Les inondations au Canada : Ontario

Introduction

En Ontario, les inondations sont causées par la fonte des neiges, les pluies torrentielles du printemps, les orages d'été, les tempêtes tropicales ou ouragans, ou les embâcles. La cause principale toutefois est la fonte des neiges au printemps.

La plus grave inondation jamais vue en Ontario est survenue en octobre 1954, lorsque l'ouragan Hazel a frappé la région de Toronto. Il y eut 81 pertes de vie, et les dommages furent estimés à 25 millions de dollars (146,9 millions de dollars de 1998).

Les embâcles se produisent au printemps lorsque le dégel est hâtif et rapide et qu'une nappe de glace épaisse recouvre les cours d'eau. En mai 1986, un embâcle détruisit dans le nord de la province le village de Winisk; il y eut deux morts.

Ces deux événements son décrits plus en détail ci-après.

L'ouragan Hazel - 1954

Entre 7 h le jeudi 14 octobre et minuit le vendredi 15 octobre 1954, il tomba environ 210 millimètres de pluie dans les bassins versants des rivières Don et Humber, et les ruisseaux Etobicoke et Mimico. L'ouragan Hazel dévasta sur son passage la région de Toronto. Non seulement l'intensité de la tempête prit-elle la population par surprise, mais le fait même que l'ouragan se fût rendu jusque-là était en soi étonnant.

En approchant l'Ontario, en provenance des Antilles, l'ouragan montrait des signes de faiblesse. Cette dépression tropicale extrême se déplaçait à l'intérieur du continent mais il lui fallait encore traverser les monts Allegheny, et la vitesse de ses vents diminuait. Toutefois, lorsque l'air chaud gorgé d'humidité entra en contact avec le front froid, des précipitations records furent enregistrées. La région la plus touchée fut celle de Brampton au nord-ouest de Toronto. La pluie avait cessé en grande partie vers minuit le 15 octobre. Toutefois, ces fortes pluies furent suivies de graves inondations.

Les cours d'eau de la région de Toronto ont des pentes raides, et leur capacité de stockage est à toute fin pratique inexistante. Les plaines inondables sont donc fréquemment inondées pendant les tempêtes de forte intensité et lors du ruissellement printanier. Même dans les meilleurs conditions, les pluies abondantes dues à l'ouragan Hazel auraient provoqué des inondations. Dans ce cas-ci, les sols déjà imbibés d'eau aggravèrent la situation. Les pluies automnales avaient été inhabituellement abondantes et avaient saturé les sols, empêchant ainsi l'absorption d'une partie importante des averses de Hazel. On estima que 90 % de la pluie tombée dans le bassin de la rivière Humber le quitta sous forme de ruissellement. En fait, c'est la rivière Humber qui draina la région où les pluies furent les plus intenses. Le 16 octobre, le débit de la rivière était quatre fois plus élevé que tout débit précédemment enregistré.

L'ouragan Hazel provoqua la pire inondation dans la région torontoise en plus de 200 ans. Comme la majeure partie de la plaine inondable était déjà aménagée, les dégâts dus à l'eau furent considérables; on les estima à 25 millions de dollars (146,9 millions de dollars de 1998). Plus de 20 ponts furent détruits ou endommagés au point de ne plus être réparables, on déplora 81 pertes de vie, et 1 868 familles se retrouvèrent sans abri.


Dommages causés par l'ouragan Hazel à Toronto, en 1954.

Photo - Dommages causés par l'ouragan Hazel à Toronto, en 1954.

Les ponts des rues Bloor et Dundas, le pont Old Mill et celui d'Albion Road sur la rivière Humber furent sérieusement endommagés, tandis que celui de l'avenue Lawrence à Weston fut tout simplement emporté. Tous les hauts-fonds furent inondés, et des routes et des bâtiments furent endommagés. À Weston, la rivière Humber monta de 6 mètres et emporta tout un pâté de maisons sur Raymore Drive, tuant ainsi 32 personnes en une heure.


