Psychologie Médico-Légale Partie 4 : Personnel-de-soutien : Chapitre 15
Chapitre 15
L'évaluation du risque de dangerosité
James R.P. Oglof U.D., docteur, psychologie de recherche Note de bas de page 1
Une même question se trouve au coeur de tout processus d'évaluation du risque : cette personne aura-t-elle un comportement dangereux une fois remise en liberté? Cette question est d'une simplicité trompeuse car. «Qu'est-ce que la dangerosité?» ou « Comment pouvons-nous déterminer si une personne sera dangereuse?» ne sont ni l'une ni l'autre des questions particulièrement simples.
Qu'est-ce que la « dangerosité »?
Sans nous engager dans un débat intellectuel sur ce qui constitue véritablement la dangerosité, notons simplement que le terme «dangerosité» englobe, en l'occurence, à la fois un comportement physiquement violent dirigé envers soi-même ou autrui ainsi que la menace d'un comportement physiquement violent ou intimidant dirigé vers soi-même ou autrui. Cette définition est nécessairement vaste pour inclure toute la gamme des comportements agressifs physiques et verbaux suffisamment sérieux pour justifier une intervention au criminel.
Un grand nombre d'érudits et de praticiens sont d'avis qu'il est impératif, lorsqu'on discute de la prédiction de dangerosité, de stipuler exactement ce qui est prédit. Lorsque nous utilisons le terme « danger », nous voulons vraiment dire que quelqu'un court le risque de subir un préjudice. En revanche, nous avons recours au terme « dangerosité » pour décrire un geste, une situation ou une personne qui fait courir un risque de préjudice à autrui.
Comme nous le soulignerons dans cet article, le simple fait de qualifier un individu de « dangereux » - que cela soit fait par un professionnel de la santé mentale ou par un profane - est beaucoup trop vague pour être d'une utilité quelconque à la Commission nationale des libérations conditionnelles. En effet, très peu de personnes, si tant est qu'il y en ait, sont « dangereuses » pour toutes les autres dans toutes les situations. En conséquence, nous réitérerons constamment à quel point il est important d'évaluer les facteurs particuliers (internes et externes) qui déclenchent un comportement dangereux ou violent.
En outre, il convient de noter que nous mettrons l'accent sur l'évaluation de la dangerosité en particulier, par opposition au risque en général. Vous constaterez qu'une partie du document reprend dans une certaine mesure des renseignements que vous avez entendus ou que vous entendrez au sujet de l'évaluation du risque en général. Le terme « évaluation du risque » est une expression vaste dont on se sert pour identifier la gamme des facteurs qui risquent de compromettre la réinsertion sociale du détenu (p. ex., possibilités d'emploi, réseaux de soutien, propension à commettre d'autres crimes, dangerosité). Il s'ensuit que la dangerosité peut être considérée simplement comme l'un des facteurs qui font qu'un détenu risque de violer les conditions de sa libération conditionnelle.
Compte tenu de ce qui précède, nous tenons à souligner que lorsque l'on tente de prédire le degré de dangerosité d'une personne, il convient de considérer tout renseignement détaillé concernant 1) la nature des actes dangereux qu'une personne peut être encline à poser et, 2) les facteurs ou conditions de risque susceptibles d'amener une personne à agir d'une façon qui constitue un risque pour autrui.
Observations générales et mises en garde concernant la prédiction de la dangerosité
Comme nous venons de l'établir très clairement, la prédiction de la dangerosité est une tâche particulièrement difficile, compliquée et controversée. De façon générale, la recherche empirique révèle que les professionnels de la santé mentale et autres spécialistes ont trop tendance à prédire la violence. Pour cette raison, cinq mises en garde s'imposent avant d'entrer dans le vif du sujet. Une fois énoncées, nous pourrons passer à un bref résumé des études qui ont évalué notre capacité de prédire la dangerosité, et vous fournir une information concrète au sujet des facteurs ou conditions de risque les plus susceptibles de déterminer si une personne adoptera un comportement dangereux porteur de risques pour autrui.
i) Paramètres de la prédiction
Il n'est jamais suffisant de mentionner simplement qu'une personne est dangereuse. Au contraire, il est essentiel de préciser, avec le plus de détails possible, les paramètres dans le cadre desquels une personne peut s'avérer dangereuse, y compris le type de comportement menaçant ou dangereux, ou le type de victime et le délai au cours duquel peut survenir ce comportement dangereux. Ainsi, au lieu de dire :
« Cette personne est dangereuse », nous devrions envisager la prédiction de dangerosité en termes plus probabilistes. Par exemple : Si [les facteurs de risque suivants sont présents], il existe alors une [forte, moyenne ou faible probabilité] que la personne manifeste un certain comportement [préciser] [au cours d'une période donnée], comportement qui fait courir un risque de préjudice [préciser la nature et la gravité] à [certaines victimes en particulier].
ii) Sources d'information
Il importe de considérer la validité des renseignements sur lesquels se fonde une prédiction de dangerosité. Il est préférable de se fonder sur des preuves corroborantes et sur des incidents soigneusement documentés plutôt que de se baser sur des généralisations exprimées par des tiers ou sur les dires de l'intéressé.
