Le soin des collections d’histoire naturelle

Fiona Graham

Le soin des collections d’histoire naturelle fait partie de la ressource Web Lignes directrices relatives à la conservation préventive des collections. Cette section présente les principaux aspects dont il faut tenir compte pour prendre soin des spécimens d’histoire naturelle présents dans les collections patrimoniales, en fonction des principes de la conservation préventive et de la gestion des risques.

Table des matières

Liste des abréviations

DDT
dichlorodiphényltrichloroéthane
HEPA
haute efficacité pour les particules de l'air
HR
humidité relative
ICC
Institut canadien de conservation
PDF
format de document portable
UV
ultraviolet

Comprendre la nature des collections d'histoire naturelle

La présente ressource porte principalement sur les spécimens d’histoire naturelle qui peuvent faire partie des collections mixtes de musées ou de petites collections privées. Elle traite des différents types de collections d’histoire naturelle ainsi que des questions de santé et de sécurité, notamment la question des risques associés aux résidus de pesticides présents dans de telles collections.

Types de collections d'histoire naturelle

Les collections d’histoire naturelle englobent des matières telles que les fossiles, les roches, les minéraux, les coquillages, les coquilles d’œuf, les nids d’oiseaux et les insectes (par exemple, des papillons), de même que des spécimens botaniques et des spécimens d’étude, que ce soient des mammifères, des oiseaux (figure 1), des reptiles ou des amphibiens. Les collections d’objets conservés en solution, qui font partie de collections spécialisées, ne sont pas traitées dans le présent document, car leur conservation repose sur les conseils de spécialistes du domaine.

Martin Lipman, © Musée canadien de la nature
Figure 1. Spécimen d’orignal utilisé dans un diorama d’exposition au Musée canadien de la nature.

Dans les musées comportant des collections mixtes, les spécimens d’histoire naturelle sont parfois négligés lorsque les personnes responsables de leur soin ont une connaissance limitée de leur valeur. Les spécimens servent parfois d’accessoires pour créer une ambiance dans les expositions, et sont ensuite entassés dans un coin ou une réserve en attendant qu’une personne s’y intéresse et en prenne soin. Repérer les objets d’histoire naturelle au sein d’une collection et déterminer leur valeur, leur utilisation et leur vulnérabilité propres constituent les premières étapes d’une conservation adéquate.

Les collections systématiques, comme celles des musées d’histoire naturelle et des universités, ainsi que certaines collections privées, présentent d’autres besoins qui peuvent être différents de ceux d’un musée ayant une collection mixte ou d’une petite collection privée. Comparativement aux spécimens de collections mixtes, les spécimens de collections systématiques possèdent généralement une forte valeur à titre d’objets de recherche, mais leur valeur esthétique est relativement faible (figure 2). Les différentes méthodes de préparation (par exemple, pour un spécimen d’étude par opposition à une tête-trophée) et les diverses valeurs primaires des objets influent sur le choix des techniques de manipulation, de mise en réserve et d’exposition. Par exemple, l’utilisation de contenants de mise en réserve comportant du papier sans acide ayant une réserve alcaline peut provoquer une modification de la composition chimique des matières végétales. Ces altérations peuvent se révéler négligeables dans certaines collections, mais être critiques dans celui d’une collection dont l’objet principal est la recherche scientifique.

Comme c’est le cas des spécimens se trouvant dans les collections archéologiques, les spécimens d’histoire naturelle de collections systématiques perdent une grande partie de leur valeur si les données connexes sur la collection sont perdues. Il est donc essentiel d’assurer la conservation d’éléments tels que les étiquettes et les carnets de chantier. (Pour en savoir davantage sur l’entretien des étiquettes historiques, consulter Agent de détérioration : dissociation – Vignette 4). La portée de la présente ressource ne comprend pas les mesures spéciales permettant d’assurer la gestion et le soin des collections d’histoire naturelle systématiques. Pour obtenir des conseils en matière de collections de recherche, contacter les spécialistes des musées d’histoire naturelle ou utiliser les services de la Society for the Preservation of Natural History Collections (en anglais seulement) et consulter ses publications.

Figure 2. Spécimen d'étude de dègue (« Octodon degus »), un type de rongeur, recueilli au Chili pendant l'expédition d'exploration américaine de 1838 à 1842.

Pour en savoir davantage sur la vaste gamme de matières présentes dans les collections d’histoire naturelle, consulter les ressources de l’ICC suivantes :

Questions relatives à la santé et à la sécurité

Toute personne qui manipule des spécimens d’histoire naturelle ou qui travaille à proximité de ceux-ci doit connaître les problèmes possibles en matière de santé et de sécurité associés à de tels objets. La radioactivité de certains minéraux, roches et fossiles est un de ces problèmes de santé et de sécurité souvent négligés. Certaines collections mixtes, par exemple, contiennent des échantillons de minerai d’uranium. Les roches et les fossiles prélevés dans certaines régions peuvent présenter une concentration élevée de radon, et l’identification de ces objets demande parfois l’aide d’un spécialiste. Afin de protéger la santé du personnel, des bénévoles et des visiteurs, il peut être nécessaire d’utiliser des enceintes spéciales et adopter des méthodes de manipulation adaptées. Certains spécimens de minéraux, comme ceux contenant de l’arsenic et du thallium, peuvent aussi être toxiques.

Des composés toxiques ont été utilisés dans la préparation de bon nombre de spécimens naturalisés, particulièrement ceux préparés avant les années 1970, afin de prévenir la biodétérioration et les infestations d’insectes nuisibles. L’arsenic constitue le composé toxique qui a été le plus couramment utilisé en taxidermie, quoique le mercure et divers pesticides organiques, comme le dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT), aient aussi été employés à l’occasion. Ces composés étaient habituellement appliqués à l’intérieur des spécimens, mais des résidus peuvent avoir migré à l’extérieur. De même, les spécimens botaniques naturalisés, particulièrement ceux datant du XIXe siècle ou avant, peuvent avoir été traités avec des composés du mercure. Dans certains musées, des insecticides toxiques peuvent aussi avoir été appliqués sur les peaux d’animaux et les spécimens naturalisés afin d’éradiquer les infestations d’espèces nuisibles.

