Comprendre les effets des changements climatiques sur la sécurité alimentaire des communautés autochtones du Nord

Résumé

Le savoir autochtone et l'expérience vécue, ainsi que la recherche sur les besoins et les priorités du Nord, sont essentiels pour comprendre comment le changement climatique affecte la sécurité alimentaire du Nord. Ce document décrit les effets du changement climatique sur les différentes dimensions de la sécurité alimentaire du point de vue des peuples autochtones du Nord, en reconnaissant leur relation étroite avec la terre et leur dépendance à l'égard des aliments traditionnels pour la nutrition et le bien-être de la communauté. L'influence multiforme du réchauffement climatique et des changements environnementaux sur la disponibilité, l'accessibilité et la qualité des aliments, ainsi que sur la nécessité de s'adapter, est explorée en faisant le lien avec les connaissances autochtones et la recherche. Cet article explore également la manière dont les communautés peuvent développer ou étendre les programmes actuels de surveillance de l'environnement afin de se concentrer sur une variété d'indicateurs qui saisissent l'influence complexe du changement climatique sur la sécurité alimentaire des pays via une conception « facteurs de stress, états et réponses ». Les succès des programmes actuels de surveillance communautaire sont également mis en évidence et des recommandations pour améliorer les efforts de surveillance existants sont faites dans le but de permettre aux communautés autochtones du Nord de rester résilientes face au changement.

Effets du changement climatique sur l'alimentation des pays : preuves du groupe de travail sur le savoir autochtone. Concept de sécurité alimentaire dans une optique autochtone. Le lien entre la sécurité alimentaire et l'identité culturelle est la raison pour laquelle il est important de mettre en évidence la sécurité alimentaire rurale au-delà du facteur nutritionnel. Les répercussions de la sécurité alimentaire rurale sur la santé ne peuvent être remplacées par des aliments achetés en magasin.

La longue description de cette infographie suit

Description : Sommaire de la recherche et la surveillance liées aux changements climatiques

Cette infographie montre de manière simplifiée les effets des changements climatiques dans l'Arctique. On voit au centre de l'infographie des images qui symbolisent la toundra, la taïga et la banquise. Les images sont encerclées de lignes de couleurs vives, roses, jaunes et bleues. Au dessus de ces images, on voit l'image d'un thermomètre accompagné d'une flèche pointant vers le haut et d'un texte se lisant comme suit : « Changements climatiques : ils affectent tous les aspects de la sécurité alimentaire et du mode de vie des Autochtones ». Sur l'image de la toundra, des figures humaines représentant des chasseurs regardent des caribous en migration. En dessous, un groupe d'Autochtones travaillent ensemble à la transformation du poisson pour l'alimentation et les anciens transmettent leurs connaissances à la jeune génération en conversant avec elle. Sur l'image de la toundra enneigée, on voit des images de maisons et des figures humaines représentant des aînés, des enfants, des adultes, ainsi que des travailleurs symbolisant une communauté inuite. À droite, on voit l'image d'une banquise avec de la glace qui se brise et deux figures humaines, un sur une motoneige et l'autre qui regarde vers la glace brisée. L'image de la banquise symbolise les effets des changements climatiques sur les voies de passage.

Dans le coin supérieur gauche de l'infographie, on voit l'image de deux silhouettes humaines en train de converser sur une banquise. On peut lire en dessous « De nouveaux mots sont nécessaires pour décrire les nouvelles conditions ». À droite, on voit l'image d'un bœuf musqué tué, d'un oiseau qui vole et d'un chasseur qui converse avec un enfant. On peut lire en dessous « Le transfert de connaissances intergénérationnel doit être adapté aux changements induits par le climat ». Dans le coin supérieur droit, on voit des images de flocons de neige, de loup et de végétation avec des flèches pointant vers l'image d'une femelle caribou et de son faon. On peut lire en dessous « Abondance de la faune et de la flore ». Les flèches circulaires à côté du texte symbolisent l'interdépendance des animaux et des plantes. En dessous à gauche, on peut lire « Comment nous adapter en créant des ponts entre les différents modes de connaissance ». Dans le coin supérieur droit, on voit les images d'un castor, d'un poisson et d'un élan avec des flèches circulaires à côté. On peut lire en dessous « Diversité de la faune et de la flore ». On peut également lire en dessous « Y en a t il suffisamment? ».

Dans le coin inférieur gauche de l'infographie, on voit des images symbolisant une tranche de poisson, deux phoques, ainsi qu'une assiette avec un couteau et une fourchette. On voit des flèches circulaires à côté des images. On peut lire sous l'image de la tranche de poisson « Qualité et salubrité des aliments ». Sous l'image de l'assiette, on peut lire « Régimes alimentaires locaux et apport en nutriments ». Sous les images de phoques, on peut lire « État des animaux ». Au dessus de ces trois images, on peut lire en beaucoup plus gros caractères « Voulons nous en manger? ». Dans le coin inférieur droit de l'infographie, on voit des images de poissons qui nagent symbolisant la migration des poissons. On peut lire en dessous « Répartition des animaux ». Des flèches circulaires accompagnent toutes les images. À droite, on voit l'image d'une silhouette humaine chevauchant un VTT. On peut lire en dessous « Conditions de déplacement ». À droite complètement, on voit l'image d'un bidon d'essence sur lequel se trouve le symbole du dollar et à côté duquel se trouve une flèche pointant vers le haut. On peut lire au dessus « Barrières économiques ». On peut lire en beaucoup plus gros caractères au dessus « Pouvons nous l'obtenir? ».

