Directives concernant la mise en réserve et l'exposition des tableaux – Notes de l'Institut canadien de conservation (ICC) 10/3

Introduction

Le premier principe à respecter pour la mise en réserve et l’exposition des peintures est de les conserver dans un environnement sûr et une atmosphère stable. La présente Note traite des aspects matériels qui influencent la mise en réserve et l’exposition des tableaux et décrit les meilleures pratiques de préservation dans ces situations. Pour obtenir des renseignements connexes sur les conditions ambiantes dans les réserves et les salles d’exposition (éclairage, humidité relative, température, pollution, activité biologique), consulter la Note de l’ICC 10/4 Conditions ambiantes recommandées pour les peintures.

Les recommandations formulées ici visent surtout la mise en réserve et l’exposition sûres des tableaux encadrés et des peintures sur toile tendue sur un châssis à clés ou simple. Les tableaux non encadrés sur carton ou panneau (sans châssis) doivent être mis en réserve à l’horizontale dans des boîtes ou des tiroirs prévus à cet effet (consulter la Note de l’ICC 11/2 La mise en réserve des œuvres sur papier). Les peintures sur toile qui ne sont pas fixées sur un châssis peuvent être conservées à plat sur des tablettes ou dans des tiroirs. Des techniques spécialisées de mise en réserve sont requises pour les tableaux de grandes dimensions. Consulter un restaurateur professionnel pour obtenir des directives sur la mise en réserve et l’exposition des œuvres de grandes dimensions. Des conseils sur la mise en réserve des miniatures et des tableaux réalisés sur d’autres supports sont donnés dans la Note de l’ICC 10/14 Le soin des peintures sur ivoire, sur métal et sur verre. Il est recommandé de consulter d’autres musées pour obtenir de l’information sur différentes options et solutions afin de concevoir un système de rangement qui convient à ses besoins.

Réserves

Une réserve de tableaux doit satisfaire à des critères précis pour assurer la protection des œuvres d’art. Cette salle doit être consacrée exclusivement à la mise en réserve des collections patrimoniales et d’œuvres d’art. Le matériel qui ne fait pas partie de la collection (par exemple, outils, matériel d’atelier, supports, rayonnages d’exposition, équipement de nettoyage) doit être conservé dans une autre salle de rangement.

Voici les principaux facteurs à prendre en considération lors du choix d’une réserve de tableaux :

  • La sécurité matérielle et l’accessibilité sont les principales exigences de tout système de réserve.
  • Les réserves de collections devraient être verrouillées et leur accès devrait être restreint aux employés autorisés.
  • Les conditions ambiantes des réserves de collections devraient être régulées par un système de chauffage, de ventilation et de conditionnement d’air permettant de maintenir une température et un taux d’humidité acceptables toute l’année.
  • Éviter les greniers et les sous-sols parce que les greniers peuvent être excessivement chauds et secs, tandis que les sous-sols peuvent être humides et vulnérables aux inondations (infiltration d’eau souterraine ou fuite de conduites d’eau au plafond).
  • Si une salle adjacente à un mur donnant sur l’extérieur est envisagée, il faut tenir compte du fait que les murs périmétriques d’un bâtiment sont plus sujets que d’autres aux fluctuations de la température et de l’humidité relative. Les murs périmétriques peuvent être une source d’humidité, particulièrement s’ils sont mal isolés ou s’ils ne sont pas munis de pare-vapeur.
  • Le trajet entre les réserves et les salles d’exposition devrait être aussi direct que possible et ne comporter ni virages serrés ni escaliers.
  • Il devrait y avoir suffisamment d’espace dans la réserve pour qu’il soit possible de déplacer les œuvres d’art (espace de rangement temporaire).
  • Les réserves ne doivent pas être placées dans des endroits soumis à des vibrations.

Localisation et récupération des œuvres d’art mises en réserve

Établir un système d’enregistrement pour déterminer le contenu de chaque espace de mise en réserve, par panneau coulissant ou étagère, et mettre sur chaque panneau une étiquette indiquant les peintures qui y sont accrochées. Cela réduira considérablement les manipulations inutiles requises pour trouver ou identifier des œuvres d’art. De nombreux musées ont adopté un système de code à barres pour trouver, identifier et récupérer des œuvres d’art mises en réserve. Il s’agit d’une méthode de localisation peu coûteuse mais très efficace.

