Les technologies financières et la protection des consommateurs – Le rôle des autorités de surveillance, présenté par Lucie Tedesco, présidente de FinCoNet et commissaire de l’ACFC

Dublin, le 7 avril 2017

Merci, Bernard, pour cet accueil chaleureux. Je suis ravie d’être ici, à Dublin, cette ville merveilleuse qui est la vôtre. 

Quand je vois ce nouvel immeuble magnifique, je comprends pourquoi vous étiez si impatients de vous y installer. Si les travailleurs heureux sont des travailleurs efficaces, la banque a dû connaître une forte augmentation de la productivité depuis le déménagement. Assurément, l’endroit est spacieux et baigne dans la lumière naturelle.

Eh bien, vous avez certainement créé une atmosphère accueillante pour le colloque d’aujourd’hui. 

Il s’agit là de la première étape d’un processus qui durera, je crois, toute la journée et qui nous rassemblera plus étroitement autour de questions et de tendances qui ont des répercussions sur le bien-être de millions de consommateurs de produits et de services financiers.

Nous portons tous en nous un bagage de connaissances et d'idées acquises au sein de l’organisation où nous travaillons et dans le pays où nous vivons. Malgré toutes les différences qui séparent nos expériences et les contextes dans lesquels nous travaillons, il existe aussi des points communs dans nos connaissances, nos idées et nos croyances. 

En établissant FinCoNet, certains responsables de la réglementation – dont je fais partie – ont essentiellement officialisé un réseau international qui existait déjà, mais de façon plus informelle. 

L’organisation constitue une tribune permettant d’améliorer les relations, les échanges et la collaboration entre les organismes chargés de la surveillance des différents régimes nationaux de protection des consommateurs de produits et de services financiers.

Pour participer à cette assemblée, certains d’entre nous ont dû traverser des continents et des océans. Depuis le Canada, j’ai traversé l’Atlantique. Et d’autres – je suppose que vous savez de qui je parle – ont traversé la ville comme ils le font tous les jours pour se rendre au travail. 

L’histoire de FinCoNet est elle aussi toute une aventure – une série d’efforts déployés et d’étapes franchies pour répondre à la nécessité, en constante mutation, de protéger les consommateurs dans le secteur des services financiers. 

En raison du rôle que nous jouons dans ce secteur, nous sommes motivés à suivre le rythme des phénomènes qui menacent de nuire aux intérêts des consommateurs de produits et de services financiers. 

Ainsi, au cours de la dernière décennie seulement, ces phénomènes ont pris la forme de revers et de crises économiques, mais aussi de nouveaux outils et services financiers de plus en plus complexes. 

Les organismes de réglementation nouent des relations avec leurs homologues partout dans le monde depuis que la protection des consommateurs de produits et services financiers présente des implications internationales. 

Avec chaque génération, notre planète devient de plus en plus interconnectée. Pour être à l’écoute et être prêts à relever les défis réels et potentiels en matière de protection des consommateurs de produits et services financiers, les organismes de réglementation doivent suivre le courant. 

Notre efficacité se mesure à notre degré d’interconnexion. 

En 2013, quand FinCoNet est devenu une entité juridique, les relations qui existaient déjà entre les organismes de réglementation à l’échelle internationale ont acquis un potentiel accru. 

J’ai eu la chance de participer à cette transition. Il était stimulant à l’époque de saisir les possibilités qui s’offraient à nous en tant que membres de cette organisation, et c'est toujours le cas. Nous avons acquis une reconnaissance publique, et ainsi nous avons pu accroître activement le nombre de nos membres. 

Notre stratégie est simple : quand nos homologues internationaux savent qui nous sommes – ce que nous faisons et les avantages d’adhérer à notre organisation – ils tiennent à participer à FinCoNet en tant que membre, associé ou observateur.

FinCoNet constitue une ressource clé pour chacun de nous dans nos pays respectifs et dans le monde que nous partageons.

Je suis heureuse de confirmer que la stratégie donne des résultats. Le nombre de membres de FinCoNet augmente. Les autorités de surveillance de la Russie et de l’Angola sont les membres les plus récents de notre organisation. 

Même si j’ai déjà eu le plaisir de leur présenter la mission et le travail de FinCoNet, profitons de cette excellente occasion pour leur souhaiter la bienvenue tous ensemble. Au nom de tous les membres de FinCoNet, bienvenue, et merci d’avoir adhéré à notre organisation. Votre contribution sera très appréciée, et j’ai hâte de collaborer avec vous à des projets réalisés dans l’intérêt des consommateurs de produits et services financiers partout dans le monde.

Je l’ai déjà dit auparavant, mais permettez-moi ici de me répéter : ce sont les membres très actifs de FinCoNet qui constituent sa ressource la plus importante. Regardez le programme de la journée et vous en aurez tout de suite la preuve. 

