Les inondations au Canada : Québec

Dans cette section :

Introduction

La principale cause des inondations au Québec est la fonte des neiges accompagnée de pluies. Ce fut le cas en 1974 et 1976 pour bien des cours d'eau du Québec, notamment dans le bassin de la rivière des Outaouais et dans la région de Montréal.

Il y a habituellement une seule période de ruissellement, mais dans le bassin inférieur de la rivière des Outaouais, il peut y en avoir deux. La première est due à la fonte des neiges qui alimente les affluents du sud. La seconde est causée par la fonte plus tardive dans les bassins du nord, et c'est elle qui donne lieu aux crues de pointe. La région de Montréal est très sensible aux crues importantes, puisqu'elle est sise juste au confluent de la rivière des Outaouais et du fleuve Saint-Laurent.

Les embâcles sont une autre cause majeure d'inondation. Un adoucissement brusque des températures, avec des pluies abondantes au printemps ou lors d'un redoux hivernal, peut amorcer la débâcle d'une nappe de glace épaisse. La section sur le fleuve Saint-Laurent renferme une description plus détaillée des inondations causées par des embâcles qui surviennent dans cette région.

La belle province a aussi connu des pluies intenses produites par des orages de convection. C'est un orage de ce type qui déversa des pluies torrentielles dans une région près de Thedford Mines au début d'août en 1957 (environ 250 millimètres en six heures). Les dommages furent énormes à Thedford Mines et à l'intérieur du bassin de la Bécancour, se chiffrant à environ 2 millions de dollars (9,7 millions de dollars de 1998). La crue éclair qui frappa Montréal le 14 juillet 1987, causant selon les estimations pour 46,7 millions de dollars (en dollars de 1998) de dégâts, est décrite ci-dessous.

Municipalités du Québec - 1974

En 1974, plusieurs centaines de municipalités du Québec furent touchées par les inondations : plus de 1 000 maisons et 600 chalets d'été furent envahis par l'eau et quelque 7 000 personnes durent être évacuées. Les dégâts furent estimés à environ 60 millions de dollars (169,5 millions de dollars de 1998). Les dédommagements versés pour dégâts attestés furent de 21,8 millions de dollars (62,3 millions de dollars de 1998).

Les inondations eurent lieu sur de nombreux cours d'eau dont la Gatineau, l'Outaouais, la Richelieu, le Saint-Laurent, la Châteauguay, la Saint-Maurice et la Chaudière. Ce furent la Gatineau et l'Outaouais en crue qui causèrent le plus de dégâts.

La Gatineau, un affluent majeur de l'Outaouais, draine environ 26 000 kilomètres carrés au travers des collines de la Gatineau, au nord de Hull-Ottawa. Elle culmine à 490 mètres au-dessus du niveau de la mer et se jette dans la rivière des Outaouais à la hauteur de Pointe-Gatineau. L'exploitation hydroélectrique de la rivière a été intense et elle sert aussi au flottage du bois. Entre le 14 mai et le 2 juillet 1974, la rivière Gatineau connut ses crues les plus fortes depuis le début du siècle.

Dès le 16 mai, quelque 40 maisons à Maniwaki avaient été évacuées et la rue principale était sous l'eau. La crue obligea 3 000 personnes à quitter les lieux, plus d'un tiers de la ville étant inondée. L'aide au titre de désastre se chiffra à 2,9 millions de dollars (8,3 millions de dollars de 1998). Les villes et villages plus en aval, comme Wakefield, Chelsea et Pointe-Gatineau, connurent aussi des dégâts considérables.

Chaos à Montréal - 1987

Une crue éclair frappa Montréal le 14 juillet 1987. Pendant qu'une pluie torrentielle s'abattait sur la ville et que de violents orages déchiraient le ciel, les réseaux d'égouts étaient incapables d'absorber un ruissellement si soudain et si massif. Une voie rapide en dépression fut recouverte de 3 mètres d'eau et il fallut secourir des automobilistes prisonniers de leurs voitures. Le réseau de transport en commun était complètement désorganisé. Des maisons et des bureaux furent inondés par l'eau qui refluait des égouts, et des milliers de ces propriétés furent privées d'électricité.

Montréal subissait une vague de chaleur lorsque, le 14 juillet, des orages déversèrent plus de 100 millimètres (mm) de pluie. Une station météorologique à l'Université McGill mesura 86 mm de pluie en une heure. On mesura également des précipitations records de 100 mm au parc Lafontaine, de 92 mm au Jardin botanique et de 99 mm à l'aéroport de Dorval. Des vents puissants accompagnaient les orages, déracinant de gros arbres et renversant des lignes électriques.


Inondation à Montréal.

Photo - Inondation à Montréal.

Les inondations furent causées par l'eau additionnelle se déversant des rues dans les édifices et les sous-sols, et par l'eau refluant d'un réseau d'égouts congestionné et incapable de recevoir toute l'eau d'averse. La pression dans les égouts était si forte que des tampons de regard furent projetés dans les rues, ce qui aggrava les problèmes de circulation.

Les lignes de métro furent fermées pour l'après-midi, car les voies étaient complètement inondées. Les autobus mis en service pour remplacer le métro paralysé firent face à des embouteillages monstres, lorsque les vallées et les tunnels furent eux aussi inondés. En 30 minutes, l'autoroute Décarie, construite en dépression, devint un canal, l'eau y atteignant 3,6 mètres de profondeur. Environ 300 personnes durent abandonner leurs automobiles; des policiers et des volontaires les ramenèrent chez eux. Plusieurs heures s'écoulèrent avant que l'eau baisse suffisamment pour permettre de retirer les automobiles. Au nord du tunnel Lafontaine, les travailleurs durent attendre neuf heures avant de retirer les véhicules. En tout, plus de 400 véhicules abandonnés furent remorqués hors des autoroutes. Les véhicules étaient fort endommagés.

