Ébauche de lignes directrices sur les essais cliniques décentralisés
Sur cette page
- Objectif
- Portée et application
- Énoncés de la politique
- Contexte
- Considérations pour la coordination des essais cliniques décentralisés
- Soumission d’une demande d’essai clinique
- Réalisation d’un essai clinique avec des éléments décentralisés
- Processus de consentement éclairé
- Inspections des essais cliniques
Objectif
Cette ébauche de lignes directrices présente les considérations réglementaires pour la réalisation d’essais cliniques décentralisés au Canada. Ces considérations s’appuient sur le Titre 5 de la partie C du Règlement sur les aliments et drogues (le règlement) et sur la ligne directrice de l’International Council for Harmonisation concernant les bonnes pratiques cliniques (ICH E6).
Dans les essais cliniques décentralisés, certaines des activités liées à l’essai sont effectuées dans des lieux autres que des centres d’essais traditionnels, grâce à des technologies de santé numériques et des méthodes virtuelles. Les éléments décentralisés peuvent contribuer à réduire le fardeau des déplacements pour les participants et rendre les essais cliniques plus accessibles et diversifiés.
Plus généralement, Santé Canada est en train de moderniser la réglementation des essais cliniques. Cette initiative de modernisation vise à mieux tenir compte des nouveaux types et modèles d’essais.
En savoir plus sur l’initiative de modernisation des essais cliniques.
Cette ébauche des lignes directrices constitue une mesure provisoire pour soutenir les essais cliniques décentralisés en vertu du Titre 5 de la partie C du règlement. Une fois que le cadre réglementaire modernisé sera en vigueur, nous mettrons à jour cette ligne directrice pour refléter les nouvelles exigences.
Portée et application
Cette ligne directrice s’applique à toute partie impliquée dans la réalisation d’essais cliniques chez l’humain au Canada. Cela inclut :
- les promoteurs
- les chercheurs
- d’autres tiers, tels que les fournisseurs de soins de santé locaux, les laboratoires cliniques locaux ou les prestataires de services
Elle concerne les essais cliniques suivants impliquant des médicaments et réalisés chez l’humain au Canada :
- phases I à IV
- essais cliniques impliquant des produits pharmaceutiques, des produits biologiques et des radiopharmaceutiques destinés à l’usage humain
Cette ligne directrice ne s’applique pas :
- aux essais cliniques impliquant des instruments médicaux
- aux essais cliniques impliquant des produits de santé naturels
- aux aliments à des fins diététiques particulières
Les considérations énoncées dans cette ligne directrice s’appliquent spécifiquement aux activités décentralisées des essais cliniques. Pour une compréhension complète des exigences réglementaires relatives aux essais cliniques, consultez :
- Ligne directrice à l'intention des promoteurs d'essais cliniques : Demandes d'essais cliniques
- Document d'orientation : Titre 5 de la partie C du Règlement sur les aliments et drogues « Drogues destinées aux essais cliniques sur des sujets humains » (GUI-0100) – Sommaire
Énoncés de politique
Les essais cliniques décentralisés comprennent des visites et des activités réalisées en dehors des centres traditionnels d’essais cliniques, rapprochant ainsi la recherche des participants. Ils peuvent :
- améliorer l’accès aux essais cliniques et à de nouvelles thérapies potentiellement prometteuses pour les personnes partout au Canada
- favoriser la participation d’un plus grand nombre de participants diversifiés à des recherches menées depuis des centres urbains
Ils permettent également aux chercheurs et aux fournisseurs de soins de santé dans les régions éloignées de mieux se connecter et de participer à des efforts de recherche pancanadiens, sans qu’il soit nécessaire d’être géographiquement colocalisés.
La planification et la réalisation d’un essai clinique décentralisé peuvent impliquer des considérations additionnelles, mais les exigences réglementaires demeurent les mêmes que pour tout autre essai clinique.
Dans le cadre de leur demande d’essai clinique (DEC), les promoteurs doivent démontrer dans la documentation que l’inclusion d’éléments ou d’activités décentralisés ne va pas à l’encontre de l’intérêt des participants.
