ARCHIVÉ – Capital social et entrée sur le marché du travail des nouveaux immigrants au Canada

6. Estimations et résultats

L’estimation de la probabilité de trouver un emploi se calcule au moyen de modèles en coupe transversale et de modèles longitudinaux. Nous avons déjà souligné que l’estimation combinée est susceptible d’être biaisée et irrégulière en présence d’effets individuels. Toutefois, aux fins de cette étude, les résultats des régressions en coupe transversale (vague 1, 2 et 3 respectivement et vagues combinées 1, 2 et 3) sont présentés à l’Annexe A comme outils de comparaison.

Les effets estimés des variables non comprises dans le capital social correspondent aux explications théoriques et les conclusions d’autres études empiriques associées. Ces résultats ne sont pas présentés en détail dans cette étude. Cependant, plusieurs conclusions liées aux variables non comprises dans le capital social y sont brièvement mentionnées.

Il est à noter que, au contrôle d’autres caractéristiques, les hommes admis au Canada dans des catégories autres que celle du regroupement familial sont moins susceptibles de trouver un emploi, quel que soit le salaire ou la qualité de l’emploi, dans la période initiale d’intégration après leur arrivée; cet état de fait est illustré par les coefficients négatifs des variables fictives de la catégorie d’immigrant dans les régressions (voir Tableau A.6 à l’Annexe A). Ce résultat peut paraître surprenant, mais il concorde avec tous les modèles, avec ou sans indicateurs de capital social. Ce résultat est également conforme aux conclusions d’études pertinentes sur les défis que doivent relever les immigrants récents pour s’intégrer. Xue (2007) conclut que, pendant toutes les vagues de l’ELIC, les travailleurs qualifiés, ainsi que leurs conjoint et personnes à charge, sont plus susceptibles de signaler les difficultés éprouvées dans la recherche d’emploi. Cette attitude pourrait s’expliquer par les attentes d’un salaire plus élevé des travailleurs qualifiés, ainsi que par les problèmes spécifiques à la reconnaissance des qualifications obtenues et de l’expérience acquise à l’étranger. Il est possible que les immigrants admis au titre de la catégorie du regroupement familial aient moins d’attentes en matière de salaire et de statut professionnel, ce qui les incite à se contenter plus facilement d’un emploi insatisfaisant au départ. Les travailleurs qualifiés peuvent décider de poursuivre leurs études ou d’obtenir la reconnaissance des titres de compétences obtenus à l’étranger avant d’accepter un moins bon emploi.

Les coefficients de variables fictives du groupe de population confirment, jusqu’à un certain point, ce qu’ont révélé les statistiques descriptives; par exemple, la probabilité semble plus faible que les hommes d’origine chinoise trouvent du travail comparativement à la situation des Philippins (voir Tableaux A.6 et A.7 à l’Annexe A). 

6.1 Probabilité de trouver un emploi

Selon la participation au marché du travail9, les observations qui ne concernent pas ce marché (personne sans emploi ni en recherche d’emploi) sont exclues des estimations. L’analyse partage l’échantillon en deux groupes : les hommes et les femmes. Les Tableaux 1 et 2 ci-dessous indiquent les résultats des estimations pour les variables du capital social pour ce qui est de la probabilité, pour les hommes et les femmes respectivement, de se trouver un emploi, dans tous les modèles en coupe transversale et les modèles de données de panel.