Auteurs et contributeurs

  • Jamie Snook* Secrétariat de la faune, de la végétation et des pêches dans les monts Torngat, Nunatsiavut, jamie.snook@torngatsecretariat.ca
  • Sherilee Harper* Université de l’Alberta, sherilee.harper@ualberta.ca
  • Alison Perrin* Centre de recherche de l'Université du Yukon
  • Ann Balasubramaniam* Savoir polaire Canada
  • Ray Alisauskas Environnement et Changement climatique Canada
  • Mark Basterfield Conseil de gestion des ressources fauniques de la région marine du Nunavik, Québec
  • Chukita Gruben** Inuvialuit Regional Corporaton, Tuktoyatuk, Territoires du Nord-Ouest
  • Jeremy Brammer Gouvernement des Gwitchin VuntutEnvironnement et Changement climatque Canada
  • Chris Furgal Université Trent
  • Dominique Henri Environnement et Changement climatique Canada
  • Lawrance Ignace Université de Victoria
  • Susan Kutz Université de Calgary
  • Gita Ljubicic Université McMaster
  • Kieran Nanook** Taloyoak, Nunavut
  • Denis Ndeloh Conseil de gestion des ressources fauniques du Nunavut
  • Stephanie Peacock Université de Calgary
  • Sonia Wesche Université d'Ottawa
  • Brian Park** Inuvialuit Regional Corporation, Tuktoyaktuk, Territoires du Nord-Ouest

* Auteurs correspondants/ co-premier auteurs

** Détenteurs du savoir autochtone

Information sur la citation

Snook, J., Harper, S., Perrin, A., Balasubramaniam, A., Alisauskas, R., Basterfield, M., Gruben, C., Brammer, J., Furgal, C., Henri, D., Ignace, L., Kutz, S., Ljubicic, G., Nanook, K., Ndeloh, D., Peacock, S., Wesche, S. et Park, B. 2022. Comprendre les effets des changements climatiques sur la sécurité alimentaire des communautés autochtones du Nord. Savoir polaire : Rapport Aqhaliat, volume 4, Savoir Polaire Canada, p. 106–126. DOI: 10.35298/pkc.2021.05.fra

Introduction

Dans tout le Nord, la « terre », qui comprend l’eau, la glace, la flore et la faune, fait vivre les peuples autochtones depuis des millénaires. Les relations avec la terre ont façonné les cultures autochtones et ont eu une grande influence sur le savoir ancien transmis de génération en génération. Aujourd’hui, les changements climatiques modifient les relations à la terre et le savoir lié à la terre. Il est donc difficile pour les peuples autochtones du Nord de se procurer de la nourriture depuis leurs territoires traditionnels. 1 Cela a des répercussions sur leur sécurité alimentaire.

Lors d’un atelier régional sur la planification et l’échange de connaissances qui s’est tenu sur le campus de la Station canadienne de recherche dans l’Extrême-Arctique (les 10 et 11 mars 2020), les participants autochtones ont exprimé leur inquiétude quant à la façon dont les changements climatiques touchent à leur accès aux aliments traditionnels. Ils ont également évoqué la nécessité de disposer d’informations pertinentes et actualisées afin de pouvoir comprendre les effets des changements climatiques et planifier la manière de s’y adapter.

Le savoir et l’expérience vécue des Autochtones, ainsi que la recherche sur les besoins et les priorités du Nord, sont essentiels pour comprendre comment les changements climatiques nuisent à la sécurité alimentaire du Nord. Le savoir autochtone et la science, en travaillant ensemble, aideront à répondre aux besoins d’information des communautés du Nord. Ces informations permettront d’orienter les politiques et de soutenir la prise de décision afin d’améliorer la résilience et la durabilité des systèmes alimentaires du Nord.

Le présent document vise à répondre aux questions suivantes posées lors de l’atelier :

  • Quels sont les effets des changements climatiques sur la santé et la disponibilité des aliments traditionnels?
  • Faisons-nous suffisamment de surveillance pour comprendre les influences des changements climatiques sur les aliments traditionnels et pour planifier l’adaptation des systèmes alimentaires du Nord? Si ce n’est pas le cas, que faudrait-il faire de plus?
  • Comment les détenteurs du savoir du Nord et autochtone peuvent-ils prendre part à la surveillance des changements dans les écosystèmes et de quel soutien ont-ils besoin?
  • Quel est le rôle de la surveillance communautaire dans la collecte d’informations sur les changements climatiques et l’évolution des espèces sauvages?
  • Sur quels domaines devrions-nous nous concentrer en ce qui a trait à la recherche et la surveillance des changements climatiques?

Notre approche

Savoir polaire Canada a réuni un groupe de travail pour élaborer le présent document, à partir de nos diverses expériences de travail avec les communautés du Nord.

Les organisations du Nord, les gouvernements régionaux et les organismes de gouvernance autochtones ont mené leurs propres évaluations afin de cerner les principaux enjeux liés aux changements climatiques, de planifier des mesures d’adaptation 2, 3, 4, 5 et de créer des stratégies de sécurité alimentaire. 6, 7, 8, 9 Le présent document contribue à ces efforts en utilisant à la fois le savoir autochtone et les connaissances scientifiques pour formuler des recommandations qui soutiennent les réponses communautaires aux impacts des changements climatiques sur les aliments traditionnels.

Impacts des changements climatiques sur les aliments traditionnels : témoignages du groupe de travail sur le savoir autochtone

La récolte, la préparation et la consommation d’aliments traditionnels (faune, poisson, baies et flore) sont des pratiques culturelles importantes transmises de génération en génération dans les communautés du Nord. Les changements climatiques dans les régions nordiques ont eu des répercussions sur la capacité des communautés à récolter et à consommer des aliments traditionnels. Gel tardif, fonte printanière irrégulière, hivers plus chauds ou plus froids, dégel du pergélisol, perte de glace à long terme, modification du régime des précipitations et érosion côtière : tous ces facteurs ont une incidence sur les déplacements vers les terres traditionnelles. Dans la région des Inuvialuit, les fontes printanières intenses dans le réseau hydrographique du fleuve Mackenzie obligent les chasseurs à emprunter de nouvelles routes lorsqu’ils rentrent en ville, car les routes habituelles sont moins sûres. Les nouvelles routes sont plus longues et les chasseurs consomment plus de carburant, ce qui peut poser des problèmes. Ce n’est là qu’un exemple de la manière dont l’évolution des conditions environnementales peut toucher la sécurité des chasseurs et augmenter les coûts.

