La réduction des dommages causés par les inondations

Historique

La section suivante retrace l'évolution du rôle des gouvernements en matière de régularisation des crues et d'aide, jusqu'à l'actuelle politique nationale visant à réduire les dommages causés par les inondations. Cette politique a été mise en oeuvre dans le cadre du Programme fédéral-provincial-territorial de réduction des dommages causés par les inondations.

Avant 1953

L'eau a toujours joué un rôle crucial au Canada, tout au long de son histoire. Dès la fin des années 1630, les colons français dans la baie de Fundy érigaient un réseau de digues afin d'assécher les marais salants, en vue de les utiliser pour l'agriculture. Plus de 200 ans plus tard, on construisait, dans une Colombie-Britannique naissante, des digues sur le littoral afin de protéger les terres agricoles et en conquérir de nouvelles sur la mer. La multitude de ces digues obligea le gouvernement de la Colombie-Britannique à adopter une loi créant des districts de digues, en 1873.

Avec l'arrivée des colons, l'eau devint encore plus importante dans la vie courante pour le transport, la production d'énergie, le commerce, le contrôle territorial et les fins militaires. Bien qu'il n'y ait eu aucune catastrophe majeure, l'histoire nous révèle que, en ce temps-là, l'eau faisait céder des petits barrages, emportait des ponts et inondait des parties importantes de villes et villages.

Les collectivités et les industries bourgeonnèrent le long des cours d'eau, car ceux-ci étaient le principal moyen de transport et assuraient l'approvisionnement en eau. À mesure que le pays se développait, les ressources en eau procurèrent d'autres avantages. Vers la fin du XIXe siècle, les rivières canadiennes étaient vantées dans la publicité destinée aux pêcheurs sportifs européens. L'importance récréative des eaux ne cessa de s'accroître au début du siècle. À la même époque, on commençait à se rendre compte du potentiel hydroélectrique du Canada.

Dès le début du XXesiècle, on construisit de vastes ouvrages hydrauliques, surtout destinés à la production d'électricité. Bien que ces ouvrages ne servaient pas à la régularisation des eaux, ils réduisaient invariablement les crues de pointe. Les ouvrages construits pour faciliter la navigation réduisaient eux aussi les crues de pointe, quoique à un degré moindre. Plus tard, on constata l'importance de tenir compte des utilisations multiples des bassins hydrographiques, ce qui donna naissance aux offices de protection en Ontario et à l'Eastern Rockies Conservation Board en Alberta. Créés sur une base géographique, celle des bassins versants, ces organismes avaient comme principal objectif la régularisation des crues. Ils avaient également d'autres buts : assurer l'approvisionnement en eau pour l'irrigation et les usages domestiques, veiller à l'exploitation forestière, et protéger la faune et les utilisations récréatives.

Toutes ces activités se réalisaient sans politique nationale des eaux. L'Acte de l'Amérique du Nord britannique de 1867 (maintenant Loi constitutionnelle) ne mentionnait pas expressément l'eau. Toutefois, l'Acte, les décisions rendues ultérieurement par les tribunaux, les ententes fédérales-provinciales et les lois de 1930 sur le transfert des ressources naturelles donnèrent aux provinces la propriété et le contrôle des ressources naturelles, tout en réservant au gouvernement fédéral des pouvoirs en matière de pêches, de navigation, de traités et d'engagements extraprovinciaux, entre autres. La compétence en agriculture fut attribuée au gouvernement fédéral et aux provinces. Cependant, on ne mentionnait pas précisément la régularisation des crues.

Par conséquent, les provinces avaient le pouvoir de gérer les ressources naturelles en deçà de leurs frontières, mais ce pouvoir était restreint lorsqu'il touchait les domaines de compétence fédérale. Pour ce qui est du fédéral, ses responsabilités relatives à l'eau relevaient de plusieurs lois et organismes, et couvraient plusieurs domaines : pêches; voies navigables; irrigation; divers types de levés des cours d'eau, lacs, ports et barrages; aménagements hydroélectriques; traités avec les États-Unis.

Loi sur l'aide à la conservation des eaux du Canada

La Loi sur l'aide à la conservation des eaux du Canada, promulguée en 1953, était la première loi fédérale portant expressément sur la gestion des ressources en eau. La Loi permettait au gouvernement fédéral de fournir une aide financière aux provinces pour la construction d'ouvrages de protection et de régularisation de l'eau. L'objet de la Loi était d'aider financièrement les projets dont les coûts excéderaient la capacité de payer des provinces et des municipalités. En vertu de cette loi, le gouvernement fédéral pouvait contribuer jusqu'à 37,5 % du coût de ces ouvrages, à la condition que la contribution fédérale ne soit pas supérieure à celle de la province.

Loi sur les ressources en eau du Canada

Adoptée en 1970, la Loi sur les ressources en eau du Canada remplaçait la Loi sur l'aide à la conservation des eaux et devenait le principal véhicule de participation du gouvernement fédéral à la gestion des ressources en eau du Canada. En vertu de cette loi, le gouvernement fédéral peut participer avec une ou plusieurs provinces aux programmes de gestion des eaux et à ceux relatifs à la qualité des eaux. Pour les eaux présentant un intérêt national, la Loi autorise des ententes avec les provinces ou les territoires en vue de la collecte des données, la réalisation des projets de recherche, la formulation de plans détaillés de gestion, ainsi que la conception et la mise en oeuvre des projets de gestion.

La Loi sur les ressources en eau du Canada reflète les nouvelles attitudes des gestionnaires de ressources, des décideurs et du public à l'égard de la gestion de l'eau. Une nouvelle loi s'imposait pour remplacer la Loi sur l'aide à la conservation des eaux, que l'on jugeait trop restrictive pour les raisons suivantes :

  • elle omettait de nombreuses utilisations de l'eau;
  • elle prévoyait une aide uniquement pour les ouvrages, ce qui négligeait les autres solutions;
  • l'aide était accordée uniquement selon une formule rigide de partage des coûts;
  • elle ne prévoyait pas la possibilité de consultations conjointes relatives aux priorités, ni de participation conjointe à la planification.

La Loi sur les ressources en eau du Canada était axée sur les principes suivants, alors nouveaux à l'époque :

  • la planification devrait être globale et comprendre toutes les utilisations de l'eau, ainsi que leur importance économique, sociale et environnementale;
  • on devrait solliciter l'avis des personnes concernées;
  • on devrait tenir compte des solutions non structurelles;
  • la planification devrait être réalisée sur la base des bassins hydrographiques ou autres entités géographiques plus vastes.