Tableau 1 : Estimation de la probabilité d'emploi des immigrants (de sexe masculin) faisant partie de la population active au cours de leurs quatre premières années au Canada
Couverture de l'échantillon : Immigrants (de sexe masculin) faisant partie de la population active.
Variable dépendante em (conditionnel à la participation à la population active)
  Modèles
Variables indépendantes  Modèles logit ordinaires (pas de répercussions spécifiques à l'individu) Modèles avec panel (avec répercussions spécifiques à l'individu)
Vague 1 (6 mois après l'arrivée) Vague 2 (2 ans après l'arrivée) Vague 3 (4 ans après l'arrivée) Modèles logit combinés (vagues 1, 2 et 3) Modèle logit à effets fixes  Modèle logit à effets aléatoires Modèle logit marginal à EEG
Coef. Écart-type Coef. Écart-type Coef. Écart-type Coef. Écart-type Coef. Écart-type Coef. Écart-type Coef. Écart-type
Réseaux sociaux  
_Famille et parents
Conjoint ayant actuellement un emploi 0,392c 0.123 0,599c 0.118 0.148 0.172 0,383c 0.073 0,45c 0.098 0,486c 0.078 0,368c 0.073
Nombre de membres de la famille au Canada 0.121 0.088 -0,137a 0.080 -0.108 0.087 -0.048 0.049 -1,075c 0.392 -0.076 0.056 -0.046 0.053
Membres de la famille vivant dans la région à l'arrivée de l'immigrant 0.115 0.157 0,319b 0.152 0.184 0.167 0,246c 0.090     0,278c 0.107 0,252b 0.100
Fréquence de communication avec le répondant de la famille 0.222 0.239 0.174 0.220 -0.224 0.215 0.160 0.125 0,594b 0.249 0,389c 0.142 0.203 0.129
_Amis  
Amis vivant dans la région à l'arrivée de l'immigrant 0.183 0.112 0.049 0.107 0.125 0.117 0,119a 0.063     0,168b 0.075 0,123a 0.070
Nombre de sources de rencontre d'amis -0,159c 0.040 -0.041 0.030 -0,097b 0.043 -0,109c 0.019 -0,071b 0.030 -0,131c 0.022 -0,103c 0.019
Diversité ethnique du réseau d'amis 0,84c 0.213 -0.337 0.255 -0,537a 0.274 0,291b 0.121 0.275 0.172 0,283b 0.126 0,283b 0.124
Diversité de la cohorte d'amis     0,743c 0.232 0,865c 0.245                
Fréquence de communication avec les amis 0.155 0.200 0.097 0.210 -0.344 0.401 0,235a 0.130 0.206 0.198 0,298b 0.143 0,251a 0.129
_Réseau formé de groupes et organisations  
Nombre de participations au sein d'une organisation 0.189 0.229 -0.180 0.185 -0.209 0.200 -0.083 0.115 -0.076 0.172 -0.056 0.123 -0.077 0.115
Diversité ethnique du réseau d'organisations  0.190 3.557 3.673 3.016 -0.512 3.285 1.685 1.825 1.324 2.860 1.766 1.996 1.549 1.812
Fréquence de l'activité avec des organisations -0.251 0.303 -0.211 0.282 0.379 0.307 -0.085 0.164 -0.284 0.238 -0.207 0.177 -0.111 0.167
Bénévolat au sein d'organisations -0.086 0.206 -0.087 0.191 0,404a 0.221 0.086 0.113 0,353b 0.162 0.177 0.120 0.122 0.112
_cons -4,51a 2.448 24,726b 10.835 0.274 28.116 -1,067b 0.513     -1,336b 0.594 -1,024a 0.529
Nombre d'observations 2996 3360 3450 9843 3880 9843 9843
Nombre de groupes (pour les modèles à échantillon constant)         1379 3659 3659
Pseudo R2 0.196 0.124 0.1227 0.145     0.186
Pourcentage correctement prévu 0.753 0.789   0.789 0.584 0.780 0.790
Prob > c2
Test combiné pour la taille du réseau (nombre de membres de la famille au Canada, nombre de sources de rencontre d'amis et nombre de participations au sein d'une organisation) = 0 0.0006 0.1157 0.0311 0.0000 0.0041 0.0000 0.0000
Test combiné pour la diversité du réseau (diversité ethnique du réseau d'amis, diversité ethnique du réseau d'organisations) = 0, s'il y a lieu 0.0004 0.0074 0.0051 0.0262 0.2399 0.0403 0.0447
Test combiné pour la diversité du réseau (fréquence de communication avec le répondant de la famille, fréquence de communication avec les amis et fréquence de l'activité avec des organisations) = 0 0.5319 0.7052 0.3831 0.1579 0.0454 0.0050 0.0823

a p<0,1;b p<0,05; c p<0,01.
Les catégories de référence figurent entre parenthèses.
Note : Les estimations comprennent aussi des variables de contrôle : catégorie d'immigrants, caractéristiques démographiques de la personne et de son ménage (âge, situation de famille, nombre d'enfants), province de résidence, région de naissance, groupe ethnique, scolarité, compétences dans les langues officielles, expérience ou liens avec le Canada. Pour les résultats complets, voir les annexes.
Source des données : Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada (2005).

Les Tableaux 3 et 4 présentent les résultats des estimations pour toutes les spécifications de modèles, les spécifications finales et les effets marginaux pour les hommes et les femmes respectivement, basés sur les modèles de données de panel avec moyenne de population au moyen d’EEG.

Les estimations révèlent la présence de certains liens significatifs existants entre les réseaux sociaux et les résultats obtenus sur le plan professionnel. Les résultats sont concluants pour différentes périodes et différents modèles statistiques. Encore ici, les liens entre les indicateurs du capital social au sein de types de réseaux sociaux variés et les résultats des immigrants sur le plan professionnel sont de natures diverses. Un réseau comprenant une plus grande diversification de ses membres est associé à une probabilité plus élevée d’obtenir un emploi, mais le nombre absolu de sources rencontrant des amis a un impact réduit, mais négatif, dans ce cas-ci, sur la probabilité plus élevée d’obtenir un emploi. 