Les promoteurs doivent également démontrer que :
- les participants sont informés des risques et des avantages liés à leur participation à l’essai
- le risque pour les participants est minimisé et leur sécurité sera surveillée de manière appropriée et
- les objectifs de l’étude peuvent être atteints
Les promoteurs doivent identifier les risques liés à la décentralisation et les gérer conformément au règlement et aux lignes directrices ICH E6. La gestion des risques exige une surveillance et un suivi bien coordonnés par toutes les parties impliquées dans la réalisation de l’essai clinique. Les stratégies d’atténuation des risques peuvent être intégrées dans divers aspects de l’essai, tels que la conception du protocole, les ententes contractuelles et le processus de consentement éclairé. Elles peuvent également être décrites dans d’autres documents liés à l’essai qui définissent et consignent les rôles et responsabilités de toutes les personnes impliquées.
Les essais cliniques décentralisés devraient :
- être réalisables sur le plan opérationnel, et mis en œuvre avec les garanties et considérations éthiques nécessaires, proportionnelles aux risques pour les participants
- éviter de créer un fardeau inutile pour les participants, les chercheurs et le personnel lié à l’essai ou d’autres tiers impliqués dans les éléments décentralisés
- par exemple, offrir des options flexibles permettant aux participants de choisir de participer ou non à des éléments décentralisés, selon leurs besoins individuels qui peuvent évoluer au cours de l’essai
La décentralisation peut impliquer qu’un chercheur qualifié (CQ), localisé à un lieu de l’essai clinique, délègue des activités liées à l’essai à du personnel ou à des tiers situés dans d’autres emplacements physiques. Peu importe la géographie, tous les emplacements où des activités liées à l’essai sont réalisées sous la supervision d’un CQ, et sont considérées comme faisant partie d’un seul lieu de l’essai clinique. Un « lieu de l’essai clinique » désigne collectivement le lieu principal et les autres emplacements.
- Le lieu principal associé au CQ doit être indiqué sur le formulaire d’information sur le lieu de l’essai clinique (ILEC) soumis à Santé Canada, et l’approbation d’un comité d’éthique de la recherche (CÉR) est requise avant le début de l’essai.
- Santé Canada n’exige pas de formulaire ILEC distinct, ni d’approbation de CÉR pour les autres emplacements où des activités déléguées ont lieu, à condition qu’elles soient supervisées par le CQ et respectent le protocole approuvé.
Contexte
Les éléments décentralisés peuvent impliquer l’utilisation de technologies numériques validées et de ressources de soins de santé communautaires, telles que :
- des capteurs portables ou des dispositifs médicaux pour surveiller et mesurer les résultats
- des outils en ligne pour recueillir et gérer les données électroniques déclarées par les participants
- des plateformes de télésanté, comme des portails en ligne et de vidéoconférence avec les chercheurs
- l’envoi directe à domicile des médicaments expérimentaux, y compris l’utilisation de pharmacies locales pour les médicaments nécessitant des conditions particulières de stockage et de manipulation
- des visites à domicile par le personnel de l’essai ou des visites de suivi avec des fournisseurs de soins de santé locaux connus des participants
- des tests et des examens d’imagerie, comme une analyse sanguine, dans des laboratoires cliniques locaux
Les essais cliniques décentralisés permettent également aux professionnels de santé communautaires de participer aux activités de recherche. Le partenariat avec un établissement qui effectue plus traditionnellement des essais cliniques peut aussi leur donner accès à davantage d’essais et à des traitements novateurs potentiellement bénéfiques.
La décentralisation est particulièrement importante pour les essais cliniques confrontés à des défis de recrutement d’un groupe de participants suffisamment large, géographiquement et culturellement diversifié, comme les essais sur les maladies rares. Elle peut également améliorer la capacité à recruter et à retenir un groupe de participants plus représentatif, ce qui peut conduire à des données ou des résultats plus probants et généralisables.
La réalisation d’activités d’essai réparties géographiquement, sous un seul lieu de l’essai clinique, peut aussi réduire les charges logistiques ou administratives associées à l’exploitation de plusieurs lieux ou à la coordination des visites des participants dans différents lieux.
Les essais cliniques décentralisés peuvent réduire la nécessité pour les participants de se déplacer vers un lieu d’essai traditionnel, permettant une participation plus efficace. Et pour ceux qui ne peuvent pas voyager en raison de contraintes familiales, professionnelles, géographiques ou autres, une option décentralisée leur permet de se connecter aux efforts de recherche et d’accéder à des traitements novateurs.
