Psychologie Médico-Légale Partie 3 : Chapitre 5 : Problèmes reliés au sexe et à la culture

Problèmes reliés au sexe et à la culture

Chapitre 5

L'évaluation psychologique des délinquantes

Heather Mclean, docteure en psychologie cliniqueFootnote 1

Problèmes reliés au sexe dans la pratique de la psychologie auprès des femmes ayant des démêles avec la justice

La caractéristique qui distingue le plus les délinquantes, c'est-à-dire leur nombre relativement faible, est aussi l'aspect qui constitue le principal obstacle à une pratique judicieuse de la psychologie auprès de ce groupe. En effet, seulement 7 % des délinquants sous responsabilité provinciale et 2% des délinquants sous responsabilité fédérale sont des femmes (Adelberg et Currie, 1987; Hatch et Faith, 1989; Groupe d'étude sur les femmes purgeant une peine fédérale, 1990). C'est ce qui explique que peu de ressources soient allouées aux recherches et à l'élaboration de programmes visant cette population et que les connaissances théoriques et pratiques dans ce domaine soient très restreintes. Un dépouillement informel de plusieurs revues importantes (par exemple, la Revue canadienne de criminologie) a révélé que 2% des articles publiés traitent des délinquantes, dans le contexte des jeunes contrevenants et contrevenantes pour la plupart, et que de nombreux auteurs ne font pas de distinction entre les hommes et les femmes dans leurs analyses ou leurs études (Kendall et McLean, 1992).

L'autre grande contrainte, qui est lourde de conséquences pour les psychologues intervenant auprès des délinquantes, réside dans les lignes directrices et les normes de déontologie qui régissent la pratique de la profession. En effet, la généralisation ou l'application, aux délinquantes, des recherches, des instruments d'évaluation, des méthodes et des programmes thérapeutiques élaborés à l'intention des délinquants n'est pas défendable sur le plan scientifique et apparait sexiste et immorale (Adelberg et Currie, 1987; Berzins et Cooper, 1982; Currie, 1986; Kendall, 1993; Ross et Fabiano, 1985; Groupe d'étude sur les femmes purgeant une peine fédérale, 1990). Une abondante littérature dans les domaines du droit, de la criminologie, de la sociologie et des services correctionnels appuie ce principe, démontrant que les différences les plus marquées entre les deux sexes ont trait à la violence et au comportement criminel. Cette littérature critique nombre des théories et des études générales traditionnelles considérées comme étant sexistes et faisant abstraction de la réalité des femmes et de leurs infractions criminelles. Ces commentaires (faits surtout par des chercheurs et auteurs féministes), ont suscité au cours de la dernière décennie une foule d'études sur les délinquantes. L'analyse de ces études déborde le cadre de cet article, mais certains ouvrages pertinents y sont cités.

Malgré cette prise de conscience récente de la réalité des délinquantes et le nombre accru d'études à leur sujet, on constate une absence flagrante de progrès en psychologie. Par conséquent, il y a encore peu de méthodes et d'instruments d'évaluation psychologique applicables aux délinquantes. Dans ce domaine, on s'est borné à faire valoir de manière générale le besoin d'instruments et de méthodologie plus appropriés (Currie, 1986; Scarth et McLean, 1994) et à mentionner les quelques exemples d'instruments d'évaluation utilisés dans le cadre de recherches auprès de détenues (voir, par exemple, Lightfoot et Lambert, 1991; Loucks, 1995). Les instruments spécifiquement conçus à l'intention des détenues et comportant des normes applicables à ces dernières (moyennes et écarts-types) sont encore plus rares (voir, par exemple, Speilburger, 1988; Carlson, 1982). Qui plus est, les quelques instruments qui existent sont rarement assortis de données quant à leur validité, notamment en ce qui concerne la prévision du risque de récidive.

Évaluation du risque et des besoins

Un vaste échantillonnage des données contenues dans les évaluations psychologiques des délinquantes s'impose, surtout l'évaluation faite à l'admission, ou évaluation initiale. Il s'agit d'évaluer plus en détail les besoins qui peuvent, ou non, être directement liés aux facteurs criminogènes, mais qui influeront certainement sur l'adaptation et la stabilité des femmes durant leur incarcération et après leur mise en liberté. Il faut évaluer, en l'occurrence, les problèmes et troubles psychologiques, les tendances suicidaires et les risques d'automutilation, les problèmes sur le plan des relations sociales, des compétences parentales et des relations familiales, les besoins sur les plans culturel et racial, les problèmes de toxicomanie et les troubles de l'alimentation. Au service de psychologie de la Prison des femmes, à Kingston (Ontario), on effectue actuellement une évaluation exhaustive à l'admission, en partant du principe que la plupart des « besoins » sont susceptibles d'être étroitement liés aux facteurs criminogènes de base. Blanchette et Motiuk (1995), par exemple, ont constaté que les antécédents de tentative de suicide constituent le meilleur prédicteur de la récidive violente pour un échantillon de délinquantes, et Bonta et al. (1995) ont constaté des taux d'automutilation plus élevés chez les femmes récidivistes (78 %) que chez les non récidivistes (25 %). En outre, les taux élevés de troubles psychologiques (Brownstone et Swaminath, 1989; Daniel, Robins, Reid et Wilfley, 1988; Hurley et Dunne, 1991; Strick, 1989), d'automutilation (Heney, 1990), de dépression et de tentatives de suicide (Loucks et Zamble, 1994) au sein de cette population justifient, sur les plans éthique et légal, une telle évaluation durant l'incarcération, même si des recherches ultérieures indiquent que ces facteurs ne sont pas directement criminogènes. Le lecteur trouvera à l'annexe A une liste d'instruments psychométriques proposés pour évaluer les délinquantes; certains de ces instruments sont plus spécifiquement conçus pour l'évaluation initiale ou l'évaluation des besoins.