Des résidus de pesticides peuvent encore être présents à la surface des spécimens (figure 3), sur les parois des vitrines (ou armoires) ou dans l’air ambiant de celles-ci. Ces résidus peuvent être visibles ou non à l’œil nu. Au moment de manipuler des spécimens, il faut porter l’équipement de protection individuelle approprié, sauf s’il a été établi clairement, à l’aide d’essais ou en se basant sur les déclarations du taxidermiste ou du botaniste ayant effectué la naturalisation, que le spécimen ne contient aucune matière dangereuse. Tous les spécimens naturalisés utilisés dans le cadre de programmes éducatifs doivent être préalablement analysés pour déterminer la présence possible de composés toxiques.

Photographe inconnu, © Musée canadien de la nature
Figure 3. Les dépôts blancs pulvérulents non identifiés présents sur un spécimen d’histoire naturelle devraient être traités comme des résidus de pesticide.

Causes des dommages aux spécimens inorganiques et stratégies de conservation préventive

Les spécimens inorganiques comprennent les minéraux, les roches, les gemmes et les fossiles. Les coquillages et les œufs font aussi partie de cette catégorie, bien qu’ils puissent comporter des composants organiques. Ce vaste éventail de matériaux et de types d’objets exige donc de tenir compte des dix agents de détérioration. Dans le cas des spécimens inorganiques, il faut prendre en considération, en particulier, les agents suivants :

  • Forces physiques
  • Vol et vandalisme
  • Dissociation
  • Polluants
  • Lumière et ultraviolet
  • Humidité relative inadéquate

Forces physiques

Les forces physiques constituent l’agent de détérioration le plus courant des spécimens inorganiques, comme les roches, les minéraux et les coquillages, car ces spécimens peuvent être plus fragiles que leur aspect ne le laisse supposer. Ils peuvent être endommagés en cas de choc avec des surfaces dures, que ce soit à la suite de manipulations inadéquates ou sous l’effet de vibrations dans le bâtiment où ils sont mis en réserve ou exposés (figure 4). Les dommages subis comprennent la formation de fissures et de craquelures, ainsi que le bris ou la perte d’éléments et l’abrasion de la surface.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 125773-0131
Figure 4. Vitrine contenant des coquillages aux couleurs exotiques. Les objets sont exposés à l’ancienne et de manière esthétique, mais ils sont vulnérables aux dommages, car ils ne sont pas fixés ni montés sur un support. S’ils sont soumis à des chocs ou à des vibrations, ils peuvent se briser, ou des morceaux peuvent s’en détacher. De plus, la vitrine d’exposition en bois peut dégager des acides organiques pouvant détériorer les coquillages.

Les éléments saillants de certains spécimens minéraux (figure 5) ou d’objets, comme les oursins (figures 6a et 6b), sont particulièrement susceptibles d’être endommagés, car les tissus des vêtements et les matériaux d’emballage peuvent par exemple s’y accrocher. Même les méthodes de nettoyage les plus soigneuses peuvent les endommager.

G. Runnels, © Musée canadien de la nature
Figure 5. Échantillon de mésolite, minéral cristallin fragile très sensible aux dommages physiques.

Les œufs sont clairement des objets fragiles qui peuvent facilement être brisés. De nombreux coquillages, comme les nautiles, ont une paroi très mince et sont aussi vulnérables aux effets des forces physiques.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 125773-0144
Figure 6a. Support fabriqué pour protéger les éléments saillants d’un oursin. Le support comprend une boîte en carton sans acide pour passe-partout, une base en mousse de polyéthylène (Ethafoam) sculptée et un « coussin » en bourre de polyester doublée de non-tissé de polyester (Tyvek), sur lesquels repose l’oursin. Des feuilles de plastique cannelées de type Coroplast, fixées à l’aide de goujons en bois, forment une structure de protection au-dessus de l’oursin. (Support fabriqué par Carl Schlichting)

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 125773-0145
Figure 6b. Des bandes de Tyvek ont été fixées sous l’oursin afin d’en faciliter le soulèvement. Le Tyvek est un non-tissé de polyester lisse dans lequel les éléments saillants ne s’accrochent pas. (Support fabriqué par Carl Schlichting)

Les fossiles peuvent paraître plus résistants qu’ils le sont en réalité et, donc, être tout de même fragiles, particulièrement s’ils ont été préparés avec des adhésifs qui se sont détériorés avec le temps et qui risquent maintenant de se rompre. Les dommages physiques constituent aussi un risque élevé pendant le transport de ces spécimens (consulter, par exemple, Agent de détérioration : forces physiques – Vignette 2).

Recommandations

  • Protéger les éléments saillants des spécimens qui pourraient être accidentellement endommagés pendant la manipulation des objets (figures 6a et 6b).
  • Utiliser des matériaux qui ne s’accrochent pas dans les éléments saillants des objets, par exemple le non-tissé de polyester (Tyvek) et les mousses lisses (figures 6a, 6b et 7). Si des matériaux pouvant former des accrocs, comme la bourre de coton, font partie intégrante d’un support, les remplacer par des matériaux adéquats.
  • Entreposer les spécimens dans des tiroirs, des bacs et des contenants, et les séparer les uns des autres à l’aide de pièces d’espacement ou de barrières en mousse inerte ou en papier cartonné sans acide (figure 8). Cette mesure empêche les spécimens d’entrer en contact lorsqu’un bac est déplacé ou qu’un tiroir est ouvert et refermé.
  • Utiliser des supports individuels matelassés ou, au besoin, des contenants matelassés distincts, particulièrement dans le cas d’objets fragiles (figures 7, 9a et 9b) ou dans celui d’objets plus grands ou plus lourds (figures 10a et 10b).
  • Adapter la densité et la taille de la mousse au besoin de l’objet. Par exemple, utiliser des feuilles minces en mousse de polyéthylène (Ethafoam) ou en mousse de polyéthylène réticulé (Volara) comme supports d’objets légers et des blocs plus denses en mousse de polyéthylène ou de polystyrène pour les objets plus lourds (figure 11).
  • Matelasser les étagères de rangement et d’exposition, ainsi que les tables de travail avec des morceaux de mousse inerte de densité adéquate afin d’empêcher les objets d’être endommagés par contact avec des surfaces dures.
  • Assurer la formation du personnel et des bénévoles en matière de méthodes de manipulation sécuritaires. Il faut, par exemple, toujours manipuler les objets fragiles en utilisant ses deux mains et en les glissant sous l’objet, celui-ci étant de préférence placé dans une boîte ou un bac.
  • Prendre toutes les précautions nécessaires pendant l’expédition et le transport des spécimens. Pour en savoir davantage sur les mesures permettant d’expédier des biens culturels de façon sécuritaire, consulter Agent de détérioration : forces physiques.
  • Pendant l’exposition des objets, utiliser des supports ou des dispositifs de fixation pour réduire au minimum les risques de dommages causés par les chocs et les vibrations, tout en prenant les mesures adéquates pour conserver l’aspect esthétique de l’ensemble (consulter la section Des supports sûrs pour les fossiles d’une exposition itinérante).

