Psychologie Médico-Légale Partie 4 : Chapitre 8 : Évaluation des délinquants
Chapitre 8
Lignes directrices sur l'évaluation de la violence familiale à l'intention des psychologues
Marilyn Van Dieten, docteure en psychologie clinique Note de bas de page 1
et Jill Rettinget; M.A., Psych. Note de bas de page 2
Principes généraux de l'évaluation de la violence familiale
La recherche dans le domaine de la violence familiale en est à ses premiers balbutiements même s'il est reconnu que la violence à l'endroit des femmes est un problème social répandu. Ce phénomène s'explique en partie par le fait qu'un nombre assez limité de cas de violence ont été soumis au système de justice pénale. Battre sa femme était permis par la loi aux États-Unis jusqu'à la fin du XIXe siècle, et ce n'est qu'au cours des 15 dernières années que les tribunaux ont reconnu que la violence contre les femmes était un crime.
Ce sont les porte-parole des femmes qui, les premiers, ont tenté d'étudier plus à fond la violence familiale au cours des années 1960. À partir des expériences personnelles des victimes, le mouvement des refuges pour femmes a conçu des programmes d'intervention pour les hommes violents et a surveillé étroitement leur réalisation. Depuis lors, les porte-parole des femmes, les victimes et les intervenants ont collaboré étroitement à l'établissement de lignes directrices concernant les relations avec les hommes violents. Essentiellement, la sécurité personnelle des femmes et des enfants est considérée comme aussi importante que les intérêts des hommes violents.
Pour veiller à ce que l'on tienne suffisamment compte des intérêts des victimes possibles 1...], on doit évaluer toutes les procédures et les pratiques de façon à savoir si elles favorisent ou compromettent la sécurité des femmes et des enfants battus (Hart, 1988, p. 235).
La hausse récente du nombre d'arrestations et de condamnations a permis aux chercheurs d'identifier systématiquement les facteurs qui contribuent à la violence. La littérature a présenté certaines des caractéristiques des hommes qui maltraitent les femmes. Dans ce chapitre, on s'appuie sur des critères particuliers proposés par des groupes de femmes et dans la littérature pour élaborer des lignes directrices sur l'évaluation des hommes violents.
Questions pratiques et théoriques
Le praticien qui travaille auprès des hommes violents doit comprendre parfaitement les modèles théoriques proposés pour expliquer la violence familiale. Jusqu'à présent, les modèles les mieux confirmés et les plus clairs sont les théories sociopsychologiques (théorie de l'apprentissage social) et socioculturelles (théorie féministe). Un aperçu de ces modèles est présenté ci-après (un exposé plus détaillé figure dans les travaux d'Edelson et Tolman, 1992).
Les théories socioculturelles considèrent la violence envers les femmes comme un phénomène répandu dans toutes les cultures qui encouragent la domination de la femme par l'homme. Dobash et Dobash (1979) mentionnent que « les hommes qui maltraitent leur femme respectent en fait les principes culturels valorisés par la société occidentale, soit l'agressivité, la domination de la femme par l'homme et la subordination de la femme, et qu'ils utilisent la force physique pour assurer cette domination » (p. 24).
Les tenants de la théorie de l'apprentissage social considèrent que les facteurs biologiques, l'apprentissage par observation et le rendement renforcé sont les principales causes de la violence. Dutton (1993) donne un aperçu complet de la littérature qui justifie les grands principes de la théorie de l'apprentissage social. Tout d'abord, il indique que les hommes sont prédisposés aux réactions agressives parce que leur taille physique est susceptible de produire l'effet souhaité et donc de les récompenser. Il mentionne ensuite que, même si les hommes qui maltraitent leur femme n'ont pas tous été témoins d'actes de violence parentale, les preuves empiriques révèlent que les enfants de sexe masculin qui ont vu leur mère maltraitée risquent davantage de commettre des actes de violence dans leurs propres relations. En outre, selon la théorie socioculturelle, l'exposition aux scènes de violence présentées à la télévision et les réactions stéréotypées aux situations conflictuelles contribuent également à un schème de réaction agressive.
