Rapport 2023 sur les résultats en matière d’établissement : Partie 3 – Programmation adaptée au lieu en matière d’immigration régional

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Introduction

Pendant la majeure partie de l'histoire du Canada, le gouvernement fédéral a joué un rôle primordial dans la sélection des immigrants. Toutefois, au cours des dernières décennies, cette approche a évolué, les provinces et les territoires assumant davantage de responsabilités dans la sélection des immigrants. Des ententes avec différentes provinces à la fin des années 1990 ont finalement conduit à la création du Programme des candidats des provinces (PCP). Le PCP est un programme d'immigration administré conjointement qui offre aux provinces et aux territoires la possibilité de tirer parti de l'immigration pour répondre à leurs besoins spécifiques en matière de développement économique. Le PCP a ouvert la voie à une plus grande participation aux niveaux régional et communautaire dans la sélection et l'intégration des immigrants économiques en utilisant une approche d'immigration axée sur le lieu.

Les initiatives d'immigration basée sur le lieu (IBL) sont conçues pour inciter les immigrants à s'installer dans les communautés à travers le Canada afin de répartir les avantages économiques de l'immigration. Le Programme d'immigration au Canada atlantique (anciennement programme pilote) et le Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord ont été créés avec ces objectifs. Ils sont offerts conjointement par l’IRCC et les partenaires provinciaux / communautaires respectifs. La conception de ces initiatives comporte des éléments d'établissement séparés qui cherchent à tirer parti des services et des soutiens à l'établissement pour faciliter l'intégration et la rétention des nouveaux arrivants. En conséquence, cette partie du rapport sur les résultats de l'établissement se concentre sur ces deux initiatives à des stades de maturité similaires (c'est-à-dire en tant que projets pilotes).

Programmes régionaux d’immigration d’IRCC (avec des composantes d’établissement phares)

Comme décrit ci-dessous

Notez qu’il ne s’agit pas d’une évaluation des programmes pilotes. Cette partie du rapport se concentre plutôt sur les résultats d’établissement des nouveaux arrivants dans le cadre du projet pilote et sur le rôle des acteurs locaux dans leur aide aux participants au projet pilote dans leur parcours pour s’établir. Il comprend également une brève exploration des résultats en matière de rétention en ce qui concerne l'établissement et l'intégration.

Une approche de l’immigration basée sur le lieu

De plus en plus, les chercheurs étudient la manière dont les dynamiques géographiques, démographiques et sociales uniques d’un lieu influencent les résultats d’établissement des nouveaux arrivants.Note de bas de page 1 L’adoption d’une perspective axée sur le lieu permet de mieux comprendre les expériences d’établissement des nouveaux arrivants dans différentes régions du Canada. Il fournit également un point d’entrée pour mieux comprendre la répercussion du programme national d’établissement d’IRCC aux niveaux régional et communautaire.Note de bas de page 2 Plus précisément, les petites communautés rurales à l'extérieur des régions métropolitaines de recensement (RMR)Note de bas de page 3 et les communautés du NordNote de bas de page 4 ont des contextes tout à fait uniques qui méritent une attention particulière. Le programme pilote d’immigration au Canada atlantique (PPICA) et le Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord (PPICRN) ont été conçus exactement pour cela, c’est-à-dire se concentrer sur les besoins uniques de communautés spécifiques et des nouveaux arrivants arrivant dans ces destinations.

Le Programme pilote d’immigration au Canada atlantique (PPICA) a été initialement créé en 2017 en réponse aux pénuries persistantes du marché du travail dans les provinces de l'Atlantique. Au cours des années précédant le projet pilote, de 2012 à 2018, la population active du Canada atlantique a diminué de 2,4 % (soit 31 000 personnes).Note de bas de page 5 Plusieurs facteurs ont contribué à ce déclin, notamment l’émigration, le vieillissement de la population et la faible rétention des migrants. En conséquence, le PPICA a été conçu comme un projet pilote de cinq ans au Canada atlantique pour tester une nouvelle approche visant à attirer et à retenir des immigrants qualifiés ainsi que des diplômés internationaux. Le projet pilote impliquait une nouvelle approche de prestation de partenariats axée sur la collaboration entre l’IRCC, les gouvernements des provinces de l'Atlantique, l'Agence de promotion économique du Canada atlantique, les fournisseurs de services d'établissement et les employeurs. Par exemple, les employeurs ont travaillé avec des prestataires de services d’établissement financés par les gouvernements fédéral et provincial pour faciliter l’accès aux services d’établissement. À la suite des premiers succès des projets pilotes (abordés plus loin dans ce rapport), le Programme d’immigration permanent de l’Atlantique a été lancé en 2022.

Le Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord (PPICRN) est devenu une autre façon pour tester les nouvelles approches en matière d'immigration régionale. Alors que le PPICA se concentrait sur les provinces de l'Atlantique, d'autres petites communautés rurales et nordiques du Canada faisaient face à des défis économiques et démographiques similaires. Partout au Canada, les populations rurales augmentent quinze fois plus lentement que les zones urbaines.Note de bas de page 6 De même, les communautés du Nord partout au Canada sont confrontées à des pénuries de main-d’œuvre dans des secteurs tels que les soins de santé, l’hôtellerie, la vente au détail, la fabrication et les transports.Note de bas de page 7 Tous ces problèmes ont créé des défis pour l’avenir de ces communautés. Le PPICRN a été créé en 2019 pour compléter d'autres voies d'immigration, reconnaissant les besoins et les réalités particulières du Nord et des régions rurales du Canada. Le projet pilote est opérationnel dans 11 communautés du nord de l'Ontario et de l'ouest du Canada (cinq provinces au total). Le projet pilote est axé sur la communauté, ce qui signifie que les communautés participantes (représentées par les organismes de développement économique locaux) définissent leurs secteurs et leurs professions prioritaires et établissent les critères pour évaluer les candidats immigrants en fonction des besoins locaux. Ils sont également chargés de défendre les avantages de l’immigration, de jumeler les nouveaux arrivants avec les membres de la communauté et de connecter les nouveaux arrivants aux services.Note de bas de page 8

Recrutement et rétention des nouveaux arrivants

L'immigration est sans aucun doute l’un des mécanismes les plus utiles pour relever les défis économiques et démographiques auxquels sont confrontées les provinces de l'Atlantique ainsi que d'autres petites communautés rurales et nordiques du Canada. Malgré leur importante contribution économique au Canada et d’autres aspects attrayants, les communautés rurales et les petites communautés ont toujours eu du mal à attirer et à retenir les immigrants. Les grands centres urbains attirent les immigrants pour de nombreuses raisons, notamment : le style de vie, l'accès aux opportunités d'emploi et la présence de réseaux culturels existants. De plus, les nouveaux arrivants en savent peut-être moins sur les communautés rurales et plus petites. À ce titre, des projets pilotes régionaux, comme le PPICA et le PPICRN, ont été conçus pour recruter et retenir des immigrants qualifiés. Cette section explore dans quelle mesure les filières du IBL ont atteint ces objectifs de recrutement et de rétention.

