Déclaration commune des coprésidents du Comité consultatif spécial sur l’épidémie de surdoses d’opioïdes – Dernières données nationales sur les méfaits liés aux substances

Déclaration

Le 14 décembre 2022 | Ottawa (Ontario) | Agence de la santé publique du Canada

Les coprésidents du Comité consultatif spécial fédéral-provincial-territorial sur l’épidémie de surdoses d’opioïdes, la Dre Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique du Canada, et le Dr Yves Léger, médecin-hygiéniste en chef intérimaire du Nouveau-Brunswick, publient aujourd’hui la déclaration qui suit à propos de la publication des plus récentes données de surveillance concernant les méfaits liés aux opioïdes et aux stimulants au Canada, de janvier 2016 à juin 2022, et de la modélisation du nombre projeté de décès liés aux opioïdes jusqu’en juin 2023.

Depuis 2016, le Canada connaît une hausse importante des méfaits liés aux opioïdes et aux autres substances, qui se sont aggravés pendant la pandémie de COVID-19. Ces méfaits continuent d’avoir des répercussions dévastatrices sur les personnes qui consomment des substances, leurs familles et les collectivités partout au Canada.

Les dernières données nationales montrent que le nombre d’hospitalisations et de décès liés aux opioïdes se maintient à des niveaux élevés au deuxième trimestre de 2022 (avril-juin), avec 1 652 personnes décédées d’une surdose d’opioïdes et 1 163 personnes devant être hospitalisées en raison d’une surdose d’opioïdes au cours de cette période. C’est une diminution du nombre de décès et d’hospitalisations par rapport aux nombres signalés au cours des trimestres précédents depuis le début de la pandémie. Toutefois, ces derniers chiffres restent sensiblement plus élevés que ceux des années prépandémiques. Par exemple, les données pour la période de janvier à juin 2022 montrent une moyenne de 20 décès liés aux opioïdes par jour au Canada, contre une moyenne de 8 décès par jour en 2016, lorsque la surveillance nationale a commencé. Il faudra plus de temps et de données pour déterminer les raisons qui expliquent les diminutions apparentes des hospitalisations et des décès liés aux opioïdes observés jusqu’à présent en 2022 et pour savoir si elles se maintiendront. Il ne fait aucun doute que les méfaits liés aux substances demeurent une crise de santé publique urgente au Canada, alimentée par un approvisionnement en drogues toxiques, le fentanyl contribuant à une forte proportion (76 %) des décès jusqu’à présent en 2022.

Les dernières projections modélisées de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) laissent entendre que le nombre de décès liés aux opioïdes jusqu’en juin 2023 pourrait rester supérieur à ceux observés avant le début de la pandémie de COVID-19. Il ressort de ces projections que, selon certains scénarios, entre 1 150 et 2 050 personnes pourraient perdre la vie des suites d’une surdose liée aux opioïdes chaque trimestre jusqu’en juin 2023.

Les données publiées aujourd’hui mettent en évidence la gravité et la complexité des méfaits liés aux substances au Canada et l’urgence de continuer à prendre des mesures supplémentaires, non seulement pour aider à prévenir et à réduire les méfaits, mais aussi pour résoudre le problème de l’approvisionnement en drogues toxiques et imprévisibles.

Les interventions de santé publique visant à résoudre cette crise au Canada sont notamment l’accès et la formation à la naloxone, les sites de consommation supervisée, les programmes d’approvisionnement plus sécuritaire, ainsi que les traitements fondés sur des données probantes et les mesures de soutien à la réduction des méfaits, comme la thérapie par agonistes opioïdes. Ces mesures sont d’une valeur inestimable pour aider à prévenir les méfaits liés à la consommation de substances, en partie, en rencontrant les gens « là où ils en sont », surtout lorsque les personnes qui consomment des drogues ont accès à un large éventail de ces interventions. Et si les interventions existantes en matière de prévention, de traitement et de réduction des risques sont essentielles pour sauver des vies dans l’immédiat, il est également nécessaire de faire preuve d’innovation dans la manière dont nous réagissons à cette crise, en particulier à mesure qu’elle évolue, en tirant des enseignements de l’expérience d’autres pays et en évaluant nos efforts, afin de contribuer à notre base de données de plus en plus importante.

Pour en savoir plus sur les populations les plus touchées par la crise des surdoses, l’ASPC a publié les principales conclusions d’une étude nationale sur les personnes décédées d’une surdose liée à une substance au Canada entre 2016 et 2017. Cette étude est la première du genre à examiner des renseignements détaillés provenant des dossiers des coroners et des médecins légistes de chaque province et territoire sur les personnes décédées d’une surdose liée à une substance et les circonstances entourant leur décès. Par exemple, ces nouvelles données indiquent qu’au cours de cette période, au moins 46 % des personnes décédées d’une surdose liée à une substance étaient probablement seules au moment de leur surdose, sans que personne ne soit là pour leur fournir de la naloxone ou toute autre forme d’aide ou encore pour appeler les secours.

Ces données d’étude peuvent aider à déterminer les groupes de personnes au Canada qui sont les plus susceptibles de subir des méfaits liés à la consommation de substances, à mieux comprendre leur situation et leurs besoins, et à adapter les mesures de soutien en conséquence. Les conclusions de l’étude fournissent également une base de référence importante, avant la pandémie de COVID-19 et la mise en œuvre à grande échelle de nombreuses interventions visant à prévenir les méfaits liés à la consommation de substances mentionnées ci-dessus, et nous aident à mieux comprendre le caractère évolutif de cette crise.

Compte tenu de la complexité de cette crise, il est toujours nécessaire de mettre à profit des perspectives et des forces très diverses pour aider à mieux la comprendre et à y faire face. En effet, l’une des principales forces de l’étude publiée aujourd’hui est qu’elle a été élaborée par des experts en santé publique, en enquêtes sur les décès, en toxicologie, en anthropologie médicale et en expérience vécue de la consommation de substances de partout au Canada. Nous devons continuer à travailler ensemble pour réduire la stigmatisation associée à la consommation de substances, qui, nous le savons, reste répandue et peut empêcher les gens de chercher du soutien et d’obtenir des soins.

Nous continuons également d’encourager les familles et les amis qui soutiennent leurs proches qui consomment des drogues, ainsi que toutes les autres personnes au Canada, à se renseigner sur les signes d’une surdose, à se munir de naloxone et à reconnaître et contester les attitudes et les paroles stigmatisantes liées à la consommation de substances. Si une personne que vous connaissez ou que vous aimez est aux prises avec une dépendance, le portail Espace mieux-être Canada et d’autres ressources existent pour vous aider.

Dre Theresa Tam
Administratrice en chef de la santé publique du Canada
Coprésidente, Comité consultatif spécial sur l’épidémie de surdoses d’opioïdes

Dr Yves Léger
Médecin hygiéniste en chef intérimaire du Nouveau-Brunswick
Coprésident, Comité consultatif spécial sur l’épidémie de surdoses d’opioïdes

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