Informations sur les nouveaux aliments : Tomate violette – Variété Del/Ros1-N

Sur cette page

Contexte

Santé Canada a informé Norfolk Healthy Produce (ci-après Norfolk) qu'il ne s'oppose pas à l'utilisation alimentaire de la tomate violette – Del/Ros1-N event (ci-après, la tomate violette). Santé Canada a procédé à une évaluation complète de cette variété de tomate conformément à ses Lignes directrices sur l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux. Ces lignes directrices reposent sur des principes internationalement reconnus pour établir l'innocuité des aliments à caractères nouveaux.

L'innocuité de la tomate violette à des fins alimentaires a été évaluée dans le cadre du processus d'évaluation partagée entre Santé Canada et la Food Standards Australia New Zealand (FSANZ). Pour ce produit, Santé Canada était l'évaluateur principal et a mené l'évaluation d'innocuité de cette variété de tomate. La FSANZ a joué le rôle d'évaluateur secondaire en procédant à un examen par les pairs du rapport d'évaluation initial de Santé Canada pour la tomate violette ainsi qu'en fournissant des commentaires sur le rapport.

Le texte qui suit résume l'avis initiale de Norfolk et l'évaluation de Santé Canada et ne contient aucune information commerciale confidentielle.

Introduction

Une demande d'aliment nouveau a été reçue de Norfolk le 10 septembre 2024 concernant l'acceptabilité de la tomate qui a été génétiquement modifiée pour produire plus d'anthocyanines dans le fruit, ce qui lui donne une couleur violette. Pour obtenir ces caractéristiques, trois cassettes d'expression génétique ont été introduites dans le génome de la variété de tomate MicroTom par transformation médié par Agrobacterium.

Les teneurs élevés d'anthocyanines et la couleur violette des fruits de la tomate violette sont le résultat de l'introduction des gènes Delila (Del) et Rosea1 (Ros1). Les gènes Del et Ros1 codent pour des facteurs de transcription qui régulent les gènes impliqués dans la biosynthèse des anthocyanines et ont été dérivés du muflier (Antirrhinum majus).

La tomate violette contient également le gène néomycine phosphotransférase II (nptII) qui confère à la plante une résistance à la kanamycine et qui a été utilisé comme marqueur de sélection. Le gène nptII est dérivé du transposon bactérien Tn5 d'Escherichia coli et a été évalué dans d'autres plantes génétiquement modifiées qui ont été elles-mêmes précédemment évaluées par Santé Canada.

La tomate violette a été évaluée dans le cadre du processus d'évaluation partagée entre Santé Canada et de la Food Standards Australia New Zealand (FSANZ). Pour cette évaluation, Santé Canada était l'évaluateur principal et l'évaluation d'innocuité a été réalisée conformément aux Lignes directrices sur l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux de Santé Canada. Les évaluateurs de la FSANZ ont procédé à un examen par les pairs de l'évaluation réalisée par Santé Canada. L'évaluation a porté sur la manière dont la variété de tomate violette a été développée, sur la composition et l'innocuité nutritionnelles de cette variété par rapport à son comparateur conventionnel, et sur le risque potentiel de toxicité ou d'allergénicité de cette variété. Norfolk a fourni des données attestant que cette variété peut être utilisée en toute sécurité dans l'alimentation humaine au Canada.

La Direction des aliments et de la nutrition est légalement responsable de l'évaluation préalable à la mise en marché des aliments nouveaux et des nouveaux ingrédients alimentaires, comme le prévoit le titre 28 de la partie B du Règlement sur les aliments et drogues (aliments nouveaux). Les aliments dérivés de la tomate violette sont considérés comme des aliments nouveaux en vertu de la partie suivante de la définition des aliments nouveaux : "c) aliment dérivé d'un végétal, d'un animal ou d'un microorganisme qui, ayant été modifié génétiquement, selon le cas :

  1. présente des caractères qui n'avaient pas été observés auparavant".

Développement de la plante modifiée

La tomate violette a été créée par transformation médiée par Agrobacterium à partir de disques foliaires de la variété de tomate MicroTom avec le plasmide pDEL.ROS. La région d'ADN-T du plasmide qui a été intégrée dans le génome de la tomate contient 3 cassettes d'expression génique qui confèrent à la tomate violette des teneurs plus élevés d'anthocyanes dans le fruit et une résistance à la kanamycine.

