Recommandations pour la prévention et le contrôle des infections lors d’une évacuation médicale par aéronef de patients de collectivités éloignées et isolées du Nord canadien, dont l’infection par la COVID-19 est soupçonnée ou confirmée
2 octobre 2020
Préparées par l’Agence de la santé publique du Canada avec les conseils du Comité consultatif national sur la prévention et le contrôle des infections.
Sur cette page
- Introduction
- Hypothèses pour l’élaboration des recommandations
- Patient (dont l’infection par la COVID-19 est soupçonnée ou confirmée)
- Accompagnateurs
- Équipage de conduite
- Personnel d’évacuation médicale (personnel)
- Équipement et milieu de soins aux patients
- Stratégies pour réduire la production d’aérosols pendant les interventions médicales génératrices d’aérosols
- Bibliographie
- Remerciements
Introduction
L’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) établit des lignes directrices sur la prévention et le contrôle des infections qui sont fondées sur des données probantes pour compléter les efforts des gouvernements provinciaux et territoriaux en matière de surveillance, de prévention et de contrôle des infections (PCI) associées aux soins de santé. Le présent document a pour objet de donner des conseils en matière de PCI pour l’évacuation médicale par voie aérienne de patients dont l’infection par la COVID-19 est soupçonnée ou confirmée, en prenant appui sur les directives actuelles de l’ASPC sur la COVID-19 et des directives sur les Pratiques de base et précautions additionnelles visant à prévenir la transmission des infections dans les milieux de soins de l’ASPC. Ce document doit être interprété en conjonction avec les lois, les règlements et les politiques locaux, provinciaux et territoriaux pertinents.
Les recommandations formulées dans le présent document renvoient aux mesures minimales de PCI qu’il s’impose de prendre pour l’évacuation médicale de patients dont l’infection par la COVID-19 est soupçonnée ou confirmée. Les directives locales de santé publique et de l’industrie du transport aérien (p. ex. dépistage des symptômes et vérification de la température corporelle) ainsi que les procédures opérationnelles normalisées de l’organisation (qui prennent en compte les contrôles techniques comme le débit d’air, etc.) peuvent comporter des recommandations et des exigences supplémentaires.
Hypothèses pour l’élaboration des recommandations
- Medevac est un vol d’évacuation médicale non commercial réservé au transport d’un patient.
- Il existe déjà des politiques et des procédures organisationnelles de prévention et de contrôle des infections qui concordent avec les pratiques courantes et les précautions supplémentaires, dont le nettoyage, la désinfection et la gestion des déchets.
- Le personnel d’évacuation médicale est constitué de travailleurs de la santé qui arrivent par transport aérien et qui ont un contact direct avec le patient.
- Le personnel d’évacuation médicale prend les précautions requises, conformément aux conseils ou aux directives de santé publique locale, s’il doit (plutôt que le personnel local) se rendre dans la collectivité pour transporter le patient à bord de l’aéronef.
- Tout le personnel à bord de l’aéronef a reçu une formation sur la façon de mettre et de retirer l’équipement de protection individuelle (EPI) et sur les principes de base de PCI.
- Le personnel compétent à bord de l’aéronef (p. ex. le personnel d’évacuation médicale ou l’équipage de conduite) sera désigné au préalable pour donner des instructions pertinentes sur les mesures de santé publique qui s’appliquent à la COVID‑19 et à l’EPI au patient, à l’accompagnateur et à tout membre du personnel au sol qui peut monter à bord de l’aéronef.
- Il est possible que l’accompagnateur soit infecté par le virus de la COVID‑19.
Patient (dont l’infection par la COVID-19 est soupçonnée ou confirmée)
Le personnel navigant compétent (p. ex. le personnel d’évacuation médicale ou l’équipage de conduite) devrait veiller à ce que le patient :
- Reçoive des instructions sur les mesures de la PCI pendant le vol, ainsi que les mesures de santé publique (p. ex. pourquoi, comment et quand appliquer les mesures d’hygiène des mains et mettre un masque médical, étiquette respiratoire). Si le patient est incapable de fonctionner de façon autonome, le personnel navigant doit l’aider à appliquer ces mesures.
