Épisode 12 : Le Centre national de surveillance
La sécurité publique est une responsabilité qui doit être exercée 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, particulièrement pour l’équipe au Centre national de surveillance (CNS) du Service correctionnel du Canada (SCC). Étant les yeux et les oreilles du SCC, surtout pendant la période critique après les heures normales de travail, le CNS joue un rôle essentiel pour maintenir la sécurité publique et surveiller les délinquants bénéficiant de divers types de mise en liberté dans la collectivité afin d’assurer la sécurité de la population canadienne.
Dans cet épisode, nous discutons avec Daniel Kletke, un superviseur au CNS, pour apprendre comment son équipe et lui gèrent cette responsabilité cruciale et dynamique.
Durée : 19:01
Publié : 28 février 2025
Animatrice : Kirstan Gagnon
Invité : Daniel Kletke, un superviseur au Centre national de surveillance
Transcription : Épisode 12: Le Centre national de surveillance
Kirstan : La sécurité publique est bien plus qu'un travail de 9 à 5. C'est une responsabilité 24 h sur 24, 7 jours sur 7 et une priorité du Service correctionnel du Canada. Ce type de travail nécessite non seulement de la vigilance, mais aussi une prise de décision rapide, une coordination continue et une équipe prête à faire le travail, peu importe l'heure de la journée. Et c'est exactement ce que fait le centre national de surveillance du SCC.
Le Centre national de surveillance ou CNS, est une unité opérationnelle centralisée située à l'administration centrale à Ottawa. Il est les yeux et les oreilles du SCC en matière de sécurité publique, surtout pendant la période critique, après les heures normales du travail, lorsque la majorité du monde est rentrée à la maison pour la nuit. Que ce soit pour un incident en prison qui doit être signalé comme une agression ou une évasion, une préoccupation concernant un délinquant sous surveillance dans la collectivité ou encore une demande urgente de la police, le CNS est toujours en état d'alerte, prêt à agir au moment crucial. Dans l'épisode d'aujourd'hui, Daniel Kletke, un superviseur du CNS, nous explique le rôle que joue le centre national de surveillance au sein du Service correctionnel du Canada et comment ce centre contribue à la sécurité du public.
Je suis votre animatrice Kirstan Gagnon. Bienvenue à un autre épisode d'Au delà des prisons.Kirstan : Bonjour Daniel, bienvenue.
Daniel : Bonjour.
Kirstan : Parle moi un petit peu de toi.
Daniel : Présentement, je suis un superviseur au centre national de surveillance. J'ai commencé ma carrière au Service correctionnel en 2014, tout de suite en partant avec le CNS, avec le centre national de surveillance comme agent subalterne, ensuite agent de service, puis superviseur.
Kirstan : Bon puis c'est quoi ce centre national de surveillance ?
Daniel : Bonne question. Le CNS fait un peu de tout. En gros, le CNS est un centre opérationnel au sein de l'administration centrale qui opère 24 heures sur 24, 7 jours la semaine, 365 jours l'année. Le CNS s'occupe d’appuyer plusieurs programmes national pour le Service correctionnel.
Les deux gros programmes, un c'est la surveillance électronique où on a un groupe d'agents qui répondent aux alertes générées par les dispositifs portés par les délinquants. Puis l'autre gros programme c'est l'agent de service. Après les heures, les fins de semaines, les jours fériés, s'il y a quelque chose qui se passe avec un délinquant en communauté, on appelle le CNS. Puis l'agent de service aussi prend des appels des établissements, fait que s'il y a des incidents de sécurité quelque chose d'urgent, un drone, quelque chose comme ça, une voie de fait. Ils vont appeler le CNS pour documenter la situation et faire le rapport d'incident. Bien sûr, il y a d'autres programmes moins gros qui qui commandent un peu moins de nos ressources, mais toutefois important, l'avis à la victime après les heures, notre ligne INFO Crime, puis aussi le la rédaction du RAPSIT, le rapport de situation qui est envoyé de façon quotidienne.
Kirstan : C'est quoi que vous garde occupée le plus? Est ce que c'est les alertes de des bracelets électroniques?
Daniel : Certainement oui, ça c'est une grosse composante de notre travail fait que fait que nos agents ils peuvent traiter jusqu'à 600 alertes par jour générés par les dispositifs puis les dispositifs eux ils génèrent des alertes. Quand?
Habituellement, c'est quand il y a un bris de condition géographique. Quand le dispositif rentre dans une zone d'exclusion ou s’il quitte une zone d'inclusion, fait que chaque alerte est traitée. Mais il peut avoir des alertes techniques là-dedans, des piles faibles, des périodes où on n'a pas des bons points GPS ou autre chose. Mais chaque alerte est traitée, documentée, évaluée.
