Guide sur la gonorrhée: Dépistage et tests diagnostiques
Dépistage et tests diagnostiques pour les infections à Neisseria gonorrhoeae.
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Dépistage
Le dépistage de l'infection à N. gonorrhoeae est recommandé pour toute personne présentant des facteurs de risque d'ITS. Le dépistage est efficace pour détecter et traiter les infections asymptomatiques ainsi que pour prévenir les complications, la transmission et la réinfection.
Selon le type d'activité sexuelle, il pourrait être nécessaire d'effectuer des prélèvements au niveau de plusieurs sites anatomiques.
Adolescents et jeunes adultes
Le dépistage est recommandé pour les personnes âgées de moins de 25 ans sexuellement actives.
Personnes enceintes
Effectuer un dépistage chez toutes les personnes enceintes lors de la première visite prénatale. Si une infection gonococcique est diagnostiquée, un test de contrôle est recommandé.
Au troisième trimestre, répéter le dépistage :
- chez toutes les personnes enceintes dont le résultat du dépistage initial était positif;
- chez celles présentant un risque élevé d'infection ou de réinfection.
À l'accouchement:
- toutes celles qui n'ont pas subi de dépistage de la gonorrhée au cours de leur grossesse;
- toutes celles dont le résultat du dépistage initial était positif, mais qui n'ont pas eu de test de contrôle ou de nouveau dépistage pendant leur grossesse.
Nouveau-nés
- Effecteur un dépistage chez les nourrissons exposés à la gonorrhée
Autres ITSS
Les recommandations concernant le dépistage des ITSS varient selon l'âge, le genre, le sexe ainsi que les antécédents médicaux et sexuels. Toute personne présentant des facteurs de risque d'ITSS devrait faire l'objet d'un dépistage des ITSS et être traitée de façon appropriée pour prévenir la transmission et la réinfection.
Les personnes ayant une infection à N. gonorrhoeae ont souvent une co-infection à C. trachomatisNote de bas de page 1Note de bas de page 2Note de bas de page 3.
La gonorrhée peut accroître le risque d'acquisition et de transmission du VIHNote de bas de page 4Note de bas de page 5Note de bas de page 6.
Les personnes évaluées ou traitées pour une infection gonococcique devraient faire l'objet d'un dépistage :
- de la chlamydiose;
- de la syphilis;
- du VIH, conformément aux recommandations du Guide pour le dépistage et le diagnostic de l'infection par le VIH.
Tests diagnostiques
Le tableau clinique et les antécédents sexuels déterminent quels échantillons devraient être prélevés et le type de tests requis.
Les analyses de laboratoire pour le diagnostic de la gonorrhée peuvent comprendre une culture, un TAAN et un examen microscopique (coloration de Gram).
Remarques :
- La sensibilité et la spécificité de ces tests varient grandement.
- Consulter le laboratoire local pour les tests disponibles, leur performance et les prélèvements requis.
Test d'amplification des acides nucléiques (TAAN)
Les TAAN sont les tests les plus sensibles pour N. gonorrhoeaeNote de bas de page 7Note de bas de page 8 et peuvent contribuer à accroître le nombre de cas diagnostiquésNote de bas de page 8Note de bas de page 9.
Les TAAN peuvent être effectués sans attendre 48 heures post exposition. Ceci est fondé sur une opinion d'experts que les TAAN peuvent détecter de petites quantités d'ADN ou d'ARN (inoculum).
Un TAAN validé peut être utilisé pour détecter les infections rectales et pharyngées.
Certains TAAN peuvent produire des résultats faux positifs, en raison de la possibilité de réaction croisée avec d'autres espèces de Neisseria. Si un résultat faussement positif est suspecté, consulter le laboratoire pour obtenir des conseils.
Culture
Une culture permet de connaître la sensibilité aux antimicrobiens et devrait être réalisée en cas de soupçon d'antibiorésistance. Une culture fournit des informations importantes pour la prise en charge du cas et elle est essentielle à l'amélioration de la surveillance des tendances et des profils de la RAM par les autorités de santé publiqueNote de bas de page 10Note de bas de page 11Note de bas de page 12Note de bas de page 13Note de bas de page 14Note de bas de page 15.
- Pour réussir une culture, on doit prélever et transporter adéquatement les bons échantillons ou inoculer immédiatement le milieuNote de bas de page 16Note de bas de page 17.
- Les cultures obtenues moins de 48 heures après l'exposition peuvent produire des résultats faux négatifs.
Comme les TAAN sont plus sensibles qu'une culture, envisager de prélever des échantillons pour réaliser une culture et un TAAN, si possible.
- Consulter le laboratoire local pour des conseils.
Il est fortement recommandé de réaliser une culture (en plus d'un TAAN) dans les situations suivantes :
- comme test de contrôle en cas de soupçon d'échec du traitement;
- si l'infection a été contractée dans un pays ou une région présentant des taux élevés de RAM. Des souches résistantes à la ceftriaxoneNote de bas de page 18Note de bas de page 19 ont été signalées au Canada, au Japon et en Australie; elles étaient toutes associées à des voyages en Asie du Sud-Est.
Il est aussi recommandé de réaliser une culture (en plus d'un TAAN) dans les situations suivantes :
- Patients symptomatiques
- AIP
- Personnes enceintes
- Violence ou agression sexuelle (rectale, pharyngée, vaginale)Note de bas de page *
- Note de bas de page *
-
Consulter les lignes directrices provinciales ou territoriales ou le laboratoire local en ce qui a trait à l'utilisation de la culture et du TAAN à des fins médicolégales.