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 125773-0146
Figure 7. Exemples de coquillages fixés sur un coussinet en mousse à l’aide de bâtonnets et de bandes de non-tissé de polyester (Tyvek). (Support fabriqué par C. Schlichting)

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 129976-0001
Figure 8. Exemple de tiroirs de rangement pour spécimens de fossiles de vertébrés.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 125773-0147
Figure 9a. Trois anneaux en mousse de polyéthylène (servant de soutien) sont utilisés comme support d’entreposage pour un morceau de corail. (Support fabriqué par Carl Schlichting)

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 125773-0148
Figure 9b. Une bande de non-tissé de polyester (Tyvek) entoure un morceau de corail et le maintient dans le support. (Support fabriqué par Carl Schlichting)

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 125773-0137
Figure 10a. Bac de rangement matelassé pour spécimen minéral lourd. Le spécimen est enveloppé dans des feuilles de mousse de polyéthylène, puis dans un morceau de non-tissé de polyester (Tyvek). (Support fabriqué par Carl Schlichting)

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 125773-0138
Figure 10b. Un spécimen minéral lourd est placé dans un bac fait sur mesure, fabriqué en polyéthylène cannelé résistant (Hi-Core). De petits morceaux de mousse de polyéthylène sont insérés entre les parois du bac et le spécimen, et ce dernier est enveloppé de sorte qu’il ne peut pas bouger. (Support fabriqué par Carl Schlichting)

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 69345-0009
Figure 11. Base d’un support pour un crâne de mammifère lourd et massif. La base est taillée dans un morceau de mousse de polystyrène. Un matelassage, par exemple une feutrine ou une feuille de mousse souple (en polyéthylène, en polypropylène ou en polyéthylène réticulé), sera ensuite ajouté entre le crâne et la base.

Pour en savoir davantage sur la manipulation, consulter La manipulation des objets patrimoniaux.

Vol et vandalisme

La présence de gemmes et de pépites d’or dans une collection exige évidemment l’adoption de mesures de sûreté additionnelles. De la même façon, il faut contrôler l’accès à certains autres minéraux et à certains fossiles pouvant avoir une valeur marchande élevée. Il est parfois nécessaire d’obtenir l’aide de spécialistes universitaires ou d’employés de musées d’histoire naturelle pour identifier les spécimens et en déterminer la valeur. Même les petits spécimens ayant une faible valeur marchande, comme de minuscules os détachables de grands fossiles naturalisés, peuvent faire l’objet de vols à l’occasion. La principale faiblesse de tous les spécimens de ce type est leur petite taille et, conséquemment, la facilité avec laquelle ils peuvent être dissimulés.

Dissociation

La dissociation entraîne la perte de l’objet, de l’une de ses parties ou de données connexes précieuses, ou encore l’incapacité de récupérer des objets et des données ou de les associer. Ce risque est particulièrement important dans le cas des spécimens d’histoire naturelle, comme les fossiles, les roches et les minéraux, car une bonne partie de leur signification est liée aux données de collecte (l’endroit et la date de leur découverte, etc.). Les risques de dissociation sont encore plus élevés dans le cas des spécimens dont l’étiquetage direct de la surface est difficile en raison de leur petite taille ou de leur surface rugueuse et irrégulière (par exemple, les roches et gemmes des figures 13 et 14). Lorsque les responsables de collections mixtes négligent l’entretien des spécimens d’histoire naturelle et qu’ils considèrent que ces objets sont moins importants que les autres au sein de la collection, il se peut que des données de collecte n’aient jamais été enregistrées ou que l’on s’en soit débarrassé en raison d’une mauvaise compréhension de leur valeur réelle. Pour en savoir davantage, consulter Agent de détérioration : dissociation.

Polluants

Les poussières alcalines provenant du béton et les acides organiques que dégagent les produits du bois constituent deux exemples de polluants liés aux matériaux de construction et pouvant provoquer la détérioration de certains minéraux. Les coquillages sont particulièrement vulnérables aux effets des acides organiques dégagés par les vitrines et les tiroirs en bois. Des cristaux blancs pulvérulents se forment sur les coquillages touchés et leur surface brillante et lisse est détruite (figure 12). Ce phénomène est connu sous le nom « maladie de Byne » (Byne’s Disease [format PDF, en anglais seulement]).

La poussière constitue un problème important pour les spécimens tels que la mésolite illustrée à la figure 5. Si des poussières s’accumulent sur de telles surfaces, le nettoyage s’avère long et complexe.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 125773-0139
Figure 12. Exemples de détérioration de coquillages exposés à des vapeurs d’acide acétique de forte concentration. Les deux coquillages de gauche n’ont pas été exposés et ne présentent donc aucun signe de détérioration, tandis que ceux de droite sont détériorés et recouverts de dépôts blancs pulvérulents.

Recommandations

  • Recouvrir les objets et les remiser dans des contenants fermés afin de les protéger contre la poussière. Utiliser des feuilles ou des draps antipoussières comme mesure de protection additionnelle.
  • Pendant l’exécution de travaux de construction, protéger la collection contre la poussière que produisent les activités en recouvrant les objets soit de draps de coton écru, soit de feuilles de polyéthylène ou de papier sans acide. S’assurer que les entrepreneurs utilisent du matériel de lutte antipoussières pendant les travaux.
  • Améliorer la façon de ranger les objets de la collection ou réorganiser la collection afin que les objets les plus vulnérables aux polluants (par exemple, les coquillages) soient mis en réserve ou exposés dans des structures composées de matériaux qui ne libèrent pas de produits nocifs. Réserver l’utilisation des contenants en bois aux collections qui ne sont pas vulnérables aux effets des acides organiques.
  • Au moment d’acquérir de nouvelles structures de mise en réserve et d’exposition, éviter l’achat de celles contenant des produits du bois, particulièrement si la collection comporte des coquillages.