Considérations pour la coordination des essais cliniques décentralisés
Les promoteurs peuvent utiliser plusieurs stratégies pour :
- accroître l’efficacité des essais
- réduire le fardeau pour les participants
- assurer une surveillance appropriée de leur sécurité
Par exemple, dans le cadre d’une vaste cohorte ou d’un essai national, les promoteurs pourraient établir plusieurs lieux d’essai clinique sous une seule demande d’essai clinique (essai multicentriques). Chaque lieu d’essai clinique doit avoir son propre formulaire d’information sur le lieu de l’essai clinique (ILEC).
| Considération | Lieu unique avec éléments décentralisés | Multicentriques |
|---|---|---|
| Pertinence de l’essai | Adapté aux produits expérimentaux dont le profil d’innocuité est établi, ou bien lorsque des évaluations initiales complexes peuvent être effectuées de manière centralisée avec des suivis à domicile | Adapté aux essais complexes, nécessitant de grandes cohortes ou des interactions spécifiques en personne |
| Supervision par le chercheur qualifié (CQ) | Un seul CQ est responsable de la supervision et du suivi des activités de l’essai à tous les emplacements liés au lieu | Un CQ distinct est responsable de chaque lieu d’essai clinique, y compris des éléments décentralisés associés à ce lieu |
| Modèle opérationnel | Emplacement principal, avec des activités à distance dans d’autres lieux pour faciliter l’essai | Opérations réparties entre plusieurs lieux indépendants, sous un protocole unique |
| Charge administrative liée aux CÉR | Approbation du comité d’éthique de la recherche (CÉR) uniquement requise en lien au lieu d’essai clinique principal | Approbation du CÉR requise pour chacun des lieux d’essai clinique |
| Considérations interprovinciales | Les éléments décentralisés qui traversent des juridictions provinciales peuvent introduire des considérations supplémentaires liées aux règlements provinciaux applicables | Peut permettre aux lieux individuels de s’adapter aux lois et règlements provinciaux applicables, ainsi qu’à la capacité institutionnelle; peut ajouter de la complexité et à la coordination d’un protocole unique |
| Portée auprès des patients | Portée géographique étendue, jusqu’à un certain point; centrée sur le participant en réduisant le fardeau des déplacements | Portée géographique étendue grâce à des lieux situés dans différentes régions |
Essais multicentriques
Pour les essais multicentriques, il doit y avoir un CQ pour chaque lieu d’essai clinique. Le CQ doit tenir son propre registre de délégation et sa documentation pour démontrer la conformité au Titre 5 de la partie C du règlement et aux exigences de BPC (bonnes pratiques cliniques). Pour un échantillon de grande taille ou un essai pancanadien, une organisation multicentriques peut aider à surmonter les exigences législatives provinciales ou territoriales concernant le partage des données des participants ou les approbations des CÉR impliqués.
Les CQ et les promoteurs peuvent également utiliser des éléments décentralisés dans les essais multicentriques pour réduire le fardeau des participants et impliquer les réseaux locaux de soins de santé (en tenant compte de leur capacité à participer). Lors de la décentralisation des activités dans un essai multicentriques, les promoteurs doivent s’assurer que les activités déléguées à partir d’un lieu principal d’un CQ sont conformes à l’approbation du CÉR pour ce lieu, et supervisées par ce CQ.
Comités d’éthique de la recherche
Conformément au règlement, chaque lieu d’essai clinique doit obtenir l’approbation d’un CÉR avant qu’un essai puisse commencer à ce lieu.
En décentralisant des activités liées à l’essai vers du personnel ou des tiers situés dans d’autres emplacements, les promoteurs et les CQ peuvent réaliser des activités approuvées par un CÉR sur une zone géographique plus vaste. Bien que Santé Canada n’exige pas d’approbations supplémentaires de CÉR pour ces autres emplacements, les promoteurs peuvent devoir obtenir des autorisations additionnelles ou respecter des exigences propres à certaines communautés pour accéder à des emplacements ou des populations précises.
Dans le cas des essais multicentriques pour lesquels Santé Canada exige que chaque lieu d’essai obtienne une approbation de CÉR, les promoteurs devraient envisager d’utiliser des systèmes d’examen éthique simplifiés.
Consultez les informations sur la recherche relevant de plusieurs autorités dans l’Énoncé de politique des trois Conseils : Éthique de la recherche avec des êtres humains.
Dans certains cas, un établissement peut permettre à son CÉR de s’appuyer sur l’examen d’un CÉR externe pour déterminer si une étude est acceptable sur le plan éthique. Cela peut être particulièrement vrai si les CÉR sont membres d’un réseau d’examen éthique simplifié ou disposent d’ententes formelles interinstitutionnelles.
