Informations sur les aliments nouveaux: β-Lactoglobuline provenant de la souche de levure Komagataella phaffii yRMK-66

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Contexte

Santé Canada a informé Remilk qu'il ne s'oppose pas à l'utilisation alimentaire de la β-lactoglobuline ("r-βLG") provenant de la souche de levure Komagataella phaffii yRMK-66. Le ministère a procédé à une évaluation complète de cette protéine conformément à ses Lignes directrices sur l'évaluation de l'innocuité des nouveaux aliments. Ces lignes directrices sont fondées sur des principes reconnus à l'échelle internationale pour établir l'innocuité des aliments à caractères nouveaux.

En fonction de l'utilisation finale prévue de l'ingrédient r-βLG dans la fabrication de produits prêts à être consommés, des exigences règlementaires supplémentaires peuvent s'appliquer au-delà des considérations d'innocuité préalables à la mise en marché. Santé Canada a consulté l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) sur ces questions et une description de ces exigences supplémentaires est fournie pour soutenir la conformité règlementaire.

Ce qui suit est un résumé de l'avis de Remilk et de l'évaluation par Santé Canada. Ce document ne contient aucun renseignement commercial confidentiel.

Introduction

Remilk a développé une souche de levure génétiquement modifiée, K. phaffii yRMK-66, qui exprime la β-lactoglobuline (appelée r-βLG), laquelle est le composant principal du lactosérum (petit-lait) du lait de vache. L'ingrédient r-βLG est une protéine soluble purifiée à partir du milieu de culture et séchée par atomisation pour donner un produit de longue conservation qui possède la fonctionnalité des protéines du lait. La compagnie a l'intention de vendre la r-βLG en vrac directement aux fabricants de produits alimentaires, en tant qu'ingrédient de source non animale destiné à être utilisé dans une variété de produits alimentaires tels que les produits nutritionnels (barres, substituts de repas, boissons nutritives, petits déjeuners instantanés), les boissons à base de plantes, les produits laitiers (lait de consommation et préparations pour boissons, fromage, trempettes, yaourt et boissons fermentées, crème glacée), les desserts et confiseries, les produits de boulangerie, les préparations sèches (par exemple, pour les gâteaux, les muffins et les pancakes), les céréales pour petit-déjeuner, collations salées, pâtes à tartiner, sauces et condiments, soupes et substituts d'œufs. Le r-βLG n'est pas destiné à être vendu directement aux consommateurs ni à être utilisé dans les préparations pour nourrissons.

Santé Canada n'a jamais autorisé l'utilisation alimentaire d'une protéine d'origine animale produite par fermentation microbienne comme aliment nouveau.

L'évaluation d'innocuité réalisée par les évaluateurs de la Direction des aliments a été réalisée conformément aux Lignes directrices sur l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux de Santé Canada. Ces dernières sont fondées sur les démarches visant l'harmonisation avec les directives établies par d'autres autorités règlementaires et reflètent les documents d'orientation internationaux dans ce domaine (p. ex. le Codex Alimentarius). L'évaluation d'innocuité a pris en compte le développement et la caractérisation de la souche de production de la r-βLG; la caractérisation, la composition et la qualité nutritionnelle de la r-βLG par rapport aux protéines de lactosérum du lait de vache; la possibilité que la r-βLG soit toxique ou provoque des réactions allergiques; et l'estimation de son niveau de consommation. Remilk a fourni des données prouvant que la r-βLG peut être utilisée sans danger comme aliment au Canada.

La Direction des aliments à une responsabilité légale d'effectuer des évaluations préalables à la mise en marché des aliments nouveaux et des nouveaux ingrédients alimentaires, comme le précise le titre 28 (aliments nouveaux) de la partie B du Règlement sur les aliments et drogues. La r-βLG est considérée comme un aliment nouveau en vertu de la partie suivante de la définition des nouveaux aliments : "c) un aliment dérivé d'un végétal, d'un animal ou d'un micro-organisme qui, ayant été modifié génétiquement, selon le cas :

  1. présente des caractères qui n'avaient pas été observées auparavant ".

