Étude de surveillance de la santé à bord du NCSM CHICOUTIMI

Résumé

L’incendie survenu à bord du Navire canadien de Sa Majesté (NCSM) Chicoutimi le 5 octobre 2004 a causé la mort d’un membre d’équipage et des lésions pulmonaires liées à la fumée chez un certain nombre des 56 membres d’équipage qui ont survécu. Les évaluations médicales et la prise en charge initiales de l’équipage, de même que l’enquête sur l’hygiène et la sécurité à bord du sous-marin après l’incendie ont été réalisées par les Services de santé des Forces armées canadiennes. Au cours de l’année qui a suivi l’incendie, les membres d’équipage ont fait l’objet d’un suivi médical resserré et ont aussi été soumis à des tests supplémentaires de dépistage de problèmes de santé mentale postdéploiement, au début de 2005. Par la suite, les membres d’équipage ont reçu les soins habituels dispensés par leurs fournisseurs de soins de santé primaires civils et militaires.

La présente étude cerne un certain nombre d’effets sur la santé qui ont été inscrits aux dossiers médicaux militaires des membres d’équipage du NCSM Chicoutimi au cours de la période comprenant les cinq années qui ont précédé l’incendie et les cinq années qui l’ont suivi. Ces résultats ont ensuite été comparés à ceux d’un groupe aléatoire formé de sous-mariniers non exposés de la Marine royale canadienne (groupe témoin) durant la même période. De même, l’équipe de soin et de garde de Faslane (équipe de Faslane) a été incluse dans l’étude à titre de deuxième groupe qui, au sein du personnel, est susceptible d’avoir été exposé à l’intérieur du sous-marin après l’incendie. Les membres de cette équipe et les membres du groupe témoin ont tous reçu des soins médicaux normaux sur une base régulière durant la période à l’étude, sans autre dépistage médical.

L’examen des dossiers médicaux a été confié à des professionnels de la santé qui ont été formés et surveillés. L’uniformité et l’exactitude de la collecte de données ont été validées pour chaque examinateur, de même qu’entre examinateurs.

Les résultats de l’étude montrent que les résultats médicaux observés à court et à moyen terme chez les membres d’équipage à la suite de l’incendie ont été différents de ceux observés dans les deux autres groupes de sous-mariniers. Les principaux résultats incluent un certain nombre d’effets sur la santé. Par exemple, les membres d’équipage ont pris davantage de congés de maladie d’une durée de trois jours ou plus (CM) et étaient proportionnellement plus nombreux à avoir une capacité réduite d’accomplir leurs tâches (à avoir des contraintes à l’emploi pour raisons médicales, ou CERM). De fait, après l’incendie, les membres d’équipage ont été jugés médicalement inaptes au service en mer durant environ 26 % de leurs jours de service (à cause d’un congé de maladie ou de CERM), comparativement à une proportion d’environ 5 % dans le groupe témoin.

Le taux de congés de maladie ou de CERM (tous types confondus) observé chez les membres de l’équipe de Faslane, bien que faible au départ, était supérieur à celui observé dans le groupe témoin, mais aucune différence statistiquement significative n’a été observée entre ces deux groupes pour ce qui est du nombre de jours perdus à cause de congés de maladie ou de CERM (inapte au service à bord d’un sous-marin/à quai) après l’incendie.

Les causes médicales les plus souvent associées aux congés de maladie et aux CERM, tant selon le pourcentage des membres d’équipage que selon la proportion de jours de travail touchés, appartenaient à la catégorie des troubles psychiatriques. Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) a été le nouveau problème médical diagnostiqué le plus fréquemment. Ce trouble a été diagnostiqué chez 60 % des membres d’équipage, et le taux de diagnostic a été près de 45 fois supérieur à celui observé dans le groupe témoin non exposé. Après l’incendie, de nouveaux cas de dépression ont été signalés chez 15 % des membres d’équipage, contre 2 % dans le groupe témoin.

