Déclaration commune des coprésidentes du Comité consultatif spécial sur l’épidémie de surdoses d’opioïdes - Données nationales actualisées sur la crise des opioïdes

Déclaration

Le 23 mars 2022 | Ottawa (Ontario) | Agence de la santé publique du Canada

Les coprésidentes du Comité consultatif spécial fédéral-provincial-territorial sur l'épidémie de surdoses d'opioïdes, la Dre Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique du Canada, et la Dre Jennifer Russell, médecin-hygiéniste en chef du Nouveau-Brunswick, ont fait aujourd'hui la déclaration qui suit au sujet de la publication des dernières données de surveillance sur les méfaits liés aux opioïdes et aux stimulants au Canada, qui portent sur la période allant de janvier 2016 à septembre 2021.

La crise des surdoses qui va en s'aggravant au Canada continue d'être exacerbée par les défis inhérents à la pandémie de COVID-19. Les dernières données montrent que, de janvier à septembre 2021, le nombre de décès liés aux opioïdes est resté élevé et que les hospitalisations, quant à elles, ont augmenté. En moyenne, 20 personnes sont décédées et 17 ont été hospitalisées chaque jour. La grande majorité des décès liés aux opioïdes continuent d'être accidentels, et plus de la moitié mettaient également en cause un stimulant (cocaïne, méthamphétamine, etc.), ce qui illustre parfaitement le fait que plusieurs substances entrent en jeu dans la crise des surdoses. Les effets de cette crise de santé publique continuent de se faire sentir dans les différents milieux du pays et chez les personnes de tous horizons.

Les interventions de santé publique, notamment l'accès à la naloxone et la formation à son utilisation, les sites de consommation supervisée et les programmes d'approvisionnement sécurisé, de même que les traitements fondés sur des connaissances validées, comme le traitement par agonistes opioïdes, sont indispensables dans la prévention des décès par surdose et dans la réduction des méfaits subis par les personnes qui consomment des substances psychoactives. Et si des services urgents de traitement et de réduction des méfaits sont nécessaires pour sauver des vies dans l'immédiat, les actions ciblant les causes profondes et les conditions générales de la consommation de substances peuvent aider à en prévenir carrément les méfaits. Renforcer la résilience collective et individuelle en garantissant un logement adéquat et abordable pour tous, faciliter le lien social dans les communautés et soutenir le développement positif des enfants et des adolescents sont des principes importants pour prévenir les méfaits de la consommation de substances.

Il est également essentiel de s'attaquer à la stigmatisation associée à la consommation de substances. En effet, dans le secteur des soins de santé, elle influe directement sur les méfaits de l'abus de drogues, car les personnes qui se sentent jugées risquent de ne pas chercher de l'aide, ou de recevoir des soins inadéquats lorsqu'elles en cherchent. Ces conséquences peuvent être pires pour les victimes d'autres formes de stigmatisation, comme le racisme et la discrimination fondée sur la capacité physique. Les fournisseurs de soins de santé ont un rôle particulier et important à jouer pour aider à combattre la stigmatisation par le biais de leur travail avec les patients qui consomment des drogues. Nous encourageons tous les professionnels de la santé à se mobiliser pour faire tomber les préjugés concernant la consommation de substances psychoactives dans l'ensemble du système de santé, en fournissant des soins compatissants, complets, adaptés à la culture et centrés sur la personne.

La consommation de substances et ses méfaits ne sont pas des problèmes isolés, et sont souvent liés à d'autres facteurs, notamment la santé physique et mentale. En plus des données de surveillance actualisées publiées aujourd'hui, le premier court rapport de l'Agence de la santé publique du Canada sur l'utilisation des analgésiques opioïdes et les troubles de l'humeur au Canada révèle qu'en 2018, les adultes canadiens ayant reçu un diagnostic de trouble de l'humeur étaient plus susceptibles de faire usage d'analgésiques opioïdes que les adultes sans diagnostic de trouble de l'humeur. De plus, une proportion supérieure d'adultes ayant reçu un diagnostic de trouble de l'humeur ont également déclaré avoir utilisé des médicaments opioïdes de façon non conforme aux indications ou pour des raisons autres que le soulagement de la douleur, par rapport aux personnes sans diagnostic de trouble de l'humeur. Ce court rapport illustre la nécessité d'approfondir notre compréhension des associations entre les opioïdes, la douleur et les troubles de santé mentale afin d'éclairer une action clinique et de santé publique globale pour contrer les méfaits des opioïdes au Canada. Le Comité consultatif spécial continuera de favoriser l'amélioration des données et des analyses afin d'orienter ces stratégies et interventions.

Il est vrai que la crise des surdoses demeure un grave problème de santé publique au Canada, mais nous pouvons tous agir pour prévenir les décès et autres méfaits liés aux opioïdes et aux stimulants. Pour mettre fin à cette crise, il reste essentiel, parallèlement aux efforts de prévention, que les décideurs, les professionnels de la santé et les prestataires de services travaillent sans relâche pour soutenir les personnes qui consomment des drogues et les aider à obtenir des soins novateurs, de haute qualité et fondés sur des données probantes. Nous continuons également à conseiller aux familles et aux amis qui soutiennent leurs proches qui consomment des drogues, ainsi qu'à tous les Canadiens, de se renseigner sur les signes d'une surdose, de se munir de naloxone et de reconnaître et dénoncer les attitudes et le langage stigmatisants liés à la consommation de substances.

Dre Theresa Tam
Administratrice en chef de la santé publique du Canada
Coprésidente, Comité consultatif spécial sur l'épidémie de surdoses d'opioïdes

Dre Jennifer Russell
Médecin-hygiéniste en chef adjointe, Nouveau-Brunswick
Coprésidente, Comité consultatif spécial sur l'épidémie de surdoses d'opioïdes

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