En 2021, une plus grande proportion de la population immigrante vivait dans un grand centre urbain (c.-à-d. une RMR) comparativement à la population née au Canada.

Comme décrit ci-dessous
Source : Recensement du Canada de 2021
Version texte

Ce graphique montre que 92 % de la population immigrée vivra dans un grand centre urbain en 2021, contre 68 % de la population née au Canada.

Recrutement de nouveaux arrivants dans le cadre d’initiatives du IBL

Un trait phare de ces initiatives est l’implication des acteurs locaux dans la sélection des immigrants. Contrairement à d'autres programmes d'immigration où les individus postulent directement à IRCC pour immigrer au Canada, ces initiatives sont dirigées par la communauté et l'employeur, ce qui signifie que les acteurs locaux sont impliqués dans le recrutement et la sélection des nouveaux arrivants, dans un premier temps. Plus précisément, ces initiatives visent à attirer et à sélectionner de nouveaux arrivants dans des professions identifiées pour combler les pénuries de main-d'œuvre. Depuis sa création, le PPICA a amené plus de 18 450 nouveaux résidents permanents au Canada atlantique.Note de bas de page 9 En fait, le projet pilote est un facteur clé qui contribue à ce que les provinces de l'Atlantique accueillent leurs proportions d'immigrants récents les plus élevées par rapport aux années de recensement précédentes.Note de bas de page 10 De plus, l'évaluation de 2020 du PPICA a également révélé que le projet pilote était efficace pour recruter de nouveaux arrivants pour combler les postes vacants pertinents dans la région (c'est-à-dire dans les domaines de la vente et des services, des métiers de la construction, des transports et des soins de santé).Note de bas de page 11

Les étudiants internationaux et le projet pilote d'immigration dans l'Atlantique

Le recrutement d'étudiants internationaux était un aspect important du PPICA. Au cours de l'année précédant la pandémie (2019), le Nouveau-Brunswick a augmenté les transitions annuelles d'étudiants internationaux vers des résidents permanents de 91 %, contre 6 % pour l'ensemble du Canada.
Source : Base de données sur les résidents permanents d'IRCC

À l’inverse, le PPICRN a été lancé dans les mois précédant la pandémie de COVID-19, ce qui a contribué à un nombre d’arrivées inférieur aux prévisions au cours de la première année du projet pilote.Note de bas de page 12 Pourtant, à la fin de décembre 2022, 1 745 nouveaux arrivants sont arrivés grâce au projet pilote. Les employeurs du PPICRN se sont concentrés sur le recrutement de résidents temporaires (’ç.-à-d. des candidats déjà au Canada) pour combler les postes vacants dans des secteurs tels que les services d'hébergement et de restauration, les soins de santé et l'assistance sociale, le commerce de détail, la fabrication et les transports. Au départ, les communautés disposaient de trois ans pour émettre des recommandations dans le cadre du PPICRN. Cependant, le projet pilote a été modifié en septembre 2022 pour prolonger leur participation jusqu'en août 2024. Cette modification comprenait également l'élargissement des limites de sept des onze communautés afin de permettre à davantage d'employeurs de bénéficier du projet pilote. Une prochaine évaluation du Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord (PPICRN) à la fin de la période pilote évaluera l’efficacité des approches de recrutement et de sélection adoptées par les communautés.

Il est important de noter que le recrutement et la sélection ne sont que le début du parcours des nouveaux arrivants vers leur établissement. Ces initiatives doivent en fin de compte viser à retenir les nouveaux arrivants afin de résoudre avec succès les problèmes évoqués précédemment (’c.-à-d. les défis démographiques et économiques)

Rétention des nouveaux arrivants du Programme pilote d’immigration au Canada atlantique

Avant la mise en œuvre du PPICA, le Programme des candidats des provinces (PCP) était la principale voie pour attirer les nouveaux arrivants dans les provinces de l'Atlantique. Les taux de rétention du PCP avant le lancement du PPICA montrent que la région de l'Atlantique avait un taux de rétention nettement inférieur à celui des autres provinces, un problème pour lequel le PPICA a été élaboré. Trois ans après le lancement du projet pilote, cet objectif a été atteint. Le taux de rétention sur un an des travailleurs qualifiés et des catégories de métiers spécialisés a augmenté considérablement dans toutes les provinces de l'Atlantique. Cette tendance a été signalée pour la première fois dans l’Évaluation du Programme pilote d’immigration au Canada atlantique de 2020 du projet d’IRCC, mais également observée dans les récentes données de la BDIM de 2021 de Statistiques Canada.Note de bas de page 13

Notamment, l'évaluation a révélé que les taux de rétention ont diminué depuis la première année. Malgré cette baisse, toutes les provinces de l'Atlantique ont connu une augmentation drastique de leurs taux de rétention sur un et deux ans par rapport aux années précédentes, l'Île-du-Prince-Édouard ayant enregistré la plus forte augmentation. L’évaluation du PPICA a permis de mieux comprendre cette constatation grâce à un sondage mené auprès des nouveaux arrivants. Les principales raisons pour lesquelles les répondants au sondage ont indiqué qu'ils voulaient rester dans leur province, étaient les suivantes : Ils aimaient leur communauté, ils estimaient que le coût de la vie était abordable, ils aimaient leur travail et ils avaient de la famille ou des amis dans la communauté ou la province. Cela donne à penser que le PPICA a relativement bien réussi à recruter et à retenir de nouveaux arrivants désireux de vivre dans les provinces de l'Atlantique.

Avant le PPICA (2002-2014), les provinces de l'Atlantique affichaient les taux de rétention les plus faibles des candidats principaux du PCP.

Comme décrit ci-dessous
Remarque : Le taux de rétention a été évalué à un moment précis (2014). Le Québec et les Territoires ne sont pas inclus dans ces données.
Source : IRCC (2018) Évaluation du Programme des candidats des provinces

À la fin du projet pilote, les nouveaux arrivants du PPPICA affichaient le taux de rétention la première année le plus élevé par rapport aux autres filières économiques des provinces de l'Atlantique (à l'exception de Terre-Neuve-et-Labrador).

