Constat d'état pour les tableaux – Partie I : Introduction – Notes de l'Institut canadien de conservation (ICC) 10/6

Introduction : qu'est-ce qu'un constat d'état?

Un constat d'état est un document écrit ou électronique qui décrit en détail l'état d'un tableau et de son cadre d'après un examen minutieux. Accompagné de photographies et d'illustrations, il expose clairement l'état du tableau et de son cadre au moment de l'examen. Établis systématiquement, les constats d'état documentent tout changement au fil du temps. Les changements qui surviennent peuvent être attribuables à diverses causes : vieillissement naturel de matériaux sensibles, dommage accidentel, vandalisme, infestation, mauvaises conditions d'exposition ou de mise en réserve, manipulation inappropriée ou emballage non adapté au transport, ainsi que toute altération due à une restauration. L'examen de l'état d'une collection entière en fonction du type d'objets donne à un musée les moyens de gérer et de préserver sa collection, surtout quand les données sont stockées sur support électronique.

Les renseignements recueillis pendant l'examen de l'état d'une collection peuvent être utiles à tout un éventail de professionnels des musées. Restaurateurs, conservateurs et gestionnaires de collections peuvent s'en servir pour déterminer les objets qui ont le plus instamment besoin d'un traitement ou pour prioriser les traitements à faire dans l'ensemble de la collection. De plus, les planificateurs d'expositions peuvent déterminer les œuvres qui sont prêtes à être exposées et celles qui ne demandent qu'une intervention modérée pour l'être aussi. Les restaurateurs sont en mesure de repérer les œuvres les plus à risque pendant le transport et l'exposition, et les préparateurs peuvent déterminer à l'avance les besoins liés à la mise en caisse et à l'expédition des expositions itinérantes. Archivistes et chercheurs peuvent avoir accès aux renseignements grâce aux constats d'état numérisés, qui donnent les détails sur la production, les matériaux, l'histoire et la provenance.

La présente Note décrit une variété de formats de constats d'état utilisés à diverses fins : le constat d'état général fait à l'arrivée et le constat d'état fondé sur un objectif, de même que le rapport d'inspection superficielle, plus court, et la fiche cumulative. Cette Note précise aussi pourquoi, quand et où rédiger ces rapports. Les formats proposés ici aideront à déterminer les renseignements à recueillir pour établir les constats.

Pourquoi dresser un constat d'état

  • Le programme de gestion et de soins de toute collection repose sur l'établissement de constats d'état et de mises à jour systématiques. De la sorte, le propriétaire ou le responsable d'un objet suit l'évolution de l'état de l'objet et prend des mesures préventives ou procède à une restauration, au besoin.
  • Le constat d'état est un élément central du processus décisionnel concernant un tableau et son cadre avant d'en faire l'acquisition, de l'exposer ou de le prêter.
  • Un constat d'état dressé avant une acquisition fournit à l'acheteur les renseignements lui permettant de déterminer s'il sera en mesure d'apporter les soins nécessaires à l'œuvre d'art et de connaître l'état général de l'œuvre, les problèmes actuels et tout danger possible, comme les infestations d'insectes et la prolifération de moisissures.
  • En plus d'indiquer si un tableau et son cadre sont assez stables pour être exposés ou prêtés, le constat d'état met en évidence les restrictions ou les exigences en matière de manipulation, d'emballage et de mise en réserve.
  • Les constats d'état répétés peuvent faire ressortir le besoin d'améliorer les conditions de mise en réserve ou d'exposition, ce qui contribuera à l'établissement des priorités et des budgets à ce chapitre.
  • Les constats d'état décrivent tout changement qui s'est produit pendant l'exposition ou le prêt d'un tableau. Bien tenus, ces constats permettent de savoir précisément quand et où un changement a eu lieu et s'il faut ou non retirer une œuvre d'une exposition.
  • En plus de fournir les détails sur l'état d'un tableau ou d'un cadre, le constat d'état regroupe les renseignements sur les matériaux utilisés, la technique de l'artiste et l'historique d'exposition de l'œuvre visée. Cet historique est consigné au dos du tableau, sur le support auxiliaire ou au revers du cadre.
  • Des dossiers soigneusement tenus sont un élément crucial en cas de réclamation d'assurance et, dans certaines circonstances, en cas d'enquête judiciaire.

