Psychologie Médico-Légale Partie 4 : Chapitre 7 : Évaluation des délinquants
Évaluation des délinquants
Chapitre 7
Évaluation et prévision du comportement violent chez les délinquants
Ralph C. Serin, docteur en psychologie cliniqueFootnote 1
Introduction
L'étude documentaire que voici vise à faciliter l'élaboration de « pratiques optimales »ou de normes de soins à l'intention des cliniciens chargés de l'évaluation psychologique des délinquants. Non seulement ces normes serviront-elles de lignes de conduite aux cliniciens, mais elles pourront aussi les prémunir contre les critiques mettant en cause leur compétence, en cas d'échec. Ce chapitre n'est cependant qu'une version préliminaire, qui sera sans doute remaniée en profondeur à la lumière des commentaires du personnel du Service correctionnel du Canada (SCC) et d'examinateurs indépendants. Il s'agit avant tout d'amorcer un dialogue qui conduira à la réalisation d'un document définitif à la fois accepté et acceptable. Ce chapitre n'est pas expressément conçu aux fins de la formation du personnel, mais il pourrait très bien servir de canevas à un examen plus approfondi de certaines questions importantes liées à l'évaluation du risque. Plus particulièrement axé sur l'évaluation et la prédiction de la dangerosité, ce chapitre aborde aussi brièvement les stratégies d'intervention. On n'y traite pas spécifiquement de l'étiologie du comportement violent, mais on souligne l'importance des modèles théoriques (Grisso, 1987).
Plusieurs stratégies peuvent servir à l'élaboration de lignes de conduite à l'intention des cliniciens. La première consiste à examiner attentivement la littérature sur le sujet pour cerner les prédicteurs les plus fiables du comportement violent et pour les intégrer à un protocole d'évaluation normalisé.
Une deuxième stratégie consiste à présenter aux cliniciens la liste exhaustive des corrélats du comportement violent chez les délinquants, puis à s'en remettre à leur jugement pour déterminer la pertinence de ces variables dans le cas de chaque délinquant. Il convient de souligner que l'utilité du jugement clinique est contestée par certains (Quinsey et Maguire, 1986). Au mieux, cette stratégie risque d'aboutir à une surestimation des risques de violence et a un taux élevé de faux positifs en raison d'un trop grand poids attribué aux renseignements sur les infractions (Menzies, Webster et Butler, 1981). On considère pourtant que les infractions antérieures accompagnées de violence ne sont pas des prédicteurs fiables de la récidive violente (Holland, Holt et Beckett, 1982).
Une troisième stratégie consiste à soumettre aux cliniciens une vue d'ensemble des problèmes et des approches présentés dans la littérature pour les informer tout en leur permettant d'exercer leur jugement professionnel d'une façon claire et articulée. Il s'agit essentiellement de définir, à partir d'éléments d'information et de points de décision pertinents, des normes minimales présentées sous la forme d'un modèle ou d'une démarche heuristique. Le présent chapitre s'inspire de cette dernière stratégie tout en mettant en relief les prédicteurs clés qui ressortent de l'étude documentaire et en signalent les écueils à éviter.
Pour des raisons de concision, j'ai dû me contenter d'effleurer certaines questions pour l'instant, et j'espère que cela n'aura pas pour effet d'obscurcir mon propos. Après avoir résumé la littérature sur le sujet pour expliquer l'orientation prise quant à l'élaboration des lignes de conduite à l'intention des cliniciens, on présente une analyse des principaux enjeux, suivi d'une brève récapitulation. Enfin, des annexes décrivant des modèles ou approches utilises ailleurs figurent à la fin du chapitre.
Définition de la violence
Avant d'aller plus loin, il importe de définir certains termes. La dangerosité, le comportement violent et la violence sont des concepts distincts (Mulvey et Lidz, 1984) qui ont parfois des ramifications socio politiques, d'où le manque de clarté possible quant à l'objet des prévisions. La dangerosité est définie, ici, comme le risque d'adopter un comportement constituant un danger pour autrui (Monahan, 1988), ce qui écarte d'emblée la question du suicide.
Une plus grande précision pourrait donner une meilleure idée de la nature de l'acte dangereux et des circonstances qui poussent une personne à adopter un tel comportement (Blackburn, 1993a).
Par ailleurs, une meilleure définition des résultats améliore la prévision du risque, les variables servant à prédire la violence en milieu carcéral étant différentes de celles qui servent a prédire la violence postlibératoire (Blackburn, 1993a; Monahan, 1988).
L'évaluation devrait englober non seulement la collecte d'information, mais aussi permettre d'estimer la probabilité d'un passage à l'acte futur (Simon, 1990). L'évaluation est donc la façon de mesurer le risque, tandis que la prévision s'applique aux facteurs précis qui laissent présager un comportement violent. Une évaluation adéquate est, par conséquent, essentielle à une gestion judicieuse des risques (Quinsey et Walker, 1992).
D'après les auteurs de certains articles, les professionnels de la santé mentale ne possèderaient pas les connaissances spécialisées requises pour l'évaluation et la prévision de la dangerosité (Ennis et Litwack, 1980). D'autres font valoir, arguments convaincants à l'appui, que cette assertion n'est ni entièrement vraie ni socialement responsable (Blackburn, 1993a; Megargee, 1976). Ce sont surtout les travaux de Monahan (1981, 1984, 1988) qui ont permis de replacer dans leur contexte les limites de l'évaluation et de la prévision cliniques et statistiques.
Pour résumer, disons que l'on ne s'entend toujours pas sur la définition de la violence ou de la dangerosité. Il importe donc que les cliniciens sachent clairement à quelle question ils doivent répondre et quels comportements ils doivent prévoir. Ils ont aussi intérêt à indiquer la période visée par leurs prédictions ainsi que les variables contextuelles (personne x environnement) qui peuvent jouer.
En fixant ainsi les limites de leur évaluation, ils pourront éviter d'induire les autorités décisionnelles en erreur.
Conclusions des études sur l'évaluation du risque de récidive
Voici les conclusions qui font l'unanimité parmi les chercheurs dans ce domaine:
- Malgré certains chevauchements (âge, PCLR), les facteurs servant à prévoir (ou à prévoir à posteriori ) la récidive violente ne sont pas les mêmes que ceux qui permettent de prévoir la récidive en général (Nuffield, 1982).
