Psychologie Médico-Légale Partie 5 : Personnel-de-soutien : Chapitre 16

Personnel de soutien

Chapitre 16

Stress dû à un incident critique et sa gestion dans les établissements correctionnels

Lois Rosine, docteure en psychologie cliniqueFootnote 1

Objectifs

Introduction

Les établissements correctionnels forment un milieu de travail où il n'est pas rare d'être exposé à des incidents traumatisants (Rosine, 1992a). Le personnel devient souvent insensible aux aspects traumatiques de son milieu de travail et tend à le percevoir comme normal. Cette attitude repose en outre sur l'image de machisme véhiculée par la culture propre au milieu correctionnel, selon laquelle le personnel tente de paraître insensible aux incidents désagréables ou effrayants (Rosine, 1992b). Malheureusement, et contrairement à cette croyance, les situations traumatiques liées au travail risquent de dépasser la capacité normale d'adaptation des employés, ce qui peut entraîner des réactions au stress dû à un incident critique (Mitchell & Resnik, 1981) et, dans certains cas, un état de stress post-traumatique (ESPT) Footnote 2 (Cornei1,1993, Rosine, 1992b).

Principes généraux

Un incident critique est une situation traumatisante qui survient dans le milieu et qui menace l'intégrité et la sécurité de l'individu. L'exposition à des incidents traumatisants liés au travail est fréquente au sein du Service correctionnel du Canada (SCC). Footnote 3 Il est établi que, même si l'exposition à des incidents critiques fait partie intégrante du travail en milieu carcéral, ces incidents débordent le champ habituel de l'expérience humaine.

Les écrits sur le stress subi par les employés ont récemment commencé à identifier l'apparition de symptômes d'ESPT au sein d'un certain nombre de groupes professionnels qui, par la nature même de leur travail, sont exposés à des incidents traumatisants. Parmi ces groupes, se trouvent les policiers (Loo 1986; Martin, McKean & Veltkamp), les sapeurs-pompiers (Comeil, 1993; Durham, McCammon & Allison, 1985), le personnel médical, le personnel intervenant sur les lieux d'un désastre (Raphael, 1984), les agents de correction Footnote 4 (Rosine, 1992b), les intervenants auprès des victimes de viol et autres cliniciens (McCann & Pearlman, 1990; Talbot, 1990). Le traumatisme peut survenir lors de l'exposition même au traumatisme ou, indirectement Footnote 5 lors de l'exposition à ses retombées et à ses victimes (McCann & Pearlman, 1990).

Les coûts associés au stress traumatique sont imposants, tant sur le plan humain que sur le plan économique. Ils englobent une hausse de l'absentéisme, des démissions, le recours accru aux services médicaux, la détérioration de l'état de santé, des échecs matrimoniaux et le suicide (Davidson, 1979; Mitchell, 1984, 1987; Mitchell & Bray, 1990; Veronen &_ Kilpatrick, 1980). La littérature produite sur l'aspect clinique du stress post-traumatique a souligné l'importance de la prévention au moyen de l'éducation et d'une intervention immédiate après un incident (Mitchell &_ Bray, 1990; Spitzer & Burke, 1993; Van den Bergh, 1992; Walker, 1990) . Footnote 6

Lignes directrices pour l'identification des incidents à risque élevé

Il est impossible de prédire tous les incidents critiques qui provoqueront une réaction au stress. On a cependant constaté que les incidents suivants risquent fort d'affecter le personnel (Hazzan, 1993; Mitchell & Bray, 1990; Rosine, 1992b) :

Lorsque l'une ou l'autre de ces situations survient, il est recommandé de consulter un psychologue bien informé sur le stress dû à un incident critique. Celui-ci peut alors déterminer le type d'intervention le plus approprié.

Aspects théoriques

Les modèles conceptuels entourant le stress traumatique et son installation ont grandement influé sur la nature de la recherche qui s'effectue dans ce domaine (Wolfe & Keane, 1990). Initialement, l'exposition à un stress traumatique a été conceptualisée sous forme d'activation de problèmes psychiatriques préexistants (Andreasen, 1985).

Après quoi, le stress traumatique a été perçu comme l'ensemble des réactions indésirables manifestées par une personne, même bien équilibrée, à l'exposition à des stimuli traumatisants (Wolfe & Keane, 1990).

Ces deux modèles reposent sur un mode stimulus réponse où le sujet réagit essentiellement passivement à des forces extérieures (Corneil, 1990). Des travaux plus récents ont révélé l'existence d'autres facteurs dans l'installation de réactions au stress traumatique. Parmi ces facteurs se trouvent des caractères prédisposants et des variables démographiques, les aptitudes comportementales et cognitives et des variables liées à l'environnement (Corneil, 1993; Green, Wilson & Lindy, 1985; Keane, Wolfe & Taylor , 1987; Reich, 1990; Rosine, 1992b; Vitaliano, Maiuro, Bolton & Armsden, 1987).

Vitaliano et al. (1987) sont d'avis qu'il faut appliquer au stress traumatique des modèles dynamiques pour comprendre les interactions entre les individus et l'environnement. Dans la littérature générale sur le stress, Lazarus et ses collègues sont les ardents propagandistes d'une approche axée sur le processus (Folkman, Lazarus, Dunkel-Schetter, Delongis & Gruen, 1986). Dans ce modèle, le stress est conceptualisé sous forme de rapport réciproque, bidirectionnel et dynamique entre la personne et l'environnement (Follcman, Lazarus, Gruen & Delongis, 1986).