Quand dresser un constat d'état

On établit normalement un constat d'état dans les circonstances que voici.

Au moment de l'acquisition

Le premier examen consigné permet au gestionnaire de la collection ou au restaurateur de déterminer assez rapidement, au moment de l'acquisition, si le tableau et son cadre sont en bon état, en état moyen ou en mauvais état. Il sert aussi à déterminer si le tableau et le cadre ont besoin de gros travaux de stabilisation ou de restauration. Grâce à l'examen initial, on pourrait également déterminer les conditions ou les matériaux qui exigeront des soins spécialisés lorsque l'objet sera en réserve ou exposé.

Pendant la mise en réserve

Même si un tableau reste stable pendant des années, il n'est pas rare que sa détérioration s'accélère ou que certaines conditions présentes dans la réserve lui fassent courir un danger (par exemple, une fuite d'eau). Par l'inspection et la documentation régulières, on s'assure de repérer les tableaux et les cadres à risque, puis de prendre les mesures nécessaires, au besoin.

Avant d'exposer un tableau et son cadre

Avant d'exposer un tableau, il faut l'examiner pour déterminer sa stabilité globale. L'examinateur met ainsi à jour le constat d'état existant ou en dresse un nouveau. En principe, le constat d'état renferme des détails pertinents, comme l'intensité lumineuse recommandée et toute instruction spéciale sur la manipulation ou l'accrochage.

Périodiquement, pendant l'exposition

Il faut régulièrement inspecter les tableaux exposés. On notera tout changement de l'état d'un tableau ou de son cadre et l'on déterminera ce qu'il convient de faire dans les circonstances.

Avant, pendant et après un transport et un prêt

Il est nécessaire d'établir un dossier sur l'état d'un tableau avant, pendant et après son transport et son prêt. Ces constats d'état, effectués tant par l'établissement prêteur que par l'établissement emprunteur, sont incontournables pour garantir la sécurité du tableau et de son cadre et documenter tout changement d'état ou tout nouveau dommage.

Immédiatement après l'apparition d'un dommage

Lorsque survient un dommage, on note soigneusement la nature, la cause, l'heure et le lieu de l'incident.

Avant tout traitement de conservation ou de restauration

Avant d'entreprendre un traitement de conservation ou de restauration quelconque, il convient de dresser un rapport exposant clairement l'état, la détérioration, les dommages et, dans la mesure du possible, la ou les causes de la détérioration ou des dommages.

Dans le cadre de l'examen d'une collection

L'examen d'une collection suppose de recueillir des renseignements sur l'état des œuvres d'art, les matériaux et le ou les types de structures, les inscriptions, les étiquettes, la présence ou l'absence d'un cadre, d'une marie-louise et d'une vitre de protection ainsi que les exigences spéciales (par exemple, intensité lumineuse ou taux d'humidité) concernant la mise en réserve, l'exposition et la manipulation, de même que toute recommandation sur les traitements à effectuer et les soins continus à fournir. Plus les renseignements recueillis pendant l'examen seront détaillés, plus les recherches seront faciles et, par conséquent, plus l'examen sera profitable à un éventail de professionnels des musées.

Types et formes de constats d'état

Il importe d'adopter une méthode standard et systématique d'examen des objets et d'établissement des rapports afin de rendre les constats faciles à interpréter et à mettre à jour. Pour plus de renseignements, consulter la Note de l'ICC 10/7 Constat d'état pour les tableaux – Partie II : Méthodes d'examen et liste de contrôle et la Note de l'ICC 10/11 Constat d'état pour les tableaux – Partie III : Glossaire. Utiliser une terminologie uniformisée est indispensable pour décrire les matériaux et l'état des collections dans le contexte des constats d'état et des examens numérisés dans lesquels les renseignements sont interrogeables.

Il existe quatre types de constats d'état fondamentaux qui, une fois rassemblés, forment un dossier complet sur l'état d'un tableau et de son cadre. Ces quatre types de constats s'établissent à différents moments et pour des raisons différentes. Ces types sont :

  • le constat d'état général;
  • le rapport d'inspection superficielle;
  • le constat d'état fondé sur un objectif;
  • la fiche cumulative.

