Psychologie Médico-Légale Partie 2 : Chapitre 3 : Information générale
Contexte
Chapitre 3
Prévision et classification dans le secteur correctionnel
Laurence L. Motiuk, Ph.D.Footnote 1
Préambule
Cet article porte sur la prévision et la classification. Il vise à donner un aperçu général des questions suivantes :
- les facteurs de corrélation et prédicteurs du comportement criminel;
- la fiabilité, la validité et l'utilité pratique des instruments psychométriques;
- les statistiques sur l'exactitude prédictive
- les dilemmes éthiques et cliniques poses par l'utilisation d'instruments actuariels.
Facteurs de corrélation et prédicteurs
On connait beaucoup de choses sur les caractéristiques des délinquants de même que sur les influences interpersonnelles, les déterminants situationnels et les conditions du milieu qui semblent influer sur leur adaptation tant en établissement que dans la collectivité (Motiuk, 1991).
On examine clans les paragraphes suivants l'efficacité relative avec laquelle certaines variables permettent de prévoir les schémas d'adaptation des délinquants au milieu carcéral et des ex-détenus à la vie dans la collectivité.
Tout d'abord, on étudie la valeur prédictive des variables relevées lors de l'admission et pendant l'incarcération par rapport à divers critères de mesure de l'adaptation au milieu carcéral. Puis, on examine les variables recueillies lors de l'admission et de la libération et pendant l'incarcération par rapport à la situation postlibératoire.
i) Critères de mesure de l'adaptation au milieu carcéral
La plupart des recherches sur l'adaptation au milieu carcéral ont permis d'évaluer les détenus en fonction des critères suivants :
- Comportement nuisible ou violation des règles : émeute, agression, homicide, infraction aux règles, rapport d'incident, inconduite, toxicomanie, évasion, transfèrement, automutilation et suicide.
- Maladie : plainte au sujet de malaises, visites à l'infirmerie, diagnostic médical, présence à la distribution des médicaments et hospitalisation.
- Réactions psychophysiologiques: tension artérielle, fréquence des ondes alpha à l'électroencéphalogramme, fonction corticosurrénale et troubles du sommeil.
- Comportement prosocial : résultats obtenus aux programmes éducatifs, rendement au travail et modification des attitudes.
ii) Facteurs liés à l'adaptation au milieu carcéral
Voici quelques variables qui peuvent jouer un rôle à tout le moins minimal dans la prévision de l'adaptation au milieu carcéral :
- Variables recueillies lors de l'admission: le sexe, la race, l'âge, la situation au moment de l'admission; les antécédents criminels (condamnations antérieures, antécédents de criminalité juvénile, d'incarcération, d'inconduite et de surveillance, type d'infraction, durée de la peine); le niveau de scolarité, les antécédents d'emploi, la situation financière, la situation familiale et matrimoniale passée et actuelle, les conditions de logement, la fréquentation de criminels, la toxicomanie, les facteurs émotifs et personnels et les attitudes.
- Variables recueillies pendant l'incarcération : les comparutions devant les tribunaux, les programmes suivis pendant l'incarcération *, les avis de libération conditionnelle, le surpeuplement, la durée de la peine purgée ** et l'isolement protecteur* * (*= les données empiriques sont hétérogènes; ** = les données empiriques sont limitées).
iii) Critères de mesure de la situation postlibératoire
Les auteurs des études menées par le passé ont évalué l'adaptation des ex-détenus à la vie en liberté en fonction de critères liés à la récidive. Ce sont notamment l'arrestation, les nouvelles condamnations, la violation des conditions de la libération conditionnelle, la réincarcération, les nouvelles infractions, la gravité des infractions, les ordonnances portant décision, les infractions auto déclarées, le décès au cours de la perpétration d'une infraction, la fuite, la période de libération conditionnelle écoulée, la violation des conditions de la probation et la période écoulée avant la réincarcération.