Les dispositions détaillées de la Loi sur les ressources en eau du Canada en matière de gestion de l'eau prévoient un système de comités consultatifs fédéraux-provinciaux où les fonctionnaires des deux paliers peuvent discuter des problèmes, priorités, politiques et programmes. D'autres dispositions de la Loi prévoient des ententes conjointes pour la planification détaillée des divers bassins, et, après étude de ces plans, des ententes conjointes relatives à leur mise en oeuvre.

Dans de nombreuses régions du pays, il fallait traiter de manière nouvelle la question des inondations, et remplacer la méthode habituelle consistant à construire des ouvrages de protection et verser des dédommagements après les désastres. Cette évolution de pensée avait plusieurs raisons : désenchantement à l'égard de nombreux aspects de la méthode structurelle, « transfert de deniers publics » vers un nombre restreint de personnes vivant en régions inondables, changement des valeurs sociales, de l'urbanisation et des conditions économiques, et enfin hausse incessante du coût des dommages causés par les inondations même avec des ouvrages de protection en place.

Pour dissiper ces préoccupations, le gouvernement fédéral décida d'évaluer ses programmes et politiques, en vue de formuler une nouvelle stratégie nationale pour atténuer le problème des inondations et des dégâts connexes. Lors de cet exercice, on sollicita les avis des organismes provinciaux à l'occasion de discussions en comités consultatifs, on mit à profit les recommandations des études conjointes sur les bassins, et l'on étudia l'approche américaine face aux pertes croissantes causées par les inondations. C'est sur la base de telles informations que fut établi le Programme de réduction des dommages causés par les inondations en 1975.

Mesures structurales et non structurales

Les gouvernements ont tenté d'atténuer les problèmes liés aux inondations au Canada en construisant des digues, en créant des réservoirs amont et en offrant des programmes d'aide en cas d'urgence et de catastrophe. Bon nombre de ces mesures sont bénéfiques. Néanmoins, elles ouvrent la voie à un empiètement accru des plaines inondables, ce qui augmente les dommages potentiels lors des inondations ainsi que les demandes pour une protection plus grande encore. Qui plus est, lorsque s'estompe la mémoire des événements passés, on est porté à moins entretenir les ouvrages de régularisation existants et à permettre l'aménagement de nouvelles zones en amont, ce qui augmente la possibilité qu'il y ait des dommages causés par les inondations.

En d'autres mots, la solution que l'on pourrait appeler structurale n'est que partielle; la seule solution valable à long terme consiste à soustraire les zones inondables à l'aménagement et aux utilisations vulnérables aux inondations. Cette avenue non structurale est maintenant bien acceptée, car elle réduit d'une part la construction des coûteux ouvrages de régularisation, et d'autre part les dédommagements réclamés pour les dégâts causés par les inondations. Cette avenue comporte plusieurs volets :

  • réglementation de l'occupation des sols dans les plaines inondables;
  • mesures de protection contre les crues;
  • acquisition de terrains dans les plaines inondables ou relocalisation des bâtiments et structures;
  • modification de l'occupation des sols en amont;
  • mise en place et entretien de systèmes de surveillance des inondations et d'alerte.

Mesures non structurales

Gestion des plaines inondables

La gestion d'une plaine inondable est une méthode intégrée qui vise à éviter les dégâts dans la plaine. Il faut donc déterminer les problèmes actuels d'inondation, et éliminer tout accroissement des dégâts potentiels qu'entraînerait la poursuite de la mise en valeur de la plaine.

Comme les inondations et l'érosion sont des phénomènes naturels qu'il est très difficile et très coûteux de contrer directement, la gestion et la planification des plaines inondables constituent une méthode raisonnable pour assurer la sécurité publique et réduire le coût des dommages.

La gestion des plaines inondables consiste habituellement à réglementer l'occupation des sols dans les plaines inondables identifiées. Cette réglementation est fondée sur la prémisse que les zones à risque continueront d'être inondées de temps à autre. En réglementant l'occupation des sols, on cherche à restreindre l'utilisation des terrains en zones inondables ou à y permettre des aménagements non vulnérables aux inondations. Il s'agit donc de réserver ou de zoner ces terrains à cette fin. Cette méthode est la moins coûteuse si elle est adoptée avant que le développement de la plaine inondable ne soit trop avancé. Une autre façon de gérer l'occupation des sols dans la plaine inondable consiste à faire l'acquisition de terrains. Ceci est plus avantageux que la réglementation car l'organisme responsable peut influer directement sur l'aménagement à cet endroit.

La prévision des crues et les réseaux d'alerte

Au cours des 40 dernières années, la prévision des crues et les réseaux d'alerte au Canada ont beaucoup évolué, et il existe maintenant à travers le pays un réseau de centres de prévision. Il y a cinq centres provinciaux de prévisions des débits :

Outre ces centres provinciaux, d'autres organismes font des prévisions de crues, comme les offices de protection de la nature en Ontario.

Les programmes de prévision systématique ont souvent été mis en place à la suite d'une inondation particulièrement désastreuse. Au Manitoba, un tel programme fut instauré après la crue immense de la rivière Rouge en 1950, et en Ontario, c'est l'ouragan Hazel en 1954 qui a poussé les autorités à organiser un système de prévision des crues.

La plupart de ces centres fournissent de multiples services et fonctionnent à longueur d'année. Bien que la prévision des crues puisse être leur tâche principale au printemps, qui est leur période la plus occupée de l'année, ils fournissent pendant toute l'année des prévisions sur les régimes fluviaux, données qui servent à la régularisation des crues et à la gestion des eaux. Les données fournies par ces centres en dehors des périodes de crues servent à régulariser les débits pour les réservoirs et les centrales hydroélectriques, les ouvrages d'irrigation, les usages domestiques, l'assimilation de la pollution, les loisirs et autres activités qui causent une augmentation lente des niveaux. Par exemple, le Centre de prévision des régimes fluviaux de la Saskatchewan surveille et régularise les débits internationaux et interprovinciaux, afin d'assurer le respect des dispositions de divers accords.

La prévision des crues vise à déceler le plus tôt possible l'imminence d'une crue. Au fil des ans, la nature des prévisions a évolué : si au début, on cherchait à avoir une simple indication de la probabilité ou de l'ampleur d'une crue, on veut maintenant savoir avec exactitude l'importance et le moment de la crue.