Le constat d'état se présente tantôt sous forme de texte continu, tantôt sous forme de liste, ou encore sous forme d'entrées à cocher sur une liste de contrôle préétablie. La liste de contrôle s'utilise seule ou s'intègre à un long rapport en texte continu. Le rapport en texte continu, ou descriptif, n'a pas de limite de longueur, et l'inclusion d'une liste de contrôle sert d'aide-mémoire précis qui rend l'information facilement accessible. Utilisée seule, la liste de contrôle est restrictive quand un dommage inhabituel ou majeur s'est produit. La combinaison d'un texte descriptif et d'une liste de contrôle est utile pour le constat d'état général, plus long, et le constat d'état fondé sur un objectif. Le constat d'état général est la forme de rapport la plus couramment utilisée dans l'examen de l'état d'un tableau. Plus court, le rapport d'inspection superficielle a pour but de décrire brièvement un nouveau dommage, de consigner la date à laquelle il s'est produit, les circonstances qui l'ont provoqué, si elles sont connues, et toute mesure prise. On peut consigner ces renseignements sous forme de copie papier accessible et sous forme numérique. Tenue pendant le transport et le prêt d'une œuvre d'art, la fiche cumulative sert à indiquer tout nouveau dommage. On le note souvent sous la forme d'un bref texte descriptif sur un formulaire fourni par l'établissement prêteur. Les photographies sont un ajout inestimable à tout constat d'état. On devrait les utiliser pour documenter tous les dommages.

Constat d'état général

Un exemple de formulaire de constat d'état général pour les tableaux sur toile ou sur support rigide se trouve à la fin de cette Note (consulter l'exemple de rapport 1 en annexe). L'utilisateur peut l'adapter comme il lui convient. Le constat d'état général sert à consigner les renseignements recueillis à l'examen minutieux initialement effectué au moment de l'acquisition d'une œuvre d'art. Il peut aussi être adapté aux besoins d'un examen de l'état d'une collection. Le constat d'état général devrait comprendre un document écrit et un dossier photographique de l'œuvre. Il sert ensuite de point de comparaison pour les examens subséquents. Chaque champ devrait comporter une fourchette de classement qualitatif qui indique l'état : excellent, bon, moyen, mauvais ou très mauvais. Le constat d'état général devrait comprendre tous les renseignements pertinents sur les matériaux, la structure et l'état du tableau. Il faudrait aussi consigner les détails des inscriptions et des étiquettes fixées au revers du cadre, du tableau et du support auxiliaire. Le texte descriptif s'accompagne des listes de contrôle, et l'on prévoit de l'espace supplémentaire, au besoin. Comme les tableaux peuvent être très complexes, on inspecte habituellement un seul élément de la structure à la fois. Par conséquent, le constat d'état général se divise souvent en sections :

  • description de l'œuvre (artiste ou attribution, titre, médium, signature et date si ces données sont présentes; dimensions du tableau et du cadre, présence d'un dos protecteur et d'une vitre de protection, numéro d'acquisition s'il est indiqué; propriétaire ou responsable);
  • état du tableau et du cadre (cette information permet au lecteur de savoir s'il est possible de manipuler le tableau ou son cadre en toute sécurité et si un traitement s'impose de toute urgence);
  • renseignements supplémentaires (dont les inscriptions et les étiquettes sur la toile, le support auxiliaire ou le support rigide);
  • description de la ou des couches picturales (méthode d'application, par exemple empâtement, minces lavis, application au pinceau ou au couteau), suivie de détails sur leur état;
  • s'il y a une couche de préparation, sa description et son état;
  • description de la couche de protection (vernis) et de son état;
  • description du support principal (toile ou support rigide, par exemple bois, panneau dur, métal), suivie de détails sur son état;
  • pour les tableaux peints sur toile, description du support auxiliaire et détails sur son état (Le support auxiliaire procure au support principal la tension voulue. Il peut s'agir d'un châssis à clés, dont les joints peuvent être élargis à l'aide de clés ou de tendeurs, ou d'un châssis simple avec des joints fixes. Un support auxiliaire sous forme de panneau rigide peut également servir de support si un tableau y a été collé ou fixé aux bords.);
  • description et état du cadre;
  • recommandations quant à la manipulation, à l'exposition et à la mise en réserve, et tout traitement requis (tableau et cadre);
  • nom de l'examinateur et date de l'examen.