Comme décrit ci-dessous
Source : IRCC (2020) Évaluation du Programme pilote d’immigration au Canada

Rétention des nouveaux arrivants du Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord

Avant le lancement du PPICRN en 2019, les petites communautés rurales avaient également de la difficulté à attirer et à retenir les nouveaux arrivants. Selon les données du recensement, l’immigration vers les petits centres et les zones rurales était en baisse dans les années précédant le PPICRN et avant la pandémie de COVID-19. De même les communautés du Nord ont également eu de la difficulté à attirer et à retenir les nouveaux arrivants. Par exemple, North Bay (une communauté du nord de l'Ontario) a connu relativement peu d'immigration malgré une population et une main-d’œuvre vieillissante.Note de bas de page 14

Dans les années précédant le PPICRN, l’immigration dans son ensemble était en hausse, y compris dans les grands centres urbains (RMR). Cependant, en même temps, l’immigration vers les zones rurales et les petits centres diminuait.

Immigrants dans les grands centres urbains (RMR) – Régions métropolitaine de recensement

Comme décrit ci-dessous

Immigrants dans les petit centres et les régions rurales

Comme décrit ci-dessous

Source : Statistique Canada. Tableau 17-10-0136-01

Composantes du changement démographique selon la région métropolitaine et de l’agglomération de recensement, limites de 2016

Les premiers aperçus du projet pilote présentent des résultats prometteurs en matière de rétention. Dans un sondage départemental de 2022 auprès des nouveaux arrivants du PPICRN (trois ans depuis le lancement du projet pilote), la grande majorité des 276 répondants au sondage ont indiqué qu'ils vivaient toujours dans leur communauté PPICRN et qu'ils n'avaient pas l'intention de la quitter.

Les principales raisons pour lesquelles les répondants au sondage du PPICRN ont indiqué qu'ils sont restés dans leur communauté étaient similaires à celles des répondants du sondage du PPICA : ils aimaient vivre dans une communauté plus petite/rurale, ils aimaient leur travail et ils se sentaient accueillis dans leur communauté. Ces résultats ont été confirmés par les participants aux groupes de discussion du PPICRN qui ont indiqué que les raisons pour lesquelles ils avaient choisi de postuler au projet pilote étaient parce qu'ils préféraient les petites communautés pour des raisons de coûts et de style de vie. Parmi les répondants qui ont quitté ou envisageaient de quitter leur communauté du PPICRN, la principale raison de départ était liée à l'accès à des services introuvables dans leur communauté (par exemple un médecin spécialisé ou un enseignement supérieur). Une étude récente sur les petits centres du sud de l'Ontario a également révélé que les nouveaux arrivants choisissent de rester dans leur communauté pour des raisons de style de vie et de prix abordables, mais qu'ils pourraient la quitter à l'avenir pour que leurs enfants puissent accéder aux universités des grands centres.Note de bas de page 15

93 % des répondants au sondage du PPICRN sont restés dans leur communauté PPICRN et 88 % n'avaient pas l'intention de la quitter.

Rétention des répondants au sondage du PPICRN

Comme décrit ci-dessous
  • Version texte

    Ce graphique en gaufre montre que 93 % des répondants à l’enquête du PPICRN résidaient toujours dans leur collectivité initiale.

Rétention des répondants au sondage du PPICRN

Comme décrit ci-dessous
  • Version texte

    Ce graphique montre que 88 % des répondants à l’enquête du PPICRN n’avaient pas l’intention de quitter leur collectivité initiale du PPICRN.

Source : IRCC (2022) Sondage du PPICRN auprès des nouveaux arrivants

Remarque : Il existe différentes manières d’évaluer la rétention. Pour ce sondage, la rétention a été évaluée à un moment précis (octobre 2022). Les conjoints ont été inclus dans cette analyse, mais même après avoir retiré les conjoints, les résultats sont restés les mêmes : 93 % des répondants PA sont restés dans leur communauté.

Les données démontrent également que l’expérience de travail préalable à l’admission dans la province ou le territoire d’un nouvel arrivant est un facteur important qui influence la rétention des immigrants.Note de bas de page 16 Ainsi, le fait que la majorité des nouveaux arrivants du PPICRN étaient d’anciens résidents temporaires (parfois issus de la communauté) peut également expliquer ces premiers résultats en matière de rétention. Cependant, les répercussions de la pandémie pourraient également être un facteur contributif. Les restrictions de voyage, les exigences de distanciation physique, les défis économiques et l’incertitude associée à la pandémie auraient pu dissuader les nouveaux arrivants de déménager. Une évaluation plus détaillée du PPICRN fournira un aperçu à plus long terme des résultats en matière de rétention des nouveaux arrivants du PPICRN. Cependant, ces premiers résultats, combinés aux résultats de l’évaluation du PPICA fournissent une indication prometteuse selon laquelle les nouveaux arrivants issus des parcours IBL peuvent avoir de bons résultats en matière de rétention.

Toutefois, la rétention est le résultat final de nombreux facteurs qui contribuent à la décision d’un nouvel arrivant de rester ou de quitter une communauté. Sans aucun doute, l’un de ces facteurs contributifs est la manière dont leurs besoins sont satisfaits au cours de leur parcours vers leur établissement.

Résultats d’établissement des nouveaux arrivants du IBL

Le premier Rapport sur les résultats en matière d’établissement (2,83 Mo) indique que la « ligne de départ » est différente pour chaque nouvel arrivant et que la spécificité des programmes de services d'établissement peut améliorer les résultats de l'établissement. Par extension, les aides à l’établissement offertes par le programme pilote d’immigration au Canada atlantique (PPICA) et le Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord (PPICRN) ont été conçues pour soutenir les nouveaux arrivants dans les communautés rurales et plus petites, principalement en rendant obligatoires certains aspects des programmes d’établissement et également en incorporant d’autres acteurs locaux. Contrairement à d’autres voies d’immigration, les initiatives d'immigration basée sur le lieu (IBL) comportent des exigences d’établissement que les employeurs et les partenaires doivent remplir. Pour le programme pilote d’immigration au Canada atlantique (PPICA), l'une des principales caractéristiques du projet pilote était l'approche dirigée par l'employeur et les plans d'établissement obligatoires. Les employeurs ont travaillé directement avec les fournisseurs de services financés par les gouvernements fédéral et provincial pour soutenir l'établissement et la rétention des nouveaux arrivants du PPICA et de leurs familles. Plus précisément, les employeurs se sont engagés à remplir leurs obligations liées à l'établissement, notamment en veillant à ce que les nouveaux arrivants bénéficient de plans d'établissement administrés par des fournisseurs de services. Ces plans ont identifié des besoins tels que : comprendre la vie au Canada, recevoir des soutiens liés à l'emploi, développer des compétences linguistiques, accéder aux services communautaires, et plus encore. Les employeurs se sont également engagés à créer des lieux de travail accueillants.