- Il n'y a pas toujours de corrélation entre les troubles mentaux et la récidive, mais la présence d'un trouble mental peut constituer un facteur important à considérer dans la gestion du risque (mesure dans laquelle le délinquant se conforme et répond au traitement médicamenteux, par exemple) (Monahan et Steadman, 1994). Les symptômes psychotiques aigus semblent avoir une plus grande validité prédictive qu'un diagnostic de schizophrénie pose à un moment ou l'autre de la vie du sujet (Link et Stueve, 1994). Un tel diagnostic peut, au contraire, être un facteur de réduction du risque (Harris, Rice et Quinsey, 1993).
- Les résultats des études sur la dangerosité des malades psychiatriques en général ne seraient guère applicables aux délinquants atteints de troubles mentaux.
- Les estimations cliniques et actuarielles de la dangerosité sont toutes deux importantes, mais on ne s'entend pas sur leurs forces relatives (Blackburn, 1993a) ni sur les façons de les combiner. Les publications sur le sujet ne confirment pas la validité prédictive du jugement clinique.
- Les études des résultats qui reposent uniquement sur les statistiques de récidive officielles sont généralement considérées comme restrictives et comme des sous-évaluations (Hall, 1987; Monahan, 1988; Williams et Gold, 1972). En effet, les relevés officiels concernent les pires délinquants et ne présentent qu'une autoévaluation du délinquant dans les cas les moins graves (Blackburn, 1993).
- Les modèles statistiques établis pour une population donnée doivent prévoir une répétition dans la population cible et tenir compte des disparités démographiques. Les modèles conçus pour des non autochtones ne s'appliquent pas nécessairement aux autochtones. Les coefficients de pondération utilisés pour les délinquants masculins ne pourront vraisemblablement pas s'appliquer aux délinquantes.
- Il importe de faire la distinction entre les taux de référence se rapportant à la récidive violente et à la récidive en général (Quinsey, 1980), surtout en ce qui concerne certaines catégories de délinquants (délinquants sexuels, meurtriers, ou auteurs d'infractions contre les biens, par exemple).
- En appliquant des taux de référence collectifs (données nomothétiques) à des cas particuliers (données idiographiques), on peut faciliter l'évaluation du risque et améliorer les stratégies de gestion du risque. Cela permet d'obtenir des « points d'ancrage ».
- Malgré l'amélioration récente des modèles actuariels (Harris, Rice et Quinsey, 1993; Nuffield, 1982; Serin, sous presse), il semble évident que des efforts devront être consentis dans le domaine de l'analyse appliquée, comportementale et fonctionnelle (Blackburn, 1993a), des variables intrapersonnelles (variables de disposition) et des variables de situation, si l'on veut rendre possible l'exercice d'un jugement éclairé (Mulvey et Udz, 1984; Pollock, McBain et Webster, 1989). Selon toute vraisemblance, l'application superficielle d'un modèle statistique quel qu'il soit (Information statistique générale sur la récidive, par exemple) ne serait pas conforme aux règles de l'art.
- Les modèles statistiques ou actuariels ont une capacité limitée de prévision des comportements violents chez les délinquants (Blackburn, l 993a). On a récemment élaboré des modèles intégrant des facteurs théoriques (PCL-R, données phallométriques) qui pourraient fournir de l'information utile pour l'évaluation et l'intervention (l'Inventaire du niveau de supervision [Andrews, 1982], par exemple), en tenant compte des besoins du délinquant et de son aptitude à répondre au traitement.
- La psychopathie, telle que mesurée au moyen de la Psychopathy Checklist - Revised - questionnaire révisé d'évaluation de la psychopathie (PCL-R, Hare, 1991), est un prédicteur fiable du comportement violent chez des échantillons de délinquants et de malades mentaux, dans les cas de récidive sexuelle ou non sexuelle.
- Les variables distales (Moffit, 1993) et proximales (Pithers, 1990) devraient être prises en considération, car elles ont un rapport avec le risque de violence ou la gestion du risque. Les variables proximales sont associées aux délinquants sexuels, mais elles devraient aussi être appliquées aux autres délinquants.
- Les résultats des tests psychométriques sont d'une validité prédictive limitée. L'échelle de socialisation du CPI (Inventaire caractérologique de l'Université de Californie) semble plus utile que les échelles cliniques conventionnelles de l'Inventaire multiphasique de la personnalité du Minnesota (MMPI) (Gendreau, Grant, Leipciger et Collins, 1979; Gough, Wenk et Rozynko, 1965). Les techniques projectives, qui avait été délaissées, ont été récemment appliquées à la psychopathie (Gacono et Meloy, 1994), mais leur validité prédictive n'est pas encore établie.
- Les prévisions à court terme sont plus exactes que les prédictions à long terme (Monahan, 1984), mais un suivi prolongé donne des résultats plus stables. Ce phénomène peut s'expliquer par le fait que les délinquants à risque élevé récidivent plus rapidement (Serin, sous presse), d'où l'importance de prédictions visant toute la période de la mise en liberté et d'une réévaluation du sujet après sa libération.
Examen de questions fondamentales
i) Évaluation du risque fondée sur le groupe ou l'individu
Les taux de référence sont associés à des groupes ou à des méthodes nomothétiques. Ils indiquent la fréquence de la récidive violente dans une population en particulier. Plus le taux de référence de la récidive violente est faible, plus la probabilité de faux positifs est grande (c'est-à-dire la probabilité d'une réussite alors qu'un échec avait été prévu) (Quinsey, 1980).
Les méthodes statistiques ou actuarielles permettent d'obtenir une estimation des risques pour différentes catégories de délinquants, mais l'échantillonnage rend difficile la généralisation des résultats. Harris et ses collaborateurs (sous presse) proposent que les estimations actuarielles du risque servent de « points d'ancrage » pour évaluer le risque de récidive violente d'une catégorie de délinquants ayant des caractéristiques similaires (comme le reflète le modèle statistique). Pour les délinquants qui présentent peu de risques de récidive, on constate une faible proportion de faux négatifs incorrectement identifies (c'est-à-dire la probabilité d'échec alors qu'une réussite avait été prévue), tandis que pour les délinquants à risque élevé, on remarque une faible proportion de faux positifs (c'est-à-dire la probabilité de réussite alors qu'un échec avait été prévu). Une valeur limite ou un point de décision devra, cependant, contrebalancer ces types d'erreur. Les délinquants à risque modéré, qui forment la plus grande partie de la population carcérale, sont plus difficiles à évaluer avec précision. L'approche idiographique, fondée sur des facteurs cliniques, est donc essentielle à un cadre général de prise de décisions. Cette approche individualisée permet également au décideur de mieux comprendre pourquoi le clinicien a attribué à un cas particulier un niveau de risque plutôt qu'un autre. Quinsey et Walker (1992) abondent dans le même sens dans leurs commentaires sur la gestion du risque, soit la façon de contenir adéquatement le risque que pose un délinquant. Le niveau de risque détermine donc les stratégies d'intervention ou les programmes de traitement (Shapiro, 1990; Simon, 1990).