D'une part, il est par trop facile de grossir les rapports de violence ou d'épisodes violents. Ainsi, dans le cours de mon travail, j'ai consulté le dossier d'un détenu souffrant de troubles mentaux jugé inapte à subir son procès après avoir été accusé d' « agression perpétrée avec une arme ». Évidemment, une telle accusation évoque des actes haineux de toutes sortes. Cependant, après m'être enquis du détail de l'affaire, j'ai appris que l'homme avait lancé un couteau à beurre dans la direction d'un prestaraire de soins à domicile. Certes, ce comportement peut toujours être qualifié de violent ou de dangereux, mais sur le plan qualitatif, ce n'est pas la même chose que d'attaquer quelqu'un avec un fusil ou un couteau de chasse.
À l'inverse, on risque d'écarter beaucoup trop facilement des incidents dangereux qui ne seraient pas suffisamment étoffés. C'est ce qui s'est produit dans le cas d'un patient dont le dossier comportait une simple note selon laquelle ce dernier avait poussé un membre du personnel contre un autre, les deux personnes en question s'étant «fait mal». Après enquête, j'ai appris que le patient avait attaqué violemment et jeté un membre du personnel contre un autre, avec le résultat que les deux employés avaient été blessés assez gravement pour justifier le versement de prestations par la Commission d'indemnisation des accidents de travail. Cet incident aurait pu facilement être négligé parce qu'il n'avait pas été soigneusement rapporté.
Il est toujours risqué de se fier uniquement aux dires du détenu concernant son comportement antérieur parce qu'il existe un grand nombre des raisons qui peuvent l'amener à fausser la nature ou l'ampleur de son comportement. En conséquence, il est important de considérer des preuves qui pourront confirmer ou infirmer toute information obtenue de l'intéressé (voir Mulvey et Lidz 1993). Une telle façon de procéder permet de s'assurer que l'évaluateur n'est pas manipulé par un détenu (Rogers, 1988).
iii) Mythes entourant la prédiction de la dangerosité : les corrélations illusoires
De nombreux mythes entourent la prédiction de la dangerosité. La plupart sont fondés sur ce que nous appelons les corrélations illusoires, c'est-à-dire, les rapports qui, croyons-nous, existent entre la dangerosité et certains facteurs de risque potentiels, alors qu'aucun rapport de ce genre n'a été confirmé par des recherches. Par exemple, il est commun de croire que les personnes souffrant de maladie mentale sont plus susceptibles d'être violentes et dangereuses que d'autres. Cependant, il n'y a guère de preuves de l'existence d'un rapport aussi solide entre maladie mentale et violence.
Les corrélations illusoires se produisent lorsqu'on obtient des renseignements de suivi de façon non systématique. En effet, nous avons tendance à nous rappeler les situations ou les événements au sujet desquels nous avons eu raison (p. ex., nous savions d'entrée de jeu qu'une certaine personne était dangereuse et récidiverait) plutôt que les cas où nos soupçons n'étaient pas fondés (p. ex., lorsqu'une personne que nous jugions dangereuse ne récidive pas et ne retourne pas en prison). Il est important que les membres de la Commission nationale des libérations conditionnelles sachent qu'ils ne devraient pas se fier SUT les rapports qu'ils peuvent juger valables - d'après leur propre expérience - entre les facteurs du risque et la dangerosité sans avoir de preuve empirique que ce rapport existe réellement.
Au lieu de passer en revue les mythes de prédiction qui existent, nous aborderons plutôt ultérieurement dans notre article les facteurs dont on a jugé qu'ils avaient un lien valable avec la dangerosité.
iv) Faible taux de base relativement à la violence et à la dangerosité
Même si c'est parfois difficile à croire, le taux de comportement violent dans la société est extrêmement faible. Même parmi la population carcérale, ce taux est fort bas. Par exemple, la prévalence de récidivisme violent parmi les détenus en libération conditionnelle varie entre 10 et un peu plus de 50 %, selon la source d'information et l'échantillon. Le fait que les taux de base relatifs à la violence et à la récidive violente sont très faibles contribue à la difficulté de prédire quels délinquants seront dangereux une fois mis en liberté conditionnelle.
En effet, plus un comportement est fréquent en société, plus il est facile de prédire ce comportement. Prenons l'exemple de la consommation de café. Étant donné qu'un grand nombre de gens boivent du café, si l'on vous demande de prédire si telle ou telle personne en boit, et que vous répondez « oui », la probabilité que vous ayez raison est très élevée. Cependant, si un comportement est plus rare, la probabilité de pouvoir prédire correctement qu'il se manifestera est faible. Ainsi, le taux d'homicide au Canada s'élève approximativement à 2 par 100 000 habitants; par conséquent, il est extrêmement difficile, voire impossible, de prédire qui sera assassiné et qui commettra un meurtre.
La Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition tient compte de cette information sur le taux de base. Par exemple, les dispositions concernant la procédure d'examen expéditif (art. 125-126) s'appliquent aux délinquants affichant un faible taux de base de violence avant leur incarcération (p. ex., un délinquant primaire sous juridiction fédérale ayant commis une infraction dénuée de violence), alors que les dispositions sur le maintien à l'incarcération (art. 129-132) s'appliquent à des délinquants ayant un taux de base de violence plus élevé (p. ex., les délinquants qui purgent une peine pour crime violent ou pour une infraction grave en matière de drogue).
v) Différences culturelles
Les différences culturelles entre les auteurs des prédictions de dangerosité et les détenus eux-mêmes peuvent provoquer des erreurs lorsque l'on cherche à déterminer qui est vraiment dangereux. Par exemple, une personne blanche, de classe moyenne, qui s'exprime très bien pourra réagir à une situation stressante de façon fort différente d'une autre qui a de la difficulté à s'exprimer en français (ou en anglais) et qui n'est pas très à l'aise dans son milieu.
Comment pouvons-nous prédire ou établir une différence entre les détenus qui récidiveront de façon générale et ceux qui récidiveront avec violence?
En théorie, il n'existe pas de moyen efficace fondé sur l'expérience qui permette de déterminer avec certitude qui récidivera ou non de façon violente. Cela est particulièrement vrai des prédictions à long terme. Néanmoins, la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition exige que les membres de la Commission nationale des libérations conditionnelles se livrent à de telles déterminations. Dans la partie qui suit, je recenserai certaines des recherches qui ont porté sur la prédiction de dangerosité.
i) Études sur la prédiction de dangerosité
Dans les années 1960, les chercheurs ont commencé à se demander dans quelle mesure les professionnels de la santé mentale pouvaient prédire avec exactitude la dangerosité. Ces recherches de « première génération » portaient sur la capacité des professionnels de la santé mentale de prédire avec exactitude si les patients psychiatriques du système judiciaire, les autres patients psychiatriques ou les détenus étaient susceptibles de manifester un comportement dangereux une fois mis en liberté. Dans une critique bien connue de la documentation disponible, le professeur John Monahan a conclu que les psychiatres et les psychologues sont incapables plus d'une fois sur trois de prédire avec exactitude l'apparition de comportements violents parmi les membres de la population en établissement sur une période de plusieurs années (Monahan, 1981, p. 47,49).
Cette conclusion accablante du professeur Monahan a engendré une « deuxième génération » de recherches caractérisées par une approche plus systématique (p. ex., le recours à des paramètres de violence mieux définis), l'utilisation plus rigoureuse de variables prédictives, une attention accrue aux prédictions de dangerosité à court terme. Nous allons passer en revue brièvement les résultats de ces études de la « deuxième génération ». Nous invitons les lecteurs à consulter la bibliographie s'ils désirent une liste d'examens plus poussés de la documentation empirique sur la prédiction de dangerosité.
Lorsque les professionnels de la santé mentale (et d'autres) font des prédictions de dangerosité, ils le font en se basant soit sur un jugement clinique, soit sur certains instruments actuariels. On appelle « prédictions cliniques », les prédictions basées sur le jugement clinique et « prédictions actuarielles », celles fondées sur des instruments qui évaluent les variables prédictives. Dans les ouvrages spécialisés, on s'est penché sur l'utilité relative de ces deux approches pour la prédiction de la dangerosité. Nous passons en revue ci-dessous les recherches menées sur ces deux approches.
Prédiction clinique de la dangerosité
Plusieurs études ont cherché à déterminer dans quelle mesure les professionnels de la santé mentale peuvent classer avec exactitude les patients ou les détenus dangereux et non dangereux. Comme le détail de chaque étude n'est pas particulièrement important pour notre propos, nous vous présentons à la page suivante, sous forme de tableau, Note de bas de page 2 les taux de classification justes de ces études. Comme les chiffres le montrent, les études de la « deuxième génération » révèlent que les professionnels de la santé mentale sont en mesure de mieux prévoir la dangerosité que s'ils s'adonnaient uniquement à des prédictions fortuites. Cela dit, les taux élevés de faux positifs et de faux négatifs demeurent troublants.
Prédiction actuarielle de la dangerosité
Contrairement aux études portant sur la prédiction clinique, la prédiction actuarielle de la dangerosité implique l'identification de variables prédictives susceptibles d'être utiles pour déterminer qui sera dangereux ou non une fois mis en liberté ou libéré. Encore une fois, nous résumons les résultats de ces études sous forme de tableau. Note de bas de page 3
Étude | Taux de base | Classification correcte | Vrais positifs | Vrais négatifs | Faux positifs | Faux négatif |
---|---|---|---|---|---|---|
Rofman, Askinazi & Fant (1980) | 27% | 72% | 83% | 61% | 39% | 17% |
Sepejak, Menzies, Webster & Jensen (1983) | 46% | 60% | 61% | 58% | 42% | 39% |
Convit, jaeger, Lin, Meisner & Volvaka (1988a) | 61% | 69% | 74% | 60% | 40% | 26% |
Convit, jaeger, Lin, Meisner & Volvaka (1988b) | 24% | 66% | 58% | 84% | 32% | 42% |
Janofsky, Spears & Neubauer (1988) | 15% | 85% | 14% | 98% | 3% | 59% |
Étude | Taux de base | Classification correcte | Vrais positifs | Vrais négatifs | Faux positifs | Faux négatif |
---|---|---|---|---|---|---|
Klassen & O'Connor (1988a) | 32% | 88% | 83% | 10% | 10% | 17% |
Klassen & O'Connor (1988b) | 28% | 93% | 91% | 7% | 7% | 9% |
Klassen & O'Connor (1990) | 25% | 76% | 49% | 15% | 15% | 51% |
D'après les recherches, les prédictions actuarielles de la dangerosité sont généralement plus exactes (c'est-à-dire comprennent moins de faux positifs et de faux négatifs) que les prédictions cliniques (voir Hall, 1988, pour un examen). En conséquence, il est conseillé de faire preuve de la plus grande prudence avant d'accepter toute évaluation clinique relative au potentiel de dangerosité d'une personne.