Woodbridge durant l'ouragan Hazel en 1954.

Photo - Woodbridge durant l'ouragan Hazel en 1954.

Douze chalets furent détruits dans un lieu de villégiature à Humber Summit, et des chalets sur le ruisseau Black, à la hauteur de Mount Dennis, furent eux aussi sérieusement inondés. La destruction d'un parc de roulottes à Woodbridge fit 20 victimes. Le village fut fort inonde, et les routes et les maisons subirent d'importants dommages.

À l'embouchure du ruisseau Etobicoke, à Long Branch, un groupe de chalets fut emporté, tout comme le parc de roulottes de Pleasant Valley. Au moins 7 personnes furent tuées, et 365 familles perdirent leur toit.

Photo - Communiqué de presse - l'ouragan Hazel
Au nord de Toronto, 3 000 personnes durent quitter leurs domiciles dans le secteur de Holland Marsh, à mesure que les eaux montaient. La crue fut si rapide que la construction de remparts avec des sacs de sable ne servit à rien; l'eau passa par-dessus les digues, et les habitants de l'endroit durent se réfugier dans les hauteurs.

Les citoyens de Toronto se souviennent très bien de leurs expériences personnelles pendant l'ouragan Hazel, comme si les événements s'étaient produits hier. Le 3 octobre 1979, l'office de protection de la nature de la Communauté urbaine de Toronto commémora le 25e anniversaire de l'ouragan Hazel, et plus de 200 personnes assistèrent à la cérémonie.

Depuis 1957, l'office de protection de la nature a entrepris un programme complet de gestion de bassins versants relevant de son mandat, y compris la régularisation des crues. Il a acquis des terrains dans les plaines inondables, et l'on en a retiré les bâtiments pour faire des parcs. De plus, les règlements sur les plaines inondables permettent à l'office de contrôler les activités dans les zones inondables.

Dans un communiqué de presse émis de nouveau par l'office de protection de la nature le 4 octobre 1984, on rappelle les événements qui se déroulèrent les 14 et 15 octobre, 30 ans auparavant :

Policiers, pompiers, soldats, marins et citoyens ordinaires : tous luttèrent pendant la nuit pour sauver ceux et celles qui, échoués sur les hauts-fonds de la rivière, étaient entourés par l'eau déchaînée. Parfois, leurs efforts réussirent et ils sauvèrent des vies; d'autres fois, juste au moment où ils étaient sur le point de rejoindre des personnes en mauvaise posture, l'eau montait soudainement et les emportait au loin. Parmi les victimes de l'ouragan, il y eut des secouristes, comme ces cinq pompiers volontaires d'Etobicoke, balayés par la furie dans leurs efforts pour atteindre des citoyens en danger, bloqués par les eaux. Ils perdirent la vie lorsque leur auto-échelle, qu'ils avaient placée sur la berge de la rivière Humber pour tenter de rejoindre trois jeunes coincés sur le toit d'une voiture, bascula dans les eaux agitées.


Inondation survenue durant l'ouragan Hazel à Toronto, en 1954.

Photo - Inondation survenue durant l'ouragan Hazel à Toronto, en 1954.

Cette carte montrent l'étendue des dommages causés par l'ouragan Hazel. 


Gracieuseté de l'office de protection de la nature de la Communauté urbaine de Toronto.

L'étendue des dommages causés par l'ouragan Hazel

Voir aussi : Anecdotes : Ontario

L'inondation de Winisk

Le 16 mai 1986, le village de Winisk fut effacé du paysage nordique par des blocs massifs de glace charriés par la rivière Winisk en crue. En une journée seulement, tout le village, hormis deux maisons, fut rasé. De nombreuses maisons flottaient loin de leur fondation, certaines à un kilomètre en aval sur la côte, d'autres à cinq ou six kilomètres à l'intérieur des terres.

Une équipe d'urgence mise sur pied par Affaires indiennes et du Nord Canada et le ministère des Richesses naturelles de l'Ontario coordonna les secours officiels à partir de l'aéroport de Winisk, qui n'avait pas été inondé. Les hélicoptères secoururent des personnes coincées dans des canots et le village, et les ramenèrent à l'aéroport.