Finalement, Dutton (1993) fournit des preuves indiquant que les hommes qui ont des comportements violents sont récompensés parce qu'ils reprennent le contrôle ou le haut du pavé; ils expriment leurs émotions et prennent la relation en charge en assumant un rôle sexuel masculin et ils mettent un terme à un état hostile d'excitation ou de vexation. Par ailleurs, si un homme n'est pas puni lorsqu'il a recours à la violence, il risque davantage de renouveler ces gestes dans une situation conflictuelle semblable (p. 200).
La théorie de l'apprentissage social et la théorie féministe reconnaissent toutes deux que la violence sert un but, c'est-à-dire acquérir le pouvoir et le contrôle. Selon Edelson et Tolman (1992), la violence est un comportement intentionnel qui permet à son auteur d'accroître systématiquement son contrôle sur ces proches par la coercition. On peut donc considérer la violence comme un comportement qui permet à son auteur d'accroître son pouvoir (p. 22). Pour mettre un terme à la violence familiale, il faut apporter des changements au niveau individuel et collectif. Les programmes d'intervention pour les hommes violents s'inscrivent dans une stratégie plus vaste visant à éliminer le comportement violent. Plus important encore, ces changements sont nécessaires si l'on veut que les tribunaux imposent des peines criminelles pour les actes violents et qu'ils considèrent les femmes et les enfants comme des membres importants de la collectivité au même titre que les hommes.
Lignes directrices sur la collecte d'information
i) Définition de la violence
Le psychologue doit commencer par définir la violence. Jusqu'à récemment, les chercheurs ont eu tendance à se concentrer uniquement sur la violence physique et à ne pas tenir compte des formes de violence plus subtiles. Une meilleure connaissance des conséquences de la violence nous apprend que, même si la violence psychologique ou émotive et l'agression sexuelle ne sont pas mortelles, elles ont des effets sur la victime (Gondolf, 1988; Edelson et Tolman, 1992).
Voici une définition pratique de la violence familiale établie en collaboration avec des autorités fédérales et provinciales :
La violence familiale constitue un abus de pouvoir grave à l'intérieur de relations familiales, de relations de confiance ou de relations de dépendance... La violence familiale est un grave problème social et criminel qui peut entraîner la mort ou l'invalidité. Elle peut prendre la forme d'une agression physique, d'une agression sexuelle ou d'un meurtre. Elle peut prendre aussi d'autres formes comme la violence émotive, l'exploitation financière et la négligence. La violence familiale a des effets psychologiques prolongés sur ses victimes, qui sont surtout des femmes, des enfants et des personnes âgées. Dans la plupart des cas, les agresseurs sont des hommes.
On estime que pas moins d'une femme canadienne sur dix est agressée par son mari ou son conjoint, que plus de 60 % des meurtres de femmes sont le fruit de la violence familiale, que 25 % des filles et 10 % des garçons sont agressés sexuellement avant l'âge de 16 ans et qu'au moins 4 % des personnes âgées sont victimes d'une forme de violence importante...
La violence familiale est un problème de société. Elle témoigne de certaines attitudes comme le sexisme, l'âgisme et la tolérance de la violence. C'est un problème qui touche tous les groupes d'âge, toutes les catégories socioéconomiques, toutes les cultures et toutes les régions géographiques. Elle pose un défi aux approches traditionnelles de la prévention, de la protection et du traitement. L'aide aux victimes exige l'intervention de nombreux systèmes et organismes de service et une réponse coordonnée à un besoin complexe (National Clearinghouse on Family Violence, 1992).
Les définitions suivantes proviennent de documents diffusés par la London Family Court Clinic (Suderman, Jaffe et Haistings, 1993).
- La violence physique peut comprendre les claques, les coups de pied, les coups, les poussées, les bousculades, l'utilisation d'une arme et d'autres formes d'agression physique.
- L'agression sexuelle est une activité sexuelle non désirée, exercée sous la contrainte.