Nous allons maintenant effectuer un bref survol de certains des instruments dont on se sert à l'heure actuelle dans la prédiction de la dangerosité.
ii) Instruments de prédiction de la dangerosité
Depuis que les chercheurs et les cliniciens ont commencé à vouloir déterminer systématiquement si une personne sera dangereuse à un moment donné, on a tenté de mettre au point des instruments pour les aider dans cette tâche. Malheureusement, la plupart des instruments conçus jusqu'à maintenant ne sont guère prometteurs.
Force nous est de mentionner explicitement ici que les tests de la personnalité généraux, comme l'inventaire de la personnalité multiphasique du Minnesota (et le MMPI-2) et l'inventaire psychologique de la Californie, ainsi que les mesures subjectives comme le test de psychodiagnostic de Rorschach, ne se sont guère avérés utiles pour prédire la dangerosité.
iii) Mesures utilisées pour prédire la récidive violente
Échelle d'information statistique sur la récidive (Échelle d'ISR)
En tant que prédicteur de récidive violente, l'échelle d'ISR comporte deux limites importantes. Premièrement, elle a été conçue pour prédire la récidive en général, et non la récidive violente. En effet, comme le reconnaît elle-même Nuffield, l'échelle d'ISR n'est pas un prédicteur de violence et deuxièmement, elle n'a pas permis de prédire la récidive chez les femmes ni chez les Autochtones. Par conséquent, il convient de faire preuve de prudence lorsqu'on l'applique à d'autres sous-groupes identifiables.
La Psychopathy Checklist (PCL) - Liste de vérification de psychopathie et la Psychopathy Checklist – Revised (PCL-R) - Liste de vérification de psychopathie révisée
À compter du début des années 1980, le Dr Robert Hare, plusieurs de ses collègues et de multiples autres chercheurs ont effectué des études sur la relation entre la psychopathie et le comportement criminel et carcéral, l'efficacité du traitement et la récidive (voir Hare et Hart, 1993, pour examen). Les docteurs Hart, Kropp et Hare (1988) ont administré la PCL à 231 détenus de sexe masculin avant leur mise en liberté sous condition. Comme le montrent les chiffres de l'annexe A, la PCL a permis de prédire de façon assez fiable ce qui allait se passer à long terme. Ces résultats ont été confirmés par d'autres (p. ex., Harris, Rice et Cormier, 1991; Serin, 1991; Serin, Peters et Barbaree, 1990).
Si l'on prend l'une de ces études comme exemple, on note une chose intéressante. Même si la PCL s'est révélée plus exacte que toute autre mesure pour prédire la récidive violente, le taux d'exactitude demeurait 78 % pour les psychopathes affichant un taux élevé de récidive (77 %), soit près de quatre fois supérieur au taux de récidive des autres détenus mis en liberté sous condition (21 %).
Dans une étude récente, le Dr. Ralph Serin a comparé plusieurs instruments pour prédire la récidive (p. ex., l'échelle des facteurs saillants utilisée aux États-Unis pour les décisions concernant les libérations conditionnelles, l'échelle d'ISR ou la PCL). Tous ces instruments de mesure ont prédit la récidive générale bien au-delà du simple hasard; cependant, la PCL est la seule qui ait réussi à prédire la récidive violente.
iv) Les limites des mesures utilisées pour prédire la récidive violente
Indépendamment de l'efficacité de n'importe quel instrument de prédiction, aucun instrument ne parviendra jamais à déterminer si une personne en particulier récidivera. La raison en est fort simple. Les instruments de prédiction de la récidive dépendent de la capacité de certains facteurs de prédire qui récidivera ou non parmi un échantillon de délinquants. Comme tout autre échantillon, il comporte de nombreuses différences d'une personne à l'autre. Certains délinquants qui ne correspondent pas aux critères du profil « à risque élevé » récidiveront, alors que certains de ceux qui correspondent à ce profil ne récidiveront pas. Par conséquent, il est toujours important que les responsables considèrent chaque cas séparément, en toute objectivité, avant de prendre une décision quant à la possibilité que le délinquant récidive avec violence.
