentées dans le tableau 4. Dans l’ensemble, les adolescents ayant déclaré une attirance non hétérosexuelle étaient moins nombreux que les autres adolescents à avoir maintenu une moyenne de 60 minutes ou plus d’activité physique par jour (16,8 % contre 27,3 %) et à avoir participé à des sports organisés, que ce soit au cours de la dernière semaine (33,1 % contre 45,1 %) ou au cours de la dernière année (49,2 % contre 62,8 %). Les adolescents ayant déclaré une attirance non hétérosexuelle ont passé moins de minutes par semaine à faire de l’activité physique (225 minutes contre 284 minutes) et à participer à des sports organisés (130 minutes contre 216 minutes) que les adolescents ayant déclaré une attirance hétérosexuelle, mais ils ont passé plus de temps par semaine à utiliser le transport actif pour se rendre à l’école (169 minutes contre 126 minutes). Malgré l’absence de différence générale selon l’attirance sexuelle en matière de pourcentage d’adolescents utilisant le transport actif pour se rendre à l’école, les garçons non hétérosexuels étaient plus nombreux que leurs homologues hétérosexuels à utiliser le transport actif. Les garçons ayant déclaré une attirance non hétérosexuelle ont aussi passé plus de temps par semaine à utiliser le transport actif pour se rendre à l’école, tout en accumulant moins de minutes de participation à des sports organisés. Ces différences n’ont pas été observées chez les filles. Aucune différence n’est ressortie dans les tendances après exclusion pour l’analyse de sensibilité des adolescents ayant répondu « pas certain » à la question sur l’attirance sexuelle (données non présentées).

Tableau 4. Mesures de l’activité physique par attirance sexuelle, adolescents de 15 à 17 ans, Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes de 2019 (N = 3 963)
Identité et mesure de l’activité physique Attirance hétérosexuelle Attirance non hétérosexuelle Valeur p
Estimation IC à 95 % Estimation IC à 95 %
Échantillon global (genre masculin, genre féminin, genre non binaire)
Pourcentage d’adolescents (%)
Qui ont maintenu une moyenne de 60 minutes ou plus d’activité physique par jour 27,3 25,3 à 29,4 16,8 13,3 à 20,8 < 0,0001Note de bas de page *
Qui ont participé à des sports organisés au cours de la dernière année 62,8 60,5 à 65,1 49,2 44,5 à 53,9 < 0,0001Note de bas de page *
Qui ont participé à des sports organisés au cours de la dernière semaine 45,1 42,7 à 47,5 33,1 28,8 à 37,4 < 0,0001Note de bas de page *
Qui ont utilisé le transport actif pour se rendre à l’école 24,8 22,8 à 26,8 28,4 24,2 à 32,6 0,1252
Nombre moyen de minutes par semaine
Activités physiques qui font transpirer ou respirer plus fort 284 270 à 297 225 191 à 259 0,0013Note de bas de page *
Participation à des sports organisés 216 191 à 240 130 99 à 160 < 0,0001Note de bas de page *
Transport actif pour se rendre à l’école 126 111 à 141 169 135 à 203 0,0248Note de bas de page *
Genre masculin (n = 1 907)
Pourcentage d’adolescents (%)
Qui ont maintenu une moyenne de 60 minutes ou plus d’activité physique par jour 30,3 27,5 à 33,0 18,6Note de bas de page C 11,8 à 25,5 0,0022Note de bas de page *
Qui ont participé à des sports organisés au cours de la dernière année 66,0 62,9 à 69,1 47,6 39,5 à 55,6 < 0,0001Note de bas de page *
Qui ont participé à des sports organisés au cours de la dernière semaine 48,6 45,4 à 51,8 35,1 27,0 à 43,2 0,0023Note de bas de page *
Qui ont utilisé le transport actif pour se rendre à l’école 26,7 24,0 à 29,4 36,0 28,1 à 43,9 0,0250Note de bas de page *
Nombre moyen de minutes par semaine
Participation à des sports organisés 244 205 à 284 95 71 à 119 0,0697
Activités physiques qui font transpirer ou respirer plus fort 315 296 à 334 247 176 à 318 < 0,0001Note de bas de page *
Transport actif pour se rendre à l’école 138 117 à 159 218Note de bas de page C 154 à 283 0,0204Note de bas de page *
Genre féminin (n = 2 040)
Pourcentage d’adolescents (%)
Qui ont maintenu une moyenne de 60 minutes ou plus d’activité physique par jour 23,8 20,8 à 26,8 15,8 11,6 à 20,0 < 0,0001Note de bas de page *
Qui ont participé à des sports organisés au cours de la dernière année 59,0 55,6 à 62,5 50,1 44,4 à 55,8 0,0077Note de bas de page *
Qui ont participé à des sports organisés au cours de la dernière semaine 41,0 37,5 à 44,5 32,0 27,0 à 37,1 0,0036Note de bas de page *
Qui ont utilisé le transport actif pour se rendre à l’école 22,5 19,6 à 25,4 24,3 19,5 à 29,1 0,5264
Nombre moyen de minutes par semaine
Activités physiques qui font transpirer ou respirer plus fort 284 270 à 297 225 191 à 259 0,0869
Participation à des sports organisés 182 158 à 206 148 104 à 192 0,1798
Transport actif pour se rendre à l’école 126 111 à 141 169 135 à 203 0,1716