Développement de l'organisme de production

La souche de production, K. phaffii yRMK-66, a été développée à partir de K. phaffii CBS 7435 (également connue sous le nom de NRRL Y-11430), une souche de référence dont le génome a été publié et affiné. Les souches de K. phaffii ont un historique d'utilisation sûre dans la production d'aliments, d'aliments pour animaux et d'ingrédients pharmaceutiques. K. phaffii est le nom scientifique actuel de l'espèce de levure anciennement classée sous le nom de Pichia pastoris. Cette espèce de levure a des exigences de croissance simples similaires à celles de Saccharomyces cerevisiae, une capacité de croissance à haute densité et une capacité à exprimer et à sécréter des protéines recombinantes par l'insertion d'unités d'expression génique codant pour les protéines d'intérêt au sein des loci des gènes de l'alcool oxydase. En ce qui concerne les évaluations précédentes d'aliments nouveaux, une souche de cette espèce a été développée pour produire la léghémoglobine de soja, autorisée pour la première fois au Canada en 2020. La souche hôte ne pose aucun problème d'innocuité.

La protéine exprimée faisant l'objet de cet avis est la variante B de la βLG de vache (Bos taurus). Comme il s'agit d'un animal de base dans la production alimentaire domestique, cet animal ne pose pas de problème d'innocuité comme organisme donneur de gènes. Les codons ont été optimisés pour l'expression dans la souche de levure hôte, mais cela n'a entraîné aucune modification de la séquence primaire d'acides aminés par rapport à la βLG bovine. Les éléments de régulation d'expression génique ont été dérivés du locus de l'alcool oxydase (aox1) de K. phaffii.

Les marqueurs de résistance aux antibiotiques dérivés de procaryotes qui ont été utilisés pendant le développement de la souche sont couramment présents dans les plasmides utilisés pour la modification génétique. Conformément aux meilleures pratiques en matière de biotechnologie, l'approche de développement a permis de garantir l'absence de ces gènes dans la souche finale, ce qui a été confirmé par la caractérisation de la souche.

Il n'y a aucune inquiétude concernant les organismes donneurs utilisés pour développer la souche de production.

La souche de production de la r-βLG a été développée à l'aide de méthodes de modification génétique standards et bien décrites. L'unité d'expression introduite contenait une version de la séquence codant pour la β-lactoglobuline bovine optimisée pour les codons de levure, sous le contrôle d'éléments régulateurs endogènes de K. phaffii provenant de l'alcool oxydase. La séquence d'acides aminés de la β-lactoglobuline exprimée est identique à la version bovine de cette protéine. Les méthodes de modification génétique et la conception des constructions n'ont soulevé aucun problème.

Caractérisation de l'organisme de production

La caractérisation moléculaire de la souche yRMK-66 de K. phaffii a été réalisée à l'aide du séquençage du génome entier (SGE), en intégrant les données obtenues à l'aide de deux méthodes complémentaires afin de produire une séquence complète et de haute fidélité. Les mesures de qualité de séquence ont été fournies, ainsi qu'une description du processus menant à l'assemblage du génome. La séquence affinée comprend les quatre chromosomes de la levure, le génome mitochondrial et deux "plasmides tueurs de levure". Ces derniers sont de petits ADN linéaires extrachromosomiques relativement conservés dans les différents genres de levure. Lorsqu'ils sont fonctionnels, les gènes de ces plasmides permettent la production et la sécrétion d'une exotoxine qui tue les autres levures à proximité (voir Sturmberger et al., 2016Note de bas de page 1; revue dans Schmitt et Breinig, 2006Note de bas de page 2). Une étude des plasmides tueurs de P. pastoris (K. phaffii) a toutefois conclu qu'ils n'étaient probablement pas fonctionnels chez cette espèce. Dans ce contexte, les plasmides tueurs ne posent aucun problème pour la santé humaine.

Sur la base des informations fournies, les données de séquençage, la qualité, l'étendue de la couverture et la précision étaient adaptées à l'analyse en aval.

Un logiciel commercial de bioinformatique a été utilisé pour identifier toutes les différences de séquence entre le génome assemblé pour la souche de production de r-βLG yRMK-66 et la souche parentale CBS 7435. L'analyse de séquences a montré une intégration réussite des constructions aux sites spécifiques pour l'expression de la r-βLG-. Les régions codantes se sont toutes révélées intactes et ne contenaient aucune modification involontaire. D'autres différences mineures ont été identifiées en dehors du site d'insertion, et l'analyse bioinformatique, y compris la recherche dans les bases de données de séquences codantes connues, n'a révélé aucun résultat préoccupant en termes d'innocuité. Les marqueurs de résistance aux antibiotiques utilisés dans le développement étaient absents de la souche de production. La stabilité a été évaluée par PCR quantitative en temps réel et a montré que le nombre de copies génomiques du gène de la r-βLG ne variait pas au cours de la fermentation et dans les différents lots.