Les cliniciens qui ne connaissent pas les catégories de délinquants et les taux de référence s'y rapportant, ou qui en font abstraction, auront vraisemblablement du mal à respecter les normes relatives à l'évaluation de la dangerosité. La façon d'intégrer l'information clinique mérite également un examen approfondi.
ii) Prévision actuarielle et prévision clinique
Les méthodes actuarielles prévoient la sélection de variables prédictives d'après leurs relations avec une variable cible donnée. Les variables sont pondérées afin de maximiser leur capacité de prévoir adéquatement les échecs et les réussites. Depuis les travaux de Meehl (1957), les auteurs s'entendent sur la supériorité des modèles statistiques. On s'oppose cependant à leur utilisation pour des raisons tant de principe que d'ordre pratique. En effet, à beaucoup d'endroits, on ne dispose pas de modèles statistiques viables. Ce n'est pas le cas du Service correctionnel du Canada, ou le système d'Information statistique générale sur la récidive (ISGR, Nuffield, 1982) est intégré à la gestion des cas, quoique le personnel semble mal renseigné sur son origine et sur ses applications.
Néanmoins, l'ISGR ne s'est pas avéré un prédicteur valable de la récidive violente. Nuffield (1982) décrit un modèle actuariel de la récidive violente d'une certaine efficacité. Le Department of Corrections du Michigan a, pour sa part, élaboré une échelle décisionnelle pour la classification des risques de récidive violente (Murphy, 1982).
Les conclusions de Harris et de ses collaborateurs (1993) sont très encourageantes. Leur modèle actuariel est conforme aux règles de l'art et permet de faire des prévisions considérablement supérieures au hasard fondées sur des données historiques et cliniques pondérées (PCL-R, évaluations phallométriques de délinquants sexuels). Si Harris et al. (1993) préconisent vivement l'adoption d'un modèle actuariel, il n'en demeure pas moins que le recours exclusif à cette méthode a ses limites (Serin et Barbaree, 1993; Simon, 1990). En outre, le modèle de Harris et al. (1993) exige une répétition dans une population composée uniquement de délinquants. Étant donné la prévalence des troubles mentaux dans leur échantillon, l'utilisation exclusive des résultats de la PCL-R figurant au dossier du délinquant et la nature rétrospective de leurs travaux, les valeurs de pondération de ce modèle devraient sans doute être substantiellement corrigées avant d'être appliquées dans les établissements correctionnels du Canada. Il n'est d'ailleurs pas établi que leurs variables sont indépendantes, et que cela est préférable pour un modèle actuariel. En dépit de ces mises en garde, nous estimons que leur méthodologie pourrait s'appliquer à l'étude prospective d'un échantillon de détenus et qu'on devrait y incorporer, idéalement, certaines variables théoriques.
Comme les études rétrospectives se limitent souvent à l'examen d'antécédents et de variables démographiques, elles ne tiennent pas compte de la contribution possible de variables corrélatives théoriquement dérivées. Il est injustifiable d'ignorer des valeurs corrélatives reliées à des antécédents comme l'âge effectif, l'âge au moment des premières activités criminelles, les infractions antérieures accompagnées de violence et la toxicomanie.
Des commentaires sur la façon dont l'information est incorporée dans l'évaluation faciliteraient de beaucoup la compréhension du processus. Au lieu de prendre des décisions binaires (c'est-à-dire, la présence ou l'absence d'une variable équivaut à un niveau de risque), il est parfois préférable d'élaborer un modèle directionnel.
La dichotomie empathie-insensibilité illustre bien ce point. Une grande empathie peut être considérée comme un facteur atténuant (+), l'indifférence comme n'ayant aucun effet (O) et l'insensibilité comme un facteur de risque (-). Cette idée nécessite bien sûr une certaine réflexion, mais elle en vaut la peine.
Quelle que soit la façon d'évaluer le risque, la façon de le classer ne fait pas l'unanimité. On se demande, par exemple, quel est le taux de référence pour les délinquants à faible risque? Combien de catégories de risques sont justifiées et fiables? Est-ce que les pourcentages laissent supposer un degré de précision dans les prévisions que les données ne justifient pas? L'information clinique, telle que la réponse aux traitements offerts en milieu carcéral, a-t-elle une incidence sur l'évaluation du risque? Enfin, il faut tracer des lignes de conduite pour que les estimations actuarielles révisées du risque (p. ex., les points d'ancrage) ne subissent pas les mêmes critiques que le jugement clinique.
L'utilisation exclusive de facteurs cliniques n'est pas recommandée. Cette approche n'est d'ailleurs pas conforme à la norme selon laquelle les estimations actuarielles sont des « points d'ancrage » valables. Cependant, les estimations actuarielles de la récidive générale ne sont pas des prédicteurs valables du comportement violent.
iii) Évaluation et prévision
Pour se conformer aux normes établies (Shapiro, 1990; Simon, 1990), les cliniciens doivent montrer qu'ils connaissent les variables corrélatives de la violence propres au milieu où ils exercent. Plusieurs modèles ou aide-mémoire dressent la liste des facteurs à considérer, mais ils n'indiquent habituellement pas comment incorporer cette information. Les cliniciens doivent également montrer qu'ils ont tenu compte de variables corrélatives pertinentes et qu'ils les ont intégrées dans leur évaluation en fonction des particularités de chaque cas. On trouvera, en annexe, des exemples de Hall (1987), Marra, Konzelman et Giles (1987); Meloy (1987); Simon (1990); et Webster (1987; 1992). Webster et Eaves (1993) ont été les premiers à officiellement intégrer la psychopathie à un système d'évaluation de la dangerosité. Ils ont élaboré des critères de cotation, mais leur système, jusqu' à maintenant théorique, ne s'accompagne pas de données justifiant les différents coefficients de pondération appliqués aux facteurs historiques et cliniques ainsi qu'à certains facteurs liés à la gestion des risques.