- Porte un masque médical s’il est en mesure de le tolérer sur le plan médical pendant la durée du vol et par la suite, jusqu’à son admission dans un établissement de soins de santé et conformément aux précautions supplémentaires qui s’imposent (c.-à-d. chambre privée, précautions pour éviter la transmission par gouttelettes et par contacts).
- S’il ne supporte pas le port du masque, le patient doit recevoir des directives sur l’hygiène respiratoire et l’étiquette à suivre en cas de toux, et se faire donner des mouchoirs, un désinfectant à base d’alcool pour les mains et une poubelle ou un sac à déchets.
- Malgré le manque de données sur l’efficacité de l’utilisation seule d’un écran facial pour contrôler la source de la transmission de la COVID-19, il peut être raisonnable d’en envisager son utilisation si un patient ne supporte pas de porter un masque.
- Change de masque médical lorsque celui qu’il porte est visiblement souillé ou humide – et ne prenne pas lui‑même de l’EPI dans la réserve (p. ex. boîte de masques ou de gants) à moins que la boîte ne soit fournie à son usage exclusif.
- Applique les mesures d’hygiène des mains avant de monter dans l’aéronef et conformément aux recommandations habituelles en matière d’hygiène des mains pour les mesures de santé publique ou sur directive du personnel navigant.
- Applique les mesures d’hygiène des mains après avoir utilisé les toilettes, avoir toussé ou éternué.
- Ait accès à des toilettes à proximité (si c’est possible).
- Soit placé le plus loin possible du vent arrière, relativement à la circulation de l’air dans la cabine; lorsque possible, la circulation de l’air à l’intérieur de l’aéronef doit être le principal facteur devant être pris en compte pour l’attribution des sièges.
Accompagnateurs
- Le personnel navigant compétent (p. ex. le personnel d’évacuation médicale ou l’équipage de conduite) doit vérifier que l’accompagnateur ne présente pas de symptômes de la COVID-19 (p. ex. symptômes respiratoires nouveaux ou qui s’aggravent, fièvre, souffle court) avant de monter à bord de l’avion et qu’il suive les directives locales de santé publique et de l’industrie du transport aérien en matière de dépistage des symptômes. Consultez la liste complète des symptômes de la COVID-19.
- Si l’accompagnateur présente des symptômes, a reçu un diagnostic de COVID 19 au cours des 14 derniers jours, ou a été en contact avec une personne qui a reçu un diagnostic de COVID 19 au cours des 14 derniers jours, il ne doit pas monter à bord de l’aéronef, car sa situation clinique devra être évaluée et gérée en conséquence. S’il n’y a pas d’autre option et que l’accompagnateur doit accompagner le patient, il faut appliquer les mêmes mesures de PCI que pour le patient.
- Si l’accompagnateur est asymptomatique, il doit appliquer les mesures d’hygiène des mains conformément aux recommandations habituelles en matière d’hygiène des mains pour les mesures de santé publique, et il faut lui fournir un masque médical qu’il doit porter et lui donner des instructions sur son utilisation lors de l’embarquement.
- L’accompagnateur doit, si possible, porter un masque médical et se tenir à une distance de deux mètres du patient pendant la durée du vol.
- S’il n’est pas possible pour l’accompagnateur de maintenir une distance de deux mètres du patient pendant le vol, le personnel navigant compétent (p. ex. le personnel d’évacuation médicale ou l’équipage de conduite) doit faire ce qui suit :
- Donner à l’accompagnateur des instructions sur la façon et le moment d’appliquer les mesures d’hygiène des mains.
- Fournir à l’accompagnateur une blouse, un masque médical, des gants et une protection du visage ou des yeux (p. ex. un écran facial ou des lunettes de protection).
- Montrer à l’accompagnateur comment mettre et retirer l’EPI.
- Lorsqu’il faut pratiquer une intervention médicale pouvant générer des aérosols (IMGA) :
- Le personnel d’évacuation médicale doit demander à l’accompagnateur de se tenir le plus loin possible de l’endroit dans lequel l’IMGA est effectuée.
- Si l’accompagnateur a fait l’objet d’un essai d’ajustement pour un respirateur N95 (p. ex. l’accompagnateur est un professionnel de la santé), le personnel navigant compétent doit lui fournir le respirateur en plus d’une blouse, de gants et d’une protection du visage ou des yeux (p. ex. un écran facial ou des lunettes de protection).