Lumière et ultraviolet

La plupart des spécimens inorganiques sont insensibles à la lumière, mais il existe quelques exceptions notables. Certains minéraux, comme le quartz rose, peuvent se décolorer à la lumière. Les couleurs d’autres spécimens, comme l’ambre (figure 13) et le cinabre, peuvent s’altérer, tandis que des minéraux tels que le réalgar peuvent se transformer en composés d’autre nature. Sur une échelle qualitative de sensibilité à la lumière, l’ambre se situerait dans l’intervalle de sensibilité moyenne, alors que le quartz rose, le cinabre et le réalgar se situeraient dans la plage de sensibilité faible à moyenne.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 123773-0024
Figure 13. Spécimens d’ambre canadien provenant de Medicine Hat. La couleur de l’ambre peut être altérée s’il est exposé à la lumière.

Les mollusques et les coquilles d’œuf peuvent aussi contenir des pigments photosensibles. Les pigments sont considérés comme des substances hautement sensibles à la lumière.

Recommandations

  • Repérer les matériaux photosensibles (par exemple, certains minéraux, mollusques et coquilles d’œuf).
  • Conserver les matériaux photosensibles dans des contenants opaques et restreindre leur exposition à la lumière à des demandes particulières pertinentes (aux fins d’étude, par exemple).
  • Adopter une politique visant à ne pas exposer les minéraux photosensibles, particulièrement ceux ayant une haute sensibilité à la lumière.
  • Si la présence de minéraux photosensibles est essentielle au synopsis d’une exposition, prendre les mesures nécessaires pour réduire au minimum l’intensité lumineuse et la durée d’exposition. Éviter toute exposition à la lumière naturelle et éliminer tout rayonnement ultraviolet (UV) émis par les sources lumineuses.

Humidité relative inadéquate

Bien que la plupart des spécimens inorganiques ne soient pas particulièrement sensibles à l’humidité relative (HR), il peut être surprenant de constater que quelques-uns y sont très sensibles. Un faible pourcentage des minéraux, comme les hydrates et les pyrites, peuvent se désagréger ou être altérés par suintement (ou les deux) s’ils sont exposés à des niveaux d’humidité supérieurs ou inférieurs à une valeur d’HR critique donnée.

La pyrite (FeS2, un minéral aussi appelée « or des fous »), qui peut être présente dans des fossiles ainsi que dans des spécimens minéraux distincts (figure 14), est particulièrement vulnérable lorsque l’HR se situe au-dessus de 50 %. En présence d’oxygène et à un taux d’HR élevé, la pyrite s’oxyde et se transforme en un minéral plus massif, le sulfate de fer. Le minéral devient alors pulvérulent et, finalement, se désintègre. Les sous-produits acides de la réaction (acide sulfurique) sont corrosifs et détruiront les étiquettes et les contenants.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 101454-0001
Figure 14. La pyrite a l’aspect brillant et luisant de l’or (à gauche). Un spécimen de pyrite altéré par la maladie de la pyrite a un aspect terne et gris et est recouvert d’une couche de produits de corrosion (à droite).

Dans le cas de certains spécimens, l’exposition à une HR inadéquate peut provoquer la déliquescence (c’est-à-dire l’absorption d’eau jusqu’à ce que le matériau se liquéfie) et l’efflorescence (soit l’apparition de dépôts poudreux sur les surfaces). Par exemple, la liquéfaction de certains spécimens d’halite (le chlorure de sodium ou sel courant) peut s’amorcer à des taux d’HR supérieurs à 75 %. Le borax exposé à des taux d’HR inférieurs à 50 % peut se déshydrater et se transformer en tincalconite, l’apparition de dépôts poudreux sur les surfaces étant une indication de cette modification.

Les subfossiles sont des spécimens d’organismes qui ne sont pas entièrement fossilisés et qui contiennent encore une portion de matière organique (du collagène). Les spécimens qui datent de la période glaciaire, comme les os, les dents de mammouth, constituent des exemples courants de matière organique. Les variations d’HR peuvent facilement provoquer la fissuration et la délamination de tels spécimens. Il faut donc les traiter comme des objets ayant la même vulnérabilité aux taux inadéquats d’HR que les spécimens organiques d’os ou d’ivoire.

La matière organique qui recouvre l’intérieur des coquilles d’œuf ou qui sert de charnière sur les coquillages de mollusques est vulnérable aux moisissures à des taux élevés d’HR (supérieurs à 65 % environ) ainsi qu’à la dessiccation et à la fragilisation à des taux d’HR inférieurs à 30 %. Cette matière peut aussi être endommagée par les insectes et animaux nuisibles (consulter la section Ravageurs).

Recommandations

  • Conserver les spécimens vulnérables aux taux élevés d’HR dans des contenants adéquats. Plus les contenants sont étanches, plus il sera rare que l’HR atteigne, à l’intérieur, un taux dangereux pour les spécimens. Utiliser, par exemple, des contenants en polyéthylène munis de joints d’étanchéité afin d’assurer une étanchéisation optimale (par exemple, des récipients d’entreposage d’aliments, de marques Rubbermaid ou Lock & Lock).
  • Utiliser un desséchant, comme le gel de silice conditionné, pour assurer une meilleure protection des spécimens sensibles à l’HR conservés dans des contenants étanches. On peut aussi utiliser un tel desséchant pour humidifier des contenants.
  • Conserver les spécimens fragiles dans des contenants à l’intérieur desquels un microclimat a été créé.

Causes des dommages aux spécimens organiques et stratégies de conservation préventive

Les collections organiques comprennent les spécimens naturalisés, les os et les squelettes non fossilisés, les insectes, les spécimens botaniques et les nids d’oiseaux. Ce vaste éventail de matières et de types d’objets exige donc de tenir compte de tous les agents de détérioration. Les stratégies de conservation courantes et efficaces visent habituellement à assurer la manipulation sûre des objets et à adopter des mesures de lutte contre les insectes et animaux nuisibles, de même que des mesures adéquates en matière de mise en réserve, d’exposition et de sécurité. Les considérations liées aux agents dont traitent les sections ci-après sont propres aux spécimens organiques d’histoire naturelle.