L'évaluation doit nécessairement comporter la collecte de données détaillées sur les antécédents du délinquant et tenir compte des évaluations antérieures de sa santé mentale (Beck, 1990). Aux États-Unis, le non-respect de cette exigence est souvent invoqué pour justifier la condamnation de cliniciens poursuivis au civil (Beck, 1990) dans des affaires qui ne concernent toutefois pas des délinquants. Il en va de même pour l'évaluation des risques de suicide (Jobes et Berman, 1993). Il apparait essentiel, aussi, de veiller à ce que les dires des délinquants soient corroborés, lorsque c'est possible. L'évaluation doit en outre comprendre de l'information sur l'identité de la ou des victimes potentielles, sur les motifs possibles d'un passage à l'acte et sur l'accès du délinquant à une arme (Beck, 1990).
Vu la nature rétrospective de nombreuses études des résultats, l'élaboration d'un relevé standard des antécédents cliniques permettrait de fournir aux auteurs d'études prospectives sur la récidive violente et aux auteurs de recherches typologiques sur la répartition des délinquants en groupes homogènes, de l'information concernant les résultats, les besoins des délinquants et leur réponse au traitement. Les cliniciens pourront tirer des données pertinentes de cette étude, mais ils devraient quand même recueillir par eux-mêmes tout autre renseignement qu'ils jugent pertinent. Blackburn (1993a) a souligné que l'information clinique pourrait être recueillie et intégrée, à titre de prédicteur, dans un modèle statistique. Cette idée mérite d'être approfondie.
Quant à la prévision clinique, Quinsey et Abtman (1979) démontrent que les psychiatres ne contribuent pas beaucoup au processus, comparativement aux non-spécialistes. Le coefficient d'objectivité quant à la probabilité du risque de violence pour des cas particuliers est généralement faible (Quinsey et Abtman, 1979; Sepejak, Webster et Menzies, 1984). L'information sur les infractions et les actes antérieurs de violence est fortement pondérée (Menzies, Webster et Butler, 1981;Werner, Rose et Yesavage, 1983), mais entraine une surestimation du risque de récidive. Au Service correctionnel du Canada, cette conclusion ne surprend sûrement pas, étant donne la disparité entre les taux de prévalence des condamnations pour infractions violentes (qui peuvent aller jusqu' à 60 %, selon la définition de la violence) et les taux de récidive violente (de 10 à 19 %, Hann et Harman, 1992).
Les cliniciens doivent montrer comment ils sont arrivés à leur estimation du risque. À cette fin, ils doivent faire un relevé complet des antécédents du délinquant, en mettant en évidence les principaux facteurs susceptibles d'aggraver ou de réduire le risque de récidive violente. Dans la mesure du possible, il est préférable d'utiliser la formulation conditionnelle («si...alors»).
iv) Évaluation psychométrique
Il n'y a qu'une faible corrélation entre les résultats des tests psychologiques traditionnels et la récidive violente (Blackburn, 1993a). En combinant diverses échelles cliniques avec d'autres sources d'information, on obtient une certaine amélioration (Heilbrun et Heilbrun, 1985), mais les résultats restent décevants. Une étude sur la validité conceptuelle des mesures de la colère, de l'hostilité et de l'agression a donné des résultats peu encourageants. Serin et Kuriychuk (sous presse) soulignent que les cotes obtenues à l'aide de diverses mesures prétendument liées à la violence sont hautement inter-corrélées, mais qu'elles ne présentent pas de corrélation avec les définitions des délinquants violents fondées sur leurs antécédents criminels. Les tests d'autoévaluation administrés aux auteurs de crimes non sexuels peuvent donner les mêmes résultats que les mesures phallométriques des délinquants sexuels. En conséquence, des cotes élevées donnent des indications sur la cible du traitement, mais des cotes basses ou modérées sont dénuées d'information. L'utilisation de telles cotes pour la prédiction du risque entrainerait un taux inacceptable de faux négatifs.
Malgré leur popularité, les échelles cliniques du Minnesota Multiphasic Personality Inventory (MMPI) - lnventaire multiphasique de la personnalité du Minnesota ne sont pas de très bons prédicteurs de la récidive violente (Gendreau, Grant, Leipciger et Collins, 1979). Il semblerait qu'en combinant ces échelles avec d'autres sources d'information, on obtient de meilleurs résultats (Gough, Wenk et Rozynko, 1965; Heilbrun et Heilbrun, 1985). Hall (1988) signale que certaines échelles ont permis de prévoir la récidive chez les délinquants sexuels. Ces conclusions n'indiquent pas que les résultats obtenus à l'aide du MMPI ne présentent aucune corrélation avec la récidive violente, mais plutôt que cette corrélation est faible et qu'il existe de meilleurs prédicteurs. La validité prédictive des typologies du MMPI n'est pas confirmée (Megargee et Bohn,1979). Enfin, il n'a pas été établi que le MMPI-2 puisse donner de meilleurs résultats.
Certaines échelles de cotation du comportement (Quay, 1984) autres que la PCL-R semblent prometteuses. Porporino, Zamble et Higginbottom (1993) mentionnent que les stratégies d'adaptation sont un facteur important dans la prévision de la récidive, mais ils n'abordent pas la question de la récidive violente. Dans une perspective théorique, le style interpersonnel semble revêtir une importance grandissante dans la compréhension des différences individuelles et des situations conflictuelles (Blackburn, 1993a, Novaco et Welsh, 1989; Serin et Kuriychuk, 1994). Le style interpersonnel est le reflet de scenarios internes ou de schémas cognitifs qui aident à comprendre comment un individu interprète le comportement des autres. Il faudra pousser beaucoup plus loin les recherches dans ce domaine, mais les recherches en cours semblent déjà prometteuses : facteur de personnalité (facteur 1) de la PCL-R (Harpur, Hare et Hakstian, 1989); croyances agressives (Slaby et Guerra, 1988); belligérance (Blackburn, 1987); dominance interpersonnelle chez les adolescents agressifs (Agee, 1986, 1992); traitement déficient de l'information sociale chez les garçons agressifs (Dodge, 1986); mesures de l'impulsivité (Newman et Wallace, 1993); mesures projectives judicieusement sélectionnées (Gacono et Meloy, 1994). Ces approches pourraient aussi améliorer l'analyse fonctionnelle du comportement violent d'un délinquant. En effet, elles pourraient servir à déterminer dans quelle mesure cette violence est liée à divers facteurs dont une maitrise de soi excessive ou insuffisante, la dominance, l'agressivité instrumentale, la colère, l'hostilité, une empathie déficiente, l'agressivité mal socialisée, la force du Moi (Meloy, 1987), etc. Bien que les thèmes récurrents ou les fantasmes puissent aussi jouer un rôle, on ne peut les intégrer à un modèle actuariel parce que ce sont des phénomènes trop peu fréquents dans un groupe de délinquants.