- Si l’accompagnateur n’a pas fait l’objet d’un essai d’ajustement pour un respirateur N95, le personnel chargé de l’évaluation médicale doit informer l’accompagnateur de la façon d’utiliser les respirateurs disponibles (p. ex. ceux de taille universelle) devant être portés en plus des autres éléments d’EPI désignés, dans la mesure du possible et si leur port est supporté sur le plan médical. L’accompagnateur doit être informé qu’en l’absence d’essais d’ajustement, il y a un risque d’exposition aux aérosols et qu’il sera géré conformément aux directives locales en matière de santé publique.
Équipage de conduite
- Dans la mesure du possible, les membres de l’équipage de conduite ne doivent pas avoir de contact direct avec le patient, doivent maintenir en tout temps une distance de deux mètres du patient, porter un masque médical et suivre les mêmes directives que celles pour l’accompagnateur.
- S’il n’est pas possible de maintenir une distance de deux mètres, les membres de l’équipage de conduite doivent suivre les mêmes directives que celles pour le personnel d’évacuation médicale.
Personnel d’évacuation médicale (personnel)
- Des pratiques courantes sont en place pour tous les patients, en tout temps, dans tous les milieux de soins de santé.
- Appliquer les mesures d’hygiène des mains conformément aux pratiques exemplaires.
- En plus de suivre les pratiques courantes, mettre en œuvre des mesures de précaution à l’égard des contacts et des gouttelettes, notamment :
- Port d’une blouse à manches longues et à poignets ajustés, de gants, d’un masque médical et d’une protection du visage ou des yeux (p. ex. écran facial, masque avec visière ou lunettes de protection).
- Si les procédures opérationnelles normalisées de l’entreprise d’évacuation médicale comprennent l’utilisation d’un respirateur :
- Le respirateur (N95 ajusté ou niveau de protection supérieur) remplace le masque, mais une protection du visage ou des yeux (p. ex. avec un écran facial ou des lunettes de protection) est toujours nécessaire
- Dans la situation où une IMGA (p. ex. intubation) doit être pratiquée pendant le vol :
- Tout le personnel doit remplacer le masque par un appareil respiratoire ajusté à leur visage.
- Il faut porter une protection faciale ou oculaire, si ce n’est pas déjà le cas.
- Il faut se reporter aux stratégies (voir ci‑après) qui doivent être appliquées pour réduire le niveau de production d’aérosols.
- Dans la mesure du possible, le personnel doit demander à toutes les personnes de s’éloigner le plus possible de la zone où l’IMGA est pratiquée.
- Dans la mesure du possible, il faut placer une barrière physique (p. ex. un rideau) pour séparer les personnes qui ne sont pas essentielles à l’exécution de l’IMGA de celles qui le sont.
- Dans la situation exceptionnelle dans laquelle les personnes ne sont pas toutes adéquatement protégées (p. ex. accompagnateur présent pendant l’IMGA), ces personnes doivent être considérées comme ayant été éventuellement exposées et être prises en charge conformément aux directives locales en matière de santé publique.
Équipement et milieu de soins aux patients
- Une fois le patient et l’accompagnateur descendus de l’aéronef, il faut nettoyer et désinfecter le terminal afin d’empêcher la transmission de la COVID-19 à d’autres personnes par des vecteurs passifs. Les produits de nettoyage de l’environnement homologués au Canada, portant un numéro DIN et étiquetés comme virucides à large spectre sont suffisants pour éliminer le SRAS-CoV-2.
- La désinfection doit comprendre ce qui suit :
- l’équipement de soins réutilisable et servant aux soins du patient (p. ex. stéthoscope);
- le compartiment du patient et l’environnement de soins;
- toutes les surfaces de l’aéronef qui sont souvent touchées, notamment dans le poste de pilotage.
- Il faut continuer de porter l’EPI jusqu’à ce que le nettoyage et la désinfection de l’aéronef soient terminés.
- Aucune précaution particulière n’est recommandée pour la gestion des déchets; il faut utiliser les pratiques courantes.
Stratégies pour réduire la production d’aérosols pendant les interventions médicales génératrices d’aérosols
Cette section a été extraite des directives de l’ASPC sur les Pratiques de base et précautions additionnelles visant à prévenir la transmission des infections dans les milieux de soins.