Préparation d’une peinture en vue de sa mise en réserve

Encadrement

Il est préférable de placer un dos protecteur au revers des peintures et de les encadrer avant de les mettre en réserve (consulter la Note de l’ICC 10/10 Dos protecteurs pour les peintures sur toile et la Note de l’ICC 10/8 L’encadrement des peintures). Certains tableaux modernes ou contemporains ne sont pas encadrés parce que les bords peints font partie intégrante de l’œuvre et qu’il doit être possible de les voir lorsqu’ils sont exposés. Ces tableaux doivent être protégés au moyen d’un cadre de type manipulation-transport-entreposage (MTE) (consulter les figures 2, 3 et 4 de la Note de l’ICC 10/16 Emballage des tableaux) avant d’être mis en réserve. Ce cadre permet d’éviter tout contact avec la surface ou les bords du tableau pendant la manutention ou la mise en réserve.

Emballage ou boîtier

Il est recommandé de protéger les tableaux et les cadres des dommages causés par les forces physiques, la poussière, la saleté et l’eau avant de les mettre en réserve. Pour protéger un tableau contre ces trois derniers types de dommages, il suffit de l’emballer dans un film de polyéthylène ou de Mylar, puis de le sceller. Ainsi, l’œuvre d’art est protégée et il est toujours possible de la voir. Si l’emballage n’est pas possible, particulièrement en raison d’un mauvais état de conservation ou d’un empâtement fragile, les œuvres de petite taille peuvent être mises en réserve dans un boîtier. Il est possible d’adapter les boîtiers au moyen de matériaux stables, comme du coroplaste ou du carton multicouche non acide, ou d’acheter des boîtiers prêts à l’usage auprès de fournisseurs spécialisés dans la conservation. Comme il est mentionné ci-dessus, les œuvres de plus grande taille peuvent être protégées au moyen d’un cadre MTE. Pour le sceller, il faut enrouler un film de polyéthylène autour du cadre ou le fixer aux bords de l’ouverture du cadre MTE à l’aide d’agrafes.

Rangement temporaire contre un mur

Appuyer des tableaux contre un mur n’est pas une stratégie de rangement recommandée parce qu’il est fréquent que les peintures soient empilées. Les tableaux ainsi empilés peuvent être endommagés puisqu’ils se touchent et qu’on risque de les accrocher en passant. S’il est nécessaire d’empiler des tableaux, on peut les ranger temporairement sur des blocs matelassés antidérapants pour réduire les risques de glissement (consulter la Note de l’ICC 10/2 Fabrication de blocs matelassés) et les appuyer debout contre un mur en les séparant par des cartons (figure 1). Voici d’autres aspects à prendre en considération.

  • Les tableaux doivent être placés à au moins 7 à 10 cm (3 à 4 po) au-dessus du sol afin d’être protégés de la saleté, de la poussière et de tout contact possible avec de l’eau. Des blocs matelassés peuvent être utilisés pour surélever les tableaux.
  • Ne pas empiler plus de quatre ou cinq tableaux de cette manière.
  • Les tableaux doivent être séparés par des cartons ou tout autre panneau rigide.
  • Les cartons intercalaires doivent avoir une taille légèrement plus grande que les tableaux qu’ils séparent.
  • Idéalement, des peintures ou des cadres de taille similaire peuvent être placés ensemble. Pour ranger des tableaux de taille différente, placer le tableau le plus grand contre le mur, puis placer les autres tableaux du plus grand jusqu’au plus petit.
  • La face du dernier tableau devrait être tournée vers l’intérieur et protégée par un carton intercalaire pour éviter que la surface peinte soit endommagée accidentellement.
  • Il faut placer les cadres très décorés face vers l’extérieur, en direction opposée du mur, pour réduire le plus possible le poids qui repose sur les ornements fragiles. Dans tous les cas, l’angle de rangement doit être adéquat pour éviter que les tableaux ne glissent.
  • S’il y a des conduites d’eau au plafond de la salle de rangement temporaire recouvrir les peintures et les cadres d’un film de polyéthylène pour les protéger de toute fuite d’eau éventuelle.
  • S’il est nécessaire de ranger des tableaux de cette façon à moyen terme, et plus particulièrement s’il y a beaucoup de passants, interdire l’accès à la zone avoisinante à l’aide de panneaux ou de barrières temporaires.
Schéma illustrant un tableau encadré posé sur des blocs matelassés et rangé temporairement à la verticale contre un mur.
© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 122426-0001
Figure 1. Rangement temporaire contre un mur.