En concentrant sans relâche nos efforts sur les pratiques qui ont cours dans le secteur financier et sur la protection des consommateurs de produits et de services financiers, nous allons droit au but. Nous nous faisons un devoir de comprendre les problèmes et de mettre au point des approches pour atténuer les risques. 

L’examen de questions cruciales dans le cadre d’activités comme celle-ci constitue une façon parmi bien d’autres pour les membres de FinCoNet de mettre en œuvre la mission de l’organisation. 

L’expression la plus probante de nos efforts collectifs tient cependant aux objectifs que nous établissons et à ce que nous réalisons par le truchement de nos comités permanents. Comme la plupart d’entre vous le savent, FinCoNet s’appuie sur quatre comités permanents – chacun étant désigné en fonction de sa sphère de responsabilité :

• Trousse d’outils de surveillance
• Offre numérique de services de crédit coûteux
• Paiements en ligne et paiements mobiles
• Pratiques et outils requis pour soutenir la surveillance axée sur les risques à l’ère numérique.

L’approche par laquelle nous convenons des activités de recherche et des autres initiatives des comités nous fournit d’importantes garanties, à nous tous qui sommes associés à FinCoNet. 

L’équité, la transparence et le consensus sont quelques-uns de nos principes directeurs. Par exemple, pour retracer les origines des priorités de nos comités permanents en 2017, vous devez remonter à 2015. 

À l’époque, nous avions consulté les membres et les observateurs pour connaître leurs idées relativement aux grandes questions touchant la protection des consommateurs. Après un processus rigoureux de dépouillement des réponses, de discussion des possibilités avec les membres du conseil de direction et de prise de décisions, nous y voici. 

Le colloque d’aujourd’hui nous donne l’occasion d’examiner en détail les nombreuses facettes d’un des phénomènes les plus percutants à survenir dans le secteur des services financiers depuis des années. Il a fallu attendre 2008, dans la foulée de la crise financière mondiale, pour que les entreprises commencent à adopter de manière ambitieuse des solutions et des innovations technologiques au sein du secteur financier. 

Moins de dix ans plus tard, il est difficile d’examiner un aspect quelconque du secteur sans tenir compte également des répercussions des technologies financières. 

À l’heure actuelle, la croissance des technologies financières est la plus rapide dans les domaines des paiements, des prêts, de la mobilisation de capitaux et de la gestion des investissements. Ces technologies sont devenues une industrie à part entière.

Entre-temps, les organismes de réglementation partout dans le monde surveillent attentivement les avantages et les risques des technologies financières pour les consommateurs. 

Les technologies financières continueront d’élargir l’éventail des produits et des services offerts aux consommateurs et d'abaisser leurs coûts. Tant et aussi longtemps que les consommateurs voudront profiter de la commodité et de la rapidité que procurent les technologies financières en ligne et mobiles, il est impossible de voir venir le jour où ces technologies ne seront plus en demande et cesseront de se développer. 

En revanche, cette industrie présente des risques importants — notamment des risques associés à la protection des consommateurs de produits et de services financiers.

Les entreprises de technologies financières ont mis en place des éléments qui offrent des niveaux de protection variables. Les pays adoptent des approches différentes dans le domaine, allant de la réglementation de l’industrie à l’absence totale de réglementation. 

En règle générale, je pense qu’une réglementation trop stricte nuit à l’innovation et limite le choix des consommateurs. Par contre, un manque de réglementation laisse les consommateurs à la merci de marchés financiers nouveaux et complexes.

Heureusement, personne ici ne doit faire face seul à cette dichotomie. Nous avons l’habitude d’examiner des questions compliquées comme celle-ci de façon productive et en toute connaissance de cause. Chacun de nous dans son pays et dans le contexte de FinCoNet a la chance de participer à des forums actifs où le consensus est précieux et réalisable. 

Je n’ai aucun doute qu’à titre d’organismes de surveillance nous trouverons des façons efficaces de veiller à ce que la protection des consommateurs soit assurée dans le cadre de l’utilisation des nouvelles technologies financières. Nous mobiliserons les consommateurs eux-mêmes à cette fin, en leur faisant mieux connaître leurs droits et leurs responsabilités à l’égard de leur propre protection quand ils utilisent des technologies financières.

C’est en nous éduquant nous-mêmes que nous pourrons le mieux nous préparer aux nouveautés qui se profilent et influer sur nos gouvernements. 

C’est donc sur cette note qui, je l’espère, vous aura paru juste et positive que je termine cette partie du programme d’aujourd’hui. 

Je me réjouis d’entendre tous les excellents conférenciers qui nous apprendront certainement bien des choses et qui nous permettront de mieux comprendre les technologies financières et leurs énormes répercussions sur les consommateurs de produits et de services financiers partout dans le monde.

Merci.