COVID-19 : Regard sur la toxicomanie et la stigmatisation

Déclaration

Dimanche avec l'ACSP

Nous avons souligné la Semaine de la santé mentale la semaine dernière. Il s’agit d’une tradition canadienne de longue date dans laquelle les collectivités, les écoles et les milieux de travail se réunissent pour célébrer, protéger et promouvoir la santé mentale. Cette semaine, dans le cadre de certaines de mes déclarations et publications quotidiennes, j’ai parlé de certains des effets de la COVID-19 sur la santé mentale et j’ai donné certaines ressources utiles et facilement accessibles.

Le thème de la Semaine de la santé mentale de cette année, #ParlerPourVrai, consiste à exprimer nos émotions et à obtenir l’aide et le soutien dont nous avons besoin. C’est un message important que nous nous devons de promouvoir en cette période où il est normal d’éprouver des émotions difficiles, comme la peur, la solitude, la colère et la tristesse.

Cependant, certaines personnes peuvent avoir de la difficulté à s’ouvrir sur les défis auxquels elles sont confrontées en raison de la stigmatisation et de la discrimination, qui peuvent aussi nuire à l’accès au soutien dont elles ont besoin. Ces difficultés peuvent avoir de graves répercussions sur notre santé mentale et sur la consommation de substances comme l’alcool et les drogues.

La pandémie de COVID-19 a contribué à une augmentation importante de la consommation de substances et des méfaits connexes. Elle a aussi intensifié la crise des surdoses au Canada, ce qui a donné lieu à ce que certains appellent une « double crise ». Je demeure profondément préoccupée par ces tendances. La Semaine de la santé mentale et l’édition du dimanche d’aujourd’hui sont donc des occasions de sensibiliser la population à ce grave problème de santé publique.

Pandémie de COVID-19 – Répercussions sur les personnes qui consomment des substances

La pandémie de COVID-19 a eu de graves conséquences pour les personnes qui consomment des drogues et d’autres substances. Un rapport publié cette semaine par l’Institut canadien d’information sur la santé souligne qu’un plus grand nombre de Canadiens ont eu besoin de soins hospitaliers pour des préjudices causés par des substances comme l’alcool, les opioïdes et les stimulants entre mars et septembre 2020, comparativement à la même période en 2019.

Pour certains Canadiens, le stress, l’isolement et l’incertitude amenés par la pandémie ont entraîné une augmentation de la consommation de substances comme moyen d’y faire face. Par exemple, 15 % des Canadiens ont signalé une consommation accrue d’alcool pendant la pandémie. De plus, les mesures de santé publique qui ont été mises en place pour maîtriser la propagation de la COVID-19, comme la distanciation physique et les déplacements limités à l’extérieur du foyer, ont eu des répercussions plus vastes, notamment un isolement social accru et un accès réduit aux services comme les groupes de soutien en personne, les programmes de traitement de la toxicomanie et les services de réduction des méfaits. Ces mesures peuvent accroître le risque de méfaits liés aux substances, y compris, par exemple, en augmentant la probabilité que les gens consomment des substances seuls.

Ces facteurs ont entraîné des conséquences particulièrement graves dans le contexte de la crise des surdoses qui perdure. Avant la pandémie, on avait constaté une diminution de 13 % des décès par surdose d’opioïdes au Canada entre 2018 et 2019, ce qui donne à penser que les efforts déployés pour faire face à la crise ont progressé, surtout en Colombie-Britannique et en Alberta. Malheureusement, la pandémie de COVID-19 a mis à mal ces progrès. Les données nationales les plus récentes indiquent que, dans de nombreuses régions du Canada, la pandémie de COVID-19 aggrave la crise, car les taux de surdoses, de décès et d’autres méfaits liés aux substances ont augmenté au cours de la dernière année. Entre juillet et septembre 2020, 1 705 décès par surdose d’opioïdes ont été signalés au Canada, ce qui représente le compte trimestriel le plus élevé depuis le début de la surveillance nationale en 2016.

Mettre fin à la stigmatisation liée à la consommation de substances

Il est urgent d’en faire davantage pour aider les consommateurs de substances. Une façon de le faire est de réduire la stigmatisation. Les personnes qui consomment des substances subissent une stigmatisation et une discrimination considérables dans leur vie quotidienne. La stigmatisation peut mener les gens à avoir honte de leur consommation de drogues et compliquer le recours à du soutien pour ces personnes et leurs proches.

La stigmatisation est répandue dans le système de santé et contribue aux obstacles à l’obtention de soins appropriés et à l’accès à ces soins. Les obstacles à l’accès à un traitement efficace pour les troubles liés à l’utilisation d’opioïdes causés par la stigmatisation sont un exemple bien établi. Pour de nombreuses personnes, ces obstacles n’ont fait qu’augmenter pendant la pandémie de COVID-19.