Stratégies et unités de rangement

Casiers de rangement polyvalents (rangement statique)

Les casiers de rangement polyvalents constituent une façon simple, compacte et peu coûteuse de ranger des œuvres d’art à la verticale ou à l’horizontale. Sur la figure 2, on peut voir deux types de casiers de rangement. Le premier casier est constitué de compartiments verticaux pouvant convenir à des tableaux de divers formats. Les compartiments verticaux peuvent habituellement accueillir plusieurs œuvres d’art; les directives présentées dans la section précédente en ce qui a trait à l’empilement des tableaux doivent être suivies. Le casier du centre, illustré sur la figure 2, comporte des compartiments horizontaux pour ranger des tableaux fragiles ou endommagés (surface peinte vers le haut), ou encore des œuvres non encadrées. En règle générale, ces casiers de rangement sont statiques, ce qui signifie que les œuvres d’art doivent être placées dans les compartiments et qu’il faut les soulever ou les tirer pour les sortir. Il est possible d’installer des dispositifs appropriés pour que les compartiments de rangement à plat soient déployables et rétractables. Cela améliorerait leur fonction; les œuvres d’art pourraient ainsi être soulevées et sorties d’un compartiment sans risque de heurter le compartiment supérieur.

Des casiers prêts à utiliser peuvent être achetés et il est également possible d’en construire en contreplaqué. Pour construire un casier en contreplaqué :

  • Choisir un contreplaqué à revêtement de densité moyenne, comme le Crezon, qui constitue un excellent matériau pour casiers de rangement.
  • Poncer les surfaces de bois, puis les sceller en appliquant deux couches de peinture‑émulsion acrylique (extérieure ou intérieure) d’excellente qualité.
  • Si l’on désire recouvrir les surfaces d’une couche transparente, utiliser un vernis‑émulsion acrylique.
  • Placer une matelassure (par exemple, feuille de plastique ondulée double paroi) sur la base de chaque compartiment pour éviter d’égratigner l’arrière des moulures lorsque les tableaux sont placés ou retirés.
  • Utiliser des morceaux de carton pour séparer les tableaux rangés dans un même compartiment vertical.
  • Ne pas surcharger les compartiments.
  • Étiqueter les bords des cartons séparateurs pour faciliter le repérage des œuvres et réduire ainsi la manipulation.
  • Poser un film de plastique sur les casiers de rangement afin de les protéger de la poussière et des fuites d’eau.
  • Numéroter les casiers et indiquer le contenu de chacun pour réduire les manipulations inutiles.

Il est possible d’utiliser des unités de rangement à plat munies de compartiments coulissants, comme des classeurs à cartes géographiques. Il s’agit habituellement d’armoires métalliques avec revêtement en poudre cuit munies de tiroirs coulissants superposés d’une profondeur permettant de ranger des petits cadres et la plupart des peintures de la taille d’un chevalet. Ces unités offrent un certain degré de protection contre les dommages causés par l’eau et les fluctuations rapides d’humidité relative.

Schéma illustrant des casiers de rangement polyvalents pour tableaux ayant des compartiments verticaux et des tablettes horizontales.
© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 122426-0005
Figure 2. Casiers de rangement polyvalents avec compartiments verticaux et horizontaux.

Panneaux coulissants

Les panneaux coulissants constituent la méthode de rangement la plus sûre et la plus pratique pour les tableaux qui peuvent être suspendus (figure 3). Les panneaux coulissants utilisent moins d’espace et permettent de voir, d’examiner et de retrouver facilement les tableaux. Les panneaux coulissants constituent une stratégie de rangement haut de gamme. Au moment d’acheter ces unités, il faut tenir compte non seulement du coût de l’équipement, mais aussi du coût de l’installation et des modifications qui doivent être apportées au plancher et au plafond pour faire coulisser les panneaux. Les panneaux constitués d’un treillis métallique rigide retenu dans un cadre de métal peuvent être achetés auprès de fournisseurs commerciaux. Ce type de rangement est facile à utiliser, et le mouvement coulissant des panneaux peut être ralenti ou arrêté manuellement. Chaque panneau coulisse dans ses propres guides fixés au plafond et au plancher à l’aide de roues. Cela permet d’accéder facilement aux tableaux en tirant chaque panneau. Les systèmes qui ne comportent qu’un guide au plafond sont sujets au balancement.