La tomate violette exprime deux nouvelles protéines qui lui confèrent une teneur plus élevée en anthocyanes : Del et Ros1, dérivées du muflier (A. majus). Del est un facteur de transcription de type hélice-boucle-hélice basique et Ros1 est un facteur de transcription de type Myb. Ces facteurs de transcription ont été choisis pour leur rôle dans la régulation des gènes impliqués dans la biosynthèse des anthocyanines. Les gènes Del et Ros1 sont contrôlés par des promoteurs spécifiques aux fruits de la tomate afin de réguler à la hausse les gènes de biosynthèse des anthocyanines indigènes de la tomate pendant la maturation des fruits, ce qui se traduit par des teneurs plus élevés d'anthocyanines dans les fruits et la couleur violette observée.

La tomate violette exprime également la nouvelle protéine NPTII qui confère une résistance à la kanamycine et a servi de marqueur de sélection pour la transformation. Le gène nptII est dérivé du transposon bactérien Tn5 d'E. coli. La protéine NPT II a déjà été évaluée dans plusieurs autres cultures génétiquement modifiées par Santé Canada, notamment les variétés de pommes Arctic® GD743 et GS784, la variété de maïs MON 87460 et les hybrides de tomates à activité polygalacturonase supprimée 1401F, H282F, 11013F et 7913F.

Le requérant a fourni des informations appuyant l'innocuité et l'antécédent de l'utilisation des organismes sources : A. majus et E. coli. Sur la base des informations fournies, il a été démontré qu'aucun des organismes sources n'est pathogène.

Caractérisation de la plante modifiée

Des données ont été fournies sur différentes générations appartenant au pedigree de sélection de la tomate violette. Afin de s'assurer que les données présentées sur les différentes générations confirmaient l'innocuité de la variété commerciale, le pedigree a été prudemment évalué. Le transformant original (T0) de la variété MicroTom a été utilisé pour produire la prochaine génération (T1) par autopollinisation. La génération T1 a été utilisée pour produire 6 générations de la variété MicroTom par autopollinisation (T2-T6). La même plante de la génération T1 de MicroTom a également été croisée avec la variété MoneyMaker. La génération F1 de MoneyMaker a ensuite été utilisée pour produire 9 générations (F2-F9) par autopollinisation. D'autres croisements avec les variétés Goldkrone et VF36 ont également été effectués à partir de la génération F9 de MoneyMaker, qui a également été utilisé pour produire plusieurs générations par autopollinisation.

Les résultats de la caractérisation moléculaire ont démontré que les modifications génétiques introduites dans la tomate violette sont équivalentes dans la génération T6 de la variété MicroTom et dans la generation F9 de la variété MoneyMaker. Sur la base de cette équivalence, les données présentées pour les différentes générations de MicroTom et MoneyMaker étaient pertinentes et acceptables pour démontrer l'innocuité de la tomate violette destinée à la commercialisation.

La caractérisation moléculaire de la tomate violette a utilisé plusieurs techniques scientifique telles que le buvardage de type Southern, la réaction en chaîne par polymérase (PCR), la PCR quantitative (qPCR), la PCR inverse (iPCR), le séquençage Sanger et le séquençage du génome entier (WGS). Le buvardage de type Southern utilisant l'ADNc Ros1 comme sonde a été utilisé pour évaluer le nombre d'insertions dans le génome de la tomate violette de la génération T0. La qPCR a été utilisée pour déterminer le nombre de copies insérées en quantifiant le nombre de copies du gène nptII. L'iPCR a été utilisée pour déterminer la séquence génétique des régions flanquant les limites du ADN-T inséré. Le WGS a été utilisé pour déterminer la séquence d'insertion de l'ADN-T et évaluer les séquences du squelette plasmidique intégrées dans le génome de la tomate violette.

Les résultats des analyses par buvardage de type Southern, qPCR et iPCR ont indiqué la présence de deux insertions de l'ADN-T dans la generation T0 de la tomate violette. Les deux insertions ont été déterminées comme étant sur des chromosomes différents, et l'insertion au locus A a été éliminé par ségrégation lors des étapes de sélection en aval de la tomate violette, ne laissant que l'insertion au locus B. La perte de l'insertion au locus A a été confirmée par PCR et analyse WGS. Le reste de ce document traite uniquement de l'insertion de l'ADN-T au locus B.

