Dernier tome
JAC Volume 21 n°2 (novembre 2025)
Contenus
La modernisation canadienne en action
Avant-propos
Brigadier-général J. D. S. Masson
Les jeux de guerre au service de la préparation opérationnelle : adapter l'Armée canadienne pour relever les défis imminents
Majore Mikalena Halos
Dossier Spécial : La guerre urbaine, volume 2
Retour vers le futur : réexaminer l’usage de la « suprématie de neutralisation » pour l’emporter et atténuer la destruction globale dans la guerre urbaine
Charles Knight, Ph. D.
Doctrine russe en matière d’opérations urbaines et attaques contre Kiev et Kharkiv
Major Jayson Geroux,
Combat urbain et tactiques urbaines des petites unités : observations russes des forces territoriales ukrainiennes
Lester W. Grau, Ph. D. et Charles K. Bartles, Ph. D.
Combattre dans les villes : Réflexions sur la bataille de Marawi
Ann Bajo
Guerre en zone urbaine : expériences et leçons tirées de Batticaloa, une ville dans l’est du Sri Lanka
Colonel (à la retraite) Rajesh Singh
L’Armée populaire de libération et les nouvelles technologies dans la guerre urbaine
Jesús F. Román García
Critiques de Livres
The Lighthouse of Stalingrad - Iain MacGregor
(Critique préparée par le major Jayson Geroux)
Urban Operations: War, Crime and Conflict - John P. Sullivan et al, eds.
(Critique préparée par le lieutenant-colonel (à la retraite) Steve MacBeth)
Architecture, Urban Space and War - Mirjana Ristic
(Critique préparée par Noorulain Naseem et Muneeba Nawaz Khan)
Éditorial
Alors que nous concluons ce deuxième dossier spécial consacré au thème de la guerre urbaine, je songe à l'évolution du paysage mondial, à la fragilité de notre sécurité et aux tendances en constante évolution dans le domaine de la guerre. Les sujets que nous avons abordés ici ne sont pas seulement théoriques, car ils donnent également un aperçu de ce qui nous attend sur la scène mondiale. Ce que nous voyons maintenant, c’est-à-dire les conflits mondiaux, les luttes de pouvoir et les changements sur le plan de l’ordre mondial, n’est qu’un début. Ces tensions s’intensifieront et mettront les limites des forces militaires à l’épreuve. Les années à venir seront critiques, et les armées devront faire appel à leurs forces et surmonter leurs faiblesses autrement. Bien qu'il puisse sembler trop tard pour changer le cours des choses, il est plus important que jamais de commencer à préparer non seulement nos forces armées, mais aussi les citoyens, à un avenir comportant des risques plus élevés et des conséquences plus graves.
C'est dans ces moments de transition que je me dois de partager une note personnelle avec vous tous. Après deux années et demie incroyables, je quitterai mon poste de rédactrice en chef du Journal de l’Armée canadienne (JAC). Ce fut un grand honneur et une grande responsabilité d’être à la tête de ce journal à une époque de grands changements. Mais comme toute bonne chose doit continuer d’aller de l’avant, j'ai le plaisir d'annoncer que M. Frédéric Dion assumera désormais cette fonction. Avec son expertise dans le domaine universitaire et sa connaissance approfondie de la communication efficace, il ne fait aucun doute qu'il propulsera le JAC vers des sommets encore plus élevés. J'ai hâte de voir comment son leadership façonnera l'avenir du journal.
Lorsque je pense à mon mandat, je ne peux m'empêcher de ressentir une immense gratitude pour les personnes dévouées qui ont rendu ce parcours possible. L’équipe de rédaction du JAC et l’incroyable équipe du Bureau d’édition de l’Armée de terre, qui est petite, mais qui a un dévouement incroyable, sont la fondation sur laquelle nous avons bâti ce journal. Ensemble, nous avons saisi les opportunités, surmonté les défis et concrétisé notre vision commune. Aux rédacteurs en chef adjoints du JAC, le major Bruce Rolston et le sous-lieutenant Nicolas Brown, et à l'équipe du Bureau d’édition de l’Armée de terre, Mme Susan Russell, Mme Francine Lefebvre, Mme Rebecca Abrams et M. Brandon Denard, je vous remercie de tout coeur pour votre soutien indéfectible, votre travail acharné et votre dévouement à l'égard de la mission du JAC.
Nous avons eu la chance d’obtenir l’appui de l’Académie canadienne de la Défense en ce qui concerne la diffusion dans les médias sociaux. Je tiens d’ailleurs à remercier tout particulièrement Mme Cassandra de Bartok pour tous les efforts qu’elle a déployés afin de rendre ce lien possible. Ce partenariat, combiné à notre engagement dans les médias sociaux, nous a permis de tisser des liens avec nos lectorats autrement et de manière efficace. Nous avons lancé un nouveau site Web, lequel comprend une option d'abonnement électronique, ce qui nous permet de rester en contact avec nos lectorats et de les tenir au courant de nos dernières publications. Un grand merci au SMA(AP), au DAPA, à M. Douglas Sherman et, encore une fois, au Maj Bruce Rolston pour leur excellent travail lié à la production, à l’accessibilité et la diffusion de notre site Web.