Le Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord (PPICRN) comporte également des exigences d’établissement phares associées à sa conception. Les 11 communautés participantes représentées par leurs organismes de développement économique (ODE) locaux, travaillent en collaboration avec les employeurs, les municipalités, les fournisseurs de services et d'autres parties prenantes pour répondre aux besoins d'établissement des nouveaux arrivants du PPICRN et de leurs familles. Plus précisément, les ODE se sont engagés à travailler avec ces partenaires pour : promouvoir les avantages de l'immigration auprès des membres de la communauté et des employeurs, garantir que les nouveaux arrivants ont accès aux services d'établissement et se voient proposer d'être jumelés à un bénévole pour une orientation et un soutien généraux. Cependant, la mise en œuvre et l’élaboration de rapports de ces engagements, ont été particulièrement incohérents. Cela dit, la section suivante utilise les informations et les données disponibles afin d’évaluer les résultats en matière d’établissement des nouveaux arrivants des deux programmes du PPICA et du PPICRN, et explorer comment les conceptions des projets pilotes ont pu contribuer à ces résultats.

Utilisation des services d’établissement financés par l’IRCC

L’IRCC finance un réseau de 550 organisations à travers le Canada pour offrir des services d'établissement aux nouveaux arrivants sous divers formats. Comme c’est le cas pour d’autres immigrants, les nouveaux arrivants du programme pilote d’immigration au Canada atlantique (PPICA) et du Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord (PPICRN) pouvaient accéder aux services de ces organismes. En fait, les participants à ces deux programmes PPICA et PPICRN ont utilisé les services d’établissement à des taux comparables à ceux d‘autres immigrants économiques de leur région (p. ex., Programme des candidats des provinces (PCP), Entrée express). Note de bas de page 17 Également semblables à d'autres nouveaux arrivants issus des parcours traditionnels, les services d'information et d'orientation étaient également le principal service auquel ont eu accès les participants des programmes PPICA et PPICRN.

Compte tenu de l’accent mis davantage sur les aides à l’établissement intégrées dans ces initiatives du IBL, on pourrait s’attendre à ce que l’adoption soit plus élevée pour les nouveaux arrivants des programmes PPICA et PPICRN que pour les autres filières économiques. Il existe quelques raisons potentielles qui pourraient expliquer pourquoi leurs taux de participation ne sont pas plus élevés. Premièrement, cela peut simplement être dû au manque de connaissance des participants au projet pilote aux services d’établissement auxquels ils pouvaient accéder. Selon le sondage du PPICRN auprès des nouveaux arrivants, 27 % des répondants ne connaissaient pas les services d'établissement. De même, l'évaluation du PPICA a révélé que 21 % des demandeurs principaux interrogés ne savaient pas qu'ils pouvaient accéder aux services d'établissement.

Cela dit, il se pourrait aussi que ces nouveaux arrivants provenant des parcours du IBL ne recherchent pas de services parce que leurs besoins majeurs étaient déjà satisfaits. Contrairement à d’autres filières économiques, les demandeurs principaux aux programmes PPICA et PPICRN ont déjà une offre d’emploi et un engagement de leur employeur pour les aider dans leur établissement. En outre, beaucoup vivaient déjà au Canada en tant que résidents temporaires.

L’utilisation des services par les clients du PPICRN était comparable à celle d’autres programmes économiques de la région.

Comme décrit ci-dessous

Source : Base de données sur la résidence permanente d'IRCC et iEDEC

Plage de données de service : octobre 2019 à février 2023
Plage de données d’admission : octobre 2019 à janvier 2023

La participation au service des nouveaux arrivants au PPICA était comparable à d’autres programmes économiques de la région.

Comme décrit ci-dessous

Source : IRCC (2020) Évaluation du Programme pilote d’immigration au Canada atlantique

Plage de données de service : de mars 2017 à juin 2020
Plage de données d'admission : mars 2017 à décembre 2019

D’un autre côté, une autre raison expliquant les taux de recours relativement similaires pourrait être la répercussion involontaire de ces initiatives sur la disponibilité globale des services. Pour être clair, les prestataires financés par l’IRCC servent tous les nouveaux arrivants admissibles dans leur région, quel que soit leur parcours d’immigration. Par conséquent, un changement dans les modèles d’établissement (avec l’arrivée d’un plus grand nombre de nouveaux arrivants dans différentes régions) et l’accent supplémentaire mis sur les services d’établissement dans ces communautés auraient pu avoir une répercussion positive sur les nouveaux arrivants, arrivant par d’autres filières.

En fait, l'évaluation du PPICA a révélé que l'utilisation des services d'établissement par tous les immigrants économiques de la région de l'Atlantique était supérieure aux moyennes historiques. Les fournisseurs de services de la région de l'Atlantique ont étendu géographiquement leurs services pour tenir compte de ces nouvelles tendances du nombre d’arrivants. Avant l'arrivée d'immigrants par le biais du PPICA, les fournisseurs de services de la région offraient des services d'établissement dans un nombre limité d'endroits, principalement dans les grands centres. Suite à un afflux accru de migrants vers des communautés qui ne recevaient normalement pas d’immigrants, davantage de prestataires de services ont ouvert des bureaux satellites. Par exemple, entre 2018 et 2019, l’Association pour les nouveaux canadiens de Terre-Neuve a établi des bureaux satellites dans cinq zones de croissance d'immigration afin de servir davantage de nouveaux arrivants.Note de bas de page 18 Le Réseau d’établissement rural du Nouveau-Brunswick et l'initiative des navigateurs de la communauté de l’Île-du-Prince-Édouard sont d'autres exemples de la façon dont les offres d'établissement se sont élargies pour servir les nouveaux arrivants.

Il y avait une augmentation de 46 % du nombre de points de service dans la région de l'Atlantique à la fin du PPICA, comparativement à une augmentation de 12 % à l'échelle nationale.

Comme décrit ci-dessous
Source : iEDEC

En fait, on observe une tendance à une utilisation considérablement plus élevée des services d’établissement dans la région de l’Atlantique. L’afflux d’immigration dans la région, l’accent mis sur l’établissement et l’expansion des services des programmes d’IRCC peuvent avoir contribué à cette hausse dans toutes les catégories d’immigration.

Le nombre total de clients des services d’établissement dans la région de l'Atlantique a augmenté de plus de 50 % au cours des cinq dernières années.

Comme décrit ci-dessous
Source : iEDEC

Enfin, une autre raison pour laquelle les taux de participation sont comparables entre les nouveaux arrivants qui proviennent des parcours du PPICA et d’autres parcours économiques pourrait être que les nouveaux arrivants des deux programmes PPICA et PPICRN tire parti d’autres soutiens à leur disposition. L’analyse mentionnée ci-dessus sur l’utilisation des services se concentre sur les fournisseurs de services d’établissement financés par l’IRCC, car c’est ainsi que le programme d’établissement est traditionnellement mesuré. Cependant, les deux programmes PPCIA et PPICRN mettaient à l’essai de nouvelles façons de fournir des services d’établissement. Ces nouvelles façons sont explorées dans la section suivante.