Lorsque le premier hélicoptère 206 a atterri à l'aéroport de Winisk, je suis monté... et nous sommes partis recueillir les personnes sur la crête. (Dès le début, nous avions estimé qu'il y avait une cinquantaine de personnes sur la crête.) Comme toute la région était recouverte par le brouillard, j'ai dû retrouver la crête de mémoire, et la visibilité avant était d'environ 100 à 200 verges, et le plafond était de 50 pieds. Nous avons trouvé la crête et nous avons commencé à secourir les gens. En tout, j'ai fait huit allers-retours. Recueillir les gens dans le village n'a pas été sans peine. J'ai aidé les personnes, une par une, lorsqu'elles avaient grimpé sur des gros morceaux de glace enchevêtrés et sur la glace écrasée et l'eau qui coulait rapidement, jusqu'à ce qu'elles soient à portée des patins de l'hélicoptère...

- Un pilote

Un homme et une femme perdirent la vie pendant l'inondation. Une personne se noya lorsqu'elle fut emportée par l'eau et la glace. L'autre fut écrasée par la glace en mouvement.

Tout le village fut détruit, et il fallut le relocaliser 30 kilomètres au sud de son emplacement original.

Recommandations de l'enquête du coroner

Eu égard au fait que toutes les collectivités côtières dans la région des baies James et d'Hudson sont situées dans une zone mondiale connue, et compte tenu des distances, des coûts et du temps en cause, nous, membres du jury, formulons les recommandations suivantes, à titre de mesures préventives :

  1. Qu'un Comité de planification des mesures d'urgence pour les baies James et d'Hudson soit créé et composé de représentants de chaque collectivité et des gouvernements fédéral et provinciaux, afin de planifier les mesures en cas de catastrophe.
  2. Que chaque collectivité soit dotée d'un Comité de planification des mesures d'urgence, et que son président ou son remplaçant soit la personne assurant la liaison avec le Comité de planification des mesures d'urgence pour les baies James et d'Hudson.
  3. Que chaque collectivité soit équipée de systèmes portatifs de communications radio.
  4. Que le Comité de planification des mesures d'urgence pour les baies James et d'Hudson revoie chaque année les plans de mesures d'urgence et mette à jour les données au besoin.
  5. Que chaque collectivité construise une plate-forme pour hélicoptères de taille suffisante compte tenu de leur population, et qu'elle soit surélevée d'au moins huit pieds au-dessus du sol et pourvue d'un système d'éclairage autonome.
  6. Que chaque collectivité prévoie une route d'évacuation, en cas d'autres catastrophes, reliant la collectivité à un lieu de refuge.
  7. Qu'on utilise des hélicoptères au lieu des avions pour la surveillance aérienne des glaces fluviales et de l'état de la neige avant et pendant la débâcle.
  8. Qu'un système d'avertissement soit mis en place dans chaque collectivité, dans le cadre des plans d'évacuation d'urgence.
  9. Que le Programme fédéral-provincial de réduction des dommages causés par les inondations soit la principale source du financement nécessaire à l'application de toutes les recommandations.
  10. Que le Comité de planification des mesures d'urgence de district, proposé dans les présentes, demande à Ontario Hydro de surélever toutes les lignes électriques qui traversent les rivières.
  11. Que toutes les recommandations ci-dessus soient mises en place et prennent effet immédiatement.

La tempête de Timmins

Bon nombre de crues éclair sont très localisées, comme ce fut le cas lors de la tempête de Timmins, le 31 août 1961. Pendant l'après-midi, la température était supérieure à 25°C, le ciel nuageux et l'on pouvait entendre à l'occasion le grondement du tonnerre. Vers 18 h, une pluie intense tomba et dura environ deux heures. Il tomba ensuite vers 21 h une pluie légère qui se poursuivit jusqu'à 23 h, et la pluie devint alors torrentielle. Pendant ces pluies abondantes, on entendait continuellement le tonnerre et il y avait des chutes occasionnelles de grêle.