Tableau 2 : Estimation de la probabilité d'emploi des immigrantes faisant partie de la population active au cours de leurs quatre premières années au Canada
Couverture de l'échantillon : Immigrantes faisant partie de la population active.
Variable dépendante em (conditionnel à la participation à la population active)
  Modèles
Variables indépendantes Modèles logit ordinaires (pas de répercussions spécifiques à l'individu) Modèles avec panel (avec répercussions spécifiques à l'individu)
Vague 1 (6 mois après l'arrivée) Vague 2 (2 ans après l'arrivée) Vague 3 (4 ans après l'arrivée) Modèles logit combinés (vagues 1, 2 et 3) Modèle logit à effets fixes  Modèle logit à effets aléatoires Modèle logit marginal à EEG
Coef. Écart-type Coef. Écart-type Coef. Écart-type Coef. Écart-type Coef. Écart-type Coef. Écart-type Coef. Écart-type
Réseaux sociaux  
_Familles et parents
Conjoint ayant actuellement un emploi 0,336b 0.130 0,255b 0.127 -0.022 0.148 0,142b 0.071 0.077 0.090 0,191c 0.072 0,125a 0.069
Nombre de membres de la famille au Canada 0.055 0.083 0.019 0.072 0.119 0.085 0.069 0.045 -0.126 0.374 0.052 0.051 0.075 0.050
Membres de la famille vivant dans la région à l'arrivée de l'immigrante 0.189 0.160 0,331b 0.140 -0.021 0.160 0,17a 0.087     0,273c 0.097 0,169a 0.095
Fréquence de communication avec le répondant de la famille 0.07 0.258 -0.123 0.204 -0.056 0.186 0.011 0.114 0.357 0.238 -0.013 0.124 0.012 0.117
_Amis  
Amis vivant dans la région à l'arrivée de l'immigrante 0,304b 0.125 0,382c 0.111 0.104 0.112 0,289c 0.065     0,337c 0.073 0,283c 0.069
Nombre de sources de rencontre d'amis -0,124c 0.044 -0,16c 0.031 -0,177c 0.040 -0,154c 0.020 -0,086c 0.031 -0,168c 0.022 -0,148c 0.021
Diversité ethnique du réseau d'amis 0.258 0.226 0,55b 0.250 0.332 0.243 0,45c 0.118 0,367b 0.186 0,479c 0.124 0,454c 0.118
Diversité de la cohorte d'amis     0.333 0.214 0.081 0.210                
Fréquence de communication avec les amis 0.337 0.217 0,52b 0.207 0,89b 0.352 0,517c 0.129 0,413b 0.195 0,527c 0.136 0,499c 0.130
_Réseau formé de groupes et organisations  
Nombre de participations au sein d'une organisation 0.083 0.257 0.127 0.215 0.308 0.227 0.159 0.127 0.143 0.187 0.212 0.131 0.144 0.127
Diversité ethnique du réseau d'organisations -2.616 3.694 2.548 2.962 -1.071 3.339 0.025 1.875 -0.242 2.795 -0.395 1.932 0.129 1.860
Fréquence de l'activité avec des organisations 0.067 0.319 -0.379 0.316 -0.531 0.332 -0.262 0.183 -0.05 0.252 -0,308a 0.183 -0.234 0.185
Bénévolat au sein d'organisations 0.219 0.237 -0.068 0.209 -0.09 0.208 -0.037 0.120 -0.102 0.169 -0.089 0.124 -0.047 0.122
_cons -2.937 2.736 5.552 9.247 -18.864 20.570 0.309 0.526     0.31 0.551 0.277 0.538
Nombre d'observations 2070 2724 2851 7674 3477 7674 7674
Nombre de groupes (pour les modèles à échantillon constant)         1284 3201 3201
Pseudo R2 1.109 0.123 0.1046 0.112      
Pourcentage correctement prévu 0.669 0.716   0.721 0.584 0.703 0.719
Prob > c2
Test combiné pour la taille du réseau (nombre de membres de la famille au Canada, nombre de sources de rencontre d'amis et nombre de participations au sein d'une organisation) = 0 0.0399 0 0 0 0.0391 0 0
Test combiné pour la diversité du réseau (diversité ethnique du réseau d'amis, diversité ethnique du réseau d'organisations) = 0, s'il y a lieu 0.4541 0.0008 0.2298 0.0006 0.1426 0.0006 0.0006
Test combiné pour la densité du réseau (fréquence de communication avec le répondant de la famille, fréquence de communication avec les amis et fréquence de l'activité avec des organisations)= 0 0.4632 0.0484 0.0329 0.0005 0.0971 0.0007 0.0012

a p<0,1;b p<0,05; c p<0,01.
Les catégories de référence figurent entre parenthèses.
Note : Les estimations comprennent aussi des variables de contrôle : catégorie d'immigrants, caractéristiques démographiques de la personne et de son ménage (âge, situation de famille, nombre d'enfants), province de résidence, région de naissance, groupe ethnique, scolarité, compétences dans les langues officielles, expérience ou liens avec le Canada. Pour les résultats complets, voir les annexes.
Source des données : Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada (2005).

Tableau 3 : Équations d'estimations généralisées de la probabilité d'emploi des immigrants (de sexe masculin) au cours de leurs quatre premières années au Canada
Couverture de l'échantillon : Immigrants (de sexe masculin) faisant partie de la population active.
Variable dépendante  em (conditionnel à la participation à la population active)
  Modèles
Variables indépendantes Modèle M.1 Modèle M.2 Modèle M.3 Modèle M.4 Modèle M.5 Effets marginaux
Pas de capital social Tous les indicateurs de capital social Indicateurs reliés à la parenté et au réseau d'amis Capital social et effets du temps Spécification finale Spécification finale
Coef. Écart-type Coef. Écart-type Coef. Écart-type Coef. Écart-type Coef. Écart-type dy/dx1 Écart-type
Réseaux sociaux  
_Famille et parents
Conjoint ayant actuellement un emploi 0,36c 0.072 0,368c 0.073 0,367c 0.073 0,393c 0.073 0,372c 0.073 0,055c 0.010
Nombre de membres de la famille au Canada     -0.046 0.053 -0.046 0.053            
Membres de la famille vivant dans la région à l'arrivée de l'immigrant     0,252b 0.100 0,248b 0.100 0,184b 0.076 0,183b 0.076 0,028b 0.012
Fréquence de communication avec le répondant de la famille     0.203 0.129 0.206 0.129            
_Amis  
Amis vivant dans la région à l'arrivée de l'immigrant     0,123a 0.070 0,122a 0.069            
Nombre de sources de rencontre d'amis     -0,103c 0.019 -0,103c 0.018 -0,08c 0.019 -0,097c 0.018 -0,015c 0.003
Diversité ethnique du réseau d'amis     0,283b 0.124 0,298b 0.124 0,301b 0.124 0,288b 0.123 0,045b 0.019
Fréquence de communication avec les amis     0,251a 0.129 0,244a 0.129 0.185 0.129 0,256b 0.128 0,04b 0.020
_Réseau formé de groupes et organisations  
Nombre de participations au sein d'une organisation     -0.077 0.115                
Diversité ethnique du réseau d'organisations     1.549 1.812                
Fréquence de l'activité avec des organisations     -0.111 0.167                
Bénévolat au sein d'organisations     0.122 0.112                
Effets du temps  
Vague 2             -0.213 0.373        
Vague 3             0.196 0.418        
_cons -0.275 0.500 -1,024a 0.529 -1,029a 0.529 -1,507b 0.620 -0.826 0.518    
Nombre d'observations 9843 9843 9843 9843 9843 9843
Nombre de groupes 3659 3659 3659 3659 3659 3659
Pourcentage correctement prévu 0.787 0.790 0.789 0.791 0.788  