Analyse

Identité de genre et activité physique

À notre connaissance, cette étude est la première à explorer les écarts dans les mesures de l’activité physique en fonction de l’identité de genre chez les adolescents canadiens de 12 à 17 ans. Les répondants non cisgenres représentent un faible pourcentage (0,5 %) de la population à l’étude. Aucun écart n’est ressorti entre les adolescents cisgenres et adolescents non cisgenres en matière de nombre de minutes d’activité physique par semaine. Le pourcentage de répondants ayant maintenu une moyenne de 60 minutes ou plus d’activité physique par jour n’a pas pu être comparé entre ces deux groupes en raison de la forte variabilité d’échantillonnage. Cette observation contraste avec une recherche selon lesquelles les élèves non cisgenres de niveau secondaire aux États‑Unis sont moins nombreux à faire de l’activité physique 60 minutes ou plus par jour que leurs homologues cisgenresNote de bas de page 6.

Les adolescents non cisgenres ont accumulé considérablement moins de minutes de pratique de sports organisés par semaine que les adolescents cisgenres. En outre, seulement la moitié des adolescents non cisgenres ont participé à des sports organisés au cours de la dernière année, comparativement à deux tiers pour les adolescents cisgenres. Cette observation correspond à celles de recherches ayant été menées aux États‑Unis6,7 et en EspagneNote de bas de page 8, mais diffère d’une enquête réalisée en 2014 auprès d’élèves de niveau secondaire des Etats-Unis, qui n’a fait ressortir aucun écart sur le plan de la participation à des sportsNote de bas de page 16.

Les écarts en matière de participation à des sports organisés peuvent s’expliquer par une discrimination structurelle, par exemple les politiques qui excluent les athlètes transgenres des compétitions sportivesNote de bas de page 25Note de bas de page 26Note de bas de page 27. Cela peut aussi provenir d’un sentiment d’inconfort ou d’insécurité éprouvé par les adolescents non cisgenres dans le milieu des sports organisés, particulièrement dans les espaces séparés par genre (comme les vestiaires)Note de bas de page 10Note de bas de page 16Note de bas de page 27Note de bas de page 28Note de bas de page 29. Il est possible que les adolescents non cisgenres trouvent des manières de faire de l’activité physique en marge des sports organisés. Par exemple, certains répondants non cisgenres d’une étude menée auprès d’adolescents américains ont déclaré qu’ils préféraient les sports et les activités physiques individuels (vélo, escalade, etc.) aux sports d’équipeNote de bas de page 27. Cela dit, la participation à des sports organisés durant l’adolescence favorise la santé, non seulement par les avantages liés à la pratique régulière d’activité physique, mais aussi par l’amélioration du bien‑être et par le développement socialNote de bas de page 30. Il faut s’intéresser davantage aux facteurs défavorables à la participation à des sports organisés et les atténuer.