Le ruisseau Town, qui traverse Timmins, a un très petit bassin versant, une dizaine de kilomètres carrés seulement. Pendant l'après-midi, le ruisseau était normal : presque à sec, coulant parmi les saules, les joncs, les détritus. Avec le fort ruissellement d'averse, ajouté à celui provenant des rues et des égouts, le ruisseau monta rapidement en crue. Il atteignit son débit de pointe vers minuit, en raison de l'intensité des pluies et de la faible étendue du bassin versant, et demeura à un niveau élevé toute la nuit, pendant que l'intensité de la pluie diminuait. Tôt le matin suivant, la pluie avait cessé. Le débit diminua progressivement par après.

Bien que les pluies torrentielles n'aient duré que quelques heures, elles emportèrent des segments de route, détruisirent des maisons, affouillèrent des fondations et causèrent d'autres dégâts matériels. Une mère et ses quatre enfants périrent noyés dans une maison sur les berges du ruisseau.

Les Grands Lacs

Deux forces puissantes agissent sur les rives des Grands Lacs : les inondations et l'érosion. Ces problèmes ont été les plus graves lorsque le niveau de l'eau des Grands Lacs a été élevé, notamment en 1952, en 1972-1973 et en 1985-1987.

Les rives protégées par le socle rocheux ne souffrent pas d'érosion; c'est les cas des rives relativement peu peuplées du lac Supérieur et la rive nord du lac Huron. Toutefois, la majeure partie des rives entre Port Severn, dans la baie Georgienne, et Gananoque, situées à l'extrémité est du lac Ontario, sont sujettes à l'érosion. On a érigé chalets et maisons sur ces rivages, ce qui accroît le coût des dommages occasionnés par les inondations et l'érosion.

Les rives sont inondées lorsque le niveau de l'eau augmente au-dessus de sa valeur moyenne, que ce soit rapidement ou pendant plusieurs mois. L'ampleur de l'inondation dépend de deux facteurs : l'amplitude des fluctuations du niveau de l'eau, et l'élévation des terres riveraines. Les inondations sont habituellement confinées aux parties basses adjacentes aux lacs, et le long des affluents qui montent en crue à la suite du reflux de l'eau.

Le niveau de l'eau des Grands Lacs fluctue de façon saisonnière et annuelle. Dans la plupart de ces lacs, le niveau de l'eau tend à être bas au milieu de l'hiver et élevé au milieu de l'été. Les fluctuations saisonnières varient habituellement entre 30 et 50 centimètres, tandis que les fluctuations étalées sur plusieurs années varient de 1,2 à 1,8 mètre.

Cette modification du niveau des lacs dépend avant tout des précipitations, soit directes dans les lacs mêmes, soit sous forme de ruissellement provenant des bassins versants. Les années 1960 ont été caractérisées par de faibles précipitations et une diminution correspondante du niveau des lacs. Par contre, 1972 et 1985 ont été des années de fortes précipitations (1985 a été une année record). Le niveau des lacs peut demeurer élevé pendant plusieurs années, notamment dans les lacs inférieurs car ils reçoivent l'eau des lacs d'amont. D'autres facteurs influent sur le niveau de l'eau, dont le vent, l'évaporation et les ouvrages de régularisation. Les embâcles, le dragage et les ouvrages de dérivation ont peu d'effets. Les mouvements de la croûte terrestre, c'est-à-dire la remontée élastique des masses de terre enfoncées lors du dernier âge glaciaire, provoquent une variation du niveau de l'eau, mais à très long terme.