a p<0,1;b p<0,05; c p<0,01.
1 Les effets marginaux pour les variables dichotomiques s'entendent pour un changement discret de 0 à 1.
Les catégories de référence figurent entre parenthèses.
Note : Les estimations comprennent aussi des variables de contrôle : catégorie d'immigrants, caractéristiques démographiques de la personne et de son ménage (âge, situation de famille, nombre d'enfants), province de résidence, région de naissance, groupe ethnique, scolarité, compétences dans les langues officielles, expérience ou liens avec le Canada. Pour les résultats complets, voir les annexes.
Source des données : Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada (2005).

Les coefficients d’estimation de la probabilité, pour les hommes immigrants, de se trouver un emploi (Tableaux 1 et 3) sont, dans une large mesure, conformes aux résultats auxquels on peut s’attendre des études pertinentes déjà réalisées. Les dernières colonnes du Tableau 3 indiquent des effets marginaux des variables du capital social.

Le réseau des parents a peu d’effet sur la situation d’emploi des hommes immigrants, sauf pour ce qui est des conjointes et de la proximité géographique de la famille à leur arrivée. Comparativement à la probabilité, pour un homme, de se trouver un emploi si un membre de sa famille habite près de chez lui lors de sont arrivée, la probabilité, pour un homme dont la conjointe travaille de se trouver un emploi est de 5 % plus élevée, alors que, pour un homme dont un membre de la famille habite près de chez lui au moment de son arrivée, cette probabilité est de 2,8 % comparativement à celle d’un homme dont les membres de la famille habitent loin ou qui n’a aucune parenté au pays. 

Le réseau d’amis a un impact mixte sur la probabilité, pour les hommes immigrants, de se trouver un emploi. La taille du réseau, sa diversité et la fréquence des contacts avec ses membres sont les principaux éléments de cet impact, avec des effets marginaux de -1,5 %, de 4,5 % et de 4 % respectivement.

Il n’existe aucune donnée témoignant d’un lien quelconque entre le réseau d’organisations et la probabilité, pour un homme immigrant, de se trouver un emploi.

Tableau 4 : Équations d'estimations généralisées de la probabilité d'emploi des immigrantes au cours de leurs quatre premières années au Canada
Couverture de l'échantillon : Immigrantes faisant partie de la population active.
Variable dépendante em (conditionnel à la participation à la population active)
  Modèles
Variables indépendantes Modèle F.1 Modèle F.2 Modèle F.3 Modèle F.4 Modèle F.5 Effets marginaux
Pas de capital social Tous les indicateurs de capital social Indicateurs reliés à la parenté et au réseau d'amis Capital social et effets du temps Spécification finale Spécification finale
Coef. Écart-type Coef. Écart-type Coef. Écart-type Coef. Écart-type Coef. Écart-type dy/dx1 Écart-type
Réseaux sociaux  
_Famille et parents
Conjoint ayant actuellement un emploi 0.079 0.067 0,125a 0.069 0,125a 0.069 0,148b 0.072 0,125a 0.068 0,026a 0.014
Nombre de membres de la famille au Canada     0.075 0.050 0.073 0.050            
Membres de la famille vivant dans la région à l'arrivée de l'immigrante     0,169a 0.095 0,169a 0.095 0,254c 0.075 0,255c 0.074 0,053c 0.016
Membres de la famille vivant dans la région à l'arrivée de l'immigrante     0.012 0.117 0.014 0.117            
_Amis  
Amis vivant dans la région à l'arrivée de l'immigrante     0,283c 0.069 0,276c 0.068 0,278c 0.069 0,279c 0.068 0,057c 0.014
Nombre de sources de rencontre d'amis     -0,148c 0.021 -0,143c 0.020 -0,136c 0.020 -0,142c 0.020 -0,03c 0.004
Diversité ethnique du réseau d'amis     0,454c 0.118 0,455c 0.118 0,457c 0.117 0,458c 0.117 0,095c 0.024
Fréquence de communication avec les amis     0,499c 0.130 0,487c 0.129 0,463c 0.130 0,484c 0.129 0,101c 0.027
_Réseau formé de groupes et organisations  
Nombre de participations au sein d'une organisation     0.144 0.127                
Diversité ethnique du réseau d'organisations     0.129 1.860                
Fréquence de l'activité avec des organisations     -0.234 0.185                
Bénévolat au sein d'organisations     -0.047 0.122                
Vague 2             -0.569 0.410        
Vague 3             -0.462 0.455        
_cons 1,213b 0.501 0.277 0.538 0.304 0.536 -0.274 0.646 0.382 0.518    
Nombre d'observations 7674 7674 7674 7674 7674 7674
Nombre de groupes 3201 3201 3201 3201 3201 3201
Pourcentage correctement prévu 0.711 0.719 0.720 0.719 0.720  

a p<0,1;b p<0,05; c p<0,01.
1 Les effets marginaux pour les variables dichotomiques s'entendent pour un changement discret de 0 à 1.
Note : Les estimations comprennent aussi des variables de contrôle : catégorie d'immigrants, caractéristiques démographiques de la personne et de son ménage (âge, situation de famille, nombre d'enfants), province de résidence, région de naissance, groupe ethnique, scolarité, compétences dans les langues officielles, expérience ou liens avec le Canada. Pour les résultats complets, voir les annexes.
Source des données : Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada (2005).