L'analyse WGS a déterminé que l'insertion au locus B contenait une seule copie de l'ADN-T prévue arborant l'organisation desirée, à l'exception de petites délétions de 52 pb à la bordure droite et de 75 pb à la bordure gauche. Les délétions au niveau des bordures de l'insert d'ADN-T sont courantes lors de la transformation de plantes médiée par Agrobacterium en raison des mécanismes de réparation de l'ADN. Étant donné que les bordures gauche et droite ne font pas partie des cassettes d'expression, il est jugé peu probable qu'elles affectent la fonction des éléments génétiques insérés ou l'innocuité alimentaire de la tomate violette.

L'analyse WGS de la tomate violette a démontré qu'aucune séquence provenant du squelette plasmidique n'a intégré le génome de la tomate violette, y compris les gènes de résistance aux antibiotiques.

Afin de déterminer l'emplacement de l'insertion de l'ADN-T dans le génome de la tomate violette, les séquences génomiques de tomate identifiées flanquant le site d'insertion ont été soumises à une recherche d'homologie par rapport à un génome de tomate de référence (assemblage du génome SL3.0, GCA_000188115.3). Ces recherches ont permis de localiser l'insertion de l'ADN-T sur le chromosome 4. L'insert d'ADN-T a entraîné une délétion de 94 pb de la séquence du génome de la tomate, mais n'a perturbé aucun gène endogène ni aucune autre caractéristique annotée connue du génome de la tomate.

Des analyses bioinformatiques ont été effectuées pour évaluer la toxicité, l'allergénicité ou l'activité biologique potentielles des peptides putatifs pouvant résulter de l'insertion de l'ADN-T. Les cadres de lecture ouverts (ORF) potentiels d'au moins 30 acides aminés couvrant les jonctions 5′ et 3′ de l'insert de la tomate violette ont été traduits in silico à partirdu codon initiateur au codon d'arrêt dans les six cadres de lecture. Aucune séquence ORF de plus de 30 acides aminés n'a été détectée à la jonction couvrant l'extrémité 5' et l'ADN-T. Un peptide théorique de 32 acides aminés contenant un codon initiateur méthionine et s'étendant sur la jonction couvrant l'extrémité 3' et l'ADN-T a été identifié. Norfolk indique qu'il n'y a aucune preuve que la séquence soit traduite en une protéine fonctionnelle, car elle ne possède pas de promoteur proche ni de séquence consensus Kozak autour du codon ATG initiateur.

Pour évaluer la toxicité potentielle du peptide putatif, une recherche de similarité par rapport aux séquences protéiques pas redondantes (nr) du NCBI a été effectuée à l'aide de l'outil Basic Local Alignment Search Tool (BLAST; 2025; https://blast.ncbi.nlm.nih.gov/Blast.cgi). Aucun alignement n'a été trouvé entre le peptide putatif et une séquence protéique de la base de données du NCBI.

Pour évaluer l'allergénicité potentielle, une recherche de similarité a été effectuée dans la base de données AllergenOnline (2025; http://allergenonline.org/). Une recherche de séquence complète à l'aide d'un alignement FASTA (Fast Alignment Search Tool – All) a été effectuée en comparant la séquence ORF prédite aux entrées de la base de données. Une recherche FASTA avec correspondance exacte de 8 mer a été effectuée en comparant 8 acides aminés contigus dans l'ORF aux entrées de la base de données. Aucun alignement n'a été trouvé entre le peptide putatif et une séquence protéique dans la base de données AllergenOnline.

La stabilité génétique de l'insert d'ADN-T dans la tomate violette a été évaluée par analyse PCR afin d'amplifier les séquences de jonction ADN-T:génome au niveau des bordures gauche et droite, puis par séquençage Sanger. L'intégrité de la bordure gauche a été évaluée dans des plantes de générations T1 et T6 de la variété MicroTom. L'intégrité de la bordure droite a été évaluée dans une plante de génération T6 de la variété MicroTom et une plante de la génération F9 de la variété MoneyMaker. Une analyse PCR a également été réalisée sur la région de la bordure gauche d'une plante de generation F9 de la variété MoneyMaker. Les résultats ont démontré que l'ADN-T inséré est maintenu de manière stable sur 5 générations dans la variété MicroTom et a été maintenu de manière stable par croisement avec la variété MoneyMaker.

Confirmant encore la stabilité génétique de l'insertion de l'ADN-T, l'analyse WGS d'une plante de génération T6 de la variété MicroTom et d'une plante de génération F7 de la variété Goldkrone a démontré que la séquence d'insert de l'ADN-T était inchangée sur plusieurs générations, y compris lors de croisements intraspécifiques.