Le deuxième genre d'évaluation faite auprès des délinquantes sous responsabilité fédérale est une évaluation du risque, sur le plan psychologique. Cette évaluation est destinée à fournir à la Commission nationale des libérations conditionnelles des renseignements sur le risque de récidive violente et des recommandations quant aux programmes et aux conditions de mise en liberté susceptibles de contribuer à une baisse du niveau de risque. Taus les délinquants reconnus coupables de crimes avec violence doivent subir ce genre d'évaluation. Les agents de gestion des cas peuvent aussi demander que des délinquants non violents subissent une évaluation de cette nature. Le psychologue appelé à faire une telle évaluation auprès d'une délinquante a tout un défi à relever puisque, comme nous l'avons déjà signalé, il existe peu de données confirmées empiriquement (comme il en existe pour les délinquants du sexe masculin) sur lesquelles baser des jugements éclairés quant au niveau de risque.

Risque et récidive chez les délinquantes

La lacune la plus grave en ce qui concerne les délinquantes (sur le plan de leur évaluation psychologique) réside dans le fait qu'on n'a pas inclus et analyse de données à leur sujet dans les études de base sur la récidive. Cependant, des efforts en ce sens ont été déployés récemment. En effet, Grant Coulson et Verna Nutbrown, du Centre Vanier pour les femmes, sont en train de créer une base de données provinciale sur les délinquantes, tandis que Jim Bonta et ses collègues (Bonta, 1994) travaillent à une base de données sur les délinquantes sous responsabilité fédérale. Bonta, Lipinski et Martin (1994) font état d'un taux de récidive global de 36 % après un suivi de trois ans auprès de 81 délinquantes sous responsabilité fédérale, alors que le taux correspondant pour les détenus du sexe masculin inclus dans la même étude et la même période de suivi était de 49 %.

Belcourt, Nouwens et Lefebvre (1993) ont examiné l'issue de la mise en liberté pour 968 femmes purgeant une première peine sous responsabilité fédérale et ayant obtenu leur mise en liberté entre 1978 et 1988; les auteurs ont suivi ces femmes jusqu'au milieu de 1993. Ils ont constaté que 22% d'entre elles avaient été réincarcérées dans un établissement fédéral, dont à peu près la moitié à cause de la violation des conditions de leur liberté conditionnelle. Dix pour cent ont vu leur liberté conditionnelle révoquée à la suite de la perpétration d'une nouvelle infraction, ou ont commis une nouvelle infraction après l'expiration de leur peine initiale. Les auteurs ont constaté une relation entre la réincarcération dans un établissement fédéral et certains facteurs comme le jeune âgé, l'origine autochtone, la mise en liberté surveillée et le genre d'infraction. Les femmes ayant commis des infractions reliées aux drogues ou reconnues coupables de meurtres étaient sous-représentées dans le groupe des récidivistes, tandis que celles qui avaient commis un vol qualifié, une infraction contre les biens ou un homicide involontaire coupable étaient surreprésentées.

Le système de notation Nuffield a été appliqué à des détenues (Hann et Harman, 1989) dans le cadre de recherches exploratoires sur la prévision du risque présente au moment de la mise en liberté, mais il a été impossible de tirer des conclusions définitives en raison de la petite taille de l'échantillon. Dans un échantillon de 81 délinquantes sous responsabilité fédérale, Blanchette et Motiuk (l995) ont constaté que les femmes considérées « à risque élevé » selon les stratégies de gestion des cas (SOC) étaient plus susceptibles de récidiver, et ce, avec violence.

L'Inventaire du niveau de supervision (INS) (Andrews, Diessling et Kominar, 1992) s'est révélé efficace pour prévoir la récidive, l'échec de la libération conditionnelle et de la mise en liberté dans une maison de transition dans le cas de délinquantes sous responsabilité provinciale (Coulson, 1993; et, Coulson, Nutbrown, Guilekas, Cudjoe et Ilacqua, 1995). Dans un échantillon de 526 femmes qui avaient été mises en liberté durant un an au moins, celles qui avaient obtenu les résultats les plus faibles sur l'INS ont enregistré un taux de récidive de 7 %, comparativement à 77 % pour celles qui avaient obtenu les résultats les plus élevés (Coulson et al., 1995).

Il existe peu d'études sur l'utilisation de la Liste de contrôle de la psychopathie, révisée (PCL-R) auprès des délinquantes (Loucks, 1995; Neary, 1990; Strachan, Williamson et Hare, 1990). Les taux de psychopathie semblent être plus faibles, de moitié environ, chez les délinquantes que chez les délinquants, et représentent 11% ou 12% des délinquantes sous responsabilité fédérale. D'après certaines données provisoires, la validité prédictive de la PCL-R diffèrerait selon le sexe, la personnalité étant un facteur plus important que les autres dans le cas des femmes lorsqu'il s'agit de prévoir le comportement criminel général (Loucks, 1995).

Lorsqu'il mène une évaluation psychologique, le psychologue peut utiliser, avec circonspection, un certain nombre de ces instruments, mais il doit néanmoins axer largement son évaluation sur les facteurs « susceptibles » d'être liés au cycle ou au profil criminel particulier de la femme, en se basant sur les recherches disponibles pour éclairer le contenu de l'évaluation. L'évaluation approfondie des besoins constitue une composante fondamentale du processus, étant donné qu'un grand nombre des besoins cernés par une évaluation de ce genre sont liés aux facteurs criminogènes. De plus, si les besoins sont cernés au début de l'incarcération, le psychologue pourra faire des interventions appropriées ou recommander des programmes permettant de répondre aux besoins. Le psychologue sera alors en mesure d'évaluer la réaction de la femme à ces interventions et, par conséquent, de faire des observations plus justes sur l'influence du programme ou de l'intervention thérapeutique sur le risque et sur la probabilité que le risque change si la femme participe à des programmes analogues dans la collectivité.