Les tableaux 2 et 4 indiquent qu’un plus grand nombre d’indicateurs de réseaux sociaux concernent la probabilité d’emploi pour les femmes immigrantes que pour les hommes; la situation d’emploi de la conjointe, la proximité géographique des membres de la famille au moment de l’arrivée, la diversité ethnique, la taille du réseau d’amis et la fréquence des contacts entre ses membres sont des facteurs associés de façon significative à l’entrée de l’homme sur le marché du travail, mais, pour les femmes, la proximité géographique des amis au moment de l’arrivée a également un impact positif significatif sur  la même probabilité.

Il est à noter que les indicateurs de capital social ont un impact plus important sur les femmes que sur les hommes. Les dernières colonnes des Tableaux 3 et 4 indiquant les effets marginaux des variables du capital social, montrent que la proximité géographique de la parenté de l’immigrant au moment de son arrivée augmente la probabilité, pour les hommes, d’obtenir un emploi de 2,8 %, tandis, pour les femmes, les mêmes facteurs augmentent la probabilité d’obtenir un emploi de 5,3 %. La diversité ethnique et la fréquence des contacts avec le réseau d’amis sont deux facteurs qui semblent augmenter la probabilité, pour les femmes, d’obtenir un emploi d’environ 10 %, et pour un homme, d’environ seulement 4 %.

Aucune donnée probante ne témoigne d’une influence quelconque du réseau d’organisations sur la probabilité, pour les femmes, d’obtenir un emploi, à l’instar des résultats obtenus pour les hommes en ce qui concerne le même type de réseau.

Les tests Wald combinés réalisés pour évaluer les éléments et la qualité de la structure du réseau (au bas des Tableaux 1 et 2) révèlent aussi que la taille de celui-ci (test combiné avec trois variables indépendantes – nombre de parents vivant au Canada, nombre de sources rencontrant des amis et nombre d’organisations auxquelles l’immigrant participe), sa diversité (test combiné pour deux variables – diversité ethnique des amis d’une part, et du réseau d’organisations, d’autre part) et sa densité (avec trois variables explicatives – fréquence des contacts avec les répondants de la famille et avec les amis et fréquence des activités avec les organisations) sont tous des facteurs ayant un effet significatif sur les résultats des femmes immigrantes sur le plan professionnel, tandis que la densité et la fréquence des contacts ne semblent pas avoir d’incidence sur les mêmes résultats obtenus par les hommes.

Les résultats obtenus avec les modèles de données en coupe transversale et les modèles de données de panel sont semblables. Les tests du rapport de vraisemblance visant à déterminer la présence de variance du panel permettent de rejeter l’hypothèse nulle de l’absence de variance du panel dans les estimations concernant tant l’homme immigrant que la femme immigrante10. Donc, les modèles de panel produisant des effets spécifiques individuels sont davantage appropriés pour la présente analyse.

Il n’est pas surprenant de constater qu’une comparaison des résultats des modèles de panel indique les différences existant entre l’estimateur à effets fixes et d’autres estimateurs de modèles de panel. En laissant tomber des sujets qui présentent les mêmes résultats dans tous les cycles, l’échantillon des modèles à effets fixes devient beaucoup plus petit comparativement aux échantillons des modèles à effets aléatoires et aux estimateurs d’EEG avec moyenne de population (c’est-à-dire, ayant occupé ou non un emploi pendant les 3 vagues). L’estimateur à effets fixes se révèle très inefficace, puisque, comme l’indiquent les Tableaux 1 et 2, six des 10 unités, dont les résultats étaient 0 ou 1, ne peuvent pas contribuer à l’analyse. L’estimateur à effets fixes et l’estimateur d’EEG avec moyenne de population sont plus efficaces et ont tendance à produire des écarts-types moins importants, ce qui entraîne des valeurs p plus petites.

6.2 Effets du temps

Comme les régressions en coupe transversale pour les différentes périodes (vagues 1, 2 et 3) présentées aux Tableaux 1 et 2, les coefficients diffèrent grandement d’une période à l’autre. Par rapport à la première vague (six ans après l’arrivée de l’immigrant), la deuxième vague (deux ans après l’arrivée de l’immigrant) ou la troisième vague (quatre ans après l’arrivée de l’immigrant) peut avoir un impact différentiel sur la probabilité, pour l’immigrant, de trouver un emploi. Le modèle de données de panel (ou modèle spécifique individuel) (1) peut inclure également un modèle spécifique au temps.

(5) Équation mathématique     i = 1,…, n, t=1,…, Ti.

Équation mathématique

st représente les variables omises qui sont liées aux résultats de l’immigrant sur le plan professionnel et qui varient avec le temps, mais non pas d’un individu à un autre, telles que les changements survenant dans la conjoncture économique à l’échelle nationale.