Les centres de prévision ont le plus souvent la même structure fonctionnelle afin de pouvoir réaliser les activités suivantes :

Les prévisions ne cessent de se raffiner, notamment dans les domaines de la collecte des données et de la modélisation. Toutefois, les activités des divers centres de prévision varient selon les fonds disponibles et le besoin d'une technique poussée.

Collecte et gestion des données

Pour prévoir le niveau de crue d'un lac ou d'une rivière, il faut disposer de deux types de données primaires : les données hydrologiques et les données météorologiques. Le tableau suivant décrit plus en détail ces deux types de données.

  • Précipitations : mesurées au moins chaque jour; indiquent la quantité brute d'eau tombée au sol. Les précipitations hivernales cumulatives peuvent tenir lieu de données sur la couverture nivale si on tient compte des pertes par la fonte hivernale et par sublimation. Les pluies contribuent beaucoup aux crues.
  • Données hydrométriques : données sur le débit et le niveau des rivières, et sur le niveau des lacs. En surveillant les débits et niveaux d'eau en amont, les analystes peuvent estimer à l'avance le moment et l'ampleur du ruissellement printanier. Ces données facilitent les prévisions pour les régions aval.
  • Humidité du sol : cette donnée indique la teneur des sols en humidité, et donc la quantité d'eau que les sols peuvent absorber. La quantité non absorbée coule sur le sol jusque dans les cours d'eau.
  • Couverture nivale : mesure de la profondeur de la neige, de sa teneur en eau et de la région couverte par la neige. Ces données permettent d'estimer l'eau disponible qui pourrait contribuer à une crue.
  • Température : mesurée au moins chaque jour; permet d'estimer la vitesse de fonte de la couverture nivale, et donc la quantité d'eau fournie par la neige.
  • Prévisions météo : permettent aux analystes de prévoir la quantité d'eau qui sera fournie au bassin versant dans les quelques jours à venir.
  • Vent : la vitesse, la direction et la durée des vents déterminent l'ampleur des dénivellations dues au vent et des lames qui, lorsqu'elles sont superposées à des niveaux d'eau élevés, peuvent déborder les digues, endommager les rives, etc.
  • Évaporation : donnée difficile à mesurer directement. On la calcule au moyen d'autres variables comme la température, le vent et le rayonnement solaire. On estime le degré d'évaporation pour les systèmes à réaction lente comme les Grands Lacs, où l'évaporation peut jouer un rôle important.
Photo - Collecte des données
Les méthodes de collecte des données sont variées. La collecte sur le terrain se fait au moyen de divers instruments, allant des jauges lues sur place, jusqu'aux liaisons téléphoniques et satellite entre les jauges et les centres de prévision. La plupart des centres emploient une combinaison de ces systèmes. Au fur et à mesure qu'on remplace les instruments périmés ou qu'on étend le réseau des instruments, on installe des systèmes modernes. De plus, avec le perfectionnement constant des systèmes de collecte des données, l'accès aux données se fait de plus en plus en temps quasi réel. En d'autres mots, l'utilisateur a accès aux données quelques minutes ou quelques secondes seulement après qu'elles ont été enregistrées par les jauges.

Par leurs ordinateurs et leurs téléimprimantes, les centres accèdent aux données des autres organismes. Par exemple, les centres font appel aux systèmes informatiques du Service météorologique du Canada , d'Environnement Canada, pour obtenir des données et des prévisions météo, ainsi que des cartes radar.

Techniques de prévision des crues

La prévision des crues a pour but d'interpréter les données recueillies, d'estimer l'ampleur du ruissellement futur et de prévoir le niveau de l'eau dans les régions vulnérables des bassins versants, et ce, dans le temps et dans l'espace. De la sorte, l'analyste peut déterminer où et quand les problèmes risquent de se produire.

À cette fin, on emploie des modèles pour calculer le moment et l'ampleur des débits de pointe à des endroits précis. Il existe dans le monde de nombreux modèles de prévision hydrologique, dont plusieurs sont employés au Canada. Aucun modèle ne convient à tous les bassins. La complexité des modèles varie, et elle dépend du type et du nombre de données requis par le modèle. On évalue actuellement la performance de bon nombre de ces modèles, ainsi que les modèles appropriés pour divers bassins hydrographiques.

Le modèle qu'utilisera un groupe de prévision dépend des données disponibles, de sa compétence en hydrologie, des fonds alloués, du type de bassin et de la nature précise du problème. Dans de nombreux centres, on utilise plusieurs modèles en parallèle ou en série.

Voir aussi : la section sur l'utilisation de modèles pour les eaux

Opérations de régularisation des crues

Les centres de prévision travaillent en étroite collaboration avec les organismes chargés de l'exploitation des ouvrages de régularisation. Ces organismes exploitent souvent ces ouvrages à des fins autres que la seule régularisation des crues. Les centres leur fournissent des données sur les régimes fluviaux. Ils les avisent également des problèmes possibles de crue en amont et en aval.

Il incombe aux opérateurs d'un ouvrage de régularisation de déterminer le débit de sortie d'après les informations qu'ils ont reçues. Les modifications de débit sont coordonnées avec le centre de prévision, les autres ouvrages de régularisation en aval et les autres parties concernées. Toute modification de débit est ensuite introduite dans les modèles prévisionnels.

Communication des renseignements sur les crues

Comme le but premier d'un groupe de prévision des crues est d'avertir la population en cas de crues, la diffusion de l'information fait donc partie intégrante des tâches du groupe. En général, il lui incombe d'informer les organismes de protection civile, les hauts responsables gouvernementaux et le public par l'entremise des médias. Ordinairement, les provinces et les territoires ont la responsabilité d'avertir leur population en cas de crues.

Les centres de prévision donnent au public et aux organismes de protection civile divers types d'avertissement, dont le degré d'urgence varie. Le premier avertissement consiste habituellement en une alerte de crue en début de saison. Il s'agit souvent d'une indication générale des risques possibles, établis selon divers scénarios météorologiques. Ces avertissements sont habituellement publiés dans les journaux locaux ou diffusés à la radio et à la télévision. Ils rappellent aux organismes responsables, comme la protection civile, que la saison des inondations approche et qu'il est temps de s'y préparer. C'est à ce moment également que les habitants devraient commencer à protéger leurs biens et leurs propriétés.

Pendant la fonte des neiges au printemps, le groupe de prévision émettra un avertissement s'il entrevoit la possibilité d'une crue. Cet avertissement incite les services de police, les pompiers, les travaux publics et autres organismes à mettre en oeuvre les plans d'urgence municipaux et régionaux. Ces organismes se chargent d'évacuer, d'abriter, de nourrir et de vêtir la population menacée; de coordonner la construction de digues avec des sacs de sable; de gérer les embâcles; et d'exploiter les ouvrages de régularisation. Les avertissements donnent aux gens de plusieurs heures à quelques jours pour se préparer à transporter leurs biens précieux, se réfugier en terrains surélevés, et même sceller en partie leurs maisons et se porter volontaires dans les équipes de lutte contre les inondations.