La possibilité que les modifications donnent lieu à des protéines non intentionnelles et indésirables a été étudiée en recherchant dans la séquence des cadres de lecture ouverts (ORF) et en les comparant à la base de données NCBI. Douze ORFs putatifs ont été trouvés. Quatre d'entre eux ne correspondaient à aucune protéine connue. Les autres correspondaient à des segments de protéines bactériennes ou de levure, dont aucune n'a été identifiée comme préoccupante pour la santé humaine. L'analyse des ORF n'a soulevé aucun problème d'innocuité.

Dans l'ensemble, aucun problème n'a été soulevé en ce qui concerne la carac5térisation de la souche de production yRMK-66 de K. phaffii.

Informations sur le produit

Le processus manufacturier de la r-βLG a été décrite comme étant conforme aux bonnes pratiques de fabrication et comprend des plans de contrôle préventif conçus pour répondre aux exigences post-commercialisation. Une liste des produits chimiques utilisés dans les milieux de cultures pour les étapes d'inoculation et de fermentation et dans les solutions pour le traitement en aval a été fournie, ainsi que leurs concentrations. Les intrants comprennent des sources de carbone, des sels de divers composés minéraux et nutritifs, de la biotine, des agents d'ajustement du pH et des agents antimoussants. Il a été indiqué que ces matières premières sont de qualité alimentaire ou de qualité chimique ou pharmaceutique de haute qualité. L'origine et les spécifications de ces intrants ne posent aucun problème du point de vue de l'innocuité microbienne.

Le processus de fabrication commence par des banques de cultures de départ maintenues dans un système de banque de cellules de travail afin de préserver la pureté et l'uniformité d'un lot à l'autre. La croissance se fait par étapes, la biomasse étant augmentée dans une série de cuves. Le pH et la température sont étroitement contrôlés et surveillés. Du méthanol et du glycérol sont ajoutés pour induire l'expression et la sécrétion de la r-βLG dans le surnageant du milieu. Le traitement en aval pour récupérer la protéine à la fin de la fermentation procède par séparation de la biomasse des cellules de production, suivie d'une purification par étapes de filtration pour concentrer la protéine et éliminer les impuretés de faible poids moléculaire, d'une filtration des germes et enfin d'un séchage par atomisation. La conception, la construction, le fonctionnement, la surveillance, le nettoyage et l'entretien de l'équipement de fabrication décrit, y compris les mesures visant à prévenir la contamination microbienne du produit final, ne posent aucun problème.

Le séquence encodant la βLG mature, fusionnée à un peptide signale pour diriger la sécrétion, a été introduite dans la souche de production. L'élimination post-traductionnelle du peptide signale par la machinerie cellulaire produit la protéine mature de 162 acides aminés d'un poids moléculaire de 18,4 kDa. La protéine est monomérique à un pH inférieur à 3, existe sous forme de dimère dans le lait et peut s'associer en structures d'ordre supérieur (multimétrique) et en agrégats, selon les conditions. L'avis contenait des données à l'appui de la caractérisation de la protéine afin d'évaluer l'identité, la structure et la pureté de la protéine, ainsi que de montrer l'équivalence avec la βLG trouvée dans le lait de vache.

La séquence codante a été optimisée pour expression dans la levure, mais la séquence d'acides aminés a été préservée, comme confirmé par la déduction du séquençage de l'ADN. Aucune différence au niveau de l'ADN n'a été observée dans les six copies introduites de la séquence codante de la r-βLG. Les résultats de l'analyse SDS-PAGE ont montré que la protéine r-βLG avait la même taille apparente qu'un échantillon de référence de βLG bovine et qu'elle était d'une grande pureté. L'analyse protéomique par chromatographie liquide et spectrométrie de masse (LC-MS/MS) a confirmé la séquence d'acides aminés avec une grande confiance et a montré que la r-βLG est la protéine la plus abondante dans les trois échantillons testés (estimée à > 99,4 % de protéine totale). Hormis l'élimination du peptide signale, aucune modification post-traductionnelle n'a été détectée, que ce soit dans l'échantillon de référence ou dans les échantillons testés. Il a été indiqué que la lignée parentale sécrète de très faibles niveaux de protéines endogènes de levure et que l'élimination de la biomasse cellulaire au cours de la purification devrait minimiser le potentiel de présence de protéines hôtes dans le produit final. Les protéines de levure résiduelles détectées avec cette méthode ne posent aucun problème de sécurité.