La réaction au stress est ainsi sensée survenir lorsque la personne juge que la situation «épuise et excède ses capacités ou compromet son bien-être» (Folkman, Lazarus, Gruen & Delongis, 1986, p. 572). Un rapport personne-environnement stressant et son évolution sont fonction de l'évaluation cognitive et de la capacité d'adaptation.

Dans le domaine du stress traumatique, trois hypothèses ont été avancées au sujet de la façon dont les incidents eux-mêmes peuvent interagir avec la personnalité et les ressources personnelles de la victime. Selon la première hypothèse, le traumatisme et la personnalité sont complètement indépendants l'un de l'autre, ce qui est peu plausible compte tenu de ce que l'on sait aujourd'hui sur la nature du stress et son interaction avec les variables liées au jugement et aux processus adaptatifs (Folkman & Lazarus, 1988). La deuxième hypothèse repose sur un rapport inversement proportionnel : selon sa prémisse, les facteurs liés à la personnalité sont importants lors de situations de faible intensité, mais perdent de leur importance à mesure que l'intensité et la gravité du stimulus augmentent. Cette prémisse est appuyée jusqu'à un certain point par la littérature publiée antérieurement sur les affrontements armés et selon laquelle un lien significatif a pu être établi entre l'exposition à un affrontement armé et l'installation subséquente d'ESPT (Foy, Sipprelle, Rueger & Carroll, 1984).

Selon la dernière hypothèse, le lien serait curvilinéaire, c'est-à-dire que les situations « associées à un degré très faible de stress et à un stress extrême et prolongé provoquent des effets psychologiques où la personnalité entre moins en jeu» (Hartsough, 1988, p. 150). En d'autres termes, lors d'incidents critiques qui posent une menace minime, les effets psychologiques sont moindres, alors que dans des situations de stress extrême et prolongé, la majorité des individus manifesteront une réaction au stress relativement uniforme. Cette dernière théorie trouve un appui croissant dans la littérature plus récente sur les affrontements armés (Solomon, Mikulincer & Hobfoll, 1986 et 1987). Selon Hartsough (1988), les incidents générateurs d'un stress modéré ou les incidents générateurs de stress intense mais de brève durée, sont le siège d'une interaction entre différences de personnalité et facteurs de stress. Toutefois, dans des situations de stress extrême, l'effet des différences individuelles s'estompe, et on observe alors une réaction relativement homogène au stress.

L'étude de l'impact provoqué par l'exposition à des incidents traumatisants pose certains problèmes de taille. Il est impossible de prédire la survenue d'une catastrophe, d'une guerre, d'une émeute, d'un meurtre ou de la plupart des autres événements traumatisants (Green, Grace & Gleser, 1985). En général, les données pertinentes ne peuvent être recueillies avant l'incident (sauf dans les cas où elles ont déjà été recueillies à d'autres fins). Cela suppose l'emploi d'études rétrospectives (Solomon & Flum, 1988), ce qui complique la vérification de liens possibles de causalité.

Dans l'une des rares études prospectives Footnote 7 sur les traumatismes, Card (1987) a découvert que plus de dix ans après avoir quitté le service militaire, les hommes exposés à des affrontements armés pendant la guerre du Vietnam faisaient état d'un nombre significativement plus élevé que leurs pairs de problèmes tels cauchemars, comportements désordonnés, engourdissement émotionnel, repli sur soi, hypervigilance, anxiété et dépression. En outre, plus l'exposition d'un sujet aux affrontements et aux blessures était grande, plus il manifestait de problèmes d'ESPT au moment de l'étude de suivi, après les hostilités.

Plusieurs études se sont limitées à des récits anecdotiques, à des compte rendus cliniques d'événements isolés (Wilkinson, 1993) ou à des descriptions des séquelles post-traumatiques (Loo, 1986; Martin, McKean & Veltkamp, 1986; R.M. Solomon, 1988). Pour une bonne part, la recherche s'est limitée aux populations exposées et n'a pas examiné l'ensemble de la population à risque (Corneil, 1993).

Deux études récentes sur le stress subi dans le cadre d'incidents critiques ont envisagé ces problèmes (Comeil, 1993; Rosine, 1992b). Une forte proportion des sujets de chacun de ces échantillons avait subi des perturbations psychologiques suffisantes pour justifier une intervention. De plus, environ 17 % des sujets des deux études répondaient aux critères diagnostiques d'ESPT et, malgré cela, continuaient de fonctionner au travail.

En dernier lieu, plusieurs mesures psychométriques utilisées dans la recherche actuelle se limitaient à consigner des données de fiabilité et de validité (Comeil, 1993), sans compter que l'utilisation insuffisante de mesures standardisées a empêché les comparaisons croisées entre les populations et les types d'incidents traumatisants.