Plusieurs initiatives et organisations ont facilité la mise en place de systèmes d’examen éthique plus harmonisés au Canada :
- CanReview, un système pancanadien d'évaluation éthique unique de la recherche pour les essais cliniques multisites
- CATALIS Quebec, service d’évaluation accélérée
- REB Exchange Alberta (REBX)
- Clinical Trials Ontario
- Research improvements through harmonization in Manitoba (RITHIM)
- Canadian Collaboration for Child Health: Efficiency and Excellence in the Ethics Review of Research (CHEER)
Considérations pour la coordination des essais cliniques décentralisés
Lorsqu’ils décentralisent des activités depuis le lieu d’essai clinique principal du chercheur qualifié (CQ) vers d’autres emplacements, les promoteurs doivent minimiser les risques pour les participants et protéger l’intégrité et la sécurité des données de l’essai.
Les CQ peuvent déléguer des activités d’essai à des individus ou des organisations situés en dehors de leur lieu d’essai clinique principal. Ces activités déléguées peuvent aller de procédures très spécialisées nécessitant un équipement ou des évaluations spécifiques, à des activités courantes non spécifiques à l’essai, comme des analyses sanguines ou des examens d’imagerie.
Lorsqu’ils décident de décentraliser des activités, les CQ et les promoteurs doivent tenir compte des éléments suivants :
- le niveau de risque posé par le médicament expérimental, y compris le degré de certitude par rapport à son profil d’innocuité
- les exigences en matière d’équipement, de préparation, d’administration et d’évaluation spécialisés
- les besoins de formation propres à l’étude pour les tiers délégués (personnel de l’essai, fournisseurs de soins locaux, laboratoires cliniques)
- la manière d’inscrire de façon cohérente et appropriée les tiers délégués dans la documentation liée à l’essai (par exemple, registre de délégation ou plans de supervision) sans créer de fardeau administratif inutile
- les moyens de communication entre les emplacements, le personnel lié à l’essai et les participants, y compris la transmission d’informations critiques pour la sécurité des participants (par exemple, résultats de tests)
- la manière de transporter et de stocker les produits expérimentaux, y compris la sécurité et le contrôle des produits, en particulier ceux classés comme drogues contrôlées
Les technologies numériques de santé doivent être validées pour leur usage prévu et démontrer leur conformité à l’ICH E6, notamment en :
- tenant compte de toute modification ou mise à jour (source, date, contenu – piste d’audit)
- effectuant des sauvegardes régulières
- mettant en place des mesures de sécurité pour prévenir la corruption des données (suppression accidentelle, défaillances matérielles, détérioration, problèmes de logiciels)
- contrôlant l’accès aux personnes autorisées (par exemple, par mot de passe)
- planifiant l’accessibilité future (en tenant compte des changements technologiques, du personnel ou des sous-traitants)
- permettant un accès immédiat aux dossiers pour fin d’inspection
Des ententes (ou contrats) peuvent aider toutes les parties qui réalisent des activités d’essai à connaître leurs rôles, responsabilités et obligations. Elles contribuent également à protéger la sécurité des participants.
Les ententes écrites devraient clairement préciser :
- les rôles et responsabilités individuels (qui réalise quelles activités et où)
- les compétences requises (formation, expérience) de ceux réalisant les activités
- la manière dont les activités spécifiques seront exécutées et surveillées pour assurer la conformité au protocole
- la responsabilité professionnelle entre les promoteurs, les CQ, les sous-chercheurs et les tiers délégués, y compris les fournisseurs de soins locaux
- les procédures de surveillance de la sécurité et de déclaration rapide des effets indésirables
- la couverture d’indemnisation pour les participants
- les considérations particulières liées à certaines communautés, y compris les communautés autochtones
Des ententes clairement rédigées et définissant la répartition des responsabilités peuvent aider le personnel de l’essai, les prestataires de services et les fournisseurs de soins locaux à respecter les lois, règlements et normes professionnelles applicables.
La documentation reliée aux ententes (papier ou électronique) doit être disponible ou accessible depuis le lieu d’essai clinique principal (associé au CQ). Ils peuvent être examinés lors d’une inspection pour vérifier que :
- toutes les activités pertinentes sont couvertes
- toutes les parties concernées sont mentionnées et auditées
- les ententes sont complètes
Conformément au paragraphe C.05.012(4) du règlement, la documentation reliée aux ententes contractuelles doit être conservée pendant 15 ans.
