Synthèse des données probantes – Pratiques de collecte, d’analyse et de diffusion de données relatives à la santé et à ses déterminants sociaux auprès des populations noires du Québec : examen de la portée

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Publié par : L'Agence de la santé publique du Canada
Date de publication : avril 2025
ISSN: 2368-7398
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Nina Mombo, Ph. D.Note de rattachement des auteurs 1; Kim Ngan Le Nguyen, M. Sc.Note de rattachement des auteurs 2
https://doi.org/10.24095/hpcdp.45.4.03f
Cet article a fait l’objet d’une évaluation par les pairs.

Attribution suggérée
Synthèse des données probantes par Mombo N et al. dans la Revue PSPMC mise à disposition selon les termes de la licence internationale Creative Commons Attribution 4.0
Rattachement des auteurs
Correspondance
Nina Mombo, Eval-Expert Santé, 5200 boulevard des Laurentides, Laval (Québec) H7K 2J8; tél : 450-628-3467; courriel : evalexpertsante@gmail.com
Citation proposée
Mombo N, Le Nguyen KN. Pratiques de collecte, d’analyse et de diffusion de données relatives à la santé et à ses déterminants sociaux auprès des populations noires du Québec : examen de la portée. Promotion de la santé et prévention des maladies chroniques au Canada. 2025;45(4):183-208. https://doi.org/10.24095/hpcdp.45.4.03f
Résumé
Introduction. La pandémie de la COVID-19 a révélé les lacunes des systèmes de santé, au Canada et ailleurs, envers les populations racisées, en particulier les communautés noires, qui présentent un risque accru d’infection et de décès liés à cette maladie. Bien que les populations noires du Québec forment plus de 25 % de la population noire de l’ensemble du Canada, il n’existe des données détaillées sur l’impact de la COVID-19 sur les communautés noires qu’à l’échelle canadienne. Cet examen de la portée documente les méthodes et les enjeux liés à la collecte, l’analyse et la diffusion de données sur la santé et ses déterminants sociaux concernant les populations noires du Québec.
Méthodologie. Nous avons effectué une recension des études publiées en français et en anglais de janvier 2010 à juin 2024 en consultant 6 bases de données. La revue inclut uniquement des études portant sur des collectes de données réalisées auprès de populations racisées, dont font partie les populations noires du Québec. Les études portant sur l’ensemble du Canada, qui incluent seulement en sous-échantillon des populations noires du Québec, ont été exclues. Les principaux mots-clés utilisés sont « data on race », « ethnic data collection », « race data collection », « culturally appropriate », « health », « survey », « questionnaire », « racial groups », « racialized groups », « Black and minority ethnic people », « people of color », « migrants », « Quebec », « collecte de données », « minorité », « noir », « ethnicité ».
Résultats. Nous avons retenu 43 études, couvrant 4 secteurs (santé, services sociaux, éducation et emploi). Nous avons dégagé les principaux enjeux ainsi que les méthodes et stratégies utilisées pour recruter les membres des communautés noires et pour collecter et analyser les données selon les catégories ethnoraciales tout en limitant les biais, afin de mieux comprendre le contexte socioculturel et socioéconomique des populations ciblées.
Conclusion. Notre examen souligne l’importance de collecter des données sur les groupes racisés, en particulier les communautés noires du Québec. Cela permettrait de soutenir des politiques publiques axées sur ces populations visant à promouvoir l’équité en santé.
Mots-clés : populations racisées, données ethnoraciales, santé des populations noires, méthodes de collecte
Points saillants
- Les populations noires du Québec forment plus de 25 % de la population noire du Canada. Cependant, il n’existe pas de données détaillées sur la santé de ces populations au Québec.
- Nous avons analysé 43 études publiées depuis 2010 qui portaient sur des recherches réalisées auprès des populations noires du Québec.
- Nous avons dégagé les principaux enjeux ainsi que les méthodes et stratégies utilisées pour recruter les membres des communautés noires du Québec et pour collecter et analyser les données selon les catégories ethnoraciales, tout en limitant les biais, afin de mieux comprendre les réalités vécues par ces populations.
- Les résultats de cet examen de la portée permettraient de soutenir des politiques publiques axées sur ces populations, afin de promouvoir l’équité en santé.
Introduction
La collecte de données ethnoraciales sur la santé et ses déterminants sociaux soulève des questions éthiques complexesNote de bas de page 1. En effet, le concept de « race » n’a aucun fondement biologique (d’où la décision de présenter le terme entre guillemets dans cet article) et peut être utilisé à des fins discriminatoires. Cette réalité a par conséquent suscité nombre d’hésitations et de mauvaises perceptions quant à la collecte de données ethnoraciales au Canada et particulièrement au QuébecNote de bas de page 2Note de bas de page 3Note de bas de page 4. Néanmoins, ces données sont d'un intérêt crucial pour mesurer les inégalités de santé et établir des politiques de santé publique éclairées.
Ainsi, à l’échelle canadienne, les données de Statistique Canada montrent que les populations noires du Canada sont le groupe ethnique pour lequel le taux de décès attribuables à la COVID‑19 s’est révélé le plus élevéNote de bas de page 5. Au Québec, le taux de mortalité due à la COVID‑19 était 3,5 fois plus élevé dans les quartiers comptant au moins 25 % de personnes issues de groupes racisésNote de bas de page 5. Or, bien que les populations noires du Québec forment plus de 25 % de la population noire du Canada, il n’existe pas de données précises sur l’impact de la COVID-19 sur les communautés noires à cette échelle, mais seulement à l’échelle du CanadaNote de bas de page 5Note de bas de page 6. Un rapport de la Direction régionale de santé publique de Montréal a certes décrit l'épidémie de COVID‑19, mais sans analyser les données selon l’origine ethnique, malgré la concentration de cas dans la région de Montréal, qui comprend la plus grande proportion de population noire au QuébecNote de bas de page 7. Les chercheurs québécois soulignent pourtant l’importance d’entreprendre des collectes de données de santé fondées sur l'origine ethnoracialeNote de bas de page 8.
De manière générale, le Canada a peu d’expérience en matière de collecte systématique de données de santé ethnoraciales au sein des systèmes de santé provinciaux, contrairement aux États-Unis et au Royaume-UniNote de bas de page 9. Cependant, les premières initiatives ont vu le jour dans l’Est du Canada, en OntarioNote de bas de page 10 et en Nouvelle-ÉcosseNote de bas de page 11. Leur mise en œuvre demeure toutefois délicate et soulève des enjeux importantsNote de bas de page 2Note de bas de page 3.
Il faut dire que les normes de collecte de données ethnoraciales et sociodémographiques ne font pas consensus au Canada et aux États-Unis, malgré la présence de travaux en ce sensNote de bas de page 12Note de bas de page 13. Par exemple, la manière de définir l’identité des populations racisées, en particulier des populations noires, reste débattueNote de bas de page 14Note de bas de page 15Note de bas de page 16Note de bas de page 17. Par ailleurs, le choix des déterminants sociaux de la santé les plus pertinents à considérer pour une meilleure compréhension des enjeux d’équité en matière de santé concernant les populations noires du Canada, et particulièrement du Québec, n’est pas clairement défini, et la manière d’obtenir les données non plusNote de bas de page 18Note de bas de page 19.
Durant la pandémie de la COVID-19, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et les Directions régionales de la santé publique (en particulier celle de Montréal) ont collecté des données en fonction de l’âge, du sexe et du territoire ou de l’arrondissement de résidenceNote de bas de page 7Note de bas de page 20. Or ces données indiquent, indirectement, qu’il y a eu davantage de cas de COVID-19 dans les secteurs de Montréal où la proportion de minorités visibles est la plus élevéeNote de bas de page 7Note de bas de page 21. Pourtant, le Québec ne dispose toujours pas de données de santé fondées sur l’origine ethnoraciale, collectées de manière systématique. C’est dans ce contexte que s’inscrit cet article, dont l’objectif est de documenter les méthodes et enjeux liés à la collecte, l’analyse et la diffusion de données sur la santé et ses déterminants sociaux concernant les populations noires du Québec.
Nous avons effectué un examen de la portée visant à identifier des études qui traitent exclusivement des populations noires ou de groupes racisés incluant les populations noires du Québec, afin d’en analyser les méthodes et les enjeux rencontrés par les chercheurs.
Méthodologie
Un examen de la portée vise « à cartographier rapidement les concepts clés qui sous-tendent un domaine de recherche et les principales sources et types d'éléments probants disponibles, et peut être entrepris comme un projet autonome à part entière, en particulier lorsqu'un domaine est complexe ou n'a pas fait l'objet d'un examen approfondi auparavant »Note de bas de page 22,p194Note de bas de page 23. Cet examen avait une visée exploratoire et non exhaustive, permettant d’avoir un aperçu de l’étendue de la recherche dans le domaine de la santé et de ses déterminants sociaux concernant les populations noires du QuébecNote de bas de page 24. Nous avons utilisé la démarche PRISMA-ScR (Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses extension for Scoping Reviews) de Tricco et ses collaborateursNote de bas de page 25.
Recension des études
La recension des études a été effectuée en deux temps : une première recension réalisée en septembre 2022 et une mise à jour faite en juin 2024. Nous avons réalisé la première recherche documentaire sur les études publiées en français et en anglais de janvier 2010 à septembre 2022 en consultant les bases données PubMed, Embase, Social Care Online, Érudit, CAIRN et CINAHL. Les principaux mots-clés utilisés étaient « data on race », « ethnic data collection », « race data collection », « culturally appropriate », « health », « survey », « questionnaire », « racial groups », « racialized groups », « Black and minority ethnic people » (qui comprend « African Caribbean people » et « African people »), « people of color », « migrants », « Quebec », « collecte de données », « minorité », « noir », « ethnicité » (tableau 1). La mise à jour a été effectuée le 3 juin 2024 sur Google Scholar avec les mots-clés « race-based data collection », « Black » et « Quebec ». Nous avons consulté les 20 premières pages de résultats. Malgré la subjectivité inhérente à ce moteur de recherche, de précédents examens de la portée ou revues systématiques l’ont utilisé et en ont justifié l’usageNote de bas de page 26Note de bas de page 27Note de bas de page 28.