Questions pratiques

L'étude du stress traumatique lié au travail est un domaine de recherche relativement nouveau. Au cours des années 1970, les connaissances se sont accumulées au sujet des effets du stress lié au travail. On a identifié chez les travailleurs un certain nombre de difficultés d'ordre physiologique et émotionnel reliées au stress (Cheek & Miller, 1983; Maddi, Bartone & Puccetti, 1987). À l'approche des années 1980, les cliniciens ont commencé à reconnaître que les employés responsables de la sécurité publique présentaient des symptômes d'ESPT. Il est vite devenu évident que, dans le cadre de leurs responsabilités professionnelles, les travailleurs exposés à des situations d'urgence et responsables de la sécurité publique sont exposés à un nombre d'incidents traumatisants tout à fait inhabituels. Cette exposition chronique, et parfois aiguë, à des incidents critiques a été identifiée parmi les facteurs qui alimentent, voire qui causent, un certain nombre de problèmes physiques, comportementaux, émotionnels et cognitifs Footnote 8 au sein du personnel qui se trouve en première ligne.

Récemment, l'ESPT a été reconnu officiellement comme maladie professionnelle par la Commission des accidents du travail. Une indemnité est autorisée lorsqu'un tort psychologique est causé par un traumatisme physique, mais il est encore extrêmement difficile de l'obtenir lorsque le facteur étiologique est jugé d'ordre psychologique (Corneil, 1990).

À des fins cliniques, et sur un continuum symbolisant la gravité du stress, le stress dû à un incident critique peut se situer à proximité de l'ESPT qui en occupe le pôle de gravité maximale (Rosine, 1992a). Les principaux symptômes de l'ESPT sont notamment : hypervigilance, cauchemars, souvenirs importuns de l'événement traumatique, perturbations psychologiques intenses lors de l'exposition à des stimuli évocateurs du traumatisme original et réactions de sursaut exagérées. Les différences entre stress dû à un incident critique et ESPT résident dans le nombre et la durée des symptômes.

Sur le plan clinique, lorsqu'un sujet est exposé au travail à un incident traumatique qui épuise ses ressources personnelles, un certain nombre de réactions au stress se manifestent, soit sur-le-champ, soit dans les vingt-quatre heures ou plus tard, quelques semaines ou quelques mois après l'incident. La symptomatologie peut être cognitive (p. ex., flash-back), comportementale (p. ex., accès de colère), physique (p. ex., douleurs thoraciques) ou émotionnelle (p. ex., réactions de panique). Peu importe les réactions, elles s'accompagnent souvent d'un sentiment de vulnérabilité et de perte de contrôle.

Herman (1992) et Janoff-Bulman (1992) suggèrent que la perception fondamentale d'une personne envers un monde qu'elle estime normalement sûr et prévisible se trouve compromise durant et après l'exposition à des traumatismes. De même, la confiance en soi et en sa capacité de rester en contrôle face à un incident critique est remise en question. La perception favorable qu'a une personne d'elle-même ou de ses capacités est mise en doute si cette personne ou son comportement ne répondent pas à ses propres attentes ou aux attentes perçues de l'extérieur (de la part de ses collègues, de ses superviseurs ou de ses chefs de service). Ce sont ces sentiments de perte de contrôle et de vulnérabilité qui sont au cœur des réactions liées à un incident critique et de la récupération qui s'ensuit. Lorsque les réactions au stress sont identifiées et avérées normales compte tenu de la nature de l'incident critique, le personnel n'a nul besoin de juger anormales ou inadéquates ses propres réactions émotionnelles, cognitives, physiques ou comportementales. Le personnel qui manifeste des réactions au stress après un incident critique s'exprime souvent ainsi: « J'ai cru devenir fou! ». Si l'on parvient à imputer la symptomatologie de la réaction au stress dû à un événement extérieur (p. ex., la situation traumatisante) plutôt qu'à une faille personnelle (devenir fou), la récupération devrait s'en trouver facilitée. Les répercussions cliniques de ce phénomène d'imputation sont importantes, tant sur le plan de la prévention que sur le plan de l'intervention.

Au chapitre de la prévention, ce phénomène met en lumière la nécessité de sensibiliser le personnel (avant la survenue d'un incident) au fait que les réactions aux incidents critiques sont normales et prévisibles. Après une crise, il souligne la nécessité d'intervenir rapidement afin de prévenir l'installation de réactions négatives et culpabilisantes qui pourraient alors aggraver la symptomatologie post-traumatique et accroître le risque que ne s'installe un ESPT.

Identification des réactions au stress dû à un incident critique

Les réactions au stress dû à un incident critique sont des pensées, des sentiments et des émotions désagréables qui surviennent durant et après l'incident critique. Les réactions varient énormément d'une personne à l'autre (Corneil, 1993; Mitchell, 1982; Mitchell & Bray, 1990; Rosine, 1992a). Tous n'ont pas la même réaction au même degré ni pendant la même durée. Comme nous l'avons mentionné précédemment, on peut penser que le stress dû à un incident critique se situe sur le continuum au bout duquel se trouve l'ESPT. À mesure que le stress dû à un incident critique se rapproche de l'ESPT, la fréquence, l'intensité, la variété ou la durée des symptômes augmentent.

Les réactions au stress dû à un incident critique peuvent être physiques, cognitives, émotionnelles ou comportementales et se produire au moment même de la crise ou plus tard. Elles peuvent être de courte durée ou se prolonger des jours, des semaines ou des mois après l'événement et varient de légères à modérées.