- La violence psychologique ou émotive consiste à saper l'estime de soi, la confiance en soi ou le sentiment de bien-être d'une personne en ayant recours à quelques-uns ou à l'ensemble des moyens suivants :
i) violence verbale : discrédit, injures et paroles offensantes.
ii) imenaces : les agresseurs peuvent menacer leur conjointe de lui enlever ses enfants, de lui faire mal à elle ou aux enfants ou de se suicider. Ce comportement peut susciter une crainte et une anxiété extrêmes chez la victime.
iii) intimidation : les agresseurs peuvent effrayer les victimes par leurs actions, leurs gestes, l'utilisation d'une voix forte ou la destruction de biens.
iv) comportement dominant extrême : les hommes qui maltraitent leur femme ou leur conjointe exercent souvent un contrôle extrême sur ses activités. Ils lui permettent peu de contacts à l'extérieur de la maison et lui laissent peu de liberté de choix ou d'action, voire aucune.
v) domination économique : pour assurer la dépendance économique de la victime, les agresseurs assument parfois le contrôle complet des finances de la famille ou découragent la victime de travailler à l'extérieur du foyer.
vi) isolement : pour rendre leur conjointe encore plus vulnérable, beaucoup d'agresseurs l'isolent de ses amis, de sa famille et de la collectivité.
vii) désintégration du rôle parental : les agresseurs sabotent souvent la relation de leur conjointe avec les enfants et usurpent son autorité sur le plan de la discipline.
ii) Quels instruments de mesures doit-on utiliser dans le cadre du processus d'évaluation?
Sélection et dépistage
Batterie complète d'évaluations
Plusieurs chercheurs, dont Edelson et Tolman (1993) et Dutton (1993), ont tenté d'intégrer la documentation de recherche et réclament qu'un cadre d'évaluation complet soit élaboré. Ce cadre doit inclure les variables historiques, individuelles et environnementales qui, selon les recherches, caractérisent les hommes violents.
Une liste des marqueurs du risque ainsi que des instruments d'évaluation recommandés est présentée à l'annexe A. Les divers instruments de mesure contenus dans la base de données sur la violence familiale du SCC et ceux qui sont cités le plus souvent dans la littérature sont présentés à l'annexe B.
Considérations spéciales pour la sélection des tests
1. Indices de comportement
L'instrument de mesure le plus utilisé pour déterminer s'il y a comportement violent est la Conflict Tatics Scale (CTS; Strauss, 1979). La CTS est une liste de vérification d'actes allant de « a discuté calmement de la question » à « a utilisé un couteau ou un fusil ». Le répondant doit noter la fréquence à laquelle il a eu recours à ces comportements dans les conflits qu'il a eus avec sa conjointe au cours de la dernière année. Dobash, Dobash, Wilson et Daley (1992) soulignent à grands traits les désavantages de l'utilisation de cette technique et d'autres indices de comportement semblables.
Tout d'abord, la CTS porte presque exclusivement sur la violence physique et ne tient pas compte des formes de violence plus subtiles. En second lieu, elle ne tient pas compte du contexte (la motivation) d'un acte de violence, des facteurs qui le déclenchent et de la séquence des événements qu'il entraîne. Il en a découlé de nombreuses erreurs dans l'interprétation des données; on a conclu, par exemple, que la violence chez l'homme et chez la femme était semblable sur le plan du type et de la fréquence. Des études fondées sur des entrevues plus poussées et des exposés de cas détaillés concernant le contexte et les motivations de la violence révèlent constamment des différences entre les deux sexes dans le recours à la violence (voir Edelson et Brygger, 1986; Van Dieten, Rettinger et Graham, 1993). Plus précisément, les femmes ont presque toujours recours à la violence pour se défendre et défendre leurs enfants, tandis que les hommes l'utilisent pour contrôler leur victime. Enfin, les données sont très peu fiables. Malgré la popularité de cet instrument, on signale en général des contradictions marquées entre les rapports de l'un et l'autre conjoint.
Dobash et al. (1992) recommandent d'utiliser et d'interpréter les indices de comportement avec beaucoup de prudence. A leur avis, il est essentiel d'identifier l'agresseur et les victimes, de décrire et d'expliquer à fond le processus global des événements violents dans leur contexte et d'analyser les raisons pour lesquelles les conflits entraînent des actes de violence de nature différente chez les femmes et chez les hommes (p. 15). L'utilisation des indices de comportement devrait s'accompagner au moins d'une entrevue poussée où l'on aborde tous les actes de violence, y compris la violence psychologique et sexuelle.