Base de données | Termes de recherche |
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Pubmed | (health[Title/Abstract] OR healthcare[Title/Abstract] OR hospital*[Title/Abstract]) AND ("Ethnicity"[Majr] OR "Racial Groups"[Majr:NoExp] "Black*" OR "African*" OR "Caribbean*" OR "Afro*" OR "Person of colo?r*" OR "People of colo?r*" OR "colo?red*" OR "African*"dark-skin*” OR "ethnic minorit*") AND ("Data Collection/methods"[Majr:NoExp] OR "Data Collection/organization and administration"[Majr:NoExp] OR "Data Collection/standards"[Majr:NoExp] OR "Data Collection/statistics and numerical data"[Majr:NoExp] OR "Focus Groups"[Majr] OR "Records/methods"[Majr] OR "Records/organization and administration"[Majr] OR "Records/statistics and numerical data"[Majr] OR "Records/supply and distribution"[Majr] OR "Surveys and Questionnaires/methods"[Majr:NoExp] OR "Surveys and Questionnaires/organization and administration"[Majr:NoExp] OR "Surveys and Questionnaires/standards"[Majr:NoExp] OR "Surveys and Questionnaires/statistics and numerical data"[Majr:NoExp] OR "culturally tailored"[Majr] OR"cultural competent"[Majr] OR "culturally targeting"[Majr] OR "culturally appropriate"[Majr]) Filters: from 2010 - 2022 (("ethnicity data"[Title/Abstract] OR "race data"[Title/Abstract] OR "data on race"[Title/Abstract] OR "ethnic data"[Title/Abstract]) AND (collect[Title/Abstract] OR collection[Title/Abstract] OR collecting[Title/Abstract] OR gather*[Title/Abstract] OR monitor*[Title/Abstract] OR questionnaire*[Title/Abstract] OR survey*[Title/Abstract]) AND (health[Title/Abstract] OR healthcare[Title/Abstract] OR hospital*[Title/Abstract]) AND (Quebec)[Title/Abstract] OR (Québec)[Title/Abstract])) Filters: from 2010 – 2022 |
CAIRN | "collecte de données" W/5 ethnique; limite=10 ans; "ethnic data" W/5 monitor*; limite=10 ans "collectes de données" W/5 ethnique; limite=10 ans; "ethnic data" W/5 survey*; limite =10 ans "collecte de données" W/5 race; limite=10 ans; "ethnic data" W/5 questionnaire*; limite=10 ans "collectes de données" W/5 race; limite=10 ans; "ethnicity data" W/5 collect*; limite=10 ans "collecte de données" W/5 minorité*; limite=10 ans; "ethnicity data" W/5 gather*; limite=10 ans "collecte de données" W/5 ethnicité; limite=10 ans; "ethnicity data" W/5 monitor*; limite=10 ans "collectes de données" W/5 ethnicité; limite=10 ans; "ethnicity data" W/5 captur*; limite=10 ans "collecte de données" W/5 noir*; limite=10 ans; "ethnicity data" W/5 captur*; limite=10 ans "collectes de données" W/5 noir*; limite=10 ans; "ethnicity data" W/5 survey*; limite=10 ans "collecte de données" W/5 haitien*; limite=10 ans; "ethnicity data" W/5 questionnaire*; limite=10 ans questionnaire* W/5 ethnique; limite=10 ans; "race data" W/5 collect*; limite=10 ans questionnaire* W/5 race; limite=10 ans; "race data" W/5 gather*; limite=10 ans questionnaire* W/5 minorite; limite=10 ans; "race data" W/5 survey*; limite=10 ans questionnaire* W/5 ethnicité; limite=10 ans; "race data" W/5 questionnaire*; limite=10 ans sondage* W/5 ethnique; limite=10 ans; "data on race" W/5 collect*; limite=10 ans sondage* W/5 race; limite=10 ans; "data on race" W/5 gather*; limite=10 ans sondage* W/5 minorite; limite=10 ans; "data on race" W/5 captur*; limite=10 ans sondage* W/5 ethnicite; limite=10 ans; "data on race" W/5 monitor*; limite=10 ans "ethnic data" W/5 collect; limite=10 ans; ethnic W/5 data W/5 monitor*; limite-10 ans "ethnic data" W/5 gather*; limite=10 ans; ethnicity W/5 data W/5 collec; limite-10 ans "ethnic data" W/5 captur*; limite=10 ans; race W/5 data W/5 collect*; limite-10 ans race W/5 data W/5 captur*; limite-10 ans race W/5 data W/5 survey*; limite-10 ans |
Sélection des études
Les deux auteures (NM et KNLN) ont sélectionné les études de façon indépendante en s’appuyant sur la méthode PCC (Population, Concept et Contexte)Note de bas de page 29 selon les critères suivants :
- Population : personnes relevant des communautés noires (couleur de la peau) de tout âge vivant au Québec, qu’elles soient francophones, anglophones ou allophones.
- Concept : études primaires portant exclusivement sur les populations noires du Québec ou sur d’autres groupes racisés du Québec incluant les populations noires du Québec, dans le domaine de la santé et des déterminants sociaux de la santé (emploi, éducation et accès à des services sociaux).
- Contexte : études réalisées entre 2010 à 2024 dans différents milieux du Québec (écoles, organismes à but non lucratif, hôpitaux, etc.) et publiées en anglais ou en français.
Les critères d’exclusion ont été les suivants :
- études incluant les populations noires de plusieurs provinces canadiennes et où les populations noires du Québec ne formaient qu’un sous-échantillon;
- études incluant les variables « race » ou ethnicité mais ne faisant pas d’analyse ou ne rapportant pas de données en fonction de ces variables;
- études qualitatives avec un nombre de participants noirs inférieur à 5;
- études qui portaient sur les populations noires sous le prisme du féminisme, du profilage racial, du système de justice pénale ou de la sociologie du racisme;
- études qui portaient spécifiquement sur l’étude de la diversité sexuelle des membres des populations noires;
- revues, commentaires, éditoriaux, rapports d’organismes (littérature grise).
Une fois la sélection des études complétée, une rencontre entre les deux auteures (NM et KNLN) a permis de réviser la liste des études retenues selon les critères d’inclusion et d’exclusion précédemment définis. La résolution des discordances dans la sélection s’est effectuée par consensus entre les deux auteures. En outre, la bibliographie des études retenues a été examinée par les deux auteures afin de bonifier la recherche documentaire.
Extraction des données
Deux tableaux d’extraction des données ont été élaborés et employés. Les éléments suivants ont été relevés pour les études quantitatives : premier auteur, année, titre, lieu, population, période (ou durée de l’étude), but de l’étude, méthodes de collecte des données et devis d’étude, méthodes de recrutement, variables collectées, critères de jugement primaires et secondaires, types d’analyses, principaux résultats, principales conclusions, sources de financement (tableau 2). Pour les études qualitatives/mixtes, les éléments suivants ont été ajoutés : cadre théorique appliqué pour l’analyse des données, principaux thèmes abordés lors des entrevues et processus d’obtention du consentement. Les données extraites des études ont été vérifiées par les deux auteures (NM et KNLN). Comme il s’agit d’un examen de la portée de la littérature à des fins exploratoires, la qualité des études retenues n’a pas été évaluéeNote de bas de page 22.
Auteurs (année) | But de l’étude | Population et période | Méthode et financement | Principaux résultats | Conclusions/implications |
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Adeponle et al. (2012)Note de bas de page 70 | Évaluer l’impact de l’usage de la formulation culturelle du DSM-IV-TR sur les diagnostics de désordres psychotiques chez les patients issus de minorités ethniquesNote de bas de page a et les immigrants |
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34/70 cas référés avec un diagnostic de troubles psychotiques ont été rediagnostiqués comme non psychotiques. 12/253 cas identifiés comme non psychotiques ont reçu un nouveau diagnostic de trouble psychotique. Recevoir un nouveau diagnostic de trouble psychotique était significativement associé au fait d’être un immigrant récent (RC = 6,05), de ne pas être noir (RC = 3,72) et d’avoir été référé par des professionnels autres que des médecins (RC = 3,23). | Bien que les résultats suggèrent l'utilité clinique de la formulation culturelle pour améliorer la précision diagnostique, les aspects précis de la consultation culturelle qui contribuent à ce résultat restent inconnus. |
Arcand et al. (2016)Note de bas de page 68 |
Explorer la persévérance académique d’étudiants résidents permanents à Montréal |
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40 % des répondants estiment qu'il est difficile d'établir des interactions entre les groupes ethniques. Les étudiants ont du mal à établir des liens avec le groupe majoritaire. La plupart des participants aux groupes de discussion estiment que leur isolement est surtout dû à leurs difficultés en français. Certains pensent déménager dans une autre province pour trouver un emploi correspondant à leur formation. | Compte tenu des inégalités apparentes en termes de relations intergroupes, le retour à l'université pourrait nuire à l'objectif affiché d'une intégration rapide et réussie dans la société d'accueil, en particulier sur le marché du travail. La reprise d’études universitaires dans un contexte migratoire peut être démoralisante puisque l'expérience montre les obstacles systémiques que ces étudiants peuvent rencontrer dans leurs efforts pour intégrer le marché du travail. |
Auger et al. (2012)Note de bas de page 30 | Mesurer les résultats de santé périnatale chez les Haïtiennes et évaluer les facteurs modificateurs en fonction de la gravité |
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Par rapport aux mères nées au Canada, le risque pour les mères nées en Haïti était 4 fois plus élevé pour l’extrême prématurité, 2 fois plus élevé pour la prématurité très élevée et 25 % plus élevé pour la prématurité modérée. | Les Haïtiens du Québec pourraient constituer un groupe particulièrement vulnérable, exposé à de mauvais résultats de santé. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour évaluer l'état de santé de la population haïtienne et d'autres minorités afin de déterminer s’il existe d’autres disparités de santé. |
Beauregard (2020)Note de bas de page 64 | Analyser les relations ethniques entre Québécois majoritaires et minoritaires en matière d’accès à l’emploi |
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Alors que le genre féminin atténue la discrimination, l’analyse révèle une hiérarchie ethnogenrée et d’importantes variations entre les minorités. Les femmes racisées sont plus souvent invitées à une entrevue que leurs pairs masculins. | Alors que le ratio de la candidate latino-américaine suggère l’absence de discrimination à son égard, les indicateurs observés pour les candidats masculins arabes et noirs indiquent que ces derniers subissent un traitement inégal de plus grande ampleur à Québec qu’à Montréal. |
Boatswain-Kyte et al. (2020)Note de bas de page 58 | Examiner les inégalités raciales reliées aux services de la DPJ au Québec |
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Les dossiers des enfants noirs étaient 5 fois plus examinés, corroborés et portés devant les tribunaux que ceux des enfants blancs. Les enfants noirs étaient également 5 fois plus susceptibles que les enfants blancs d'être placés en maison d’accueil. Les rapports des enfants issus d’autres minorités visiblesNote de bas de page a étaient examinés 2 fois plus souvent que ceux d’enfants blancs. Le taux d’inégalité a peu à peu diminué sur 10 ans pour les autres minorités visiblesNote de bas de page a mais a continué à augmenter chez les enfants noirs. | En s'associant aux communautés, les services de protection de l'enfance peuvent contribuer à soutenir l'infrastructure nécessaire au développement de leurs capacités, à l'amélioration de la coordination des services et au renforcement de la résilience communautaire nécessaire à l'amélioration des résultats pour les enfants noirs. |
Boatswain-Kyte et al. (2022)Note de bas de page 59 | Examiner les résultats des réunifications d’enfants noirs après un placement hors du foyer familial |
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Les enfants noirs sont placés pendant de plus longues périodes hors de leur foyer et ont moins de chances de voir leur famille réunie que les autres enfants. Les moins bons résultats en matière de réunification pour les enfants noirs sont associés à l'instabilité du placement, à l'âge de l'enfant et aux raisons de l'intervention des services de protection de l'enfance. | Les disparités raciales liées aux réunifications varient selon une combinaison de facteurs propres à l'enfant et sa famille ou à la DPJ, ainsi que de facteurs externes présentés par la famille. Le fait d'être noir réduit de manière significative la probabilité de réunification quand des enfants plus jeunes ont été signalés. Ainsi, le fait d'être noir n'entraîne une disparité qu'en présence d'autres facteurs. |
Boudarbat et al. (2010)Note de bas de page 65 | Établir le profil professionnel d’immigrants au Québec |
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Il y a une forte corrélation entre le pays d’origine et le degré d’adéquation entre l’emploi occupé et les attentes, tant chez les hommes que chez les femmes. Les hommes originaires d’Europe de l’Est, d’Afrique incluant le Maghreb et de l’ouest de l’Asie sont les moins susceptibles d’être satisfaits de leur emploi. Chez les femmes africaines, il y a une très forte tendance à occuper des postes en deçà de leurs attentes. | Les implications de ces résultats pour les politiques publiques concernent 1) le problème des ressources consacrées au recrutement et à l’information des immigrants dans leur pays d’origine; 2) l’effort que la collectivité d’accueil doit consentir pour faciliter leur insertion dans le marché du travail; 3) les besoins d’aménagement de la grille de sélection pour augmenter les chances de réussite des nouveaux immigrants. |
Brousseau et al. (2021)Note de bas de page 69 | Explorer les facteurs associés à la séropositivité au SARS-CoV-2 chez les professionnels de la santé durant la 1re vague de la pandémie |
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Des 2 056 professionnels de la santé, 11,7 % étaient séropositifs au SARS-CoV-2. L’incidence de séropositivité est significativement plus élevée chez les Noirs et les Latino-Américains que chez les Blancs avec risque accru de 41 %. Les professionnels les plus exposés (personnel de soutien) avaient un risque accru d’au moins 30 %. | Les professionnels les plus directement et le plus souvent en contact avec les patients étaient les plus touchés par la COVID-19. Le fait d’être noir ou latino-américain était associé à la séropositivité. Le risque élevé d’infection au SARS-CoV-2 chez les travailleurs de la santé requiert une priorisation de la vaccination parmi cette catégorie de travailleurs. |