La plupart des personnes exposées à un incident critique manifesteront des réactions au stress à un certain degré, mais ces réactions sont habituellement temporaires et s'estompent en quelques jours ou quelques semaines. Footnote 9 Les membres du personnel dont les réactions persistent au-delà d'un mois, nuisent à leur vie personnelle ou professionnelle ou les inquiètent devraient consulter un professionnel en santé mentale.

Voici quelques-uns des symptômes de stress qui peuvent survenir sur la scène d'un incident :

* = Ces symptômes exigent une attention immédiate. Dans le cas de symptômes physiques, il peut être nécessaire que la personne consulte un médecin.

Comme le stress dû à un incident critique s'inscrit dans un long continuum, une énumération complète de toutes les réactions au stress serait très fastidieuse à lire. C'est pourquoi la liste suivante n'énumère que les difficultés les plus couramment éprouvées par le personnel des établissements correctionnels. Footnote 10

Toutefois, lorsque vous évaluez un sujet, soyez conscient du fait qu'il peut manifester certains des symptômes de stress les plus généraux :

Les réactions au stress lié à un incident critique ne sont des signes ni d'instabilité ni de problèmes psychiatriques, mais plutôt des réactions d'individus normaux à des situations anormales.

This belief can lead to several negative outcomes:

Malheureusement, parfois, dans le milieu correctionnel, les membres du personnel et les gestionnaires croient à tort que plus une personne est exposée à des incidents traumatiques, plus elle s'endurcit et moins elle est affectée par ce type de situations. Cette conviction peut avoir de nombreuses répercussions négatives : le manque de soutien, voire le sarcasme à l'endroit de personnes qui manifestent des réactions au stress; l'absence d'intervention à un stade précoce, ce qui accroit la probabilité que s'installent des problèmes plus sérieux. En réalité, dans les établissements correctionnels, l'exposition à des situations traumatiques produit l'effet contraire. L'exposition plus intense à des incidents critiques entraîne des symptômes plus marqués et un risque plus élevé de difficultés cliniques en cours de route (Rosine, 1992b). Plus une personne est exposée à des incidents critiques, plus elle risque d'éprouver des difficultés lors de situations de stress et par la suite. Footnote 11

Un certain nombre de variables individuelles influeraient sur la force de l'impact produit par l'exposition à un stimulus traumatique chez une personne. En voici quelques-unes :

L'effet de certaines de ces variables (comme le recours au déni ou l'exposition répétée à des incidents traumatiques) a été démontré de façon empirique (Rosine, 1992b).

Stratégies d'intervention

Un certain nombre de modèles de gestion du stress traumatique ont été avancés. Le gouvernement fédéral a offert une formation interdépartementale selon le modèle Mitchell (Rosine, 1992a). Son emploi s'est répandu à d'autres ministères et organismes (Santé et Bien-être, Transports Canada, GRC, DN, Travaux publics Canada, etc.). Le SCC est en train de mettre au point une trousse de formation Footnote 12 et un modèle pour sa mise en œuvre en vue de standardiser, pour toutes les régions, les pratiques de gestion du stress dû à un incident critique.

Le processus de gestion du stress dû à un incident critique (GSIC) a été spécifiquement mis au point pour les groupes professionnels exposés à des incidents traumatisants. Il peut toutefois être utilisé par d'autres groupes, comme les victimes de catastrophes ou d'actes criminels. L'objectif de la GSIC est d'atténuer les réactions au stress dû à un incident critique et de prévenir l'installation d'un ESPT. La GSIC est une approche aux ramifications multiples qui comprend une formation préventive, de même que des interventions au moment de l'incident et après.

Formation préventive

Des ateliers et des séminaires qui enseignent au personnel les effets du stress dû à un incident critique et les méthodes d'atténuation de ce stress forment la première étape préventive à l'intention du personnel. Les personnes qui comprennent ce qu'est le stress dû à un incident critique et qui mettent en pratique des techniques efficaces de gestion du stress sont moins susceptibles d'être gravement affectées. Et, si elles le sont, elles sont plus susceptibles de chercher et d'accepter de l'aide. Footnote 13 Ce type de formation semble conférer une protection contre le stress (Meichenbaum, 1985).

Services psychologiques de GSIC sur place

Les services suivants peuvent être offerts sur place :

Selon Hazzan (1993), la survenue d'une tuerie ou la prolongation d'incidents majeurs sont de bons exemples d'incidents où les services psychologiques peuvent être bénéfiques. Étant donné la diversité de la formation en psychologie, les psychologues Footnote 14 peuvent offrir des services variés à l'organisation lors d'incidents critiques. Il sera important pour le psychologue et pour le gestionnaire de la crise que ce dernier exprime clairement ses attentes à l'endroit du psychologue. Par exemple, il serait impossible pour le même psychologue d'offrir un service direct au personnel et d'agir comme expert auprès de l'équipe de négociation lors d'une prise d'otages. Ce type de situation pourrait en effet placer le psychologue face à des demandes contradictoires et entraîner des dilemmes ou mêmes des infractions déontologiques. Dans de tels cas, il peut être nécessaire de recourir à plus d'un psychologue, et d'assurer alors la coordination de leur travail.