On parle d'inondations à long terme lorsque les lacs atteignent des niveaux records et peuvent y persister de nombreux mois. Les inondations à court terme sont le fait des tempêtes. Plusieurs tempêtes peuvent produire des vagues et des lames immenses capables de déborder les rives et causer des inondations temporaires. Les tempêtes et les seiches peuvent de plus incliner la surface d'un lac, ce qui provoque une variation soudaine de son niveau. Parmi les facteurs qui influent sur l'ampleur des fluctuations à court terme, mentionnons la profondeur du lac, l'orientation des rives par rapport aux vents dominants, et la longueur des eaux libres (le fetch).

Le lac Érié et le lac Sainte-Claire sont très sensibles aux dommages causés par l'érosion et les inondations. Le lac Érié a une profondeur moyenne de 19 mètres seulement, soit le tiers du lac le deuxième moins profond, le lac Huron. Des lames faisant jusqu'à 2,5 mètres ont déjà été observées à l'extrémité est du lac Érié. Ces conditions peuvent durer de quelques heures à quelques jours. Les rives du lac Sainte-Claire sont très développées, et même des lames moyennes provoquées par une tempête peuvent causer des dommages appréciables.

Au cours des 40 dernières années, il y a eu trois cas d'inondation importante : 1952, 1972-1973 et 1985-1987. Ces périodes d'inondation et d'érosion causèrent pour 25 millions de dollars (84,7 millions de dollars de 1998) de dommages aux rives canadiennes en 1972-1973, et environ 100 millions de dollars (124,3 millions de dollars de 1998) de dommages entre 1985 et 1987.

1972-1973

À la fin des années 1960, des précipitations supérieures à la moyenne ont commencé à augmenter le niveau des Grands Lacs. En 1972, les précipitations furent abondantes. Pendant cette période, plusieurs tempêtes violentes infligèrent des dommages sérieux aux rives. Les lames de tempête, s'ajoutant aux eaux déjà anormalement hautes, ont accru l'étendue et l'ampleur des dégâts subis par les propriétaires riverains.

Les vents du nord-est peuvent avoir un grand effet sur les rives du lac Érié, comme ce fut le cas lors de la tempête de novembre 1972. Atteignant des vitesses de plus de 50 kilomètres par heure au-dessus d'eaux peu profondes, ils ont provoqué des dommages sérieux aux rives.

Le lac Sainte-Claire, avec une rive sud très développée, est vulnérable à tout vent du nord; la faible profondeur du lac se prête à la formation de vagues. Lors de la tempête du 13 au 15 novembre 1972, les vents du nord de longue durée atteignirent une vitesse de 58 kilomètres par heure et causèrent des dommages considérables aux propriétés riveraines.

Sur le lac Huron, il y eut également une tempête majeure les 13 et 14 novembre 1972, ainsi qu'en mars et au début d'avril 1973. Des vents constants et véloces provenant du nord et du nord-ouest eurent pour effet d'entretenir de fortes vagues le long des rives, provoquant de sérieux dommages entre Sarnia et Bayfield. Dans la région de la baie Georgienne, les dommages ne furent toutefois pas aussi graves.

Une tempête violente souffla au-dessus du lac Ontario les 10 et 11 avril 1973. En quelques heures, des vents puissants du nord-est firent monter l'eau à l'extrémité ouest du lac à 0,76 mètre au-dessus du niveau moyen. Les tempêtes qui survinrent en mars et avril au-dessus du lac Érié furent elles aussi destructrices. Les 17 et 18 mars 1973, une tempête sur le lac Sainte-Claire causa des eaux en crue qui atteignirent l'intérieur des terres, ce qui ajouta aux dommages déjà encourus sur les rives du lac.

1985-1987

Entre novembre 1984 et avril 1985, les précipitations dans l'ensemble du bassin des Grands Lacs furent de 20 % supérieures à la moyenne, et entre mai et décembre 1985, elles le furent de 27 %. Le ruissellement du printemps 1985 était de 20 à 65 % plus élevé qu'à l'ordinaire, et il fut le plus important en 20 ans. Par conséquent, tous les Grands Lacs, sauf le lac Ontario, atteignirent des niveaux records en 1985. (Le niveau du lac Ontario fut modéré par l'écoulement régularisé de l'eau dans le fleuve Saint-Laurent.)