Certains éléments indiquent que les programmes peuvent contribuer à réduire le risque de récidive chez les délinquantes (Coulson, 1993), alors que Blanchette et Motiuk (1995) et Bonta, Pang et Wallace-Capretta (1995) n'ont constaté aucun lien entre la participation à des programmes de groupe et la récidive. Blanchette et Motiuk (l995) reconnaissent que la petite taille de l'échantillon (N = 40) et les données manquantes sur la participation aux programmes ont pu biaiser les résultats. Atkinson (1995a) critique la conclusion tirée par Bonta et al. (1995) selon laquelle le traitement des besoins en santé mentale, particulièrement ceux découlant de la violence subie dans l'enfance, ne contribue pas nécessairement à réduire le risque de récidive, soulignant que leur étude ne tient pas compte de la participation des femmes à une thérapie individuelle, qui est l'intervention la plus demandée et la plus couramment utilisée auprès des délinquantes sous responsabilité fédérale (Kendall, 1993). Ainsi, les psychologues n'ont qu'une capacité limitée de faire des déclarations prédictives sur la récidive chez les femmes et sur les facteurs qui contribuent à réduire le risque de récidive. Les rapports psychologiques doivent être rédigés dans un langage réfléchi et ils doivent indiquer clairement les contraintes auxquelles leurs auteurs ont été assujettis. Il en va de même lorsqu'on utilise des instruments d'évaluation dont la validité a été partiellement démontrée (par exemple, l'INS et la PCL-R) dans le cadre de l'évaluation de femmes de diverses races et origines ethniques.

L'utilisation d'instruments d'évaluation conçus pour les délinquants

Comme nous l'avons déjà signalé, l'une des questions controversées en ce qui a trait à l'application des connaissances aux délinquantes est celle de savoir si l'on peut emprunter les instruments connus et utilisés dans le cas des délinquants du sexe masculin, malgré les difficultés que présente leur généralisation sur les plans éthique et scientifique, et qui ont été mentionnées précédemment, et faire des études de validation auprès des délinquantes. Signalons, par exemple, les tentatives de Coulson (1993) et de Coulson et al. (1995) pour valider l'Inventaire du niveau de supervision et l'utilisation, par Loucks (1995), de certains instruments comme la Liste de contrôle de la psychopathie, révisée (PCL-R) (Hare, 1991) dans ses études sur la prévision (rétrospective) du comportement criminel et violent chez les délinquantes. Il s'agit là d'un domaine d'innovation fascinant et prometteur, à condition que les psychologues qui effectuent des évaluations pendant que les recherches sont en cours observent les mises en garde suivantes :

  1. Tant que les études de validation ne seront pas terminées et que des normes psychométriques de base n'auront pas été établies, on ne doit pas utiliser, pour évaluer une délinquante, des instruments comportant des normes applicables aux hommes ou aux détenus seulement.
  2. Les recherches psychométriques et les études de validation doivent être menées d'une manière scientifiquement acceptable. Même si les échantillons utilisés sont petits, les conclusions tirées de recherches restreintes sont préférables à celles basées sur des généralisations découlant de recherches portant uniquement sur des hommes. On commet trop souvent l'erreur d'offrir aux délinquantes des programmes conçus pour les hommes et de demander aux prestataires des programmes « d'adapter » les programmes et instruments aux délinquantes, en se basant sur leurs impressions et sur les commentaires des participantes. Bien qu'entre deux maux il faille choisir le moindre lorsque les ressources sont restreintes et que les délinquantes ont grandement besoin de programmes, il s'agit néanmoins d'une mauvaise pratique sur les plans éthique et scientifique, qui ne devrait pas être considérée comme acceptable en ce qui concerne les traitements ou les évaluations psychologiques. Les instruments psychologiques ou les mesures des résultats de traitement élaborés pour des populations du sexe masculin peuvent être utilisés, examinés et présentés globalement, et doivent sans doute l'être, dans un effort de validation, à condition qu'on ne s'en serve, pour produire des rapports psychologiques individuels, qu'après que leur validité ait été prouvée.
  3. Les instruments dont la validité pour déterminer les besoins des délinquantes a été partiellement démontrée doivent être utilises et interprétés dans le contexte du vécu de la délinquante, compte tenu du fait que les facteurs criminogènes qui influent sur le comportement criminel des femmes n'ont pas encore été clairement déterminés. En effet, un volume considérable de recherches a permis de mettre en évidence les facteurs les plus pertinents en ce qui concerne le comportement criminel et la récidive chez les délinquants, mais ce n'est pas le cas pour les délinquantes. Ainsi, si une échelle des attitudes ou du mode de vie criminels se révèle également valable pour les délinquantes et les délinquants, elle peut constituer un des tests utiles d'une batterie de tests d'évaluation, mais il faudrait également tenir compte des autres facteurs propres aux femmes, dont il a été question dans la littérature non psychologique sur les délinquantes, comme le stress que connaissent les femmes chefs de famille monoparentale vivant dans la pauvreté (Baunach, 1985; Wine, 1992), et qui sont susceptibles d'influer sur le comportement criminel, les recommandations en matière de mise en liberté et la récidive. Étant donné que ces facteurs n'ont pas fait l'objet de recherches et d'évaluation pour les délinquants, il faudrait faire des recherches sur le large éventail des facteurs éventuels (y compris les facteurs propres aux femmes) et en tenir compte dans les évaluations psychologiques.
  4. L'évaluation et l'interprétation des facteurs de risque dont le rôle dans le comportement criminel tant des hommes que des femmes est reconnu, comme un entourage antisocial ou des attitudes antisociales chez les jeunes délinquants des deux sexes (voir Simourd et Andrews, 1994) ou la toxicomanie (Lightfoot et Lambert, 1991), doivent reposer sur la connaissance des différences entre les deux sexes pour ce qui est de ce facteur de risque. Des faits semblent prouver que la fréquence des problèmes d'alcoolisme et de toxicomanie et leur rôle dans le comportement criminel sont les mêmes pour les délinquants et pour les délinquantes (Lightfoot et Lambert, 1991), tandis que d'autres semblent faire état de taux de fréquence diffèrents selon le sexe (Loucks et Zamble, 1994). Quant à la toxicomanie en général, nous savons, par exemple, que les femmes sont beaucoup plus susceptibles de devenir toxicomanes si elles ont été victimes d'abus sexuels dans l'enfance et qu'elles sont plus portées à cacher leur accoutumance, à boire ou à consommer des drogues lorsqu' elles sont seules et non dans un contexte social, et à consommer ces substances pour atténuer les effets de la violence conjugale ou les effets d'une stratégie de survie à laquelle elles ont recours, par exemple, la prostitution (Reed, 1985, 1987). Il n'est donc pas étonnant que la nature des problèmes de toxicomanie et les besoins de traitement qu'ils créent chez les détenues diffèrent de ceux qu'on constate chez les détenus et ressemblent davantage à ceux des femmes en général (Blount, Danner et Vegas, 1991); Darke et McLean, 1991; Lightfoot et Lambert, 1991).