  • Forces physiques
  • Vol et vandalisme
  • Dissociation
  • Ravageurs
  • Polluants
  • Lumière et ultraviolet
  • Humidité relative inadéquate

Forces physiques

Les dommages les plus courants que subissent les spécimens organiques d’histoire naturelle sont les bris et les pertes attribuables à de mauvaises pratiques de manipulation et de mise en réserve. Il est fréquent d’observer des spécimens de mammifères auxquels il manque des oreilles ou des queues, ou des oiseaux qui présentent des pattes cassées ou des ailes endommagées (figure 15). Les objets surdimensionnés, comme les gros animaux naturalisés, sont particulièrement difficiles à déplacer et ils s’endommagent facilement en cours de déplacement.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 2005306-0001
Figure 15. Harfang des neiges empaillé, extrêmement endommagé (le rembourrage de paille est visible à la hauteur du cou).

Les matériaux minces et fragiles, comme ceux présents dans les spécimens botaniques ou dans les collections de papillons et d’autres insectes (figures 16a à 16c), sont très vulnérables aux effets des contraintes physiques. Les bris et les pertes subis peuvent réduire grandement leur valeur esthétique et d’interprétation ou leur valeur comme objets de recherche ou élément d’exposition didactique (par exemple, des spécimens de papillons et d’autres insectes auxquels il manque des pattes ou des antennes et des spécimens de plantes dont les feuilles sont fragmentées). Les nids d’oiseaux sont aussi susceptibles d’être endommagés, car ils sont composés de morceaux lâchement fixés ensemble pouvant se détacher facilement.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 125773-0118
Figure 16a. Herbier relié datant du XIXe siècle et contenant des spécimens extrêmement fragiles. Les spécimens botaniques séchés et fragiles étaient habituellement collés sur des feuilles de papier dans le volume relié. Le papier peut aussi s’être fragilisé au fil du temps. L’accès au volume devrait être contrôlé, car le simple fait de tourner les pages peut faire fléchir les spécimens et entraîner des pertes.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 98904-0013
Figure 16b. Spécimen botanique séché présentant des feuilles endommagées.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 120500-0004
Figure 16c. Les spécimens d’insectes (comme ces éphémères communes) sont particulièrement fragiles.

Recommandations

  • Manipuler les spécimens le moins souvent possible, particulièrement ceux qui sont fragiles ou cassants.
  • Si les spécimens doivent absolument être déplacés, utiliser des bacs, des bases, des contenants et des supports afin d’éviter tout contact manuel (figures 17 et 18). Cette pratique réduit aussi les risques d’exposition directe aux résidus toxiques qui peuvent se trouver sur les spécimens.
  • Établir des méthodes de manipulation sécuritaires à l’intention des chercheurs, des visiteurs et des groupes scolaires.
  • Fabriquer des contenants portatifs sur mesure pour les spécimens qui sont fréquemment examinés, par exemple dans le cadre de programmes éducatifs (consulter à ce sujet Des spécimens naturalisés pour les programmes éducatifs).
  • Déterminer les spécimens de la collection qui sont fragiles et cassants, les étiqueter et faire de leur protection une priorité. Par exemple, dans le cas des spécimens botaniques, fabriquer sur mesure des chemises matelassées, des supports plats et des boîtes en plastique cannelé (Cor-X, Coroplast) ou en carton sans acide pour passe-partout. Utiliser des boîtiers pour spécimens entomologiques dans le cas des collections d’insectes épinglés en y intégrant des fenêtres en plastique stable qui permettent d’examiner les insectes sans retirer le couvercle.
  • Entreposer les spécimens sur des supports stables ou dans des boîtes, des bacs et des tiroirs matelassés appropriés aux besoins de l’objet (figures 17 et 18).
  • Assurer un espace de rangement suffisant (en volume) sur les étagères pour chaque objet. Les bases doivent être aussi larges que la circonférence de l’objet afin de faciliter la délimitation de l’espace requis sur l’étagère et de ne pas endommager les éléments saillants (par exemple, la queue de l’animal à la figure 19) une fois l’objet remisé parmi d’autres sur l’étagère.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 125773-0119 
Figure 17. Fabriquer des creux ou des anneaux matelassés pour protéger les os et les matériaux semblables. Par exemple, envelopper les squelettes dans de la mousse de polyéthylène mince et les entreposer dans des bacs, des boîtes ou des contenants.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 125773-0141
Figure 18. Plutôt que de conserver des spécimens d’os dans des sachets, où ils peuvent entrer en contact les uns avec les autres, les ensacher séparément ou, comme il est illustré, les insérer dans une matrice découpée en mousse de polyéthylène, laquelle peut être placée dans une boîte ou un bac. Cette approche facilite aussi la manipulation des objets.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 125773-0142
Figure 19. Nouvelle base plus large pour spécimen de mammifère, fabriquée en plastique cannelé solide et munie d’attaches en ruban sergé.

Pour en savoir davantage sur la manipulation, consulter La manipulation des objets patrimoniaux.

Vol et vandalisme

L’exposition de fourrures, de têtes-trophées et de spécimens naturalisés de certains animaux peut susciter des controverses dans certaines collectivités. Il y alors un risque qu’un ou des protestataires manifestent leur désaccord par des actes de vandalisme ciblant de tels objets.

Recommandations

  • Exposer les objets vulnérables dans des vitrines ou, du moins, derrière des barrières.
  • Fournir une interprétation adéquate des objets exposés afin d’en donner le contexte et de prévenir tout comportement agressif potentiel.

Dissociation

Pour diverses raisons, la dissociation constitue habituellement un risque moyen à élevé pour les spécimens organiques d’histoire naturelle. Un des principaux facteurs de risque est le fait qu’il est difficile d’inscrire directement les numéros d’acquisition sur les objets tels que les plantes, les insectes et les spécimens naturalisés (figures 20 et 21). Par conséquent, on fixe souvent une étiquette sur l’objet ou l’on inscrit le numéro sur le support (par exemple, la feuille de papier sur laquelle le spécimen botanique est monté). Des spécimens de ce type peuvent donc facilement être séparés de leur numéro d’acquisition.