2. Instruments de mesure relatifs aux attitudes
La théorie de l'apprentissage social et la théorie féministe indiquent que le respect strict des attentes à l'égard des rôles sexuels peut être une cause de la violence à l'endroit des femmes. Jusqu'à présent, on a conçu un certain nombre de questionnaires relatifs aux attitudes afin d'évaluer l'importance de ce facteur. Cependant, rien n'indique que ces instruments de mesure permettent de discerner les agresseurs des non-agresseurs. Dutton et Strachan (1987) mentionnent que ces instruments de mesure sont transparents et suscitent généralement des réponses acceptables sur le plan social. Ils recommandent d'examiner les motivations plutôt que les attitudes sous-jacentes aux actes violents.
3. Instruments de mesure relatifs aux entrevues
L'entrevue clinique est peut-être la méthode la plus populaire pour évaluer les hommes violents. On a conçu un certain nombre d'instruments qui sont actuellement à la disposition des praticiens (un exemple d'entrevue figure à l'annexe C). Toutefois, le contenu de chaque instrument varie en général. Pour que l'évaluation soit complète, il est recommandé d'y inclure les renseignements suivants :
- Évaluation de la résistance et de la conformité du client : motifs de la demande d'aide (p. ex., tribunal, famille, intérêt personnel) et conséquences du comportement violent (c'est-à-dire divorce, séparation, réconciliation, visites aux enfants, amendes, poursuites judiciaires, conditions de la probation ou de la liberté conditionnelle).
- Évaluation de la dangerosité pour les femmes et les enfants et détermination de l'opportunité pour la conjointe de participer activement au processus d'intervention : détermination des relations actuelles entre l'agresseur et les victimes récentes ou éventuelles; détermination des pertes ou des facteurs de stress possibles; détermination du nombre d'enfants, de leur âge et des droits de visite accordés (de nombreux cas de violence à l'égard des femmes comprennent aussi des mauvais traitements à l'endroit des enfants); collecte d'information sur les méthodes d'éducation des enfants.
- Antécédents complets de violence du client : détermination des antécédents de violence dans la famille d'origine du client, y compris la victimisation et les actes dont il a été témoin; détermination du recours à des comportements violents; détermination de la fréquence, de la chronicité, de la gravité et du type de blessures infligées et des cibles de la violence, en tant qu'agresseur et victime.
- Examen des facteurs de vulnérabilité de la personne : déficits comportementaux, hostilité et colère, toxicomanie, pensées suicidaires et dépression, niveau de scolarité et psychopathologie.
- Évaluation complète des attitudes du client envers les femmes : l'intervenant doit demander au délinquant des précisions sur son comportement et ses motifs et être à l'affût des observations qui reflètent des attitudes antisociales, y compris les mots ou les phrases clés qui témoignent des comportements suivants :
i) prendre sa conjointe en charge (je la laisse, je lui permets, je veux qu'elle, je m'attends qu'elle, elle devrait, etc.);
ii) assumer peu la responsabilité de ses actes ou ne pas l'assumer du tout et blâmer les autres, en particulier sa conjointe (elle m'a obligé, elle me pousse vraiment à bout, si seulement elle pouvait ... je ferais, etc.);
iii) être maladivement jaloux (se soucier constamment de ce qu'elle fait, des personnes qu'elle fréquente, de ce qu'elle porte et des lieux où elle va, filtrer ses amis et ses appels téléphoniques, etc.);
iv) être égocentrique et ne pas avoir d'empathie dans les conflits;
v) assumer les rôles sexuels traditionnels (elle devrait demeurer à la maison, elle devrait mieux s'occuper de la maison et des enfants, je m'attends à ce qu'elle me fasse mes repas, le travail des femmes est différent de celui des hommes);
vi) être surprotecteur (intervenir au nom de sa conjointe sans lui permettre de prendre ses propres décisions - elle a besoin de moi, elle ne pourrait survivre sans moi, etc.);
vii) attribuer la violence à des causes extérieures (j'ai vu rouge, j'ai perdu le contrôle, ça ne serait pas arrivé si je n'avais pas bu, ça va mal au travail, c'est la seule façon d'agir que je connais, je suis bien comme mon père, etc.).
6. Évaluation complète des facteurs environnementaux: situation de vie actuelle, réseau social et facteurs de stress externes (c'est-à-dire évaluation des risques et des besoins).