Le 31 mars et le 6 avril 1985, des tempêtes frappèrent le lac Érié. Pointe-Pelée et Long Point furent les endroits les plus durement touchés. Les tempêtes détruisirent des chalets, emportèrent les routes d'accès, érodèrent les plages, déracinèrent les arbres et éventrèrent les digues. Il n'y a pas eu d'évaluation précise des dommages, mais le comté d'Essex estima les dégâts totaux à 8,1 millions de dollars (9,9 millions de dollars de 1998).

Le 2 décembre 1985, une tempête accompagnée de rafales de 100 kilomètres par heure toucha gravement les rives exposées à l'ouest. Les rives du lac Huron furent érodées, il y eut une inondation mineure sur les rives du lac Sainte-Claire, et des chalets à l'extrémité est du lac Érié furent détruits; il y eut aussi à cet endroit des dégâts matériels, et des structures de protection riveraine furent endommagées.

Des marécages ou des régions adjacentes comptaient parmi les régions les plus touchées en 1985 et 1986. Bon nombre des chalets endommagés étaient construits sur des barres de sable ou des segments de plage qui furent débordés par l'eau.

En 1986, les précipitations furent équivalentes à la moyenne à long terme sur l'ensemble du bassin; le ruissellement était supérieur de 10 % à la moyenne. Pendant les cinq premiers mois de l'année, le niveau du lac Supérieur atteignit des valeurs records, puis il diminua ensuite pour le reste de l'année sous les valeurs records. Les lacs Huron, Sainte-Claire et Érié connurent tous des niveaux d'eau records en raison d'un écoulement important des lacs d'amont. Même le niveau du lac Ontario, qui est régularisé, était de 0,3 à 0,5 mètre au-dessus de la moyenne.

Il n'y eut pas de tempêtes violentes en 1986. Toutefois, plusieurs tempêtes causèrent des dommages. En janvier, des vents de 80 kilomètres par heure venant de l'ouest causèrent des inondations et une érosion mineures sur les rives du lac Érié. En juin, une tempête causa une inondation généralisée sur la rivière St. Clair. En août, des vents atteignant 55 kilomètres par heure causèrent une inondation et de l'érosion à Wasaga Beach sur la baie Georgienne. En octobre, une tempête avec des vents du nord-ouest provoqua d'importants dégâts matériels à Southampton, Sarnia et Wasaga Beach, ainsi que des inondations sur la rive sud du lac Sainte-Claire. Enfin, une autre tempête, en novembre, causa d'importants dégâts le long du lac Huron, entre Port Elgin et Oliphant, et sur la baie Georgienne, entre Wasaga et Midland.

Pendant cette période de niveaux élevés, les plus graves dégâts sur les rives du lac Sainte-Claire furent causés par une inondation le 4 avril 1987. Des vents du nord atteignant presque 60 kilomètres par heure provoquèrent l'évacuation de 50 personnes et inondèrent pour la première fois une centaine de maisons. Les précipitations furent légèrement inférieures à la normale dans l'ensemble du bassin en 1987, et le ruissellement était de 36 % moindre qu'à l'ordinaire. Le niveau du lac Supérieur diminua tout au long de l'année, mais demeura à peu près égal à la moyenne. Dans le lac Huron, le niveau diminua, mais demeura au-dessus de la moyenne. Le lac Érié connut un niveau record en janvier et février, mais le niveau diminua tout le reste de l'année. Le niveau du lac Ontario fut inférieur à sa moyenne, car on l'avait fait s'écouler dans le fleuve Saint-Laurent en prévision d'un apport d'eau qui, en définitive, s'avéra moindre que ce qu'on avait anticipé.

Ce graphique montre les précipitations annuelles enregistrées dans le bassin des Grands Lacs de 1900 à 2000 : 

Bassin des Grands Lacs - précipitations annuelles

Source : Service de l'environnement atmosphérique, Environnement Canada - Région de l'Ontario.

Voir aussi :Anecdotes : Ontario

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