Soumission d’une demande d’essai clinique
Une demande d’essai clinique (DEC) n’est pas requise pour les essais cliniques impliquant des médicaments commercialisés lorsque l’étude est réalisée dans les paramètres de l’avis de conformité (AC) ou du numéro d’identification du médicament (DIN) (essais de phase IV).
Dans le cadre de leur DEC, les promoteurs doivent fournir des informations démontrant que :
- l’essai minimise les risques pour les participants
- les participants seront surveillés de manière appropriée tout au long de l’essai et
- les objectifs de l’essai peuvent être atteints
Les promoteurs doivent également attester que l’essai sera mené conformément aux bonnes pratiques cliniques (BPC).
Selon les activités décentralisées prévues dans l’essai proposé, les promoteurs devraient décrire dans leur DEC :
- comment seront réalisées les activités de l’essai et les visites des participants (par exemple, en personne, par téléphone ou sur une plateforme de télésanté)
- comment l’approche décentralisée proposée est conforme au niveau de risque que l’essai présente pour les participants
Réalisation d’un essai clinique avec des éléments décentralisés
Conformément au Titre 5 de la partie C du règlement, y compris les articles C.05.010 à C.05.015, les promoteurs et les chercheurs doivent respecter les bonnes pratiques cliniques (BPC) afin de garantir que les médicaments expérimentaux sont utilisés correctement dans le cadre d’un essai clinique. Cela inclut le respect des exigences concernant :
- la soumission des informations
- l’étiquetage des médicaments pour répondre aux exigences de l’article C.05.011
- la fabrication, le stockage et la manipulation des médicaments expérimentaux conformément aux bonnes pratiques de fabrication (BPF)
- la tenue des dossiers pendant la période de conservation requise pour permettre un rapport, une interprétation et une vérification exacts
- la déclaration des effets indésirables graves et inattendues
- le consentement éclairé
- les technologies numériques de santé validées
Santé Canada inspecte les essais cliniques pour évaluer la conformité aux BPC, conformément aux lignes directrices suivantes :
Consultez la section sur les inspections.
Obligations du promoteur
Les promoteurs devraient consulter d’autres politiques et documents d’orientation pertinents, tels que :
- Ligne directrice à l'intention des promoteurs d'essais cliniques : Demandes d'essais cliniques
- Énoncé de politique des trois Conseils : Éthique de la recherche avec des êtres humains
- Politique des trois organismes sur la gestion des données de recherche
En général, les promoteurs sont responsables de la coordination, de la logistique, de la tenue des dossiers du personnel et des activités, ainsi que de la déclaration des effets indésirables, entre autres responsabilités. Ils doivent également s’assurer que l’essai clinique et le médicament respectent le protocole approuvé et les lois et exigences réglementaires applicables, y compris les lois provinciales ou territoriales sur le consentement éclairé, la confidentialité et la gestion des dossiers de santé.
Les promoteurs doivent mettre en place un système de qualité composé de procédures documentées (par exemple, procédures normalisées ou procédures du protocole) pour garantir la qualité à chaque étape du processus d’essai et dans tous les lieux d’essai. Ce système doit être conforme au règlement et à l’ICH E6.
La décentralisation des activités d’essai clinique entre plusieurs tiers et emplacements peut compliquer la supervision et le suivi des activités. Les promoteurs devraient élaborer et mettre en œuvre des plans robustes et complets (ou des procédures écrites) pour les éléments décentralisés afin de :
- surveiller et superviser la conduite de l’essai dans tous les emplacements pour assurer la conformité au protocole et aux exigences légales et réglementaires
- gérer les données et les dossiers générés par l’essai pour respecter les exigences réglementaires liées à la gestion des dossiers, à la saisie et à la validation des données, au stockage et au suivi
- identifier, documenter et déclarer rapidement les effets indésirables conformément au règlement, en tenant compte des délais de communication entre les emplacements où se déroulent les activités et le lieu d’essai clinique principal
- Trouvez des informations sur la déclaration des effets indésirables, y compris les critères et le processus de déclaration, dans la Ligne directrice à l'intention des promoteurs d'essais cliniques : Demandes d'essais cliniques
- diffuser les informations critiques, par exemple pour l’examen rapide des résultats de tests et la surveillance des patients
- soutenir la validation et l’étalonnage des instruments techniques et des dispositifs de mesure dans les emplacements décentralisés
- garantir l’intégrité du produit expérimental lors du transport et du stockage pour protéger la sécurité des participants et prévenir tout risque de détournement de substances contrôlées utilisées dans l’essai
- surveiller la conformité des participants au traitement
- coordonner efficacement les tiers ou les services sous contrat
Lorsque l’essai implique plusieurs emplacements physiques, les promoteurs doivent s’assurer que le processus de consentement éclairé est réalisé de manière à réduire les risques pour les participants et à maintenir des preuves appropriées du consentement des participants.