En ce qui concerne la structure d'ordre supérieur, des données ont été obtenues en utilisant le dichroïsme circulaire pour évaluer la structure secondaire globale. Des données sur le repliement et la stabilité des protéines ont également été fournies, générées à l'aide d'une méthode de fluorescence intrinsèque et des expériences déterminant le point de fusion protéique. Les résultats de ces analyses ont tous démontré un degré élevé de similarité structurelle entre la r-βLG et la protéine βLG de référence de la vache.

Pour démontrer la pureté de la protéine, des chromatogrammes de HPLC provenant de lots distincts de r-βLG ont été fournies, montrant un seul pic majeur. L'analyse par chromatographie d'exclusion stérique sur gel (SEC) réalisée dans des conditions non dénaturantes a également produit un pic majeur unique, identifié comme le dimère de r-βLG (ou la βLG de la vache). Dans les deux tests, les temps de rétention étaient presque identiques entre les échantillons de référence et de test.

Dans l'ensemble, les données de caractérisation des protéines confirment l'équivalence de la r-βLG de Remilk avec la βLG du lait de vache. Elles démontrent également qu'un produit final de haute pureté peut être fabriqué de manière consistante.

Exposition alimentaire

Le requérant a estimé les apports en r-βLG en se basant sur l'hypothèse prudente que la r-βLG est ajouté à tous les aliments dans chaque catégorie d'aliments proposée à la teneur maximale (par exemple, de 5 à 35 % selon l'aliment). Les estimations ont été déterminées à l'aide des données sur la consommation alimentaire de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) 2015.

Sur la base des utilisations proposées, le requérant a estimé les apports moyens en r-βLG pour tous les âges à 31,9 et 80,0 g/jour et au 90e percentile.

La r-βLG est destiné à remplacer partiellement les ingrédients protéiques du lait dans les aliments. Sur la base des utilisations proposées, elle ne devrait pas modifier la consommation globale, par la population générale, des aliments auxquelles elle est ajoutée.

Nutrition

Dans des conditions physiologiques et dans le lait, la β-lactoglobuline bovine existe sous la forme d'un dimère qui se dissocie en deux monomères à un pH inférieur à 3,5. Le poids moléculaire de la r-βLG correspond à celui de la β-lactoglobuline bovine monomère. Étant donné que le pH du liquide gastrique est d'environ 2, les dimères de β-lactoglobuline présents dans l'aliment se dissocieraient principalement dans l'estomac en monomères substantiellement équivalents à la r-βLG notifiée.

Globalement, la composition proximale (protéines, lipides, glucides, humidité et cendres) de la r-βLG est comparable à celle de l'isolat de protéines de lactosérum (IPL) commercial. Toutefois, la teneur en cendres (1 % p/p) est quelque peu inférieure au niveau minimum indiqué pour les isolats de protéines de lactosérum conventionnels (2 % p/p). Néanmoins, l'IPL commercial est considéré comme le comparateur conventionnel le plus pertinent pour la r-βLG sur la base des similitudes globales dans la composition proximale et des utilisations alimentaires possibles.

La composition en fer et en sodium de la r-βLG était comparable aux niveaux trouvés dans certains IPLs commerciaux. Conformément à sa teneur en cendres relativement faible, la teneur en potassium (405 mg/kg) et en calcium (418 mg/kg) de la r-βLG était toutefois inférieure au niveau minimum indiqué pour les IPLs commerciaux (potassium : 414 mg/kg; calcium : 566 mg/kg)Note de bas de page 3.

La teneur en potassium de la r-βLG n'étant inférieure que de deux pour cent à la valeur minimale rapportée pour la IPL, il est considéré que l'utilisation de la r-βLG ne résulterait pas en une différence nutritionnellement significative dans la teneur en potassium des aliments finaux par rapport à l'utilisation de certains IPLs conventionnels. Par conséquent, les effets négatifs sur le statut en potassium sont considérés comme improbables.