On craint également que les changements climatiques nuisent à la qualité et la disponibilité des aliments traditionnels. Dans la région des Inuvialuit, certains Inuits ont remarqué que la qualité de la viande a baissé. Ainsi, des gens ont vu des vers dans des touladis et des foies de caribou anormaux. En outre, les Inuits ont appris que la diminution de la glace de mer annuelle signifie que les réseaux trophiques marins sont plus exposés aux polluants atmosphériques, tels que le mercure, provenant des régions méridionales. Cela nuit à la qualité des aliments marins. Bien qu’il soit bien connu que les cycles naturels peuvent entraîner une modification du nombre d’animaux et de leurs voies de migration, de nombreux Autochtones s’inquiètent de la manière dont les changements climatiques ont une incidence sur la disponibilité. Le béluga et le narval sont depuis longtemps absents de Taloyoak, au Nunavut, et les détenteurs du savoir attribuent cette situation aux changements climatiques et à l’augmentation du trafic maritime. Dans la région des Inuvialuit, il est clair que les bélugas, les poissons et les caribous sont confrontés aux effets des changements climatiques. Ce sont des préoccupations importantes pour ceux qui dépendent des aliments traditionnels pour leur subsistance.

Les changements climatiques ont également un impact sur le savoir autochtone au sujet des parcours menant aux zones de chasse et de la qualité de la viande. Les effets combinés des conditions environnementales imprévisibles et de la disponibilité changeante de la faune et de la flore compliquent le transfert du savoir entre les générations. Lorsque les conditions environnementales changeantes empêchent l’utilisation des routes traditionnelles, les Aînés ne peuvent pas toujours expliquer les nouvelles conditions. Les nouvelles toxines et maladies qui nuisent à la qualité de la viande sont tout aussi préoccupantes. On pense qu’ils arrivent en raison de la hausse des températures.

Il est particulièrement difficile d’expliquer ces nouvelles conditions lorsqu’il n’existe pas de termes pour les désigner dans la langue autochtone locale. En outre, lorsque les détenteurs du savoir n’ont pas connu les conditions auparavant, ils ne peuvent pas juger de la manière dont elles auront des répercussions sur la santé ou la sécurité des chasseurs. Sans ces informations, un jeune chasseur peut ne pas savoir comment faire face aux conditions et se sentir moins en confiance sur le terrain. Ces pressions supplémentaires aggravent les inquiétudes liées aux changements climatiques auxquels de nombreuses communautés du Nord sont déjà confrontées. Cela perturbe fondamentalement l’équilibre qu’elles ont trouvé dans leurs milieux au fil des siècles.

Impacts des changements climatiques sur les différentes dimensions de la sécurité alimentaire des autochtones

Le savoir autochtone sur la façon dont les changements climatiques ont une incidence sur la sécurité alimentaire peut être approfondi en examinant les effets des changements climatiques sur la disponibilité, l’accès et la qualité des aliments traditionnels (voir l'infographie sur les impacts du changement climatique).

Disponibilité des aliments : y en a-t-il assez?

La disponibilité des aliments traditionnels est déterminée par :

  • L’abondance de la faune et de la flore (le nombre d’individus d’une espèce ou d’une harde en particulier, ou le poids sec total des plantes)
  • La diversité de la faune et de la flore (la disponibilité de différents types d’espèces d’aliments traditionnels)

Pour qu’il y ait des aliments traditionnels, la faune et la flore doivent être abondantes et diversifiées. Plusieurs facteurs influent sur l’évolution de l’abondance et de la diversité de la faune et de la flore arctiques à mesure que le climat se réchauffe. Ceux-ci peuvent agir en opposition. Ainsi, des changements dans les conditions environnementales (glace plus mince, neige plus profonde) peuvent rendre plus difficile le déplacement des caribous et les amener à utiliser plus d’énergie pendant la migration. Parallèlement, l’allongement des saisons de croissance dû au réchauffement peut améliorer la quantité et la qualité des plantes que consomme la faune. Cela pourrait fournir plus d’énergie, ce qui pourrait compenser l’énergie supplémentaire utilisée pendant la migration. 10

Des populations distinctes d’une même espèce peuvent réagir différemment au réchauffement en raison de la manière dont elles se sont adaptées aux conditions locales. À titre d’exemple, un plus grand nombre de saumons quinnats du fleuve Yukon peuvent survivre à une fonte plus précoce de la glace fluviale et à des températures plus élevées dans la mer de Béring, 11 par rapport aux populations de saumons quinnats du Sud. 12 Avec la hausse des températures, les prédateurs tels que les grizzlis 13, 14 et les parasites tels que les strongles pulmonaires chez le bœuf musqué 15 se déplacent vers le nord.

L’influence du réchauffement sur les aliments traditionnels étant complexe, il est difficile de savoir avec certitude comment il nuira à la disponibilité globale. Nous savons que la diversité et l’abondance des espèces alimentaires évoluent plus rapidement avec le réchauffement de l’Arctique. 1 Pour assurer la sécurité alimentaire, il faut échanger les connaissances et s’adapter aux nouvelles occasions de manière à soutenir et à promouvoir le savoir, la culture et le bien-être des Autochtones. 16

Accessibilité des aliments : peut-on les obtenir?