Lors d'incidents qui se prolongent, l'un des rôles majeurs des psychologues est de s'assurer que le personnel reçoit les services essentiels, dont voici une liste non exhaustive :

La nature du travail qui se fait en milieu correctionnel exige souvent les services de la police après un incident. Fréquemment, cela signifie que le personnel doit rester sur les lieux après la fin de l'incident, pendant que la police mène son enquête. La disponibilité sur place des services susmentionnés est extrêmement importante en de telles circonstances.

L'attente exacerbe le stress. Les agents sont souvent survoltés par l'adrénaline et ils n'ont pas beaucoup l'occasion de dépenser cette énergie. Ils deviennent irritables et anxieux. Il est important de les renseigner sur ces réactions possibles et sur le fait qu'elles sont normales.

De plus, les individus devront être surveillés pendant cette attente pour que ceux qui éprouvent des difficultés soient identifiés et qu'on puisse leur offrir un soutien. Des recommandations peuvent être adressées au gestionnaire de la crise ou aux policiers au sujet des personnes qui devraient être interrogées les premières. Cela permettra aux individus qui éprouvent le plus de difficultés Footnote 20 ou qui ont des besoins particuliers de partir les premiers. Footnote 21

Le soutien psychologique sur place est une forme de premier secours. Il devient pour le personnel une occasion d'exprimer ses sentiments, de manifester ses réactions, de faire reconnaître ses expériences et de recevoir l'assurance que ses réactions sont normales et prévisibles. C'est l'occasion de demander aux individus de quel type d'aide ils ont besoin Footnote 22 et de la leur offrir si possible.

Ce n'est pas le moment d'offrir de l'aide ou une thérapie pour régler d'autres problèmes. Cette technique d'intervention est de type psycho-éducatif et a pour but de faciliter le fonctionnement du personnel.

Les personnes exposées au stress dû à un incident critique sont fatiguées, et émotivement vulnérables. Leurs ressources intérieures sont épuisées et leurs défenses psychologiques affaiblies. Elles sont sujettes à divulguer des renseignements sur leur vie personnelle qu'elles auraient gardés pour elles en d'autres circonstances. S'attarder à des problèmes sans lien avec l'incident qui vient de se produire serait inadéquat et douteux sur le plan déontologique.

Services psychologiques de GSIC après un incident

Sur le plan de l'intervention après un incident, le type d'aide offert sera déterminé par la nature de l'incident, son impact sur le personnel et le stade de son déroulement. Les services de GSIC sont fournis au degré minimum nécessaire.

Ce qui est important, puisqu'un recours non justifié à une intervention de plus grande portée peut nuire à l'efficacité de l'intervention (Mitchell & Bray, 1990) ou entraîner le rejet du processus dans son ensemble. Footnote 23 La décision quant au type d'intervention requis est une décision clinique qui se prend au moment de l'incident et se base sur l'évaluation que le psychologue fait de l'incident.

Voici quelques exemples d'interventions et leur degré respectif de portée :

Démobilisation

La demobilisation, utilisée principalement lors d'incidents prolongés ou à grande échelle, se fait immédiatement après l'incident, avant le retour à la maison.

La démobilisation, utilisée principalement lors d'incidents prolongés ou à grande échelle, se fait immédiatement après l'incident, avant le retour à la maison. La démobilisation est utilisée pour : souligner les efforts du personnel; identifier les réactions au stress les plus fréquemment rapportées; confirmer la normalité des réactions au stress; Footnote 24 offrir des renseignements sur les techniques de gestion du stress à utiliser pendant les journées suivantes; informer le personnel au sujet des services de suivi existants; Footnote 25 offrir au personnel une occasion de parler à des membres des services psychologiques s'ils le désirent.

Tout le personnel en cause, y compris les gestionnaires supérieurs, Footnote 26 devrait être invité à y participer. La démobilisation se fait au cours d'une séance de 15 à 20 minutes. Toutefois, il faut se rappeler que les membres du personnel sont souvent fatigués et affamés et que leurs émotions sont émoussées après un tel incident. Beaucoup d'entre eux ont travaillé de façon robotique. Il est peu probable qu'ils se souviennent de ce qui s'y est dit.

La distribution d'un feuillet Footnote 27 d'information suries réactions au stress les plus fréquentes, les techniques de base de gestion du stress et les numéros de téléphone des personnes à contacter constituera une importante référence, plus tard, lorsque la réaction se manifestera. Footnote 28

Les contacts de vérification

Les contacts de vérification sont de courte durée et se font discrètement, sur les lieux de travail ou par téléphone (Rosine, 1992a). Cette mesure peut être utilisée comme seule intervention ou à titre de suivi, après une intervention plus formelle. Elle est la seule intervention utilisée lorsque les réactions au stress sont légères. Les contacts de vérification doivent se faire le plus rapidement possible Footnote 29 possible après l'incident et doivent servir à diffuser des renseignements généraux visant à confirmer la normalité des réactions, à donner de l'information sur le stress et sa gestion, et à offrir les coordonnées de personnes à contacter si une aide additionnelle est requise.