À l'exception des produits laitiers et de leurs substituts, la r-βLG est destinée à être utilisée dans des groupes d'aliments qui, dans l'ensemble, contribuent relativement peu à l'apport total en calcium des Canadiens. En outre, certains de ces aliments non laitiers peuvent être enrichis en calcium sur une base volontaire (par exemple, boissons à base de plantes, farine) ou obligatoire (par exemple, substituts d'œufs, substituts de repas). Dans le cas des produits laitiers, l'utilisation de la r-βLG ou de l'IPL conventionnel devrait apporter une quantité de calcium tout aussi insignifiante par rapport aux quantités beaucoup plus élevées intrinsèques aux aliments visés. Par exemple, on estime que l'ajout de r-βLG à la teneur maximale au lait, au yaourt ou au fromage donnerait un produit formulé avec une teneur en calcium inférieure de seulement 1 % à celle des produits fabriqués avec une quantité équivalente de certains IPLs conventionnels. Par conséquent, les effets négatifs sur le statut calcique sont considérés comme improbables.

Bien que similaire, la composition en acides aminés de la r-βLG n'est pas considérée comme équivalente à celle de l'IPL. Notamment, la teneur moyenne en leucine (13,5 %) et en thréonine (4,7 %) de la r-βLG diffère des niveaux moyens rapportés dans certains IPLs commerciauxNote de bas de page 4 exprimés en pourcentage de protéines (leucine : 10,8 %; thréonine : 7,2 %). Ces différences sont prévisibles car la r-βLG ne contient pas les autres protéines présentes dans le lactosérum bovin. Par conséquent, les différences identifiées dans la composition en acides aminés sont cohérentes avec la composition en acides aminés différente de la βLG bovine par rapport à l'α-lactalbumine bovine, la protéine de lactosérum bovine la plus abondante après la βLG.

Sur la base de leurs similitudes en termes de séquence d'acides aminés et de structure protéique, on s'attend à ce que la r-βLG notifiée et la βLG bovine soient digérées et absorbées de la même manière. La βLG bovine est connue pour être relativement résistante à la digestion dans l'estomac, mais rapidement digérée et absorbée dans l'intestin grêle. La deuxième protéine majeure du lactosérum bovin, l'α-lactalbumine, est également résistante à la digestion gastrique, ce qui suggère que la digestibilité de l'IPL n'est pas très différente de celle de ses protéines primaires. Étant donné que la protéine de lactosérum est principalement composée de βLG, on considère que la digestibilité réelle de la r-βLG se situe dans l'intervalle des protéines alimentaires courant (72-99 %)Note de bas de page 5, et qu'elle peut être approximée par la valeur de la IPL.

Les différences dans la composition en acides aminés et la digestibilité de la r-βLG par rapport à un comparateur conventionnel seraient reflétées par les indicateurs de la qualité des protéines. Cependant, le requérant n'a pas déterminé directement l'un ou l'autre des indicateurs acceptés par Santé Canada pour évaluer la conformité aux dispositions du Règlement sur les aliments et drogues relativesà la qualité des protéines. Sur la base de sa composition en acides aminés directement mesurée et en supposant une digestibilité fécale réelle équivalenteNote de bas de page 6, on estime que l'indice chimique corrigé de la digestibilité des protéines (PDCAAS) de la r-βLG serait le même (0,72) que celui de certains IPLs commerciauxNote de bas de page 7. Cette constatation est étayée par les résultats selon lesquels l'ingestion de βLG bovine ou de protéines de lactosérum entraîne des réponses similaires en termes d'acides aminés plasmatiques et de taux de synthèse des protéines musculairesNote de bas de page 8.

La r-βLG est proposée comme source de protéines alternative dans le cadre d'un régime mixte. Dans ce contexte, les individus sont censés consommer une variété de protéines alimentaires. Les différences de digestibilité et de composition en acides aminés de ces protéines entraîneront naturellement des différences de qualité des protéines, mais il est possible de répondre aux besoins métaboliques en protéines en incluant une variété d'aliments qui se complètent en termes de profil d'acides aminés. Ce n'est que dans un scénario extrême, dans lequel les grands consommateurs excluent presque toutes les autres sources de protéines de leur régime, qu'une insuffisance potentielle est possible. Cependant, un tel scénario n'est pas réaliste et implique la consommation d'un régime alimentaire déséquilibré, ce qui n'est généralement pas recommandé. Il incombe au fabricant de veiller à ce que tout produit formulé soit conforme aux dispositions applicables en matière de qualité des protéines du Règlement sur les aliments et drogues. Ainsi, les effets néfastes sur la santé associés à un apport inadéquat en protéines totales ou en acides aminés essentiels sont considérés comme peu probables compte tenu des similitudes attendues entre la r-βLG et l'IPL.