Les changements climatiques ont un impact sur les lieux où l’on trouve les espèces d’aliments traditionnels, ainsi que sur la capacité des chasseurs à se déplacer sur leurs territoires traditionnels. Ils ont également des répercussions sur les pratiques alimentaires culturelles (p. ex., le partage de la nourriture, le choix des aliments). La recherche a montré que les changements climatiques :

  • remettent en cause la capacité des chasseurs à se déplacer en toute sécurité 17, 18
  • rendent la récolte plus coûteuse en raison de l’imprévisibilité du temps, de la distance plus grande à parcourir et du temps passé accru sur le terrain 19, 20, 18
  • nuisent à la distribution des espèces d’aliments traditionnels en raison des deux facteurs environnementaux 21 et de nouveaux prédateurs 18

Les impacts des changements climatiques peuvent rendre impossible l’accès aux zones de chasse lorsque les animaux sont présents. 17, 18 Les conditions environnementales découlant du climat et qui ont un impact sur l’accessibilité des aliments comprennent les suivantes :

  • réduction de l’étendue de la glace de mer
  • état des glaces instable
  • changements dans le moment et la durée du gel et de la débâcle des glaces
  • variations du niveau de l’eau
  • tempêtes plus fréquentes et plus violentes
  • vents imprévisibles
  • changements dans le régime des précipitations
  • accroissement de l’érosion
  • dégel du pergélisol

Ces changements peuvent obliger les chasseurs à récolter une autre espèce, comme le poisson, s’ils ne peuvent pas atteindre en toute sécurité les terrains de chasse au caribou. 22 Parfois, les conditions changeantes peuvent permettre des saisons de pêche plus longues, et une augmentation des déplacements en hiver. 18, 23, 24

Les conditions environnementales imprévisibles peuvent également rendre moins fiables et plus coûteuses les voies de déplacement utilisées depuis des générations. Cela peut rendre plus difficile la transmission du savoir entre les générations et donc plus difficile pour les Aînés d’aider les jeunes chasseurs à perfectionner leurs compétences. Si les chasseurs ont plus de mal à atteindre les espèces alimentaires, ils risquent de ramener moins de nourriture à la maison et d’en avoir moins à partager avec les mères célibataires et les Aînés. 25, 26, 27 Cela peut avoir une incidence sur le bien-être des personnes et de la communauté tout entière. 28, 29, 30, 31

Qualité des aliments : A-t-on envie d'en manger ?

La qualité des aliments traditionnels fait référence à ce qui suit :

  • La valeur nutritionnelle
  • Les préférences alimentaires culturelles
  • Le goût, l’odeur, l’apparence, la texture
  • La salubrité des aliments

Les aliments traditionnels sont une source majeure de nutriments essentiels. Ils jouent un rôle essentiel dans le maintien de la santé. Les impacts des changements climatiques sur l’accès et la disponibilité des aliments traditionnels peuvent avoir une incidence sur le régime alimentaire et la nutrition. Ainsi, si les changements obligent les chasseurs à choisir des espèces de poissons faciles à capturer et abondantes plutôt que des caribous difficiles à capturer, cela peut avoir des répercussions sur la nutrition et la santé des communautés autochtones.

Les changements climatiques modifient également la salubrité des aliments. Les températures plus chaudes ont une incidence sur la quantité de contaminants qui se déplacent vers le nord à partir d’autres régions. 32, 33, 34, 35 Cela peut avoir un impact sur les taux de contaminants environnementaux dans le aliments traditionnels, tels que les BPC, le mercure et le plomb dans les aliments traditionnels. 36, 35 Une surveillance de l’environnement, des avis sanitaires adaptés et des conseils sur une consommation équilibrée peuvent contribuer à limiter l’exposition à ces contaminants. 35 Les températures plus chaudes peuvent également diminuer la salubrité des aliments et provoquer des maux d’origine alimentaire. Ainsi, on prévoit que les maux causés par les fruits de mer augmenteront le long de nombreuses côtes du Nord du Canada en raison du réchauffement des eaux océaniques. 37

Les changements climatiques ont des répercussions sur les pratiques de préparation et de stockage des aliments qui dépendent de températures fraîches. Cela peut réduire la qualité et la salubrité des aliments. Par exemple, le séchage à l’air libre du poisson et de la viande en surface, l’entreposage sous froid souterrain sur le pergélisol ou près du pergélisol et la fermentation ne fonctionnent pas bien lorsqu’il fait trop chaud. Des congélateurs communautaires et des installations de découpe et d’emballage peuvent contribuer à prévenir les maladies d’origine alimentaire. Il est essentiel de reconnaître rapidement les problèmes de salubrité des aliments et d’éduquer le public, notamment dans le contexte des changements climatiques.

Les changements climatiques mettent en péril la sécurité alimentaire des Autochtones, mais les systèmes alimentaires des communautés et des régions peuvent être résilients. Ces mesures sont nécessaires :

  • Étudier et relever les impacts du climat sur l’accès, la disponibilité et la qualité des aliments traditionnels et y répondre
  • Examiner comment les différents modes de connaissance soutiennent et informent l’adaptation des communautés nordiques
  • Élaborer des programmes novateurs sur la terminologie et le transfert du savoir en langue autochtone qui répondent aux changements et aux nouvelles conditions induits par le climat.

Surveillance des indicateurs de changements climatiques et de bien-être

La surveillance des indicateurs à long terme peut aider à suivre les effets des changements climatiques sur la sécurité des aliments traditionnels. Les changements climatiques influent différemment sur les conditions environnementales, la faune et la flore, selon les régions du Nord. Les priorités locales varient également. Bien qu'il n'y ait pas de solution unique solution à l'élaboration de programmes de surveillance du Nord, 38, 39 les programmes communautaires qui surveillent les indicateurs environnementaux, sociaux et économiques pertinents pour les habitants de la région 39, 40, 41, 42 sont particulièrement utiles.

Nous présentons ci-dessous quelques concepts clés à prendre en compte à la conception de programmes visant à surveiller la façon dont les changements climatiques ont une incidence sur les trois dimensions de la sécurité alimentaire (disponibilité, accessibilité et qualité). Une conception « facteurs de stress, états et réponses » qui apparie des indicateurs environnementaux, sociaux et économiques peut permettre le développement de programmes de surveillance holistiques (Tableau 1).

Facteurs de stress : En quoi les changements climatiques menacent-ils l’alimentation traditionnelle?