Lorsqu’ils identifient le personnel lié à l’essai ou d’autres tiers impliqués dans les activités, les promoteurs doivent prendre des mesures appropriées pour garantir que :
- toutes les personnes impliquées sont qualifiées par leur formation, leur expérience et leur éducation, et respectent les normes nécessaires pour la conduite des activités de l’essai
- ils conservent, ou ont accès aux dossiers des compétences (formation, expérience) de toutes les personnes impliquées, lorsque cela est applicable
- les tiers identifiés peuvent réaliser les activités déléguées, par exemple en s’assurant que les fournisseurs de soins locaux ou les prestataires sous contrat :
- sont qualifiés et formés pour réaliser les activités déléguées
- disposent des ressources nécessaires pour garantir la sécurité des participants
Responsabilités du chercheur
Les chercheurs qualifiés (CQ) peuvent déléguer des activités spécifiques liées à l’essai à du personnel qualifié, ou à d’autres tiers, y compris des fournisseurs de soins de santé locaux et des prestataires de services sous contrat. Les CQ sont responsables de :
- s’assurer que l’essai mené sur leur lieu d’essai clinique (et dans tout emplacement décentralisé associé avec leur lieu) est réalisé avec une supervision appropriée et que la sécurité des participants est protégée
- superviser les soins médicaux et les décisions médicales liées à l’essai clinique dans tous les emplacements associés à leur lieu d’essai clinique
Lorsqu’ils délèguent des activités liées à l’essai à du personnel ou à des tiers, les CQ doivent veiller à ce que :
- toutes les activités déléguées soient réalisées conformément au protocole approuvé, aux exigences réglementaires applicables et aux BPC
- les tiers identifiés disposent de la capacité, des connaissances et de l’expérience nécessaires pour exécuter les activités déléguées
Formation et compétences
Une gamme d’activités liées à l’essai peuvent être déléguées et pourrait inclure :
- des procédures nécessitant une connaissance spécifique du protocole de l’essai, du médicament expérimental, de la brochure du chercheur ou du médicament à l’étude
- des procédures nécessitant certaines connaissances liées à la sécurité des participants (par exemple, identification des effets indésirables possibles), mais qui relèvent du champ de pratique standard des fournisseurs de soins locaux
- des procédures courantes (par exemple, analyses sanguines ou imagerie médicale) ou des soins non liés à l’étude, et fournis ad hoc (par exemple, visites à l’urgence)
Les promoteurs et les CQ devraient documenter la formation spécifique requise pour l’activité à réaliser par le personnel délégué. Les exigences de formation doivent être flexibles afin de minimiser le fardeau inutile pour les fournisseurs de soins participants, tout en garantissant que les activités déléguées sont réalisées en toute sécurité et conformément au protocole.
En général, la formation doit être pertinente par rapport aux responsabilités liées à l’étude et inclure les sections du protocole pour lesquelles la personne est responsable. Si nécessaire, une formation doit également être fournie sur les lignes directrices pertinentes, notamment l’ICH E6.
Par exemple:
- Certaines activités peuvent nécessiter une connaissance détaillée du protocole et du médicament expérimental à l’étude. Elles doivent être réalisées par du personnel formé de manière appropriée sur le protocole et les lignes directrices pertinentes, telles que l’ICH E6 et les exigences réglementaires du Titre 5 de la partie C.
- D’autres activités déléguées, comme les visites de suivi avec des fournisseurs de soins locaux, peuvent seulement nécessiter la connaissance de la brochure du chercheur et la manière de déclarer les effets indésirables conformément aux exigences réglementaires et à l’ICH E6. Une formation sur les lignes directrices de soutien, comme l’ICH E6, peut ne pas être requise dans tous les cas.