Carazo et al. (2022)Note de bas de page 54 | Mesurer la prévalence de la détresse psychologique des professionnels de santé du Québec infectés ou non par le SARS-CoV-2 |
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La prévalence de détresse psychologique élevée liée au travail était de 42 %. Elle était associée à des facteurs de risque tels que l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, les conflits de valeurs, les exigences psychologiques élevées, mais pas à l'infection par le SARS-CoV-2. Les patients de la COVID étaient plus souvent des hommes, plus âgés, noirs et plus souvent des auxiliaires de soins dans des centres de soins de longue durée. | Des mesures de prévention primaire ciblant les facteurs de risque de stress psychologique sont nécessaires pour réduire les risques pour la santé mentale des professionnels de la santé. |
Collins et al. (2018)Note de bas de page 39 | Étudier les parcours postsecondaires de jeunes Montréalais d’origine haïtienne |
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Les parcours de ces étudiants sont jalonnés de divers obstacles financiers, institutionnels et sociaux. Ils ont vécu des expériences négatives avec les conseillers d’orientation lors de la transition au postsecondaire. Des effets perçus de racisme et de discrimination ont émergé dans les discours des jeunes. | L’étude fournit des informations complexes sur certains aspects qui peuvent avoir été cachés dans les études qui ont traditionnellement regroupé les Haïtiens dans des catégories plus larges telles que « Caraïbes », « Noirs » ou « immigrants ». |
Dagher et al. (2024)Note de bas de page 66 | Décrire l’expérience d’accès aux soins et aux interprètes durant l’admission dans 4 hôpitaux de Montréal |
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36 % des immigrants présentant une barrière de langue n’ont pas eu accès à un interprète durant leur séjour à l’hôpital. Avant l’admission, 14/41 immigrants allophones ont eu du mal à accéder aux informations sur la COVID dans leur langue maternelle. 9/27 immigrants non blancs allophones ont eu du mal à accéder aux services liés à la COVID-19. | Une grande proportion de patients a eu du mal à accéder aux informations et aux services liés à la COVID-19, ce qui peut avoir augmenté l’exposition au SARS-CoV-2 et les hospitalisations. Après leur admission, une grande partie n’a pas eu accès à des interprètes. Fournir des informations et des soins dans la langue maternelle des populations est important pour promouvoir l’équité en santé. |
Darwish et al. (2022)Note de bas de page 56 | Décrire les caractéristiques des professionnels de la santé admis à l’hôpital avec la COVID-19 et les facteurs de risque associés à l'admission aux soins intensifs et au décès |
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68 % des travailleurs hospitalisés étaient des immigrants, leurs caractéristiques sociodémographiques étant semblables à celles des natifs. Les immigrants étaient plus susceptibles de faire partie du personnel de soutien que leurs collègues natifs et d’être noirs. Plus du 1/3 des professionnels n’ont pas reçu de formation sur la prévention des infections reliée à la COVID-19 et plus de 50 % n’avaient pas toujours accès au matériel de protection personnelle. | Les résultats de cette étude sont similaires à ceux d’une enquête menée par l’INSPQ entre mai 2020 et mai 2021 selon lesquels le personnel de soutien, les professionnels de la santé nés à l’étranger ou noirs étaient respectivement 2,2, 1,3 et 2,5 fois plus susceptibles d’avoir un test positif au SARS-CoV-2 que les autres professionnels. Ces disparités de santé sont inexpliquées. |
Debrosse et al. (2024)Note de bas de page 49 | Explorer le lien entre les expériences vécues dans le quartier, l'alignement ethnique-idéal des identités et le bien-être de jeunes |
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Le lieu de résidence des jeunes prédit dans quelle mesure ils croient que les opportunités leur sont accessibles. Les jeunes qui ont déclaré avoir plus d'opportunités pour eux et leurs pairs résidant dans le même quartier ont un plus grand alignement entre leur identité ethnoraciale et leur identité future idéale et sont plus épanouis. | Les résultats mettent en évidence le lien entre les facteurs de voisinage (tels que les indices permettant de savoir si les personnes similaires sont accueillies, valorisées et ont accès à des opportunités) et les identités et le bien-être des jeunes noirs et autochtones et de jeunes d’autres groupes racisés. |
Dufour et al. (2015)Note de bas de page 60 | Étudier les liens entre les caractéristiques des quartiers et le taux d'enfants issus de l’immigration signalés à la DPJ |
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Les enfants noirs vivant dans des quartiers de Montréal où prédominent un faible taux d’éducation, une plus grande proportion de familles monoparentales, une faible densité de population et une faible proportion d’enfants noirs ont plus de risque d’être signalés à la DPJ. | Analyser la distribution des taux de signalement sans considérer l’origine ethnoculturelle dilue l’importance des différences observables. Cela montre que les services doivent être adaptés aux réalités spécifiques de chaque quartier et groupe ethnoculturel. |
Fang et al. (2023)Note de bas de page 31 | Étudier la relation entre la discrimination et les disparités en matière de soins de santé |
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Les participants noirs anglophones ont subi plus de discrimination, ont eu moins de prestataires de soins de santé, moins d'accès à l'information sur la COVID-19 pendant la pandémie et étaient plus insatisfaits du système de santé que leurs pairs francophones. | La discrimination basée sur l’identité racialisée et la langue est omniprésente dans les soins de santé, renforçant une plus grande insatisfaction à cet égard, ce qui établit les effets croisés de multiples formes de discrimination comme étant des facteurs de stress uniques ayant des impacts pernicieux sur la santé. |
Frounfelker et al. (2022)Note de bas de page 50 | Étudier le lien entre la distanciation sociale due à la COVID-19 et la santé mentale |
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5 classes d'individus ont été identifiées en fonction des aspects perçus de la distanciation sociale liée à la COVID-19 : « Faible impact », « Liberté/flexibilité », « Sécurité », « Famille/maison » et « Difficultés ». Les personnes étant dans la classe « Difficultés » (plus souvent issues de groupes racisés et sans emploi) ont plus de risque de faire état d’un impact significatif de la COVID-19 sur leur santé mentale (RC = 2,09). | L’analyse a permis d’identifier un sous-groupe d'individus (classe « Difficultés ») qui présentent un risque plus élevé de problèmes de santé mentale que le reste de la population et qui peuvent faire l'objet d'efforts de sensibilisation et d'interventions prioritaires. La classe Faible impact suggère que pour les travailleurs de la santé, la normalisation d'une situation de crise anormale peut être une stratégie d'adaptation réussie. |
Gomez Cardona (2012)Note de bas de page 32 | Explorer les récits d’enfants touchés par des désordres gastro-intestinaux et ceux de leur mère |
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6 dynamiques thérapeutiques sont mises en évidence : 1) soins multiples (maux d’origine inconnue); 2) alimentation et rôle central de la mère (maux dus à des gaz); 3) contagion et repli sur l’espace familial (maux d’origine microbienne); 4) souffrance sociale; 5) approche médico-religieuse (prières et maintien des liens avec la communauté); 6) aucune consultation médicale. | Les résultats confirment que la faible fréquentation des familles haïtiennes de la clinique de gastroentérologie serait due 1) à leur capacité de traiter les maux de ventre de leurs enfants avec des moyens différents de la biomédecine, et 2) au fait que les maux de ventre sont vus comme un problème ne justifiant pas d’avis médical. La méfiance envers les services de santé serait due aux mauvaises expériences vécues. |
Kamanzi et al. (2018)Note de bas de page 62 | Étudier le parcours d’études postsecondaires de jeunes Québécois issus de l’immigration |
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Le taux d’accès aux études postsecondaires est plus élevé chez les jeunes originaires d’Asie de l’Est (80 %), du Maghreb et du Moyen-Orient (74 %), mais plus faible chez ceux originaires d’Amérique latine et des Antilles (58 %). Ils ont un parcours d’accès en général linéaire. | Malgré des différences significatives dans l’accès aux études postsecondaires, la morphologie des parcours tend à être similaire entre les immigrants lorsqu’on prend en compte le niveau d’études du secondaire : le point commun est une relation linéaire, cheminement vers l’université en particulier. |
Kamanzi (2021)Note de bas de page 61 | Explorer les facteurs de résilience scolaire chez des jeunes d’origine africaine et caribéenne |
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Les élèves d’origine africaine et antillaise accèdent au collège dans une proportion comparable à celle de leurs pairs d’origine eurocanadienne. Les étudiants noirs inscrits au collège sont moins susceptibles d’obtenir leur diplôme à l’âge de 22 ans. De plus, l’université leur est moins accessible. | Une partie des étudiants québécois noirs arrivent à surmonter les obstacles malgré le fait qu’ils sont davantage exposés à des conditions de vie précaires. L’auteur appelle les pouvoirs publics à mettre davantage l’accent sur l’amélioration des conditions d’apprentissage et sur le soutien à la réussite. |
Kanouté et al. (2014)Note de bas de page 45 | Explorer les enjeux scolaires et l’utilisation par les familles d’origine haïtienne des ressources communautaires |
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Les données croisent le regard des parents d’élèves et d’acteurs scolaires ou communautaires sur les facteurs de résilience des élèves et sur des réalités familiales spécifiques à considérer pour mieux accompagner les familles. Les parents et les intervenants soulignent les effets du parcours migratoire sur l’exercice de la parentalité ainsi que l’imbrication entre le parcours migratoire familial et les plans académiques scolaires de l’enfant. | Une compréhension accrue du lien entre projet migratoire familial et projet scolaire de l’élève permettrait de mieux accompagner les élèves issus de l’immigration et d’anticiper différents écueils susceptibles d’entraver la relation école-famille et le suivi scolaire assuré par les parents. Les écoles gagneraient à collaborer avec les groupes communautaires qui ont une expertise dans l’accompagnement des immigrants. |
Kanouté et al. (2016)Note de bas de page 71 | Explorer l’expérience scolaire d’élèves issus de l’immigration |
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Les élèves ont partagé leur point de vue sur leur déclinaison identitaire, leur rapport aux apprentissages, leur projet scolaire et leur utilisation des espaces et ressources de leur quartier. | Une perspective interculturelle à l’école devrait intégrer l’expérience socioscolaire de l’élève, le reconnaître dans ses identités et ses acquis, insuffler un certain hétérocentrisme dans l’interprétation du programme, expliciter le vivre-ensemble, gérer le quotidien scolaire de manière inclusive et développer un partenariat avec les familles et la communauté. |
Kanouté et al. (2020)Note de bas de page 46 | Étudier la persévérance aux études d’étudiants résidents permanents |
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Les étudiants sont préoccupés par l’aménagement d’un chez-soi confortable dans une nouvelle société. Ce confort est lié aux ressources financières disponibles et à la responsabilité des personnes pourvoyeuses pour leurs enfants. Les étudiants trouvent difficile de réunir les conditions optimales pour subvenir aux besoins de leur famille et pour concilier famille-études-travail. | Il apparaît important de documenter les défis relatifs à l’insertion professionnelle, l’intégration sociale, la conciliation famille-études-travail, le décodage de la culture et des pratiques universitaires ainsi que la perception de pratiques discriminatoires. |
Lafortune et al. (2020)Note de bas de page 40 | Étudier le rapport aux études d’étudiants haïtiens au collégial à Montréal |
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L’expérience au collégial : « On est lâchés dans la jungle, c’était un bain de glace, j’ai frappé un mur, j’étais écœuré » (p. 23). Les participants mettent unanimement l’accent sur les facteurs individuels de réussite au collégial (motivation, choix vocationnel, habitudes de travail). L’expérience aux études est colorée par le statut migratoire et la condition de minoritaire. | Les auteures réaffirment l’importance de valeurs communes comme le principe de non-discrimination. Elles proposent de continuer à sensibiliser les acteurs à l’impact de facteurs systémiques qui contribuent à marginaliser et exclure certains groupes minoritaires. Le cégep partage la responsabilité d’assurer l’inclusion de tous les étudiants et l’égalité des chances. |
Lafortune et al. (2024)Note de bas de page 48 | Étudier les pratiques et activités favorisant la maîtrise du français par des jeunes immigrants à Montréal |
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Les jeunes et les tuteurs ont signalé des améliorations sur le plan linguistique (vocabulaire, aisance à l’oral, amélioration de la lecture, etc.). Le camp a offert aux jeunes, qui avaient un réseau social limité, l’opportunité d’élargir leur cercle d’amis. | L’expérience du camp éducatif a mis en exergue les leviers pour une collaboration communauté-famille-école efficiente. Elle a consolidé la collaboration école-communauté, ce qui a permis de maintenir le partenariat pour de futures éditions du camp et la réalisation de nouveaux projets communs. |
Leduc et al. (2021)Note de bas de page 57 | Étudier les obstacles rencontrés par les étudiants noirs pour entrer en faculté de médecine au Québec |