Par conséquent, sur la base des informations fournies, le Bureau des sciences de la nutrition n'a pas identifié de problèmes nutritionnels liés à l'utilisation alimentaire proposée du r-βLG au Canada.

Chimie

Le requérant a fourni des spécifications pour la r-βLG, y compris des limites pour les éléments traces, qu'il a établies en l'absence de spécifications pour cet isolat protéique dans le Codex des produits chimiques alimentaires.

Le requérant a analysé la r-βLG pour les éléments traces (arsenic, cadmium, plomb et mercure), 8 mycotoxines et 17 pesticides dont l'homologation a été retirée au Canada et qui sont donc considérés comme des contaminants environnementaux. Le requérant a analysé plusieurs lots de r-βLG pour ces contaminants et a rapporté des concentrations très faibles ou, comme c'était le cas pour la majorité des résultats, des concentrations "non détectées". Les limites de détection analytiques (LD) utilisées pour tous les contaminants évalués ont été jugées suffisamment basses. En utilisant les résultats analytiques quantifiés ou en supposant les valeurs LOD, le Bureau d'innocuité des produits chimiques (BIPC) a déterminé que l'ajout de r-βLG aux aliments spécifiées ne devrait pas entraîner d'augmentation des concentrations de contaminants chimiques dans les produits auxquels il est ajouté ou aurait un impact négligeable sur l'exposition alimentaire totale à ces contaminants. Sur la base des informations ci-dessus, le BIPC est d'avis que la r-βLG ne pose pas de problème pour la santé humaine du point de vue des contaminants chimiques.

Le BIPC note que les résultats d'analyse pour l'arsenic, le cadmium, le plomb et le mercure sont inférieurs de plusieurs ordres de grandeur aux spécifications fournies par le requérant pour ces éléments traces. Conformément aux principes ALARA (''as low as reasonably achievable''), le BIPC encourage le requérant à abaisser les spécifications pour les oligo-éléments afin de refléter plus précisément les concentrations d'arsenic, de cadmium, de plomb et de mercure trouvées dans la protéine r-βLG.

Une liste des substances utilisées lors de la fabrication du r-βLG par fermentation de K. phaffii yRMK-66 a été incluse dans la soumission. Les ingrédients utilisés dans les milieux de cultures et de fermentation tels que l'organisme de production de la r-βLG ne sont généralement pas règlementés en tant qu'additifs alimentaires et il n'y a habituellement pas d'exigence en vertu du Règlement sur les aliments et drogues pour leur examen préalable à la mise en marché. Cependant, comme pour toutes les substances utilisées dans la fabrication des aliments, leur utilisation ne doit pas entraîner une violation de l'article 4 de la Loi sur les aliments et les drogues (LAD).

Le BIPC n'a identifié aucun problème d'innocuité chimique des aliments lié aux utilisations proposées de la r-βLG produit par K. phaffii yRMK-66.

Toxicologie

Le requérant a démontré que la r-βLG est identique à la βLG présente dans le lait bovin. La similarité est basée sur la teneur en acides aminés et la comparaison avec une βLG bovine de référence dans les analyses SDS-PAGE et HPLC. Le Bureau des dangers microbiens a confirmé l'équivalence de la r-βLG avec la βLG présente dans le lait bovin. Par conséquent, la βLG a un antécédent d'utilisation sûre comme aliment à travers la consommation de lait.

EFSA (2022)Note de bas de page 9 a récemment évalué la βLG en tant qu'aliment nouveau et a conclu qu'elle pouvait être utilisée en toute sécurité dans une variété d'aliments, sur la base de l'antécédent de consommation du lait et de l'absence d'effets indésirables lors des tests toxicologiques (génotoxicité et toxicité orale à doses répétées pendant 90 jours chez le rat).

Bien que la βLG évaluée ait été extraite du lait plutôt que produite à partir de la fermentation d'un organisme de production, il a été démontré que les deux protéines étaient identiques à une norme de référence pour la βLG provenant du lait bovin. La NOAEL obtenue à partir de l'étude de 90 jours était la dose la plus élevée testée, soit 1000 mg/kg pc par jour. Le BIPC est en accord avec l'avis de l'EFSA.