François Génier, © Musée canadien de la nature
Figure 20. Insecte et étiquette fixés ensemble sur une épingle.

Martin Lipman, © Musée canadien de la nature
Figure 21. Étiquettes de papier fixées, à l’aide d’une ficelle, à des spécimens d’étude d’oiseaux

Les étiquettes historiques peuvent être d’une grande valeur. Pour obtenir des conseils sur l’entretien et la préservation des étiquettes historiques, consulter Agent de détérioration : dissociation – Vignette 4.

Dans le cas des spécimens d’histoire naturelle d’espèces en voie de disparition ou composés de matériaux dont le commerce est réglementé à l’échelle internationale (par exemple, l’ivoire, l’écaille de tortue et certaines plumes), les responsables de leur prêt et de leur expédition doivent s’assurer d’obtenir les permis nécessaires, car les lois pertinentes s’appliquent non seulement au transport et à l’utilisation d’une collection initiale de spécimens d’animaux, mais aussi des composants ou des matières dont sont faits ces objets (par exemple, plumes et ivoire). Si les documents requis permettant d’effectuer le transit international ne sont pas joints aux objets visés, les spécimens peuvent être confisqués.

Ravageurs

Les insectes et animaux nuisibles présentent un risque très élevé pour les spécimens composés de fourrure, de plumes et de peaux huileuses. Les teignes des vêtements et les dermestidés (figure 22a) sont les ravageurs que l’on trouve le plus souvent dans les collections d’histoire naturelle. Les objets des collections de ce type doivent être considérés comme particulièrement vulnérables, à moins qu’ils aient déjà été traités avec de l’arsenic, du mercure ou d’autres pesticides. Repérer les chiures (c’est-à-dire des excréments d’insectes ou d’autres résidus de leurs activités nuisibles) peut être difficile sur des spécimens naturalisés dont s’échappent des matériaux de rembourrage ou dont la fourrure ou les plumes semblent muer. Un grand nombre de fourrures et de spécimens naturalisés présentent des signes d’infestations antérieures, ce qui peut rendre le problème plus complexe. De plus, il est possible que la fourrure et les plumes, malgré leur dégradation, ne semblent pas se détacher du spécimen, car elles peuvent avoir été rongées près de la peau et être restées en place grâce aux poils et aux plumes voisins.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 125773-0134
Figure 22a. La perte de poils localisée et les trous dans la peau (cuir brut) de la fourrure sont des exemples de dégradation causée par les insectes.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 125773-0123
Figure 22b. Les spécimens naturalisés mis en réserve doivent faire l’objet d’examens périodiques afin que toute trace d’activités d’insectes soit détectée dès que possible. Cette armoire de rangement à plateaux coulissants assure une protection polyvalente des spécimens, tout en permettant d’effectuer facilement des inspections périodiques. Chaque spécimen est fixé sur la tablette du tiroir de sorte qu’il ne peut basculer lorsqu’il est examiné. L’armoire fermée protège aussi les spécimens contre la lumière et la poussière.

Les collections de papillons et d’autres insectes sont également très à risque d’être infestées par des insectes.

Recommandations

  • Inspecter soigneusement les spécimens organiques (particulièrement ceux d’insectes et les spécimens naturalisés) au moment de leur acquisition.
  • Vérifier l’état des éléments délicats, comme les ailes d’insectes et les plumes ornementales, car ce sont d’abord là que les signes de dommages sont les plus évidents.
  • Utiliser une brosse éventail pour inspecter les zones où les insectes nuisibles préfèrent se cacher, soit les zones sombres et non perturbées des spécimens, comme sous les ailes, les aisselles ou les pattes.
  • Afin de distinguer les objets où l’infestation est encore en cours et ceux où elle a cessé, nettoyer les spécimens et les isoler, ou les surveiller en utilisant des pièges collants.
  • Doubler les tiroirs ou tablettes dans les réserves avec du papier blanc sans acide. Cela permet de remarquer facilement les chiures d’insectes ou les autres activités nuisibles.
  • Inspecter régulièrement les spécimens mis en réserve ou exposés afin de déceler tout problème lié aux ravageurs avant qu’il ne s’étende (figure 22b).
  • Mettre en œuvre un programme de lutte intégrée contre les ravageurs qui comprend des activités de surveillance et d’entretien ménager de même que des solutions de traitement, et qui tient compte des caractéristiques des bâtiments et de l’équipement.
  • L’entreposage des fourrures et des spécimens naturalisés dans un milieu froid ou anoxique constitue une solution possible; consulter Le soin des cuirs, des peaux et des fourrures – Fourrures : mise en réserve au froid ou en milieu anoxique.

Polluants

La poussière constitue le principal polluant pouvant influer sur l’état des spécimens organiques d’histoire naturelle. Il faut protéger tout particulièrement les spécimens de mammifères et d’oiseaux contre ses effets, car les particules de poussière sont piégées dans les structures délicates des plumes ou dans les poils. L’élimination de la poussière accumulée sur les fourrures et à la surface des plumes est un long processus qui doit être exécuté avec soin par des personnes ayant suivi une formation particulière et utilisant des outils spéciaux afin de ne pas endommager les spécimens. Il peut être impossible d’éliminer toutes les particules présentes. La poussière peut aussi masquer les couleurs à la surface du spécimen, ce qui réduit grandement sa valeur en tant qu’objet d’interprétation ou de recherche (figure 23).

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 2005307-0001
Figure 23. Un spécimen naturalisé d’aigle à tête blanche doit être protégé contre l’accumulation de poussière afin que les plumes de sa tête et de son cou conservent la blancheur qu’elles ont à l’état naturel.

Les matériaux huileux de peaux et d’os sont aussi très vulnérables aux polluants, car les particules de poussière adhèrent aux huiles et y sont piégées, entraînant ainsi le noircissement de la surface. Les particules de poussière sont généralement abrasives et contiennent des composés qui favorisent la dégradation des huiles, ce qui provoque aussi le noircissement et la fragilisation de l’objet.