Dans certaines régions, on mobilise les habitants pour qu'ils aillent avertir leurs voisins que la rivière déborde de ses berges. Lorsqu'on en est rendu à ce point, les habitants ont juste le temps de se sauver.

La prévision des crues a ses limites. Il arrive souvent qu'on ne surveille pas les petits cours d'eau, et il se produit des embâcles soudains; il peut s'ensuivre des inondations que les analystes ne peuvent prévoir.

Mesures d'urgence

La devise bien connue des scouts « Sois prêt » devrait être la nôtre quand il s'agit d'inondations. Pour ceux qui vivent et travaillent près des rivières et des lacs, les inondations font partie des réalités de la vie. Nous tâchons d'en minimiser les effets, mais il est impossible de les prévenir entièrement. La préparation à leur éventualité et l'établissement de plans d'urgence doivent donc constituer une priorité pour les riverains et les autorités locales responsables de la sécurité des collectivités.

La préparation aux inondations est une responsabilité partagée. La planification et les opérations de secours incombent surtout aux administrations locales, aux organisations provinciales des mesures d'urgence et aux organismes provinciaux chargés des ressources hydriques. Le gouvernement fédéral, par l'intermédiaire de Sécurité publique Canada, encourage les administrations provinciales et locales à établir des plans d'urgence. Et, dans le contexte du Programme de réduction des dommages causés par les inondations, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux collaborent pour cartographier et désigner les zones inondables partout au pays.

Photo - digues de sacs de sable
Chaque municipalité devrait disposer d'un plan d'urgence en cas d'inondation. Les cartes des risques d'inondation sont très précieuses pour les planificateurs auxquels elles indiquent les zones bâties, les routes, les ponts et les services essentiels, comme les stations de traitement de l'eau, susceptibles d'être inondés. Chaque plan d'urgence devrait indiquer des parcours pour éviter les zones inondées et devrait expliquer comment protéger les approvisionnements d'eau potable et les égouts. Il doit aussi donner les instructions pour ériger des murs de sacs de sable, évacuer les habitants, établir des centres de réception et effectuer le nettoyage.

Mais se préparer aux inondations n'incombe pas uniquement aux gouvernements. Les propriétaires immobiliers doivent aussi participer. Ces derniers devraient connaître les plans d'urgence locaux et être prêts à prendre toute mesure recommandée, depuis l'érection des murs de sable jusqu'à l'évacuation, afin de réduire les dommages à leurs biens et d'assurer leur propre protection.

Au moment d'une inondation, il est important d'agir vite. Il faudrait mettre sur pied un centre des opérations d'urgence pour coordonner les activités. Des systèmes de prévision et d'avertissement en cas d'inondation permettront aux autorités d'informer rapidement la population du lieu de l'inondation et du moment où elle les atteindra. On peut demander aux médias d'indiquer aux propriétaires d'habitation comment protéger les chaudières et comment prendre d'autres précautions. Dans certains cas, des équipes locales et provinciales de secours érigeront des murs de sable et protégeront les zones vulnérables. Et, s'il faut évacuer, la police et d'autres agents de secours aideront les habitants à le faire sans danger.

L'état d'urgence n'est pas terminé lorsque les eaux se retirent. Il faut rouvrir les voies de transport, restaurer l'électricité et remettre en service les égouts et les aqueducs. Il faut vérifier si les lieux présentent des risques, enlever les débris et décontaminer les habitations. Chaque propriétaire aura probablement à prendre ces mesures lui-même, mais les autorités donneront des conseils sur les méthodes de nettoyage et de décontamination à appliquer et peuvent aider si les dommages sont importants. Une fois le nettoyage terminé, les autorités devraient évaluer l'événement et, si nécessaire, revoir le plan d'urgence afin d'être mieux préparées la prochaine fois.


Évacuation de bétail dans la région de Maugerville-Sheffield, sur la rivière Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, le 30 avril 1973.

Photo - Évacuation de bétail

Activités de Sécurité publique Canada

Outre son mandat d'administrer le paiement des dédommagements, Sécurité publique et de la Protection civile Canada prend d'autres mesures visant à réduire indirectement les dégâts causés par les inondations. À son collège, Sécurité publique Canada offre une série de cours aux responsables municipaux, élus et non élus. Les cours visent à leur présenter leurs responsabilités en matière d'élaboration et de mise en oeuvre des mesures d'urgence.

L'inondation est l'une des 60 situations d'urgence auxquelles les responsables municipaux sont initiés. Les cours d'introduction donnent aux participants des notions étendues qui leur permettront de planifier et appliquer les mesures appropriées en cas d'urgence ou de catastrophe. Dans les cours plus avancés, on simule des situations de catastrophe et les étudiants participent à des exercices dans lesquels ils doivent prendre des décisions cruciales.

De plus, afin d'encourager une planification et des préparatifs appropriés à l'échelle nationale, Sécurité publique Canada administre le Programme conjoint de protection civile, au nom du gouvernement fédéral. Chaque année, le gouvernement fédéral consacre environ 4,5 millions de dollars à des projets de protection civile dans les provinces et les territoires qui y affectent pour leur part près de 5,5 millions. Ces projets peuvent comprendre l'établissement de plans d'urgence, la mise en oeuvre de systèmes de communication plus efficaces ainsi que l'acquisition d'équipement de secours qui permettraient de réduire les dégâts dus aux inondations et les pertes de vie.

En Alberta : un centre de formation pour les services publics de sécurité

Offrant une formation en gestion de catastrophes, l'Alberta Public Safety Services Training School, à Edmonton, est une institution précieuse pour quiconque oeuvre dans le domaine de la protection civile et des mesures en cas d'urgence. Cette école et le collège de Protection civile Canada à Arnprior sont les seuls établissements qui offrent une telle formation au Canada.

L'école de formation a été mise sur pied dans le cadre de la loi albertaine qui oblige chaque municipalité à formuler un plan de mesures d'urgence en cas de catastrophe.