Les facteurs de stress désignent des aspects de l’environnement qui exercent un stress sur les espèces d’aliments traditionnels ou qui influent sur leur évolution. Les indicateurs des facteurs de stress peuvent inclure des éléments des changements climatiques (p. ex., augmentation des températures annuelles, températures printanières plus précoces, débâcle plus précoce) qui influent sur des aspects de l’environnement qui ont une incidence sur une espèce d’aliments traditionnels (p. ex., l’habitat des espèces, les sources et la qualité de la nourriture, les perturbations, la prédation, les maladies).

États : Quelles sont les répercussions des changements climatiques sur les espèces sauvages?

Les états font référence à la manière dont les facteurs de stress climatique influent sur les espèces fauniques et floristiques. Le climat peut nuire à l’état d’une population faunique ou floristique de différentes manières (voir « Disponibilité des aliments : y en a-t-il assez? » ci-dessus). Les indicateurs de l’état d’une population d’espèces d’aliments traditionnels peuvent inclure le nombre de populations, la santé des animaux ou le comportement.

Réponses : Quelles sont les répercussions des changements climatiques sur la sécurité alimentaire des Autochtones?

Les indicateurs des réponses aux changements climatiques peuvent inclure le taux des récoltes, la quantité d’espèces d’aliments traditionnels clés consommées par une communauté, ainsi que la qualité ou la salubrité des aliments.

Tableau 1 Un exemple de cadre « facteur de stress-état-réponse » pour la surveillance d’impacts des changements climatiques sur les aliments traditionnels. Ce tableau fournit quelques exemples d’indicateurs mais ne présente pas tous les indicateurs potentiels.

Facteurs de stress États Réponses
Disponibilité des aliments Exemples d’indicateurs : température de l’eau, salinité, disponibilité des proies, couverture de glace (habitat), épaisseur de la neige, prédation Exemples d’indicateurs : taille de la population de la faune, structure de la population (mâles, femelles, jeunes) Exemples d’indicateurs : fréquence et quantité de consommation de faune au sein des communautés
Accessibilité des aliments Exemples d’indicateurs : épaisseur de la glace, stabilité de la glace, moment du gel, moment de la débâcle, température moyenne de l’air, niveaux d’eau, fréquence des tempêtes Exemples d’indicateurs : état des sentiers et des voies de circulation vers les zones de récolte, durée de la saison de récolte des espèces clés Exemples d’indicateurs : nombre de récoltes, continuité culturelle, transfert du savoir sur les espèces d’aliments aux jeunes générations, accidents terrestres, fourniture d’équipements de récolte
Accessibilité des aliments Exemples d’indicateurs : température de l’eau de mer et de l’eau douce, température moyenne de l’air, température extrême de l’air Exemples d’indicateurs : agents pathogènes responsables de maladies dans des espèces d’aliments traditionnels, taux de contaminants environnementaux, nutriments clés dans des aliments traditionnels, qualité (p. ex., le goût, la couleur et la texture) des principaux aliments selon la communauté Exemples d’indicateurs : fréquence et quantité d’espèces d’aliments traditionnels consommés dans les communautés, fréquence des viandes/ carcasses jetées, rapports sur les maux d’origine alimentaire, teneur en nutriments et taux de contaminants dans les aliments traditionnels

Occasions de surveillance communautaire et succès connexes

Les organisations autochtones du Nord jouent un rôle important dans la recherche et la surveillance. Elles déterminent les questions de recherche et dirigent la recherche à l’échelle locale. Dans les encadrés 1 à 4, nous présentons des exemples de programmes de surveillance communautaires qui répondent aux impacts des changements climatiques sur la sécurité alimentaire des Autochtones dans tout le Nord. Ces exemples montrent que de nombreux facteurs de stress, états et réponses différents sont surveillés partout dans le Nord. Certains éléments communs contribuent à leur succès, notamment :

  • donner la priorité à l’autodétermination des Autochtones dans la conception et la mise en œuvre des programmes de surveillance
  • se concentrer sur les espèces culturellement importantes et leurs habitats
  • travailler au sein des structures de gouvernance autochtones
  • soutenir un leadership communautaire fort et des partenariats à long terme pour assurer la continuité des programmes
  • faire participer les détenteurs du savoir autochtone à la détermination des indicateurs et des lieux pertinents
  • soutenir la capacité de surveillance communautaire par la formation de jeunes et des programmes de gardiens autochtones
  • surveiller des activités liées à l’utilisation saisonnière des terres
  • reconnaître les initiatives communautaires de surveillance comme un moyen de contribuer à l’éducation, à la recherche, à la conservation et aux activités économiques dans le domaine de l’environnement
  • rendre les résultats de la surveillance disponibles au sein des communautés et des régions, et entre elles, afin de soutenir la prise de décision

Ces éléments communs peuvent également contribuer à créer un élan vers une recherche et une surveillance coordonnées de la sécurité alimentaire à la grandeur du Nord. Il est important d’offrir aux habitants du Nord la possibilité de transmettre leur savoir sur la conception des programmes, les tendances des données et les compétences techniques requises pour la recherche et la surveillance.

Les programmes de recherche et de surveillance menés par les communautés sont inhérents aux ententes d’autonomie gouvernementale et aux droits indiqués dans les revendications territoriales et les ententes de cogestion. Cependant, ils n’ont reçu des fonds que récemment. La recherche n’a pas toujours profité aux habitants du Nord ou répondu aux intérêts et aux besoins locaux ou régionaux. 44, 45 Toutefois, les choses commencent à bouger. Les programmes de recherche et de surveillance qui respectent les droits des Autochtones et leur autodétermination dans la recherche peuvent mieux soutenir la résilience locale aux changements climatiques. 43, 45

Encadré no 1

Surveillance de la santé des phoques grâce à SIKU

SIKU est l’abréviation du réseau social du savoir autochtone (www.siku.org), qui a été mis sur pied par la Société des Eiders de l’Arctique (https://arcticeider.com/) et l’Association des chasseurs et trappeurs de Sanikiluaq, au Nunavut. La surveillance communautaire du milieu marin, avec le concours des chasseurs inuits des communautés de Sanikiluaq et du Nunavik dans la région de l’Est de la baie d’Hudson, se poursuit depuis de nombreuses années. Ce programme comprend des recherches océanographiques et sur la glace de mer, ainsi que des programmes de surveillance de la faune.

