ARCHIVÉ – Le revenu des immigrants et la famille

IV. Sources et composition du revenu

Avant d’aborder la composition du revenu, il faut mentionner que, pour la majeure partie de la population, un pourcentage très faible du revenu total provient de régimes de retraite [note 22]. Le tableau A3 montre que le seul segment de la population qui déclare toucher des revenus provenant de régimes de retraite est constitué des 60 ans ou plus. On pouvait s’y attendre, puisque les gens comptent davantage sur ce type de revenu et moins sur le revenu d’emploi à mesure que l’âge de la retraite approche. Cette corrélation avec l’âge est observable tant chez les immigrants que chez les non-immigrants; chez les non-immigrants, on remarque un peu l’effet « liberté 55 », soit celui de la retraite anticipée, puisque la part du revenu attribuable à un emploi commence déjà à diminuer chez les 45-59 ans. On n’observe pas ce phénomène chez les immigrants du même âge.

Comme les moins de 60 ans tirent surtout leurs revenus d’un emploi, et les plus de 60 ans de régimes de retraite, la population sera divisée entre ces deux groupes pour les besoins de l’analyse ci-après.

Personnes de moins de 60 ans

Le tableau 1 répartit le revenu total des moins de 60 ans, en 2003, selon les différentes catégories. Les revenus provenant du marché du travail et, de façon plus précise, les revenus d’emploi, constituent la plus grande part du revenu total des immigrants et des non-immigrants. En 2003, les revenus d’emploi représentaient environ 90 % du revenu total des non-immigrants, des immigrants de la catégorie économique [note 23] et des immigrants de la catégorie du regroupement familial [note 24]. Dans le cas des réfugiés [note 25], le revenu d’emploi était aussi la principale source de revenu, mais dans une proportion (84 %) légèrement inférieure à celle des autres catégories. La proportion des revenus provenant d’un travail indépendant (de 6 % à 7 %) et des prestations d’assurance-emploi (de 2 % à 3 %) était grosso modo la même pour les non-immigrants et les quatre catégories d’immigrants. Cependant, la part que l’aide sociale représente du revenu des réfugiés est supérieure de 4 % à celle qu’elle représente du revenu des immigrants des autres catégories et des  non-immigrants [note 26].

Tableau 1  : Composition du revenu total des moins de 60 ans selon la catégorie d’immigrants, année d’imposition 2003
  Non-immigrants Catégorie 
économique –DP
Catégorie 
économique –CPC
Catégorie du 
régroupement familial
Réfugiés
Revenu tiré du marché du travail (%)
Revenus d’emploi 88 89 89 88 84
Revenus d’un travail indépendant 7 7 7 6 7
Prestations d’assurance-emploi 2 2 2 3 3
Suppléments provinciaux (y compris l’aide sociale) 1 1 1 1 5
Revenu total tiré du marché du travail 98 99 99 99 99
Revenus de retraite (%)
Régime de pensions du Canada et Régime de rentes du QC 1 0 0 0 0
Régime enregistré d’épargne-retraite (REER) 1 1 1 1 1
Régime de retraite complémentaire 0 0 0 0 0
Sécurité de la vieillesse (SV) 0 0 0 0 0
Supplément de revenu garanti (SRG) et Allocation 0 0 0 0 0
Revenu de retraite total 2 1 1 1 1
REVENU TOTAL 100 100 100 100 100

Source: DAL, Statistique Canada

Personnes de 60 ans ou plus

Le tableau 2 ventile le revenu total des 60 ans ou plus, en 2003, selon les différentes catégories. Contrairement à ce qui se passe dans le cas des populations plus jeunes, la composition du revenu total des immigrants et des non-immigrants de 60 ans ou plus est très différente. Les non-immigrants de ce groupe d’âge sont ceux qui comptent le plus sur les revenus de retraite : ils en tirent 73 % de leur revenu total. Les régimes de retraite complémentaires, le RPC et le RRQ forment les parts les plus importantes du revenu de retraite, soit 42 % et 26  %, respectivement. Par ailleurs, 27 % seulement de ce revenu provient de régimes non contributifs : 22 %, dans le cas de la SV, et 5 %, dans le cas du SRG et de l’Allocation. L’autre tranche de 27 % du revenu total provient du marché du travail. Environ 80 % de ce dernier revenu est tiré d’un emploi, et 15 % d’un travail indépendant.