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La proportion d’étudiants noirs dans le bassin de candidats aux études de médecine pour 2020 a été estimée à 4,5 %. On estime que les Noirs représentaient 1,8 % des candidats invités aux entrevues d'admission et 1,2 % des étudiants admis au Québec en 2019. Bien qu’on ne puisse pas établir de comparaisons directes, il semble que les candidats noirs soient rejetés de manière disproportionnée par rapport aux étudiants non noirs. | Deux barrières sont proposées : 1) une proportion importante d'étudiants noirs du Québec ne considère pas la médecine comme une carrière et ne postule pas en médecine; et 2) quand les étudiants noirs postulent en médecine, leurs demandes semblent être rejetées de façon disproportionnée avant l'entrevue par rapport aux étudiants non noirs. Une étude longitudinale sera nécessaire pour suivre l’évolution de la situation et découvrir les facteurs qui y contribuent. |
Livingstone et al. (2014)Note de bas de page 41 | Identifier des mesures pouvant réduire le taux de décrochage scolaire des étudiants noirs |
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Selon les étudiants, leur réussite scolaire est influencée par des facteurs multiples et interreliés qui incluent la famille, les pairs, la communauté et l’école. Selon eux, l’école devrait offrir plus de soutien aux étudiants noirs en favorisant un meilleur climat au sein de l’école, en instaurant un programme culturel et des pédagogies novatrices. | Les auteurs recommandent que la recherche participative avec les jeunes soit introduite dans les écoles comme outil d’amélioration à long terme de la performance des écoles. Le recours à la perspicacité et à l'idéalisme des jeunes montre que le décrochage scolaire n’est pas une problématique aussi insoluble qu’il n’y paraît. |
Magnan et al. (2017)Note de bas de page 43 |
Explorer le rapport à l’éducation d’enfants issus de l’immigration et à leur choix d’orientation au postsecondaire |
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Les jeunes originaires des Antilles, d’Afrique subsaharienne et d’Amérique latine s’inscriraient davantage dans les parcours d’orientation de type élitiste/laisser-faire, laisser-faire/laisser-faire et cocoon/laisser-faire. | Deux questions méritent plus d’attention : comment utiliser les ressources du système scolaire pour faciliter la liberté de choix des jeunes et mieux les outiller? Comment mieux accompagner les familles dans leur compréhension du système scolaire et du marché de l’emploi? |
Magnan et al. (2017)Note de bas de page 42 |
Comprendre comment des jeunes issus de l’immigration ont vécu leur choix de programme au cégep |
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L’analyse des récits de jeunes issus de l’immigration révèle que la famille joue un rôle déterminant dans le choix des programmes d’études. Par rapport aux jeunes originaires d’autres pays, ceux issus d’Afrique noire, des Caraïbes et d’Amérique latine perçoivent plus de contraintes (familiales, économiques et scolaires) lorsque vient le temps de faire leur choix. | Les jeunes originaires d’Asie, d’Europe de l’Est, du Maghreb et du Moyen-Orient seraient plus dans des parcours éducatifs de type élitiste/ accompagnant. Ceux originaires des Antilles, d’Afrique subsaharienne et d’Amérique latine adopteraient plus des parcours de type élitiste/laisser-faire. Cela s’expliquerait en partie par le fait que les familles noires seraient davantage de classe sociale défavorisée ou moyenne. |
Magnan et al. (2023)Note de bas de page 72 | Étudier les facteurs qui façonnent les parcours éducatifs d’étudiants noirs au Québec |
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La plupart des étudiants s'inscrivent d'abord dans un programme autre que celui de leur choix pour assurer leur sécurité financière ou pour améliorer leurs notes pour un programme contingenté. Les études en médecine et pharmacie restent un rêve inaccessible pour la plupart. | Les étudiants font face à un système d'admission apparemment injuste pour des programmes très sélectifs (médecine et sciences de la santé). Ces résultats éclairent les changements possibles à apporter aux politiques d’admission de certains programmes. |
Ménard et al. (2020)Note de bas de page 63 | Mesurer le taux de complications de grossesse chez un groupe multiculturel de femmes |
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Le risque d'anémie était plus élevé chez les femmes noires que chez les femmes blanches (RCa = 1,74). Les femmes noires étaient plus exposées au risque d'accouchement prématuré (RCa = 1,79). Les immigrantes avaient un risque accru d'anémie par rapport aux natives du Canada (RCa = 1,85). | Les interventions nutritionnelles devraient cibler la prévention des complications liées à la grossesse, la priorisation des groupes à haut risque et l'adaptation du programme de l’organisme communautaire à une population multiethnique à faible revenu. |
Miconi et al. (2021)Note de bas de page 51 | Étudier l’association entre le risque d’exposition au SARS-CoV-2 et la santé mentale dans les groupes ethnoculturels |
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L'exposition au virus, la discrimination liée à la COVID-19 et la stigmatisation ont été associées à une moins bonne santé mentale, les participants noirs exposés et discriminés faisant état d'une plus grande détresse mentale. | Des interventions tenant compte de la « race » et de la culture, qui prennent en considération des facteurs tels que la discrimination et les traumatismes historiques et raciaux, seraient nécessaires. |
Miconi et al. (2021)Note de bas de page 52 | Étudier la prévalence des expériences de discrimination liées à la COVID-19 |
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La discrimination liée à la COVID-19 a été signalée par 16,6 % des personnes. Les participants non blancs, les jeunes et les travailleurs de la santé étaient plus susceptibles d'être victimes de discrimination. Ceux d’origine est-asiatique et les travailleurs essentiels avaient plus tendance à signaler un événement de discrimination due à leur origine ethnique et leur profession. | Les actions de communication sur la santé fondées sur une approche de pédagogie sociale devraient cibler les croyances du public liées à l’association de la COVID-19 avec l’origine ethnique, l’âge et la profession, afin de minimiser la discrimination liée à la pandémie. |
Noubicier et al. (2013)Note de bas de page 33 | Étudier le sens du vieillissement chez des femmes aînées noires vivant à Montréal |
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Pour ces femmes, le vieillissement est inéluctable. Elles vivent cette période de leur vie comme un privilège en accordant une grande importance aux liens intergénérationnels, à la foi religieuse et à l’implication sociale. | Les politiques sociales devraient tenir compte du genre et de l’ethnicité. |
Nweze et al. (2023)Note de bas de page 34 | Analyser l’impact de la discrimination raciale et linguistique sur la santé mentale |
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Les participants anglophones subissent plus de discriminations et signalent plus d'obstacles dans l’accès aux soins de santé mentale et une moins bonne santé mentale que leurs homologues francophones. | L’étude corrobore un mécanisme par lequel la langue affecte la santé mentale en exposant les Noirs québécois à davantage de discrimination et donc à des obstacles plus importants en matière de soins. |
Paquette et al. (2019)Note de bas de page 35 | Étudier les impacts du TSA sur la qualité de vie de mères d’origine haïtienne vivant à Montréal |
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Les mères ancrent leurs stratégies de contrôle face au TSA dans leur foi religieuse. Leur qualité de vie est considérée comme moyenne et leurs stratégies d’adaptation sont principalement axées sur la résolution de problèmes ou la recherche de soutien social. Elles ne se confient pas aux étrangers, ni aux professionnels. | Les premières personnes consultées dès l’apparition d’une maladie physique ou mentale sont les membres de la famille. Il est donc important que les interventions tiennent compte de la culture et du choix des sujets. Il est primordial de développer l’expertise en matière d’intervention auprès des familles ayant un enfant avec un TSA et sur l’approche ethnopsychiatrique. |
Passos-Castilho et al. (2022)Note de bas de page 67 | Identifier les facteurs associés à l’admission aux soins intensifs et à la mortalité hospitalière chez des patients atteints de la COVID-19 |
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Il y a une tendance accrue du risque d’admission aux soins intensifs chez les immigrants. Ce risque est plus élevé chez les Noirs des Caraïbes que chez les Blancs. Le risque de mortalité hospitalière est plus élevé chez les natifs que chez les immigrants, et plus élevé chez les Noirs des Antilles (mais pas les Africains) que chez les Blancs. | Les données soulignent l'impact disproportionné de la COVID-19 sur les populations nées à l'étranger, l'énorme hétérogénéité des résultats liés à la COVID-19 au sein des groupes ethniques et entre les pays et enfin les lacunes importantes dans la compréhension de l'impact individuel des déterminants sociaux de la santé et de leurs interactions. |
Salamanca (2018)Note de bas de page 44 | Étudier le rôle des agences d’emploi temporaire à Montréal dans l’exploitation de la main-d’œuvre immigrante |
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Les infirmières et les préposés qui ont un statut d’immigrant régulier et qui travaillent par l’entremise d’agences sont sous-payés par rapport aux travailleurs ayant les mêmes diplômes et le même niveau d’études. Les travailleurs des agences du secteur de la santé, en majorité noirs, pensent être sous-payés. | Les travailleurs au statut d’immigration précaire vivent des situations difficiles sur le long terme, ce qui en fait un bassin de main-d’œuvre vulnérable quand ils travaillent pour des agences de placement qui sont peu réglementées. Ainsi, la probabilité de souffrir des effets du racisme systémique est plus élevée. |
Sherry et al. (2013)Note de bas de page 36 | Comprendre les attitudes et les croyances de la population haïtienne adulte sur le don d’organes |
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Les participants recommandent que les professionnels de la santé et les leaders haïtiens utilisent les médias communautaires pour diffuser des messages sur le don d’organes et pour susciter des débats dans les familles. Les personnes de plus de 45 ans étaient plus réfractaires. Certaines n'ont jamais entendu parler de ce sujet et ont montré un intérêt à cet égard. | Le recours à des modérateurs haïtiens bilingues français/créole a facilité les discussions lors de l’étude. Certaines réticences à participer ont pu être levées en répondant aux questions et préoccupations des participants. Les auteurs ont prévu de diffuser les résultats de l'étude aux groupes communautaires haïtiens, aux consultants ethnoculturels et aux médias haïtiens. |
Spence et al. (2014)Note de bas de page 55 | Étudier l’effet de l’âge à la circoncision et de la « race » sur le risque de cancer de la prostate |
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La circoncision s’est avérée protectrice chez les hommes circoncis à l’âge de 36 ans et plus (RC = 0,55). L’effet protecteur le plus fort de la circoncision a été observé chez les hommes noirs (RC = 0,40; p = 0,02). | Il y a une relation inverse entre le risque de cancer de la prostate et la circoncision réalisée à l’âge de 36 ans et plus. L’effet protecteur apparaît seulement pour les hommes noirs, groupe qui est le plus à risque d’avoir un cancer de la prostate. |
St-Louis et al. (2014)Note de bas de page 37 | Étudier les antigènes des globules rouges issus de donneurs noirs vivant au Québec |
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Les résultats du génotypage ont prédit la présence de phénotypes rares. | Les donneurs noirs, avec ou sans phénotype rare, sont précieux pour les patients qui dépendent des transfusions sanguines et pour Héma-Québec. |
Tran et al. (2013)Note de bas de page 38 | Examiner les facteurs permettant d’accroître le don de sang dans les communautés noires de Montréal |
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La participation de groupes intéressés à améliorer la vie des personnes souffrant d’anémie falciforme, combinée au fait que les leaders sont plus à l'aise de donner à une personne proche de la communauté, suggère que la promotion du don de sang sous cet angle serait bien accueillie. | Le fait de souligner que le sang phénotypé peut être mis de côté pour des patients souffrant d'anémie falciforme est un argument pour encourager les membres de la communauté noire à donner du sang. Depuis 2010, les donneurs qui le désirent peuvent spécifier leur origine ethnoraciale. |
van der Ven et al. (2012)Note de bas de page 53 | Étudier les symptômes du premier épisode psychotique selon l’origine ethnique |
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Par rapport au de groupe de référence (Euro-Canadiens), les Africains/Afro-Caribéens avaient plus de symptômes négatifs et des scores de psychopathologie générale plus élevés. Le niveau de symptômes positifs ne différait pas selon l’origine ethnique. | Il convient d'accorder une attention particulière au ciblage des symptômes négatifs et à l'amélioration de la coopération et de l'engagement chez certains patients issus de groupes racisés pendant la phase initiale de la psychose. |
Weiler et al. (2022)Note de bas de page 47 | Évaluer les niveaux de vitamine D et les facteurs modifiables |
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35 % des mères ont donné leur accord. La plupart des nouveau-nés avaient un taux de vitamine D adéquat, mais les groupes non blancs, en particulier les nouveau-nés noirs, présentaient un risque de carence plus élevé (5,5 fois supérieur). | La plupart des nouveau-nés avaient un taux adéquat en vitamine D, mais 1/5 d'entre eux présentaient une carence en vitamine D, avec des disparités entre les groupes de population. |
Analyse des données
Nous avons analysé les données selon une approche thématique en suivant les principales étapes de réalisation d’un projet de recherche : 1) établir les stratégies de recrutement des participants, 2) déterminer les variables d’intérêt pour les chercheurs, 3) décider des méthodes de collecte et d’analyse des données, 4) établir les limites et biais inhérents aux études portant sur l’origine ethnoraciale (tableau 3).