L’autre grosse composante comme j'ai mentionné un peu avant, c'est l'agent de service où on prend les appels de corps policiers des maisons de transition, des délinquants eux-mêmes, ils peuvent nous appeler. Nos agents traitent à peu près 15 à 20 cas par quart de travail. C'est à peu près une centaine, cent vingtaines d'appels par jour sur la ligne d'agent de service. C'est quoi ces appels là?
Ça peut être un appel de police qui a fait un arrêt de routine routière, vitesse, quelque chose comme ça, quelqu'un qui a pas fait un stop mais il voit à son système policier que hé, c'est un délinquant fédéral. Il y a une note d'appeler le CNS ou d'appeler le Bureau de libération. Il nous appelle, fait qu'on fait l'analyse. Qu'est ce qui s'est passé? C'est où est ce qu'on a d'autres inquiétudes.
Il peut y avoir des situations où la police n’a pas d’inquiétude. C'est un une infraction assez mineure de leur côté mais de notre côté peut être ce qu'il est sorti de sa zone de supervision territoriale fait qu'il aurait pas dû faire ça sans autorisation de voyage. De notre côté peut être c'est un risque qui va monter. Peut être émettre un mandat ou donner des instructions de retourner chez eux. Ou ça peut être des maisons de transition qui nous appellent. Peut être quelqu'un est arrivé en retard avec des signes d'intoxication fait que là on se penche sur le dossier, on évalue le cas.
Est ce qu'il y a des risques au public? Est ce qu'il y a des risques aux autres résidents? Puis on intervient comme nécessaire. C'est du travail intéressant. Ça c'est les gros surveillance électronique, agents de service, ça c'est facilement 80% de notre travail.
Kirstan : Puis on a parlé un petit peu de sécurité du personnel. Est-ce que vous avez des outils en place pour garantir la sécurité du personnel qui est en communauté par exemple?
Daniel : Oui absolument. Pendant les heures ouvrables en effet, c'est 24 sur 7 mais principalement pendant les heures ouvrables, le CNS répond aux alertes générées par un, je vais l'appeler un système d'alerte de sécurité pour le personnel, c'est une application, une technologie que les agents de libération mettent sur leur téléphone.
Quand un agent de libération va en communauté rencontrer un délinquant, ils peuvent mettre les détails de la rencontre dans le téléphone, les heures, puis si après la rencontre ils disent pas dans l'application qu’ils sont sortis, qu’ils sont sains, qu’ils sont saufs, ça va envoyer une alerte au CNS. On va appeler de suite. T'as pas signalé que t'as terminé ta visite? As-tu tu besoin de plus de temps ou qu'est ce qui se passe? S'ils répondent pas on perd pas notre temps. On appelle les autorités le plus vite possible pour dire peut être un agent de libération, un agent de communauté en détresse qui répond pas à leur téléphone, qui est en visite avec un délinquant. Puis je dirais chaque jour on a à peu près 2 ou 3 alertes par jour. Heureusement c'est toutes des fausses alertes jusqu'à date.
Kirstan : Bien il faut faire le suivi hein…
Daniel : il faut faire le suivi.
Kirstan : Donc diriez-vous que la sécurité du public est primordiale dans votre travail?
Daniel : Absolument, je veux dire le CNS oui, on répond à la mission du Service correctionnel de de de d'assurer la sûreté du public et aussi quand on peut d'aider à la réinsertion sociale des délinquants. Mais étant donné qu'on est là principalement après les heures ou qu'on répond aux alertes de surveillance électronique, oui, notre travail se penche principalement sur la sûreté du public. Ça c'est 24 sur 7.
Quand les agents de libération terminent leur journée, notre personnel prend la relève. On est là pour répondre aux appels, bris de conditions, on est là pour l'évaluer. Quand les délinquants continuent à vivre leur vie, s’il y a des imprévus, on est là pour les aider ou bien sûr pour évaluer s'il y a un risque. Puis il faut intervenir. Des fois, faut émettre des mandats de suspension, si c'est le cas.
Kirstan : Donc dans votre travail, vous travaillez avec des partenaires, vous travaillez avec le personnel. Un partenaire comme la police, ça, ça doit être très important. Parlez-moi d'une journée typique de votre travail.
Daniel : Ça change un peu dépendant du travail parce qu'on a nos agents de surveillance électronique qui sont uniquement attitrés à répondre aux alertes. Il y en a tellement. Il faut avec vigilance traiter chaque alerte fait qu'on a des agents de surveillance électronique. Les agents de service, c'est un peu plus gros, il y a plus de responsabilités, plus de programmes. Mais le travail va changer un peu pour nos agents de service dépendant si c'est les heures ouvrables. Oui peut être ça va être plus ciblé sur la rédaction du RAPSIT, plus ciblé sur les alertes pour le système d'alerte de sécurité, les agents de libération.
