Huiles moteur usées - rapport de suivi pour la liste des substances d'intérêt prioritaire : chapitre 2
2. Caractérisation de la pénétration dans l'environnement
Les huiles moteur usées (HMU) proviennent des secteurs suivants: le secteur automobile (les automobiles et les camions), le secteur ferroviaire (les locomotives diesel), le transport maritime et aérien (les navires propulsés au diesel et les aéronefs munis de moteurs à pistons), l'exploitation minière et forestière (les véhicules et l'équipement tout-terrain), et l'exploitation agricole (les machines tout-terrain, comme les tracteurs) (Conseil canadien des ministres de l'environnement (CCME), 1989a; CH2M Hill Engineering Ltd., 1992). Toutefois, c'est seulement pour le secteur automobile qu'il existe des chiffres sur la quantité de HMU produites. En 1990, la quantité d'huiles moteur vendue dans le secteur de l'automobile au Canada s'élevait à 413,3 millions de litres, soit 55% (227,1 millions de litres) pour les moteurs à essence et 45 % (186,3 millions de litres) pour les moteurs diesel (Institut canadien des produits pétroliers (ICPP), 1993). Les voitures particulières utilisent environ 75 % (170,3 millions de litres) des huiles vendues pour les moteurs à essence, et le reste, soit 25 % (56,8 millions de litres), est utilisé par les véhicules commerciaux légers qui fonctionnent à l'essence ou au propane. Les véhicules commerciaux lourds qui circulent sur les routes utilisent 70 % (130,4 millions de litres) des huiles vendues pour les moteurs diesel, et le reste, soit 30 % (55,9 millions de litres), est utilisé par les véhicules industriels tout-terrain (CH2M Hill Engineering Ltd., 1992).
Divers constituants des HMU figurent à l'annexe 1 de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement (1999) [LCPE 1999] (Liste des substances toxiques), dont l'arsenic et ses composés, le benzène, le cadmium, le chrome et ses composés, le nickel inorganique acide, sulfuré et soluble, les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), le trichloroéthylène, le tétrachloroéthylène, le 1,1,1-trichloroéthane, le plomb et les biphéhyles polychlorés (BPC) (CCME, 1989b; Environnement Canada, 1993). Les concentrations de ces substances dans les HMU sont indiquées dans la section 3.2.
Des HMU non récupérables (p. ex., provenant de rejets sauvages) et récupérables (p.ex., mises en décharge) peuvent être rejetées dans l'environnement. On estime que, en 1990, le volume de HMU récupérables s'élevait à 229 millions de litres au Canada (CCME, 1993). Les pourcentages d'utilisation et d'élimination de ces 229 millions de litres de HMU récupérables étaient les suivants: re-raffinage, 50,6 %; utilisation comme combustible, y compris dans les petits appareils de chauffage d'appoint, 33,6 %; mise en décharge, 7,2 %; utilisation comme dépoussiérant, 2,97 %; rejet dans le sol, 2,8 %; rejet dans les égouts, 1,75 %; inconnu, 1,08 % (CH2M Hill Engineering Ltd., 1992). Ces chiffres sont datés, mais le nombre de véhicules a considérablement augmenté au cours des 11 dernières années, et il en a été de même pour l'utilisation des huiles moteur.
Une quantité appréciable de HMU récupérables est perdue dans l'environnement parce que les bricoleurs qui font eux-mêmes leur vidange d'huile emploient des méthodes de gestion contre-indiquées. D'après une fiche d'information du CCME (1993) sur le recyclage, en 1990, les bricoleurs ainsi que les consommateurs agricoles et ruraux utilisant de gros équipements ont été responsables de 90 % des 100 millions de litres de HMU perdues dans l'environnement.
Bien qu'il n'existe pas de nouvelles données sur la quantité de HMU utilisées comme dépoussiérant, il est probable qu'elle est plus faible que la quantité calculée pour 1990 parce que des provinces et des territoires ont interdit cette utilisation (voir l'annexe A). Les HMU qui servent normalement au dépoussiérage peuvent maintenant être envoyées aux usines de re-raffinage ou brûlées comme combustible dans des installations titulaires d'un permis provincial.
Le suivi du mouvement transfrontalier des huiles usées en vertu du Règlement sur l'exportation et l'importation des déchets dangereux indique qu'elles contiennent beaucoup de HMU (Code, 2001). En tout, 14 800 tonnes d'huiles usées ont été exportées du Canada aux États-Unis entre 1997 et 1999. Au cours de la même période, 201 tonnes ont été importées des États-Unis pour les régénérer ou servir de combustible afin de produire de l'énergie (Code, 2001).
2.1 Re-raffinage
On n'a relevé aucune donnée sur les quantités de HMU résiduelles retrouvées dans les effluents, les déchets solides ou les émissions atmosphériques des usines de re-raffinage. En 1990, 116 millions de litres de HMU ont été envoyées en vue d'être régénérées (CH2M Hill Engineering Ltd., 1992). On n'a pas relevé de nouvelles données à ce dernier sujet.
2.2 Utilisation comme combustible
En 1990, 75,4 millions de litres de HMU récupérables ont été expédiées pour servir de combustible dans les chaudières industrielles, et 1,6 million de litres, dans des appareils de chauffage d'appoint (CH2M Hill Engineering Ltd., 1992). Il ressort des discussions avec des contacts provinciaux que plusieurs milliers d'appareils de chauffage d'appoint fonctionnant à l'huile sont utilisés partout au Canada, surtout dans les stations-service qui font la vidange d'huile (Armiento, 1999; Nadeau, 1999).
2.3 Utilisation comme dépoussiérant
En date de l'an 2000, l'utilisation de HMU comme dépoussiérant avait été interdite (ou continuait de l'être) dans 8 provinces et 3 territoires (voir l'annexe A). Il est donc probable que la quantité de HMU utilisées comme dépoussiérant a considérablement diminué comparativement à 1990, où 6,8 millions de litres avaient été épandus sur les routes (CH2M Hill Engineering Ltd., 1992).
2.4 Rejet dans le sol
En 1990, des HMU ont été rejetées dans l'environnement par les bricoleurs (0,2 million de litres) et les ateliers de réparation de véhicules industriels tout-terrain (6,2 millions de litres) (CH2M Hill Engineering Ltd., 1992). Il n'existe aucune nouvelle donnée sur la quantité de HMU rejetées dans le sol, mais c'est encore une voie directe de pénétration des HMU dans l'environnement.
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