Pour récapituler, il semble que le rôle de l'évaluation psychométrique soit d'aider les cliniciens à reconnaitre les variables de disposition (personnalité) susceptibles de contribuer à l'analyse du comportement violent d'un délinquant. Sa validité prédictive demeure cependant modeste.
v) Psychopathie criminelle
Les résultats obtenus à l'aide de la PCL-R (questionnaire révisé d'évaluation de la psychopathie) présentent une corrélation avec la récidive violente dans des échantillons de délinquants canadiens et permettent aussi de prévoir la violence future (Serin et Amos, 1995; Serin et Barbaree, 1993; Serin, sous presse). Les psychopathes récidivent plus rapidement que les autres délinquants, qu'ils aient recours ou non à la violence.
Par ailleurs, il semble que l'affiliation avec la victime soit différente : alors que les délinquants non psychopathes s'en prennent généralement aux membres de leur propre famille, les psychopathes choisissent le plus souvent des étrangers pour victimes (Williamson, Hare et Wong, 1987). Les études menées à Penetanguishene ont abouti à des conclusions comparables (Harris, Rice et Quinsey, 1993). Les résultats obtenus à la PCL-R se sont avérés de meilleurs prédicteurs de la récidive violente que les antécédents de violence (Serin, sous presse) et présentent la plus forte corrélation avec la récidive violente dans le modèle actuariel de Harris et al. (1993). En outre, il semble y avoir une forte corrélation entre la violence et la psychopathie (Hare et McPherson, 1984; Serin, 1991).
Level of Supervision Inventory (LSI) - L'Inventaire du niveau de supervision, qui présente une forte corrélation avec la PCL-R, reflète davantage la baisse du niveau de risque due à une intervention efficace. Il peut donc se révéler très utile. Il permet en outre d'évaluer l'entourage criminel, une variable très importante du mode de vie. La PCL-R est certes, un instrument de mesure statique, mais en la combinant à des instruments dotés d'une échelle de cotation plus étendue, on peut tenir compte des effets bénéfiques du traitement et améliorer du même coup le processus d'évaluation.
Les cliniciens doivent être aussi conscients du fait que Blackburn présente une nouvelle conceptualisation de la psychopathie. Il faut espérer qu'une meilleure compréhension de la notion de psychopathie criminelle contribuera à améliorer l'évaluation clinique et la prévision de la dangerosité.
Certaines questions d'ordre professionnel et pratique doivent être abordées avant que le SCC puisse intégrer systématiquement la PCL-R au processus d'évaluation du risque. La PCL-R, qui est protégée par le droit d'auteur, doit être achetée, et les cliniciens ont besoin d'une formation spéciale pour se conformer aux normes déontologiques, cependant, jusqu'à présent, aucun intervenant n'a officiellement déclaré l'utiliser à des fins cliniques. En outre, les valeurs limites et la façon d'exploiter les résultats de la PCL-R (Serin et Barbaree, 1993) ne font pas l'unanimité. On ne s'entend pas non plus sur la dimensionnalité de la psychopathie, telle que mesurée par la PCL-R. Harris, Rice et Quinsey (1993) considèrent que la psychopathie est un taxon et, par conséquent, une notion catégorielle. Cette recherche n'a pas encore été appliquée à un échantillon de délinquants et, par ailleurs, Blackburn (1993a) exprime l'opinion contraire. Au-delà du débat théorique, le point de vue qu'on adopte a une incidence importante sur la façon dont on va intégrer la psychopathie à la pratique clinique. Les questions liées à l'établissement de valeurs limites et à l'utilité de l'intervention ont notamment un rapport direct avec de telles considérations.
Enfin, on n'a pas étudié les conséquences qu'il y aurait à accoler l'étiquette de « psychopathes » à ceux qu'on qualifie actuellement de « délinquants à risque élevé ». Malgré des réserves similaires exprimées par certains cliniciens au sujet du concept même de la psychopathie et de la façon de l'évaluer (l'objet d'un débat entre Blackburn et Hare), certains estiment que ce concept peut s'avérer utile pour l'intervention (Blackburn, 1992; Serin et Kuriychuk, 1994) et la réceptivité au traitement (Ogloff, Wong et Greenwood, 1989; Rice, Harris et Cormier, 1992).
La PCL-R est de plus en plus considérée comme un instrument de base pour l'évaluation et la prévision de la dangerosité chez les délinquants. Mais lorsqu'on utilise uniquement la PCL-R, cet instrument peut s'avérer insuffisant, il devrait faire partie d'une méthode d'évaluation de la prévision de la violence.
vi) Modèles conceptuels
Dans le cadre du processus d'évaluation et de l'établissement de prévisions, le psychologue doit exercer son jugement professionnel au moment d'effectuer l'analyse coûts-avantages du risque de violence (Pollock, McBain et Webster, 1989). Selon certains cliniciens (Simon 1990), il ne s'agit pas de déterminer si le détenu doit être mis en liberté, mais de définir les conditions susceptibles d'améliorer, s'il est mis en liberté, sa réponse au traitement et son encadrement. En vertu de considérations déontologiques, les cliniciens doivent renseigner les délinquants sur la divulgation possible de renseignements personnels avant que ne commence le processus d'évaluation. En outre, le fait de parcourir avec le délinquant le rapport qui le concerne est considéré comme une bonne pratique. Le consentement du délinquant est obtenu au moyen d'un formulaire de divulgation de renseignements personnels que le délinquant signe lors de sa première rencontre avec le psychologue et au début de chaque étape du processus d'évaluation. Les cliniciens devraient faire part au délinquant de leurs préoccupations au sujet du risque de violence, surtout si une intervention est prévue. Le clinicien charge d'évaluer le délinquant peut également le traiter; c'est une question de style personnel et de ressources (Shapiro, 1990). Le fait de ne pas consulter des collègues au sujet d'un cas a aussi été considéré par certains tribunaux des États-Unis comme incompatible avec les règles de l'art. Blackburn (1993a) est en faveur d'une prise de décisions en commun et souligne qu'en combinant les avis de plusieurs personnes, on accroit la fiabilité du processus. On recommande également que les cliniciens soient formés dans une démarche en particulier (Kleinmuntz, 1990), quoique cela soit peu fréquent (Heilbrun et Annis, 1988).