Le modèle de transmission héréditaire de l'ADN-T inséré dans la tomate violette a été démontré par une analyse ségrégationelle de plants de tomate violette issus du croisement entre un plant homozygote F9 de la variété MoneyMaker et la variété de tomate VF36. Les plantes de génération F2 en ségrégation ont été évaluées en fonction de leur résistance à la kanamycine et de la couleur de leurs fruits. Un analyse du chi carré a été utilisé pour comparer le rapport de ségrégation observé pour la tomate violette au rapport attendu (3 plantes résistants à la kanamycine/fruits violets : 1 plante sensible à la kanamycine/fruits rouges). Les résultats de l'analyse du chi carré de la descendance en ségrégation n'ont indiqué aucune différence statistiquement significative entre les rapports de ségrégation observés et attendus de l'insert d'ADN-T. Ces résultats soutiennent la conclusion que l'insert d'ADN-T se trouve à un locus unique dans la tomate violette et est héritée selon les principes de l'hérédité mendélienne.

La stabilité phénotypique du caractère de fruit violet dans la tomate violette a été surveillée par Norfolk sur plusieurs générations et par des croisements avec d'autres variétés de tomates. Norfolk indique qu'aucune variation dans la pénétrance du caractère au sein d'une variété n'a été observée et que le phénotype de fruit violet est stable.

Informations sur le produit

L'expression des protéines Del, Ros1 et NPTII dans la tomate violette a été analysée dans les fruits mûrs à l'aide de la chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse (LC-MS/MS). Afin d'établir la limite de détection de cette méthode, deux protéines standard ont été ajoutées en différentes quantités à l'extrait protéique de la tomate violette. La limite de détection a été fixée à 4 nanogrammes par gramme de poids frais (ng/gfw) pour Del, 1,5 ng/gfw pour Ros1 et 1,7 ng/gfw pour NPTII. Les résultats ont indiqué que les niveaux des protéines Del, Ros1 et NPTII étaient tous inférieurs à la limite de détection.

L'expression des transcrits d'ARNm de Del et Ros1 a été analysée dans des fruits de tomate violette à l'aide d'une analyse par buvardage de type Northern. Les résultats ont indiqué que les gènes Del et Ros1 sont exprimés dans les fruits de tomate violette.

Norfolk a indiqué que pour les études sur la digestibilité des protéines, ils ont exprimé dans E. coli les protéines de substitution Del et Ros1 et comprend un tag histidine. Comme les protéines Del et Ros1 sont exprimées dans la tomate violette en quantités inférieures à la limite de détection, il n'est pas possible de réaliser des études d'équivalence protéique. Norfolk a fourni une analyse par électrophorèse sur gel des protéines Del et Ros1 produites par E. coli, qui confirme que les protéines de substitution peuvent être utilisées dans les études de digestion.

D'après les données disponibles, Santé Canada n'a aucune inquiétude quant à l'innocuité de la tomate violette d'un point de vue moléculaire.

Exposition alimentaire

L'objectif de la tomate violette est de fournir une tomate à teneur plus élevée en anthocyanes. Le requérant ne s'attend pas à ce que l'introduction de la tomate violette sur le marché entraîne un changement significatif dans l'utilisation alimentaire des tomates.

Nutrition

Le requérant a fourni des données sur la composition de la tomate violette et d'une tomate isogénique non génétiquement modifiée (témoin conventionnel), qui a été poussée dans une serre au Royaume-Uni en 2018. L'expérience a utilisé cinq plants de la tomate violette et cinq plants de la variété contrôle, cultivés dans des conditions environnementales contrôlées.

Les fruits des deux variétés ont été récoltés à maturité typique (« rouge mûr »), au même moment, et analysés à l'aide de méthodes acceptables pour les métabolites, les vitamines, les minéraux et les caroténoïdes, comme le suggère le Document de consensus révisé sur les considérations relatives à la composition des nouvelles variétés de soja [Glycine max (L) Merr] : éléments nutritifs clefs pour l'alimentation humaine et animale, anti-nutriments, substances toxiques et allergènes de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Pour chaque analyte, des analyses statistiques ont été effectuées afin de comparer la composition de la tomate violette à la variété contrôle. Lorsque des différences statistiquement significatives (valeur P < 0,05) ont été observées entre la tomate violette et la tomate contrôle, la pertinence nutritionnelle de ces différences a été examinée plus en détail en comparant les résultats à l'intervalle attendu selon la variabilité naturelle des tomates conventionnelles, sur la base de sources de données accessibles au public, notamment la base de données sur la composition des aliments du ministère américain de l'Agriculture (USDA) et de la littérature scientifique.