Chacun de nous peut faire quelque chose pour y remédier. Le changement peut commencer par une prise de conscience des idées préconçues que nous avons au sujet des personnes qui consomment des drogues et d’autres substances. Nous devons garder à l’esprit que les troubles liés à la consommation de substances sont un problème de santé qui mérite des soins et un traitement comme les autres, et que nous devons rester ouverts et ne pas laisser nos jugements ou nos suppositions influencer le regard que nous posons sur les autres. Tout le monde a une histoire, et nous savons que ceux qui subissent les méfaits de la consommation de substances vivent souvent avec des traumatismes. La bienveillance et le respect sont des traits propres au Canada, et ils revêtent une importance particulière pour ceux qui vivent avec les conséquences de traumatismes et de la toxicomanie. Les mots que nous utilisons sont importants. Vous trouverez ici un guide du langage non stigmatisant.

La réduction de la stigmatisation dans le système de santé exige des mesures concrètes de la part des dirigeants et des professionnels. Ce lexique et ce guide d’introduction contiennent de l’information sur la communication sécuritaire et empathique pour les professionnels de la santé, ainsi que des interventions fondées sur des données probantes pour réduire la stigmatisation systémique en santé. Mon rapport annuel de 2019 examine également les façons dont les différentes stigmatisations se recoupent et fournit des exemples d’interventions et d’initiatives prometteuses pour lutter contre la stigmatisation à l’échelle individuelle, interpersonnelle, institutionnelle et de la population.

Bien que la réduction de la stigmatisation puisse aider, nous devons en faire plus. La toxicomanie et la santé mentale se recoupent de façon complexe et il est important que, chaque fois que nous parlons à une personne aux prises avec des problèmes de toxicomanie et de santé mentale ou que nous lui offrons des soins ou du soutien, nous la voyions en tant que personne à part entière et l’acceptions où elle en est dans son cheminement. Les services novateurs et fondés sur des données probantes qui adoptent cette approche, comme la distribution de trousses de naloxone à emporter, les services de réduction des méfaits et les programmes d’approvisionnement plus sécuritaires, sont essentiels pour sauver des vies. L’amélioration de l’accès à ces services et de leur offre et la satisfaction des besoins particuliers des différentes populations doivent demeurer des priorités urgentes.

Progrès récents et voie à suivre

Bien que des mesures supplémentaires soient nécessaires pour régler la crise des surdoses et les problèmes connexes pendant la pandémie, nous ne partons pas de zéro. De nombreux efforts sont en cours et je suis encouragée par les progrès accomplis pour renforcer les systèmes de soutien pour ceux qui consomment des substances. À l’échelon fédéral, Santé Canada et l’Agence de la santé publique du Canada travaillent en étroite collaboration avec les provinces, les territoires et d’autres partenaires, y compris des chercheurs, des défenseurs et des personnes ayant une expérience vécue, pour faire en sorte que les gens puissent continuer d’avoir accès au traitement, à la réduction des méfaits et à d’autres services pendant la pandémie. Vous pouvez en apprendre davantage sur ces mesures ici.

De façon plus générale, la pandémie a également provoqué un changement prononcé et rapide dans la prestation de soins virtuels pour la toxicomanie et les troubles liés à la toxicomanie. Bien qu’il ne puisse remplacer les options de traitement en personne, le recours accru au soutien virtuel peut aider à éliminer les obstacles au traitement, améliorer l’accès aux soins lorsque les services existants sont interrompus et aider plus rapidement les personnes vivant dans des régions plus éloignées. J’espère que les soutiens virtuels continueront d’être un élément important de la gamme de services offerts aux personnes qui consomment des substances, même lorsque la pandémie de COVID-19 sera derrière nous.

En continuant de prendre des mesures pour améliorer l’accès aux soins et en déployant chacun des efforts concertés pour réduire la stigmatisation, nous pouvons contribuer à bâtir un avenir meilleur où les personnes qui éprouvent des problèmes de santé mentale et de toxicomanie sont entièrement soutenues par leur entourage, leurs collectivités et le système de soins de santé. Je crois sincèrement que lorsque nous nous rassemblons collectivement pour nous soutenir les uns les autres sans jugement, nous pouvons avoir droit au mieux-être et sauver des vies.

OÙ TROUVER DE L’AIDE

Si vous ou un proche éprouvez des difficultés, il y a de l’espoir et de l’aide :

Le portail en ligne de l’Espace mieux-être Canada offre aux Canadiens de tous âges et partout au pays des services de soutien en santé mentale et en toxicomanie immédiats, gratuits et confidentiels, 24 heures sur 24, sept jours sur sept. L’Espace mieux-être Canada offre des services virtuels dans les deux langues officielles et des services d’interprétation lors des séances de counseling au téléphone dans plus de 200 langues et dialectes.

Autres ressources :

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