Caractéristique | Nombre d’études n (%) |
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Secteur | |
Santé | 23 (53,5) |
Éducation | 14 (32,5) |
Services sociaux | 3 (7,0) |
Emploi | 3 (7,0) |
Année de publication | |
2010 à 2019 | 22 (51,0) |
2020 à 2024 | 21 (49,0) |
Méthodologie | |
Quantitative | 26 (60,5) |
Qualitative | 14 (32,5) |
Mixte | 3 (7,0) |
Étude portant exclusivement sur les populations noires | |
Santé | 9 (21) |
Éducation | 3 (7) |
Services sociaux | 0 (0) |
Éducation | 0 (0) |
Résultats
Sélection des études
La première recherche documentaire a permis d’identifier 259 articles à partir des 6 bases de données mentionnées ci-dessus. Après l’élimination des doublons, 189 articles ont été passés en revue (titres, résumés) par les deux auteures (NM et KNLN) selon le processus décrit dans le diagramme de flux PRISMA (figure 1). Cela a conduit à la sélection de 21 articles, que les auteures ont lus intégralement. Huit études ont été exclues car elles n’avaient pas été réalisées au Québec ou portaient sur des groupes relevant des critères d’exclusion. L’examen des références bibliographiques des articles retenus a conduit à l’ajout de 6 autres études. La mise à jour faite en 2024 a permis d’ajouter 24 autres articles, portant le total à 43 études (figure 1).

Figure 1 : Texte descriptif
- Étape 1 : 259 articles
- Doublons retirés (n = 70)
- Étape 2 : 189 articles
- Lecture des titres
- Publications exclues (n = 124)
- Hors Québec
- Articles d’opinion
- Articles sur le profilage racial
- Littérature grise
- Publications exclues (n = 124)
- Lecture des titres
- Étape 3 : 65 articles
- Lecture des résumés
- Études exclues (n = 44)
- Littérature grise
- Hors Québec
- Articles d’opinion
- Lecture des résumés
- Étape 4 : 21 articles
- Études exclues (n = 8)
- Hors Québec
- Groupes faisant partie des critères d’exclusion
- Études exclues (n = 8)
- Étape 5 : 13 articles
- Études incluses (n = 30)
- Ajouts :
- Études sélectionnées manuellement (n = 6)
- Études sélectionnées avec la mise à jour (n = 24)
- Étape 6 : 43 études retenues :
- Santé (n = 23)
- Éducation (n = 14)
- Services sociaux (n = 3)
- Emploi (n = 3)
Caractéristiques des études
Les études retenues concernent quatre secteurs, soit la santé (n = 23), l’éducation (n = 14), les services sociaux (n = 3) et l’emploi (n = 3), ce qui offre une perspective intersectorielle sur la question de la collecte de données ethnoraciales portant sur la santé et ses déterminants sociaux (tableau 2). Ont été sélectionnées des études descriptives, empiriques ou expérimentales, à méthodologie qualitative, quantitative ou mixte. La majorité des études étaient néanmoins quantitatives (60 %). Il est à noter que 12 études parmi les études sélectionnées portaient exclusivement sur les populations noires du Québec, 9 touchant la santéNote de bas de page 30Note de bas de page 31Note de bas de page 32Note de bas de page 33Note de bas de page 34Note de bas de page 35Note de bas de page 36Note de bas de page 37Note de bas de page 38 et 3, l’éducationNote de bas de page 39Note de bas de page 40Note de bas de page 41(tableau 3). Les autres études, qu’elles touchent la santé, les services sociaux, l’éducation ou l’emploi, portaient sur plusieurs groupes ethniques vivant au Québec, dont des communautés noires (tableau 3). Seules 7 études portaient sur la COVID-19Note de bas de page 50Note de bas de page 51Note de bas de page 52Note de bas de page 56Note de bas de page 66Note de bas de page 67Note de bas de page 69.
Stratégies de recrutement
Les méthodes courantes de recrutement étaient l’utilisation d’affiches, des réseaux sociaux et des médias communautaires ou la participation à des événements communautairesNote de bas de page 31Note de bas de page 33Note de bas de page 34Note de bas de page 36Note de bas de page 42Note de bas de page 43Note de bas de page 44. Le recrutement de certaines populations ayant des caractéristiques particulières (populations racisées au statut migratoire précaire) constitue un plus grand défi, ces personnes étant difficilement repérablesNote de bas de page 44. Les stratégies de recrutement direct qui visent à établir intentionnellement une relation avec les personnes contactées ont également été privilégiées par certains auteurs, par exemple le bouche-à-oreilleNote de bas de page 33 et les références par des informateurs clés issus des communautés visées ou par des professionnels parlant la langue des personnes cibléesNote de bas de page 36Note de bas de page 45Note de bas de page 46Note de bas de page 47.
Une autre stratégie a consisté à établir une collaboration avec des groupes communautaires ou des étudiants grâce à un partenariat de recherche participative (4 études)Note de bas de page 31Note de bas de page 41Note de bas de page 44Note de bas de page 48ou en faisant appel à l’expertise de parties prenantes locales (représentants de groupes communautaires, leaders religieux)Note de bas de page 35Note de bas de page 36Note de bas de page 38Note de bas de page 40. L’apport de ces parties prenantes a été particulièrement utile pour repérer des membres issus des communautés noires comme potentiels participants à une étude, à partir d’une base de données qui ne contenait aucune information ethnoracialeNote de bas de page 38.
Peu d’études (n = 7) ont mentionné les incitatifs employés pour accroître le taux de participation ou de rétentionNote de bas de page 38Note de bas de page 41Note de bas de page 44Note de bas de page 49Note de bas de page 50Note de bas de page 51Note de bas de page 52. Les incitatifs s’élevaient entre 50 cents et 20 $ pour la participation à un sondage ou à 50 $ pour la participation à une entrevueNote de bas de page 44Note de bas de page 49Note de bas de page 50Note de bas de page 51Note de bas de page 52. Dans un cas, les chercheurs précisent que les participants n’ont reçu aucune compensation financière après avoir été sollicités pour 2 heures d’entrevueNote de bas de page 38. Dans un autre cas, il a été difficile de recruter les participants et de maintenir leur engagement tout au long de l’étude, alors qu’ils obtenaient 50 $ par entrevueNote de bas de page 44. Finalement, dans une étude de recherche participative pour laquelle 20 élèves du secondaire ont été activement impliqués dans la collecte et l’analyse des données, la compensation financière est allée jusqu’à 500 $Note de bas de page 41. Néanmoins, 20 % des étudiants se sont retirés de cette étude par manque de motivation ou pour assumer d’autres responsabilitésNote de bas de page 41. Les principales raisons qui ont motivé la participation des élèves à l’étude sont le fait de vouloir faire une différence dans leur école et le fait d’être dans la posture du chercheur plutôt que dans celle du sujet qui est observéNote de bas de page 41.
Consentement des participants
Le processus d’obtention du consentement a été documenté dans 17 études. Il a été obtenu avant de débuter les études, par écritNote de bas de page 31Note de bas de page 34Note de bas de page 35Note de bas de page 38Note de bas de page 39Note de bas de page 42Note de bas de page 43Note de bas de page 47Note de bas de page 50Note de bas de page 52Note de bas de page 53Note de bas de page 54Note de bas de page 55 ou verbalementNote de bas de page 37Note de bas de page 40Note de bas de page 49Note de bas de page 54Note de bas de page 56. Dans un cas, le consentement était tacite, les personnes étant invitées à remplir un questionnaire sur une base volontaireNote de bas de page 57. Par ailleurs, des chercheurs qui ont étudié les croyances des Haïtiens sur le don d’organe ont rapporté les difficultés rencontrées avec quelques participants, qui se sont montrés réticents à signer le formulaire de consentementNote de bas de page 36. Craignant que cela ne serve de consentement à un don d’organe, ces participants ont offert de signer un formulaire conjoint impliquant tous les membres du groupe de discussion afin que la responsabilité engagée ne repose sur aucun individu en particulierNote de bas de page 36. Une fois que les chercheurs eurent spécifié que la portée du consentement était limitée au strict cadre de l’étude et eurent répondu aux questions et préoccupations des participants, ces derniers ont finalement signé un consentement individuel après la tenue du groupe de discussionNote de bas de page 36. Pour d’autres études, le consentement des individus n’était pas requis puisque les recherches portaient sur des données secondairesNote de bas de page 58Note de bas de page 59Note de bas de page 60Note de bas de page 61Note de bas de page 62Note de bas de page 63.
Par ailleurs, dans une étude qui portait sur l’association entre le risque d’exposition au SARS-CoV-2, les discriminations reliées à la COVID‑19 et la santé mentale dans les groupes ethnoculturels, les chercheurs n’ont pas dévoilé le véritable objectif de leur étude, étant donné son caractère sensibleNote de bas de page 51. Ainsi, le consentement des participants a été volontaire, mais peu éclairé, l’étude leur ayant été présentée comme portant sur la COVID‑19 et la distanciation socialeNote de bas de page 51. Dans une autre étude, les chercheurs ont employé la méthode du « testing », qui consiste à envoyer des curriculum vitae fictifs afin de documenter la discrimination ethnoraciale à l’embaucheNote de bas de page 64.
Variables d’intérêt pour les chercheurs
Les variables relatives à l’ethnicité, la « race » et aux autres déterminants sociaux de la santé colligées dans les études retenues sont présentées dans le tableau 4. L’origine ethnoraciale et les données d’immigration regroupent une diversité de variables et de catégories (tableau 4). Ainsi, l’ethnicité, qu’elle soit assignée ou revendiquée, est définie par les chercheurs à partir de marqueurs biologiques (couleur de la peau)Note de bas de page 31Note de bas de page 34Note de bas de page 37Note de bas de page 41Note de bas de page 47Note de bas de page 49Note de bas de page 50Note de bas de page 51Note de bas de page 52Note de bas de page 53Note de bas de page 54Note de bas de page 56Note de bas de page 57Note de bas de page 58Note de bas de page 59Note de bas de page 63Note de bas de page 64Note de bas de page 66Note de bas de page 67Note de bas de page 69Note de bas de page 70, de marqueurs géographiques (pays de naissance ou d’origine)Note de bas de page 30Note de bas de page 31Note de bas de page 33Note de bas de page 35Note de bas de page 36Note de bas de page 38Note de bas de page 39Note de bas de page 40Note de bas de page 42Note de bas de page 43Note de bas de page 44Note de bas de page 45Note de bas de page 46Note de bas de page 47Note de bas de page 48Note de bas de page 50Note de bas de page 51Note de bas de page 52Note de bas de page 53Note de bas de page 56Note de bas de page 61Note de bas de page 62Note de bas de page 64Note de bas de page 66Note de bas de page 67Note de bas de page 68Note de bas de page 69Note de bas de page 71Note de bas de page 72 ou de marqueurs culturels (langue maternelle, langue parlée à la maison, religion)Note de bas de page 30Note de bas de page 31Note de bas de page 34Note de bas de page 39Note de bas de page 46Note de bas de page 51Note de bas de page 61(tableau 4).