Deux personnes sont nécessaires pour accrocher ou décrocher les cadres ou les tableaux de taille moyenne ou de grande taille. Les peintures et les tableaux sont accrochés au moyen d’un système d’accrochage adapté au type de panneau (figures 4, 5 et 6). Les peintures et les cadres peuvent être accrochés des deux côtés de chaque panneau et le treillis métallique rigide permet de les suspendre pratiquement n’importe où. Avant de commander des panneaux coulissants, préparer un plan d’implantation pour la collection afin d’optimiser l’utilisation de l’espace.

Schéma illustrant un système de mise en réserve pour tableaux et cadres comportant des panneaux coulissants.
© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 122426-0006
Figure 3. Système de mise de réserve comportant des panneaux coulissants.

Accrocher des cadres et des peintures sur des panneaux coulissants

Les systèmes d’accrochage suivants peuvent être utilisés pour accrocher des peintures et des cadres sur un panneau coulissant en treillis. Il faut toujours fixer les systèmes d’accrochage à l’élément le plus lourd, qui est généralement le cadre (comme cela est illustré sur les figures 4, 5 et 6). Si le support auxiliaire de la peinture (châssis à clés ou simple) est plus lourd ou plus robuste que le cadre, les systèmes d’accrochage ne doivent pas être fixés au cadre.

Un crochet en forme de « C », raccourci et muni d’un corps de boulon

Sur la figure 4a, on peut voir un crochet en forme de « C » muni d’un corps de boulon (ou un boulon à œillère coupé de façon à avoir la forme d’un « C ») qui est solidement fixé de chaque côté du panneau coulissant à l’aide d’écrous et de rondelles. Les pitons à vis ou les anneaux en « D » installés à l’arrière d’un cadre peuvent être accrochés à ces crochets. Tous les dispositifs d’accrochage doivent être parfaitement alignés de façon que les anneaux soient vis-à-vis des crochets. S’assurer que la courbe du crochet en « C » est assez prononcée pour empêcher le tableau de glisser lorsqu’on déplace le panneau ou qu’il subit de légères secousses. Couper l’extrémité saillante du boulon de façon qu’il ne dépasse pas trop à l’arrière du panneau. Lorsque ce système est utilisé, il faut deux personnes, hormis pour les petites peintures, pour accrocher les tableaux parce que certaines manipulations (basculement) sont nécessaires pour accrocher les pitons à vis ou les anneaux en « D » aux crochets en « C ».

De la même façon, on peut utiliser des crochets en « C » pour suspendre des œuvres d’art sur une surface d’affichage solide, comme cela est illustré sur la figure 4b. Il est toujours nécessaire de s’assurer que le point de fixation dans le mur ne peut pas s’enlever facilement, surtout s’il n’y a aucun moyen de le fixer à l’arrière du mur d’affichage, comme cela est illustré sur la figure 4a. Un système d’ancrage (comme celui sur les figures 10a et 10b) empêchera le desserrage de l’extrémité de la vis du crochet en « C » du mur.

Schéma illustrant un crochet en « C », ayant un boulon à l’une de ses extrémités, fixé dans un panneau coulissant en treillis. L’extrémité du crochet est insérée dans un piton à vis fixé à l’arrière d’un cadre.
© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 122426-0018
Figure 4a. Un cadre s’attache, au moyen d’un piton à vis, à un crochet en « C » fixé dans un panneau coulissant en treillis en passant par une des ouvertures du treillis.
Schéma illustrant un crochet en « C » fixé au mur à l’aide d’un système d’ancrage. L’extrémité du crochet est insérée dans un piton à vis fixé à l’arrière d’un cadre.
© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 122426-0019
Figure 4b. Un système d’ancrage fixe le crochet en « C » au mur. Le crochet s’attache au cadre au moyen d’un piton à vis.