Application des résultats de recherches non psychologiques ou qualitatives ou les deux sur les détenues

Comme on l'a déjà dit, on a constaté un accroissement du volume des recherches sur les délinquantes, de nature générale et dans les domaines de la sociologie, de la criminologie, des services correctionnels ou du droit. Une bibliographie récente comprend 394 ouvrages portant sur les programmes et les services thérapeutiques offerts aux délinquantes (Kendall, 1993). Il est important d'utiliser ces renseignements sur les infractions commises par les femmes et sur les besoins des détenues pour éclairer la pratique de l'évaluation psychologique, d'autant plus que les recherches psychologiques dans ce domaine sont encore embryonnaires.

Ce n'est que depuis peu de temps qu'on a recours à des méthodes qualitatives aux fins des recherches sur les détenues, reflet de la manifestation de cette même tendance dans les milieux universitaires féministes et dans la recherche sur la psychologie des femmes menée dans le contexte général des sciences sociales. Bien qu'elles puissent être source de frustration pour les psychologues intervenant en milieu correctionnel, qui préfèrent se baser sur des recherches statistiques et empiriques dans leur pratique, ces méthodes ont néanmoins une valeur indéniable et peuvent contribuer à enrichir notre base de connaissances. Il existe des descriptions et des analyses utiles de ces méthodes, dont certaines portent sur des questions propres aux détenues (par exemple, Pollock, 1993; Kendall, 1993; Currie, 1986). Les psychologues qui interviennent auprès de ces dernières risquent de passer à côté d'une foule de renseignements précieux s'ils rejettent une littérature de plus en plus abondante pour la simple raison qu'elle n'est pas de nature empirique, conformément à la tradition dans le domaine de la psychologie. En outre, les méthodes qualitatives peuvent être utiles en soi et fort valables dans certains de nos domaines de recherche et de pratique, y compris pour certains aspects des méthodes d'évaluation psychologique. La Liste des aptitudes et des besoins (Scarth et McLean, 1994) constitue un exemple du recours à ces méthodes aux fins de l'évaluation psychologique des détenues.

Évaluation des facteurs liés à la violence familiale, aux mauvais traitements et à la victimisation intervenant dans les infractions commises par les femmes

Aussi décourageante que soit la pénurie de recherches sur l'évaluation psychologique et la prévision du risque chez les détenues, une base assez considérable de recherches et d'instruments d'évaluation se constitue, depuis une vingtaine d'années environ, dans les domaines de la psychologie des femmes, de la violence faite aux femmes, des effets de la victimisation, de la violence sexuelle et de la santé mentale, entre autres; ces travaux sont devenus de plus en plus poussés et informatifs pour le milieu correctionnel. Si le principe de base, en ce qui concerne les détenues, est qu'il est préférable d'utiliser les recherches (ou les instruments d'évaluation psychologique) s'appliquant aux femmes en général plutôt que les recherches sur les délinquants (Adelburg et Currie, 1987, Berzins et Cooper, 1982; Currie, 1986; Kendall, 1993, Groupe d'études sur les femmes purgeant une peine fédérale, 1990), il faut néanmoins s'interroger sur les aspects des recherches sur « les femmes en général » que les psychologues doivent explorer et utiliser. Les recherches (qualitatives et quantitatives) ont-elles mis en évidence des facteurs qui s'appliquent aux activités criminelles des femmes? La réponse est affirmative, comme l'indiquent les quelques exemples suivants.

i) Violence familiale
Un exemple assez connu est celui des recherches sur les séquelles psychologiques de la violence subie par les femmes battues et le lien entre ces séquelles et le nombre de ces femmes qui tuent leur conjoint (Browne, 1987; Dutton, 1992, Walker, 1989), y compris l'« incapacité acquise » et le modèle de déficience cognitive en matière de résolution de problèmes, mis au point par Walker (1989). Indépendamment des obstacles situationnels réels et éventuels, une des difficultés d'ordre psychologique qui découle de la violence est l'incapacité, pour la femme, d'envisager une solution autre que de recourir à son tour à la violence ou de se résigner à mourir. Bien qu'on puisse s'interroger sur le risque réel pour une femme battue de mourir sous l'effet des coups subis, la violence grave et les menaces peuvent convaincre la femme du caractère inéluctable de sa mort; Browne, 1987; Walker, 1989). Étant donné qu'un grand nombre de femmes qui purgent une peine d'emprisonnement à perpétuité ont commis leur infraction dans le contexte de la violence familiale, ces recherches devraient être mises à profit dans leur évaluation psychologique. Dutton (1992) propose des instruments qui peuvent être utilises auprès des femmes battues, y compris un instrument d'évaluation des aspects cognitifs tels que l'acceptation de la violence comme un sort auquel elles ne peuvent échapper. Idéalement, un rapport psychologique sur une délinquante victime de violence devrait tout d'abord fournir une information actuarielle sur les femmes condamnées pour homicide involontaire ou meurtre de leur conjoint; il devrait également renfermer une évaluation et des commentaires sur les caractéristiques pertinentes, comme la capacité d'envisager d'autres mécanismes de fuite et l'acceptation de la violence familiale, entre autres, en tant que questions éventuellement liées au risque et à la récidive.