Jusqu'à maintenant, on a très rarement tenté d'évaluer l'adaptation des ex-détenus à la liberté en fonction de critères autres que la récidive. Un autre critère possible serait l'adoption d'un style de vie prosocial (obtention d'un emploi après la libération).
iv) Facteurs liés à l'adaptation à la vie en liberté
Voici quelques variables qui peuvent jouer un rôle a tout le moins minimal dans la prévision de l'adaptation à la vie en société :
- Variables recueillies lors de l'admission et de la mise en liberté : le sexe, la race, l'âge, le régime de mise en liberté; les antécédents criminels (condamnations antérieures, antécédents de criminalité juvénile, d'incarcération, d'inconduite et de surveillance, type d'infraction, durée de la peine); le niveau de scolarité, les antécédents d'emploi, la situation financière, la situation familiale et matrimoniale passée et actuelle, les conditions de logement, la fréquentation de criminels, la toxicomanie, les facteurs émotifs et personnels et les attitudes.
- Variables recueillies pendant l'incarcération : les visites *, le surpeuplement *, la durée de la peine purgée, la formation scolaire et professionnelle (* = les preuves empiriques sont mélangées; * * = les preuves empiriques sont limitées).
Bref, les ouvrages de criminologie établissent des liens importants entre divers facteurs et critères de mesure.
Classification des délinquants
i) Instruments d'évaluation
On a eu recours à des instruments d'évaluation objectifs dans les décisions de justice pénale aux étapes suivantes (voir Greenhalgh, Jordan, Deland et Lund, 1979) :
- la libération avant le procès;
- l'exercice du pouvoir discrétionnaire de poursuivre;
- la détermination de la peine;
- l'incarcération et le transfèrement;
- la libération conditionnelle;
- la surveillance des libéré conditionnels et des probationnaires.
Il importe de noter qu'aucune échelle ni méthode de classement ne peut contrebalancer le manque de renseignements sur les délinquants.
Les techniques d'évaluation du risque que présentent les délinquants se rangent clans les catégories suivantes (voir Cone, 1977) :
- l'observation naturelle;
- l'observation électronique;
- l'autosurveillance;
- les entrevues;
- l'auto déclaration;
- l'évaluation par d'autres personnes.
Le comportement actuel est un échantillon de réactions à la situation d'évaluation; il ne faut pas en tirer de conclusions quant au comportement du délinquant dans d'autres situations sans avoir les justifications empiriques nécessaires (Nelson et Hayes, 1979).
Voici quelques exemples d'instruments de classement des délinquants couramment utilisés dans le secteur correctionnel.
ii) Incarcération et transfèrement : l'Échelle de classement par niveau de sécurité
L'Échelle de classement par niveau de sécurité est un instrument empirique utilisé pour le placement pénitentiaire initial des délinquants.
- Elle comprend deux échelles secondaires ou dimensions distinctes dont la première évalue l'adaptation au milieu carcéral et la deuxième, le risque pour la sécurité;
- le risque pour la sécurité.
On calcule la note des délinquants sur ces deux échelles en fonction de leurs antécédents criminels, de leur âge, du type d'infraction commise, de leurs antécédents carcéraux et de leur équilibre personnel; le point d'intersection de ces échelles permet de classer chaque délinquant à l'un des trois niveaux de sécurité (minimale, moyenne et maximale).
iii) Libération conditionnelle : Échelle d'information statistique sur la récidive
L'échelle d'information statistique sur la récidive (Échelle d'ISR) pour les délinquants adultes a été conçue essentiellement pour la prise de décisions relatives à la libération conditionnelle au Canada.
Les points qui figurent sur l'Échelle d'ISR et les facteurs qu'ils sont censés mesurer ont été conçus par Nuffield et ses collègues (1982). L'Échelle d'ISR permet de recueillir des renseignements sur 15 facteurs de risque, d'après l'infraction principale et les antécédents criminels et sociaux de chaque délinquants.
Dans la pratique, l'Échelle d'ISR sert à prévoir toute nouvelle arrestation pour un acte criminel dans les trois ans qui suivent.
iv) Surveillance des libéré conditionnels : Échelle d'évaluation du risque et des besoins dans la collectivité
Le personnel chargé de la gestion des cas au Service correctionnel du Canada doit, conformément aux normes énoncées tant pour lui que pour la Commission nationale des libérations conditionnelles, utiliser une approche systématique pour évaluer les besoins des délinquants, leur risque de récidive et tout autre facteur qui pourrait nuire à leur réinsertion sociale.
On utilise donc une Échelle d'évaluation du risque et des besoins dans la collectivité pour recueillir des données sur les « antécédents criminels » et les « besoins » essentiels de chaque délinquant et ainsi classer les libéré conditionnels (Motiuk et Porporino, 1989).