Des différences statistiquement significatives entre la tomate violette et la variété contrôle ont été observées pour 8 analytes : cendres, glucose, sucres totaux, magnésium, potassium, folate, vitamine K et lycopène. Cependant, les valeurs de la tomate violette se situaient dans l'intervalle attendu pour les tomates conventionnelles dans tous les cas, à l'exception de la vitamine K. La valeur moyenne de la vitamine K dans la tomate violette était légèrement inférieure à l'intervalle de valeurs rapportée pour les tomates conventionnelles. Étant donné que la vitamine K est présente dans beaucoup d'aliments et que la teneur en vitamine K de la tomate violette est légèrement inférieure (0,2 µg/100 gfw) à l'intervalle rapportée pour les tomates conventionnelles, la consommation de tomates violettes ne devrait pas avoir d'impact significatif sur l'apport en vitamine K des consommateurs.

Le requérant a également fourni des informations sur la teneur en anthocyanes de la tomate violette (40-283 mg/100 gfw). Les anthocyanes sont présentes dans la tomate violette dans des quantités similaires à celles trouvées dans les aliments couramment consommés (par exemple, mûres, myrtilles, cerises, raisins rouges, aubergines, etc.), y compris d'autres variétés de tomates (3,00-588,86 mg/100 gfw Note de bas de page 1). En outre, les anthocyanines prédominantes se trouvant dans la tomate violette (à savoir la delphinidine 3-O-(coumaroyl)rutinoside-5-O-glucoside et la pétunidine 3-O-(coumaroyl)rutinoside-5-O-glucoside) sont également présentes dans les aliments couramment consommés. Sur cette base, la teneur en anthocyanes de la tomate violette ne devrait pas présenter de problèmes d'innocuité nutritionnelle.

Par conséquent, Santé Canada n'a identifié aucun problème nutritionnel lié à l'utilisation alimentaire proposée de la tomate violette.

Chimie

La teneur en tomatine de la tomate violette a été incluse dans l'évaluation comparative de la composition et a été prise en compte dans l'examen mené par Santé Canada. Par ailleurs, aucune donnée sur les résidus de contaminants chimiques n'a été fournie, et aucune considération unique de contaminant n'a été identifiée en ce qui concerne la tomate violette. De plus, il n'y a pas de limites maximales pour les contaminants spécifiques à cet aliment dans la Liste des contaminants et autres substances adultérantes dans les aliments et les Concentrations maximales établies par Santé Canada à l'égard de contaminants chimiques dans les aliments.

Comme pour tout aliment ou ingrédient alimentaire vendu au Canada, il incombe au fabricant de l'aliment de s'assurer que son utilisation n'entraîne pas une violation de l'article 4(1)(a) et (d) de la Loi sur les aliments et drogues, qui stipule qu'il est interdit de vendre un article alimentaire qui contient une substance toxique, délétère ou qui est falsifiée. Si une concentration élevée d'un contaminant chimique est détectée dans un type d'aliment, Santé Canada peut procéder à une évaluation des risques pour la santé humaine afin de déterminer s'il existe un problème d'innocuité potentiel et si des mesures de gestion des risques sont nécessaires

Toxicologie

Les protéines introduites Del et Ros1 jouent un rôle régulateur dans l'expression des anthocyanes au sein de la tomate violette et n'ont pas de rôle enzymatique ou structurel dans la tomate. Leur fonction dans la tomate en tant que facteurs de transcription est de déclencher la voie biosynthétique endogène de la tomate, ce qui entraîne une augmentation de la production d'anthocyanes présentes dans le fruit de la tomate.

Une analyse protéique à l'aide de LC-MS/MS Orbitrap a été réalisée sur le fruit mûr de la tomate violette. Plus de 2 700 peptides ont été détectés, mais aucun ne correspondait aux protéines Del ou Ros1. Ces nouvelles protéines ont été déterminées comme étant inférieures aux limites de détection de 4 ng/gfw pour la protéine Del et de 1,5 ng/gfw pour la protéine Ros1.