Les offres phares du service d’établissement

Pour commencer, les nouveaux arrivants du PPICRN et du PPICA pourraient accéder aux services d’établissement de fournisseurs non traditionnels. La fourniture de services d’établissement par les communautés ou par les employeurs est une nouveauté de ces projets pilotes. Pour le PPICA, les employeurs étaient les principaux fournisseurs de services indiqués par les répondants à au sondage d'évaluation dans le cadre du PPICA. Pour le PPICRN, la plupart des répondants àau sondage ont reçu des services d'une combinaison de prestataires comprenant généralement des employeurs et des Fournisserus de service (FS). En fait, les participants aux groupes de discussion du PPICRN ont indiqué que l’une des raisons pour lesquelles ils n’avaient pas eu accès à certains services d’établissement financés par l’IRCC était qu’ils se sentaient suffisamment soutenus par leurs employeurs.

Le principal fournisseur de services pour les répondants au sondage du PPICA était leur employeur.

Comme décrit ci-dessous
Source : IRCC (2020) Sondage auprès des nouveaux arrivants du PPICRN

La plupart des répondants au sondage du PPICRN ont reçu le soutien d'une combinaison de fournisseurs de services (FS).

Comme décrit ci-dessous
Source : IRCC (2022) Évaluation du Programme pilote d’immigration au Canada atlantique

Cependant, les principaux services auxquels ces nouveaux arrivants ont eu accès auprès des employeurs étaient quelque peu différents de ceux des fournisseurs de services (FS) traditionnels. Même si l'information et l'orientation constituaient un service privilégié tant pour les employeurs que pour les FS, il y avait d'autres différences notables, à savoir que les employeurs se concentraient sur les aides au logement et au transport, tandis que les FS se concentraient sur les liens communautaires et les soutiens linguistiques. Ces résultats étaient cohérents dans les sondages auprès des employeurs et des nouveaux arrivants, tant dans l’évaluation du PPICA que dans les récents sondages du PPICRN. Cela peut indiquer que les soutiens offerts par les employeurs complètent ou améliorent les services offerts par les fournisseurs de services d'établissement traditionnels.

Les principaux services fournis par les employeurs et les FS différaient pour les nouveaux arrivants du PPICRN et du PPICA.

Comme décrit ci-dessous
Source : IRCC (2020) Évaluation du Programme pilote d’immigration au Canada atlantique; IRCC (2022) Sondage auprès des nouveaux arrivants du PPICRN (2022); IRCC (2022) Sondage auprès des employeurs du PPICRN

Au-delà des prestations de services offerts par les employeurs, ces projets pilotes présentaient d’autres caractéristiques phares en matière d’établissement. Pour le PPICA, les nouveaux arrivants devaient recevoir un plan d'établissement obligatoire. Selon l'évaluation du PPICA, une grande majorité des nouveaux arrivants interrogés ont trouvé les plans utiles pour identifier les besoins de la famille, recommander des informations utiles, les mettre en contact avec les services d'établissement et soutenir leur établissement au Canada. Cependant, les entretiens et les groupes de discussion sur le sujet ont révélé que les plans d’établissement étaient considérés comme une formalité et inutiles pour certains. Cela était particulièrement vrai pour les nouveaux arrivants qui avaient déjà vécu au Canada en tant que résidents temporaires.

Enfin, le PPICRN a également lancé une initiative de jumelage de bénévoles qui associait les nouveaux arrivants du PPICRN à des membres établis de la communauté ou du lieu de travail pour obtenir une orientation et un soutien. Toutes les communautés étaient censées offrir des liens entre les nouveaux arrivants et les bénévoles, mais c’est la décision des nouveaux arrivants d’accepter cette invitation. Environ la moitié (55 %) des répondants au sondage dans le cadre du PPICRN ont indiqué qu'un FS, une organisation internationale d’émigrants (ODE) ou un employeur leur avait proposé d'être jumelé à un bénévole. Les participants aux groupes de discussion du PPICRN ont indiqué qu'ils avaient refusé un jumelage de bénévoles parce qu'ils étaient déjà membres de la communauté (anciens résidents temporaires), alors que d'autres n'étaient pas au courant de cette offre. Les participants aux groupes de discussion ont fortement suggéré que le jumelage de bénévoles aurait été utile pour les nouveaux arrivants qui ne faisaient pas partis de la communauté auparavant.

Dans l’ensemble, l’utilisation des services d’établissement par les nouveaux arrivants du PPICRN et du PPICA est comparable à d’autres catégories économiques, à l’exception de certaines caractéristiques notables (p. ex., services complémentaires des employeurs, jumelage volontaire). Cependant, l’utilisation des services n’est importante que dans la mesure où les nouveaux arrivants atteignent les résultats attendus.

Les résultats du programme d’établissement

Les résultats des programmes d’établissement sont mesurés à l’aide du sondage annuelle sur les résultats des nouveaux arrivants (SRNA). Ce sondage soutient les comparaisons entre les résultats autodéclarés des nouveaux arrivants qui ont utilisé les services d'établissement (clients) et ceux qui ne l'ont pas fait (non-clients). Pour mieux comprendre les résultats de l'établissement à l'aide d'une approche basée sur le lieu, la première étape consiste à évaluer les résultats autodéclarés de tout nouvel arrivant ayant atterri dans une destination faisant partie de la programmation adaptées au lieu en matière d’immigration (IBL) (c'est-à-dire les provinces de l'Atlantique ou les 11 communautés du PPICRN). Cette analyse se concentre sur les résultats de la « connaissance de la vie au Canada » pour deux raisons. Premièrement, les services d'information et d'orientation (I et O) étaient le principal service auquel accédaient les nouveaux arrivants des programmes PPICA et PPICRN. Deuxièmement, et peut-être de manière plus générale, ces connaissances permettent aux nouveaux arrivants de prendre des décisions éclairées tout au long de leur parcours d’établissement. En se concentrant sur ce résultat intéressant, les données montrent qu'un plus grand nombre de clients du Programme d'établissement ont déclaré avoir amélioré leurs connaissances par rapport aux non-clients dans les communautés du PPICRN et des provinces de l'Atlantique. Cela suggère que les services financés par l’IRCC ont aidé les clients de ces destinations à améliorer leur connaissance de la vie au Canada.

Un plus grand nombre de clients de l'établissement dans la région de l'Atlantique ont déclaré avoir de meilleures connaissances que les non-clients.