Près de la moitié des adolescents non cisgenres utilisaient le transport actif pour se rendre à l’école, comparativement au tiers des adolescents cisgenres. De plus, le nombre hebdomadaire moyen de minutes de transport actif pour se rendre à l’école était plus de deux fois plus élevé chez les adolescents non cisgenres que chez les adolescents cisgenres. Toutefois, ces résultats n’étaient pas significatifs en raison de la faible taille de l’échantillon.

Les études antérieures sur l’utilisation du transport actif en fonction de l’identité de genre ont porté uniquement sur des adultes. Une étude américaine a révélé que les étudiants universitaires non cisgenres utilisaient le transport actif plus fréquemment que leurs homologues cisgenres, mais ces résultats étaient eux aussi limités par la taille de l’échantillonNote de bas de page 31. Une étude menée auprès d’adultes américains laisse penser que les personnes non cisgenres hésitent à utiliser le transport collectif par crainte de discrimination ou de violenceNote de bas de page 32. Il est possible que les adolescents non cisgenres vivent un inconfort semblable à l’idée de prendre le transport collectif ou l’autobus scolaire et qu’ils utilisent le transport actif pour se rendre à l’école en guise de solutionNote de bas de page 33. Inversement, les adolescents non cisgenres préfèrent peut‑être aussi le transport actif aux sports organisés comme moyen de faire de l’activité physiqueNote de bas de page 27. Peu importe les causes des différences constatées entre les adolescents cisgenres et non cisgenres, tous les adolescents devraient être encouragés à utiliser le transport actif comme moyen de faire de l’activité physique et de favoriser leur santéNote de bas de page 34..

Dans l’ensemble, ces résultats montrent que les adolescents cisgenres et les adolescents non cisgenres de 12 à 17 ans ont recours à des moyens différents pour faire de l’activité physique. Toutefois, le faible nombre d’adolescents non cisgenres dans l’échantillon à l’étude a limité notre capacité de faire ressortir les différences éventuelles entre les deux groupes, particulièrement celles indiquées par les pourcentages absolus.

Attirance sexuelle et activité physique

Un adolescent de 15 à 17 ans sur cinq a déclaré une attirance non hétérosexuelle (une attirance pour le même genre que soi ou pour les deux genres, ou a déclaré d’être pas certain de son attirance). Les adolescents ayant déclaré une attirance non hétérosexuelle étaient moins nombreux que les autres adolescents à avoir maintenu une moyenne de 60 minutes ou plus d’activité physique par jour, quel que soit leur genre. Leur temps moyen d’activité physique par semaine était aussi inférieur de 60 minutes par rapport à celui des adolescents hétérosexuels. Ces observations correspondent à celles d’une recherche canadienne selon laquelle les adolescents non hétérosexuels de la Colombie‑Britannique présentaient des niveaux d’activité physique (tant organisée que non organisée) moins élevés que leurs homologues hétérosexuelsNote de bas de page 18, ainsi qu’à des recherches menées au Royaume‑UniNote de bas de page 13 et aux États‑UnisNote de bas de page 11Note de bas de page 12Note de bas de page 14Note de bas de page 15Note de bas de page 17.

Les adolescents ayant déclaré une attirance non hétérosexuelle étaient moins nombreux que les adolescents s’étant identifiés comme hétérosexuels à avoir participé à des sports organisés au cours de la dernière semaine et de la dernière année. Ces écarts étaient plus marqués chez les garçons que chez les filles. Ce résultat correspond à ceux des enquêtes sur la santé des adolescents de la Colombie‑Britannique, qui ont constamment montré que les adolescents non hétérosexuels étaient moins nombreux que les adolescents hétérosexuels à participer aux sports et aux activités physiques avec un entraîneur et que cet écart était plus marqué chez les garçonsNote de bas de page 18. Des études américaines ont révélé que les taux de participation aux sports d’équipe et aux sports scolaires étaient relativement faibles chez les adolescents non hétérosexuels, particulièrement ceux de genre masculinNote de bas de page 14Note de bas de page 16Note de bas de page 17. De nombreux adolescents non hétérosexuels évitent les sports organisés parce qu’ils craignent de faire l’objet de discrimination et d’intimidation de la part de leurs pairs et du personnel et parce qu’ils ne se sentent pas en sécurité ou à l’aise dans ce contexte sportif (par exemple dans les cours d’éducation physique, dans les vestiaires)Note de bas de page 10Note de bas de page 16Note de bas de page 27Note de bas de page 29Note de bas de page 35.