Dans un esprit d'innovation, nous avons lancé la rubrique Rafales courtes, une plateforme qui est rapidement devenue une pierre angulaire de notre site Web et qui a attiré de nombreuses soumissions. Cette initiative nous a permis d’explorer des enjeux contemporains au moyen d’un contenu abrégé et d’offrir une autre avenue pour la discussion et l’échange d’idées. Pour la rubrique Rafales courtes, nous avons eu la chance de bénéficier d'un soutien exceptionnel de la part des Services de traduction de l'Armée et de leur équipe exceptionnelle.
De plus, nous procédons actuellement à la numérisation des éditions du JAC qui datent d’avant 1998. Elles seront disponibles sur notre site web dans les prochains mois. Les contributions du Maj Bruce Rolston à ce projet monumental sont incroyables et son dévouement a joué un rôle déterminant pour faire de cet effort ambitieux une réalité. Une mention spéciale doit être attribuée au lieutenant-colonel (Lcol) Matthew Rolls, dont les efforts pour revitaliser la section Jeux de décision tactique du site Web du JAC n'ont été rien de moins que transformateurs.
Rien de tout cela n’aurait été possible sans le soutien continu de l’équipe enthousiaste du Centre de guerre terrestre de l’Armée canadienne, en particulier le colonel Christopher Sines, le Lcol Michael Morin et le Lcol Alain Carrier, l’un des plus solides défenseurs du JAC et mentor exceptionnel. Je vous suis profondément reconnaissante pour toute la sagesse et les encouragements que vous m’avez offerts pendant mon mandat à titre de rédactrice en chef. Je tiens à remercier chaleureusement le brigadier-général Tod Strickland, le Lcol Pat Newman, le Maj John Bosso, Mme Nancy Teeple, le Lcol Mike Rostek, M. Peter Gizewski et M. Ali Dizboni d’avoir été mes champions et de m’avoir offert un soutien indéfectible tout au long des années que j’ai passées à la tête de ce journal. La confiance que vous m'avez témoignée m'a été précieuse. Je tiens à remercier les membres de l’Armée canadienne et du milieu universitaire pour leur soutien extraordinaire et les précieuses interactions que nous avons eues. Bien qu’il soit difficile de rendre hommage à chaque personne individuellement, sachez que votre confiance et votre soutien pour ce journal ont fait de mon travail un plaisir et m’ont inspirée tous les jours.
Tandis que nous nous penchons sur le thème de ce dossier spécial consacré à la guerre urbaine, je dois rendre un hommage particulier au Maj Jayson Geroux pour son dévouement sans pareil et sa passion sans borne. Ses contributions ont été tout simplement extraordinaires, et le coeur et l’âme qu’il a investis dans les questions de guerre urbaine sont vraiment remarquables. Je lui suis vraiment reconnaissante de son dévouement, de son soutien et de son travail acharné.
Enfin, j’aimerais remercier sincèrement nos lectorats. Les meilleures idées, les meilleures perspectives et le meilleur contenu que nous avons présentés ont été largement façonnés par votre contribution. Votre engagement, vos commentaires et votre soutien ont été le moteur de ce journal. À nos collaborateurs, à nos lectorats critiques, merci de croire en la mission du JAC et de faire de ce journal un succès.
Je suis remplie d’optimisme pour l’avenir du JAC sous la nouvelle direction. Alors que nous naviguons en plein changement sur le plan de l’ordre mondial, j’espère que vous continuerez de faire confiance à votre journal pour ses précieuses observations, son rôle dans la promotion d’un dialogue constructif et sa contribution aux discussions continues sur des sujets pertinents pour l’Armée canadienne.
Merci à tous pour votre incroyable soutien. Pour conclure, je vous laisse sur cette réflexion : « En période de changement, ce ne sont pas les plus forts qui survivent, mais ceux qui s'adaptent le mieux à l'évolution du paysage des conflits et de la guerre. »
La rédactrice en chef
Aditi Malhotra, Ph. D.
A l’automne 2022, lorsque j’ai commencé à collaborer avec Aditi Malhotra, Ph. D., afin de publier un numéro du Journal de l’Armée canadienne sur la guerre urbaine, nous avons contacté des chercheurs et des praticiens spécialisés dans les opérations urbaines afin de solliciter leur contribution. À notre agréable surprise, presque tous ont répondu favorablement à notre demande et ont accepté de participer. Compte tenu du grand nombre de contributions, l’expertise éditoriale d’Aditi nous a permis d’élargir notre projet de numéro thématique avec un second dossier qui serait publié dans le numéro suivant. Lors de l’organisation du contenu, j’ai proposé de regrouper les articles en fonction du processus opérationnel : le numéro serait consacré aux sujets devant être analysés et traités pendant la phase essentielle de planification et de préparation; puis le dossier thématique porterait sur la phase d’exécution, notamment sur le type d’activités menées pendant une opération urbaine.