Dans la dernière partie de notre article, nous entendons relever et discuter brièvement les facteurs qui se sont avérés d'une certaine efficacité pour aider à prédire le comportement dangereux.
v) Variables prédictives/facteurs de comportement dangereux
Comme le montre l'information examinée jusqu'ici, il convient de garder à l'esprit un certain nombre de mises en garde importantes lorsqu'on tente de prédire la dangerosité. Cet exercice de prédiction est plein d'écueils, surtout en raison du faible taux de base de dangerosité et de violence parmi la population en général et parmi les détenus libérés de prison. En outre, les approches tant cliniques qu'actuarielles de la prédiction de dangerosité se sont avérés moins qu'idéales du fait qu'elles débouchent souvent sur des niveaux inacceptables de faux positifs et de faux négatifs. Enfin, même l'efficacité de la plus prometteuse des mesures de prédiction, comme la PCL, est limitée par des faux positifs et des faux négatifs.
De façon générale, les instruments actuariels se sont révélés beaucoup plus précis que les jugements cliniques à eux seul pour la prédiction de la récidive. Cependant, comme Serin et Barbaree (1993) le signalent, « compte tenu du fort pourcentage de délinquants violents dans le système correctionnel fédéral, si l'on se fonde simplement sur les antécédents de violence pour porter un jugement sur la violence future, on obtiendra un nombre élevé de faux positifs, et par conséquent, un taux d'erreur inacceptable » (p. 22).
En effet, même si la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition exige précisément des membres de la Commission nationale des libérations conditionnelles qu'ils décident si « le délinquant commettra une infraction accompagnée de violence s'il est remis en liberté » [Procédure d'examen expéditif, art. 126(2)], Note de bas de page 4 )], les instruments et les mesures mis au point jusqu'à maintenant prédisent simplement qui réussira ou échouera l'épreuve de la libération conditionnelle de façon générale, et non pas qui échouera par suite de la perpétration d'un autre crime violent.
Ce triste état de choses pourrait inciter le plus vaillant chercheur à décréter : « mission impossible! ». Cependant, la législation et la réalité pratique exigent que les tribunaux, les commissions de libération conditionnelle et les commissions d'examen prennent des décisions qui dépendent souvent de la conviction du décisionnaire que la personne en question sera dangereuse ou non pour autrui quand elle sera remise en liberté, si elle l'est. Dans son rapport provisoire d'avril 1993, le Groupe de travail du Solliciteur général sur les délinquants à risque concluait ce qui suit :
Même si la prédiction du futur comportement violent ou sexuel n'est pas parfaite, on en sait maintenant suffisamment au sujet de la relation entre les caractéristiques du délinquant et la récidive pour effectuer une évaluation valable du risque. L'évaluation du risque est le plus juste lorsqu'elle est guidée par des modèles actuariels qui prédisent la possibilité de récidive à partir des antécédents criminels du délinquant et des caractéristiques actuelles, alliés à d'autres mesures du risque (p. 14).
Par conséquent, dans la partie sans doute la plus importante de cet article, nous allons délimiter certaines des variables susceptibles d'être utiles pour déterminer si une personne en particulier sera « dangereuse » à un certain moment et dans certaines circonstances. Même si certains facteurs examinés font double emploi avec des éléments de l'échelle d'ISR et de la PCL, un examen spécifique des facteurs recensés ci-dessous devrait aider les membres de la Commission nationale des libérations conditionnelles à déterminer la possibilité qu'un délinquant récidive avec violence s'il est mis en liberté.
vi) Le HCR-20
Certaines des recherches mentionnées et commentées dans cet article ont en fait servi un objectif très important, à savoir identifier diverses variables dont on a constaté qu'elles contribuaient à prédire de façon fiable un comportement dangereux chez certaines personnes, dans certaines circonstances. Dans le cadre d'un projet continu, le professeur Christopher Webster élabore un schème pour l'évaluation de la dangerosité et du risque (Webster et Eaves, 1993). Ce schème, appelé le HCR-20, est présenté à l'annexe B.
Le sigle HCR représente les variables « historiques », « cliniques » et de « risque » qui peuvent aider à évaluer la dangerosité et la violence. Les prédicteurs historiques englobent les variables « fixes » ou « statiques ».
Autrement dit, ce sont des variables fondées sur le passé, les antécédents et la façon de fonctionner du détenu. Quant aux variables cliniques, elles tiennent compte de facteurs actuels et sont basées sur une évaluation à jour des données cliniques pertinentes fournies par les professionnels de la santé physique et de la santé mentale. Enfin, les variables de risque sont conçues pour aider les décisionnaires à déterminer dans quelle mesure une personne peut gérer un risque dans divers contextes, après sa mise en liberté. Le HCR 20 combine donc des facteurs actuariels, cliniques et de gestion du risque.
Nous tenons à souligner que la valeur du HCR, à ce stade précoce, ne tient pas à sa fiabilité, puisqu'il n'a pas été testé, mais plutôt à la rigueur de sa construction intellectuelle et conceptuelle. Le HCR repose sur les principes d'abord embrassés par Monahan (1981), principes qui ont vraiment été le moteur de la plupart des travaux sur la prédiction de la dangerosité depuis dix ans.