L'ouvrage de Dutton (1992) est une bonne source pour l'évaluation psychologique des femmes battues. Le modèle qu'il propose relativement au contenu de l'évaluation, la méthode à employer et les questions à explorer s'applique tout à fait à un grand nombre de détenues, et il comprend des stratégies d'évaluation, un examen de l'incidence des méthodes d'évaluation, des données normatives et provenant de questionnaires, et un plan de rapport d'évaluation psychologique.

ii) Séquelles de l'exploitation sexuelle subie dans l'enfance
On peut également citer à titre d'exemple les séquelles psychologiques chez la femme qui a été victime d'abus sexuels dans l'enfance, et qui peuvent être à l'origine de différents comportements dysfonctionnels, y compris des comportements criminels éventuellement , même si le mécanisme sous jacent est mal compris. Bien qu'il soit démontré que la violence et l'abandon vécus dans l'enfance sont liés à des taux plus élevés de criminalité à l'âge adulte, tant pour les femmes que pour les hommes (Widom, 1989), il est clair qu'il n'y a pas de lien causal direct entre la violence sexuelle subie dans l'enfance et le comportement criminel ou la violence chez l'adulte, sinon la proportion de femmes qui ont des démêles avec la justice serait beaucoup plus élevée que la proportion d'hommes, alors que c'est exactement le contraire qui se produit. Il y a donc vraisemblablement des facteurs médiateurs qui interviennent, notamment le sexe. Cependant, le nombre de délinquantes sous responsabilité fédérale qui ont été victimes de violence sexuelle dans l'enfance est extrêmement élevé et il s'agit généralement d'inceste et d'actes de violence qui ont lieu pendant une période prolongée et qui ont été perpétrés par plusieurs adultes. En outre, le taux de revictimisation et de violence familiale grave est beaucoup plus élevé chez les délinquantes sous responsabilité fédérale que chez les femmes dans la collectivité en général (Heney, 1990, Lightfoot et Lambert, 1991; Loucks, 1995, Groupe d'étude sur les femmes purgeant une peine fédérale, 1990). Les femmes autochtones, qui sont surreprésentées dans la population carcérale et dont les taux de récidive sont plus élevés (Belcourt, Nouwens et Lefebvre, 1993), sont encore plus nombreuses que les femmes de race blanche à avoir été victimes de violence sexuelle dans l'enfance (Groupe d'étude sur les femmes purgeant une peine fédérale, 1991).

Il est important de tenir compte du risque que des délinquantes simulent d'avoir été victimes de violence ou dénaturent les circonstances entourant la violence (voir Rodgers, 1988), et d'obtenir la collaboration de tiers s'il est d'une importance capitale de confirmer la violence pour évaluer l'infraction commise par la délinquante. La plupart des délinquantes qui ont réellement été victimes de violence durant l'enfance ne tirent aucun avantage à le reconnaitre ouvertement, elles ont une piètre image d'elles-mêmes et se sentent jugées par les autres, et leurs commentaires peuvent éventuellement être corroborés par des tiers (Kluft, 1990). Le lien fait par la femme entre son vécu et son comportement criminel peut révéler la présence ou l'absence de la tendance à rationaliser et à reconnaitre la responsabilité de son infraction. Les femmes qui ont été victimes d'abus sexuels dans l'enfance tendent généralement à se blâmer pour les abus sexuels qu'elles ont subis, et en tant qu'adultes, elles ont davantage tendance à se blâmer d'une manière excessive. Cependant, cette tendance en soi ne confirme pas qu'elles ont été victimes d'abus sexuels puisque comme Fine (1990) le souligne, l'inceste entraîne des distorsions cognitives qui sont évidentes dans le processus de cognition à l'âge adulte, les victimes ayant tantôt une tendance excessive à se sentir responsables et tantôt à ne se sentir aucunement responsables, et à commettre des erreurs dans l'établissement des liens de cause à effet.

Dans le cas de nombreuses délinquantes sous responsabilité fédérale, ce sont les séquelles psychologiques et comportementales « non traitées » de cette violence, de même que la violence familiale subie a l'âge adulte, qui contribuent au comportement criminel, à la toxicomanie, aux problèmes d'adaptation durant l'incarcération, ainsi qu'aux facteurs de risque et aux besoins au moment de la mise en liberté (Groupe d'étude sur les femmes purgeant une peine fédérale, 1991; Darke et Mclean, 1990; Heney, 1990; Kendall, 1993; Lightfoot et Lambert, 1991; Travin, Cullen et Potter, 1990).

Comme on l'a mentionné précédemment, la violence et l'abandon subis dans l'enfance peuvent être des prédicteurs du comportement criminel à l'âge adulte (Widom, 1989). D'après les constatations récentes de Loucks (1995), il existerait des preuves solides de l'existence d'une corrélation entre la violence sexuelle et physique subie avant l'adolescence et les infractions générales et de violence commises par les femmes, mais une analyse de régression a éliminé une bonne part de la valeur prédictive de la violence subie dans l'enfance; la PCLR (Hare, 1991) semble avoir une plus grande valeur prédictive. De toute évidence, il faut poursuivre les recherches. Il faudra peut-être un certain temps avant qu'on comprenne bien le lien entre la gravité de la victimisation antérieure, la toxicomanie, les comportements à risque élevé comme la prostitution, la revictimisation à l'âge adulte et les facteurs connexes en ce qui concerne les délinquantes.

La littérature générale sur l'exploitation sexuelle subie par les femmes dans l'enfance révèle des séquelles communes à l'âge adulte qui ressortent très nettement lorsqu' on effectue des évaluations psychologiques de détenues. Une de ces séquelles est l'acceptation passive, par la femme, de l'exploitation sexuelle dans ses relations. Si elle ne fait pas l'objet d'une intervention, cette acceptation peut contribuer au risque de revictimisation à l'âge adulte et a une acceptation de la prostitution ou de l'exploitation sexuelle dans sa famille. La caractéristique qui distingue le plus les délinquantes sexuelles est le fait qu'elles sont infiniment moins nombreuses que les délinquants sexuels, 2% à 5% des délinquants sexuels étant des femmes (Atkinson, 1995a; Wakefield et Underwager, 1991). De plus, il est établi que leur vécu, les caractéristiques de leurs infractions comme le degré de violence utilise, et leur victimisation antérieure sont aussi marqués par des différences significatives selon le sexe (Atkinson, 1995a; Travin, Cullen et Protter, 1990; Wakefield et Underwager, 1991). Un grand nombre de délinquantes sexuelles ont souvent été victimes d'inceste, elles ont commis leurs infractions en jouant un rôle auxiliaire, dans lequel elles étaient soumises à un délinquant sexuel, et leur comportement témoigne de cette acceptation passive de la victimisation sexuelle au sein de leur famille ou à l'égard des enfants dont elles sont responsables. Un protocole d'évaluation, inspire des études pertinentes, a récemment été élaboré pour les délinquantes sexuelles (Atkinson, 1995a).