La Stratégie nationale de formation du Service correctionnel du Canada (Initiative de lutte contre la violence familiale, 1994) a recommandé un certain nombre de lignes directrices qu'il convient de suivre lorsque l'on effectue une entrevue clinique, par exemple :
- Interrogez le délinquant séparément de sa conjointe. (Si vous interrogez une personne de sexe opposé, sachez que le délinquant peut avoir des attitudes différentes envers vous).
- Si vous savez que le délinquant a des antécédents de violence, faites-en état. Allez droit au but.
- Même si vous ne soupçonnez pas qu'il y a de la violence, prenez des mesures pour la déceler. Rappelez-vous que la définition qu'a le délinquant de la violence peut être très différente de la vôtre. Par exemple, il peut ne pas faire de distinction entre la violence physique et la discipline ou estimer avoir le droit d'exercer un contrôle sur d'autres membres de sa famille. Il peut aussi penser que le fait de dénigrer sa conjointe ou de lui dire qu'elle est folle ne constitue pas un acte de violence.
- Évaluez toutes les formes de violence en posant au délinquant autant de questions ouvertes que possible sur ses relations avec sa famille.
- Lorsqu'il y a risque de violence, indiquez clairement que la violence familiale n'est jamais justifiable, que l'agresseur est responsable de ses actes de violence et qu'il est le seul à pouvoir changer son comportement.
- Évitez d'être complice du délinquant. Si vous avez des cas documentés de violence dans son dossier, confrontez-le aux faits. Ne lui donnez pas l'occasion de minimiser ses actes, de les nier ou de blâmer les autres.
- Encouragez le délinquant à participer aux programmes de prévention de la violence familiale et de traitement des agresseurs.
iii) Où doit-on recueillir l'information?
Autodéclarations
Il est généralement reconnu dans les ouvrages de recherche et la documentation clinique que les hommes ont tendance à minimiser ou à nier leur comportement violent (voir Coleman, 1980; Edelson et Brygger, 1986; Pagelow, 1981). Les variations entre les déclarations des divers membres de la famille et des personnes des deux sexes ont été étudiées (Edelson et Brygger, 1986; Gully, Pepping et Dengerink, 1982; Jouriles et O'Leary, 1985). Les résultats obtenus indiquent clairement que les femmes signalent une plus grande incidence de violence que leur conjoint. Le nombre de contradictions dans les rapports augmente généralement lorsque l'on demande aux hommes et aux femmes d'évaluer la violence psychologique.
L'évaluateur doit y songer à deux fois avant de décider de se fier exclusivement aux autodéclarations des actes violents. S'il ne confirme pas cette information à l'aide d'autres sources, il doit choisir soigneusement des listes de contrôle des données de l'entrevue et des comportements indiquant clairement les divers comportements qui caractérisent de nombreuses formes de violence. La violence psychologique est plus subtile et plus difficile à identifier que la violence physique peut-être parce que l'agresseur est incapable de reconnaître et d'admettre les effets qu'elle a sur la victime.
Information contenue dans le dossier
Il peut s'avérer non concluant de se fonder sur l'information contenue dans le dossier du délinquant lorsque l'examen porte exclusivement sur les actes de violence antérieurs. Comme les politiques relatives à l'arrestation et à la poursuite obligatoires dans les cas de violence familiale sont assez récentes, il n'est pas surprenant que de nombreux actes de violence familiale ne soient pas consignés dans le dossier du délinquant. De plus, la plupart des incidents de violence familiale ne sont pas signalés. Dutton (1987) estimait que seulement 6,5 % des voies de fait contre l'épouse sont signalées à la police et 0,38 % donnent lieu à des condamnations. De plus, jusqu'à ces dernières années, on ne précisait pas le sexe de la victime ou la relation entre l'agresseur et la victime dans les dossiers sur les actes de violence.
L'examen de l'information contenue dans les dossiers a permis d'identifier les détenus sous responsabilité fédérale qui risquaient de commettre des actes de violence familiale. Dutton et Hart (1992) ont d'abord établi un profil composite de l'homme violent fondé sur les descriptions fournies par les femmes victimes demeurant dans des refuges.