Auteur (taille de l’échantillon) |
Âge, genre, sexe | Origine ethnoraciale | Immigration | Statut socioéconomique | Autres informations |
---|---|---|---|---|---|
Santé | |||||
Adeponle et al. (2012)Note de bas de page 70 (N = 323) |
Âge Sexe |
« Race » / ethnicité (Blanc, Noir, Asiatique, autre) | Statut migratoire Durée de séjour |
s.o. | Données cliniques sur la santé mentale |
Auger et al. (2012)Note de bas de page 30 (N = 31 868) |
Âge Femmes |
Communauté haïtienne Pays de naissance (Haïti, autres îles des Caraïbes, autres pays, Canada)Note de bas de page a Langue maternelle et parlée à la maison (français, anglais, créole) |
s.o. | s.o. | Données de santé périnatale |
Brousseau et al. (2021)Note de bas de page 69 (N = 2 056) |
Âge Sexe |
« Race » / ethnicité (Blanc, Noir, HispaniqueNote de bas de page b) | s.o. | s.o. | Données cliniques sur la COVID-19 |
Carazo et al. (2022)Note de bas de page 54 (N = 8 220) |
Âge Sexe |
« Race » / ethnicité (Blanc, Noir, autre) | s.o. | Type d’emploi | Données cliniques COVID-19 et détresse psychologique |
Dagher et al. (2023)Note de bas de page 66 (N = 1 104) |
Âge Sexe |
Pays de naissance Ethnicité (Blanc, Noir, Asiatique, LatinoNote de bas de page b, Moyen-Oriental/Nord-Africain, mixte, autre) |
Statut migratoire | Indice de défavorisation matérielle et sociale | Compétences linguistiques (français, anglais) Disponibilité des interprètes Score de comorbidités |
Darwish et al. (2022)Note de bas de page 56 (N = 150) |
Âge Sexe |
Pays d’origine Ethnicité (Blanc, Noir, Asiatique, LatinoNote de bas de page b, Moyen-Oriental/Nord-Africain, mixte, autre) |
Statut migratoire | s.o. | Admission aux soins intensifs, mortalité hospitalière Durée d’hospitalisation |
Debrosse et al. (2024)Note de bas de page 49 (N = 179) |
Âge Sexe |
« Race » (Noir, peuple de couleurNote de bas de page b non-Noir) Ethnicité (Afro, Afro-descendant, Caribéen; LatinoNote de bas de page b, HispaniqueNote de bas de page b, Péruvien ou Maya; Arabe, Libanais ou Moyen-Oriental; Algérien, Kabyle, Maghrébin; Autochtone) |
s.o. | Revenu familial médian Taux de chômage |
Caractéristiques du quartier Identité sociale Aspirations futures Bien-être (satisfaction des besoins fondamentaux) |
Fang et al. (2023)Note de bas de page 31 (N = 531) |
Âge Genre |
Communautés noires du Québec Langue parlée Pays de naissance (participants, parents) |
Statut de génération | Statut professionnel Revenu familial |
Santé mentale et physique Accessibilité aux soins de santé Expériences de discrimination |
Frounfelker et al. (2022)Note de bas de page 50 (N = 3 183) |
Âge Genre |
« Race » /ethnicité (Blanc, Asiatique de l’Est, du Sud, du Sud-Est, Noir, Arabe, autre) |
s.o. | Statut familial Revenu Type d’emploi |
Données sur la santé mentale Aspects positifs et négatifs de la distanciation sociale |
Gomez Cardona (2012)Note de bas de page 32 (N = 5) |
Âge Femmes |
Communauté haïtienne | Statut migratoire Statut de génération Durée de séjour |
Statut socioéconomique Statut familial |
Dynamiques thérapeutiques concernant les maux de ventre |
Ménard et al. (2020)Note de bas de page 63 (N = 1 387) |
Âge Femmes |
« Race » (Blanc, Noir, Asiatique) | Statut migratoire Pays d’origine Durée de séjour |
Niveau d’études Statut familial Revenu |
Données cliniques (grossesse, apport nutritionnel) |
Miconi et al. (2021)Note de bas de page 51 (N = 3 273) |
Âge Genre |
« Race » /ethnicité (Blanc, Asiatique de l’Est, du Sud, du Sud-Est, Noir, Arabe, autre) Langue maternelle, religion |
Statut de génération | Niveau d’études Revenu Statut professionnel |
Données cliniques COVID-19 et santé mentale |
Miconi et al. (2021)Note de bas de page 52 (N = 3 273) |
Âge Genre |
« Race » /ethnicité (Blanc, Asiatique de l’Est, du Sud, du Sud-Est, Noir, Arabe, autre) | Statut de génération | Niveau d’études Statut professionnel |
Exposition à la COVID-19 Discrimination perçue en lien avec la COVID |
Noubicier et al. (2013)Note de bas de page 33 (N = 7) |
Âge Femmes |
Ethnicité (Afrique sub-saharienne) | Parcours migratoire | Statut socioéconomique | Perceptions sur le vieillissement réussi |
Nweze et al. (2023)Note de bas de page 34 (N = 531) |
Âge Genre |
Noir Langue parlée |
Statut de génération | Statut professionnel Revenu familial |
Santé mentale et physique Expériences de discrimination Accès aux soins de santé mentale |
Paquette et al. (2019)Note de bas de page 35 (N = 12) |
Femmes Âge enfant |
Communauté haïtienne | Statut migratoire Statut de génération |
s.o. | Qualité de vie et TSA |
Passos-Castilho et al. (2022)Note de bas de page 67 (N = 1 104) |
Âge mère Sexe enfant |
« Race » /ethnicité (Blanc, Noir – Caraïbes, Afrique sub-saharienne –, Asiatique, LatinoNote de bas de page b, Nord-Africain/Moyen-Oriental, mixte, autre) Pays de naissance |
s.o. | Indice de défavorisation matérielle et sociale | Données cliniques sur la COVID-19 Discriminations perçues |
Sherry et al. (2013)Note de bas de page 36 (N = 24) |
Âge | Communauté haïtienne | s.o. | Niveau d’études | Rôle ou position sociale Expériences passées Croyances sur le don d’organe |
Spence et al. (2014)Note de bas de page 55 (N = 3 208) |
Âge Hommes |
« Race » (Blanc, Noir, Asiatique, autre) | s.o. | Niveau d’études | Données cliniques (circoncision, dépistage cancer de la prostate) |
St-Louis et al. (2014)Note de bas de page 37 (N = 1 476) |
N.D. | Noir | s.o. | s.o. | Génotypes |
Tran et al. (2013)Note de bas de page 38 (N = 33) |
Âge Sexe |
Ethnicité (Africain, Haïtien, autre Caribéen) | s.o. | s.o. | Croyances et motivations pour le don de sang |
van der Ven et al. (2012)Note de bas de page 53 (N = 301) |
Âge mère | Catégories selon Statistique Canada (2006)Note de bas de page a Pays de naissance |
Statut migratoire Statut de génération Parcours migratoire (pays de résidence antérieurs) |
Niveau d’études | Données cliniques en santé mentale |
Weiler et al. (2022)Note de bas de page 47 (N = 1 035 dyades) |
Âge Femmes |
Ethnicité selon l’ICIS (Blanc, Noir, Asiatique de l’Est, Sud, Sud-Est, LatinoNote de bas de page b, Moyen-Oriental, autres/mixtes) Pays de naissance |
s.o. | Niveau d’études Revenu |
Habitudes de vie Niveau de vitamine D |
Services sociaux | |||||
Boatswain-Kyte et al. (2020)Note de bas de page 58 (N = 15 875) |
Âge (enfant, mère) | Blanc, Noir, autres minorités visiblesNote de bas de page b, non identifié | Statut migratoire | Niveau d’études Revenus Statut professionnel Statut familial |
Signalement, placement, décision juridique Taux d’inégalité |
Boatswain-Kyte et al. (2022)Note de bas de page 59 (N = 1 395) |
Âge au placement Sexe |
Blanc, Noir, autres minorités visiblesNote de bas de page b, non identifié | s.o. | Indice de défavorisation socioéconomique | Type de maltraitance Type de placement Nombre de ruptures dues au placement extrafamilial |
Dufour et al. (2015)Note de bas de page 50 (N = 8 263) |
Âge | « Race » /ethnicité (Noir, autres minorités visiblesNote de bas de page b, non-minorités visiblesNote de bas de page b) | s.o. | Niveau d’études Revenu Statut familial Taille de la famille |
Déménagement Densité de population |
Éducation | |||||
Arcand et al. (2016)Note de bas de page 68 (N = 426) |
Âge | Pays d’origine | Statut migratoire Durée de séjour |
Statut professionnel | Réseau et implication dans les associations Degré perçu de solitude et d’exclusion |
Collins et al. (2018)Note de bas de page 39 (N = 11) |
Âge Sexe |
Haïtiens (parents) Nés au Québec (étudiants) Langue maternelle |
s.o. | s.o. | Expériences familiales Expériences au primaire, secondaire Expériences au cégep Identité linguistique, culturelle, géographique Projets d'études postsecondaires Emploi |
Kamanzi et al. (2018)Note de bas de page 62 (N = 20 387) |
Genre | Région de naissance (parents) | Statut de génération | Niveau d’étude (parents) Revenu familial |
Parcours scolaire vers l'enseignement postsecondaire |
Kamanzi (2021)Note de bas de page 61 (N = 8 415) |
Genre | Afrique/ Caraïbe, Euro-Canadien Langue maternelle |
Statut de génération | Revenu | Type d’établissement Retard scolaire |
Kanouté et al. (2014)Note de bas de page 45 (N = 48) |
Âge Sexe |
Pays d’origine (parents) | Parcours migratoire | Profil économique (défavorisé) | L’école au quotidien Suivi scolaire par les parents Utilisation des ressources du quartier Intégration sociale des familles |
Kanouté et al. (2016)Note de bas de page 71 (N = 32 dyades parents-enfants) |
Âge Sexe |
Pays d’origine (parents) | Statut migratoire Statut de génération |
Profil économique (défavorisé) | Identité ethnoculturelle Rapport à l’école Suivi et projet scolaire Vie de quartier |
Kanouté et al. (2020)Note de bas de page 46 (N = 1 077) |
Âge Genre |
Région de naissance Langue maternelle |
Statut migratoire Durée de séjour Contexte prémigratoire |
Situation familiale Statut professionnel Ressources financières |
Expérience de vie institutionnelle Expérience d’apprentissage et de formation Conditions générales de vie au Québec |
Lafortune et al. (2020)Note de bas de page 40 (N = 53) |
Âge Sexe |
Communauté haïtienne | Statut migratoire | s.o. | Soutien sociofamilial Résultats scolaires |
Lafortune et al. (2024)Note de bas de page 48 (N = 27) |
Âge Sexe |
Pays d’origine | Statut migratoire Durée de séjour |
s.o. | Intégration socioculturelle Progrès en français Engagement et intérêt |
Leduc et al. (2021)Note de bas de page 57 (N = 4 283) |
N.D. | « Race » (Blanc, Noir) | s.o. | s.o. | Admission en médecine |
Livingstone et al. (2014)Note de bas de page 41 (N = 20) |
Âge | « Race » (Noir) | s.o. | s.o. | Équite/diversité Climat de l’école Curriculum Soutien scolaire Activités extra-scolaires |
Magnan et al. (2017)Note de bas de page 43 (N = 60) |
Âge Sexe |
Région d’origine (parents) | Statut de génération | Soutien financier par les parents Capital scolaire (parents) |
Parcours d’éducation (4 types définis) |
Magnan et al. (2017)Note de bas de page 42 (N = 60) |
Âge | Région d’origine (parents) | Statut de génération | Soutien financier par les parents Capital scolaire (parents) |
Choix d’études postsecondaires Contrainte familiale Contrainte scolaire |
Magnan et al. (2023)Note de bas de page 72 (N = 12) |
Âge Genre |
Ethnicité : pays d’origine (père, mère) | Statut de génération | Niveau d’études (père, mère) | Parcours d’éducation |
Emploi | |||||
Beauregard (2020)Note de bas de page 64 (N = 1 569) |
Sexe | « Race » /ethnicité (Arabe, Latino-Américain, Noir) Statut majoritaire / minoritaire |
s.o. | s.o. | Invitation pour une entrevue |
Boudarbat et al. (2010)Note de bas de page 65 (N = 1 875) |
Âge Sexe |
Région d’origine | Statut de génération Statut migratoire |
Niveau d’études Statut professionnel Salaire |
Correspondance entre l’emploi obtenu et les attentes |
Salamanca (2018)Note de bas de page 44 (N = 42) |
Genre Âge |
Pays d’origine | Statut migratoire Permis de travail |
Secteur d’emploi | Violations du droit du travail Relations interethniques au travail |
Plusieurs systèmes de classification ethnoraciale ont été utilisés, comme celui de Statistique CanadaNote de bas de page 53 ou celui de l’Institut canadien d’information sur la santéNote de bas de page 47. D’autres ont été adaptés aux caractéristiques des études pour lesquelles ils sont utilisésNote de bas de page 38Note de bas de page 42Note de bas de page 43Note de bas de page 46Note de bas de page 49Note de bas de page 51Note de bas de page 52Note de bas de page 56Note de bas de page 58Note de bas de page 59Note de bas de page 62Note de bas de page 64Note de bas de page 65Note de bas de page 66Note de bas de page 67.
