3. Combien de postes vacants à l’avenir?Note de bas de page 4
Par le passé, la croissance économique a été à la base des besoins en main-d’œuvre au Canada. Toutefois, cela ne devrait pas être le cas dans les années à venir : les départs à la retraite seront le principal moteur de la demande de travailleurs, créant beaucoup plus de postes vacants que l’expansion économique.
Selon les projections de Ressources humaines et Développement des compétences Canada (RHDCC), quelque 6,4 millions de postes devront être pourvus au cours de la prochaine décennie. Environ 70 % de ces postes vacants seront attribuables à la demande de remplacement (surtout par suite des départs à la retraite,Note de bas de page 5 des décès et de l’émigration), les autres 30 % découlant de la demande liée à l’expansion (nouveaux besoins en main-d’œuvre par suite de l’activité économique accrue). Le facteur déterminant de cette tendance est le changement démographique : le ralentissement de la croissance globale de la population et le vieillissement de celle-ci commencent à freiner la croissance de la population active, une tendance qui se poursuivra et aura une incidence sur les besoins en main-d’œuvre.
Afin de satisfaire la demande de remplacement, il faudra pourvoir quelque 4,4 millions de postes au cours de la prochaine décennie. Le nombre de personnes qui se retireront du marché du travail devrait augmenter constamment, passant d’environ 300 000 en 2010 à 415 000 en 2020; 3,7 millions de postes seront ainsi libérés par suite des départs à la retraite, auxquels s’ajouteront 700 000 postes vacants à cause de décès antérieurs à la retraite et de l’émigration.
Un coup d’œil à la demande liée à l’expansion révèle que 2,0 millions de nouveaux postes devraient être créés sur le marché du travail canadien par suite des nouvelles activités économiques au cours des dix prochaines années, malgré une croissance annuelle moyenne de l’emploi de l’ordre de 1 %. La plus forte croissance s’affichera dans les emplois du niveau de compétence A (1,6 %), suivis des postes du niveau de compétence B (1,2 %) et des postes de gestion (1,1 %).Note de bas de page 6 La croissance prévue par niveau de compétence affiche les caractéristiques d’une économie du savoir, la plus forte croissance touchant les postes qui exigent généralement un niveau de scolarité élevé (niveau de compétence A, B ou Gestion), plutôt que les postes de niveau de compétence inférieur (C ou D). Les deux tiers de tous les postes vacants exigeront des études postsecondaires (études universitaires, études collégiales ou formation d’apprenti).
En ce qui a trait à la croissance de l’emploi selon l’industrie, on s’attend à un certain équilibre entre les industries productrices de biens et les industries productrices de services. Toutefois, une grande différence sépare ces deux grands groupes. Parmi les industries affichant la plus forte croissance, mentionnons les mines et combustibles, les services professionnels, scientifiques et techniques, le matériel de transport et les services de santé. À l’opposé, la croissance de l’emploi devrait être très inférieure à la moyenne pour l’administration publique, les services d’éducation et la plupart des industries de la fabrication. Il importe de préciser qu’il y aura des postes vacants partout au Canada. Toutefois, les besoins en main-d’œuvre varient considérablement d’une région à l’autre, une tendance qui devrait se poursuivre, et les différences dans les profils démographiques, la croissance de la population et la composition industrielle comptent pour beaucoup dans le nombre et le genre de travailleurs dont on aura besoin dans les régions.
Comme on l’a déjà indiqué, le changement démographique (ralentissement de la croissance de la population et vieillissement de celle-ci) prévu pour les années à venir a une incidence importante sur les perspectives d’emploi. Même si le marché du travail sera touché par un affaiblissement de la demande par suite du ralentissement de la croissance démographique, l’augmentation du nombre de départs à la retraite obligera l’embauche de travailleurs de remplacement, qui deviendra le principal moteur de la demande de main-d’œuvre. Par ailleurs, dans les prévisions, les hypothèses au sujet de la productivité de la main-d’œuvre influent beaucoup sur les besoins en travailleurs. Dans les présentes prévisions, on s’attend à ce que la productivité de la main-d’œuvreNote de bas de page 7 augmente par rapport au taux enregistré pendant la première décennie des années 2000, compte tenu des différentes stratégies d’accroissement de la productivité adoptées par un certain nombre d’industries face à la concurrence mondiale accrue et à la faible croissance de la population active intérieure.
Les perspectives décrites ci-dessus donnent un aperçu de base du nombre de postes qui devront être pourvus au pays pendant la prochaine décennie. La situation économique actuelle du Canada (force et stabilité de la reprise, solide redressement de l’emploi et baisse progressive du taux de chômage) et le besoin de disposer à l’avenir d’une main-d’œuvre très instruite et spécialisée laissent entrevoir des perspectives assez positives pour les entrants ayant fait des études très poussées, y compris les immigrants.
Toutefois, comme c’est le cas pour toutes les perspectives, celles-ci pourraient être considérablement modifiées par certains risques. Les cycles économiques ont un effet marqué sur le niveau global de la croissance économique, et ils auront certainement une incidence sur l’offre et la demande de main-d’œuvre à l’avenir. Les études ont montré que les résultats économiques des immigrants sont très durement touchés pendant les récessions; c’est aussi le cas pour les nouvelles personnes actives nées au Canada.Note de bas de page 8 Toutefois, les immigrants de fraîche date semblent obtenir les plus faibles résultats économiques malgré leur très haut niveau de scolarité; par conséquent, les variations futures du cycle économique pourraient leur être particulièrement préjudiciables.
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