La mort, les impôts et l’espoir

Au cours des 20 dernières années, Parmjit a passé toutes les fins de semaine de janvier à juin à s’asseoir dans un bureau de style salle de conférence au dernier étage d’un gurdwara sikh, ou un temple, afin que les membres les plus vulnérables de sa communauté reçoivent les prestations fiscales auxquelles ils ont droit. Bien qu’elle ait reçu un diagnostic de cancer du sein en 2014, Parmjit a rarement manqué une fin de semaine au comptoir du Programme communautaire des bénévoles en matière d’impôt (PCBMI), même pendant ses traitements.

En tant qu’employée de l’Agence du revenu du Canada à la Direction générale des affaires publiques, j’ai eu l’honneur d’interviewer Parmjit Aulakh, une bénévole de longue date du PCBMI, qui dirige un comptoir dans un temple sikh à Vancouver depuis plus de 20 ans.

J’entre dans le temple, j’enlève mes chaussures; les odeurs familières de la langar (cuisine commune), ou les repas gratuits préparés pour la congrégation flottent dans les airs. Les sons rythmés des hymnes inondent chaque crevasse du gurdwara, me comblant de quiétude. Je me nettoie les mains, me coiffe d’un foulard, me recueille dans la salle de prières, puis trouve Parmjit cachée dans son bureau à motifs des années 90 au bout du couloir.

Parmjit, une comptable professionnelle agréée à la retraite, est assise derrière un bureau, tapant sur son clavier, tandis qu’un vieil homme portant un turban, tenant sa canne, la regarde. Six autres personnes sont assises sur des chaises le long d’un mur, des papiers et des enveloppes à la main, en attendant leur tour.

« Dans le sikhisme, le seva, ou redonner, est ancré en nous. J’ai l’impression de tirer davantage parti de mon travail de bénévole que ceux que j’aide. » Balbir, un retraité septuagénaire, a perdu sa femme il y a un an, et, tout récemment, sa fille, qui vivait avec un handicap physique. Submergé par son chagrin, il n’avait pas été en mesure de remplir la paperasse liée au décès de ses proches, et ses impôts avaient été laissés de côté depuis longtemps. Des problèmes financiers, aggravés par le fait qu’il ne maîtrise pas suffisamment l’anglais, ont fait en sorte qu’il était difficile pour Balbir de demander l’aide dont il avait besoin, jusqu’à ce qu’il entende parler du comptoir. Ses yeux se remplissent de larmes alors qu’il raconte comment Parmjit a produit les déclarations de revenus pour lui-même, sa femme et sa fille, des cinq dernières années. « Je n’avais aucune idée que nous aurions dû recevoir autant de paiements. Je ne pourrai jamais assez remercier Parmjit pour tout ce qu’elle a fait pour moi. »

L’histoire de Balbir est l’une des nombreuses que Parmjit a compilées au fil des ans. Lorsque je la félicite pour les vies qu’elle a touchées, elle redirige humblement les éloges. « C’est l’Agence qui mérite le crédit pour le PCBMI. Ils nous fournissent la formation nécessaire pour y arriver. » Elle est reconnaissante d’avoir été en mesure d’apporter un comptoir à un gurdwara, un endroit qui est significatif pour elle, et qui a fourni du réconfort aux personnes les plus nécessiteuses de la communauté sikhe de Vancouver, y compris les aînés et les nouveaux arrivants. « Je ne peux pas décrire à quel point il est gratifiant de voir les gens sortir de ce bureau avec le sentiment d’être soulagés d’un énorme poids. » Balbir rassemble ses documents, se lève lentement et pose une main sur la tête de Parmjit — un geste d’immense gratitude. Elle l’arrête, prend sa main dans la sienne et lui dit : « Non, merci de me donner la chance de faire le seva ».

Lorsque la file d’attente a diminué, Parmjit et moi descendons pour nous rendre à la Langar. Je lui demande s’il était difficile de faire du bénévolat lorsqu’elle faisait face à ses propres problèmes de santé. Elle me regarde pensivement. « Eh bien, je n’y avais jamais pensé. Je ne pensais pas à mon cancer lorsque j’étais au comptoir d’impôts. Je me concentrais sur les personnes qui avaient besoin de moi. » Incarnation de la philosophie « Les gens d’abord », elle change rapidement de sujet pour dire à quel point le PCBMI est excellent pour les étudiants ou les nouveaux arrivants qui cherchent à acquérir de l’expérience de travail, ou pour les personnes qui veulent simplement trouver une façon unique de faire du seva.

Je demande à Parmjit pendant combien de temps elle continuera à faire du bénévolat, « tant que les gens auront besoin d’aide ».

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