- Insight, décembre 1989

Voir aussi : Sécurité publique Canada et le Collège canadien de gestion des urgences 

Gestion des eaux pluviales

Le drainage urbain

Les effets de l'urbanisation sur le drainage des eaux pluviales se manifestent par la modification de la qualité, du débit de ruissellement et du volume d'eaux pluviales qui entrent dans le réseau naturel de drainage. En milieu urbain, le ruissellement n'est plus retenu par les petites dépressions mineures, la couverture végétale ou les voies naturelles et indirectes suivies auparavant par les eaux de surface. En fait, le débit du ruissellement augmente en raison de toute la surface imperméable construite qui aboutit directement aux égouts et aux canaux de drainage plus efficaces. Ces tuyaux et canaux peuvent acheminer le ruissellement vers les milieux récepteurs plus rapidement qu'avant le développement du bassin.

Les surfaces imperméables réduisent également la surface disponible par où la pluie peut s'infiltrer. Cette réduction des infiltrations d'eau dans les sols peut provoquer l'abaissement de la formation aquifère, et même réduire la quantité d'eau souterraine qui alimente les cours d'eau pendant les périodes de faible niveau.

La figure ci-dessus montre un hydrogramme type du ruissellement urbain. Il illustre bien que le débit de pointe des cours d'eau en milieu urbain survient plus rapidement et avec plus d'amplitude qu'avant l'urbanisation. La diminution du débit après une tempête est plus rapide sur la courbe « milieu urbain ». Cet accroissement rapide du débit cause également une érosion accrue des berges des cours d'eau, car le courant est plus rapide. 

Effet de l'urbanisation sur le volume et le débit de ruissellement

Source : Adaptation de Drainage Manual, Association des routes et transports du Canada, 1982.

Vous trouverez des informations détaillées ci-dessous.

Effet de l'urbanisation sur le volume et le débit de ruissellement. Le graphique montre que l'urbanisation a fait augmenter l'écoulement de pointe et le volume de ruissellement au-dessus des niveaux observés avant l'urbanisation. Adaptation de Drainage Manual, Association des routes et transports du Canada, 1982. "

Outre la modification des caractéristiques de drainage, on observe une altération de la qualité de l'eau. Le ruissellement en régions urbaines contribue à la pollution par un apport de nutriments, de bactéries, de sédiments, de métaux lourds, d'huiles, de graisses, et, au printemps, d'abrasifs routiers.

La « première chasse » est un phénomène au cours duquel le ruissellement en début de tempête ramasse les polluants sur les surfaces du bassin, comme les routes et les terrains de stationnement, ainsi que les dépôts d'égout, où ils se sont accumulés depuis la dernière tempête. Lorsque ces polluants sont lavés dans les égouts, le degré de pollution des eaux pluviales diminué pour le reste de la tempête.

Dans les localités canadiennes un peu anciennes, les eaux pluviales et les eaux usées sont transportées par un même réseau vers une station de traitement, d'où elles seront évacuées vers le milieu récepteur. Pendant les pluies intenses, la capacité des tuyaux et de la station de traitement est souvent dépassée. Le mélange d'eaux usées et d'eaux pluviales reflue donc dans les canalisations, ce qui inonde les routes et les sous-sols. Pendant ce temps, la majeure partie de l'eau dans les tuyaux contourne la station de traitement et se retrouve directement dans le milieu récepteur.

Dans les localités plus récentes, on utilise des canalisations séparées pour les eaux pluviales et les eaux usées. Les canalisations d'eaux usées sont reliées à la station de traitement, tandis que les canalisations d'eaux pluviales se déversent directement dans les cours d'eau. Pendant une précipitation majeure, les canalisations d'eaux pluviales peuvent quand même s'engorger et provoquer l'inondation des sous-sols et des routes. En général, les eaux pluviales sont moins polluées que les eaux d'égout. Dans certaines localités, on utilise des étangs de décantation afin de faire un premier traitement des eaux pluviales.

Application des techniques de gestion des eaux pluviales

La gestion des eaux pluviales a beaucoup évolué au cours des dernières années, au point où elle nécessite une planification détaillée et multidisciplinaire afin d'assurer la protection de la vie humaine, de la propriété et des milieux récepteurs naturels que sont nos cours d'eau et nos lacs. Les trois éléments de base de cette planification sont le plan de gestion du bassin hydrographique, le plan du sous-bassin hydrographique et le plan de gestion des eaux pluviales. Si l'on veut que la gestion des eaux pluviales soit efficace, il faudrait que ces trois éléments soient coordonnés et intégrés directement au processus de planification municipale.

Les plans de gestion du bassin hydrographique sont des stratégies complètes qui établissent des objectifs globaux de gestion des eaux pour l'ensemble d'un bassin hydrographique. En premier lieu, le plan documente et examine les caractéristiques physiques, chimiques et biologiques du bassin. Ces renseignements servent ensuite à définir les utilisations existantes et potentielles de l'eau. On évalue et choisit par après les buts généraux, les objectifs, les méthodes et techniques de contrôle pour chaque bassin, afin de protéger et bonifier les eaux réceptrices.

Les plans officiels établissent les objectifs et les politiques que les municipalités emploient pour orienter le développement. Ces plans doivent contenir les objectifs de gestion des eaux pluviales établis dans le plan de gestion du bassin hydrographique. La municipalité doit s'engager à avoir une approche globale à toutes les étapes de la planification de l'occupation des sols.

Les plans du sous-bassin hydrographique décrivent les exigences en matière de gestion des eaux pluviales dans un sous-bassin. À partir des informations contenues dans le plan de gestion du bassin hydrographique, ces plans indiquent les moyens nécessaires à la régularisation des eaux pluviales, comme l'infiltration, les tranchées, les dépressions longitudinales (terres basses) ou les étangs d'eaux pluviales. Ce niveau de planification se fait à la même échelle que les plans de quartier (secondaires), lesquels sont plus spécifiques pour certains points, comme l'occupation des sols et les corridors de transport. L'élaboration intégrée de ces deux plans assure l'optimisation de toutes les ressources au sein de ce sous-bassin.

Pareillement, les plans de gestion des eaux pluviales et le plan de lotissement devraient être élaborés conjointement. Dès le début de la planification du lotissement, on devrait tenir compte de la gestion des eaux pluviales, car elle peut influencer grandement le morcellement des terrains, les chaussées et autres services.

Un autre concept de gestion des eaux pluviales comprend des réseaux mineur et majeur de drainage. Le réseau mineur est le réseau « commode » de drainage qui transporte l'eau lors des pluies fréquentes. Le réseau majeur comprend les rues, dépressions et canaux ouverts qui peuvent transporter l'eau lors des inondations importantes mais peu fréquentes.