C'est ainsi que le HCR-20 combine les facteurs actuariels, cliniques et de gestion du risque qui colorent les considérations passées, présentes et futures à l'égard de l'individu évalué. Par conséquent, si nous présentons les éléments du HCR-20, c'est davantage en raison de leur attrait conceptuel et de leur résonance dans la recherche empirique plutôt qu'à cause de la fiabilité éprouvée du schème dans son ensemble.
Chacune des trois phases du HCR-20 et les variables qui la composent feront l'objet d'un bref examen. Pour une description détaillée du HCR-20, consulter Webster et Eaves (1993).
Étape I : Prédicteurs historiques/statiques/actuariels
(1) Violence antérieure
Le fait le plus connu concernant la prédiction de la violence est simplement que l'un des meilleurs prédicteurs est un passé de comportement violent (Monahan, 1981, Webster et Eaves, 1993). Malheureusement, étant donné le pourcentage important des détenus sous responsabilité fédérale qui affichent un passé d'infractions violentes ou de comportements violents, ce fait n'est pas particulièrement utile aux membres de la Commission nationale des libérations conditionnelles. Néanmoins, la probabilité qu'une personne adopte un comportement violent à l'avenir augmente en fonction du nombre d'incidents antérieurs où la personne a usé de violence. 11 s'ensuit que plus on a de preuves d'antécédents de comportement violent, plus la probabilité que le détenu adopte de nouveau un comportement violent et contrevienne aux conditions de sa libération conditionnelle est élevée.
(2) L'âge
L'âge intervient dans la prédiction de la violence de deux façons générales. Premièrement, il semble y avoir une relation inverse entre l'âge et la violence future. Autrement dit, plus le délinquant est jeune, plus on court le risque que le délinquant adopte un comportement violent à l'avenir.
Deuxièmement, plus le délinquant était jeune lorsqu'il a eu recours pour la première fois à la violence, plus il est susceptible d'être — et de continuer à être — un délinquant violent. Bien sûr, le problème lorsque l'on considère l'âge comme prédicteur de violence future est que la plupart des délinquants sont plutôt jeunes. En conséquence, il convient de porter une attention particulière aux antécédents du délinquant en matière de comportement violent. De façon générale, des incidents répétés mettant en cause des actes très violents sont un indice plus sérieux de violence future qu'un comportement occasionnel.
(3) Mode de vie stable
Les délinquants qui ont bénéficié d'un emploi stable, de liens familiaux et d'un appui social risquent moins que les autres de contrevenir à leur libération conditionnelle. Toutefois, il n'est pas aussi manifeste qu'un mode vie stable ait un lien direct avec un risque plus faible de comportement violent.
(4) Consommation d'alcool ou de drogue
Il existe un rapport général entre la toxicomanie et le comportement violent. En cherchant à prédire les risques de comportement dangereux ou violent, il importe particulièrement de tenir compte de l'influence de l'alcool ou de la drogue dans les antécédents de violence du délinquant. La violence en soi est déjà difficile à contrôler. On n'a pas de mal à imaginer à quel point il est difficile pour un délinquant de maîtriser à la fois ses tendances violentes et sa toxicomanie.
(5) Troubles mentaux
Nous n'avons pas le temps de reprendre ici le long débat sur la question de savoir si — et dans quelle mesure — la présence de troubles mentaux est une variable prédictive de violence. Pour notre propos, il importe de noter que ces dernières années les recherches semblent révéler que les troubles mentaux peuvent être une variable prédictive d'un risque accru de violence.
Cela dit, il est tout aussi important de souligner que si les troubles de la personnalité en général et la psychopathie en particulier semblent liés à une augmentation du risque de violence, d'autres troubles mentaux (comme la schizophrénie) peuvent en fait avoir un rapport inverse avec la violence. Qu'il suffise de dire que la plupart des personnes souffrant de troubles mentaux ne présentent pas de risque de comportement violent et qu'il n'existe, au mieux, qu'un lien très ténu entre les troubles mentaux et la violence. Lorsqu'on essaie de déterminer si une personne souffrant de troubles mentaux risque d'être violente à l'avenir, il convient de considérer tout rapport antérieur entre la violence et la maladie mentale, ainsi que les ressources sociales qui existent en prévision d'un placement dans la collectivité.
(6) Psychopathie
Comme nous l'avons déjà noté, la PCL semble assez prometteuse pour ce qui est de prédire quelles personnes risquent de manifester un comportement violent au cours de leur libération conditionnelle. Cela n'est pas particulièrement étonnant, étant donné qu'un grand nombre des éléments de la PCL font double emploi avec les facteurs dont nous savons qu'ils sont liés à un risque accru de comportement dangereux. Néanmoins, les personnes qui ont un résultat « élevé » en regard de la psychopathie, telle que définie par la PCL, présentent un risque considérable de récidive violente.