Crochet en forme de « L »

Le système du crochet en « L » est essentiellement identique à celui du crochet en forme de « C » muni d’un corps de boulon. La différence est qu’il est plus facile pour une personne seule d’accrocher un tableau à un panneau coulissant à l’aide d’un crochet en « L » (figure 5a). Ces deux systèmes d’accrochage (crochets en « C » et en « L ») sont fréquemment utilisés dans les réserves suffisamment spacieuses pour attribuer un espace de rangement à chaque tableau.

Comme on le ferait avec un crochet « C », si l’on utilise un crochet en « L » pour accrocher une œuvre d’art à un mur solide, il est important de s’assurer que l’extrémité de la vis est fixée dans le mur. Sur la figure 5b, l’extrémité de la vis est fixée à l’aide d’un système d’ancrage (comme on peut le voir sur les figures 10a et 10b).

Schéma illustrant un crochet en « L », ayant un boulon à l’une de ses extrémités, fixé dans un panneau coulissant en treillis. L’extrémité du crochet est insérée dans un piton à vis fixé à l’arrière d’un cadre.
© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 122426-0020
Figure 5a. Un cadre s’attache, au moyen d’un piton à vis, à un crochet en « L » fixé dans un panneau coulissant en treillis en passant par une des ouvertures du treillis.
Schéma illustrant un crochet en « L » fixé au mur à l’aide d’un système d’ancrage. L’extrémité du crochet est insérée dans un piton à vis fixé à l’arrière d’un cadre.
© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 122426-0021
Figure 5b. Un système d’ancrage fixe le crochet en « L » au mur. Le crochet s’attache au cadre au moyen d’un piton à vis.

Crochet en « S »

Un crochet en forme de « S » (figure 6) est utilisé à la fois pour la mise en réserve temporaire et à long terme sur des panneaux coulissants. La facilité relative avec laquelle ces crochets peuvent être enlevés et installés ailleurs offre une certaine souplesse au moment de la mise en réserve des peintures. Pour installer les crochets, il suffit d’accéder à un seul côté du panneau et de les insérer dans les ouvertures de celui-ci. Toutefois, il faut prendre des précautions pour décrocher un tableau du panneau ou le remettre parce que ces crochets ne sont pas fixés au panneau et qu’ils peuvent se détacher facilement. S’assurer que le crochet en « S » ne se détache pas pendant l’accrochage ou le décrochage, car il risquerait alors, en tombant, d’abîmer les tableaux situés au-dessous. Deux personnes sont nécessaires pour accrocher ou décrocher des tableaux à l’aide de ce système d’accrochage.

Schéma illustrant un crochet en « S » suspendu à un panneau coulissant en treillis et attaché à un piton à vis à l’arrière d’un cadre.
© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 122426-0022
Figure 6. Un cadre s’attache, au moyen d’un piton à vis, à un crochet en « S » fixé dans un panneau coulissant en treillis en passant par une des ouvertures du treillis.

Systèmes d’accrochage pour exposition

Il existe plusieurs types de systèmes d’accrochage pouvant être installés à l’arrière d’un cadre. Il est important de déterminer la charge maximale que peut supporter chacun des systèmes d’accrochage proposés pour s’assurer qu’ils peuvent supporter le poids combiné du cadre, de la peinture et de la vitre de protection, le cas échéant.

Système d’accrochage fixé au cadre

Il est toujours préférable de fixer le système d’accrochage à l’arrière du cadre plutôt qu’à l’arrière du support auxiliaire (châssis à clés ou simple) de la peinture parce que, comme nous l’avons dit précédemment, le cadre est habituellement plus lourd et plus solide. Choisir le cadre principal plutôt que la marie-louise ou un cadre secondaire. La marie-louise ou le cadre secondaire ne sont pas toujours bien fixés au cadre principal et sont souvent minces ou étroits, de sorte qu’ils peuvent se fissurer lors de l’introduction d’une vis. Il faut toujours mesurer l’épaisseur de la partie du cadre dans laquelle une vis sera introduite. Choisir une vis (ou un piton à vis) d’une taille appropriée afin qu’elle ne transperce pas la face du cadre, ce qui endommagerait le bois et le fini. En plus de la longueur de la vis, prévoir un espace de 1,5 cm entre l’extrémité de la vis et la face du cadre. En effet, même si la pointe de la vis ne transperce pas l’avant du cadre, elle peut former une excroissance sur la surface décorative si elle est trop près de la surface du bois. Il est possible que des couches décoratives soient perdues ou que des craquelures apparaissent sur l’excroissance.