Le désamorçage

Le désamorçage peut être effectué individuellement ou en groupe et il sert lorsque le personnel manifeste des réactions modérées au stress ou lorsque la nécessité d'un post-exposé n'est pas évidente. Le désamorçage doit se faire si possible dans les vingt-quatre heures qui suivent l'incident ou, dans certains cas, le jour même de l'incident Footnote 30Le délai vise à accorder aux répondants physiquement et émotivement épuisés le temps de manger, de se reposer et de se faire de nouvelles réserves sur le plan des ressources personnelles. La prémisse est qu'une intervention rapide amoindrit l'impact de l'incident sur l'individu.

Les désamorçages durent de 45 minutes à une heure et doivent être menés dans un endroit tranquille, à l'abri des interruptions. Le personnel doit être relevé de ses fonctions pour la durée de la séance. Le désamorçage n'est pas une occasion de critiquer les opérations ni de discréditer l'organisation. C'est un processus psychologique destine à offrir aux participants l'occasion de verbaliser leurs émotions.

Par sa formule, le désamorçage suppose l'établissement de paramètres, d'un climat propice à la libre expression, la validation des réactions et des sentiments, la confirmation de la normalité de l'expérience et la diffusion de renseignements sur les réactions courantes au stress et sur les techniques de gestion de base de ces réactions ainsi que l'indication des coordonnées de personnes disponibles pour offrir un suivi. Encore une fois, il est utile de distribuer un feuillet Footnote 31 qui résume les renseignements fournis.

Post-exposé

Le post-exposé sur le stress dû à un incident critique (PESIC) est utilisé quand les réactions au stress risquent d'être graves. C'est un processus psychoéducatif structuré, effectué en groupe et conçu pour atténuer les réactions au stress. Il n'est pas utilisé pour résumer les problèmes relatifs au fonctionnement de l'organisation, ni pour en faire le procès.

Voici quelques exemples de situations susceptibles de justifier le recours à un post-exposé psychologique :

Il est préférable de procéder à ces post-exposés dans les 24 à 48 heures qui suivent l'incident. Toutefois, on calcule que cette mesure ne convient plus six ou huit semaines après l'incident. Plus l'attente se prolonge après l'incident, plus des symptômes et des problèmes reliés à l'incident risquent de s'installer.

Le post-exposé dure de deux à quatre heures selon la taille du groupe. La taille maximale idéale des groupes auxquels s'adresse un post-exposé chez les employés des établissements correctionnels est d'environ 25 participants. Le personnel doit être libéré de toute responsabilité pour participer au post-exposé. Si possible, le post-exposé doit avoir lieu ailleurs que sur les lieux de travail, dans un endroit tranquille et confortable.

Seules les personnes en cause dans l'incident bénéficient du post-exposé. Les employés professionnels impliqués dans l'incident ne doivent pas animer les post-exposés, mais bien faire partie du groupe auquel il s'adresse. Footnote 36 Les groupes qui ont partagé l'expérience, peu importe l'échelon hiérarchique ou la fonction, participent ensemble au post-exposé.

L'objet du post-exposé est l'incident critique. Il n'est pas approprié de laisser l'attention se porter sur des événements antérieurs. Si le personnel sent le besoin de faire un retour sur d'autres événements, il faut choisir un autre moment et une autre formule pour le faire. En laissant l'attention s'éloigner du principal objet de la rencontre, on risque de laisser s'installer des problèmes graves et de nuire à l'efficacité du processus de post-exposé. Footnote 37

Les post-exposés sont animés par une équipe de quatre personnes Footnote 38composée d'un chef d'équipe qui est un professionnel en santé mentale formé en GSIC et de deux ou trois collègues du milieu correctionnel spécialement formés.Footnote 39

Le processus de post-exposé comprend sept étapes :

  1. Introduction. La période d'introduction sert à présenter les règles du processus de GSIC, à encourager les membres du groupe à participer, à souligner la nature confidentielle du processus et à définir les limites de la confidentialité. Footnote 40 On avise les participants de ne parler que de leur propre expérience.
  2. Récit des faits. Les membres du groupe sont invités à s'identifier et à relater ce qu'ils ont vu, entendu et fait au cours de l'incident.
  3. Réflexion. Les participants identifient leurs réactions cognitives aux aspects les plus stressants de l'incident.
  4. Réactions. Au cours de cette étape, les membres décrivent les réactions émotionnelles qu'ils ont ressenties lors de l'incident et expriment leurs sentiments actuels.
  5. Symptômes. Les participants sont invités à décrire les symptômes physiques ou psychologiques qu'ils ont ressentis au moment de l'incident et par la suite.
  6. Enseignement. Au cours de cette étape, le chef d'équipe décrit le syndrome de réaction au stress, ses symptômes et les stratégies d'adaptation et de prévention qui s'y rattachent. L'objectif est de confirmer la normalité des sentiments et des expériences liés à l'incident critique.
  7. Revue. Elle donne aux participants une dernière occasion d'aborder des questions laissées en suspens. Les participants sont alors invités à réitérer leur engagement à respecter la confidentialité. On leur remet les coordonnées des personnes à contacter pour un suivi. Un résumé peut leur être distribué.