Les effets du temps incorporés aux modèles de probabilité de trouver un emploi (modèles 4 aux Tableaux 3 et 4) montrent que les effets du temps n’ont pas un impact significatif sur la probabilité de trouver un emploi, tant pour les femmes que pour les hommes.

6.3 Effets différentiels de la diversité ethnique

Selon l’analyse ci-dessous, la diversité ethnique au sein d’un réseau d’amis semble constituer le principal facteur, lié aux résultats sur le marché du travail, des hommes et des femmes récemment arrivés au Canada, parmi les indicateurs de réseaux sociaux. À l’aide du modèle des équations d’estimations généralisée avec moyenne de population, les effets de la diversité ethnique font l’objet d’autres analyses avec différentes variables explicatives qui font interagir l’indicateur de diversité dans les réseaux d’amis avec des variables indépendantes variées, dans le but de découvrir des résultats intéressants (Tableaux 5 et 6).

Tableau 5 : Équations d'estimations généralisées de la probabilité d'emploi des immigrants (de sexe masculin) au cours de leurs quatre premières années au Canada avec effets d'interaction
Couverture de l'échantillon : Immigrants (de sexe masculin) faisant partie de la population active.
Variable dépendante em (conditionnel à la participation à la population active)
  Modèles
Variables indépendantes Modèle M.int.1 Modèle M.int.2 Modèle M.int.3 Modèle M.int.4 Modèle M.int.5
Interactions avec les effets du temps Interactions avec la catégorie d'immigrants Interactions avec le groupe ethnique Interactions avec la scolarité Interactions avec les langues officielles
Coef. Écart-type Coef. Écart-type Coef. Écart-type Coef. Écart-type Coef. Écart-type
Réseaux sociaux  
Conjoint ayant actuellement un emploi 0,392c 0.073 0,376c 0.073 0,37c 0.073 0,373c 0.073 0,372c 0.073
Membres de la famille vivant dans la région à l'arrivée de l'immigrant 0,183b 0.075 0,183b 0.076 0,18b 0.076 0,182b 0.075 0,183b 0.076
Nombre de sources de rencontre d'amis -0,081c 0.019 -0,095c 0.018 -0,098c 0.018 -0,097c 0.018 -0,097c 0.018
Diversité ethnique du réseau d'amis 0,584c 0.175 -0.334 0.281 0,448b 0.219 0,332a 0.192 0.323 0.324
Fréquence de communication avec les amis 0.145 0.130 0,312b 0.131 0,267b 0.130 0,269b 0.128 0,256b 0.129
Effets du temps  
Vague 2 -0.055 0.395                
Vague 3 0.437 0.431                
Interactions  
Vague 2 * Diversité ethnique du réseau d'amis -0.355 0.242                
Vague 3 * Diversité ethnique du réseau d'amis -0,526b 0.243                
TQDP * Diversité ethnique du réseau d'amis     0,831c 0.317            
TQC/PC * Diversité ethnique du réseau d'amis     0,824b 0.407            
Réfugiés * Diversité ethnique du réseau d'amis     0.342 0.382            
Autres * Diversité ethnique du réseau d'amis     0.447 0.466            
Chinois * Diversité ethnique du réseau d'amis         0.426 0.372        
Asiatiques du Sud * Diversité ethnique du réseau d'amis         -0.194 0.328        
Noirs * Diversité ethnique du réseau d'amis         -0,955b 0.461        
Philippins * Diversité ethnique du réseau d'amis         -1,521b 0.653        
Latinos * Diversité ethnique du réseau d'amis         0.639 0.658        
Habitants de l'Asie occidentale et Arabes * Diversité ethnique du réseau d'amis         0.018 0.341        
Asiatique autre * Diversité ethnique du réseau d'amis         -1,021b 0.504        
Autre minorité visible * Diversité ethnique du réseau d'amis         -0.571 1.091        
Diplôme d'études secondaires ou moins * Diversité ethnique du réseau d'amis             -0.286 0.289    
Études postsecondaires partielles * Diversité ethnique du réseau d'amis             0.139 0.525    
Diplôme collégial ou études universitaires partielles * Diversité ethnique du réseau d'amis             0.03 0.341    
Maîtrise ou grade supérieur * Diversité ethnique du réseau d'amis             0.027 0.315    
Anglais * Diversité ethnique du réseau d'amis                 -0.055 0.321
Français * Diversité ethnique du réseau d'amis                 0.05 0.259
_cons -1,611b 0.624 -0.659 0.520 -0,927a 0.544 -0.831 0.521 -0.834 0.524
Nombre d'observations 9843 9843 9843 9843 9843
Nombre de groupes 3659 3659 3659 3659 3659
Pourcentage correctement prévu 0.792 0.789 0.789 0.789 0.788

a p<0,1;b p<0,05; c p<0,01.
Les catégories de référence figurent entre parenthèses.
Note : Les estimations comprennent aussi des variables de contrôle : catégorie d'immigrants, caractéristiques démographiques de la personne et de son ménage (âge, situation de famille, nombre d'enfants), province de résidence, région de naissance, groupe ethnique, scolarité, compétences dans les langues officielles, expérience ou liens avec le Canada. Pour les résultats complets, voir les annexes.
Source des données : Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada (2005).

