Notes d’allocution de l’honorable Jean-Yves Duclos pour le Forum de l’OCDE sur les politiques sociales 2018

Discours

Notes d’allocution

de

l’honorable Jean-Yves Duclos,
ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social

pour le

Forum de l’OCDE sur les politiques sociales 2018 : La vision canadienne pour des politiques sociales qui profitent à tous

Montréal (Québec)

Le 14 mai 2018

 

Ouverture

Bonjour à tous.

Au nom du Canada, c’est avec grand plaisir que je vous accueille au Forum et à la Réunion ministérielle de l’Organisation de coopération et de développement économiques sur les politiques sociales 2018.

Avant de commencer, je tiens d’abord à remercier l’Aîné mohawk Ka’nahsohon (KAH-NAH-SOHN) Deer d’avoir prononcé le mot d’ouverture et d’avoir souligné encore une fois que nous nous rencontrons sur le territoire traditionnel du peuple mohawk.

Il s’agit d’un véritable honneur que d’accueillir cette réunion à l’extérieur de Paris pour la première fois dans l’histoire du Forum sur les politiques sociales.

Et d’être ici à Montréal en compagnie de mes collègues provinciaux et territoriaux, de représentants d’organisations autochtones nationales, d’invités internationaux, de partenaires sociaux, d’experts en politiques sociales, d’universitaires, de membres de la société civile et de dirigeants d’entreprises.

J’aimerais saluer tout particulièrement le Secrétaire général de l’OCDE, M. Angel Gurría, et son équipe pour avoir travaillé si étroitement avec mon ministère à la planification de cet évènement, ainsi que le Portugal, la Grèce et la Suède d’avoir accepté la vice-présidence de ce Forum.

Je crois que le Canada est particulièrement bien placé pour accueillir cet événement, car, à bien des égards, nous nous appuyons sur les mêmes principes qui ont mené à la création de l’OCDE.

Après tout, cette organisation a été fondée dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, alors que les pays du monde entier reconnaissaient leur interdépendance et qu’ils réalisaient que la meilleure façon d’avancer était de coopérer.

Ils ont compris alors, comme nous le comprenons maintenant, qu’en travaillant ensemble et en partageant nos diverses expériences, nous sommes plus susceptibles de trouver des solutions à nos problèmes communs.

Bien que chaque membre de l’OCDE soit unique, nous nous réunissons également parce que nous voulons tous ce qu’il y a de mieux pour le monde.

En raison de notre vaste territoire, de notre histoire commune et de notre diversité qui fait notre force et notre fierté, la fédération canadienne valorise elle aussi la puissance de la coopération.

Le Canada et l’OCDE ont aussi des défis communs.

Les données démographiques changent. Les nouvelles technologies changent nos façons de travailler et de vivre. Les milieux de travail évoluent. La mondialisation signifie que la frontière entre les enjeux locaux et les enjeux internationaux est de plus en plus floue. La richesse extrême côtoie l’extrême pauvreté et la vulnérabilité, et entre ces deux extrêmes, les gens de la classe moyenne font face à l’incertitude — pour eux-mêmes et pour leurs familles.

Dans ce contexte, le thème du Forum sur les politiques sociales de cette année semble tout à fait approprié : Les politiques sociales pour une prospérité partagée : S’ouvrir à l’avenir.

Et cela est particulièrement vrai du point de vue canadien.

Les Canadiens de la classe moyenne, comme les gens de la classe moyenne un peu partout dans le monde, s’interrogent sur leur place dans la société et sur ce que sera leur avenir et celui de leurs enfants.

Ils voient des changements sociaux et économiques rapides, et ils vivent dans l’incertitude par rapport à leur place dans la société. Comme nous l’avons vu à de nombreux endroits, cela peut conduire à des sentiments d’exclusion et de frustration.

Quand on voit de quelle manière les sentiments — parfois légitimes, parfois imaginés — d’exclusion sociale génèrent des tensions politiques de plus en plus inquiétantes, je pense qu’il est important de reconnaître la valeur de l’inclusion non seulement pour des raisons sociales, mais aussi pour des raisons de développement économique et de climat politique.