Les spécimens botaniques et ceux d’insectes doivent être protégés contre la poussière, car leur fragilité intrinsèque les rend extrêmement difficiles à nettoyer.

La poussière attire aussi les insectes et animaux nuisibles, ce qui aggrave les problèmes d’infestation auxquels sont sensibles les peaux, les fourrures, les plumes et les collections d’insectes.

Recommandations

  • Passer l’aspirateur régulièrement dans les réserves et salles d’exposition afin de réduire la quantité de poussière présente et, conséquemment, l’accumulation de poussière sur les objets. Employer un aspirateur muni d’un filtre haute efficacité pour les particules de l’air (HEPA) afin de prévenir la recirculation des petites particules de poussière et de protéger le personnel et les visiteurs contre toute poussière toxique pouvant être libérée par des spécimens naturalisés.
  • Dans les réserves, utiliser des armoires de rangement fermées ou d’autres structures semblables, ou protéger les étagères de rangement ouvertes à l’aide de rideaux en toile de coton pour réduire l’accumulation de poussière sur les objets.
  • Conserver les spécimens organiques surdimensionnés dans une structure recouverte d’une feuille de polyéthylène ou les recouvrir, au minimum, de toiles antipoussières.
  • Utiliser des vitrines d’exposition pour réduire ou éviter l’accumulation de poussière sur les objets exposés.
  • Afin de réduire les quantités de poussière et d’autres polluants dans le milieu ambiant du musée, utiliser des dispositifs de filtration adéquats dans les systèmes de circulation d’air centralisés ou un système de circulation d’air à pression positive.

Lumière et ultraviolet

Les colorants naturels présents dans les spécimens organiques sont, en général, moyennement ou très sensibles aux dommages que causent la lumière et le rayonnement UV. La décoloration produite par la lumière et le rayonnement UV, l’altération des couleurs et la fragilisation peuvent être observées dans le cas des spécimens d’oiseaux, d’animaux et de plantes qui ont été exposés pendant de nombreuses années. Il est difficile de prévoir les vitesses de décoloration de spécimens donnés, car la pigmentation peut varier d’une espèce à l’autre. La couleur de la plupart des fourrures et des plumes (figure 24) est particulièrement vulnérable à ces agents et présente une sensibilité moyenne à élevée.

Luci Cipera, © Musée canadien de la nature
Figure 24. Les couleurs vives de spécimens d’oiseaux sont très sensibles aux dommages causés par la lumière, tandis que les teintes brunes sont moyennement sensibles. Les plumes blanches peuvent jaunir.

Recommandations

  • Repérer et étiqueter les objets sensibles.
  • Adopter une politique visant à ne pas exposer les objets photosensibles de valeur.
  • Conserver les objets photosensibles à l’abri de la lumière, de préférence dans des contenants opaques.
  • Permettre l’examen des objets photosensibles sur demande seulement.
  • Choisir des spécimens photosensibles de moindre valeur pour les expositions en tenant compte du fait qu’ils seront endommagés par la lumière.
  • Contrôler l’intensité lumineuse et la durée d’exposition des spécimens photosensibles.
  • Éviter toute exposition des spécimens à la lumière naturelle et éliminer tout rayonnement UV inutile émis par les sources lumineuses.

Humidité relative inadéquate

Les matériaux organiques peuvent être endommagés par les effets d’une HR inadéquate, qu’il s’agisse de conditions d’humidité excessive, de milieux trop secs ou de variations importantes de l’HR. Lorsque le taux d’HR est au-dessus de 65 %, des moisissures peuvent se former. Consulter Agent de détérioration : humidité relative inadéquate, qui présente un tableau indiquant le taux de croissance des moisissures selon le taux d'humidité. Dans un milieu trop sec (HR inférieure à 30 %), les peaux des mammifères, des oiseaux, des reptiles, des poissons, etc., sont plus fragiles et, conséquemment, plus vulnérables aux dommages physiques lorsqu’elles sont manipulées. Les peaux des spécimens naturalisés sont habituellement tendues sur un support et, lorsqu’elles sont soumises à des chutes importantes de l’HR, elles ont tendance à se déchirer.

Les os et, plus particulièrement, l’ivoire sont sensibles aux variations de l’HR. La structure des dents les rend particulièrement fragiles, et des fissures se forment souvent peu de temps après leur prélèvement. De la poussière peut s’accumuler dans les fissures de l’ivoire, au gré de leurs ouvertures et fermetures, ce qui laisse des traits foncés sur le matériau.

De plus, les matériaux kératiniques, comme les sabots et les griffes, sont également susceptibles de se déformer, de se fissurer et de se délaminer, bien qu’ils soient moins sensibles aux effets de l’HR que les os et l’ivoire.

Recommandations

  • Repérer et étiqueter les objets sensibles, comme les spécimens naturalisés, l’ivoire et les dents, s’assurer que leurs milieux de mise en réserve et d’exposition sont des plus stables possibles et, dans la mesure du possible, améliorer les mesures de régulation de l’HR (vitrines d’exposition, etc.).
  • Inspecter régulièrement les objets sensibles afin de détecter tout signe précoce de détérioration causée par des conditions d’HR inadéquate.
  • Envelopper les objets sensibles dans des feuilles de matériau tampon et les conserver dans des contenants. (Les objets enveloppés de nombreuses couches de matériau tampon et conservés dans un contenant sont mieux protégés contre les effets des variations rapides de l’HR qui peuvent se produire dans une salle.)

Pour en savoir davantage sur l’HR et ses effets sur les collections, consulter Agent de détérioration : humidité relative inadéquate.

Exemples de pratiques de conservation préventive

Mise en réserve de spécimens de crabes

Les spécimens de crabes mis en réserve peuvent être endommagés s’ils sont déposés au hasard sur un tissu grossier qui a tendance à s’accrocher aux petits éléments saillants (figure 25a). De plus, les spécimens proches les uns des autres peuvent entrer en contact lorsqu’on ouvre ou ferme un tiroir.

Barbara Njie, © Musée canadien de la nature
Figure 25a. Les spécimens de crabes conservés en désordre dans un grand tiroir risquent d’être endommagés.

Pour améliorer la situation, chaque spécimen a donc été placé dans un boîtier en polystyrène, comportant des divisions faites de mousse en plastique stable découpées sur mesure (figure 25b). Ces structures empêchent les spécimens de glisser lorsqu'on ouvre ou ferme le tiroir. De plus, on peut retirer chacun des boîtiers pour examiner les spécimens.