On trouvera, dans la Note de l'ICC 10/7 Constat d'état pour les tableaux – Partie II : Méthodes d'examen et liste de contrôle, la description de ce qu'il faut inspecter et la façon de noter l'information dans les sections mentionnées ci-dessus. À la liste de contrôle qui y est fournie, on peut également ajouter l'exemple de rapport 1 en annexe.

Une fois ce constat d'état général initialement rempli, il n'y aura qu'à consigner les changements d'état au moment des examens futurs, sous la forme de rapports d'inspection superficielle et de fiches cumulatives. Ces deux derniers types de constats peuvent également être effectués régulièrement et rapidement quand un tableau est accroché dans une exposition ou à son arrivée dans un établissement emprunteur et à son départ.

Rapport d'inspection superficielle

Le rapport d'inspection superficielle précise tout changement constaté sur un tableau et son cadre mis en réserve ou exposé au cours des examens périodiques de routine. Ce rapport ne doit pas reprendre les détails sur l'état consignés dans le constat d'état général, mais documenter les dommages nouveaux ou non détectés ou les changements d'état. Les changements mineurs sont pris en note pour référence ultérieure; les changements majeurs ou répétés attirent l'attention du personnel sur la nécessité de procéder à un traitement de conservation et de repérer et d'atténuer la cause du dommage.

Ce rapport est un aspect important de la gestion des collections, car il suppose une inspection régulière des œuvres d'art. La fréquence de ces examens varie selon l'établissement, le nombre de personnes disponibles pour les effectuer et la nature de la collection. Les tableaux exposés devraient idéalement être examinés toutes les semaines; les œuvres d'art en réserve qui sont fragiles ou particulièrement sensibles devraient être examinées tous les mois. Quant aux objets à risque minimal, on peut les examiner aux six mois ou une fois par an. En ce qui concerne les vastes collections, on peut établir un calendrier d'examens réguliers et systématiques.

L'exemple de rapport 2 (qui se trouve en annexe) constitue un modèle de rapport d'inspection superficielle. Voici deux courts exemples de renseignements à consigner dans un tel rapport.

Tableau 1 : Exemples de renseignements consignés dans un constat d'état à deux dates distinctes

Tableau « X »
Fournir les détails sur l'artiste, le titre de l'œuvre et le numéro d'acquisition

Date Lieu Examinateur Commentaires/Mesures prises
27 décembre 2015 Galerie 5, 2e étage T. White Tableau et cadre en bon état.
2 janvier 2016 Galerie 5, 2e étage J. Smith Lacune minuscule au coin inférieur droit du cadre, non consignée antérieurement. Aviser le personnel de la conservation. Lui demander de vérifier le cadre pour savoir si ce n'est pas un signe précurseur d'autres lacunes.

Constat d'état fondé sur un objectif

Le constat d'état fondé sur un objectif devrait être dressé avant de prêter un tableau. Ce constat est basé sur l'examen effectué par l'établissement prêteur immédiatement avant le prêt. À cette fin, on pourra utiliser le constat d'état général et les rapports d'inspection superficielle. Le constat d'état fondé sur un objectif n'est pas aussi exhaustif que le constat d'état général; seuls les détails liés à un problème particulier y sont précisés. Il importe de consigner toute caractéristique qui distingue le tableau d'une œuvre non détériorée (craquelures, égratignures de la couche picturale et du vernis, altération des couleurs ou taches à la surface de la couche picturale ou de la toile, anciennes lacunes dans la couche picturale, petites bosses dans la toile, etc.). De la sorte, l'établissement emprunteur sera en mesure de déterminer si des dommages se sont produits pendant le prêt. Il s'avère extrêmement utile d'ajouter au constat d'état fondé sur un objectif une photographie nette du tableau et de son cadre ainsi que plusieurs photocopies de cette image ou des images sur lesquelles l'établissement emprunteur pourra noter tout nouveau dommage.

Il convient de créer un constat d'état fondé sur un objectif pour documenter tout nouveau ou ancien dommage qui fera ultérieurement l'objet d'une restauration. Ce constat, ainsi que le traitement proposé et le rapport de traitement, sont conservés dans le dossier du tableau et du cadre.