Voici quelques éléments de ce profil :
- témoin ou victime d'actes de violence dans la famille d'origine (Dutton et Hart ont découvert, en 1992, que les délinquants qui déclaraient avoir des antécédents de violence familiale étaient deux fois plus nombreux que ne que l'indiquaient leurs dossiers);
- antécédents de violence;
- relations multiples;
- troubles de la personnalité, y compris la
- personnalité antisociale, le narcissisme et la personnalité limite;
- toxicomanie;
- caractéristiques individuelles, par exemple une faible affirmation ou estime de soi, l'incapacité d'exprimer ses sentiments, la dépression, des problèmes de maîtrise de l'hostilité ou de la colère, la rigidité dans les attitudes et les rôles sexuels.
Information signalée par la conjointe
Comme il est difficile de se fier aux autodéclarations et à l'examen des dossiers, les cliniciens et les chercheurs s'efforcent de plus en plus de confirmer les renseignements au moyen des déclarations de la conjointe. En fait, il est généralement reconnu que les données fournies par la conjointe sont le principal critère de mesure dans les études sur les résultats du traitement des hommes violents. Il faut tenir compte de certains aspects lorsque l'on décide d'utiliser cette information :
- Si une femme (ou un autre membre de la famille) signale une répétition des actes de violence, on doit l'informer que tous les renseignements qu'elle fournit PEUVENT être communiqués au délinquant. Un protocole précisant les limites de la confidentialité et de la protection de l'information doit être clairement établi à l'avance pour la conjointe et on doit s'efforcer le plus possible d'assurer sa sécurité et sa protection. Dans les cas de violence familiale, il est possible que la conjointe maltraitée refuse de communiquer des renseignements en sachant que l'agresseur sera informé de sa démarche. Il faut donner le choix à la victime et respecter sa décision. Comme on l'a indiqué dans la Stratégie nationale de formation du SCC (Initiative de lutte contre la violence familiale, 1994), il est permis de ne pas divulguer des renseignements au délinquant seulement lorsque cette divulgation peut compromettre la sécurité de la personne ou d'un pénitencier ou la conduite d'une enquête légale. Si l'on a des motifs suffisants de ne pas divulguer l'information au délinquant, on prépare un résumé détaillé en omettant les données d'identification et on lui en fait part.
- Une victime peut demander des renseignements sur un délinquant. Le Guide d'usage et de communication de renseignements personnels sur les délinquants précise la nature des renseignements qui peuvent être communiqués. Dans certaines situations, le Commissaire peut donner les renseignements suivants :
i) le nom du délinquant;
ii) l'infraction;
iii) la date du début et la durée de la peine;
iv) les dates d'admissibilité et les dates d'examen concernant les absences temporaires ou la libération conditionnelle.
S'il est clair que les intérêts de la victime l'emportent sur le respect de la vie privée du délinquant, on peut aussi révéler à la victime :
i) l'âge du délinquant;
ii) le pénitencier où il se trouve;
iii) la date de la libération du détenu pour une absence temporaire, son placement à l'extérieur, sa libération conditionnelle et sa mise en liberté d'office, ainsi que la destination du détenu dans chacun de ces cas; et
iv) si le contrevenant est détenu et, si ce n'est pas le cas, la raison pour laquelle il ne l'est pas. - Lorsque l'on effectue des évaluations dans la collectivité, il faut rencontrer la conjointe séparément de l'agresseur et lui donner la possibilité de parler librement et franchement sans crainte de représailles.
Lignes directrices sur les rapports
i) Devoir de prévenir La Société canadienne de psychologie (1991) a adopté des normes de déontologie en ce qui concerne les obligations du psychologue à l'égard des victimes éventuelles de ses clients :
Lorsque les actions des autres risquent de causer des torts physiques graves ou la mort, faire tout ce qui est raisonnablement possible pour empêcher les conséquences de ces actions. Ceci peut impliquer faire un rapport aux autorités appropriées (p. ex., la police) ou à la victime éventuelle et ce, même si une relation confidentielle est impliquée (Norme 11.36).
Si le psychologue conclut que la femme battue et ses enfants courent clairement un danger, il doit les prévenir. La déclaration du risque consiste, entre autres, à informer la victime, la police et la famille de la victime.