Les différences entre les genres masculin et féminin peuvent s’expliquer en partie par le fait que les filles non hétérosexuelles sont perçues comme plus masculines et, par conséquent, plus performantes dans les sports que leurs homologues hétérosexuellesNote de bas de page 10. En outre, les adolescents non hétérosexuels de genre masculin sont généralement davantage victimes d’intimidation que les adolescentes non hétérosexuelles de genre féminin dans les contextes sportifs et d’autres milieuxNote de bas de page 25Note de bas de page 36Note de bas de page 37.

Toutefois, les écarts selon l’attirance sexuelle étaient moins marqués sur le plan de l’activité physique totale que sur celui de la participation aux sports organisés chez les garçons, ce qui laisse penser que les garçons non hétérosexuels compensent leur faible participation à des sports organisés par d’autres formes d’activité physique (sports non organisés, transport actif). Par exemple, une étude menée aux États‑Unis a révélé que les jeunes lesbiens, gais, bisexuels, transgenres et queers préfèrent généralement les sports individuels (qui sont dans de nombreux cas non organisés) aux sports d’équipeNote de bas de page 27.

Les garçons ayant déclaré une attirance non hétérosexuelle étaient plus nombreux que leurs homologues hétérosexuels à utiliser le transport actif pour se rendre à l’école et ils passaient plus de temps à être actifs de cette manière. Aucune différence sur le plan du transport actif n’est ressortie chez les filles. Il est possible que l’utilisation du transport actif pour se rendre à l’école soit un mécanisme d’adaptation important pour éviter l’intimidation dans le transport collectif ou les autobus scolairesNote de bas de page 38. Des études ont montré que les garçons non hétérosexuels étaient plus souvent victimes d’intimidation que leurs homologues de genre fémininNote de bas de page 36Note de bas de page 37, ce qui pourrait expliquer les différences entre les genres sur le plan du transport actif. Une autre américaine a pour sa part montré que les adolescents non hétérosexuels étaient moins nombreux que les adolescents hétérosexuels à détenir un permis de conduire au début de l’âge adulte, ce qui pourrait être dû à une aide moins grande de la part de leurs parentsNote de bas de page 39. Comme un grand nombre d’adolescents s’entraînent à conduire en route vers l’écoleNote de bas de page 40, les taux élevés de transport actif pour se rendre à l’école chez les adolescents non hétérosexuels de genre masculin pourraient aussi être attribuables au nombre moins élevé de parents offrant une aide pour apprendre à conduire. Enfin, les adolescents non hétérosexuels de genre masculin préfèrent peut‑être tout simplement le transport actif aux sports organisés comme moyen de faire de l’activité physiqueNote de bas de page 27.

Dans l’ensemble, ces résultats indiquent que les niveaux d’activité physique et de participation à des sports organisés sont moins élevés chez les adolescents non hétérosexuels que chez les adolescents hétérosexuels dans la tranche d’âge des 15 à 17 ans. Ces écarts étaient plus marqués chez les garçons que chez les filles. Nos résultats abondent dans le même sens que celui d’études canadiennes et internationales ayant révélé également que l’activité physique et la participation à des sports étaient moins fréquentes chez les adolescents non hétérosexuels que chez les adolescents hétérosexuels. Des mesures devraient être prises pour réduire les barrières à l’activité physique et à la participation à des sports. Pour ce faire, on pourrait mettre en place des programmes de lutte contre l’intimidation dans les sports, faire la promotion d’athlètes non hétérosexuels comme modèles d’inspiration, encourager le soutien par les pairs et la famille et présenter aux adolescents un éventail élargi d’activités physiques à l’écoleNote de bas de page 14Note de bas de page 41.