Au deuxième rang des problèmes médicaux courants chez les membres d’équipage après l’incendie viennent les difficultés respiratoires d’apparition récente (asthme ou affections respiratoires réactionnelles), chez 21 % des membres. Il s’agit d’un taux dix fois supérieur à celui observé dans le groupe témoin. De légères hausses des troubles musculaires et des troubles touchant les articulations ou la colonne vertébrale ont été observées chez les membres d’équipage, mais les différences par rapport au groupe témoin et par rapport à l’équipe de Faslane n’étaient pas statistiquement significatives.

Aucune différence n’a été observée entre l’équipe de Faslane et le groupe témoin en ce qui a trait au nombre de cas signalés des principaux résultats sur la santé précités.

En date du 31 décembre 2009, plus du tiers (35 %) des membres d’équipage avaient été libérés des Forces armées canadiennes (FAC), cette proportion étant comparable à celle observée chez les membres du groupe témoin (34 %). La proportion de membres d’équipage libérés pour des raisons médicales (12,5 %) a été plus élevée que dans le groupe témoin (seulement 5,3 %). La proportion de 4,8 % observée chez les membres de l’équipe de Faslane n’était pas statistiquement différente de celle observée dans le groupe témoin.

Aucun cancer n’a été signalé chez les membres d’équipage ou au sein de l’équipe de Faslane durant la période à l’étude. Ainsi qu’il a été décrit en détail dans un rapport précédent, il a été conclu qu’il était peu probable que l’exposition des membres d’équipage augmente la probabilité d’avoir un cancer au-delà des niveaux de base observés dans la population canadienne en général.Note de bas de page 1

Les données et les résultats cernent et documentent les effets sur la santé à court et à moyen terme associés à l’incendie à bord du NCSM Chicoutimi et en donnent un aperçu. Compte tenu de la proportion élevée de membres touchés (ampleur des effets), les principaux problèmes médicaux précités ont été jugés cliniquement et statistiquement manifestes. Un soutien et des soins médicaux continus seront fournis à ces sous-mariniers par la voie des systèmes de soins de santé habituels (cliniques du Gp Svc S FC dans le cas des membres des FAC et systèmes de soins de santé provinciaux pour ceux qui ont été libérés) et du processus de traitement des demandes d’indemnisation d’Anciens combattants Canada.

En ce qui a trait aux étapes suivantes de l’étude, ainsi qu’il est indiqué dans deux calculsNote de bas de page 2,Note de bas de page 3, retenus aux fins de planification de l’étude (calculs de l’efficacité statistique), le faible nombre de membres d’équipage nuit à la possibilité de tirer des conclusions statistiques rigoureuses concernant les problèmes médicaux peu fréquents. À mesure qu’augmentera le nombre de sujets qui quitteront l’armée et seront pris en charge par une équipe médicale civile, il deviendra de plus en plus difficile, pour différentes raisons, de recenser avec exactitude les résultats sur la santé à la lumière des dossiers médicaux. Il en deviendra donc moins efficace de pousser plus loin l’étude pour assurer le suivi de l’équipage du NCSM Chicoutimi ou de l’équipe de Faslane. Par souci d’efficacité, il est recommandé d’assurer le suivi des principaux résultats sur la santé dans le cadre de l’Étude permanente du cancer et de la mortalité chez les membres des Forces canadiennesNote de bas de page 4, qui est bien instaurée et qui repose sur les sources de données les plus exhaustives en la matière.

Équipe de l’étude sur la santé à bord du NCSM Chicoutimi :

Examinateurs des dossiers médicaux :

Commis à l’étude :

Commis aux dossiers médicaux :

Élaboration du profil pharmacologique :

Examinateurs du rapport de l’étude :

Remerciements

Nous tenons à remercier sincèrement tous les membres d’équipage du NCSM Chicoutimi. Cette étude n’aurait pas été possible sans leur participation et celle de l’ensemble de la communauté des sous-mariniers de la Marine royale canadienne.

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