Comme décrit ci-dessous
Source : Liaison de données iEDEC-SRNA
Plage d’admission Data : 2013-2020

Un plus grand nombre de clients de l'établissement dans les communautés du PPICRN ont déclaré avoir amélioré leurs connaissances que les non-clients.

Comme décrit ci-dessous
Source : Liaison de données iEDEC-SRNA
Plage d’admission Data : 2013-2020

Pour être plus explicite, il s’agit d’évaluer tous les clients et non-clients qui ont vécu dans ces destinations, quel que soit leur parcours. Il s’agit d’une première étape importante pour déterminer si l’accent mis sur la fourniture de soutiens supplémentaires à l’établissement dans les initiatives IBL est soutenu par de meilleurs résultats – ce qui semble être le cas. L'étape suivante consiste à comparer les résultats autodéclarés des nouveaux arrivants entrés via les parcours IBL à un groupe comparable tel que les nouveaux arrivants du Programme des candidats des provinces. Malheureusement, il est trop tôt pour faire cette analyse comparative pour les nouveaux arrivants du PPICRN mais elle peut être également faite pour le PPICA.Note de bas de page 19

Compte tenu de l’importance particulière accordée aux mesures globales de soutien à l’établissement dans ces initiatives, il serait raisonnable de s’attendre à ce que les résultats en matière de connaissances soient meilleurs pour les clients du PPICA que pour les clients du programme des candidats des provinces (PCP). Cependant, pour la région de l’Atlantique, c’est le contraire. Un plus grand nombre de clients des provinces PCP ont acquis des connaissances que de non-clients, ce qui suggère que les services d'établissement financés par I’IRCC pourraient avoir contribué à de meilleurs résultats pour les clients du PCP, mais pas pour ceux du PPICA. En fait, les résultats étaient relativement similaires pour les clients et les non-clients du PPICA, ces derniers ayant des résultats légèrement meilleurs.

Un peu plus de non-clients du PPICA ont amélioré leur connaissance de la vie au Canada que les clients du PPICA. À l’inverse, beaucoup plus de clients PCP ont amélioré leurs connaissances que de non-clients PCP.

% de clients du Programme pilote d’immigration de l’atlantique au Canada par rapport aux non-clients qui ont amélioré leurs résultats

Comme décrit ci-dessous
Source : Liaison de données iEDEC-SRNA
Plage de données d'admission : 2017-2020

% de clients du Programme de candidats des provinces par rapport aux non-clients qui ont amélioré leurs résultats

Comme décrit ci-dessous
Source : Liaison de données iEDEC-SRNA
Plage de données d'admission : 2017-2020

Il existe différentes raisons possibles à ces résultats qui méritent une exploration plus approfondie. Premièrement, l’évaluation typique des clients par rapport aux non-clients suppose que les non-clients n’ont pas accès à des services d’établissement comparables. Pour le PPICA, cette hypothèse n’est pas vraie. Les nouveaux arrivants du PPICA se sont vu proposer des aides à l’établissement de la part de différents prestataires – y compris des employeurs qui ne sont pas pris en compte dans les données. Il est très possible que les non-clients de cette évaluation soient de nouveaux arrivants du PPICA qui ont eu accès à des aides à l'établissement comparables de la part de leurs employeurs. En fait, l'évaluation du PPICA a révélé que l'employeur était le fournisseur de services d'établissement le plus cité. Par conséquent, les résultats des clients et des non-clients sont potentiellement très similaires, car tous deux reçoivent des services d’établissement comparables. Ce résultat ainsi que ce raisonnement potentiel méritent une exploration plus approfondie.

Malheureusement, il est trop tôt pour comparer les résultats en matière de connaissances des clients du PPICRN à ceux d’autres clients d’établissement comparables.Note de bas de page 20 Un futur rapport ou une autre évaluation pourrait examiner ces résultats une fois que les données seront disponibles. Cela dit, il devient de plus en plus clair que les services d’établissement financés par l’IRCC ne représentent qu’une partie du processus visant à aider les nouveaux arrivants à s’établir et à s’intégrer grâce à des initiatives adaptées au lieu. Les partenaires locaux et la communauté au sens large jouent également un rôle important.

Contributions communautaires

L’établissement et l’intégration sont parfois qualifiés de « voie à double sens ». Cela signifie que le processus d'installation et d'intégration ne relève pas simplement de la responsabilité du nouvel arrivant, mais également de la responsabilité de la communauté destinée à croître et à évoluer à mesure qu'elle absorbe de nouveaux membres issus de diverses origines.Note de bas de page 21 Cela est particulièrement vrai pour les initiatives d'immigration basée sur le lieu (IBL) où les nouveaux arrivants s’établissent dans des destinations qui, historiquement, n'ont ni attiré ni retenu les nouveaux arrivants. À ce titre, cette dernière section se concentre sur la manière dont les communautés accueillent et soutiennent les immigrants arrivant par les filières du IBL, et sur l’impact que cela pourrait avoir sur le parcours des nouveaux arrivants.

Les initiatives communautaires

Les projets pilotes du PPICA et du PPICRN exigeaient que les acteurs locaux jouent un rôle plus important dans l’établissement, l’intégration et la rétention des nouveaux arrivants. La prestation de services par les employeurs et les organismes de développement économique (ODE) locaux est un exemple de la façon dont les communautés s'impliquent activement dans le soutien aux nouveaux arrivants. En outre, les plans d'établissement obligatoires du PPICA et l'initiative de jumelage des bénévoles du PPICRN démontrent également les mesures supplémentaires que ces communautés ont mises en œuvre pour aider à soutenir les nouveaux arrivants. De plus, les comités de recommandation du PPICRN sont constitués d’acteurs communautaires et servent d’outil de coordination et/ou de mobilisation.

Au-delà des aides à l’établissement offertes, il existe d’autres initiatives communautaires qui méritent d’être soulignées. Ces initiatives visent à créer des environnements accueillants et inclusifs pour les immigrants. Par exemple, les organisations locales du PPIC de West Kootenay et du North Okanagan Shuswap ont publié une série racontant des histoires de réussite visant à mettre en évidence les avantages de l’immigration et de la diversité. Le Partenariat local d'immigration de Pembina Valley, qui couvre la région d'Altona, a également publié un guide et des outils pour accroître les compétences culturelles communautaires. Certains employeurs du PPICRN ET DU PPICA ont également reçu des références ou participé à une formation sur la diversité et les compétences interculturelles. Il convient également de noter que des Partenariats locaux en immigration et des Communautés francophones accueillantes existent dans plusieurs de ces communautés. Ils travaillent à améliorer l’intégration réussie des immigrants en réunissant des partenaires de tous les secteurs clés d’une ville ou d’une région. En fin de compte, il ne s’agit là que d’un aperçu de certaines initiatives, mais il en existe bien d’autres visant à créer des environnements accueillants et inclusifs pour les nouveaux arrivants.