Pour une description détaillée du processus de post-exposé, voir Mitchell et Bray (1990) et Hazzan (1993). Après la séance de post-exposé, il est important que les membres de l'équipe restent à la disposition des participants qui ont peut-être hésité à poser des questions en présence du groupe, mais qui souhaitent le faire seul à seul. En offrant des rafraîchissements appropriés Footnote 41 après la séance de post-exposé, on met en place un contexte informel qui peut être propice à ce type d'échanges avec les membres de l'équipe.

Soutien à l'équipe du PESIC

Une fois l'intervention terminée, l'équipe du PESIC aura elle-même besoin de procéder à un PESIC. Cette étape doit suivre immédiatement le post-exposé et se dérouler dans un endroit tranquille, à l'abri des interruptions.

Le processus de PESIC est une stratégie efficace au cours de laquelle les intervenants constatent souvent des changements immédiats chez les participants. Il s'agit d'une expérience très gratifiante pour les intervenants. Le processus est également très intense et très exigeant sur le plan émotionnel, ce qui demande de l'intervenant qu'il soit extrêmement concentré et bien disposé. Il est important pour les membres de l'équipe d'avoir l'occasion de faire un retour sur les sentiments que leur inspire l'intervention et sur leurs préoccupations, s'ils en ont. Cela leur permettra de reprendre contact avec leurs émotions, de les exprimer et de vérifier qu'aucun membre de l'équipe n'a été pris à partie par ricochet. Les collègues auront peut-être besoin d'être rassurés quant à leur performance, particulièrement s'ils se sont récemment joints à l'équipe.

Le post-exposé auquel se soumet l'équipe est une séance informelle, à laquelle ne participent que les membres de l'équipe du PESIC et qui dure en général de 30 à 45 minutes. Lorsque l'équipe a terminé cette séance, les membres peuvent se sentir épuisés physiquement, émotivement ou les deux. Dans les cas où les membres de l'équipe doivent parcourir une longue distance pour retourner à la maison, cette fatigue émotionnelle et physique sera un important facteur à considérer dans la planification du retour.

Dans certains cas, l'équipe sera indirectement affectée par l'expérience vécue par le personnel qu'elle a aidé. Il peut arriver que les membres de l'équipe soient dépassés par le type d'incident ou par les réactions des participants. Dans de tels cas, il sera nécessaire de demander l'intervention d'un membre d'une autre équipe de santé mentale provenant d'un groupe de GSIC plus grand. Footnote 42 L'intervention auprès des membres de l'équipe de PESIC reposera aussi sur les techniques décrites plus haut.

Services de suivi

Il y a des cas où des services de suivi à brève et à longue échéance sont nécessaires après un incident critique. Les services de suivi varieront selon les besoins du personnel.

Suivi de l'intervention en GSIC

Il est nécessaire d'exercer un suivi aux dates anniversaires d'un incident critique (p. ex., un mois, un an plus tard) ou si d'autres facteurs risquent de provoquer une réaction similaire (p. ex., décès d'un proche ou autre incident critique peu de temps après).

Thérapie individuelle

Après une intervention lors d'un incident critique, certains individus auront besoin d'un soutien psychologique individuel additionnel, soit au moment de la crise, soit à plus longue échéance. Il faudra alors avoir recours aux services en place dans la communauté. Footnote 43

Il est important que le psychologue identifie les services appropriés, ce qui est parfois difficile puisque peu de professionnels connaissent bien le stress dû à un incident critique et son traitement. Voici quelques lignes directrices pour la sélection des professionnels travaillant dans la communauté :

Le personnel doit être encouragé à retourner au travail aussitôt qu'il le peut. Les congés de maladie prolongés qui suivent immédiatement un incident ne semblent pas être dans le meilleur intérêt d'un individu.

Cela ne signifie pas qu'un congé spécial ne puisse jamais être accordé, mais plutôt qu'il doit être accordé sur la base de l'évaluation des besoins et qu'il doit s'intégrer à une stratégie préventive et thérapeutique globale. Footnote 44 La personne à risque doit collaborer au processus et elle doit, dans la mesure du possible, participer à la prise de décisions.

Fait à noter, selon la logique clinique actuelle à propos du stress ressenti par une personne attachée à la sécurité publique à la suite d'un incident critique, le résultat ne sera peut-être pas « pour le meilleur ou pour le même ». Il semble que, lorsque les membres du personnel sont exposés à des incidents critiques et qu'ils sont traités en victimes plutôt que comme des êtres normaux manifestant des réactions normales à des situations anormales, ils peuvent adopter un rôle de victime, ce qui retardera ou entravera gravement leur récupération.

Soutien lors d'enquêtes ou autres procédures judiciaires

Les témoignages lors d'enquêtes ou de séances de tribunal sont très stressants, et le simple fait de penser devoir se présenter peut provoquer une perturbation importante. Ces procédures peuvent également déclencher de nouveau les réactions au stress subi au moment de l'incident en cause.