Mais aussitôt que les bureaux de libération commencent à fermer en atlantique, puis ensuite à l'Est, puis ensuite au prairie, puis au pacifique, là, c'est les appels des maisons de transition, les appels des délinquants, des corps policiers pour rapporter des incidents sur les délinquants en collectivité ou des établissements quand il y a des incidents de sécurité.
C'est des jours quand même occupés, nos agents de service traitent à peu près 15 à 20 cas par quart de travail. Puis ça c'est tout, l'appel, le suivi, les études de cas, la rédaction du rapport, la distribution.
Kirstan : Donc il y a peu près, il y a 43 établissements, il y a au-dessus de 9000 délinquants en communauté. Vous traitez toutes les alertes, c'est occupé comme travail.
Daniel : Oui absolument. C'est, c'est excitant et c'est toujours occupé. C'est une chose que j'adorais quand j'ai fait le travail d'agent de service, chaque quart de travail était nouveau. Comme j'ai dit toujours intéressant, tu le savais pas mais t'avais toujours la chance de te pencher sur des cas intéressants, soit pour aider un délinquant qui a finalement décroché un nouvel emploi mais ça commence demain matin. Il a besoin d'un départ hâtif, est-ce qu'on peut s'organiser pour lui donner un une modification de couvre-feu? On va voir, si c'est raisonnable, peut-être qu’on va l'accorder. Si c'est un autre peut-être on a un bris de conditions. Qu'est-ce qu'on fait?
Kirstan : Intéressant. Je veux parler un petit peu plus de surveillance électronique. Vous avez dit que vous avez des agents qui sont exclusivement là-dessus, puis vous avez beaucoup d'alertes par jour. Je pense que le public comprends peut-être pas comment ça fonctionne parce que peut-être au niveau provincial, c'est différent qu'au niveau fédéral.
Daniel : Oui c'est différent, un peu différent des des autres provinces ou des autres organismes qui se servent de la surveillance électronique. Comment ça fonctionne? le Service correctionnel, il est un peu différent. Nous on réserve la surveillance électronique pour les les délinquants à haut risque ou les délinquants sexuels qui ont une certaine cote avec nos outils actuariels. Puis bien sûr, faut avoir une condition géographique, un dispositif, un bracelet électronique, ça donne la location. C'est à peu près ça. S’il y a une condition géographique imposée par la Commission des libérations ou un territoire géographique imposé par l'agent de libération, oui, là en ce temps on peut se servir de cet outil là.
Puis les conditions géographiques les plus communes, ça serait quelque chose comme les débits de boissons ou les lieux pour les enfants, les écoles, les parcs, les piscines, les centres récréatifs puis aussi les couvre-feux. Parce que ça c'est une restriction géographique, mais avec une minuterie dessus qui existe seulement entre 10h et 6h, quelque chose comme ça.
Alors, un agent de libération qui voit un délinquant qui va s'ajouter à leur dossier dans les prochaines semaines, il va dire, ah, on a une condition géographique, c'est un délinquant à haut risque, c'est un délinquant dangereux. Je pense que c'est un bon candidat. Ils vont envoyer une demande au quartier général pour dire, j'ai un délinquant qui s'en vient. Je pense que c'est un super candidat pour la surveillance électronique. L'équipe au quartier général va regarder, ça va déterminer oui, en effet c’est un bon candidat, on va commander le dispositif, on va programmer les zones dans le logiciel. Pour ce cas-là peut-être c'est un, c'est un couvre-feu et les lieux pour les enfants. Puis la technologie une fois posée, oui elle va commencer à suivre le délinquant en temps réel. Notre intérêt est là pour vraiment cibler les conditions qui sont surveillées. Fait que quand on a une alerte.
S’il va dans une zone, s’il va dans une cour d'école, puis on a une alerte, là on peut vérifier, est ce que c'est un problème technique? Est ce que c'est un problème de comportement? Parce qu'avec la dérive des fois.. la technologie est forte, c'est une bonne technologie mais c'est pas comme toute technologie, c'est pas 100% mais nos agents sont excellents à faire cette analyse là puis à déterminer.. Est ce qu'on s'inquiète? Est ce qu'on a une inquiétude pour le comportement qui essaie de contourner ses conditions pour se rendre dans ces lieux-là?