Expériences de discrimination

Les initiatives communautaires mentionnées ci-dessus sont particulièrement importantes pour lutter contre la discrimination potentielle à laquelle les nouveaux arrivants peuvent faire face. La littérature souligne la discrimination comme un obstacle potentiel à l’établissement et à l’intégration des nouveaux arrivants dans les petites communautés rurales.Note de bas de page 22 En fait, l’une des raisons pour lesquelles les nouveaux arrivants choisissent de s’établir dans les grands centres urbains est la présence de communautés ethniques existantes, ce qui peut réduire leurs inquiétudes face à la discrimination ou aux difficultés.Note de bas de page 23 Le manque de diversité ethnique ou raciale dans les communautés plus petites ou rurales peut avoir un effet dissuasif important sur les nouveaux arrivants. Certains peuvent rejeter les inquiétudes en faveur des avantages perçus de l’établissement dans ces communautés (par exemple, opportunités d’emploi, logements abordables), tandis que d’autres peuvent être dissuadés d’immigrer vers une petite communauté ou une communauté rurale.Note de bas de page 24 Pour mieux comprendre ces différentes expériences, en 2022, l’IRCC a mené un sondage en ligne auprès des nouveaux arrivants au Canada sur leurs expériences de discrimination dans leur ville ou village. Dans l’ensemble, une majorité des 27 307 répondants ont déclaré vivre dans une ville ou un village accueillant et ont fait état d’un fort sentiment d’appartenance. Cependant, si l'on examine plus spécifiquement leurs expériences de discrimination, environ 60 % des répondants à travers le Canada ont subi une certaine forme de discrimination.Note de bas de page 25 Les nouveaux arrivants qui résidaient dans une destination du PPICRN ou du PPICA ont signalé des expériences similaires et des formes de discrimination similaires.

D’après les articles, on pourrait s’attendre à ce qu’un plus grand nombre de nouveaux arrivants dans les petites communautés signalent des expériences de discrimination. Cependant, ces résultats dressent un tableau différent. Les nouveaux arrivants au Canada, y compris dans les grands centres, vivent des expériences similaires à celles des nouveaux arrivants dans les destinations des initiatives d'immigration basée sur le lieu (IBL). Notamment, ces résultats ne sont pas spécifiques au parcours, ce qui signifie que tous les nouveaux arrivants ont été interrogés, quel que soit le programme qu'ils ont utilisé pour immigrer au Canada. Pour se concentrer spécifiquement sur les expériences de discrimination des nouveaux arrivants qui arrivent par les filières du IBL, le récent sondage du PPICRN des nouveaux arrivants auprès de 276 répondants peut fournir plus d'informations.Note de bas de page 26

6/10 des nouveaux arrivants de toutes voies d’immigration ont été victimes de discrimination y compris dans les destinations PPICRN et PPICA.

Comme décrit ci-dessous
Source : IRCC (2022) Sondage auprès des nouveaux arrivants au Canada sur leur expérience discrimination dans leur ville ou village

En comparaison, moins de répondants du PPICRN (30 %) ont été victimes de discrimination. Cependant, leurs expériences ne doivent pas être négligées, car les participants aux groupes de discussion du PPICR ont déclaré avoir été victimes de racisme manifeste au travail, en faisant leurs courses ou en utilisant les services d'établissement.

Cela étant dit, les résultats préliminaires révèlent des expériences similaires de discrimination (en particulier sur les principales formes de discrimination – race/origine ethnique, langue/accent) entre les destinations des initiatives d'immigration basée sur le lieu (IBL) et les nouveaux arrivants à travers le Canada. Cependant, des recherches supplémentaires pourraient être nécessaires pour mieux comprendre ces résultats.

Moins de nouveaux arrivants immigrant par le biais du PPICRN ont été victimes de discrimination.

Comme décrit ci-dessous
Source : IRCC (2022) Sondage des nouveaux arrivants du PPICRN

Explorer les expériences de discrimination dans le Nord de l’Ontario

Une récente série de recherches de L’institut des politiques du Nord a examiné le racisme et la discrimination au sein des communautés du PPICRN du Nord de l'Ontario. La série portait sur : le Grand Sudbury, North Bay, Sault Ste. Marie, Thunder Bay et Timmins. La recherche prend une approche basée sur le lieu se concentrant sur chaque rapport sur une communauté. Même si chaque rapport contenait des conclusions uniques pertinentes pour la communauté, la majorité des répondants de la série ont indiqué que leurs communautés étaient accueillantes. Cependant, un sujet de préoccupation concernait les préjugés individuels subis par les minorités visibles et les peuples autochtones. Notamment, les expériences des membres de la communauté blanche différaient de celles des minorités visibles et des peuples autochtones, où le traitement réservé à ces derniers était relativement plus négatif.

Un sentiment d’appartenance

Le sentiment d’appartenance est reconnu comme un déterminant important de la réussite de l’établissement et de l’intégration des nouveaux arrivants, ainsi que comme un indicateur du bien-être, de la cohésion sociale et du capital social.Note de bas de page 27 Le fait qu’un nouvel arrivant se sente socialement connecté à sa nouvelle communauté dépend en partie des efforts de sa communauté pour l’accueillir (c.-à-d., la voie à double sens). Cela est particulièrement pertinent pour les petites communautés rurales et nordiques qui souhaitent favoriser un environnement accueillant pour attirer et retenir les immigrants.

Malgré les expériences de discrimination évoquées précédemment (qui ne devraient pas être négligées), les nouveaux arrivants arrivant par les filières du IBL déclarent un fort sentiment d'appartenance au Canada. L'analyse des sondages ministériels montre que la grande majorité des répondants issus des filières des programmes PPICA et PPICRN déclarent un fort sentiment d'appartenance au Canada et à leur communauté locale.

Les nouveaux arrivants venant du parcours IBL déclarent un fort sentiment d'appartenance au Canada et à leurs communautés locales, semblable aux nouveaux arrivants venant d’autres parcours

Comme décrit ci-dessous
Source : SRNA ; IRCC (2022) Sondage auprès des nouveaux arrivants du PPICRN

Ce résultat concorde avec les recherches antérieures sur le sentiment d’appartenance des immigrants à travers le Canada. La documentation fait état de plusieurs prédicteurs de l'appartenance nationale, notamment : un âge plus jeune au moment de l'immigration, un plus grand nombre d'années de résidence au Canada et la maîtrise de l'anglais ou du français au moment de l'immigration à la maison.Note de bas de page 28 Il s’agit de facteurs cohérents avec les nouveaux arrivants recrutés via les programmes du PPICA et du PPICRN (par exemple, de nombreux anciens résidents temporaires, relativement plus jeunes que les autres catégories économiques). Cela étant dit, les actions de la communauté pour que les nouveaux arrivants se sentent accueillis, ne doivent pas être ignorées. Par exemple, les participants aux groupes de discussion du PPICRN ont décrit avoir reçu un accueil chaleureux dans les centres communautaires, les activités récréatives, les églises, les écoles et au travail.