On peut donner une foule d'exemples cliniques pour montrer que les antécédents de violence sexuelle et de victimisation interviennent dans les infractions commises par les femmes. La femme qui a été victime de violence sexuelle grave peut avoir une peur chronique et très grande de l'agression sexuelle, ce qui peut l'amener à avoir une réaction violente lorsqu'un homme tente de la séduire ou de l'agresser sexuellement, à mal comprendre un danger et à toujours avoir sur elle un couteau ou une autre arme pour se protéger et pour atténuer son angoisse. Dans une situation où elle risque d'être agressée sexuellement et si, en plus, elle souffre d'un problème de toxicomanie, cette femme peut tuer, puis être reconnue coupable d'homicide involontaire. Encore une fois, il convient d'utiliser aux fins de l'évaluation psychologique d'une délinquante qui présente ce profil toutes les preuves actuarielles disponibles permettant de prévoir le risque de récidive, de même qu'une évaluation des problèmes de toxicomanie actuels, des craintes d'agression sexuelle et de la tendance à porter une arme pour apaiser ses craintes et calmer son angoisse.

Un faible pourcentage des délinquantes sous responsabilité fédérale n'ont pas été victimes de violence dans leur enfance. Mentionnons, par exemple, les femmes reconnues coupables de trafic international de drogue. La conclusion de Belcourt, Nouwens et Lefebvre (1990), selon laquelle on enregistre des taux de réincarcération moins élevés dans le cas des délinquantes sous responsabilité fédérale qui ont commis des infractions reliées aux drogues, peut refléter le risque de récidive moins élevé dans leur cas, conforme aux taux inferieurs enregistrés au titre de la violence subie ou de leurs besoins d'ordre psychologique, ou elle peut être en partie artificielle, puisqu'un grand nombre de ces femmes retournent dans leur pays d'origine et que les renseignements sur la récidive ne sont pas disponibles. On peut constater des différences chez les délinquantes sous responsabilité provinciale, condamnées pour une infraction reliée aux drogues, quant à la catégorie d'infraction et aux taux de récidive, puisque comme Coulson (1993) l'a souligné, on enregistre un taux de récidive élevé chez les héroïnomanes, en dépit des résultats faibles obtenus par ces dernières à l'INS.

Les délinquantes reconnues coupables de fraude sont un autre groupe de délinquantes sous responsabilité fédérale pour lesquelles on enregistre des taux inférieurs au titre de la violence et des abus sexuels subis dans l'enfance (Atkinson et McLean, 1994). Si on les compare aux autres délinquantes, ces femmes semblent être plus équilibrées, plus instruites, avoir moins de problèmes de toxicomanie, avoir un emploi et avoir une intelligence moyenne ou supérieure à la moyenne (Atkinson et McLean, 1994; Zietz, 1981). Même si les résultats qu'elles ont obtenus à l'INS sont faibles, Coulson (1993) a été étonné de constater des taux de récidive élevés. On a relevé certaines caractéristiques fondamentales chez ce groupe, notamment des résultats élevés au titre du contrôle parental et des résultats faibles au titre des éléments affection et amour de l'instrument d'évaluation du lien parental (Atkinson et Mclean, 1994). On effectue actuellement d'autres recherches sur ce groupe, notamment des comparaisons, selon le sexe, dans la tendance à rationaliser le comportement de fraudeur (Atkinson, 1995b).

Bien qu'il n'entre pas dans le cadre de ce chapitre de donner d'autres exemples et de passer en revue les études susceptibles de nous éclairer au sujet de l'évaluation des délinquantes, les recherches plus poussées sur les femmes en général et sur les effets de la violence familiale et des mauvais traitements subis dans l'enfance constituent une riche base de données qui peuvent être utilisées aux fins d'évaluation psychologique et d'intervention. En résume, l'évaluation psychologique des détenues doit être effectuée au moyen d'instruments et de méthodes conçus pour les femmes, comportant des normes applicables aux femmes et des données quant à leur validité en ce qui concerne cette population et dans des domaines considères comme pertinents d'après les études disponibles, compte tenu des infractions commises par les femmes. Enfin, les chercheurs doivent accorder plus d'attention aux questions qui sont pertinentes pour évaluer judicieusement les délinquantes.

Préjugés pouvant influer sur l'évaluation psychologique des délinquantes

La situation des détenues en tant que victimes et délinquantes à la fois, caractéristique plus courante et marquée que chez les délinquants, peut susciter une certaine confusion chez les psychologues qui commencent à travailler auprès de cette clientèle. Où donc se situent les limites de la responsabilité pénale? Dans bien des cas, la femme a un vécu marqué par la violence, ou a joué un rôle auxiliaire dans les infractions de violence sexuelle ou de vol qualifie commises par un conjoint violent ou a agi sous l'emprise de ce dernier, ou encore elle était battue par son conjoint, qui est devenu la victime de l'infraction qu'elle a commise. Il est d'une importance capitale de bien préciser le rôle des services psychologiques en ce qui concerne les facteurs que la presse à sensation cite souvent pour « excuser » un acte criminel commis par une femme. Ce rôle consiste à évaluer et à expliquer les facteurs qui ont amené les femmes à commettre des infractions et à aider ces dernières à y remédier. Le psychologue n'a pas à donner son avis sur la mesure dans laquelle les actes de la femme étaient compréhensibles compte tenu de sa victimisation antérieure, ce qui l'amènerait à porter un jugement moral. Un bon rapport psychologique se borne à expliquer comment les facteurs pertinents ont contribué à la perpétration de l'infraction, la situation actuelle en ce qui concerne ces facteurs et ceux sur lesquels il convient de se pencher davantage pour réduire le risque de récidive. Si l'on reprend l'exemple du cas d'homicide involontaire cité précédemment, il appartient à la femme de se faire traiter pour apaiser sa peur très vive d'agression sexuelle, d'éliminer le comportement qui y est lié, par exemple le fait de porter un couteau ou un autre objet aux fins d'autodéfense, et de réduire les risques situationnels qui dépendent de sa volonté, comme le fait de fréquenter des bars ou de poursuivre une relation avec un conjoint violent. Elle ne peut être tenue responsable d'un viol passe ou du risque d'agression sexuelle par les hommes de son milieu puisque ces facteurs ne dépendent pas de sa volonté en tant que victime ou victime éventuelle. Le « risque de revictimisation » constitue donc un élément complexe, quoique nécessaire, de l'examen du risque de récidive pour un grand nombre de délinquantes.