Il faut appliquer des stratégies pour réduire le niveau de production d’aérosols dans les cas soupçonnés ou confirmés de COVID‑19 pendant un vol Medevac. Il faut limiter les IMGA à celles qui sont médicalement nécessaires; par exemple, l’intubation et les procédures connexes, la bronchoscopie, l’induction de crachat et la ventilation à pression positive non invasive comme la ventilation spontanée en pression positive continue (CPAP) et la ventilation spontanée en pression positive bidirectionnelle (BiPAP).
Il faut suivre les directives provinciales ou territoriales pour les autres interventions qui exigent l’utilisation d’un masque N95. Ces directives peuvent varier d’une province ou d’un territoire à l’autre.
Les stratégies destinées à réduire la production d’aérosols pendant les IMGA sont les suivantes :
- Les IMGA doivent être prévues et planifiées.
- Tous les membres du personnel se trouvant dans le compartiment doivent porter des respirateurs ajustés pendant l’intervention.
- Il faut procéder à une sédation adéquate du patient.
- Dans la mesure du possible (p. ex. si l’IMGA est pratiquée avant le décollage) le nombre de membres du personnel dans l’espace ou la pièce doit être limité à ceux devant pratiquer l’IMGA.
- La personne la plus expérimentée disponible doit pratiquer l’intervention.
- Dans la mesure du possible, les IMGA doivent être pratiquées dans un compartiment ou un espace privé de l’aéronef ou une barrière doit être placée entre le compartiment et les pilotes et les autres occupants ou une porte doit pouvoir être fermée entre les pilotes et les autres occupants et l’espace.
- La ventilation doit être adéquate (p. ex. niveau de filtration de l’air et orientation du débit d’air) à tout moment.
- Des systèmes d’aspiration endotrachéale clos doivent être utilisés lorsque c’est possible.
Il faut toujours suivre les procédures opérationnelles normalisées de Medevac pour l’IMGA, ainsi que les directives fédérales, provinciales et territoriales sur la prévention et le contrôle des infections.
Bibliographie
- ASPC : Pratiques de base et précautions additionnelles visant à prévenir la transmission des infections dans les milieux de soins (lignes directrices sur les PBPA)
- ASPC : Pratiques en matière d’hygiène des mains dans les milieux de soins
- ASPC : Prévention et contrôle de la maladie COVID-19 : Lignes directrices provisoires pour les établissements de soins actifs
- Gouvernement du Canada : Maladie à coronavirus (COVID-19) : Pour les professionnels de la santé
- Transports Canada : Mesures de réponse à la COVID-19 concernant le transport aérien
Remerciements
Le Comité consultatif national sur la prévention et le contrôle des infections (CCN-PCI) est un organisme consultatif externe qui offre à l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) une expertise et des conseils en matière de prévention et de contrôle des maladies infectieuses dans les établissements de soins de santé canadiens.
Les présentes recommandations ont été formulées par : Mme Katherine Defalco, Mme Adina Popalyar, Mme Sabrina Chung, Mme Toju Ogunremi, Dre Kahina Abdesselam.
Membres du CCN-PCI : Dre Joanne Embree (présidente), Dre Jennie Johnstone (vice-présidente), Mme Molly Blake, Mme Josiane Charest, Dre Maureen Cividino, Mme Nan Cleator, Mme Jennifer Happe, Dre Susy Hota, Mme Anne Masters-Boyne, Dr Matthew Muller, Mme Patsy Rawding, Mme Suzanne Rhodenizer-Rose, Dr Patrice Savard, Dre Stephanie Smith, Dre Nisha Thampi.
Section de la prévention et du contrôle des infections associées aux soins de santé de l’ASPC : Dr James Brooks (directeur), Mme Kathy Dunn (gestionnaire), Dre Kahina Abdesselam, Mme Anna Bottiglia, Mme Sabrina Chung, M. Steven Ettles, M. John McMeekin, Mme Toju Ogunremi, Mme Adina Popalyar.
Les auteurs reconnaissent avec gratitude les contributions de la Dre Marianna Ofner, du Groupe de travail sur la santé publique dans les collectivités éloignées et isolées de la COVID-19, de Services aux Autochtones Canada et de l’Autorité sanitaire des Territoires du Nord-Ouest.
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