Notamment, lorsque l’on compare le sentiment d’appartenance des nouveaux arrivants qui ont eu recours aux services et aux soutiens avec ceux qui ne l’ont pas fait, il y a une différence. Les répondants au sondage auprès des nouveaux arrivants du PPICRN qui ont indiqué avoir été jumelés à un mentor bénévole ont déclaré un sentiment d'appartenance plus fort à leur communauté locale (88 %) que ceux qui n'ont pas été jumelés à un bénévole (75 %). Cela a été étayé par les conclusions des groupes de discussion qui ont souligné les avantages d’avoir le soutien des bénévoles. De la même manière, les clients des services d’établissement du PPICA ont signalé un sentiment d’appartenance légèrement plus fort. Ce sentiment d'appartenance plus fort est plus prononcé pour les clients arrivants en tant que RP (80 %) par rapport à leurs homologues RP non clients (72 %). Cela suggère que les efforts visant à fournir des services et des soutiens au niveau communautaire aux nouveaux arrivants dans une communauté font une différence en les aidant à se sentir les bienvenus.

Conclusion

L’adoption d’une approche axée sur le lieu pour comprendre l’immigration régionale prend en compte les efforts et les aspects uniques de chaque communauté. Cela est particulièrement pertinent lors de l’évaluation des initiatives régionales d’immigration telles que le PPICA ET LE PPICRN, qui sont intrinsèquement basées sur le lieu. Les deux projets pilotes ont testé de nouvelles façons de fournir des aides à l’établissement des nouveaux arrivants qui s’appuient sur les enjeux et les opportunités distincts de leurs provinces et communautés respectives. Les leçons apprises du PPICA ont déjà éclairé le programme permanent, ainsi que la conception itérative du PPICRN. Les implications en matière d’établissement examinées dans ce rapport peuvent être appliquées plus largement pour contribuer à améliorer le programme d’établissement.

Le PPICRN et le PPICA ont tous deux démontré des résultats positifs dans la rétention des nouveaux arrivants dans des destinations qui ont généralement du mal à attirer et à retenir les immigrants. Plusieurs facteurs pourraient avoir contribué à ce résultat, notamment l’expérience de travail préalable à l’admission, la pandémie de COVID-19 et le soutien de plusieurs acteurs communautaires. En fait, les nouveaux arrivants de ces deux programmes PPICRN et PPICA avaient accès à un complément de services, de soutiens et de prestataires. Même si le recours aux services d'établissement traditionnels était relativement moyen pour ces populations, les employeurs ont manifestement joué un rôle important en fournissant des soutiens (par exemple, logement, transport) qui complétaient les offres de services traditionnels. En outre, les clients du programme d’établissement dans la région de l'Atlantique ont déclaré avoir acquis des connaissances plus importantes que les non-clients; cependant, ces gains ont disparu lorsqu’on s’est concentré spécifiquement sur les nouveaux arrivants issus de la filière du PPICA. Cette constatation peut s’expliquer par la façon dont le soutien des employeurs fourni dans le cadre du PPICA aurait pu contribuer à améliorer les résultats pour les non-clients. Au-delà des employeurs, d’autres acteurs locaux de la communauté ont également déployé des efforts pour que les nouveaux arrivants se sentent soutenus et accueillis. Ceci est particulièrement important car les nouveaux arrivants dans ces destinations ont signalé des formes de discrimination similaires à celles des nouveaux arrivants partout au Canada (par exemple, discrimination fondée sur la race/l'origine ethnique, la langue/l'accent). Malgré ces expériences difficiles, les nouveaux arrivants du PPICRN et du PPICA ont également fait état d’un très fort sentiment d’appartenance. Cela peut être le résultat des soutiens et des services offerts dans la communauté (par exemple, services d'établissement, jumelage de bénévoles) ainsi que d'autres facteurs contributifs.

Les sujets suivants méritent d’être approfondis dans le cadre d’une étude ou d’une évaluation future :

De plus, certains domaines échappaient à la portée de ce rapport, notamment : la sélection des immigrants, l'administration des projets pilotes, l'intensité des ressources et l'intégrité des programmes. Ce sont des sujets qui seront mieux explorés dans les évaluations futures. Cela est particulièrement pertinent pour le Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord qui sera officiellement évalué à la fin de la période pilote.

En fin de compte, à mesure que les initiatives régionales en matière d’immigration continuent d’évoluer et de s’adapter, ces résultats, ainsi que les recherches futures, soutiendront les efforts visant à mieux prendre avantages des acteurs locaux dans l’établissement et l’intégration des nouveaux arrivants.

Annexe A : Approches pour soutenir l'intégration des nouveaux arrivants du PPICRN

Les 11 communautés participantes au Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord ont mis en œuvre le projet pilote d’une manière différente (en prenant avantage des différents acteurs locaux) en fonction de leur contexte. Les communautés (représentées par les organismes de développement économique locaux) se sont engagées à :

  1. Promouvoir et défendre les avantages de l’immigration auprès des partenaires communautaires, notamment les employeurs et les résidents, afin de favoriser une communauté et des lieux de travail accueillants.
  2. Soutenir la rétention des nouveaux arrivants, en les aidant notamment à s'installer dans la communautéen jumelant les nouveaux arrivants avec des membres établis de la communauté.
  3. Faciliter l'intégration des nouveaux arrivants en les mettant en contact avec les services d'établissement disponibles et en facilitant l'accès des nouveaux arrivants aux principaux services sociaux, notamment le logement, l'éducation, le transport et les soins de santé.

Le tableau suivant donne un aperçu des différences entre les communautés dans la mise en œuvre de ces engagements.

Comme décrit ci-dessous
Source : Rapports annuels de l'ODE; Protocoles d'accord du PPICRN

Sources de données

Ce qui suit contient des informations sur les principales sources de données qui ont été utilisées dans le rapport, c'est-à-dire les données recueillies directement par l’IRCC. De nombreuses autres sources d’information ont été utilisées dans l’élaboration de ce rapport. Les sources de données secondaires (c.-à-d., les données recueillies ou les analyses effectuées par d'autres parties) sont listées directement dans le rapport.

Détails de la page

2024-04-29