Le Service correctionnel du Canada établit actuellement des lignes directrices stipulant que les employés du gouvernement fédéral doivent signaler tous les incidents de violence familiale connus et soupçonnés. La question de la violence envers les enfants est claire. Certaines lois provinciales exigent que les citoyens signalent aux autorités pertinentes tous les cas connus ou soupçonnés de violence à l'endroit des enfants et, dans certains cas, de violence à l'égard des personnes âgées. En ce qui concerne la violence faite aux femmes, le système de justice pénale intervient dans le cas de violence physique (y compris la destruction des biens), de violence psychologique (intimidation, coercition et menaces) et d'aggression sexuelle.
Hart (1988) affirme qu'il incombe au thérapeute d'évaluer soigneusement la possibilité de menaces graves que présente son client. Elle recommande de tenir compte des facteurs suivants lorsque l'on évalue la dangerosité :
- les menaces d'homicide ou de suicide;
- les fantaisies relatives à l'homicide ou au suicide;
- l'accès aux armes et les menaces d'utiliser une arme;
- l'obsession à l'égard de la conjointe;
- la rage;
- la dépression;
- la consommation d'alcool ou d'autres drogues;
- l'accès à la femme battue;
- le degré d'isolement;
- les modifications de la situation familiale.
ii) Devoir de protéger
Comme nous l'avons indiqué auparavant, l'un des principaux objectifs de l'intervention auprès des hommes violents est d'assurer la sécurité et la protection des femmes et des enfants. Pour réaliser cet objectif, de nombreux intervenants assument une responsabilité beaucoup plus grande que celle qui consistait, par le passé, à donner des mises en garde. Ils se chargent notamment d'aviser les femmes des dangers possibles et de mettre en œuvre des stratégies de protection.
Si l'intervenant estime que la femme ou ses enfants courent de graves risques, il doit les prévenir et mettre en œuvre diverses stratégies de protection. Il doit, entre autres, diffuser des renseignements qui aideront la victime à évaluer les dangers physiques et psychologiques que présente son conjoint. Il doit informer la victime des divers services que lui offre la collectivité pour l'aider à concevoir un plan de sécurité et de protection. Enfin, il doit donner assez de renseignements à la victime pour qu'elle puisse prendre une décision éclairée au sujet du maintien de la relation. Par exemple, beaucoup de femmes veulent maintenir la relation si leur conjoint est affecté à un programme de traitement. Il faut informer la victime que la participation à ce genre de programme ne garantit pas que l'agresseur changera son comportement. On demande aux responsables des programmes de traitement des agresseurs d'informer la victime de la présence de son conjoint au sein du groupe et des progrès généraux qu'il a faits. On les invite également à tenter d'évaluer les progrès réalisés par l'agresseur à la maison en s'informant auprès de sa conjointe.
Compétence professionnelle
Pour offrir des services de façon responsable et efficace, les professionnels doivent avoir de la formation et de l'expérience dans le domaine de la violence familiale, notamment en ce qui concerne les aspects suivants :
- Connaissance et compréhension de l'éthique et des normes d'éthique professionnelle présentées dans le Code canadien de déontologie professionnelle des psychologues (1991) et dans les Lignes de conduite du SCC à l'intention des psychologues (1991). Il est aussi fortement recommandé au psychologue de bien comprendre les lignes directrices relatives au devoir de prévenir et de protéger qui ont été élaborées par les praticiens en violence familiale et le Service correctionnel du Canada.
- Compréhension théorique de la violence familiale. En raison des contributions énormes faites dans ce domaine par diverses disciplines, il est vivement conseillé au psychologue de bien comprendre les explications socioculturelles et sociopsychologiques de la violence.
- Capacité d'évaluation. Le psychologue doit être sensible à diverses formes de violence et connaître à fond les causes, l'incidence et les effets de la violence sur l'agresseur et la victime.
- Capacité d'intervention en cas de crise (p. ex., suicide, automutilation, consommation de drogue, etc.). La majorité des hommes violents ont divers besoins cliniques. Bien souvent, ils sont déprimés ou suicidaires lorsqu'ils songent à la perte de leur conjointe ou à l'imposition de peines.