Certains des modèles conceptuels présentés en annexe tentent d'incorporer des variables corrélatives reconnues de la violence à des facteurs cliniques (Marra et al., 1987; Meloy, 1987; Simon, 1990). L'approche de Webster (1987, 1992) assure l'examen à la fois de facteurs contextuels ou historiques et de facteurs cliniques, mais elle n'indique pas clairement la façon de les intégrer. Tous les modèles présentent les mêmes lacunes que la liste de Monahan (1981) : ils ne comprennent pas de coefficients de pondération dérivés de données empiriques et ils sont généralement spécifiques à l'échantillon. Le modèle de Harris et al. (1993) comporte des valeurs de pondération dont la dérivation n'intègre cependant pas de variables cliniques, et il est lui aussi spécifique à l'échantillon. Certains pourraient rétorquer qu'en intégrant la PCLR à leur cotation, on se trouve à incorporer l'information clinique; cependant la PCL-R sert de cotation pondérée dans sa relation avec la récidive violente et non par rapport aux 20 éléments de la cotation totale. En l'absence d'une stratégie privilégiée, on recommande aux cliniciens de passer en revue les facteurs qui figurent en annexe et de soumettre aux autorités décisionnelles un compte rendu de leur examen. Notre étude documentaire ne permet d'établir si la présence de certains facteurs ou d'un nombre particulier de facteurs permet d'obtenir une limite semblable a une valeur limite pour une cotation actuarielle.
Le risque n'est pas un concept entièrement statique. Une réévaluation est nécessaire à certaines étapes cruciales du processus : après le traitement, lors du passage à un niveau de sécurité moindre, avant la mise en liberté et après. Chaque étape amène des questions légèrement différentes, mais des normes minimales aideraient le clinicien à mesurer les progrès et reflèteraient l'évolution attribuable au traitement. Ainsi, dans certains cas, des améliorations au chapitre de l'emploi et du logement dans la collectivité pourraient être considérées comme des facteurs susceptibles de réduire le risque.
Les délinquants à risque élevé doivent faire l'objet d'une évaluation plus complète qui fait ressortir la meilleure stratégie à adopter pour la gestion de leur cas. Dans cette optique, une évaluation hiérarchisée permet de s'assurer que les ressources psychologiques sont consacrées aux cas les plus graves. Par ailleurs, on peut se demander s'il est judicieux d'affecter des ressources comparables à l'évaluation des délinquants à faible risque et d'adopter une politique de consultation fondée sur l'infraction commise. Il a aussi été établi que les évaluations de la santé mentale n'améliorent pas sensiblement la prévision du risque. Ces questions méritent un examen plus poussé.
Pour démontrer leur compétence, les cliniciens doivent justifier leur évaluation du risque. Dans leur rapport, ils doivent obligatoirement faire état des variables qui sont en corrélation avec le risque de violence, et expliquer leurs rapports avec le plan de traitement et la stratégie de gestion du cas. Cette tâche sera nécessairement plus ardue dans certains cas, mais le degré de difficulté est, en partie, pris en considération dans la détermination du temps alloué à la conduite de l'évaluation.
vii) Troubles mentaux
L'évaluation des troubles mentaux, des troubles organiques et de la toxicomanie fera l'objet de chapitres distincts. D'après la littérature sur le sujet, la corrélation entre, d'une part, les troubles mentaux et les troubles organiques et, d'autre part, le risque de violence ne serait guère constante et varierait selon le milieu (Blackburn, 1993a); Mohanan, 1998). Ces deux facteurs peuvent cependant conditionner les stratégies de gestion du risque. Bien que les idées délirantes semblent être un facteur surreprésenté du comportement violent des psychotiques, leur fréquence pourrait bien être reliée à des questions telles que le degré de stabilité au sein de la collectivité et l'observance du traitement médicamenteux. D'après certaines données empiriques, la schizophrénie serait un facteur de protection qui réduit le risque de violence (Harris et al., 1993), mais l'échantillon utilisé dans cette étude n'était pas composé uniquement de délinquants. Il semble cependant y avoir un lien entre les symptômes aigus et le recours à la violence (Link et Stueve, 1994).
La toxicomanie, qui a également un rapport avec le risque de violence et, par conséquent, avec les stratégies de gestion et d'encadrement, fait l'objet d'un chapitre distinct. La prévalence de la toxicomanie est beaucoup plus élevée dans les populations carcérales que dans la société en général (Lightfoot et Hodgins, 1988). Il se peut que certaines catégories de toxicomanes présentent un risque plus élevé, mais un tel degré de spécificité n'a pas encore été établi. L'impulsivité, concept quelque peu nébuleux (Newman et Wallace, 1993; Pulkinnen, 1986), semble liée aux troubles de la personnalité dans les études cliniques. Il faudrait se pencher davantage sur la valeur prédictive et modératrice de cette variable, mais des améliorations conceptuelles et psychométriques devront être apportées pour que des progrès soient possibles à cet égard. La plupart des facteurs précités ont une dimension génétique qui devrait faire l'objet d'études prospectives. Actuellement, il semble que les cliniciens devraient prendre tous ces facteurs en considération et les intégrer à leurs évaluations de la dangerosité.
viii) Antécédents de violence
En plus de la notion d'éléments déclencheurs décrite dans les publications sur la maitrise de la colère (Novaco et Welsh, 1989), les variables distales et proximales pourraient être utilisées dans l'optique de la prévention des rechutes. On a mené des recherches fructueuses à cet égard dans les domaines de la toxicomanie (Annis, 1986) et de la délinquance sexuelle (Pithers, 1990). Loeber (1991) a décrit les variables distales, et son travail a été poursuivi par Moffit (1993). Leurs travaux font ressortir l'importance des profils de développement des délinquants à risque élevé. La façon de mesurer les antécédents de violence entrainera vraisemblablement des écarts dans les résultats. Il semble important de distinguer les variables d'environnement des variables de disposition (c'est-à-dire, de personnalité). Mais comme les délinquants violents forment un groupe hétérogène, on ne pourra sûrement pas tous leur attribuer les mêmes variables distales et proximales.