- Les procédures courantes (par exemple, analyses sanguines ou imagerie médicale) ou les soins non liés à l’étude, fournis ad hoc (par exemple, procédures d’urgence) ne nécessitent pas de formation spécifique ni de délégation de la part du CQ.
Supervision et registre de délégation
Les CQ doivent superviser les activités déléguées tout au long de l’essai. À cet effet, ils devraient mettre en place des procédures pour :
- superviser et contrôler la conduite des activités liées à l’essai, y compris celles réalisées dans des contextes décentralisés ou à distance
- Cela peut inclure, par exemple, des réunions de supervision régulières.
- garantir la sécurité et l’intégrité des données générées par l’essai, tant au lieu d’essai clinique principal qu’aux autres emplacements associés
- assurer une tenue appropriée des dossiers liés à l’essai (papier ou électroniques), tels que le registre de délégation et les ententes
- Les dossiers liés à l’essai doivent être disponibles au lieu d’essai clinique principal (associé au CQ).
Les CQ doivent tenir un registre de délégation, disponible au lieu d’essai clinique principal (associé au CQ). Ce registre doit clairement identifier toutes les personnes à qui des responsabilités spécifiques liées à l’étude ont été déléguées.
Le registre de délégation devrait également :
- être élaboré avant le début de l’essai et mis à jour au besoin
- être signé et daté par le CQ avant qu’une tâche ne soit déléguée
- contenir les exigences de formation adaptées aux personnes ou professions impliquées dans des activités spécifiques liées à l’essai
- Toutes les personnes inscrites dans le registre ne sont pas tenues d’avoir exactement les mêmes exigences de formation en recherche.
La documentation liée à l’essai (par exemple, plans de supervision) devrait distinguer les activités nécessitant une délégation et une formation de celles qui relèvent de la pratique clinique courante.
Les CQ n’ont pas besoin d’inclure les procédures suivantes dans le registre de délégation. Toutefois, ils doivent prendre des mesures appropriées pour s’assurer que les personnes impliquées sont qualifiées et que leur participation prévue est clairement indiquée dans la documentation liée à l’essai :
- procédures courantes (par exemple, analyses sanguines ou imagerie médicale) ou
- soins non liés à l’étude, fournis ad hoc (par exemple, procédures d’urgence)
Pour ces types de procédures, Santé Canada reconnaît que, dans une certaine mesure, la documentation sur les compétences de tous les tiers peut ne pas être facilement accessible au CQ.
Pour plus d’informations sur les registres de délégation et la formation en recherche clinique, consultez :
Le registre de délégation et toute documentation pertinente pour la gestion des activités déléguées doivent être disponibles au lieu principal d’essai clinique et peuvent être demandés par Santé Canada lors d’une inspection.
Cette documentation inclut notamment les contrats ou ententes établis entre le promoteur et d’autres tiers, établissements ou emplacements, précisant les rôles, responsabilités, obligations et indemnités.
Processus de consentement éclairé
Les promoteurs doivent informer les participants des risques et des avantages anticipés liés à leur participation à l’essai. Le consentement éclairé doit respecter les lois et règlements applicables en matière de consentement :
- exigences de l’ICH E6
- règles et règlements provinciaux et territoriaux
- approbation par le comité d’éthique de la recherche (CÉR) du processus de consentement éclairé, y compris le formulaire de consentement éclairé (FCE)
Pour les essais cliniques décentralisés, le processus de consentement éclairé peut impliquer le CQ (ou des personnes déléguées) au lieu d’essai clinique principal et des participants dans d’autres emplacements physiques.
Si applicable, la documentation liée à l’essai devrait préciser :
- toute délégation des tâches liées au processus de consentement éclairé à du personnel ou à des tiers
- l’obtention du consentement éclairé par une rencontre virtuelle (par exemple, au cabinet d’un fournisseur de soins ou au domicile du participant potentiel)
- le médium prévu pour enregistrer le consentement des participants (par exemple, écrit, vidéo, audio)
Les promoteurs et les CQ devraient établir un processus pour obtenir le consentement éclairé conformément aux exigences de l’ICH E6. Ce processus doit fournir aux participants potentiels des informations sur :
- l’essai et les activités décentralisées pertinentes pour leur décision de participer
- la personne à contacter en cas de questions sur la recherche
- un numéro disponible 24 heures ou la personne à contacter en cas d’effet indésirable lié à la recherche (par exemple, fournisseur de soins local, services d’urgence, CQ)
- qui aura accès à leurs renseignements personnels de santé recueillis pendant l’essai et comment seront stockées et transférées ces données de manière sécurisée
- la conservation d’une preuve documentée, récupérable et attribuable du consentement éclairé du participant
Les plateformes virtuelles et les signatures électroniques peuvent rendre le processus de consentement plus efficace pour les personnes vivant dans des régions éloignées. Toutefois, les promoteurs doivent veiller à ne pas désavantager ceux qui n’ont pas accès ou qui préfèrent ne pas utiliser ces plateformes. Cela peut soulever des considérations éthiques liées à l’équité.