Coloration de Gram
La présence de diplocoques Gram négatif intracellulaires (DGNI) à l'examen microscopique direct de frottis urétral a une forte valeur prédictive positive d'une infection à N. gonorrhoeae chez les hommes symptomatiquesNote de bas de page 17.
La sensibilité et la spécificité de la coloration de Gram dépendent du type de l'échantillonNote de bas de page 17.
- Les échantillons urétraux provenant d'hommes symptomatiques ont une sensibilité et une spécificité de 95 %, cependant ils sont moins sensibles chez les hommes asymptomatiques (de 50 à 75 %)Note de bas de page 20.
- Il n'est pas recommandé de prélever systématiquement des échantillons endocervicaux chez les femmes adultes, car leur sensibilité est de 45 à 65 % et leur spécificité est de 90 %
La coloration de Gram ne convient pas aux échantillons pharyngés et rectaux.
Prélèvements et tests recommandés pour N. gonorrhoeae
Prélèvements et tests pour les sites urogénitaux (urétral, endocervical, vaginal)
Personnes asymptomatiques
Le TAAN est le test de premier choix.
Test | Prélèvements chez les hommes asymptomatiquesNote de bas de page 9 | Prélèvements chez les hommes asymptomatiques |
---|---|---|
TAAN | Urine du premier jet |
Écouvillonnage Vaginal, auto-prélevéou prélevé par un clinicien |
Remarque
Les échantillons d'urine devraient provenir du premier jet (les 10 à 20 premiers ml d'urine). Idéalement, la personne ne devrait pas avoir uriné au cours des deux heures précédant le prélèvement d'urine ou l'écouvillonnage urétral. Le fait d'avoir uriné plus récemment n'empêche pas la réalisation du testNote de bas de page 21.
Hommes:
L'urine du premier jet au moyen d'un TAAN est préférable à un écouvillonnage urétral
Femmes :
TAAN réalisé pour la recherche de N. gonorrhoeae sur des échantillons recueillis par écouvillonnage vaginal peut repérer un plus grand nombre de femmes atteintes d'une infection que le TAAN réalisé sur des écouvillonnages cervicaux ou urétraux ou sur des échantillons d'urineNote de bas de page 22.
Les écouvillonnages vaginaux auto-prélevés sont plus acceptables plus les femmes que les écouvillonnages vaginaux prélevés par le fournisseur de soins de santé.
L'acceptabilité des tests d'urines est élevée, ce qui fait du TAAN réalisé sur un échantillon d'urine idéal pour le dépistage chez les femmes.
Personnes symptomatiques
L'examen physique est essentiel lorsqu'une ITS est soupçonnée. Prélever des échantillons selon le tableau clinique et les antécédents sexuels, avant le traitement.
En raison des taux élevés d'infection concomitante, des échantillons devraient être prélevés pour le diagnostic d'une infection gonococcique et d'une chlamydiose par TAAN et pour le diagnostic d'une infection gonococcique par culture, si disponible Note de bas de page 2Note de bas de page 9. Les TAAN peuvent détecter à la fois C. trachomatis et N. gonorrhoeae dans un seul échantillon.
Hommes symptomatiques
Réaliser un écouvillonnage urétral pour effectuer une coloration de Gram et une culture, si disponible.
- Il est préférable que la personne n'ait pas uriné depuis au moins 2 heures; cependant, ceci n'est pas obligatoireNote de bas de page 23Note de bas de page 24.
- La présence de DGNI à l'examen microscopique direct de frottis évoque fortement une infection à N. gonorrhoeaeNote de bas de page 17.
- Les échantillons urétraux provenant d'hommes symptomatiques ont une sensibilité et une spécificité de 95 %.
Prélever des échantillons urétraux pour un TAAN (écouvillonnage urétral ou urine du premier jet)
Femmes symptomatiques
Effectuer des écouvillonnages cervicaux pour TAAN et culture, si disponible.
- Le TAAN peut être la seule méthode d'analyse offerte dans certains laboratoires.
- Les cultures réalisées moins de 48 heures après l'exposition peuvent produire des résultats faux négatifs.
Le TAAN peut aussi être réalisé sur un échantillon recueilli par écouvillonnage vaginal (peut être auto-prélevé) ou sur un échantillon d'urine.
- Les écouvillonnages vaginaux peuvent être prélevés sans examen au spéculum.
- Vérifier si le laboratoire local accepte les écouvillonnages vaginaux auto-prélevés.
Prélèvements et tests pour les sites extragénitaux (pharyngé et rectal)
Asymptomatique et symptomatique
Envisager de prélever des échantillons pour réaliser une culture et un TAAN
- Vérifier auprès du laboratoire local au sujet de la disponibilité du TAAN validé pour l'analyse des spécimens extragénitaux. Si NAAT n'est pas disponible, utiliser la culture pour l'analyse de ces échantillons.
Les échantillons pharyngés sont recommandés:
- chez toutes les femmes ayant eu des relations sexuelles orales;
- chez tous les hommes ayant eu des relations sexuelles orales qui ont un risque élevé d'exposition (gbHARSAH, partenaires sexuelles multiples ou relations sexuelles avec une partenaire présentant un risque élevé d'infection).
Les échantillons rectaux sont recommandés :
- chez les personnes ayant eu des relations sexuelles anales réceptives, que le condom ait été utilisé ou non;
- chez les personnes présentant des symptômes rectauxNote de bas de page 25.
Le dépistage devrait être envisagé chez tous les gbHARSAH, sans égard aux antécédents concernant des relations sexuelles anales réceptivesNote de bas de page 26Note de bas de page 27Note de bas de page 28.
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