Dans la mesure où les variables corrélatives de la récidive en général et de la récidive violente diffèrent, il est raisonnable de penser que les antécédents seront, eux aussi, différents. Certains libérés conditionnels font état d'évènements « déclencheurs », (leur humeur, par exemple, ou une consommation abusive d'alcool ou de drogue, qui les a amenés à perpétrer un acte criminel en entravant leur capacité de résoudre des problèmes) (Zamble et Quinsey, 1991). Le recours à des stratégies de dérivation de groupes plus homogènes serait utile pour l'évaluation, l'intervention et la gestion des risques en assurant une plus grande spécificité. Par exemple, il pourrait être utile de différencier les délinquants constamment violents, qui choisissent leurs victimes en dehors de leur famille, des délinquants dont la violence est situationnelle et dirigée contre leur entourage familial. Il est évident que de tels renseignements ne peuvent être recueillis dans le cadre de rencontres occasionnelles avec le délinquant. On mène actuellement des recherches préliminaires auprès de délinquants sexuels (Knight et Prentky, 1990); leurs conclusions devraient être appliquées aux auteurs d'agressions non sexuelles.
ix) Antécédents criminels
L'examen des antécédents criminels officiels du délinquant devrait constituer une exigence minimale. Les éléments suivants devraient être pris en considération : durée et diversité des antécédents criminels; proportion des condamnations pour des infractions violentes par rapport à l'ensemble des condamnations; nombre d'infractions accompagnées de violence; gravité des infractions; âge au moment de la première arrestation; dossier de jeune contrevenant. Le port régulier d'une arme, la possession d'une arme au moment de l'infraction ou l'utilisation d'une arme pour commettre l'infraction sont différentes variables liées à l'utilisation d'une arme. On ne sait pas vraiment comment ces différentes variables se rattachent au risque de violence, mais il apparait prudent de pousser les recherches à cet égard. Il importe de prendre en considération les antécédents d'évasion et d'abus de confiance. Il en va de même pour le degré de planification et, par conséquent, de préméditation, quoique leur rapport avec le risque de violence soit incertain. Les antécédents criminels du délinquant dénotent sans doute ses valeurs criminelles, mais il n'a pas été établi que les sentiments criminogènes (Andrews et Worrnith, 1990) ont une validité prédictive, même si, d'instinct, on est porté à leur attribuer une telle validité. Il s'agit d'ailleurs d'un élément du LSI, un instrument de prévision de la récidive en général.
Les auteurs d'études décrivent d'autres variables qui sont rarement utilisées dans les modèles existants. Le but de leur inclusion (traitement ou prévision du risque) devrait être clairement explique au décideur.
x) Traitabilité, traitement et dangerosité
Tant que le but de l'intervention sera à la fois d'alléger la souffrance humaine et de réduire le risque de violence, il sera difficile de prendre des décisions claires à propos des objectifs du traitement, de l'efficacité du traitement et des critères d'évaluation des résultats. Non seulement la réponse au traitement est-elle associée à une constellation de variables personnelles et contextuelles (Blackburn 1993a; Rogers et Webster, 1989), mais elle est aussi reliée à la réceptivité (Andrews, 1989). Il faut donc trouver le traitement qui convient aux besoins du délinquant en tenant compte du type d'intervention, de la motivation, de la réponse aux traitements antérieurs et des contre-indications (Heilbrun, Bennett, Evans, Offult, Reiff et White, 1988). Le risque et la traitabilité ne sont pas nécessairement en étroite corrélation, mais il est logique d'aborder des questions liées à la traitabilité des délinquants à risque élevé, dans une optique correctionnelle. Citons, à titre d'exemple, les travaux de Barbaree (1993) sur la dénégation et la minimisation dans le traitement des délinquants sexuels.
Voici comment Blackburn (1993a) résume sa façon de voir l'intervention psychopharmacologique : « le recours aux médicaments pour maitriser la violence est une approche largement pragmatique. Il est vrai que les médicaments aident parfois les patients à mieux fonctionner, mais les justifications théoriques et empiriques de cette pratique demeurent peu convaincantes. Le diagnostic posé suffit rarement à expliquer la violence. On continue à proposer des modèles psychophysiologiques et biochimiques, même si l'influence des médicaments sur le comportement agressif semble très vague. Par surcroit, les délinquants refusent souvent de prendre des médicaments psychotropes à cause des effets secondaires déplaisants ». Il n'en demeure pas moins que le traitement psychopharmacologique doit faire partie des stratégies de gestion du risque, en dépit des inquiétudes soulevées par le recours à la « camisole de force chimique ».
Les établissements carcéraux offrent une multitude de programmes de maitrise de la colère qui reposent principalement sur une approche cognitivocomportementale. On s'interroge de plus en plus sur l'utilité de cette approche dans le traitement des hommes qui maltraitent leur conjointe (Edleson et Tolman, 1992). Il faudrait, à tout le moins, que les thèmes de l'abus de pouvoir et de la domination soient abordés, de manière à enrichir l'approche plus traditionnelle, et qu'ils soient envisagés dans une perspective féministe. Comme de nombreux délinquants utilisent l'agression comme moyen de parvenir à leurs fins, ces questions ne devraient-elles pas être abordées dans le cadre des programmes réguliers de maitrise de la colère? Les données sur l'efficacité du traitement pour des échantillons d'adolescents agressifs dans la communauté (Lochman et Lenkart, 1993) ne s'appliquent pas à cette population. Hughes (1993) a recueilli certaines données sur l'issue du traitement, mais non sans difficultés méthodologiques. À ce stade-ci, ne faudrait-il pas encourager toute recherche menée au sein du SCC sur l'issue du traitement des délinquants violents non sexuels? Il se peut que des études plus rigoureuses soient effectuées dans un avenir rapproché. Entre temps, on pourrait dès maintenant évaluer la satisfaction de la clientèle et demander également au personnel d'évaluer avant et après le traitement le style interpersonnel, la conduite en établissement et le degré de conscience du comportement colérique. Nous avons l'impression que les autorités accordent beaucoup de poids au fait qu'un détenu ait termine avec succès un programme, au moment de décider de son sort. Pourtant, aucune recherche empirique ne vient justifier cet effet de halo.