Afin d'évaluer dument les délinquantes, il faut éviter de commettre deux erreurs systématiques :
1) Souscrire à la tendance encore répandue dans notre société, qui consiste à blâmer la victime (« Elle devait être aguichante lorsqu' elle était adolescente », « Après tout, c'était une prostituée », ou « Pourquoi n'a-t-elle pas simplement quitte son agresseur? »)
et 2) souscrire à la tendance plus sympathique qui consiste à infantiliser la femme et à la considérer comme une victime passive incapable de changer ce qui la rend vulnérable et d'éliminer les éventuels facteurs de risque, et comme n'ayant aucune responsabilité a cet égard (voir Shaw, 1991). La première tendance ne se dégage peut-être pas de façon évidente d'un rapport psychologique mais on peut y souscrire par inadvertance si l'on n'examine pas les relations interpersonnelles et les circonstances entourant l'infraction et si l'évaluation ne porte que sur la psychopathologie de la délinquante et les résultats de ces tests.

Bien que les psychologues emploient les instruments psychométriques appropries et qu'ils aient une certaine connaissance pratique des questions se rattachant à la criminalité chez les femmes, il convient d'examiner un certain nombre de critiques qui ont été formulées à l'égard du rôle de la psychologie dans l'évaluation des délinquantes. Shaw (1991) a critiqué la notion voulant que la femme soit une victime sans défense comme étant contraire au but féministe, à savoir amener la détenue à se prendre en charge, et inacceptable pour les raisons déjà signalées.

En outre, de nombreux chercheurs et auteurs mettent en garde les psychologues et les autres personnes qui interviennent auprès des détenues contre la tendance à juger les détenues dans une optique « pathologique », c'est-à-dire comme des personnes déviantes, anormales ou des malades mentales parce que leur comportement a transgressé les normes quant aux rôles sexuels (Burnes, 1982; Carlen, 1983; Edwards, 1986; Walker, 1986). Il convient aussi de reconnaitre l'incidence beaucoup plus élevée de problèmes de santé mentale chez les détenues que les femmes en général ou chez les détenus, y compris l'incidence plus élevée de cas de dépression, de tentatives de suicide et d'automutilation (Brownstone et Swaminath, 1989; Daniel et al., 1988; Hurley et Dunne, 1991; Strick, 1989; Heney, 1990; Loucks et Zamble, 1994). Quelles que soient les forces sociales générales qui doivent être prises en considération et modifiées, les psychologues doivent, pour exercer leur rôle de façon responsable, reconnaitre que les facteurs sociaux exercent une influence sur l'individu, laquelle doit être évaluée et traitée pour chaque cas particulier.

Une autre question se pose, dans le même ordre d'idées, soit celle de savoir si les psychologues qui ont participé au traitement d'une délinquante devraient s'occuper de l'évaluation, à l'impartialité est importante. Compte tenu du nombre peu élevé de délinquantes et de la durée de leur séjour dans l'établissement (parfois le seul établissement, d'ailleurs), le risque d'évaluation partiale est beaucoup plus élevé que dans le cas des délinquants. C'est pourquoi il faut souvent rappeler, dans le cas de cette population, la ligne de conduite n° 15 (voir les Lignes de conduite, à la page 6 de ce guide), qui stipule que « ...les psychologues, s'ils ont entrepris une intervention auprès d'un délinquant, ils évaluent leur capacité de fournir une évaluation objective du risque et, au besoin, ils demandent à un psychologue indépendant de l'évaluer ou de revoir le compte rendu du traitement ».

Mise en garde au sujet de l'évaluation et des compétences parentales

Comme les deux tiers des détenues ont des enfants que la plupart élèvent seules, elles ont beaucoup plus souvent que les délinquants des problèmes de garde d'enfants et de droit de visite et il est plus probable également que leurs enfants aient été pris en charge, surtout au moment de leur arrestation ou de l'imposition de leur peine (Baunach, 1985; Wine, 1992). Ce facteur constitue souvent le principal obstacle à leur adaptation à la vie carcérale, et est à l'origine d'un problème de réadaptation auquel leurs enfants et elles feront face après la mise en liberté. Il arrive parfois qu'on invoque par inadvertance un rapport psychologique devant le tribunal pour obtenir la garde d'un enfant ou des droits de visite.

Manifestement, le psychologue intervenant en milieu correctionnel ne peut formuler des observations à titre d'expert sur les compétences parentales de la délinquante ou sur le risque qu'elle représente pour ses enfants. Le psychologue ne doit faire aucune déclaration concernant les compétences parentales d'une délinquante et il doit refuser d'accéder à toute demande en ce sens faite par la délinquante, un avocat ou un organisme de l'extérieur. Si l'infraction perpétrée a causé du tort à un enfant, la Commission nationale des libérations conditionnelles peut demander au psychologue de formuler des observations sur le risque de récidive, y compris le risque que la délinquante cause un nouveau tort à un enfant dont elle a la garde. En pareil cas, le psychologue, dans son rapport, doit non seulement évaluer le risque de façon aussi exacte que possible, mais préciser le but du rapport et souligner que celui-ci ne peut être invoqué dans une procédure devant le tribunal de la famille ou en matière de garde ou de droit de visite comme constituant une évaluation en bonne et due forme des compétences parentales de l'intéressée. Il est prudent d'inclure une réserve en ce sens dans les évaluations concernant des femmes qui ont eu affaire, ou qui sont susceptibles d'avoir affaire, à la Société de protection de l'enfance ou qui s'attendent à avoir des problèmes en matière de garde ou de droit de visite.