- Évaluation des antécédents criminels. Les agents de gestion des cas se basent sur l'Échelle d'ISR, sur un examen complet du casier judiciaire, sur l'évaluation globale du risque (faible ou élevé) faite par la Commission nationale des libérations conditionnelles et sur leur propre évaluation du risque fondée sur une analyse approfondie du casier judiciaire du délinquant pour évaluer le risque de récidive de façon systématique et cohérente.
- Évaluation des besoins. Les besoins visés par l'Échelle d'évaluation du risque et des besoins dans la collectivité sont en tous points semblables à ceux de la plupart des instruments du genre utilisés par d'autres services correctionnels. Il y en a 12 en tout :
- la formation scolaire et professionnelle;
- les antécédents d'emploi;
- la gestion financière;
- les relations conjugales et familiales;
- les compagnons et les proches;
- les conditions de logement;
- la stabilité comportementale et émotive;
- la consommation d'alcool;
- la consommation de drogue;
- les capacités mentales;
- la santé;
- les attitudes.
Chacun de ces besoins est évalué selon des consignes précises, mais pour établir la cote globale du délinquant, on regroupe simplement les jugements des agents de gestion des cas selon trois niveaux de besoins: faible, moyen et élevé.
L'Échelle d'évaluation du risque et des besoins dans la collectivité a manifestement été conçue pour canaliser les ressources de surveillance vers les cas les plus à risque (c'est-à-dire à fixer la fréquence des contacts entre l'agent de gestion des cas et le délinquant) et pour suivre l'évolution du comportement, des attitudes et de la situation des délinquants pendant leur période de surveillance, mais elle dote aussi les agents de gestion des cas d'un outil simple pour classer des délinquants.
On obtient la fréquence des contacts à établir avec chaque libéré conditionnel pour exercer la surveillance nécessaire en reliant les deux genres d'évaluation, soit celle des antécédents criminels et celle des besoins, dans une présentation matricielle. Si l'on élaborait une échelle d'évaluation du risque et des besoins susceptibles de répondre aux besoins d'encadrement de certaines catégories spéciales de délinquants (p. ex., les délinquants sexuels et les délinquants atteints de troubles mentaux), on ajouterait deux autres catégories de besoins spéciaux.
La catégorie « autres » est réservée à ceux que l'agent de gestion des cas estime devoir classer lui-même parce qu'ils ne correspondent pas aux critères susmentionnés.
Propriétés des instruments psychométriques
Cette section a pour objet de tracer un cadre permettant d'établir la qualité des instruments objectifs d'évaluation du risque.
On recommande d'appliquer aux systèmes de classement des délinquants des considérations psychométriques traditionnelles, ou plus précisément d'adopter une approche qui met l'accent sur certaines notions et méthodes importantes en psychométrie : la fiabilité, la validité et l'utilité pratique (Cone, 1977).
i) Fiabilité
Les estimations de la fiabilité visent à déterminer à quel point les variations observées clans un phénomène mesuré sont attribuables à des incohérences dans la mesure de ce phénomène (Anastasi, 1982).
La question de la stabilité et de la constance des résultats obtenus se pose lorsque l'on étudie les instruments d'évaluation du risque présenté par les délinquants.
Estimation de la stabilité
Il ressort des données recueillies au fil des ans que les résultats de l'évaluation du risque peuvent être tout à fait instables à court, à moyen et à long terme. Il ne faut toutefois pas en conclure que les variations observées soient attribuables aux lacunes des instruments. Les variations peuvent, en effet, s'expliquer par le fait que les instruments sont influencés par les réactions des délinquants à diverses interventions.
En principe, les instruments d'évaluation du risque devraient être stables à très court terme et pouvoir attester de la diminution du niveau de risque à mesure que la période de surveillance s'allonge.
Cohérence interne
Les estimations de la fiabilité fondées sur le nombre d'éléments et sur la corrélation moyenne des éléments donnent un indice de la cohérence interne d'un instrument d'évaluation du risque (Anastasi, 1982). Les indices de cohérence interne mesurent le degré d'intercorrélation des éléments d'un test.
Par exemple, si tous les éléments d'un instrument d'évaluation du risque sont en parfaite corrélation, ils mesurent tous la même chose. Mais si la corrélation entre eux est faible, ils ne mesurent pas la même chose.