Points forts et limites

Cette étude a évalué plusieurs mesures de l’activité physique (activité physique totale, participation à des sports organisés et utilisation du transport actif pour se rendre à l’école) par identité de genre et par attirance sexuelle chez les adolescents canadiens. À notre connaissance, cette étude est la première à explorer les écarts dans chaque mesure de l’activité physique en fonction de l’identité de genre chez les adolescents canadiens et dans l’utilisation du transport actif pour se rendre à l’école en fonction de l’attirance sexuelle. Pour les études à venir, les chercheurs gagneraient à explorer d’autres mesures de l’activité physique, comme la participation à des sports non organisés, la participation à différents contextes sportifs (seul ou en groupe, types de sport) et le respect des recommandations en matière de renforcement des muscles et des os des Directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures dans ces sous‑groupes de populationNote de bas de page 2.

Cette étude comporte plusieurs limites. Bien que nous ayons utilisé un vaste échantillon d’adolescents canadiens, le nombre de sujets non cisgenres était insuffisant pour permettre de détecter des différences significatives dans la plupart des mesures et d’étudier les comportements des adolescents non binaires et des adolescents transgenres séparément. Plusieurs estimations n’ont pas pu être présentées en raison de la forte variabilité d’échantillonnage. La taille de l’échantillon était insuffisante pour l’établissement d’estimations par catégorie détaillée d’attirance sexuelle (par exemple répondants de genre masculin attirés seulement par les hommes, répondants non binaires attirés seulement par les hommes). Elle ne permettait pas non plus d’explorer comment d’autres caractéristiques socioéconomiques (origine ethnoculturelle, revenu du ménage, etc.) interagissent avec l’identité de genre et l’attirance sexuelle pour l’évaluation de l’activité physique. Ces constatations sont importantes à prendre en considération pour les enquêtes à venir, et il serait utile pour les chercheurs d’accroître la taille de l’échantillon ou de suréchantillonner les adolescents non cisgenres et non hétérosexuels afin de pouvoir établir des ventilations plus détaillées.

En outre, la formulation de certaines questions a limité notre capacité de dégager des résultats. Les données sur le genre ont été collectées à l’aide de termes biologiques (« féminin » et « masculin »), et tous les adolescents qui ont déclaré un genre autre que féminin ou masculin ont été classés dans la catégorie « non binaire ». Il n’a pas été possible de faire des ventilations par identité de genre détaillée (par exemple bispirituel, queer). De plus, le questionnaire ne précisait pas si l’attirance sexuelle pour les hommes ou les femmes était fondée sur le genre ou le sexe. Pour les besoins de cette étude, nous avons présumé que l’attirance était fondée sur le genre et non le sexe, ce qui n’était toutefois pas nécessairement le cas de tous les répondants.

Conclusion

L’identité de genre et l’attirance sexuelle sont des prédicteurs importants de l’activité physique chez les adolescents canadiens. Nos résultats ont révélé des différences dans les types d’activité physique pratiqués par les adolescents de 12 à 17 ans selon s’ils étaient cisgenres ou non cisgenres. L’activité physique totale est similaire dans les deux groupes, mais les adolescents non cisgenres participent moins à des sports organisés et utilisent davantage le transport actif. Nous avons aussi constaté que, chez les adolescents canadiens de 15 à 17 ans, ceux ayant déclaré une attirance non hétérosexuelle présentaient des niveaux moins élevés de participation à des sports organisés et d’activité physique totale que les adolescents hétérosexuels. Cet écart était particulièrement marqué chez les garçons. Les adolescents non hétérosexuels utilisaient aussi davantage le transport actif, mais cette tendance a été observée uniquement chez les garçons. L’atténuation des barrières à la participation aux sports organisés et la promotion du transport actif pourraient accroître l’activité physique chez tous les adolescents.

Conflits d’intérêts

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts.

Contributions des auteurs et avis

CW, GB, MTB, KCR : conception.

CW : méthodologie, analyse formelle, rédaction de la première version du manuscrit.

CW, GB, MRJS, MTB, KCR : relectures et révisions.

Le contenu de l’article et les points de vue qui y sont exprimés n’engagent que les auteurs; ils ne correspondent pas nécessairement à ceux du gouvernement du Canada.

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