Fiches cumulatives

Au cours des expositions itinérantes, on note, sur une fiche cumulative, les changements que subissent un tableau et son cadre. Cette fiche est basée sur le constat fondé sur un objectif (décrit ci-dessus) préparé par l'établissement prêteur. On établit un constat d'état quand l'œuvre d'art arrive à l'établissement emprunteur et un autre quand elle en repart. Ces fiches cumulatives indiquent quand et où un dommage s'est produit. De la sorte, tant l'établissement prêteur que l'établissement emprunteur peuvent déterminer les mesures à prendre (stabiliser le tableau sur place, le retourner à l'établissement prêteur, etc.).

Documentation photographique

Un dossier photographique daté du tableau (face et revers), ainsi que du cadre, est un élément essentiel du constat d'état, surtout du constat d'état général et du constat d'état fondé sur un objectif. Les constats photographiques gagnent en popularité, particulièrement du fait que les technologies numériques de manipulation, de marquage et de stockage des images évoluent rapidement. Les principales photographies illustrant un constat sont prises sous un éclairage normal (par exemple, lumière du jour, ampoules équilibrées pour la lumière du jour ou ampoules à filament de tungstène que l'on munit d'un filtre). Il faut photographier l'ensemble du tableau, de même que les détails des zones préoccupantes. On peut photographier les détails supplémentaires observés sur la surface, comme les déformations de la couche picturale ou de la toile, en plaçant la source lumineuse à l'oblique (en lumière rasante) de l'œuvre d'art sans cadre. Il ne faut pas oublier que les sources lumineuses qui dégagent de la chaleur peuvent endommager les tableaux sur toile. La chaleur d'une ampoule pourrait causer une expansion localisée très rapide des fils, ce qui donnerait lieu à des bosses et à des ondulations dans la zone de la toile surchauffée. En pareil cas, il faut s'assurer que la source lumineuse n'est pas trop proche du tableau et qu'elle est allumée seulement au moment de prendre la photographie. Il convient de dater toutes les photographies, d'inscrire le nom du photographe et de préciser le type d'éclairage utilisé. Dans la mesure du possible, inclure une échelle de couleur dans la photographie.

La photographie spécialisée utilisant le rayonnement ultraviolet (UV) fournit des renseignements sur la méthode d'application d'une couche de vernis, sur sa présence ou son absence, et sur les retouches faites par le passé sur les zones endommagées. La photographie sur une pellicule sensible à l'infrarouge révèle parfois des dessins sous-jacents et d'autres détails invisibles sous un éclairage en spectre continu. Les renseignements obtenus sur les couches picturales et les couches de vernis grâce à la photographie de fluorescence d'UV et la photographie infrarouge aident à mieux discerner l'état du tableau et la technique de l'artiste. Toutes les œuvres d'art ne nécessitent pas l'utilisation de ces techniques photographiques. Il y a toutefois lieu d'en faire usage dans l'établissement du constat d'état général et du constat d'état fondé sur un objectif quand une œuvre présente des problèmes particuliers. Il convient aussi d'ajouter au rapport d'inspection superficielle ou à la fiche cumulative des photocopies des photographies jointes au constat d'état général ou au constat d'état fondé sur un objectif. On indiquera les détériorations directement sur ces copies ou on les signalera au marqueur permanent sur des transparents superposables. Si la photographie ne montre pas un détail précis, on peut faire un dessin.

Où dresser un constat d'état : l'espace de travail

L'examen permettant de documenter l'état d'une peinture, dans le cadre du rapport d'inspection superficielle, peut se faire dans la salle d'exposition. Mais, quand il faut procéder à une inspection détaillée, on le fait dans une réserve ou dans un espace de travail à usage particulier. Il n'est habituellement pas nécessaire de retirer le tableau de son cadre pour faire un constat d'état en cours d'exposition itinérante.