Tableau 6 : Équations d'estimations généralisées de la probabilité d'emploi des immigrantes au cours de leurs quatre premières années au Canada avec effets d'interaction
Couverture de l'échantillon : Immigrantes faisant partie de la population active.
Variable dépendante em (conditionnel à la participation à la population active )
  Modèles
Variables indépendantes Modèle F.int.1 Modèle F.int.2 Modèle F.int.3 Modèle F.int.4 Modèle F.int.5
Interactions avec les effets du temps Interactions avec la catégorie d'immigrants Interactions avec le groupe ethnique Interactions avec la scolarité Interactions avec les langues officielles
Coef. Écart-type Coef. Écart-type Coef. Écart-type Coef. Écart-type Coef. Écart-type
Réseaux sociaux  
Conjoint ayant actuellement un emploi 0,145b 0.072 0,12a 0.069 0,13a 0.069 0,125a 0.069 0,127a 0.068
Membres de la famille vivant dans la région à l'arrivée de l'immigrante 0,255c 0.075 0,257c 0.074 0,252c 0.075 0,253c 0.075 0,254c 0.074
Amis vivant dans la région à l'arrivée de l'immigrante 0,279c 0.069 0,281c 0.068 0,283c 0.069 0,277c 0.069 0,278c 0.068
Nombre de sources de rencontre d'amis -0,134c 0.020 -0,141c 0.020 -0,143c 0.020 -0,142c 0.020 -0,141c 0.020
Diversité ethnique du réseau d'amis -0.094 0.193 0.12 0.206 0.303 0.204 0,612c 0.189 0.263 0.303
Fréquence de communication avec les amis 0,543c 0.133 0,515c 0.130 0,482c 0.130 0,483c 0.129 0,487c 0.130
Effets du temps  
Vague 2 -1,006b 0.424                
Vague 3 -0,827a 0.466                
Interactions  
Vague 2 * Diversité ethnique du réseau d'amis 0,89c 0.252                
Vague 3 * Diversité ethnique du réseau d'amis 0,731c 0.246                
TQDP * Diversité ethnique du réseau d'amis     0,597a 0.323            
TQC/PC * Diversité ethnique du réseau d'amis     0,437a 0.263            
Réfugiées * Diversité ethnique du réseau d'amis     0.427 0.359            
Autre * Diversité ethnique du réseau d'amis     0,85a 0.462            
Chinoises * Diversité ethnique du réseau d'amis         0.249 0.377        
Habitantes de l'Asie méridionale * Diversité ethnique du réseau d'amis         0.183 0.288        
Noires * Diversité ethnique du réseau d'amis         -0.664 0.439        
Philippines * Diversité ethnique du réseau d'amis         1,301a 0.680        
Latinos * Diversité ethnique du réseau d'amis         0.165 0.654        
Habitantes de l'Asie occidentale et Arabes * Diversité ethnique du réseau d'amis         0.455 0.378        
Asiatique autre* Diversité ethnique du réseau d'amis         -0.329 0.497        
Autre minorité visible * Diversité ethnique du réseau d'amis         1,559a 0.864        
Diplôme d'études secondaires ou moins  * Diversité ethnique du réseau d'amis             -0.132 0.269    
Études postsecondaires partielles * Diversité ethnique du réseau d'amis             -0.08 0.443    
Diplôme collégial ou études universitaires partielles * Diversité ethnique du réseau d'amis             -0.197 0.303    
Maîtrise ou grade supérieur * Diversité ethnique du réseau d'amis             -0.473 0.328    
Anglais * Diversité ethnique du réseau d'amis                 0.307 0.299
Français * Diversité ethnique du réseau d'amis                 -0.3 0.262
_cons -0.152 0.648 0.459 0.521 0.497 0.537 0.312 0.523 0.431 0.521
Nombre d'observations 7674 7674 7674 7674 7674
Nombre de groupes 3201 3201 3201 3201 3201
Pourcentage correctement prévu 0.720 0.721 0.722 0.720 0.721

a p<0,1;b p<0,05; c p<0,01.
Les catégories de référence figurent entre parenthèses.
Note : Les estimations comprennent aussi des variables de contrôle : catégorie d'immigrants, caractéristiques démographiques de la personne et de son ménage (âge, situation de famille, nombre d'enfants), province de résidence, région de naissance, groupe ethnique, scolarité, compétences dans les langues officielles, expérience ou liens avec le Canada. Pour les résultats complets, voir les annexes.
Source des données : Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada (2005).

1) Interactions entre la diversité ethnique dans les réseaux d’amis et les effets du temps (Modèles M.int.1 et F.int.1).
Lorsque les interactions entre les effets du temps et la diversité ethnique dans les réseaux d’amis (Modèle M.int.1 et F.int.1 au Tableau 5 et Modèle F.int.1 au Tableau 6) sont ajoutées au modèle, on constate que les effets du temps sont significatifs pour les immigrantes. Par rapport à la période de référence, soit la vague 1 (couvrant les six premiers mois suivant leur arrivée au Canada), la probabilité est moindre pour celles-ci de trouver un emploi au cours de la vague 2 (c’est-à-dire entre six mois et deux ans après leur arrivée au Canada) et de la vague 3 (c’est-à-dire entre deux ans et quatre ans après leur arrivée au Canada). Comme la population cible de l’ELIC comprend les immigrants étant arrivés au pays entre octobre 2000 et septembre 2001, les vagues 2 et 3 couvrent la période entre avril 2001 et la fin de 2005, lorsque les conditions macroéconomiques se dégradaient graduellement. De plus, pour les immigrantes récemment arrivées au Canada, la diversité ethnique du réseau d’amis a plus d’impact sur la probabilité d’obtenir un emploi pendant les vagues 2 et 3 que pendant la vague 1, comme en témoigne le coefficient positif et statistiquement significatif des termes d’interaction.