Il importe de noter que les éléments d'un instrument d'évaluation du risque devraient être cohérents dans la mesure où ils correspondent à l'échantillonnage de l'instrument.
Coefficient d'objectivité
Un bon instrument d'évaluation du risque doit être fiable en ce sens qu'il doit permettre à deux évaluateurs d'en arriver à la même conclusion par rapport à un délinquant (Megargee, 1977). La variance entre les évaluateurs ou le coefficient d'objectivité désigne les différences dans l'évaluation attribuables à l'administration et à la notation du test. Le pourcentage de concordance entre les évaluations du niveau de risque témoigne parfois du coefficient d'objectivité d'un instrument.
Le coefficient d'objectivité doit se situer au mains entre 70 et 80 % pour qu'un instrument d'évaluation du risque soit considéré comme adéquat (Kazdin, 1977).
ii) Validité
En examinant les différences entre les instruments psychométriques de classement des délinquants, sur le plan de la validité on est nécessairement amené à s'interroger sur la valeur des résultats obtenus.
Les techniques objectives d'évaluation du risque qui permettent de classer les délinquants peuvent être fiables sans être nécessairement valides. Certains instruments sont fiables en général par rapport à certaines populations, mais ils ne sont valides que pour des fins précises (Glaser et Bond, 1981).
Caractère complet
Les instruments d'évaluation du risque doivent être complets, c'est-à-dire qu'ils doivent permettre de classer la majorité des délinquants d'un milieu correctionnel donné.
Validité de contenu
Les estimations de la validité de contenu indiquent dans quelle mesure un instrument psychométrique a permis d'examiner adéquatement le champ comportemental visé. Pour que le contenu soit valide, il faut que les éléments soient représentatifs et que le test ait été conçu selon une méthodologie adéquate (Nunnally, 1978).
Validité à référence critérielle
La validité a référence critèrielle s'applique à l'estimation du rendement dans certaines situations précises (Anastasi, 1982).
- Elle comprend la validité concourante;
- la correspondance avec les niveaux et les types d'intervention;
- et la validité prédictive.
1) Validité concourante : Les estimations de la validité concourante permettent de mesurer les prédicteurs et les critères à peu près en même temps ou encore d'évaluer la situation actuelle (Ghiselli, Campbell et Zedeck, 1981). La validité prédictive, pour sa part, permet de prévoir les résultats à venir. Ainsi, dans le domaine de la validité concourante, on peut se demander si un délinquant est agressif-psychopathe et non s'il le deviendra plus tard. Des différences significatives dans les données démographiques et comportementales apportent un soutien empirique important au bien-fondé de l'inclusion d'une différenciation selon le niveau et le type dans un système de classement.
2) Correspondance avec les interventions axées sur le niveau et le type : Dans les évaluations du risque présenté par les délinquants, il devrait y avoir un degré acceptable de correspondance entre l'évaluation du niveau et du type de risque et le niveau de sécurité ou d'incarcération prescrit. On peut se servir des taux de classement et de la répartition proportionnelle des niveaux et des types entre les échantillons pour déterminer si le classement des délinquants est adéquat.
3) Validité prédictive : La validité prédictive revêt de l'importance dès que l'on veut se servir d'instruments d'évaluation du risque pour prendre des décisions à l'égard d'un délinquant (Anastasi, 1982). Le placement des délinquants à des niveaux de sécurité ou d'incarcération différents et dans des programmes de traitement différents montre le genre de problèmes opérationnels auxquels les gestionnaires correctionnels sont confrontés couramment. On se sert souvent d'instruments de classement pour prévoir le comportement du délinquant pendant certains programmes (en établissement, en probation ou en liberté conditionnelle) et après ces programmes (à l'expiration de la peine). Ces instruments d'évaluation servent aussi à réduire les erreurs dans la prévision du comportement des délinquants. Les meilleurs instruments d'évaluation du risque sont, idéalement, ceux qui permettent d'obtenir un maximum d'exactitude et d'efficience avec un minimum d'efforts et de coûts.
Validité conceptuelle
La validité conceptuelle désigne l'aptitude d'un instrument à mesurer des facteurs posés comme hypothèses ou l'existence de rapports prévisibles et logiques entre différentes mesures (Cronbach et Meehl, 1955; Brown, 1976; Quay, 1983).