À considérer :
- offrir différentes méthodes de consentement éclairé à ceux qui en font la demande, y compris des rencontres en personne et des copies papier du FCE
- utiliser une plateforme virtuelle incluant audio et vidéo pour permettre aux CQ (ou aux personnes déléguées) et aux participants de participer au processus en temps réel et d’interagir avec une personne réelle si tel est leur choix
Les plateformes virtuelles et les technologies numériques soulèvent des préoccupations concernant la confidentialité, la protection des renseignements et la confiance, ainsi que la nécessité de vérifier l’exactitude des informations fournies par des modèles génératifs (intelligence artificielle). Ces technologies doivent être validées pour leur usage prévu et peuvent nécessiter des mesures de sécurité supplémentaires pour protéger les renseignements personnels et la sécurité des participants.
Lors d’une inspection, Santé Canada vérifiera que :
- un CÉR a examiné et approuvé le processus de consentement éclairé
- les procédures sont correctement documentées
- les participants ont accès à leurs dossiers de consentement éclairé
- les dossiers de consentement éclairé sont disponibles pour fin d’inspection
Inspections des essais cliniques
Santé Canada surveille les essais cliniques par le biais d’inspections afin de s’assurer qu’ils sont réalisés conformément aux exigences légales et réglementaires. Lors d’une inspection, les inspecteurs évaluent si les activités de l’essai respectent les exigences réglementaires, les normes applicables et le protocole approuvé.
Dans les essais cliniques décentralisés, le lieu d’essai clinique principal (associé au CQ) constitue le point de contact principal pour une inspection. Les inspecteurs de Santé Canada peuvent demander aux promoteurs et aux CQ de fournir des documents démontrant une coordination, une supervision et un suivi adéquats des parties déléguées ainsi que la protection de la sécurité des participants.
Santé Canada peut inspecter d’autres emplacements physiques où des activités spécifiques à l’étude ont lieu. Ces emplacements seront identifiés en fonction du risque associé aux types d’activités déléguées qui y sont réalisées. Une documentation appropriée au lieu d’essai clinique principal peut aider à déterminer s’il est nécessaire d’inspecter un autre emplacement décentralisé associé à ce lieu.
En général, les procédures courantes ou ad hoc qui n’impliquent pas d’éléments spécifiques au protocole et qui sont effectuées dans des contextes tels qu’une clinique d’imagerie médicale ou un service d’urgence hospitalier ne sont pas soumises à inspection.
Les promoteurs devraient tenir compte du processus d’inspection dès la conception d’un essai clinique décentralisé, notamment lors de la planification des activités à domicile des participants. Par exemple, Santé Canada pourrait devoir entrer dans un domicile si l’activité liée à l’essai qui s’y déroule présente un danger pour un participant. Reconnaissant qu’une inspection à domicile peut porter atteinte à la vie privée du participant, les promoteurs doivent s’assurer que les procédures spécifiques à l’essai sont réalisées dans des lieux appropriés en fonction du risque ou du danger pour les participants. Si des procédures liées à l’étude doivent avoir lieu au domicile d’un participant, celui-ci doit être informé dans le cadre du processus de consentement éclairé qu’une inspection pourrait y avoir lieu.
Pour les activités réalisées virtuellement dans d’autres emplacements, toutes les informations et tous les dossiers connexes doivent être accessibles pour inspection à partir du lieu d’essai clinique principal.
- Pour un médicament expérimental nécessitant des conditions particulières de stockage, les inspecteurs de Santé Canada peuvent demander une documentation afin d’évaluer si le médicament a été stocké correctement lors de son transport vers des emplacements éloignés. Cela peut inclure la vérification que les contenants et configurations d’expédition offrent les conditions requises (par exemple, 2 °C à 8 °C, garder congelé, éviter le gel) pour la durée maximale de transport prévue.