Les réseaux mineurs de drainage comprennent les canalisations en surface (simples ou doubles) qui transportent les eaux pluviales. Bien que le réseau mineur soit considéré par la plupart comme le premier moyen d'évacuation des eaux pluviales, comme nous l'avons mentionné, il ne transporte qu'une faible partie de toute la pluie qui tombe pendant une tempête extrême. Ces réseaux sont conçus pour transporter les eaux pluviales associées aux tempêtes dont la période de récurrence est de 2 à 10 ans. On pourrait installer des canalisations de plus grand diamètre pouvant recevoir les eaux pluviales associées à des tempêtes encore plus violentes mais moins fréquentes; toutefois, ces tuyaux seraient immenses et leur installation serait très coûteuse.

Le but d'un réseau majeur de drainage est de transporter les eaux pluviales résiduelles de manière ordonnée. Le ruissellement désordonné provoque l'érosion des terrains, inonde les sous-sols, endommage les fondations par l'accumulation des pressions hydrauliques, et inonde les routes.

Les réseaux majeurs de drainage sont conçus pour une crue centenaire. Ils constituent la méthode la plus rentable pour accroître la capacité de drainage d'une région donnée.

Dans un tel système, on retient pour une courte période les eaux pluviales afin de les relâcher de manière contrôlée au moment opportun. Comme réservoirs, on utilise des étangs de rétention (humides), de retenue (secs) et d'infiltration, les toits plats des édifices commerciaux, les grands terrains de stationnement, les rues locales et les artères, ainsi que des silos ou des réservoirs souterrains.

Les étangs sont un bon moyen de gérer les eaux pluviales, en raison de leur grande capacité de rétention. Il y a deux types d'étangs, à savoir les étangs dits secs et les étangs dits humides. Les étangs secs sont, on s'en douterait, habituellement à sec; ils retiennent l'eau pour de courtes périodes seulement, et ils la relâchent vers un milieu récepteur par un exutoire dont le débit est contrôlé. Les étangs humides contiennent toujours de l'eau, et ils retiennent les eaux pluviales jusqu'à ce que leur capacité soit dépassée; l'eau déborde alors vers un milieu récepteur. Ce sont des réservoirs de stockage à long terme, et, par conséquent, le temps de rétention y est long. Les étangs humides assurent aussi l'alimentation des nappes souterraines.

Quant aux réservoirs que sont les toits, les terrains de stationnement, les rues et les structures souterraines, ils servent à retarder le ruissellement ou à réduire le débit vers les réseaux mineur et majeur. Toutefois, si on envisage d'utiliser cette technique, il faut adjoindre à ce type de réservoir un régulateur du débit. S'il y a lieu, on devrait aussi installer un évacuateur de trop-plein pour les situations d'urgence.

Il existe d'autres méthodes de modification du drainage urbain. Par exemple, on peut assurer l'alimentation des nappes souterraines en utilisant des matériaux de pavage poreux sur les routes et les stationnements. Dans les quartiers d'habitation, on peut, avec de bonnes techniques d'aménagement paysager et l'emploi de certains matériaux de construction, constituer des réservoirs discrets faisant partie du réseau majeur de drainage.

Mesures structurales

Les barrages

Photo - barrage
Un est un ouvrage de terre, de roc, de béton ou d'autre matériau visant à retenir l'eau et créant un étang, un lac ou un réservoir.

Les eaux de crue peuvent être stockées dans de petits étangs fermiers pas chers ou dans d'immenses réservoirs qui coûtent des millions de dollars; le principe est le même. En période de fort débit, l'excédent d'eau est stocké dans un réservoir en amont de la zone protégée, jusqu'à ce que le niveau d'eau en aval ait suffisamment baissé pour que le trop-plein soit libéré.

Extrêmement efficace comme protection contre les crues, cette méthode offre d'autres avantages. L'eau stockée peut plus tard servir à augmenter le débit en aval pour des activités récréatives, la navigation et la production d'hydroélectricité.

Les digues

Les digues sont des talus construits afin de protéger les basses terres contre la crue des eaux, et c'est la structure la plus répandue au Canada. Elles empêchent seulement les eaux de crue de pénétrer dans les régions basses. Le degré de protection offert par une digue dépend de sa hauteur et de son type de construction. Les eaux en crue exercent une pression contre les digues, en accélèrent l'érosion et leur saturation, et causent des infiltrations par en-dessous; de plus, les digues peuvent être débordées lors des crues extrêmes. Chacun de ces facteurs peut causer la rupture d'une digue. La fiabilité d'une digue repose sur son inspection et son entretien continus. De plus, il faut souvent adjoindre aux digues un drainage interne et des postes de pompage afin de réduire au minimum les inondations derrière la digue, lesquelles peuvent être causées par les infiltrations d'eau à travers la digue, l'interruption du drainage naturel dans la zone protégée et le reflux des eaux d'égout lorsque le ruissellement d'averse est abondant.


Digue dans le parc Brewer d'Ottawa (Ontario).

Photo - Digue dans le parc Brewer d'Ottawa (Ontario).

Le réaménagement des lits

Le réaménagement des lits des cours d'eau comporte plusieurs mesures : élimination des bras morts et des méandres prononcés, dragage, enlèvement des débris, installation de déversoirs ou de chutes, et protection des berges.

Chacune de ces mesures contribue à des degrés divers à :

  • stabiliser le débit du cours d'eau;
  • accroître le gradient et la vitesse d'écoulement;
  • augmenter la capacité du lit; et
  • réduire l'érosion des berges ou du lit.

L'augmentation du gradient, du débit et de la capacité d'une rivière permet d'en réduire le niveau en amont, tandis que la stabilisation des berges et des lits facilite la traversée du cours d'eau.


Stabilisation des berges le long du fleuve Fraser.

Photo - Stabilisation des berges le long du fleuve Fraser.

Régularisation du débit

Dérivation

Pour réduire ou éliminer les risques d'inondation, on a souvent recours à la régularisation du débit du cours d'eau, en emmagasinant l'eau dans un réservoir ou la détournant en amont d'une zone vulnérable aux inondations. Par dérivation, on entend la canalisation totale ou partielle d'un cours d'eau soit autour d'un point donné du bassin, soit totalement hors du bassin. C'est une méthode fiable et effective de régularisation, puisqu'on se trouve à réduire le débit en aval. Un projet de dérivation peut nécessiter la construction d'un barrage, notamment si on canalise les eaux hors du bassin; il peut aussi s'avérer suffisant d'installer des prises d'eau et des exutoires. De plus, il faut habituellement creuser un canal de dérivation ou améliorer le lit existant.