Piton à vis

En règle générale, deux pitons à vis sont fixés à un cadre entre lesquels on tend un fil métallique qui servira à accrocher le tableau au système d’accrochage fixé au mur d’exposition. Il est également possible, et préférable, d’accrocher directement les pitons à vis fixés au cadre à deux points du système d’accrochage sur le mur (ou sur un panneau coulissant dans la réserve). Cette dernière stratégie offre un avantage important, puisqu’elle élimine les risques que le fil métallique se casse. Avec les années, le fil métallique peut s’effilocher et se rompre. Il est possible de se procurer des pitons à vis de taille et de poids différents. Le piton à vis approprié dépend de la taille et du poids de la peinture et du cadre, ainsi que de l’épaisseur du cadre. L’utilisation de pitons à vis comporte certains inconvénients : la longueur de la vis, les vis étant souvent trop longues pour un cadre peu profond, et la taille du piton à vis, lequel fait souvent saillie à l’arrière de la peinture et du cadre.

Anneaux en « D »

Les anneaux en « D », aussi appelés « anneaux à miroir » ou « anneaux de suspension », sont des anneaux en forme de « D » glissés dans une pièce de métal repliée (figures 7a et 7b). Un anneau en « D » est replié contre le cadre lorsqu’il n’est pas utilisé et peut être relevé pour accrocher le tableau au système d’accrochage fixé au mur. Il existe des anneaux en « D » de différentes tailles. Les plus petits ne comportent qu’un seul trou de fixation. Les plus grands comportent au moins deux trous. Les anneaux en « D » ne peuvent supporter plus qu’un certain poids; l’anneau risque donc de céder si ce poids est dépassé. Les anneaux en « D » sont disposés face à face si un fil métallique est utilisé ou en parallèle, comme le montrent les figures 7a et 7b, s’ils doivent être accrochés à un système d’accrochage fixé sur un mur ou un panneau coulissant.

Schéma d’un anneau en « D » à une seule vis.
© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 122426-0010
Schéma de deux anneaux en « D » installés à l’arrière d’un cadre à l’aide de vis.
© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 122426-0024

Figures 7a et 7b. Anneau en « D » à une seule vis.

Systèmes d’accrochage pour les tableaux lourds

Les tableaux très lourds dépassent la capacité maximale des pitons à vis et des anneaux en « D » conventionnels. Dans ces cas, il est possible de se procurer des pitons à vis de grandes dimensions en passant une commande spéciale. Les crochets devraient être installés directement sur un système d’accrochage fixé aux poteaux muraux, ou l’on peut utiliser des chaînes pour relier le système d’accrochage aux crochets en « S ». Dans le cas de peintures exceptionnellement lourdes, utiliser des tasseaux en métal ou des taquets américains traditionnels (figure 8) qui soutiennent le poids du tableau sur toute sa longueur.

Pour fabriquer un taquet américain, il suffit de tailler plusieurs courtes pièces de contreplaqué de 18 mm (3/4 po) dont la taille doit correspondre à la largeur de la bordure supérieure arrière du cadre. La tranche du contreplaqué doit être coupée à un angle de 45° sur toute sa longueur et une moitié de la pièce coupée (la pièce « A » sur la figure 8) doit être fixée au cadre à l’aide de longues vis. Cette moitié doit être alignée à la deuxième moitié fixée à une poutre de support du mur d’exposition (la pièce « B » sur la figure 8). Il est nécessaire de fixer plusieurs taquets américains sur la bordure supérieure du cadre. Une fois que les taquets américains sont installés, il suffit de soulever le tableau pour insérer par le haut la partie fixée au cadre sur la partie fixée au mur. Des cales d’espacement (contreplaqué de la même épaisseur que les taquets) peuvent être fixées au cadre ou au mur le long de la bordure inférieure pour faire en sorte que l’espace entre le mur et la peinture soit le même au haut et au bas du tableau.

Schéma illustrant un taquet américain. Le nom et la position de tous les éléments décrits dans les textes précédents sont indiqués sur le schéma.
© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 122426-0015
Figure 8. Schéma d’un taquet américain.