Les données relatives à l’immigration ont été autorapportées dans 60 % (26/43) des étudesNote de bas de page 31Note de bas de page 32Note de bas de page 33Note de bas de page 34Note de bas de page 35Note de bas de page 40Note de bas de page 42Note de bas de page 43Note de bas de page 44Note de bas de page 45Note de bas de page 46Note de bas de page 48Note de bas de page 49Note de bas de page 51Note de bas de page 52Note de bas de page 53Note de bas de page 56Note de bas de page 58Note de bas de page 60Note de bas de page 61Note de bas de page 62Note de bas de page 63Note de bas de page 65Note de bas de page 66Note de bas de page 68Note de bas de page 70 (tableau 4). Parmi elles, le statut migratoire et le statut de génération (première, deuxième génération, etc.) ont été les variables les plus utilisées (24 études). Le statut socioéconomique s’est révélé, quant à lui, défini de façon assez homogène, les variables les plus couramment utilisées étant le niveau d’études, le revenu et le statut professionnelNote de bas de page 31Note de bas de page 32Note de bas de page 33Note de bas de page 34Note de bas de page 36Note de bas de page 42Note de bas de page 43Note de bas de page 45Note de bas de page 46Note de bas de page 47Note de bas de page 49Note de bas de page 50Note de bas de page 51Note de bas de page 52Note de bas de page 53Note de bas de page 54Note de bas de page 55Note de bas de page 58Note de bas de page 59Note de bas de page 61Note de bas de page 62Note de bas de page 63Note de bas de page 66Note de bas de page 67Note de bas de page 68Note de bas de page 69Note de bas de page 71Note de bas de page 72 (tableau 4). L’indice de défavorisation matérielle et sociale a aussi été utiliséNote de bas de page 59Note de bas de page 66Note de bas de page 67.
Collecte de données quantitatives
La collecte de données primaires a été effectuée au moyen de questionnaires diffusés en ligneNote de bas de page 31Note de bas de page 34Note de bas de page 46Note de bas de page 48Note de bas de page 50Note de bas de page 51Note de bas de page 52Note de bas de page 54Note de bas de page 68Note de bas de page 69 ou administrés en face-à-faceNote de bas de page 35Note de bas de page 37Note de bas de page 47Note de bas de page 70, en consultant des dossiers médicauxNote de bas de page 51Note de bas de page 52Note de bas de page 53Note de bas de page 55Note de bas de page 56Note de bas de page 66Note de bas de page 67 et en complétant l’information sur les données démographiques avec des entrevues téléphoniques ou en personneNote de bas de page 46Note de bas de page 55Note de bas de page 56Note de bas de page 66Note de bas de page 67Note de bas de page 68. Dans d’autres études, l’ethnicité a été assignée par une tierce personne selon la langue parlée et le pays de naissance de l’individu et de sa mère ou de ses deux parentsNote de bas de page 30Note de bas de page 53Note de bas de page 59.
Les données d’intérêt ont aussi pu être extraites de diverses bases de données centralisées, que ce soit celles de Statistique CanadaNote de bas de page 58Note de bas de page 59Note de bas de page 60Note de bas de page 61, du Registre des naissances du QuébeNote de bas de page 30 ou d’autres organismes publics québécois (ministères, Centres jeunesse, etc.)Note de bas de page 59Note de bas de page 60Note de bas de page 61Note de bas de page 62Note de bas de page 65Note de bas de page 67. Le croisement de plusieurs jeux de données permet de compléter l’information manquante sur l’origine ethnoraciale ou le statut socioéconomiqueNote de bas de page 58Note de bas de page 59Note de bas de page 60Note de bas de page 61.
Collecte de données qualitatives
Les données ont été principalement colligées au moyen d’entrevues individuellesNote de bas de page 32Note de bas de page 33Note de bas de page 38Note de bas de page 39Note de bas de page 40Note de bas de page 44Note de bas de page 45Note de bas de page 46Note de bas de page 71Note de bas de page 72 et, plus rarement, lors de groupes de discussionNote de bas de page 36Note de bas de page 41Note de bas de page 46Note de bas de page 48Note de bas de page 68. Certaines entrevues ont été réalisées dans un environnement familier pour les participants (domicile, école, centre communautaire) afin qu’ils se sentent à l’aise de parler de leur vécuNote de bas de page 35Note de bas de page 38Note de bas de page 39Note de bas de page 40Note de bas de page 71. Pour une étude, de la nourriture correspondant à la culture des participants a été offerte durant la tenue de groupes de discussion, en signe de respectNote de bas de page 36. Dans cette étude, les participants, tous issus de la communauté haïtienne, ont été séparés en fonction de l’âge pour faciliter les échanges et éliminer la gêne que les plus jeunes auraient pu éprouver, en raison de codes culturels, vis-à-vis de leurs aînésNote de bas de page 36. Un autre chercheur a animé des ateliers informatifs durant lesquels les participants pouvaient témoigner de leurs expériences de discrimination, créant ainsi un espace de discussion et de partage de connaissances sécurisantNote de bas de page 44.
D’autres stratégies ont été employées pour créer un lien de confiance entre les chercheurs et les participants, comme le fait de collecter des données par l’entremise de professionnels issus de la même communauté, issus de l’immigration, parlant la même langue ou en présence d’un médiateur culturelNote de bas de page 33Note de bas de page 36Note de bas de page 38Note de bas de page 40Note de bas de page 42Note de bas de page 43Note de bas de page 70. Certains auteurs ont constaté que la proximité culturelle a facilité les échanges en stimulant l’intérêt des participants pour le sujet à l’étudeNote de bas de page 36. Cependant, des réticences ont tout de même persisté chez quelques-uns, qui ont ainsi refusé que les entretiens soient enregistrésNote de bas de page 40. Par ailleurs, des auteurs ont précisé avoir éprouvé des difficultés à établir une distance avec les participants et à maintenir les échanges dans le cadre des objectifs de l’étude, du fait de la proximité culturelleNote de bas de page 33.
Méthodes d’analyse quantitative
Dans quelques études, les chercheurs ont eu recours aux statistiques descriptives pour documenter des phénomènes de discrimination ou des stratégies d’adaptation face à une problématique de santéNote de bas de page 35Note de bas de page 54Note de bas de page 57Note de bas de page 64Note de bas de page 68. Plusieurs autres chercheurs ont effectué des analyses quantitatives selon une approche contextualisée et intersectionnelle. Ainsi, des analyses multivariées ou de régression ont permis d’établir des comparaisons par rapport à un groupe de référence, en contrôlant pour le plus grand nombre de variables possiblesNote de bas de page 30Note de bas de page 47Note de bas de page 50Note de bas de page 53Note de bas de page 55Note de bas de page 56Note de bas de page 58Note de bas de page 60Note de bas de page 61Note de bas de page 63Note de bas de page 67Note de bas de page 69Note de bas de page 70. Elles ont également servi à mesurer l’influence de l’ethnicité sur différentes variables, à calculer un risque proportionnel en fonction du temps (analyse de Cox) ou à évaluer la distribution géographique d’une variable en fonction de l’ethnicitéNote de bas de page 30Note de bas de page 51Note de bas de page 59Note de bas de page 60. Notons que le groupe de référence variait selon les études, les participants pouvant être désignés comme « Canadiens blancs » ou « Euro-Canadiens »Note de bas de page 30Note de bas de page 47Note de bas de page 51Note de bas de page 53Note de bas de page 56Note de bas de page 61Note de bas de page 67Note de bas de page 69, « Blancs »Note de bas de page 50Note de bas de page 55Note de bas de page 58Note de bas de page 63, « nés au Canada »Note de bas de page 56Note de bas de page 63Note de bas de page 67 ou « Noirs »Note de bas de page 60Note de bas de page 70.
La méthode statistique dite d’analyse de classes latentes (Latent Class Analysis) a été utilisée dans une étude pour identifier des sous-groupes homogènes non apparents au sein d'une population hétérogèneNote de bas de page 50. Des enquêtes longitudinales ont permis de suivre l’évolution de variables ou de phénomènes en fonction du tempsNote de bas de page 30Note de bas de page 61Note de bas de page 64. Il a également été possible de dégager des tendances qui reflètent l’impact de plusieurs vagues d'immigration de populations aux profils sociodémographiques différentsNote de bas de page 30.
Méthodes d’analyse qualitative
Dans trois études, l’approche intersectionnelle a été adoptée afin de traiter de notions complexes telles que les inégalités vécues par des étudiants haïtiensNote de bas de page 40 et par des aînées noires africaines Note de bas de page 33, ou telles que les discriminations et le racisme vécus par les migrants temporairesNote de bas de page 44. Ces notions ont été analysées selon une perspective intersectionnelle en tenant compte de marqueurs identitaires tels que la couleur de la peau, l’origine ethnique (statut minoritaire/majoritaire), l’origine sociale (statut migratoire et socio-économique) et le genreNote de bas de page 33Note de bas de page 40Note de bas de page 44.
Dans une autre étude portant sur l’expérience de mères haïtiennes dans la gestion de la maladie de leurs enfants, c’est l’approche anthropologique qui a été privilégiéeNote de bas de page 32. Les récits de vie ont aussi été utilisés pour décrire les expériences individuelles relatives à des trajectoires éducativesNote de bas de page 42Note de bas de page 43Note de bas de page 72. Dans quatre études, les auteurs ont réalisé une analyse inductive thématique des donnéesNote de bas de page 35Note de bas de page 36Note de bas de page 38Note de bas de page 46.
Analyse
L'objectif de cet examen de la portée était d’analyser les méthodes de collecte, d’analyse et de diffusion de données relatives à la santé, à l’éducation, aux services sociaux et à l’emploi concernant les populations noires du Québec. Nous avons ainsi pu présenter un corpus de données diversifié qui illustre les champs d’intérêt des chercheurs québécois, les enjeux rencontrés en matière de recrutement et de fidélisation des participants membres des communautés noires du Québec et les méthodes d’analyse, tant quantitatives que qualitatives.
Peu d’études portaient sur des données de santé désagrégées fondées sur l’origine ethnoraciale au Québec. Celles prises en compte dans cette revue exploratoire sont de nature transversale, à l’exception de quelques enquêtes longitudinalesNote de bas de page 30Note de bas de page 58Note de bas de page 59Note de bas de page 61. Ces dernières ont été réalisées sur des jeux de données secondaires, ce qui offre la possibilité de faire des analyses sur des échantillons de grande taille allant jusqu’à la totalité de la population ciblée par la recherche, limitant ainsi le biais de sélection.
Plusieurs facteurs peuvent avoir une influence sur la validité et la pertinence des conclusions tirées des études traitant des problématiques de santé qui affectent les populations noires du Québec. En effet, divers biais risquent d’être introduits tout au long du processus, de la collecte de données à la diffusion des résultats. Les défis méthodologiques demeurent nombreux.
Le recrutement de membres des communautés noires demeure un défi important bien décrit dans les études qualitatives. En revanche, les études quantitatives rapportent rarement cet enjeu. Cela ne signifie pas pour autant que les chercheurs n’y aient pas été confrontés. En effet, on sait que solliciter la participation de membres des communautés noires à une étude requiert un plus grand investissement en temps qu’avec d’autres groupes ethnoculturels, notamment les Blancs d’ascendance européenneNote de bas de page 36.
Cette réticence à participer à des recherches découle d’événements historiques au cours desquels des membres des communautés noires ont été exploités sous couvert de la scienceNote de bas de page 38 : l'expérience de Tuskegee sur la syphilis, réalisée aux États-Unis de 1932 à 1972 selon des procédures contraires à l'éthique, et le commerce illicite du sang en Haïti, dans les années 1970, en sont des exemples marquants. Citons également l’expérience vécue par la communauté haïtienne au cours des années 1980 en raison de l’association inappropriée faite entre elle et le VIH par la Croix-Rouge canadienneNote de bas de page 73Note de bas de page 74.