(7) Inadaptation scolaire
Deux facteurs relatifs à l'adaptation de la personne à l'école élémentaire ont un lien avec un risque accru de comportement violent : les aptitudes scolaires et la réussite scolaire, et la conduite en classe et l'adaptation générale à l'école. Il est difficile d'évaluer avec exactitude ces facteurs, particulièrement à l'école primaire. Néanmoins, on a constaté que l'on pouvait établir un lien étroit entre ces facteurs et les infractions violentes à la libération conditionnelle.
(8) Troubles de la personnalité
Comme on l'a déjà noté, on a constaté que les troubles de la personnalité représentaient un risque accru de comportement violent. Cela est particulièrement vrai pour les troubles antisociaux de la personnalité (psychopathie) et les troubles de la personnalité marginale.
(9) Échec préalable de la mise en liberté
Étant donné que le meilleur prédicteur de comportement violent est un passé de comportement violent, il ne faut pas se surprendre que l'échec préalable d'une mise en liberté sous condition — particulièrement un échec dû à la violence — soit un prédicteur fiable de l'échec d'une future mise en liberté sous condition.
(10) Séparation d'avec les parents
Facteur associé à un mode de vie instable et à l'inadaptation scolaire, la séparation d'avec les parents avant l'âge de 16 ans s'est avérée un risque accru de comportement violent futur chez les délinquants. Cette observation s'applique uniquement dans les cas où la personne a été séparée de ses parents pour des raisons autres que le décès.
Étape 2 : Variables cliniques/actuelles
(11) Compréhension de soi
Dans le HCR-20, Webster et Eaves (1993) lient ce facteur à la compréhension qu'a une personne de ses troubles mentaux. En l'occurrence, ce facteur a trait, de façon générale, à l'acceptation de sa responsabilité ou de son comportement criminel et de la gravité de celui-ci par le délinquant. En conséquence, il importe que le délinquant n'essaie pas d'excuser son comportement criminel en rejetant le blâme sur la société, le système de justice pénale ou d'autres causes extérieures à son comportement.
(12) Attitude
Il convient de déterminer si l'attitude du délinquant est prosociale ou antisociale sous tous ses rapports. Il faut voir si le délinquant est hostile, impulsif, réservé, illogique, irresponsable, agressif, etc. Puisque notre souci premier est le risque de comportement violent, il importe de prendre en considération l'attitude du délinquant à l'égard d'un comportement violent antérieur. Le délinquant est-il désolé, plein de regrets? ou encore, minimise-t-il ou nie-t-il la gravité et la qualité de ses actes?
(13) Symptômes
Contrairement à Webster et Eaves (1993), qui s'attachent surtout à la symptomatologie psychiatrique, nous nous préoccupons ici des «symptômes» d'idéation ou de comportement inhabituellement violent ou agressif. Le délinquant a-t-il posé des gestes particulièrement haineux? Le délinquant a-t-il des fantasmes de violence? La violence du délinquant a-telle un rapport quelconque avec des déficiences cognitives ou perceptuelles?
(14) Stabilité émotionnelle
L'instabilité émotionnelle semble être un facteur de risque clinique de violence. En conséquence, il est important d'évaluer dans quelle mesure le délinquant est émotionnellement stable ou sécurisé. En outre, étant donné qu'il est critique de rattacher les facteurs de risque aux antécédents violents du délinquant, il faut absolument voir si un mode d'instabilité émotionnelle est associé au comportement violent antérieur du délinquant.
(15) Traitabilité
Ce facteur a trait au degré de réceptivité du délinquant face aux efforts passés et présents pour l'aider à se réadapter. Il convient d'examiner soigneusement la capacité du délinquant de tirer parti des programmes correctionnels pour surmonter les problèmes causés par ces divers facteurs de risque (p. ex., abus d'intoxicants ou attitudes), vu peur importance.
Phase 3 : Facteurs de risque - Facteurs futurs
(16) Applicabilité du plan
Si un délinquant a déjà manifesté un comportement violent et que rien n'a changé dans sa vie, il n'y a pas de raisons de croire qu'il n'adoptera pas un comportement analogue à l'avenir. Il faut donc porter une attention toute particulière au plan d'élargissement du délinquant. Ce plan est-il sûr, réaliste et bien adapté aux besoins particuliers du délinquant (p. ex., toxicomanie, instabilité émotionnelle, etc.)? En l'absence d'une planification sérieuse destinée à réduire les facteurs de risque et à renforcer les réseaux de soutien, le plan d'élargissement du délinquant peut s'avérer insuffisant pour réduire la possibilité d'un échec de la libération conditionnelle.
(17) Accès
Il découle de l'information susmentionnée que le risque que présente le délinquant d'avoir un comportement violent une fois mis en liberté augmentera dans la mesure où il aura accès à des personnes ou à des substances qui lui feront courir le risque de tomber dans la violence. Le délinquant aura-t-il accès à des victimes possibles? A des armes? A des complices? Le délinquant risque-t-il de sombrer de nouveau dans la toxicomanie? A-t-il un plan en vue de contrôler son problème de toxicomanie?