- Connaissance de la documentation sur les traitements. Au cours des dernières années, on a effectué de nombreuses études sur l'efficacité du traitement des hommes violents. Edelson et Tolman (1992) en particulier, ont relevé un certain nombre de caractéristiques qui contribuent au succès d'un programme. De nombreux intervenants s'accordent également à dire que certaines techniques d'intervention peuvent nuire aux victimes si l'on n'en surveille pas étroitement l'utilisation. Par exemple, les programmes portant exclusivement sur la maîtrise de la colère et le changement du comportement ont fait l'objet de critiques. Gondolf (1985) n'est pas en faveur des groupes de maîtrise de la colère pour les raisons suivantes :
i) ils laissent supposer à un certain niveau que la victime a fait quelque chose pour provoquer la violence ;
ii) ils n'expliquent pas les comportements violents prémédités des hommes (c'est-à-dire que les hommes violents ont généralement des stratégies pour maîtriser leur colère envers leurs collègues, leurs amis ou leurs voisins mais ils ne contrôlent pas leur comportement à l'endroit de leur conjointe);
iii) ils n'abordent pas les renforcements normatifs concernant la violence à l'endroit de la conjointe et la violence à l'égard des femmes en général;
iv) les recherches ont prouvé que certains hommes deviennent moins violents physiquement, mais adoptent parallèlement des méthodes plus subtiles pour contrôler la relation. Par exemple, ils peuvent faire une pause lorsqu'ils estiment qu'ils perdent le contrôle d'eux-mêmes. Toutefois, s'ils ont recours à cette tactique pour se retirer de la situation et «punissent» ensuite leur conjointe en se tenant à l'écart, ils n'ont fait que remplacer un vieux comportement dominateur par un nouveau (p. 3).
La thérapie de couple est un autre exemple des techniques d'intervention qui peuvent s'avérer dangereuses pour les victimes de violence familiale. Elle a fait l'objet de critiques sévères pour les raisons suivantes :
i) elle laisse sous-entendre à un certain niveau que la victime est en partie responsable de l'incident;
ii) elle vise à réparer une relation qui peut représenter un danger accru pour la victime;
iii) une femme maltraitée peut penser qu'elle n'est pas en sécurité si elle parle franchement lors d'une séance de traitement et que tout ce qu'elle dit peut l'exposer à d'autres représailles;
iv) on donne implicitement à la femme et à l'homme le message qu'ils partagent tous deux la responsabilité de la violence (Edelson et Tolman, 1992). - Connaissance approfondie des ressources de la collectivité. Le psychologue doit connaître les services (aide juridique, traitement, hébergement d'urgence, etc.) offerts aux hommes, aux femmes et aux enfants.
- 7. Sensibilisation aux attitudes, aux croyances et aux valeurs personnelles. Conformément à la norme 11.10 du Code canadien de déontologie professionnelle des psychologues (1991), il est important que les psychologues évaluent comment leurs antécédents, leurs attitudes, leur culture, leurs croyances et valeurs personnelles, le contexte social, les différences individuelles et les pressions influencent leurs interactions avec les autres et qu'ils intègrent cette prise de conscience à tous leurs efforts pour agir au bénéfice des autres et ne pas leur nuire (p. 16). Les psychologues doivent examiner leurs attitudes et leurs comportements personnels et s'attaquer à tous les préjugés sexistes, racistes ou homophobes qu'ils peuvent entretenir s'ils veulent pouvoir amener les hommes violents à assumer la responsabilité de leur comportement blessant et dominateur. Ils doivent aussi apprendre à reconnaître et à confronter les diverses rationalisations des hommes qui maltraitent les femmes. Bon nombre de ces rationalisations sont profondément enracinées dans les messages socioculturels qui justifient l'inégalité entre les hommes et les femmes. Comme nous l'avons signalé auparavant, de nombreux hommes violents signalent des incidents de victimisation dans leurs antécédents personnels ou se présentent comme perturbés affectivement. Il est facile pour un professionnel qui entend de telles confidences d'exacerber ce sentiment de victimisation ou de se montrer subtilement de connivence avec le client. Ce dernier peut alors avoir tendance à ne plus se sentir responsable de ses actes et à rationaliser ses comportements blessants et dominateurs.
- Connaissance des ressources. On peut obtenir une documentation importante sur la violence familiale de diverses sources dont les programmes relatifs à la violence familiale, l'Office national du film et des librairies spécialisées dans les questions qui touchent les femmes. Le psychologue doit connaître les ressources existantes et être en mesure d'en faire une évaluation critique.
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