Si l’on considère les revenus des immigrants de 60 ans ou plus, ce sont ceux des immigrants de la catégorie économique [note 27] qui ressemblent le plus, par leur composition, à ceux des non-immigrants, même si ces immigrants comptent davantage sur les revenus qu’ils tirent du marché du travail. Chez les demandeurs principaux de la catégorie économique, 32 % seulement du revenu total provient de régimes de retraite, soit environ 40 % de moins que chez les non-immigrants. Les conjoints et les personnes à charge de cette catégorie tirent 40 % de leur revenu total de régimes de retraite. Comme les non-immigrants, les immigrants de la catégorie économique tirent une partie importante de leurs revenus de régimes de retraite complémentaires : 44 % chez les demandeurs principaux et 31 % chez les conjoints et les personnes à charge. Ces deux catégories d’immigrants tirent par ailleurs 12 % de leur revenu de retraite du RPC ou du RRQ, soit beaucoup moins que dans le cas des non-immigrants. Cette faible proportion était prévisible, les immigrants ayant eu moins de temps pour travailler au Canada et cotiser à ces régimes. Si l’on considère par ailleurs l’ensemble des immigrants, ce sont ceux de la catégorie économique qui ont proportionnellement tiré le moins de revenus de régimes de retraite non contributifs; cette proportion est toutefois plus élevée que chez les non-immigrants. Chez les demandeurs principaux de la catégorie économique, 39 % du revenu de retraite provient de régimes non contributifs : 11 % de la SV et 28 % du SRG et de l’Allocation. Chez les conjoints et les personnes à charge de la catégorie économique, les revenus provenant de régimes de retraite non contributifs représentent 50 % du revenu de retraite : 14 % provient de la SV et 36 % du SRG et de l’Allocation. Les immigrants de la catégorie économique comptent davantage sur les revenus provenant du marché du travail que les non-immigrants, mais ce revenu présente une composition semblable : 83 % provient d’un emploi, et 13 % d’un travail indépendant.

Tableau 2 : Composition du revenu total des 60 ans ou plus, selon la catégorie d’immigrants, année d’imposition 2003
  Non-immigrants Catégorie 
économique –DP
Catégorie 
économique –CPC
Catégorie du 
régroupement
familial
Réfugiés
Revenu tiré du marché du travail (%)
Revenus d’emploi 22 56 50 21 36
Revenus d’un travail indépendant 4 9 8 2 3
Prestations d’assurance-emploi 0 1 1 1 1
Suppléments provinciaux (y compris l’aide sociale) 1 2 1 7 21
Revenu total tiré du marché du travail 27 68 60 32 62
Revenus de retraite (%)
Régime de pensions du Canada et Régime de rentes du QC 19 4 5 3 4
Régime enregistré d’épargne-retraite (REER) 3 2 3 1 1
Régime de retraite complémentaire 31 14 12 12 2
Sécurité de la vieillesse (SV) 16 4 5 9 6
Supplément de revenu garanti (SRG) et Allocation 4 9 15 43 26
Revenu de retraite total 73 32 40 68 38
REVENU TOTAL 100 100 100 100 100

Source: DAL, Statistique Canada

Les immigrants de la catégorie du regroupement familial [note 28] tirent 68 % de leur revenu total de régimes de retraite. Cette proportion se rapproche de celle observée chez les non-immigrants; cependant, la composition de ce revenu est très différente. Seulement 5 % des revenus de retraite provient du RPC ou du RRQ, soit moins du cinquième de la proportion observée chez les non-immigrants. Les revenus tirés de régimes de retraite complémentaires représentent 18 % du revenu de retraite, contre 43 % chez les non-immigrants. En ce qui concerne les régimes non contributifs, la SV représente aussi une part moins importante (13 %) pour la catégorie de regroupement familial; cependant, le SRG représente une proportion beaucoup plus importante (63 %) du revenu de retraite de ces immigrants que de celui des non-immigrants. L’autre tranche de 32 % du revenu total provient du marché du travail; cependant, encore une fois, ce revenu est très différent, par sa composition, de celui des non-immigrants. Chez les immigrants de la catégorie du regroupement familial, 65 % seulement du revenu provenant du marché du travail est tiré d’un emploi, soit 15 % de moins que chez les non-immigrants. Le revenu d’un travail indépendant occupe aussi une place moins importante. Les suppléments provinciaux, par contre, représentent une part beaucoup plus importante (35 %) du revenu provenant du marché du travail chez les immigrants de la catégorie du regroupement familial que chez les non-immigrants (2 %).

Les réfugiés [note 29] présentent des caractéristiques particulières sur le plan de la répartition des revenus : 38 % de leur revenu total proviennent de régimes de retraite, et 62 %, du marché du travail. Environ 10 % de leur revenu de retraite viennent du RPC ou du RRQ, et 5 % seulement de régimes de retraite complémentaires – les réfugiés étant, des immigrants de toutes les catégories, ceux qui ont enregistré la proportion la plus faible pour les régimes de retraite complémentaires. Par ailleurs, 82 % de ce revenu proviennent de régimes non contributifs : 15 %, de la SV, et 67 %, du SRG et de l’Allocation. En ce qui concerne le revenu provenant du marché du travail, la majeure partie (58 %) est tirée d’un emploi, et 6 % seulement d’un travail indépendant. Comme chez les immigrants de la catégorie du regroupement familial, une proportion importante (35 %) du revenu provient des suppléments provinciaux.