Stockage

Les cours d'eau disposent d'une certaine capacité de stockage naturelle dans les lacs, marais et marécages de leurs bassins, ce qui peut réduire dans une certaine mesure les débits de pointe en crue. Toutefois, cette réduction est rarement suffisante pour empêcher en tout temps les inondations en aval. Il faut donc construire et régulariser des réservoirs artificiels expressément à cette fin. On peut y parvenir avec des bassins de rétention et des réservoirs d'accumulation, et en modifiant les lacs existants. Les bassins de rétention sont habituellement adjacents aux rivières; l'eau y est canalisée et ramenée plus tard dans la rivière. Les réservoirs, situés en amont des barrages et des zones inondables, ont une capacité d'accumulation plus grande que les bassins de rétention. Pour accroître la capacité de stockage d'un lac, il faut normalement construire un barrage et un déversoir de crue à l'exutoire naturel du lac.

Le niveau du réservoir est habituellement au plus bas juste avant la fonte des neiges au printemps. L'eau de ruissellement en amont du barrage qui s'accumule dans le réservoir est relâchée plus tard dans le cours d'eau, afin d'accroître le débit normalement faible en été et en hiver.

Les estacades

On utilise surtout les estacades dans l'est du Canada. Elles ressemblent aux estacades utilisées avec les billes de bois, sauf qu'on les place au travers d'une rivière pour empêcher le déplacement des glaces vers l'aval. Elles sont mises en place à l'automne et enlevées après la débâcle printanière. Chaque année, on installe une importante estacade à la tête de la rivière Niagara, afin d'empêcher que les glaces du lac Érié ne viennent s'ajouter à la production déjà imposante de glaces dans la gorge en aval des chutes Niagara.

En l965, on a utilisé pour la première fois des estacades afin de protéger la voie navigable du Saint-Laurent contre les glaces flottantes. Plusieurs estacades sont placées dans le lac Saint-Pierre, à Lavaltrie et à l'île Saint-Ours. Elles sont conçues et disposées de façon à former une nappe de glace stable à l'extérieur des voies navigables le plus tôt possible. Elles empêchent également la nappe de glace de se briser sous l'effet du vent et des vagues, et donc elles empêchent les glaces flottantes de pénétrer dans la voie navigable et d'y constituer un danger à la navigation.

Voir aussi : Études de cas : régularisation des crues sur les rivières Rouge et Assiniboine et sur le fleuve Fraser

Protection contre les crues

Pour protéger les structures contre les risques d'inondation, dans la zone périphérique, il faut recourir à plusieurs techniques de base, à savoir :

  • rehausser les fondations au-dessus du niveau de crue, en utilisant un remblai ou des pieux;
  • sceller, en permanence ou de façon temporaire, toutes les ouvertures sous le niveau de crue;
  • enduire le pourtour de la structure de murs étanches en béton ou en maçonnerie; on peut aussi l'entourer d'un talus (un remblai recouvert de terre, avec des pentes douces et un dessus élargi);
  • laisser le sous-sol être inondé, mais s'assurer que la partie habitable de la structure est au-dessus du niveau de crue;
  • utiliser des vannes anti-reflux dans le réseau d'égouts afin d'empêcher que l'eau ne reflue dans les conduits d'égout; et
  • placer les transformateurs électriques et téléphoniques ainsi que les systèmes mécaniques au-dessus du niveau de crue.

Pour les nouvelles constructions, une méthode courante consiste à surélever le bâtiment au-dessus du niveau de la crue nominale, en rehaussant soit le terrain autour, soit le bâtiment lui-même. Dans la plupart des cas, il est peu commode de surélever des bâtiments déjà construits.


Bâtiment protégé contre les crues sur le Richelieu.

Photo - Bâtiment protété contre les crues sur le Richelieu

Le remblayage permet de protéger une maison seule ou tout un lotissement contre la crue nominale. Cette méthode ne nécessite pas de modifications spéciales aux bâtiments. Toutefois, si on place un volume important de remblai dans la plaine inondable, cette masse peut réduire la capacité de transport de la plaine, ce qui fait monter l'eau davantage.

L'emploi de piliers, pieux, colonnes ou murs porteurs pour élever une structure est une méthode efficace; de plus, elle ne provoque pas d'augmentation des crues, et ne pose pas d'obstacle appréciable au flux de l'eau. Toutefois, il faut bien concevoir les ouvrages de soutien, afin que les débris flottants ne les endommagent pas.

Les techniques d'étanchéisation des structures s'appliquent aux bâtiments neufs comme anciens. Pour rendre un bâtiment étanche, il faut d'abord que les murs de fondation soient suffisamment résistants pour supporter les pressions latérales et ascendantes exercées par l'eau, et ce, sans se fissurer. Les portes, fenêtres et orifices de drainage du sous-sol doivent également être étanches à l'eau. À cette fin, on peut sceller en permanence les portes et fenêtres, ou les recouvrir lorsqu'un avertissement d'inondation est donné. Dans les drains d'égout, il faut installer des vannes anti-reflux afin que l'eau d'égout ne reflue pas jusque dans le sous-sol. L'étanchéisation ne convient toutefois pas aux inondations prolongées. Si l'eau pénètre malgré l'étanchéisation ou si l'inondation dépasse la crue nominale, il peut s'ensuivre des dégâts importants à l'intérieur du bâtiment.

La construction de murs et de talus étanches à l'eau a pour but de garder une structure au sec sans qu'il faille pour cela modifier la structure elle-même. De nombreuses personnes préfèrent cette méthode, car, justement, elle n'oblige pas à modifier les bâtiments. Bien qu'efficaces, les murs et talus étanches peuvent être malcommodes à construire dans les régions urbaines denses, car cette méthode nécessite passablement de terrain. De plus, il faut que les avis d'inondation soient donnés suffisamment à l'avance pour qu'on ait le temps de sceller toutes les ouvertures. S'il y a des ruptures dans un tel système, l'eau peut sérieusement endommager le bâtiment et son contenu.

Les méthodes que nous venons de décrire sont dites méthodes de « protection totale », car elles visent à empêcher l'eau d'entrer dans le bâtiment. Dans les méthodes dites de « protection partielle », on laisse entrer l'eau dans les bâtiments. Dans certains cas, notamment lorsque les sols sont sablonneux, la pression de l'eau contre les murs et le plancher peut être si forte que le bâtiment peut être soulevé du sol ou des fondations, par la seule force des eaux d'inondation. Par conséquent, les méthodes de protection partielle peuvent s'avérer nécessaires. En effet, en laissant inonder le bâtiment, la pression de l'eau contre les parois intérieures et extérieures des murs s'équilibrera. Ce type de protection est souvent utilisé en dernier recours pour empêcher l'effondrement d'un bâtiment en raison du temps et du coût de nettoyage et de séchage des lieux après une inondation. On ne devrait pas l'appliquer sans obtenir au préalable des conseils d'un professionnel en la matière.