Certains problèmes dynamiques liés au processus d'évaluation

Certains problèmes dynamiques peuvent se présenter lors de l'évaluation psychologique des délinquantes. Si le psychologue se présente comme un « expert » exerçant un certain ascendant sur les femmes, les questions de confiance et de pouvoir deviennent primordiales. En l'occurrence, les conditions de l'évaluation peuvent reproduire la dynamique de l'exploitation dont la délinquante a été victime dans son enfance et à l'âge adulte et qui sont vraisemblablement à l'origine de ses problèmes, celle-ci se voyant contrainte de participer à l'évaluation, et éprouvant un sentiment d'impuissance et de perte de contrôle sur sa vie et son avenir. Cette situation est encore plus susceptible de se présenter dans le cas des évaluations destinées à la Commission nationale des libérations conditionnelles. Elle risque fort de susciter un sentiment d'hostilité et des réactions extrêmement négatives. Cette approche risque donc de ne pas produire de résultats valables; elle peut même nuire à l'adaptation de la délinquante et à son comportement au cours du processus d'évaluation.

On peut avoir recours à certaines stratégies pour réduire ou éviter ces écueils, par exemple en examinant les points forts aussi bien que les points faibles de la délinquante et le risque qu'elle présente et en conceptualisant la façon dont celle-ci a adopté un comportement dysfonctionnel comme stratégie d'adaptation (voir, par exemple, Heney, 1991).

Comme le signalent Scarth et McLean (1994), il y a aussi de nombreux avantages à reproduire textuelle ment, dans le rapport, les propos de la délinquante ou ses réponses aux questions posées. Il est également recommandé de veiller à ce que l'évaluation traite des liens qui existent entre les facteurs d'ordre social, racial, culturel, économique, familial, relationnel et le vécu de la délinquante. Il est aussi conseillé de permettre, entre autres, a cette dernière d'exercer un plus grand contrôle sur la divulgation de renseignements personnels (comme les détails au sujet de la violence sexuelle) qu'elle a subie, dans la mesure où ces renseignements ne concernent pas le niveau de risque qu'elle présente. Même si la délinquante ne partage pas l'avis du psychologue, on peut lui donner la possibilité de présenter sa perception de son passe et de sa réalité actuelle, quitte à apporter des modifications qui ne changent en rien le sens du rapport et ne portent pas atteinte à son intégrité. Dans la plupart des cas, la délinquante est peu disposée à divulguer qu'elle a été victime de violence sexuelle, surtout de la part d'un membre de la famille, et les effets de cette violence sur elle. On peut présenter les faits de façon à ne pas mettre la délinquante dans l'embarras sans toutefois compromettre l'intégrité de l'évaluation du clinicien tout en incluant les renseignements nécessaires pour appuyer les conclusions de ce dernier. On peut obtenir une plus grande coopération, favoriser une divulgation franche et assurer la validité des constatations en expliquant cette façon de procéder avant de présenter les résultats de l'évaluation.

Une autre raison justifie que l'on procède avec prudence lorsqu'il est question de la divulgation de la violence subie dans le passé. Souvent, la femme appelée à divulguer une expérience traumatisante ou à en discuter peut être en proie à des réactions psychologiques telles que la peur, des souvenirs bouleversants et des cauchemars. Dutton (1992) propose des façons de procéder pour gérer ces réactions. Pour de nombreuses femmes reconnues coupables d'une infraction avec violence, le fait d'en discuter peut être une expérience bouleversante et traumatisante, particulièrement au début de leur peine. Même le simple fait de révéler qu'elle a été exploitée sexuellement par son père ou violée par son conjoint peut être pénible pour la délinquante, si l'agresseur a eu largement recours à des menaces et à la violence pour la museler et que c'est la première fois qu'elle discute de ce sujet. Après avoir dévoilé les actes dont elles ont été victimes, certaines femmes ressentent à nouveau la crainte d'une mort imminente ou encore, des tendances suicidaires ou d'automutilation.

Il faudrait souligner que, pour un grand nombre de femmes, le fait de discuter de leur vécu ou de leurs infractions ne provoque pas ces réactions négatives. Le degré de détresse psychologique manifesté, bien qu'il soit pertinent eu égard à l'adaptation au milieu carcéral, n'est pas nécessairement pertinent lorsqu'il s'agit de déterminer dans quelle mesure la délinquante reconnait et traite les facteurs criminogènes qui dépendent effectivement de sa volonté. Le psychologue qui effectue une évaluation (ou des recherches) dans ce domaine doit bien connaitre la question de la divulgation de la violence subie, respecter la décision de la femme de reporter l'évaluation si elle n'a pas retrouvé un certain équilibre psychologique ou si elle n'est pas suffisamment soutenue et pouvoir fournir à la cliente des services d'intervention d'urgence ou la diriger vers ces services. C'est là une autre raison pour laquelle celle-ci doit exercer un plus grand contrôle sur les éléments qui dépendent d'elle, surtout certains renseignements particuliers sur l'exploitation sexuelle dont elle a été victime.

Résumé

Lorsqu'on effectue l'évaluation psychologique d'une détenue, il faut se conformer à toutes les lignes directrices et normes professionnelles régissant les évaluations en général, tout en demeurant bien conscient des différences très marquées entre cette population et celle des délinquants. Dans ce chapitre, on a examiné certaines des questions les plus évidentes qui influent tant sur le contenu que sur le processus même de l'évaluation, en énonçant les règles à respecter pour « les emprunts » éventuels aux études axées sur les hommes. Même si les recherches psychologiques axées sur les délinquantes sont peu nombreuses, le clinicien dispose d'une abondante littérature sur des questions connexes, dont il peut dégager l'approche à adopter sur les plans éthique et professionnel en ce qui a trait à l'évaluation et au traitement des délinquantes et aux recherches à mener à leur sujet. Les cliniciens qui effectuent des évaluations psychologiques doivent être conscients de l'importance de grouper leurs résultats, même si les échantillons sont de taille restreinte, dans ce domaine où l'on publie si peu de données. Par ailleurs, les décideurs et les chercheurs doivent garder à l'esprit que les délinquantes méritent leur juste part de leur attention, d'autant plus qu'ils ont un retard à rattraper en ce qui concerne cette population à laquelle on « n'a pensé qu'après coup » (Ross et Fabiano, 1985). Si seulement 2% du budget fédéral et 7% des budgets provinciaux réservés à la recherche étaient consacrés aux délinquantes (ces pourcentages correspondant à ceux des délinquantes), nous pourrions faire des progrès remarquables tant en ce qui concerne nos connaissances que pour ce qui est de notre capacité d'effectuer des évaluations psychologiques judicieuses.

Chapitre 5 Annexe

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