On a constaté plusieurs différences entre les catégories d’immigrants, mais il faut mentionner que le recours à la SV, au SRG et à l’Allocation chez les immigrants est à l’inverse de ce qu’on observe chez les non-immigrants. De façon plus précise, contrairement à ce que l’on constate chez les non-immigrants, les immigrants tirent une proportion moins importante de leur revenu de retraite de la SV, et une proportion beaucoup plus importante du SRG et de l’Allocation. Pour être admissible à une pension complète de la SV, il faut avoir au moins 65 ans et avoir habité au Canada pendant au moins 40 ans après l’âge de 18 ans. Pour être admissible à une fraction de la pension de la SV, il faut avoir au moins 65 ans et avoir résidé au total pendant au moins dix ans au Canada après l’âge de 18 ans. La personne qui répond à ces critères touche une fraction de la pension de la SV correspondant au quarantième du montant total pour chaque année de résidence au Canada. La grande majorité des immigrants représentés dans la DAL ont habité au Canada pendant moins de 20 ans. Par conséquent, le montant maximum qu’ils peuvent toucher de la SV équivaut à la moitié de la pension moyenne des non-immigrants. C’est ce qui explique pourquoi la SV représente une proportion plus faible du revenu des immigrants que de celui des non-immigrants. Dans le même ordre d’idées, la proportion du revenu des immigrants qui provient du SRG et de l’Allocation est beaucoup plus élevée que chez les non-immigrants. Le SRG est une pension offerte aux personnes qui touchent la SV, mais dont le revenu est tout de même inférieur au montant prévu. Prenons par exemple deux personnes de plus de 65 ans qui touchent le même revenu, mais qui n’ont pas habité le même nombre d’années au Canada. La première, un immigrant qui a accumulé dix années de résidence au Canada, présente une demande de pensions de la SV et reçoit 25 % du montant que touche la deuxième personne, un non-immigrant. Comme les deux personnes continuent de toucher un revenu inférieur au seuil de revenu garanti, elles présentent toutes deux une demande de SRG. Les montants qu’elles doivent toucher, au titre du SRG, pour atteindre le seuil de revenu garanti sont différents. L’immigrant qui reçoit une fraction de la pension de la SV aura besoin d’un supplément plus important pour obtenir le même revenu que le non-immigrant qui touche la pension complète de la SV. C’est pourquoi les immigrants de toutes les catégories recourent davantage au SRG que les non-immigrants [note 30].

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22  Voir le tableau A3 de l’annexe pour la répartition des revenus d’emploi et des revenus provenant de régime de retraite selon l’âge.

23  En 2003, les demandeurs principaux de la catégorie économique représentaient 22,2 % des immigrants de moins de 60 ans, et les conjoints et personnes à charge de cette catégorie, 22,8 %.

24  En 2003, les immigrants de la catégorie du regroupement familial représentaient 31,4 % des immigrants de moins de 60 ans.

25  En 2003, les réfugiés représentaient 16,1 % des immigrants de moins de 60 ans.

26  Remarque : Le gouvernement fédéral gère le Programme d’aide au rétablissement (PAR), connu autrefois sous le nom de Programme d’aide à l’adaptation (PAA), qui vient s’ajouter aux programmes d’aide sociale gérés par les provinces. Le PAR est un programme de soutien du revenu dans le cadre duquel on verse des prestations aux réfugiés pris en charge par le gouvernement au cours de l’année suivant l’admission. Aux fins de l’impôt, il n’y a pas de différence entre le revenu provenant du PAR et le revenu provenant d’autres programmes d’aide sociale. Par conséquent, on peut s’attendre à un taux de recours à « l’aide sociale » plus élevé chez les réfugiés pris en charge par le gouvernement au cours de l’année suivant l’admission, puisque les prestations du PAR sont incluses dans celles-ci. Cela contribue à l’augmentation de la moyenne pour l’ensemble des réfugiés, comme le montre le tableau 1.

27  En 2003, les demandeurs principaux de la catégorie économique représentaient 12,6 % de la population immigrante âgée de 60 ans ou plus et les conjoints et personnes à charge de cette catégorie, 5,7 %.

28  En 2003, les immigrants de la catégorie du regroupement familial représentaient 66,1 % des immigrants de 60 ans ou plus.

29  En 2003, les réfugiés représentaient 8 % des immigrants de 60 ans ou plus.

30  Des recherches antérieures sur les immigrants âgés, fondées sur les données de la BDIM, ont permis de tirer les mêmes conclusions (Dempsey 2005, 2004).

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