Barbara Njie, © Musée canadien de la nature
Figure 25b. Les spécimens de crabes conservés dans des boîtiers ayant un fond matelassé sont moins susceptibles de s’endommager lorsqu’on les retire du tiroir.

Barbara Njie, © Musée canadien de la nature
Figure 25c. Les spécimens de crabes de la figure 25b dans des boîtiers matelassés sont maintenant conservés dans une armoire de rangement en métal de meilleure qualité.

Acheter des armoires de meilleure qualité est coûteux et demande davantage de planification. Dans le présent cas, l’armoire de rangement en bois a été entièrement remplacée par une armoire métallique avec revêtement en poudre (figure 25c). Les armoires en métal sont robustes et n’émettent pas de substances dangereuses susceptibles d’endommager certaines parties de la collection. Leurs tiroirs s’ouvrent et se ferment assez doucement, ce qui minimise les risques de vibrations accidentelles pouvant se répercuter sur les spécimens à l’intérieur et causer des dommages physiques. Le revêtement en poudre sert à sceller le métal et à empêcher la formation de la corrosion.

Des spécimens naturalisés pour les programmes éducatifs

Les objets utilisés à des fins éducatives subissent bien souvent plus que leur part des effets physiques des manipulations, particulièrement les spécimens utilisés par des groupes scolaires et des clients semblables. Ces spécimens doivent être solidement fixés à un support pouvant lui-même être manipulé (figure 26).

Martin Lipman, © Musée canadien de la nature
Figure 26. Ce spécimen naturalisé de renard roux est solidement fixé à la base d’un boîtier de transport transparent. Il est ainsi protégé contre les effets des forces physiques associées aux manipulations.

Pour obtenir davantage de détails sur la fabrication des supports, consulter Supports pour objets de musée : de la conception à la fabrication (Barclay et coll., 1998).

Des supports sûrs pour les fossiles d'une exposition itinérante

Les figures 27 et 28 comportent des exemples de matériel utilisé comme support et de techniques d’assemblage qui sont très efficaces. Ils ont permis de transporter et d’exposer de manière sûre les objets de l’exposition Mammifères de l’Ère de glace du Musée canadien de la nature. Les objets ont été transportés d’Ottawa à Montréal sans qu’il ait été nécessaire de les retirer des supports, de les manipuler ou de les emballer dans des caisses distinctes.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 125773-0135
Figure 27. Le support d’un spécimen fossile de l’exposition itinérante Mammifères de l’Ère de glace du Musée canadien de la nature est fixé à la base de la vitrine d’exposition itinérante. Il n’est plus nécessaire de démonter l’objet et de le remettre en place à chaque nouveau site d’exposition. (Conception et fabrication des supports par Ron Seguin – Creative Nature Studio)

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation. ICC 125773-0136
Figure 28. Les supports de deux spécimens de fossiles sont fixés directement à la base de la vitrine dans le cadre de l’exposition itinérante Mammifères de l’Ère de glace du Musée canadien de la nature. (Conception et fabrication des supports par Ron Seguin – Creative Nature Studio)

Fournir aux objets fragiles un support au moyen de dispositifs de retenue souples mais fermes est une mesure importante dans la prévention des dommages causés pendant le transport. Fabriqués sur mesure, les supports cousinés maintiennent fermement les objets en place, et les vitrines sont fixées aux bases, créant ainsi un caisson de transport. Ces caissons ont été déplacés d’un bloc par le personnel du musée et les manutentionnaires spécialisés, puis recouverts de couvertures matelassées propres une fois installés dans la remorque à suspension pneumatique de l’entreprise de transport spécialisée. Chaque caisson a été fixé solidement à divers dispositifs de la remorque et certains ont de plus été installés sur des socles de protection. Le présent cas fait l’objet d’une discussion plus poussée sous Agent de détérioration : forces physiques.

Prêts et documentation adéquate

Il est essentiel de conserver un registre des objets d’une collection d’histoire naturelle qui exigent d’être assemblés. Le sujet fait l’objet d’une discussion dans l’étude de cas présentée sous Agent de détérioration : dissociation – Vignette 2.

Bibliographie

Barclay, R., A. Bergeron et C. Dignard. Supports pour objets de musée : de la conception à la fabrication, 2e éd., illustrations de C. Schlichting, Institut canadien de conservation, Ottawa (Ontario), 1998.

Carter, D., et A. K. Walker. Care and Conservation of Natural History Collections, Butterworth-Heinemann, Oxford (Royaume-Uni), 1999.

Howie, F. M. P. Care and Conservation of Geological Material: Minerals, Rocks, Meteorites and Lunar Finds, Butterworth-Heinemann, Oxford (Royaume-Uni), 1992.

Kite, M., et R. Thompson (directeurs de publication). Conservation of Leather and Related Materials, Butterworth-Heinemann, Oxford (Royaume-Uni), 2005.

Rose, C. L., et A. R. De Torres (directrices de publication). Storage of Natural History Collections: Ideas and Practical Solutions, Society for the Preservation of Natural History Collections, Pittsburgh (Pennsylvanie), 1992.

Stone, T., et Dignard, C. Le soin des spécimens naturalisés et des peaux, version révisée, Notes de l’ICC 8/3, Ottawa (Ontario), Institut canadien de conservation, 2015.

Waller, R. « Temperature and Humidity-sensitive Mineralogical and Petrological Specimens », dans The Care and Conservation of Geological Material: Minerals, Rocks, Meteorites, and Lunar Finds (sous la direction de F. M. Howie), Butterworth-Heinemann, Oxford (Royaume-Uni), 1992, p. 25-50.

Williams, S., et C. Hawks. « Appendix T: Curatorial Care of Biological Collections », dans Museum Handbook, Part 1, National Park Service, Washington (D.C.), 2005, p. T1-T134.

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation, 2018

Publié par :
Institut canadien de conservation
Ministère du Patrimoine canadien
1030, chemin Innes
Ottawa (Ontario)  K1B 4S7
Canada

No de catalogue : CH57-4/6-8-2018F-PDF
ISBN 978-0-660-27982-4

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