Fil métallique

Comme il est décrit ci-dessus à la section Piton à vis, le fil métallique n’est pas la solution idéale pour accrocher une peinture, en particulier lorsque la peinture ou le cadre est surdimensionné ou très lourd. Le fil peut rouiller, perdre de la résistance ou s’user et se rompre aux points de contact avec les crochets muraux; les peintures peuvent se décentrer; et le fil en excès risque d’endommager la peinture en faisant pression sur le dos de la toile. Si du fil métallique est utilisé pour accrocher une petite peinture (peinture de chevalet ou plus petite), utiliser du fil revêtu de plastique pour prévenir l’usure et la rouille. Faire en sorte que le dos protecteur de la peinture la protégera de tout contact éventuel avec le fil (pour obtenir de plus amples renseignements sur les dos protecteurs, consulter la Note de l’ICC 10/10 Dos protecteurs pour les peintures sur toile).

À l’instar des pitons à vis et des anneaux en « D », un fil métallique peut supporter un certain poids. Il faut connaître le poids de la peinture et du cadre pour pouvoir choisir le fil métallique approprié. Ne pas doubler le fil métallique pour en accroître la capacité, car l’un des fils sera inévitablement plus tendu que l’autre, supportant ainsi tout le poids, ce qui augmentera considérablement les risques que les fils se rompent l’un après l’autre. Enrouler le bout du fil sur lui-même pour s’assurer que le fil métallique est solidement fixé une fois qu’il a été glissé dans les pitons à vis ou les anneaux en « D ». Laisser assez de mou dans le fil pour qu’il soit possible de l’accrocher au mur à deux points. Il sera ainsi plus facile de mettre la peinture à niveau et le tableau ne tombera pas si l’un des crochets se décroche.

Évaluer le mur avant d’y accrocher une peinture

Il est important de s’assurer que le système d’accrochage choisi convient au type de mur de la salle d’exposition. Il peut être nécessaire d’installer des murs d’exposition spéciaux ou de modifier des murs existants pour les adapter aux tableaux. Si le mur est en contreplaqué, des crochets fixés à l’aide de clous (figure 9) ou des crochets à extrémités filetées permettent de maintenir les tableaux en place sans chevilles ni pièces d’ancrage. Pour fixer solidement les crochets à des murs creux, comme les cloisons sèches ou les murs faits de blocs creux, faire des trous dans lesquels on introduit des pièces d’ancrage ou des chevilles à expansion (figures 10a et 10b). Dans le cas de murs de brique, de plâtre, de pierre ou de béton coulé, il faut aussi faire des trous et utiliser des pièces d’ancrage pour insérer des crochets filetés.

Schéma illustrant un crochet en métal fixé à l’aide d’un clou.
© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 122426-0017
Figure 9. Crochet fixé à l’aide d’un clou.
Schéma illustrant un crochet en « C » et des boulons à ailettes dans un mur.
© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 122426-0002
Schéma illustrant un crochet en « C » et un boulon avec des chevilles extensibles dans un mur.
© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 122426-0004

Figures 10a et 10b. Deux exemples de pièces d’ancrage et de chevilles extensibles.

Il est possible d’utiliser d’autres systèmes d’accrochage qui peuvent être fixés dans la partie supérieure du mur. Ces systèmes comprennent une cimaise traditionnelle en bois qui comprend un rail métallique. Les tableaux peuvent être suspendus à ces rails à l’aide d’un fil en métal ou en plastique (le métal est plus durable, donc plus sûr) ou d’une chaîne métallique. Les avantages de ces systèmes sont les suivants :

  • il est facile de modifier la position des peintures exposées;
  • il n’est pas nécessaire de faire ou de boucher des trous dans le mur chaque fois que des peintures sont remplacées.

Facteurs à prendre en considération au moment de choisir un lieu d’exposition

Pour obtenir de plus amples renseignements à ce sujet, consulter la Note de l’ICC 10/4 Conditions ambiantes recommandées pour les peintures.