Les phoques annelés sont particulièrement importants pour la sécurité alimentaire de la région. Une étude, qui repose sur les observations et l’orientation de l’Aîné Peter Kattuk concernant l’évolution du régime alimentaire des phoques, a montré que ces derniers mangeaient moins de poisson et plus de crevettes. Cette étude a constitué un projet pilote clé pour le développement de l’appli SIKU, avant et après son lancement en 2019. Grâce à l’appli SIKU, toute personne qui part à la chasse peut sauvegarder des indicateurs importants sur les phoques et les conditions environnementales. En outre, des surveillants environnementaux rémunérés utilisent des instruments scientifiques et des observations fondées sur le savoir inuit pour récolter des données sur les conditions de glace de mer, d’océanographie et autres. Ils peuvent sauvegarder et transmettre ces informations grâce à SIKU.

Encadré no 2

Surveillance du caribou au Nunatsiavut

Les hardes de caribous de la rivière George et des monts Mealy ont décliné en raison des changements climatiques et d’autres impacts d’origine humaine au Labrador. La province a interdit la chasse des deux hardes, qui sont essentielles à la sécurité alimentaire et au bien-être des Inuits.

Des projets de recherche communautaire ont permis de récolter des données sur le savoir des Inuits sur ces hardes. Les Inuits ont exprimé de fortes émotions quant à la perte de leur lien avec les animaux. Ils ont révélé que le caribou est essentiel au bien-être émotionnel, à l’identité et à la continuité culturelle des Inuits. 29 Ils s’inquiètent de perdre définitivement l’accès au caribou, 30 en partie à cause des changements climatiques. Les Inuits se sont sentis criminalisés à cause des interdictions de chasse. Lorsqu’ils ont fait part de leur point de vue sur la gestion du caribou, ils ont eu l’impression que les gouvernements ne les ont pas écoutés. 46

Un nouveau projet de surveillance du caribou réunit la recherche universitaire et les priorités des communautés. Le projet vise à reconnecter les jeunes à la terre et au caribou. Des jeunes se joindront à des Aînés durant des sorties de chasse dans l’aire d’hivernage des hardes de la rivière George et des monts Mealy et prendront des photos de leurs expériences. Des membres de communautés prépareront et codirigeront les sorties avec l’équipe du projet. Le projet vise à évaluer les aires d’hivernage et les mouvements du caribou, en les comparant au savoir traditionnel issu des pratiques de chasse passées. Les participants peuvent également évaluer le comportement ou la santé des caribous par rapport aux observations antérieures. Ce projet est une manière innovante de ne pas oublier les pratiques culturelles et de contribuer au bien-être des Inuits.

Encadré no 3

Surveillance du saumon quinnat dans le centre du Yukon

La Première Nation des Na-Cho Nyäk Dun (www.nndfn.com) et la Wildlife Conservation Society Canada (www.wcscanada.org) travaillent ensemble pour surveiller le saumon quinnat dans le bassin versant de la rivière Beaver. Ce travail associe le savoir autochtone et les connaissances scientifiques en partenariat pour orienter la planification de la conservation.

Le bassin versant de la rivière Beaver est le lieu de résidence du peuple Na-Cho Nyäk Dun et constitue l’habitat de nombreuses espèces sauvages importantes, dont le saumon quinnat. Une route proposée traversera 48 rivières et ruisseaux dans le bassin versant, ce qui pourrait nuire à un habitat de frai clé du saumon. Un plan d’aménagement du territoire est en cours d’élaboration afin de protéger les habitats de frai et de réduire les impacts de la route sur le saumon.

Les cartes culturelles et le savoir autochtone sur le frai du saumon, fournis par les Aînés du peuple Na-Cho Nyäk Dun, ont guidé la conception de l’étude et le travail sur le terrain pour surveiller le nombre de saumons, l’habitat de frai et la qualité de l’eau.

Le projet a permis de relever un habitat de frai viable pour le saumon chinook et des zones clés pour continuer à surveiller les saumons en frai. Il comprenait également la formation et le mentorat de personnel issu de la Première Nation des Na-Cho Nyäk Dun, qui dispose désormais des compétences nécessaires pour effectuer lui-même les relevés et poursuivre le programme de surveillance. Un Aîné a pris part aux activités de surveillance et a transmis le savoir autochtone sur la terre, ainsi que des idées importantes pour la conservation. Ces éléments sont repris dans une carte narrative distribuée auprès des citoyens de la Première Nation des Na-cho Nyäk Dun : (https://storymaps.arcgis.com/stories/8eba6b85803b4b56b6389abcc74708a8). Les résultats de ce travail servent de base à l’élaboration du plan d’aménagement du territoire de la rivière Beaver. La surveillance se poursuivra pour soutenir la protection future du saumon chinook et de l’eau. Les projets envisagés dans le bassin versant de la rivière Beaver comprennent la surveillance de la température de l’air et de l’eau et des conditions de luminosité.

Encadré no 4

Surveillance communautaire et collaborative de la santé du caribou et du bœuf musqué

Un programme de surveillance de la santé des caribous et des bœufs musqués a été élaboré en collaboration par des membres de communautés, des universitaires et des organismes gouvernementaux de protection de la faune en réponse aux préoccupations exprimées par les communautés d’Ulukhaktok, dans les Territoires du Nord-Ouest, et de Kugluktuk et d’Ikaluktutiak, au Nunavut. Ces programmes associent le savoir autochtone et la science pour comprendre la santé des populations sauvages, les maladies et les zoonoses (maladies qui passent des animaux aux humains). Les programmes consistent en ce qui suit : i) des entretiens de base sur la santé de la faune, qui permettent de recueillir des informations sur les facteurs de stress; ii) des prélèvements sur des caribous et des bœufs musqués; et iii) des entrevues annuelles continues qui permettent de récolter des données sur le savoir autochtone relatif à la santé et aux tendances des populations.