Principales méthodes de protection contre les inondations

Source : Adaptation de Design Manual for Retrofitting Flood-Prone Residential Structures, Federal Emergency Management Agency (FEMA), 1986.

Vous trouverez des informations détaillées ci-dessous.

Principales méthodes de protection contre les inondations. La figure montre les principales méthodes de protection contre les inondations, de la plus simple à la plus complexe : protection partielle contre les inondations, protection totale contre les inondations, murs de protection contre les crues, rehaussement et réinstallation.

Mesures de protection d'urgence

Les mesures de protection d'urgence sont mises en place à court préavis. Les techniques communément employées comprennent la construction de digues ou de barrages à l'aide de matériaux naturels ou entreposés sur place. Bien que ce genre de travail est peu coûteux, il est exigeant et requiert la préparation d'un plan d'action afin de s'assurer que les matériaux, la main-d'oeuvre et le matériel nécessaires seront disponibles en temps opportun.

Les mesures de protection d'urgence ne devraient jamais remplacer la mise en place de mesures de protection permanentes. Cela est particulièrement vrai dans les régions exposées aux embâcles ou lorsqu'il se produit fréquemment des crues éclair.

Digues de sacs de sable

Les sacs de sable empilés de manière à former un barrage contre la crue des eaux constituent le moyen le plus communément employé pour la protection contre les inondations en cas d'urgence. Les sacs doivent être suffisamment robustes pour ne pas se déchirer, et suffisamment durables pour résister indéfiniment à l'immersion. Mieux vaut utiliser des sacs de jute et de plastique spécialement conçus pour contenir du sable et empêcher les infiltrations d'eau au travers de la digue.

Puisque l'eau exerce une pression sur la digue de sacs de sable, il faut, si possible, creuser une tranchée qui aidera à maintenir la digue en place. Parmi les autres méthodes d'ancrage, notons la construction de la digue contre un obstacle naturel ou artificiel, comme un fossé, un empierrement surélevé, un mur de fondation, etc.

Les sacs ne doivent pas être complètement pleins. Ainsi, ils épousent la forme des sacs voisins et tiennent mieux en place. De plus, chaque rangée doit être placée à angle droit de la rangée précédente et suivante, ce qui ajoute à la stabilité de l'ouvrage.

Protection contre les crues - coupe transversale d'une digue de sacs de sable

Adapté de « Protection contre les inondations : protégez votre maison contre les inondations ». Environnement Canada et ministère des Affaires municipales et de l'Environnement du Nouveau-Brunswick, 1989.

Vous trouverez des informations détaillées ci-dessous.

Protection contre les crues - coupe transversale d'une digue de sacs de sable. La figure montre la construction d'une digue de sacs de sable. Une tranchée de retenue plus étroite que la digue proposée est creusée, puis une feuille de plastique est déposée dans la tranchée et sur le sol, de chaque côté de la digue. Des sacs de sable sont empilés jusqu'au niveau de crue anticipé, et la feuille de plastique doit couvrir le côté de la digue faisant face à l'eau jusqu'au niveau de crue anticipé. Une autre couche de sacs de sable est ensuite placée au-dessus de la feuille et des premiers sacs de sable.

Comment protéger votre maison contre les inondations

  1. Renseignez-vous le plus possible sur les risques d'inondation dans votre localité.

    Si vous habitez une zone dont on a dressé la carte en vertu du Programme de réduction des dommages causés par les inondations, vous pourrez obtenir des renseignements détaillés sur les niveaux de crue en vous adressant aux bureaux d'Environnement Canada.

    À défaut d'une carte, il est possible d'obtenir de bonnes informations auprès des mêmes bureaux du gouvernement fédéral mentionnés à la section Programme RDCI du site Web, des organismes du gouvernement provincial, de l'administration municipale ou dans les bibliothèques locales. On peut également faire appel aux personnes qui résident depuis longtemps dans la région.

    Il est important d'évaluer convenablement le risque d'inondation dans votre région. Au nombre des facteurs dont il faut tenir compte, mentionnons la superficie inondée, la vitesse des crues, la vitesse de montée des eaux et la durée des inondations.

    En règle générale, s'abstenir de construire dans des zones exposées constitue la meilleure protection contre les inondations.

  2. Renseignez-vous sur les mesures de protection.

    On peut obtenir des renseignements dans les bibliothèques publiques et universitaires ou en s'adressant à des organismes comme la Société canadienne d'hypothèques et de logement. Des entrepreneurs locaux, ainsi que des firmes d'ingénieurs ou d'architectes, pourront également vous fournir des renseignements utiles sur les matériaux résistant à l'eau, ainsi que sur des méthodes de construction adéquates.

  3. Choisissez une méthode appropriée de protection.

    Il existe plusieurs moyens de protéger les bâtiments contre les inondations. Pour choisir le meilleur, il faut tenir compte des caractéristiques des risques d'inondation;des conditions physiques de l'emplacement;de la fonction et de l'utilisation du bâtiment;du type de bâtiment et de son état. Pour les régions exposées aux crues fréquentes ou aux crues éclair, on recommande les mesures de protection permanentes. Ces mesures limitent le risque d'être pris au dépourvu lorsque survient une inondation.

    N'hésitez pas, le cas échéant, a recourir aux services d'un expert parce qu'une mauvaise protection peut causer d'importants dommages à la structure des bâtiments. :

  4. Évaluez les coûts et les avantages de la protection contre les inondations.

    Déterminez les coûts des mesures de protection et comparez-les aux coûts futurs des dommages attribuables aux inondations. Songez également aux risques personnels et à la situation difficile dans laquelle pourrait se retrouver votre famille si vous négligez de prendre des mesures de prévention adéquates.

  5. Planifiez votre projet de protection et confiez le travail à des personnes compétentes.

  6. Évaluez l'importance, le cas échéant, des risques résiduels, car on ne peut jamais les éliminer tous.

Source : Adapté de « Protection contre les inondations : protégez votre maison contre les inondations ». Environnement Canada et ministère des Affaires municipales et de l'Environnement du Nouveau-Brunswick, 1989.

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