Certaines données sur les résultats des programmes de traitement de la toxicomanie offerts aux délinquants sont disponibles. Le traitement a tendance à être de nature hiérarchique, les cas les plus sérieux recevant un traitement plus long ou assorti de séances individuelles avec un thérapeute. Eno, Weekes, Millson, Porporino, Robinson, Fabiano et Rosine (1993) présentent des conclusions encourageantes concernant l'utilité des données sur l'effet bénéfique du traitement pour la prévision du risque. L'issue du traitement est moins favorable dans le cas des hommes les plus violents; cependant, on ne dispose d'aucune donnée sur un groupe d'agresseurs aussi dangereux n'ayant pas été traites. L'efficacité du traitement n'est donc pas établie avec certitude.
Même si Blackburn (1989, 1993b) présente des arguments convaincants en faveur d'une intervention thérapeutique à long terme auprès de délinquants souffrant de troubles de la personnalité, aucun programme du genre n'existe dans les établissements correctionnels du Canada. Les centres psychiatriques des régions du Pacifique et des Prairies offrent bien certains programmes spécialisés à l'intention des délinquants violents, mais il n'existe pas de données sur l'issue de ces interventions. Ogloff et ses collaborateurs (1989) soulignent que la psychopathie est associée aux piètres résultats dans un programme de ce genre. Rice, Harris et Cormier (1989) présentent des données indiquant que l'état des psychopathes se détériore par suite de l'intervention, du moins en ce qui concerne la récidive violente. La compréhension actuelle des cibles du traitement et des méthodes de prestation des programmes vient cependant jeter le discrédit sur certaines de ces tentatives antérieures.
La participation aux programmes de traitement offerts dans les pénitenciers n'a pas nécessairement un lien avec le comportement futur du délinquant. On ne peut faire abstraction d'une réduction visible des besoins criminogènes, mais les cliniciens doivent résister à la tentation de transposer les résultats obtenus au comportement dans la collectivité.
xi) Lignes de conduite concernant la prise de décisions
Comme la décision d'accorder ou de refuser la libération ne relève pas uniquement du psychologue, on recommande aux cliniciens de s'abstenir de formuler des recommandations explicites. Leur rapport devrait plutôt mettre en évidence des facteurs cruciaux pouvant donner des indications sur le risque de récidive violente. Cela peut se faire à l'aide d'une formulation conditionnelle du genre « si...alors ».
Quoique les clauses d'exonération de responsabilité soient de plus en plus utilisées, il semble que, si des renseignements essentiels sont absents, le clinicien doit quand même en informer les autorités décisionnelles, cette contrainte nuisant à l'exécution de sa tâche. Dans les cas extrêmes, un clinicien peut refuser de faire une évaluation si des renseignements essentiels manquent.
Il apparait important de faire revoir ses évaluations par des collègues pour arriver à un consensus. Faute de ressources, cela ne s'est fait, jusqu'à maintenant, que dans des cas particulièrement inquiétants. Les examens multidisciplinaires sont aussi recommandés.
Ce chapitre avait pour objectif de familiariser les psychologues du SCC avec les publications et les questions cliniques concernant l'évaluation et la prédiction de la violence. En suivant ces lignes de conduite, les cliniciens adopteront non seulement les « meilleures pratiques », mais aussi respecteront des normes qui pourraient les prémunir contre toute remise en question à posteriori de leurs évaluations et de leur compétence. Il y aura inévitablement des échecs tant et aussi longtemps que les détenus se verront accorder des libérations, mais en respectant ces normes, les cliniciens s'assureront que leurs échecs sont considérés comme de simples erreurs et non des fautes.
Lignes de conduite générales à l'intention des cliniciens
Les lignes de conduite que voici sont une synthèse du contenu des pages précédentes. Les points considérés comme essentiels à l'évaluation du risque de violence y sont soulignés. Ces lignes de conduite se veulent des points de repère; elles n'offrent pas suffisamment de détails pour être appliquées machinalement. En les appliquant à l'évaluation du risque de violence, les psychologues du SCC se trouveront à adopter les « meilleures pratiques » dans ce domaine.
1. Antécédents cliniques
- Examen des évaluations antérieures de la santé mentale
- Questions liées au développement (âge où sont apparus les problèmes de comportement; types de problèmes)
- Toxicomanie
- Analyse fonctionnelle de la violence (précurseurs et déclencheurs)
- Identification de la victime ou du profil des victimes
- Antécédents médicaux (blessures majeures, incluant les lésions neurologiques)
- Emploi, difficultés financières, connaissances pratiques
- Relations hétérosexuelles et état civil
- Style interpersonnel
- Tentatives de suicide et automutilation
- Adhésion à des valeurs criminelles.
2. Criminalité
- Évasions antérieures
- Densité, diversité, durée des antécédents criminels
- Âge où sont apparus les comportements criminels
- Infraction la plus grave
- Affiliation avec la victime, blessures de la victime
- Degré de planification
- Comportement à la suite des mises en liberté sous condition antérieures
- Agressions sexuelles antérieures (perversions, victime prépubère).
3. Test psychologiques
- Tests administres et leur fonction
- Vérification de validité en cas de pathomimie
- Normes pertinentes s'appliquant aux délinquants
- Rapport précis entre les résultats du test et le besoin criminogène
- Rapport entre les résultats du test et les besoins en traitement
- Rapport hypothétique avec l'issue du traitement
- Évaluation neuropsychologique, si nécessaire.
4. Comportement pendant l'incarcération
- Participation à des programmes de traitement
- Atteinte des objectifs du plan de traitement correctionnel (réduction des besoins criminogènes)
- Difficultés d'adaptation.
5. Taux de référence
- Calcul et consignation des taux de référence pour la récidive en général et la récidive violente
- S'il y a écart entre le taux de référence et l'estimation clinique, une justification doit être fournie.
6. Psychopathie
- Prise en considération des estimations d'échec fondées sur les résultats du délinquant a la PCL-R
- Explication du rapport avec le taux de référence de la catégorie.
7. Projet de libération
- Adaptation du niveau d'intervention offert dans la collectivité aux besoins du délinquant en matière de suivi du traitement.
- Description des ressources de soutien et des facteurs de risque
- Adaptation de l'intensité de la surveillance au niveau de risque
- Recommandations concernant le suivi de santé mentale
- Clarification des attentes du délinquant face à la mise en liberté
- Définition d'une stratégie de gestion du risque précisant des facteurs temporels et contextuels et ainsi que des comportements particuliers (dans la mesure du possible).
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