L’effet du temps n’est pas pris en compte, chez les hommes immigrants, pour évaluer la probabilité d’obtenir un emploi; cependant, selon les données, la diversité ethnique du réseau d’amis a significativement moins d’effet, dans ce groupe, sur la probabilité d’obtenir un emploi au cours de la vague 3 qu’au cours de la vague 1. Ce résultat laisse supposer qu’au fil du temps, l’effet de la diversité ethnique diminue pour les hommes immigrants; autrement dit, l’effet de la concentration ethnique augmente. Si les six premiers mois sont traités comme une période courte, et les vagues 2 et 3, comme des périodes plus longues, le résultat obtenu semble alors correspondre à la portée de la période plus longue définie par le modèle théorique de Calvó-Armengol et Jackson (Calvó-Armengol and Jackson 2004). Sur une courte période, les nouveaux arrivants sont en concurrence. Sur des périodes plus longues, une fois que certains membres du même groupe ethnique ont obtenu un emploi, les autres sont plus susceptibles de se transmettre l’information; ainsi, l’effet de la diversité ethnique diminue quand l’immigrant est au Canada depuis un certain temps.

2) Interactions entre la diversité ethnique dans les réseaux d’amis et la catégorie d’immigration (Modèles M.int.2 et F.int.2).

La diversité ethnique dans les réseaux d’amis a plus d’impact sur la probabilité, pour les travailleurs immigrants qualifiés (le demandeur principal ainsi que la conjointe et les personnes à charge), d’obtenir un emploi, qu’elle n’en a pour le groupe de référence – les hommes immigrants de la catégorie du regroupement familial. Pour les femmes, les résultats concernant la diversité ethnique dans les réseaux d’amis ne témoignent pas d’un impact significativement différent selon les catégories d’immigration.

3) Interactions entre la diversité ethnique dans les réseaux d’amis et le groupe de population (Modèles M.int.3 et F.int.3).

Selon les résultats, l’effet de la diversité ethnique dans les réseaux d’amis varie grandement d’un groupe de minorité visible à l’autre. Pour l’homme d’origine chinoise, un réseau d’amis plus diversifié sur le plan ethnique a plus d’impact sur la probabilité d’obtenir un emploi que pour le groupe de référence, soit les immigrants de race blanche, mais cette différence n’est pas statistiquement significative. Des coefficients positifs significatifs indiquent que, pour les hommes noirs, philippins, asiatiques du Sud-Est, japonais et coréens, l’effet de la diversité ethnique dans les réseaux d’amis sur la probabilité d’obtenir un emploi est plus faible par rapport à celle des immigrants de race blanche. Parmi les groupes de femmes immigrantes, la diversité ethnique joue un rôle plus important et marginalement significatif sur l’emploi chez les Philippines et d’autres immigrantes récentes faisant partie des minorités visibles, par rapport au groupe de référence, soit les femmes immigrantes de race blanche.

4) Interactions entre la diversité ethnique du réseau d’amis et la scolarité et la compétence dans les deux langues officielles (Modèles M.int.4, M.int.5 et F.int.4, F.int.5).

Dans les études existantes, les chercheurs soutiennent que le capital social sert de substitut au capital humain et entraîne des effets plus marqués pour les personnes défavorisées sur le plan du capital humain (p. ex. Livingston 2006). Ainsi, les variables du capital humain – niveau d’éducation et compétence dans les deux langues officielles – sont mises en interaction avec la diversité ethnique du réseau d’amis afin de vérifier si le capital social sert de substitut (imparfait) au capital humain. Le cas échéant, on s’attend à constater que le capital social a des effets plus marqués pour les personnes dont le niveau de scolarité et la compétence dans les deux langues officielles sont plus faibles.

Toutefois, les résultats n’indiquent pas que le capital social pourrait jouer un rôle de substitut dans l’augmentation de la probabilité de trouver un emploi. La diversité dans un réseau d’amis n’entraîne pas d’effets différents pour les immigrants, selon leur maîtrise des langues officielles et leur niveau de scolarité, en ce qui a trait à la probabilité d’obtenir un emploi.

En résumé, dans le cas des femmes immigrantes, les effets de la diversité ethnique sont surtout saisis au moyen des termes d’interaction, eux-mêmes indiqués par le coefficient non significatif de l’indicateur de diversité et les coefficients significatifs des termes d’interaction pour certains groupes donnés. Le fait de pouvoir compter sur un réseau d’amis composé de personnes aux origines diverses est surtout important pour les femmes immigrantes de la catégorie économique et originaires des Philippines. La situation professionnelle des membres du réseau aura un impact plus positif sur les hommes immigrants. Une fois la disparité contrôlée pour différents groupes, on constate qu’un réseau d’amis diversifié a des effets plus marquants sur la probabilité, pour le travailleur qualifié, d’obtenir un emploi, mais moins d’impact sur l’entrée sur le marché du travail des Noirs, des Philippins, des Asiatiques du Sud-Est, des Japonais et des Coréens.

Notes

9. Le résultat, à savoir la situation professionnelle, dépend de la participation au marché du travail. L’auteur fait une estimation de la probabilité qu’ont les immigrants d’y participer au moyen d’indicateurs variés du stock de capital social et d’autres variables socio-économiques. Les résultats des estimations relatives à la participation au marché du travail peuvent être obtenus sur demande.

10. Voir l’Annexe B pour une présentation détaillée du test.

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