Ces précédents historiques entretiennent la méfiance des populations noires envers les autorités publiques et sanitaires québécoises et canadiennesNote de bas de page 74Note de bas de page 75Note de bas de page 76. Il est donc essentiel de bien informer les participants sur les objectifs de la recherche et ses résultats. Cependant, il est parfois difficile de révéler le véritable objectif d’une étude en raison de sa natureNote de bas de page 51Note de bas de page 64. Ces cas de figure, qui restent des exceptions, sont encadrés par l’énoncé de politique des trois Conseils du Canada qui porte sur l’éthique de la recherche sur des êtres humains (articles 3.7A et 10.3)Note de bas de page 77. Les pratiques en matière de diffusion des résultats de recherche mériteraient quant à elles d’être davantage mises de l’avant au Québec. En effet, peu d’auteurs ont fait mention d’une stratégie de transfert de connaissancesNote de bas de page 36Note de bas de page 41Note de bas de page 48. Ce retour auprès des participants et, plus largement, auprès des membres des diverses communautés, pallierait le sentiment d’être exploités et favoriserait une plus grande participation à d’autres projets de rechercheNote de bas de page 36.
Les difficultés à recruter des participants risquent d’entraîner un biais de sélection difficilement corrigible. Par exemple, une enquête effectuée au moyen d’un questionnaire en ligne a obtenu un faible taux de réponse (37 %)Note de bas de page 51Note de bas de page 52. En outre, la plupart des participants avaient un niveau d’études collégiales ou universitaires. Il s’agit donc d’un échantillon de convenance. Ainsi, les résultats de l’étude ne sont pas généralisables à des populations moins éduquéesNote de bas de page 51Note de bas de page 52. Le même raisonnement peut s’appliquer à la langue parlée, les études ayant été conduites uniquement en français ou en anglais, ce qui exclut les allophones. À cela s’ajoute le fait, couramment observé en recherche, de perdre des participants en cours d’étude (biais d’attrition)Note de bas de page 36Note de bas de page 41Note de bas de page 44Note de bas de page 47. Ce biais peut être estimé en comparant les caractéristiques des personnes incluses à celles qui ont quitté l’étudeNote de bas de page 47.
L’attribution de l'ethnicité est un autre enjeu de taille. L’analyse des études de cet examen indique que l’auto-identification constitue un standard de pratique par rapport à l’identification par un tiers. Cependant, cette méthode n’est pas exempte de biais potentiels (non-réponses, volonté de s’auto-identifier au groupe majoritaire) qui peuvent être difficilement mesurablesNote de bas de page 64.
L’information manquante sur l’origine ethnoraciale ou le statut socioéconomique peut être complétée en croisant les données avec celles du recensement ou celles du Registre des naissances du Québec qui contiennent, entre autres, le pays de naissance de la mère, la langue parlée à la maison ou la langue maternelleNote de bas de page 30Note de bas de page 58Note de bas de page 61. Les données manquantes peuvent être inférées grâce au pays de naissance des individus et à la langue parléeNote de bas de page 56Note de bas de page 67. Cependant, selon notre analyse, cette méthode d’imputation n'est pas sans risque d’erreur si les données ne sont pas croisées avec le statut migratoire et le statut de génération.
Les caractéristiques qui définissent l'ethnicité ne sont pas fixes. Elles sont souvent mal définies et dépendent des systèmes de classification employésNote de bas de page 16Note de bas de page 17. L’ethnicité est un concept fluide qui, bien qu’il diffère de la « race », de la nationalité, de la religion et du statut migratoire, peut toutefois inclure des facettes de ces conceptsNote de bas de page 78Note de bas de page 79.
Quelques chercheurs ont tenté de prendre en considération cette fluidité en différenciant au sein d’un même groupe ethnoracial les individus parlant le français ou l'anglais à la maison de ceux parlant leur langue maternelleNote de bas de page 30. Cela produit un niveau d’analyse plus fin et met en lumière les réalités complexes qui définissent un groupe donné qui n’est, en fait, ni monolithique ni statique. Par ailleurs, sur le plan individuel, il y a parfois un décalage entre la façon dont une personne est perçue par la société et la façon dont elle se définit sur le plan ethnoculturel, cette définition pouvant évoluer en fonction du temps et du contexte de vie. Certains chercheurs suggèrent ainsi de définir la « race » non pas comme un phénotype biologique mais bien comme un phénomène social complexe, ou de classer les populations en fonction de variables socioenvironnementales plutôt qu'en fonction de la « race »Note de bas de page 26.
Notre étude montre que les chercheurs privilégient les entrevues individuelles aux groupes de discussion pour la collecte les données qualitatives. Lors des groupes de discussions, la taille de ces derniers, leur composition, les dynamiques internes qui les caractérisent ainsi que les thèmes abordés ont pu grandement influer sur les propos voire les confidences énoncés par les participants comparativement au contexte plus intime d’une entrevue individuelleNote de bas de page 80. En effet, certaines études indiquent que les individus sont plus enclins à discuter de sujets sensibles en entrevue individuelle plutôt qu’en groupeNote de bas de page 81Note de bas de page 82Note de bas de page 83. Cependant, d’autres constatent le contraireNote de bas de page 80Note de bas de page 84. Cela soulève des préoccupations quant à la confidentialité, car dans un groupe de discussion, les participants finissent par se connaître, ce qui peut augmenter le risque de divulgation non intentionnelle d'information sensible. Cela peut être particulièrement critique dans les petites communautés ou celles dont les membres sont très connectés.
D’autres enjeux se posent sur le plan analytique. Les analyses descriptives réalisées selon une approche intersectionnelle permettent d’émettre certaines hypothèses sur les processus sous-jacents aux phénomènes observés. Des études de corrélation sur des données quantitatives pertinentes permettraient de tester ces hypothèses et de mesurer l’interaction entre plusieurs variables, ce qui requiert des données granulaires sur les populations visées. En l’absence de ce type de données, les chercheurs utilisent l’indice de défavorisation matérielle et socialeNote de bas de page 7Note de bas de page 59Note de bas de page 66Note de bas de page 67 afin de dégager des tendances. Cependant, la capacité à établir des liens de cause à effet demeure limitéeNote de bas de page 26. Or la pratique courante consistant à documenter les différences de santé liées à l’origine ethnoraciale sans expliquer adéquatement leur fondement présente plusieurs risques : cela restreint les initiatives de prévention primaire et renforce l'idée d'un déterminisme biologique lié à la « race »Note de bas de page 26Note de bas de page 85.
Un autre questionnement concerne le traitement des données portant sur les individus d’origine ethnique mixteNote de bas de page 47Note de bas de page 56Note de bas de page 66Note de bas de page 67. Comment ces données pourraient-elles nous renseigner davantage, au moyen de quelles analyses plus poussées? Par ailleurs, le fait de créer de grandes catégories ethnoraciales (Noirs, Blancs, Asiatiques, Latino-Américains, etc.) pour effectuer des comparaisons introduit un degré d’hétérogénéité importantNote de bas de page 47Note de bas de page 51Note de bas de page 52Note de bas de page 53Note de bas de page 56Note de bas de page 57Note de bas de page 60Note de bas de page 67Note de bas de page 69. Les résultats de ces études doivent donc être interprétés avec prudence. Des analyses faites selon une catégorisation ethnoraciale non standardisée risquent de mener à des conclusions erronées qui ne tiennent pas compte de nuances passées inaperçues en raison de biais de classificationNote de bas de page 26Note de bas de page 79. La capacité à fournir des soins et services de santé culturellement adaptés pourrait s’en trouver compromiseNote de bas de page 4Note de bas de page 85.
Points forts et limites
Cet examen de la portée apporte un éclairage intersectoriel (santé, services sociaux, éducation, emploi) sur les pratiques en matière de collecte, d’analyse et de diffusion de données ethnoraciales relatives à la santé et à ses déterminants sociaux concernant les populations noires du Québec. À notre connaissance, c’est le premier examen de la portée réalisé sur ce thème au Québec. Il offre une analyse de l’expérience de ces populations en tenant compte de la manière dont l’origine ethnoraciale, l’âge, le genre et la langue s’entrecroisent. De plus, il témoigne de l’intérêt des chercheurs, médecins ou autres professionnels de la santé et du secteur communautaire pour des thématiques qui touchent les populations racisées, dont les populations noires du Québec.
Cet examen de la portée présente néanmoins quelques limites. En effet, il ne tient pas compte de la littérature grise québécoise qui porte sur le sujet à l’étude. Celle-ci a été explorée dans le cadre d’un autre volet de notre recherche qui, outre l’examen de la portée, comprend l’analyse d’études de cas décrivant les meilleures pratiques au Québec en matière d’approches culturellement adaptées ainsi qu’une étude qualitative sur l’expérience et les besoins des chercheurs dont les travaux portent sur les populations noires du Québec. Par ailleurs, étant donné que notre revue n’inclut que des études réalisées au Québec, les résultats obtenus ne sont pas généralisables à l’ensemble des populations noires du Canada, notamment en raison de l’histoire migratoire du Québec.
Finalement, puisque notre stratégie de recherche documentaire ne couvrait que certains domaines (santé, éducation, emploi, services sociaux), d’autres études potentiellement pertinentes ont pu être omises. Bien qu'il puisse exister d’autres méthodes de collecte, d’analyse et de diffusion des données de santé fondées sur l’origine ethnoraciale, leur absence ici n’invalide en rien la portée de notre travail. Rappelons que cette étude a une visée exploratoire. Elle offre une vue d’ensemble sur la diversité des approches théoriques et méthodologiques utilisées au Québec en matière de collecte, d’analyse et de diffusion de données ethnoraciales relatives à la santé et à ses déterminants sociaux et sur les enjeux qui s’y rattachent.
Orientations futures
Les initiatives de collecte de données de santé réalisées de manière systématique auprès des populations noires sont encore peu nombreuses au Québec. La pandémie de COVID‑19 a cependant fait croître l’intérêt des autorités sanitaires et des chercheurs envers des données de santé fondées sur l’origine ethnoraciale. De fait, le nombre d’études repérées depuis le début de la pandémie (en 2020) équivaut au nombre d’études recensées entre 2010 et 2019 (tableau 3). Une réflexion sur les bonnes pratiques encadrant la collecte, la protection et l’utilisation des données de santé concernant les populations noires serait nécessaire au Québec, afin de mieux outiller les chercheurs. Par ailleurs, la réalisation d’une étude qualitative auprès de ces dernières permettrait de décrire plus en profondeur leurs besoins et les défis rencontrés.
La pandémie de la COVID‑19 a révélé les iniquités de santé flagrantes qui touchent les populations noires du Québec. Or l’absence de données sur la santé de ces populations est un frein à l’élaboration et à la mise en œuvre de politiques de santé publique. Les initiatives de collecte de données de santé auprès des populations noires de l’OntarioNote de bas de page 10, de la Nouvelle-ÉcosseNote de bas de page 11 et, plus récemment, du ManitobaNote de bas de page 86 ouvrent la voie dans la bonne direction et créent une dynamique favorable à la relance du débat politique sur cette question au Québec.
Finalement, soulignons que 58 % (25/43) des études présentées dans cet examen de la portée ont été subventionnées en partie par les institutions dont relèvent les chercheurs ou bien n’ont fait mention d’aucun financement (tableau 2). La valorisation de la recherche sur la santé des populations noires devrait constituer une priorité, afin de mieux répondre aux défis d’iniquité que ces populations rencontrent. Pour ce faire, il appert nécessaire de bonifier le financement de ce champ de recherche.
Conclusion
Cet examen de la portée avait pour but de documenter les méthodes et les enjeux liés à la collecte de données relatives la santé et ses déterminants sociaux concernant les populations noires du Québec. Il a permis d’analyser les pratiques en cours au Québec selon une approche intersectorielle, les études répertoriées touchant aussi bien la santé, les services sociaux, l’éducation que l’emploi. Par ailleurs, il souligne l’importance de collecter des données granulaires sur les groupes racisés, en particulier sur les populations noires du Québec, afin de soutenir des politiques publiques conçues pour ces populations et de promouvoir l’équité en santé.
Remerciements
Cet examen de la portée a été rendu possible grâce à une subvention de l’Agence de la santé publique du Canada pour le projet « Approches culturellement adaptées et accessibles pour définir, mesurer, analyser et rendre compte des résultats de santé et de ses déterminants sociaux dans les communautés noires du Québec ».
Conflits d’intérêts
Les auteures déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts relativement à ces travaux.
Contributions des auteures et avis
- NM, KNLN : conception, curation des données et analyse formelle.
- NM : rédaction de la première version du manuscrit.
- NM, KNLN : relectures et révisions.
Le contenu de cet article et les points de vue qui y sont exprimés n’engagent que les auteures; ils ne correspondent pas nécessairement à ceux du gouvernement du Canada.
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