Ne pas exposer les tableaux dans des endroits où ils peuvent être frôlés ou touchés au passage (par exemple, dans des couloirs étroits ou des cages d’escalier). Des cordons, des plateformes ou des traits sur le plancher sont fréquemment utilisés pour tenir les visiteurs à distance dans les salles d’exposition. Il peut aussi être utile de placer des panneaux interdisant aux visiteurs de toucher aux œuvres d’art. De nombreuses salles d’exposition sont munies de détecteurs de mouvements qui sont déclenchés lorsqu’une personne se trouve à une certaine distance d’une œuvre exposée. Ne jamais accrocher une peinture à une hauteur à laquelle elle peut être heurtée facilement (par exemple, par un pied, un genou, un sac à main, une main) s’il n’y a pas de barrière adéquate. Il est fréquent que les œuvres d’art contemporain de grandes dimensions soient installées de telle façon que le bas de l’œuvre se trouve au niveau du pied ou du genou. Différentes mesures préventives (par exemple, surveillance par un garde de sécurité, barrières solides, marques au sol ou choix d’un autre endroit) devraient alors être envisagées pour éviter les dommages.

Ne pas accrocher de tableaux dans des endroits où ils peuvent entrer en contact avec des meubles, des portes, des rideaux, des stores ou d’autres objets. Les cafétérias, les cuisines et les endroits où l’on trouve des vapeurs de cuisson ou des aliments ne doivent pas être utilisés pour l’exposition des tableaux, tout comme les endroits où il y a des courants d’air ou encore ceux à proximité de radiateurs, de bouches d’aération ou de foyers.

Les murs donnant sur l’extérieur peuvent être froids en hiver. Les œuvres d’art non protégées qui sont exposées sur ces murs peuvent être endommagées par la condensation. Si des peintures doivent être exposées sur ces murs, il faut faire en sorte que chaque peinture soit munie d’un dos protecteur (consulter la Note de l’ICC 10/10 Dos protecteurs pour les peintures sur toile) et qu’il y ait suffisamment d’espace entre l’arrière de la peinture et le mur pour assurer une circulation d’air adéquate. Des cales d’espacement en liège ou en plastique peuvent être fixées au dos d’une peinture pour créer cet espace d’air entre le mur et le tableau. Finalement, on peut réduire les fluctuations de température et d’humidité relative en s’assurant que les murs extérieurs sont suffisamment isolés. On peut aussi installer des cloisons mobiles dans une salle pour créer un espace isolant entre le mur extérieur et la surface sur laquelle les œuvres sont accrochées. Consulter des ingénieurs en environnement, des architectes et le personnel du musée pour déterminer si les murs extérieurs peuvent être utilisés pour exposer des tableaux.

Autres mesures de protection des œuvres d’art

On peut se protéger des voleurs en prévoyant la présence de gardiens dans les salles d’exposition, en installant des caméras de surveillance dans les salles d’exposition et des systèmes d’alarme sur les sorties secondaires (par exemple, les sorties de secours) et en utilisant des systèmes d’accrochage de sécurité qui rendent la tâche du voleur difficile. Éviter de placer les tableaux dans des endroits d’où on pourrait les enlever rapidement et sans être vu (par exemple, près des sorties). Ne pas permettre aux visiteurs d’entrer avec de grands sacs, des sacs à dos ou tout autre contenant dans lequel ils pourraient cacher une œuvre d’art.

L’installation d’une vitre de protection (verre ou acrylique) sur les cadres offre une meilleure protection contre le vandalisme et le vol. Cette vitre réduit également l’accumulation de poussières et de saletés sur le tableau en plus de le protéger contre les fluctuations d’humidité et les polluants atmosphériques. La vitre peut également servir de filtre UV (l’efficacité du filtre UV dépend du type de verre ou d’acrylique utilisé). Pour obtenir de plus amples renseignements sur le vitrage des œuvres d’art, consulter la Note de l’ICC 10/8 L’encadrement des peintures et la Note de l’ICC 11/3 Vitrage d’encadrement pour les œuvres sur papier.

Fournisseurs

Remarque : Les renseignements qui suivent visent uniquement à informer lecteur. Le fait qu’une entreprise figure dans la présente liste ne signifie pas pour autant qu’elle est approuvée par l’Institut canadien de conservation.

Bibliographie

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Rédigé par Robert Arnold
Révisé par Wendy Baker en 2016

Première date de publication : 1986

Also available in English.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation, 2017.

ISSN 1928-5272

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