Validité ajoutée
La validité ajoutée d'un instrument psychométrique est déterminée par sa contribution unique à la prévision (Sechrest, 1963). Ainsi, un instrument d'évaluation du risque est jugé valide s'il augmente l'exactitude et l'efficience prédictives.
Validité sociale
Les instruments d'évaluation du risque présenté par les délinquants sont considérés comme ayant une validité sociale (Wolf, 1978) s'ils sont nécessaires aux organismes de justice pénale; s'ils sont acceptés tant par les délinquants que par les autorités correctionnelles; et ils satisfont leurs utilisateurs.
La validité sociale soulève cependant certaines questions dont celles des coûts, de la formation du personnel, de la résistance à l'utilisation des tests en question sur le terrain et de la satisfaction des utilisateurs. Les instruments d'évaluation du risque doivent être rapides et rentables, efficaces sur le plan de la gestion correctionnelle et applicables à d'autres populations.
iii) Utilité pratique
L'utilité des instruments d'évaluation du risque est fonction des avantages et des coûts liés à leur utilisation. Lorsque l'on classe les délinquants par niveau et par type en vue de leur offrir des interventions correspondant à ces niveaux et types, il faut se demander quel est l'instrument qui permet de faire les prévisions les plus valides (positives et négatives) avec le moins d'erreurs graves (faux négatifs). Cette formulation peut se convertir en un indice d'utilité prévue qui correspond à la proportion de vrais positifs et de vrais négatifs moins la proportion de faux négatifs.
Exactitude prédictive
L'indice d'exactitude prédictive correspond au nombre de vrais positifs et de vrais négatifs ou, en d'autres termes, à la proportion de récidivistes et de non-récidivistes correctement identifiés (Reiss, 1951).
Cet indice montre les variables qui permettent d'identifier correctement les délinquants qui récidiveront (vrais positifs) et ceux qui ne récidiveront pas (vrais négatifs).
Vous trouverez sur la page précédente le tableau des statistiques sur l'exactitude prédictive. La relation entre la prévision et l'issue réelle de la récidive a été adaptée de Fischer (1983). De plus, les concepts « Sensibilité » (vrai positif) et « Spécificité » (vrai négatif) peuvent être utilisés comme indices de l'évaluation de la performance (Lerner et al., 1985; Mossman, 1994; Somoza et Mossman, 1990).

Dilemmes éthiques et cliniques
Les instruments objectifs de classement des délinquants utilisent, comme sources d'information, les entrevues, les dossiers sociaux et les tests psychologiques. La plupart des instruments d'évaluation du risque se sont fondés en grande partie, par le passé, sur une seule source d'information à l'exclusion quasi totale des autres.
Les instruments d'autoévaluation, tout particulièrement, sont remis en question. Les délinquants les considèrent comme peu adaptés à leur situation sociale. Ces instruments posent aussi des problèmes d'éthique et de procédure aux autorités correctionnelles, puisque les délinquants se classent eux-mêmes à divers niveaux de sécurité et d'incarcération et dans divers programmes de traitement.
Il y a également des « échelles » qui utilisent essentiellement une seule source de données, soit les antécédents criminels. Cette situation préoccupe les délinquants, car ils ne peuvent pas améliorer leur classement ou réduire le niveau de risque qui leur a été attribué une fois qu'ils ont été condamnés à une peine d'emprisonnement. L'instrument ne permet pas non plus d'évaluer les besoins des délinquants, lesquels constituent un élément essentiel à la prise de décisions en matière de services sociaux.
Il y a, enfin, toute une gamme de « listes de contrôle » qui regroupent les impressions des intervenants sur le comportement du délinquant, d'après les entrevues et les dossiers officiels. Cela ne permet toutefois pas aux délinquants de faire état des circonstances négatives ou positives qui ont entouré leur désignation ou l'étiquette qui leur a été accolée. De plus, les décisions sont prises par une seule personne, ce qui n'est pas un gage d'objectivité
Les entrevues et les dossiers des services sociaux étant des sources acceptables d'information sur les délinquants, il faudrait évaluer le risque à l'aide d'une méthode qui permettrait de faire systématiquement la synthèse des renseignements tirés des entrevues avec les délinquants et leurs codétenus, des dossiers des services sociaux, des tests psychologiques et des opinions d'autres professionnels.
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