Le numéro thématique a été publié à la fin de 2024 et a reçu des commentaires positifs. Poursuivant sur cette lancée, nous sommes heureux de vous présenter ce dossier thématique, auquel ont contribué de nombreux experts renommés en matière d’opérations urbaines. Dans ce dossier, nous avons la chance de publier un article de Charles Knight, Ph. D., chercheur et historien expert de la guerre urbaine, sur l’importance pour les forces amies de neutraliser la supériorité de l’ennemi dans ce type de conflit, soit en utilisant une puissance de feu écrasante tout en appliquant le principe de concentration des forces, soit en utilisant d’autres outils pour réduire les dommages collatéraux et le nombre de victimes, que la plupart des gens croient – peut-être à tort, selon lui – inévitables en raison de la norme historique dans la guerre urbaine. Ensuite, John Spencer, spécialiste de renommée mondiale en matière de guerre urbaine, nous présente ses conclusions sur la bataille de Choucha, qui a été d’une importance stratégique lors de la guerre du Haut-Karabakh en 2020. Il a visité cette ville, effectué une reconnaissance du terrain géographique et urbain, puis interviewé certaines des personnes ayant participé à la bataille peu après la fin du c onflit.
Au début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine (2022-présent), les attaques contre les villes de Kiev et de Kharkiv ont laissé croire à bons nombres que les Russes étaient totalement incapables de combattre en milieu urbain. Toutefois, avant de tirer cette conclusion, il est important de comprendre la doctrine relative aux opérations urbaines de la Russie et ses résultats positifs et négatifs. C’est ce que j’ai tenté d’expliquer dans mon article. Puis, Lester Grau et Charles Bartles, experts reconnus mondialement dans le domaine de l’armée russe, présentent et analysent un article russe tiré de la revue Army Digest, qui traite des leçons retenues des opérations urbaines, en plus de fournir une description détaillée des adversaires ukrainiens et des tactiques de guerre urbaine employées par ces derniers au cours des premiers mois de la guerre.
Il serait faux et présomptueux de croire que les pays occidentaux sont les seuls à avoir de l’expérience en matière d’opérations urbaines. Pour mettre en évidence la nature mondiale des opérations urbaines et découvrir des perspectives non occidentales, nous avons sollicité la contribution d’experts et de praticiens provenant d’Extrême-Orient et d’Asie du Sud. La bataille de Marawi en 2017 reste une fascinante étude de cas pour quiconque s’intéresse à la guerre urbaine. Pour faire la lumière sur cette affaire, Ann Bajo, qui était alors analyste de la défense au sein des forces armées philippines, propose une étude et une analyse approfondies de la bataille. Pour sa part, le colonel (à la retraite) Rajesh Singh, qui était commandant de compagnie lors des opérations de contre-insurrection (relativement peu documentées) au Sri Lanka à la fin des années 1980, nous offre une rare occasi on de comprendre certaines des opérations urbaines de l’époque. De plus, alors que la Chine conduit des exercices militaires audacieux autour de Taïwan, une île où environ 80 p. 100 de la population vit en milieu urbain, il est opportun d’examiner les capacités et l’équipement de la Chine en matière d’opérations urbaines, un sujet habilement abordé par Jesús Román García, un éditeur chevronné d’un magazine militaire espagnol. Le numéro se termine par trois critiques de livres de Noorulain Naseem et Muneeba Nawaz Khan, du lieutenant-colonel (à la retraite) Steve Macbeth et de moi-même.
Malheureusement pour l’Armée canadienne dans son ensemble et pour le Journal de l’Armée canadienne en particulier, Aditi Malhotra termine son mandat de rédactrice en chef et ce numéro est le dernier qu’elle publie. Durant son bref passage, elle a fait preuve d’une grande rigueur professionnelle lors de la création des numéros dont elle était responsable, ce qui a permis à de nombreux auteurs, dont moi-même, d’approfondir leurs connaissances. Sa chaleur et son attitude avenante ont fait d’elle une collaboratrice de choix lors de la création de ces deux numéros du Journal de l’Armée canadienne.
Nous espérons sincèrement que vous apprécierez la lecture de ce dossier thématique consacré à la guerre urbaine. Nous espérons également que ce numéro et le précédent auront suscité votre intérêt et vous auront incité, peut-être, à tenir compte davantage des opérations urbaines dans votre travail afin de mieux préparer nos soldats, marins et aviateurs aux inévitables guerres urbaines auxquelles nous participerons.
Le rédacteur invité
Major Jayson Geroux, CD