Le requérant note que l'utilisation de la r-βLG est substitutive, puisqu'elle remplace les ingrédients protéiques du lait dans une variété d'aliments; en tant que telle, une exposition alimentaire similaire à la protéine est attendue.

Le requérant a fourni des tests de génotoxicité pour la r-βLG, qui ont démontré que la protéine n'est pas mutagène (test d'Ames OCDE 471) ou clastogène (test in vitro du micronoyau de mammifère OCDE 487) dans les conditions testées.

L'organisme de production, K. phaffii (précédemment connu sous le nom de P. pastoris), est classé au niveau de biosécurité 1 (BSL-1) et a un long antécédent d'utilisation sûre en tant qu'organisme de production. En 2020, Santé Canada a autorisé la léghémoglobine de soja (LegH) produite d'une souche de P. pastoris comme aliment nouveau. L'utilisation de P. pastoris n'a soulevé aucun problème toxicologique, sur la base d'analyses bioinformatiques, d'essais de digestion in vitro et d'une étude de toxicité orale de 90 jours chez le rat.

Sur la base des informations disponibles, aucun problème toxicologique n'a été identifié en ce qui concerne l'utilisation proposée de la nouvelle protéine r-βLG.

Allergénicité

Le requérant reconnaît qu'étant donné l'équivalence entre la r-βLG et la βLG, les personnes allergiques aux protéines du lait seront également allergiques à la r-βLG. Le requérant déclare que tous les produits contenant de la r-βLG seront étiquetés de manière à indiquer que le produit contient un allergène du lait et qu'ils seront conformes aux exigences en matière d'étiquetage des allergènes alimentaires, en vertu de l'article B.01.010.1 du Règlement sur les aliments et drogues (RAD).

Pour évaluer l'allergénicité potentielle des protéines résiduelles de K. phaffii (la plupart ne sont présentes qu'en très faibles quantités), le requérant a effectué des analyses bioinformatiques. En utilisant la version 21 de la base de données www.AllergenOnline.org (7 février 2022) et en suivant les directives du Codex, aucune correspondance pertinente n'a été trouvée. Une recherche bibliographique menée par le requérant n'a pas identifié de rapports d'allergénicité associés aux protéines de l'organisme hôte (K. phaffii ou P. pastoris).

D'après les informations disponibles, l'utilisation proposée de la nouvelle protéine r-βLG n'a soulevé aucun problème d'allergie autre que celui lié aux protéines du lait.

Conclusion

L'examen par Santé Canada des renseignements présentés à l'appui de l'utilisation de la r-βLG produite à partir de K. phaffii yRMK-66 ne soulève pas de préoccupations liées à la salubrité des aliments.

L'avis de Santé Canada ne porte que sur l'utilisation alimentaire de la r-βLG produite à partir de K. phaffii yRMK-66.

Ce document d'information sur les aliments nouveaux a été préparé pour résumer l'avis concernant le produit en question fourni par la Direction des aliments, Direction générale des produits de santé et des aliments, Santé Canada. Cet avis est fondé sur l'examen exhaustif des renseignements fournis par le requérant conformément aux Lignes directrices sur l'évaluation de l'Innocuité des aliments nouveaux.

Pour plus d'informations sur l'évaluation d'innocuité de ce produit, veuillez contacter :

Section des aliments nouveaux
Direction des aliments
Direction générale des produits de santé et des aliments
Santé Canada, PL2204A1
251 Frederick Banting Driveway
Ottawa, Ontario K1A 0K9
bmh-bdm@hc-sc.gc.ca

Exigences règlementaires au-delà de l'évaluation d'innocuité préalable à la mise en marché : L'étiquetage

Outre les exigences d'étiquetage susmentionnées concernant les allergènes alimentaires, la r-βLG et les produits alimentaires contenant de la r-βLG doivent également respecter les exigences d'étiquetage prévues par le RAD et le Règlement sur la salubrité des aliments au Canada (RSAC). L'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) veille au respect de toutes ces exigences.

Par exemple, le paragraphe 218(1)(a) du RSAC exige que l'étiquette d'un produit alimentaire préemballé porte le nom commun sur l'aire d'affichage principale. De plus, comme indiqué dans l'outil d'etiquetage pour l'industrie de l'ACIA, le nom usuel doit être spécifique et doit identifier ou décrire avec précision l'aliment, en des termes aussi simples et directs que possible, pour permettre à une personne de prendre une décision d'achat éclairée. Dans le cas de la r-βLG, par exemple, cela pourrait être réalisé en incluant le nom de la matière d'origine cellulaire.