L'un des rôles importants du psychologue avant toute procédure judiciaire est d'atténuer l'impact des facteurs de stress procéduraux. Il sera nécessaire d'identifier ces facteurs de stress à l'intention de la direction pour que des mesures appropriées puissent être mises en place. Une fois la liste des témoins dressée, les mesures suivantes atténueront sensiblement le stress des personnes appelées à témoigner :

  1. S'assurer que les membres du personnel ont reçu des instructions claires au sujet du moment et du lieu où ils doivent se présenter (joindre le trajet).
  2. Pour les témoins de l'endroit, s'assurer que des espaces de stationnement sont disponibles. Pour ceux qui viennent de l'extérieur, s'assurer que des dispositions ont été prises pour leur transport et leur hébergement.
  3. Choisir un hébergement à proximité du tribunal ou organiser le transport.
  4. Lorsqu'une personne monoparentale doit se déplacer pour une réunion, s'assurer que les soins des enfants ne posent pas de problèmes. Cela est particulièrement important parce que les délibérations peuvent se prolonger bien au-delà du temps prévu. Un témoin peut devoir attendre plusieurs jours après la date prévue pour sa comparution, expérience extrêmement stressante pour un parent préoccupé du bien-être de ses enfants.
    L'éloignement peut également représenter un fardeau financier pour une personne monoparentale.
  5. S'assurer que les témoins sont informés du fait que le SCC leur permettra de prendre le congé nécessaire pour leur comparution et que les frais engagés à cette occasion seront assumés par l'organisation.
  6. Pour les cas très célèbres ou plus délicats, rencontrer l'avocat du SCC assigné à la cause et coordonner les séances d'orientation, d'information, ou les deux45, plusieurs semaines avant la tenue du procès ou de l'enquête. Footnote 45
  7. Durant une enquête ou un procès, prendre des dispositions pour le repas du midi.
  8. S'assurer que tous les témoins sont au courant qu'un soutien est disponible avant, durant et après le procès.

Comme c'est le cas pour le soutien offert sur place lors d'un incident, le soutien psychologique au moment de l'enquête ou du procès est une aide de base. L'objectif est d'être à la disposition des témoins afin de les aider et de les rassurer avant qu'ils ne témoignent. Footnote 46 Lorsqu'ils auront témoigné, ils auront besoin de donner libre cours à leurs sentiments, d'être rassurés au sujet de leur comportement et de se faire rappeler que leurs réactions sont normales et prévisibles. C'est également l'occasion de s'informer des besoins des gens et de les aider si possible. Soyez prêts à faire face à certaines personnes qui auront été placées sous puissante médication par leur médecin et qui auront du mal à composer avec la situation. Sur place, l'une de vos plus importantes fonctions est de protéger le personnel contre les médias.

Aussi rapidement que possible après l'enquête ou le procès, évaluez le fonctionnement des employés. Pour les membres du personnel qui manifestent des difficultés, intervenez de la façon la plus discrète possible. Le processus formel de post-exposé n'est généralement pas approprié après la tenue d'un procès ou d'une enquête. Toutefois, dans les cas très spectaculaires ou lors d'incidents où la couverture médiatique a été très négative, une séance de désamorçage en groupe pourrait être appropriée.

Structure de l'équipe de GSIC

Comme nous le mentionnons ailleurs dans cet article, l'équipe de GSIC est formée de professionnels en santé mentale et de collègues du milieu pouvant offrir leur soutien. Les collègues jouent un rôle important lorsque vient le temps de dispenser les services de GSIC. Les professionnels en santé mentale doivent pouvoir se fier à leur jugement et à leur expertise. De même, les collègues se fient aux professionnels en santé mentale pour ce qui est du leadership et de l'orientation. Ils s'attendent à ce que les professionnels en santé mentale identifient leurs besoins en formation, vérifient leur degré de compétence, leur fournissent un soutien et fassent des commentaires sur leurs progrès.

Le travail de GSIC ne convient pas à tout le monde. Pour faire de la GSIC, il faut avoir l'esprit d'équipe et pouvoir travailler dans un cadre établi. Il faut savoir communiquer et résoudre les problèmes, manifester de l'empathie et de la compassion pour autrui et avoir surmonté des traumatismes par le passé. Plus important encore, les collègues et les professionnels en santé mentale doivent avoir la confiance du personnel à qui ils s'apprêtent à dispenser ce service.

La formation en GSIC Footnote 47 exige la participation des professionnels en santé mentale et des collègues pour faciliter la création d'une équipe. Cette formation est un processus continu d'apprentissage et d'engagement des membres'. Les participants doivent être prêts à donner de leur temps, à réagir sans délai aux incidents critiques et être disponibles pour autrui à des moments importuns. Footnote 48

Qualifications professionnelles

Pour dispenser les services de GSIC, il faut avoir suivi une formation dans le domaine du stress en général et de sa gestion, dans le domaine du stress traumatique et de l'ESPT, de la psychologie liée aux catastrophes et de la dynamique de groupe (Mitchell & Bray, 1990). Les professionnels en santé mentale doivent avoir une formation rigoureuse, qui leur aura été prodiguée au moyen d'ateliers ou de séminaires offerts par des spécialistes reconnus du domaine de la gestion du stress dû à un incident critique ou avoir eu une formation supervisée sur le terrain. Des interventions inadéquates ou l'absence d'intervention peuvent transformer en déséquilibrés des individus en bonne santé psychologique.

Les sources suivantes sont recommandées si vous voulez élargir vos connaissances sur le travail auprès du personnel des établissements correctionnels :

Chapitre 16 Annexe

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