Comme le premier ministre du Canada Justin Trudeau le disait récemment :

« La préoccupation d’être laissés pour compte n’est pas propre au Canada. Nous le voyons avec tous les appels au nationalisme plutôt qu’à la mondialisation qui sont faits dans le monde et avec ceux qui promettent de construire des murs plutôt que de construire des ponts. Lorsque la prospérité n’est pas partagée, les gens se sentent de plus en plus laissés pour compte et cela les conduit à chercher de fausses solutions à leurs problèmes. »

C’est aussi vrai au Canada que partout ailleurs. En fait, depuis son arrivée au pouvoir en 2015, l’un des objectifs principaux de notre gouvernement a été de faire en sorte que tous les Canadiens ressentent les effets de la croissance et de la prospérité, surtout ceux de la classe moyenne et ceux qui travaillent fort pour en faire partie.

La vision canadienne

Alors, comment avons‑nous répondu à ce défi ?

Nous avons relevé ce défi en adoptant et en défendant ces valeurs qui tiennent à cœur aux Canadiens : diversité, égalité et inclusion sociale.

À l’échelle nationale, notre gouvernement croit que de veiller à ce que tous les Canadiens aient de véritables chances égales de réussir est non seulement la bonne chose à faire, mais également la chose intelligente à faire pour assurer la croissance de l’économie à court et à long terme.

À l’échelle internationale, cela signifie appuyer des organisations comme l’OCDE pour s’assurer qu’ensemble nous continuons à construire des ponts.

Sur le plan international, cela signifie aussi que nous devons assumer notre responsabilité à l’égard du développement mondial et travailler à la mise en œuvre des objectifs de développement durable des Nations Unies.

Cela signifie également que, dans le contexte où le Canada assure la présidence du G7 cette année, nous faisons de l’égalité des sexes l’un des principaux objectifs de nos plans et de nos actions.

À l’échelle nationale, nous avons pris des mesures pour apaiser cette anxiété et aider les gens à faire face à l’incertitude que génère un monde en évolution.

Par exemple, nous avons augmenté les impôts du 1 % des plus riches afin de pouvoir baisser les impôts de la classe moyenne. Nous ne l’avons pas fait par manque de considération envers les gens qui réussissent bien dans la vie, mais plutôt parce que nous croyons que les familles de la classe moyenne ont davantage besoin d’aide.

Nous avons aussi transformé le soutien financier aux familles en introduisant une nouvelle Allocation canadienne pour enfants, ou ACE, qui représente l’innovation canadienne la plus importante en matière de politique sociale depuis une génération.

L’ACE est une prestation non imposable, plus simple, plus transparente et plus équitable que le précédent système complexe de crédits d’impôt à la pièce et de soutien aux familles disposant d’un revenu plus élevé.

Depuis son introduction, cette forme de revenu minimum garanti pour les familles donne à neuf familles canadiennes sur dix plus d’argent pour élever leurs enfants et permet de sortir quelque 300 000 enfants de la pauvreté ainsi que leurs 200 000 parents.

Nous avons également mis en place la première Stratégie nationale sur le logement de l’histoire du Canada, ce qui va permettre à plus de Canadiens d’avoir un chez-soi sûr et abordable, où les enfants peuvent apprendre et s’épanouir, où les parents peuvent trouver la stabilité dont ils ont besoin pour réussir sur le marché du travail et où les aînés peuvent vivre dans la dignité.

Nous avons également augmenté le montant de l’aide que les étudiants canadiens peuvent obtenir, de manière à rendre l’éducation postsecondaire plus abordable.

Nous allons aussi mettre en place en 2019 une nouvelle Allocation canadienne pour les travailleurs pour mettre plus d’argent dans les poches des travailleurs à faible revenu.

Cette allocation aidera plus de 2 millions de Canadiens qui travaillent fort pour se joindre à la classe moyenne et sortira 70 000 travailleurs de la pauvreté d’ici 2020, tout en encourageant un plus grand nombre de Canadiens à entrer et à demeurer sur le marché du travail.

Nous investissons également dans divers programmes de formation et d’emploi destinés aux travailleurs canadiens sans emploi ou sous‑employés, leur permettant ainsi de perfectionner leurs compétences afin d’être prêts pour le marché du travail moderne.

Ce ne sont là que quelques‑unes des mesures que nous avons prises pour aider les gens à se sentir confiants face aux changements que nous ressentons tous et à s’y adapter.