L'article 6(1) de la Food and Drugs Act (FDA) et l'article 9(1) du RSAC interdisent la vente d'aliments susceptibles d'être confondus avec des aliments normalisés, à moins qu'elles ne soient conformes à la norme. Les aliments soumis à une norme d'identité en vertu du RSAC ou à une norme de composition alimentaire en vertu du RAD ne peuvent contenir que des ingrédients dont l'ajout à l'aliment est autorisé par la norme. Par exemple, le r-βLG ne répondrait pas à la définition de "lait", "produit laitier" ou "solide du lait" telle que définie dans les Normes d'identité canadiennes : Volume 1 - Produits laitiers et ne pourrait donc pas être ajouté aux produits laitiers normalisés.

Il ne serait pas non plus permis d'utiliser les noms usuels des ingrédients laitiers ou les noms de catégories collectives « substances laitières » ou « substances laitières modifiées », comme indiqué dans le document sur les noms communs des ingrédients et des composants, qui est un document incorporé par renvoi dans le RAD. En outre, comme indiqué au point 9, Tableau 1 – noms usuels d'ingrédients ou de constituants spécifiques de ce document, le nom usuel de « tout isolat protéique », y compris la r-βLG, est le nom de la source de la protéine plus « protéine » (par exemple, « protéine de lactosérum dérivée de levure ») ou le nom usuel de l'isolat protéique (par exemple, « r-β-lactoglobuline dérivée de levure »).

En outre, les aliments contenant du r-βLG sont également soumis aux interdictions générales prévues à l'article 5 de la Loi sur les aliments et drogues (LAD) et à l'article 6 de la Loi sur la salubrité des aliments au Canada (LSAC), contre les informations et les allégations fausses ou trompeuses, ou susceptibles de créer une fausse impression. Il convient de noter que ces interdictions s'appliquent également à toute image ou allégation figurant sur l'étiquette d'un produit alimentaire. Par exemple, les allégations doivent être véridiques et ne doivent pas donner l'impression que les produits alimentaires contenant du r-βLG sont exempts de produits laitiers sans préciser qu'il peut y avoir un risque pour les consommateurs allergiques au lait.

Pour plus d'informations sur la responsabilité de l'ACIA concernant ce produit, y compris les exigences en matière d'étiquetage, veuillez contacter l'ACIA.

Note de bas de page 1

Sturmberger L, Chappell T, Geier M, Krainer F, Day KJ, Vide U (2016) Refined Pichia pastoris reference genome sequence. J Biotechnol 235:121-131

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Note de bas de page 2

Schmitt M., Breinig F. : Yeast viral killer toxins : lethality and self-protection. Nat Rev Microbiol. 2006, 4:212-221

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Note de bas de page 3

Carunchia Whetstine, M.E., et al. (2005). J Dairy Sci. 88(11):3826-3839.

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Note de bas de page 4

European Food Safety Authority (EFSA) Panel on Nutrition, Novel Foods and Food Allergens. (2022). EFSA J. 20(4):e07204.

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Note de bas de page 5

Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO). (1991). Protein quality evaluation: report of joint FAO/WHO expert consultation. FAO food and nutrition paper 51. Rome, Italy

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Note de bas de page 6

Mathai, J., et al. (2017). Br J Nutr. 117:490-499

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Note de bas de page 7

Selon le modèle de référence pour les enfants âgés de 6 mois à 3 ans tel que recommandé à des fins règlementaires par la consultation d'experts de la FAO de 2013 (FAO food and nutrition paper 92). Le premier acide aminé limitant était l'histidine pour la r-βLG et l'IPL. Composition en acides aminés de l'isolat de protéines de lactosérum commercial, telle que rapportée par l'EFSA (2022).

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Note de bas de page 8

Farnfield, M.M., et al. (2009). Int J Food Sci Nutr. 60(6):476-486. Rieu, I., et al. (2007). Nutrition. 23:323-331.

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Note de bas de page 9

EFSA. (2022). Safety of beta-lactoglobulin as a novel food pursuant to regulation (RU) 2015/2283. EFSA Journal. 20 (4):7204.

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