Ces approches associent le savoir autochtone et les connaissances scientifiques pour établir des bases et des tendances historiques. Elles permettent également de récolter des données sur les populations actuelles et de détecter des conditions, maladies ou préoccupations nouvelles ou émergentes. Les résultats sont transmis aux communautés au moyen de présentations communautaires, de réunions de cogestion et de rapports rédigés en collaboration avec des partenaires communautaires majeurs. Les résultats peuvent servir de base à des interventions en matière d’éducation, de conservation ou de santé publique. Le co-apprentissage se fait par la formation et l’échange de savoir et de connaissances entre les chasseurs, les surveillants, les scientifiques, les étudiants diplômés de deuxième cycle et le grand public. De plus en plus, les organisations locales de chasseurs et de trappeurs possèdent et appliquent ces programmes, et les communautés gèrent la propriété des données. Des chercheurs scientifiques et des universitaires servent d’experts externes pour soutenir les programmes. Cette relation permanente entre les membres de communautés, les représentants du gouvernement et les partenaires universitaires permet un échange continu du savoir et des connaissances et renforce la confiance. Elle améliore aussi considérablement le réseau de communication, ce qui permet une cogestion plus efficace de la faune.

Surveillance des changements climatiques : recommandations du groupe de travail sur le savoir autochtone

De nombreux projets de surveillance et de recherche sur les changements climatiques en cours sont axés sur un éventail d’espèces sauvages (comme le caribou, l’ours polaire et le bœuf musqué), de mammifères marins et de poisson. Ces projets ont été bénéfiques pour les communautés et ont fourni un revenu supplémentaire aux chasseurs, car le coût des sorties sur le terrain augmente. Ces chasseurs, dont les Aînés, savent souvent mieux que quiconque quelles sont les zones les plus touchées par les changements climatiques, et ils transmettent leur savoir sur l’histoire des changements locaux et des cycles naturels existants avec les chercheurs du Sud.

Les programmes de surveillance doivent être conçus en collaboration avec les communautés afin que les efforts de recherche et de surveillance reflètent les priorités locales et les besoins de connaissances. Dans certains domaines, des sujets importants pour la communauté ne sont pas abordés. Dans d’autres domaines, les gens sont fatigués de participer à des recherches et ne veulent plus y participer.

À Taloyoak, au Nunavut, plusieurs bons projets permettent de surveiller des populations de poissons, mais il n’y a pas de recherche sur les caribous et on pourrait faire davantage pour surveiller la population croissante d’ours polaires. Dans la région des Inuvialuit, cependant, il y a eu beaucoup de projets de recherche et le sentiment général est que les bons projets de surveillance devraient être poursuivis. Le co-développement de projets permet de s’assurer que les programmes de surveillance respectent les perspectives locales sur la manière de collecter les données de manière éthique. Les peuples autochtones veulent avoir plus d’influence sur les méthodologies de recherche, y compris la possibilité de s’opposer aux méthodes qu’ils considèrent comme nuisibles pour la faune (p. ex., les colliers sur les ours polaires). Ils veulent également acquérir une capacité locale à mener leurs propres recherches, notamment l’utilisation des instruments.

Un financement adéquat est nécessaire pour permettre une surveillance à long terme, ainsi que pour intégrer la recherche entre les régions et transmettre les connaissances dans tout le Nord. L’Inuit Tapiriit Kanatami a été le fer de lance de la Stratégie nationale inuite sur les changements climatiques de 2019, un bon cadre que les communautés des quatre régions inuites peuvent utiliser pour collaborer et intégrer la recherche. Les forums pan-nordiques permettent généralement aux différentes communautés d’échanger leurs idées et leurs préoccupations et de s’unir dans leur réflexion. Le financement des programmes doit être flexible pour permettre l’innovation locale dans les programmes de surveillance. Ainsi, un projet de la région des Inuvialuit a contribué à améliorer la transformation des aliments traditionnels en montrant aux chasseurs des moyens de réduire le gaspillage de viande à des fins personnelles et commerciales.

Conclusion : Améliorer la surveillance communautaire des changements climatiques et des aliments traditionnels

La relation avec la terre est fondamentale pour les peuples autochtones du Nord. Elle constitue le fondement de leurs systèmes de croyance, de leur identité, de leur savoir et de leurs moyens de subsistance. Le lien étroit qu’ils entretiennent avec la terre détermine la manière dont ils vivent et comprennent les changements environnementaux, et la façon dont ils y font face.

Les communautés autochtones partout dans le Nord sont confrontées à des changements climatiques rapides. Cela a une incidence sur l’approvisionnement en aliments traditionnels, qui est essentiel à leur sécurité alimentaire. Les aliments traditionnels sont également fondamentaux pour les cultures et les identités autochtones du Nord. L’importance de la culture locale, des compétences, de la langue et des préférences alimentaires sur les pratiques de récolte doit être comprise et priorisée.

Les recommandations suivantes permettent de mieux comprendre l’impact des changements climatiques sur la sécurité alimentaire des Autochtones. Elles mettent l’accent sur des approches culturellement pertinentes et axées sur le Nord.

Recommandations

Compte tenu de la relation entre la sécurité alimentaire du Nord, la culture, la santé et les changements climatiques

Les aliments traditionnels sont essentiels à la sécurité alimentaire du Nord. Ils sont également fondamentaux pour les cultures autochtones du Nord. L’adaptation aux changements climatiques, la nutrition et la santé font également partie de la sécurité alimentaire. Comprendre comment tous ces éléments interagissent permettra aux communautés du Nord de renforcer leur résilience face aux changements climatiques.