Le sous-sol d'un hôpital pour personnes âgées, dans le quartier Saint-Henri, fut inondé : 240 patients se retrouvèrent sans électricité ni cuisine, et certains services médicaux ne purent leur être fournis. Le reflux des eaux provenant des égouts engorgés détruisit une bonne partie de l'unité des soins chroniques, ainsi que plusieurs bureaux et salles d'archivage des dossiers.

Dans toute la ville, quelque 350 000 maisons furent privées d'électricité, et 40 000 furent inondées. Bon nombre des victimes d'inondations ne purent pomper l'eau de leurs sous-sols parce que les égouts ne pouvaient tout simplement pas recevoir les eaux pluviales. Cinémas, restaurants et centres commerciaux fermèrent leurs portes momentanément, en raison de bris aux édifices, de nourriture avariée et de marchandises endommagées.

Deux personnes perdirent la vie. Un homme de 80 ans se noya lorsque sa voiture fut submergée, et un autre fut électrocuté. Les dommages dus aux inondations furent estimés à 40 millions de dollars (46,7 millions de dollars de 1998). Au moment des inondations, les dédommagements versés aux victimes ayant fait l'objet de dégâts dûment constatés totalisaient 13,3 millions de dollars (15,6 millions de dollars de 1998).

Le fleuve Saint-Laurent - un danger hivernal

Dans le tronçon du fleuve Saint-Laurent entre Montréal et Québec, l'inondation des basses terres et les dommages aux propriétés riveraines ont toujours constitué un danger en hiver. Des embâcles se forment sur des sections du fleuve à différents moments de l'année. Comme ailleurs, il se produit des embâcles pendant la période de gel entre la fin novembre et la fin décembre, et ils sont causés par la poussée et l'effondrement de la nappe de glace non consolidée. Il y a également des embâcles majeurs au moment des crues nivales, lorsque la montée de l'eau rompt la nappe de glace jusqu'alors stable.

Embâcle à la hauteur d'un pont à Montréal
La crue d'embâcle la plus grave à se produire sur le Saint-Laurent eut lieu en 1886 : l'eau recouvrit la rue Notre-Dame à Montréal et causa pour plusieurs millions de dollars de dégâts. En 1965, plusieurs collectivités en aval de Montréal connurent d'importants dommages pendant la débâcle, et 20 personnes perdirent la vie.

Entre le pied des rapides de Lachine, à Montréal, et Trois-Rivières, la nappe de glace se forme à peu près de la même façon chaque année. Les importantes quantités de frasil produites dans les rapides sont rejointes en aval par de minces couches de glace formées le long des berges du fleuve et dégagées sous l'effet du vent et des vagues. En se déplaçant vers le lac Saint-Pierre, le courant ralentit, et la glace commence à se fusionner. Vers la fin de décembre, l'accumulation des glaces de berge forme une nappe de glace stable à la sortie du lac. La glace continue à se déplacer jusque contre la nappe de glace stable. Au début, la glace glisse sous la glace stable et forme un « barrage suspendu », ce qui provoque une montée d'eau. Il peut s'ensuivre des inondations mineures. La glace continue de s'accumuler derrière la surface.

Embâcle à la hauteur d'un pont à Montréal
Par temps doux, cette nappe de glace peut s'amincir, se voiler et se briser. Des embâcles importants, provoquant de fortes montées d'eau, se forment souvent dans les goulets à la tête du lac Saint-Pierre, dans le secteur Lanoire du port de Montréal.

Même lorsque la nappe de glace est formée, il peut y avoir des embâcles dans le lac Saint-Pierre, car les brise-glaces y naviguent pour garder ouvert le chenal maritime. Le lac a une largeur de 13 kilomètres, une longueur de 32 kilomètres et une profondeur moyenne de 3 mètres. Le chenal maritime dragué fait 240 mètres de largeur pour une profondeur moyenne de 10,5 mètres, et le courant qui y circule est plus fort que dans le reste du lac. Les sillons des navires ou le vent brisent souvent de grosses plaques de glace qui flottent jusque dans le chenal et y causent des embâcles.

Certains embâcles importants se produisent à Cap-Rouge, 8 kilomètres à l'ouest de Québec. À cet endroit, le fleuve a une profondeur de 53 mètres et une largeur inférieure à 800 mètres. Lorsque les périodes de froid intense coïncident avec le passage d'un grand nombre de glaces, elles peuvent boucher ce passage étroit. C'est souvent le cas lorsque la marée haute ralentit le courant du fleuve, car les glaces continuent de venir d'amont et de s'engouffrer dans le goulet. Si la marée descendante ne brise pas l'embâcle, il peut se former une barrière solide qui demeure en place pendant un certain temps. La rupture de l'embâcle cause des inondations en amont ainsi qu'en aval dans le secteur du port de Québec. En 1874, la rupture soudaine d'un embâcle provoqua de graves inondations dans le port, et plusieurs bateaux coulèrent.

Malgré la mise en place de mesures visant à régulariser les glaces, il y a toujours des embâcles. Par exemple, en janvier 1968, pendant une vague de froid, un embâcle se forma et la glace s'accumula aussi loin en amont que Trois-Rivières. Il fallut trois semaines à neuf brise-glaces pour dégager le Saint-Laurent.

L'inondation au Saguenay - 1996

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Région des Bois Francs - 2003

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