(18) Soutien
Il est extrêmement important que le délinquant puisse compter sur un réseau de soutien qui réduira le risque qu'il court d'être violent. Ce réseau peut se composer, entre autres, d'un partenaire, de la famille et d'amis respectueux des lois. En outre, il faut aussi que le délinquant ait accès au soutien professionnel dont il a besoin pour survivre (p. ex., groupes d'entraide, services psychologiques, counseling en matière d'emploi).
(19) Observance
Toute la planification et tous les réseaux de soutien au monde seront inutiles si le délinquant ne tire pas parti du soutien ou des aides qui sont à sa disposition. Comment peut-on savoir si un délinquant respectera son plan d'élargissement? Il est pratiquement aussi difficile de répondre à cette question qu'à celle de savoir si le détenu aura un comportement violent. Le détenu semble-t-il accepter sincèrement les mesures qui ont été prévues? Le détenu a-t-il fait des efforts pour modifier son comportement? S'est-il prévalu des programmes offerts pendant son incarcération? Le plan d'élargissement du détenu est-il destiné à échouer (p. ex., Est-il irréaliste? Le détenu risque-t-il de rencontrer des facteurs susceptibles de déclencher la violence?)
(20) Stress
Les facteurs de stress augmentent le risque qu'une personne déjà violente ait un comportement violent. Alors qu'il est relativement facile de prédire certains facteurs de stress (p. ex., emploi, disponibilité des services requis), d'autres sont difficiles ou impossibles à prédire (p. ex., le décès d'une personne qui offrait un soutien). Néanmoins, un examen intensif du rapport entre le stress et la violence, de même qu'une prise en compte des facteurs de stress possibles dans la vie du délinquant sont utiles pour mieux cerner le risque que court un délinquant d'être violent au cours de sa libération conditionnelle.
Notation
L'information tirée du HCR-20 n'est pas fournie à titre d'instrument psychométrique, mais bien à titre de guide relatif aux facteurs qu'on a jugés être des prédicteurs fiables de la dangerosité et de la violence. Par conséquent, au lieu d'essayer de calculer une note globale, on devrait considérer dans quelle mesure les facteurs décrits s'appliquent à un détenu en particulier. Dans ce contexte, il faut bien comprendre que tous les éléments n'ont pas une importance égale pour chaque détenu. Par exemple, la mésadaptation scolaire ou le fait que les parents du détenu soient séparés ne sont peut-être pas des renseignements particulièrement utiles dans certains cas. Dans d'autres, cependant, ces renseignements peuvent permettre de comprendre la structure globale des problèmes émotionnels et comportementaux du détenu.
Résumé
i) Observations générales et définition de la dangerosité
- La prédiction de la dangerosité est une tâche ardue.
- Le terme «danger» signifie qu'une personne risque de subir un préjudice. La «dangerosité» s'applique à un geste, à une situation ou à une personne qui ait courir un risque de préjudice à autrui.
- La prédiction de la dangerosité exige l'examen de renseignements détaillés concernant la nature des actes dangereux qu'une personne peut être encline à poser et les conditions ou facteurs susceptibles d'amener une personne à agir d'une façon dangereuse pour autrui.
ii) Mises en garde concernant la prédiction de la dangerosité
Au lieu de mentionner qu'une personne est ou n'est pas dangereuse, il est essentiel de préciser, avec le plus de détails possible, des paramètres dans le cadre desquels un individu peut être dangereux, en incluant le genre de comportement dangereux ou menaçant, le type de victime, le délai dans lequel peut survenir un comportement dangereux, etc.
- Il importe de considérer la validité des renseignements sur lesquels se fonde une prédiction de la dangerosité.
- Étant donné que de nombreux mythes entourent la prédiction de la dangerosité, il faut se garder de se fier à des liens qui existeraient entre les facteurs de risque et la dangerosité sans disposer de preuves empiriques solides qu'un tel rapport existe vraiment.
- Les taux de base des échecs de libération conditionnelle pour cause de violence sont des éléments très importants à considérer pour la prédiction de la dangerosité. Plus le taux de base de comportement violent est faible, plus il est difficile de prédire la dangerosité.
- Les différences culturelles entre les auteurs de prédictions de la dangerosité et les détenus eux-mêmes peuvent provoquer des erreurs lorsqu'il s'agit de déterminer qui est vraiment dangereux. De même, certaines mesures ou instruments conçus pour prédire la récidive ne sont pas valables pour certains groupes minoritaires.
iii) Mesures utilisées pour prédire la récidive violente
Aucun instrument psychométrique mis au point jusqu'ici ne peut permettre de prédire avec exactitude et fiabilité la récidive violente ou l'échec de la libération conditionnelle. Cependant, la PCL est prometteuse à cet égard.
iv) Variables prédictives/facteurs de comportement dangereux
- Pour que les prédictions de comportement dangereux soient aussi exactes que possible, il convient de porter une attention particulière à plusieurs facteurs historiques, cliniques et de gestion du risque.
- Dans le cadre de l'examen des facteurs liés au comportement dangereux, il faut considérer attentivement l'importance d'un facteur donné eu égard au comportement violent d'un détenu en particulier et déterminer dans quelle mesure on a réussi à réduire ce facteur de risque.
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