Recherche autodéterminée par les Autochtones sur les changements climatiques et la sécurité des aliments traditionnels

Il est nécessaire de mener des recherches autodéterminées par les Autochtones qui adoptent des perspectives multiples pour explorer la manière dont les changements climatiques touchent aux écosystèmes nordiques et aux systèmes d’aliments traditionnels. Ces recherches devraient inclure ce qui suit :

  • des recherches qui rassemblent le savoir autochtone, les sciences sociales, les sciences naturelles et les connaissances de différents secteurs (p. ex., l’établissement d’un lien entre les effets des changements climatiques sur l’abondance, la distribution et la santé de la faune et les effets sur la santé humaine et les stratégies d’adaptation)
  • un soutien accru aux méthodes, au savoir et aux valeurs autochtones, à la recherche menée par les communautés et à la surveillance de la souveraineté alimentaire

Favoriser le leadership et l'orientation dans le Nord

Les communautés nordiques et autochtones sont les mieux placées pour savoir de quels programmes de recherche et de surveillance elles ont besoin, et elles sont les meilleures défenseurs de ces programmes. Elles peuvent déterminer les principales questions d’intérêt local. Les programmes dirigés par des Autochtones, ou ceux que les communautés et les chercheurs élaborent ensemble dès le départ, en fonction des besoins des communautés, susciteront l’intérêt de celles-ci. Ils favoriseront également la participation communautaire à tous les aspects de la recherche, ou autant que les capacités locales le permettent.

Se concentrer sur les indicateurs cruciaux

Les indicateurs cruciaux pour la recherche et la surveillance des changements climatiques varieront dans tout le Nord en fonction de l’utilisation des terres, des espèces ayant une valeur culturelle et des modes de connaissance autochtones. Cette diversité doit être soutenue. Afin d’informer les décideurs régionaux ou nationaux plus larges, il est également important de :

  • surveiller certains indicateurs environnementaux clés de manière uniforme dans toutes les régions afin de contribuer à des évaluations plus larges des impacts régionaux des changements climatiques
  • relever la manière dont les différents impacts des changements climatiques sont liés et effectuer davantage de recherches sur la question (p. ex., l’influence de nouveaux prédateurs, de la modification des habitats et de la pression de récolte locale sur le déclin des espèces)

Encourager la recherche menée en cogestion

L’influence des changements climatiques sur les aliments traditionnels doit être surveillée et prise en compte dans les processus et les politiques de cogestion des espèces sauvages. Il est possible de créer des partenariats de recherche pour combler les lacunes en matière de connaissances critiques. Nous encourageons les conseils de cogestion à donner la priorité à des recherches sur les changements climatiques, à les soutenir et/ou à en diriger davantage.

Échange de connaissances entre les programmes de surveillance communautaire

Le stockage et l’échange des données entre les programmes de surveillance communautaires à l’échelle nationale et circumpolaire suscitent un intérêt croissant. L’échange des données sera important pour comprendre les impacts des changements climatiques sur la sécurité alimentaire. 47 Voici des exemples d’éléments importants :

  • Des occasions de réseautage et de formation au sein des programmes de surveillance communautaires pour échanger des idées et améliorer la coordination
  • Des moyens de coordonner et d’échanger les données de surveillance de manière uniforme, sécurisée et accessible.

Soutien gouvernemental global et coordonné aux programmes d’adaptation aux changements climatiques et de sécurité alimentaire

Les changements climatiques et la sécurité alimentaire sont liés, mais les programmes gouvernementaux les traitent souvent séparément. Les gouvernements ont l’occasion de relier leur soutien à la sécurité alimentaire, aux changements climatiques et à la surveillance par des programmes plus holistiques. Il existe également une occasion de coordonner les programmes de surveillance communautaire qui ont du succès et qui abordent à la fois les défis de la sécurité alimentaire et des changements climatiques afin de permettre l’échange de connaissances, le transfert de compétences et l’échange de données.

Investissement accru et durable dans les programmes de surveillance communautaire

Les programmes de surveillance communautaire ont besoin d’un financement constant et flexible pour l’infrastructure, l’engagement communautaire et la surveillance à long terme. Cela comprend un soutien accru aux programmes de surveillance/ gardiennage terrestres et à la surveillance au moyen d’instruments scientifiques. Le financement doit être ciblé directement sur les communautés. Il doit être flexible, afin que les organisations nordiques à court de moyens obtiennent leur financement quand elles en ont besoin. Le financement doit également renforcer la capacité locale à faire le lien entre la recherche et le savoir autochtone.

Remerciements

Nous remercions Madeline Redfern d’Ajungi Arctic Consulting pour avoir organisé et soutenu les composantes du savoir autochtone de ce document. Nous apprécions la collaboration et les idées fournies par Jennifer-Fresque Baxter du ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles, GTNO, et Fabien Mavrot, de l’Université de Calgary. Nous remercions les nombreux partenaires autochtones avec lesquels les coauteurs ont travaillé précédemment et qui ont communiqué des informations qui ont façonné notre compréhension collective.

Ressources

Sélection d’organisations et de programmes du Nord qui font de la surveillance communautaire partout au Canada

Organisation/Programme Lieu
Société Aqqiumavvik Arviat (Nunavut)
Atlas de la surveillance communautaire et du savoir autochtone dans un Arctique en transformation Tout le Nord
ELOKA – Exchange for Local Observations and Knowledge of the Arctic Tout le Nord
Ittaq Heritage and Research Centre Clyde River (Nunavut)
SIKU: The Indigenous Knowledge Social Network Tout le Nord
SmartICE Tout le Nord
Surveillance communautaire de la santé des bœufs musqués et des caribous Kugluktuk, Ekalututiak, Ulukhaktok
Réseau de surveillance communautaire du Conseil de gestion des ressources fauniques du Nunavut Nunavut
Programme de surveillance des effets cumulatifs (PSEC) des TNO) Territoires du Nord-Ouest
Arctic Borderlands Ecological Knowledge Society Le nord des Territoires du Nord-Ouest, Yukon, Alaska

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