Dans le cas d'un examen minutieux, il est préférable de mettre l'œuvre d'art dans un espace protégé, où l'on peut déposer le tableau et le désencadrer en toute sécurité. Voici les caractéristiques que requiert cet espace de travail :

  • local sécuritaire (portes verrouillables, vitrage incassable aux fenêtres, système d'alarme, accès restreint);
  • humidité relative et température stables semblables à celles de la salle de réserve ou d'exposition (pour plus de renseignements sur ces consignes, consulter la Note de l'ICC 10/4 Conditions ambiantes recommandées pour les peintures);
  • facilité d'accès à la salle de mise en réserve ou d'exposition (comprend l'ampleur d'ouverture de la porte et la proximité);
  • surface de travail non encombrée ne servant pas à d'autres travaux (séparée des autres tables ou espaces de travail et des endroits où il est permis de manger et de boire);
  • bon éclairage (naturel et artificiel; pour voir la description des divers types d'éclairage utilisés aux fins d'examen, consulter la section « Techniques d'éclairage pour l'examen des tableaux » de la Note de l'ICC 10/7 Constat d'état pour les tableaux – Partie II : Méthodes d'examen et liste de contrôle);
  • surfaces accessibles, matelassées, sans aspérités, blocs matelassés et chevalets;
  • accès à une pièce sombre pour la photographie et l'examen aux rayons UV (s'il y a des fenêtres, on peut réduire ou éliminer la lumière au moyen de rideaux ou de stores appropriés);
  • espace de rangement des tableaux et des cadres (en principe, des rayonnages d'entreposage ou une table préparée où déposer les tableaux sortis des caisses qui attendent d'être examinés, retournés à la réserve ou emballés et expédiés après le constat d'état);
  • espace de rangement des petits outils, fils et crochets à tableaux, matériau de matelassage de la feuillure, pellicule plastique, etc. (Il serait aussi avantageux d'avoir de l'espace supplémentaire pour le rangement à court terme des caisses et des matériaux tels que de la mousse d'emballage, des pellicules plastiques, des feuilles rigides, des outils et des chariots.)

La présente Note décrit l'espace d'examen idéal, ce qui n'est sans doute pas réaliste quand l'espace se fait rare ou que le nombre de tableaux de la collection ne justifie pas un espace consacré à ce travail. Nombre de musées ont peut-être la capacité de consacrer un espace à l'examen et à l'établissement des constats d'état dans la réserve ou la salle de préparation.

Annexe : Exemples de rapports

(version PDF, 251 Ko)

Vous pouvez télécharger et imprimer ce PDF, puis vous en servir pour remplir l'un ou l'autre des rapports suivants :

  • Constat d'état général : tableaux et cadres
  • Rapport d'inspection superficielle

Bibliographie

Arnold, R., et W. Baker. Règles générales visant la manipulation des tableaux, version révisée, Notes de l'ICC 10/13, Ottawa (Ontario), Institut canadien de conservation, 2018.

Carlyle, L., W. Baker et H. McKay. Constat d'état pour les tableaux – Partie II : Méthodes d'examen et liste de contrôle, version révisée, Notes de l'ICC 10/7, Ottawa (Ontario), Institut canadien de conservation, 2018.

Centre de conservation du Québec (CCQ). Constats d'état, Québec, gouvernement du Québec, 2012.

Institut canadien de conservation. Constat d'état pour les tableaux – Partie III : Glossaire, version révisée, Notes de l'ICC 10/11, Ottawa (Ontario), Institut canadien de conservation, 2017.

Museums and Galleries of New South Wales. Condition reports: the essentials (en anglais seulement), The Rocks (Australie), Museums and Galleries of NSW, s. d.

Spafford-Ricci, S., T. Fraser et M. Smith. « A Comprehensive Conservation Survey of the Vancouver Art Gallery Permanent Collection », Journal de l'Association canadienne pour la conservation et la restauration, vol. 27 (2002), p. 25-37.

Posilev, Y. « The iPad: Condition Reporting for the XXI century or the Use of the iPad as an Image-based tool for condition reporting and location marking for scientific analysis » (en anglais seulement), The Western Association for Art Conservation Newsletter, vol. 33, no 1 (2011), p. 11-13.

Rédigé par Leslie Carlyle
Révisé par Wendy Baker et Helen McKay en 2016 et en 2018 par Wendy Baker

Première date de publication : 1993

© Gouvernement du Canada, Institut canadien de conservation, 2018

No de catalogue : NM95-57/10-6-2018F-PDF
ISSN 1928-5272
ISBN 978-0-660-28389-0

Also available in English.

Détails de la page

Date de modification :