J’aimerais aussi ajouter que les Canadiens sont bien conscients que nous ne pouvons pas nous permettre de laisser la moitié de notre population de côté.

C’est pourquoi nous mettons en place des mesures importantes pour aider davantage de femmes à participer pleinement au marché du travail.

Parmi ces quelques mesures importantes, on retrouve notamment le soutien à l’équité salariale, l’entrepreneuriat féminin et la participation des femmes à des emplois non traditionnels.

Nous encourageons l’égalité des sexes, non seulement au travail, mais également à la maison.

C’est pourquoi nous offrons un important soutien aux gouvernements provinciaux et territoriaux afin qu’ils puissent mettre en place des services de garde d’enfants abordables et de grande qualité.

Prendre au sérieux l’équité entre les sexes signifie prendre les services de garde d’enfants au sérieux.

De plus, notre tout dernier budget prévoit une nouvelle prestation parentale partagée qui vise à accroître l’égalité entre les sexes et à promouvoir des rôles parentaux plus égaux.

Renforcer la classe moyenne et aider ceux qui travaillent fort pour en faire partie, telle est notre vision.

Et celle‑ci continue de nous guider dans tout ce que nous faisons ; et notre plan fonctionne, parce que les Canadiens travaillent.

Au cours des deux dernières années, les Canadiens ont contribué à l’essor de notre économie, créant près de 600 000 emplois et faisant baisser le taux de chômage près de son niveau le plus bas en 40 ans.

Des politiques sociales adaptées axées sur les gens

En tant que décideurs, notre responsabilité est d’améliorer la vie de tous, en particulier celle des groupes marginalisés et vulnérables tels que les femmes fuyant la violence familiale, les immigrants, les Autochtones, les personnes handicapées et les membres de la communauté LGBTQ2.

Nous devons également donner à ces citoyens une voix dans le processus menant à l’élaboration de politiques.

Les citoyens savent également que lorsque les processus d’élaboration de politiques sont inclusifs, respectueux et représentatifs des divers intérêts et opinions, ils produisent de meilleurs résultats.

L’engagement continu favorise également les politiques axées sur les personnes, rappelant aux représentants élus et non élus pour qui et pour quoi ils doivent travailler fort chaque jour.

Innovation et partenariats

Il est devenu de plus en plus clair que les défis découlant du rythme accéléré des changements sociaux, économiques et environnementaux ne peuvent plus être surmontés en ayant recours à une approche unique ou en faisant appel à un seul individu, à un seul ordre de gouvernement ou à une seule organisation.

Les approches pangouvernementales et les partenariats entre les secteurs sont essentiels afin de développer et mettre en place des solutions novatrices pour améliorer durablement la qualité de vie de tous nos citoyens.

Nous avons tous un rôle à jouer, que ce soit les intervenants, les organismes du milieu communautaire et les chercheurs qui nous fournissent les données probantes nécessaires pour éclairer l’élaboration de nos politiques sociales.

C’est pourquoi la mise à profit de l’innovation sociale est devenue une priorité pour le Canada. L’innovation sociale consiste à élaborer de nouvelles solutions pour surmonter les défis sociaux et économiques, et ce, afin de résoudre de multiples problèmes que rencontrent nos citoyens les plus vulnérables et tirer parti du pouvoir des partenariats.

Conclusion

Comme l’a dit le célèbre économiste Amartya Sen : [traduction] « la croissance économique sans investissement dans le développement humain est intenable — et contraire à l’éthique. »

Pour nous, pour le Canada, cela signifie favoriser une croissance économique durable qui stimule la prospérité de la classe moyenne, un développement inclusif qui ne met personne de côté, et un développement durable qui protège la santé de nos familles et de notre environnement.

Dans un monde en évolution rapide, nous sommes tous confrontés aux mêmes défis et les mêmes possibilités s’offrent à nous.

La vision et le travail de l’OCDE nous aident à concevoir des politiques sociales tournées vers l’avenir et à prévoir les changements afin de bâtir une société qui comporte des avantages pour tous.

Travaillons ensemble et partageons au cours des deux prochains jours les moyens les plus efficaces pour s’assurer que toutes et tous aient une chance juste et réelle de réussir.

Merci.

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2018-05-29