Kirstan : Le bracelet c'est vraiment un outil parmi d'autres, c'est pas le seul comme vous l'avez décrit. On voit souvent dans les films par exemple qu’un détenu va couper son bracelet donc c'est quoi que vous faites?
Daniel : Nos procédures pour les tentatives d'altération majeures sont pas mal claires. Premièrement on rassemble plus d'informations, peut être c'est simplement d'appeler le délinquant.
Mais couper le bracelet, on a des procédures avec la technologie pour déterminer est-ce que le bracelet est vraiment a vraiment été ôté, enlevé ou est-ce qu'il est possiblement encore posé sur la jambe puis la tentative était peut-être une infiltration de de de débris d'eau, peut-être si ou ça a juste cogné peut-être sur un meuble puis il y avait quelque chose qui qui pense que c'était une tentative.
Il y a toute cette technologie-là pour nous aider à bâtir l'image de qu'est ce qui s'est passé? Fait que oui si le délinquant répond pas puis on peut pas confirmer que le dispositif est toujours posé sur la jambe, ça monte pas mal vite. Puis on ne se pose pas trop de questions, c'est possiblement ils ont enlevé le bracelet puis encore là, heures ouvrables, ça va être l'agent de libération, puis le Bureau de libération qui décident s'ils doivent émettre un mandat après les heures telles que le programme de l'agent de service le demande, c'est le CNS qui prend cette responsabilité là pour faire la décision finale.
Kirstan : Donc quand qu'on fait un mandat, ça veut dire que la police va aller chercher l'individu dans la communauté, essayer de le trouver?
Daniel : Oui, certainement. Faut bien sûr communiquer avec la police. Notre système aussitôt qu'on décide d'émettre un mandat, puis on le place dans notre base de données ça alimente les systèmes des corps policiers. Mais bien sûr, le mieux c'est aussitôt qu'on appelle les corps policiers, puis on leur demande d'aller exécuter le mandat le plus rapidement possible.
Puis ceux qui étaient sur la surveillance électronique, bien sûr on a l'information du la dernière localisation du délinquant fait qu'on peut partager cette information-là.
Kirstan : Donc qu'est-ce que vous aimez de votre travail ?
Daniel : Qu'est-ce que j'aime de mon travail? Tellement de choses que j'aime au CNS. C'est vraiment un lieu formidable. Quand j'étais agent de service, j'adorais le fait que tu savais jamais à quoi t'attendre quand tu entrais pour ton quart de travail.
Puis c'était toujours excitant, il y avait un appel d'un établissement, ils ont vu un drone, tu documentes un autre appel rentre d'un délinquant en bris de conditions, qu'est-ce qu'on fait? Un autre, un délinquant urgence familiale. Il a besoin d'une autorisation de voyage, puis t’essaie d'évaluer qu'est-ce qui est le plus important, qu'est-ce que je fais en premier, qu'est-ce qu'on décide là-dessus, tu te lances dans les dossiers pour évaluer l'information le plus vite possible pour rendre une décision raisonnable.
Puis à la fin de ton quart de travail, s'il y avait des choses à faire, t'es passé à la relève, ta journée était finie. C'est un c'est un peu comme un sport dans ce sens-là fait que c'était super intéressant. Maintenant comme superviseur du côté projet lundi au vendredi, c'est absolument fascinant de de de de voir la machinerie pour qu'un centre comme le CNS fonctionne.
Que ça soit les partenariats, les ententes avec les partenaires pour s'assurer qu'on offre le service qu'ils veulent, comme le service aux alertes pour les agents de libération, est-ce que les procédures marchent ? Est ce que la technologie marche pour les clients? Il y a tout plein de de, de de petits détails que j'aurais jamais pensé être obligé de maîtriser dans ma carrière, mais me voilà, puis je suis content de le faire.
Kirstan : Donc, avant qu'on termine l'entrevue, je voulais vous demander si vous avez quelque chose à rajouter qu'on n'a pas couvert aujourd'hui?
Daniel : Quand vous êtes à la maison, c'est la nuit, la fin de semaine, les journées fériées, le CNS est là pour vous, pour les Canadiens, pour assurer la sûreté du public, pour aider la réinsertion sociale.
Kirstan : Parfait. Bien merci beaucoup Daniel d'avoir partagé avec nous vos réflexions par rapport au centre national de surveillance et merci de votre travail pour assurer la sécurité du public à tous les jours.
Daniel : Merci à toi
Kirstan : C'est tout pour cet épisode au-delà des prisons. Un grand merci encore une fois à Daniel de son temps et de son aide dans la réalisation de cet épisode. Ceci est une production du Service correctionnel du Canada. Et je suis votre animatrice, Kirstan Gagnon. Merci d'avoir été à l'écoute et à bientôt.
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