Une étude de digestion in vitro a été réalisée à l'aide des protéines Del et Ros1, en utilisant un test de liquide gastrique simulé (LGS) avec de la pepsine. Les nouvelles protéines issues de la tomate violette n'ont pas pu être isolées car elles étaient présentes à des niveaux trop faibles pour être détectées. À la place, le requérant a utilisé des protéines exprimés par E. coli (souche BL21). Les résultats suggèrent que les protéines Del et Ros1 sont rapidement digérées (respectivement en moins d'une minute et en moins de 10 minutes) dans le LGS.

Une recherche bioinformatique de toxines a été effectuée sur les séquences d'acides aminés des protéines Del et Ros1 à l'aide de la base de données UniProtKB/Swiss-Prot. L'algorithme BLASTP a été utilisé avec la matrice PAM30 et un seuil E-value de 1x10-2. Les paramètres sélectionnés ont été jugés sensibles et n'ont donné aucun résultat présentant une similitude significative avec des séquences de toxines connues pour être nocives pour la santé humaine.

Une recherche bioinformatique supplémentaire de toxines a été effectuée en comparant les séquences des protéines Del et Ros1 à la base de données ToxinPred 3.0 répertoriant les protéines toxiques et non toxiques connues, à l'aide d'une méthode de recherche BLAST basée sur la similarité et d'une E-value de 1x10-1. Une fois encore, aucune correspondance n'a été identifiée pour des toxines.

La teneur en acides chlorogéniques (CGA) dans le fruit mûr de la tomate violette a été déterminée comme étant environ 2,5 fois plus élevée que celle d'une tomate de variété contrôle (environ 4,6 mg/100 gfw contre 1,84 mg/100 gfw, respectivement Note de bas de page 2). Cependant, le niveau de CGA dans la tomate violette reste bien inférieur à celui trouvé dans d'autres aliments couramment consommés (par exemple, les myrtilles crues ont une teneur moyenne comprise entre 86,99 et 131,18 mg/100 gfw).

L'alpha-tomatine est un glycoalcaloïde produit naturellement dans les tomates. Il s'agit d'une toxine qui protège la plante de la tomate contre les insectes, les champignons, etc. La teneur en alpha-tomatine de la tomate violette (c'est-à-dire une moyenne d'environ 88 mg/kg de poids sec [dw]) se situe dans l'intervalle recommandé par l'OCDE Note de bas de page 3 pour les autres variétés de tomates (c'est-à-dire un intervalle de 0 à 389 mg/kgdw). Par conséquent, la teneur en alpha-tomatine dans les tomates violettes est conforme à celle que l'on trouverait dans d'autres variétés de tomates déjà commercialisées.

D'après les données disponibles, Santé Canada n'a aucune inquiétude quant à l'innocuité de la tomate violette d'un point de vue toxicologique.

Allergénicité

Aucun allergène prioritaire n'est utilisé dans le développement de la tomate violette.

Le requérant a démontré que les séquences protéiques de Ros1 et Del ne présentaient aucune homologie (35 %) avec des allergènes connus au niveau de l'ensemble des protéines.

D'après les données disponibles, Santé Canada n'a aucune inquiétude quant à l'innocuité de la tomate violette du point de vue de l'allergénicité.

Conclusion

L'examen réalisé par Santé Canada des renseignements présentés à l'appui de l'utilisation de la tomate violette ne soulève aucune préoccupation liée à l'innocuité des aliments.

L'avis de Santé Canada ne porte que sur l'utilisation alimentaire de la tomate violette. Les questions relatives à sa mise en circulation dans l'environnement ont été traitées séparément dans le cadre des processus réglementaires existants de l'Agence canadienne d'inspection des aliments.

Ce document d'information sur les aliments nouveaux a été préparé pour résumer l'avis concernant le produit en question fourni à la Direction des aliments et de la nutrition, Direction générale des produits de santé et des aliments, Santé Canada. Cet avis est fondé sur l'examen exhaustif des informations soumises par le requérant conformément aux Lignes directrices sur l'évaluation de l'innocuité des aliments nouveaux.

Pour de plus amples informations, veuillez contacter :

Section des aliments nouveaux
Direction des aliments et de la nutrition
Direction générale des produits de santé et des aliments
Santé Canada, PL2204A1
251 promenade Frederick Banting
Ottawa, Ontario K1A 0K9
Courriel : bmh-bdm@hc-sc.gc.ca

Notes de bas de page

Note de bas de page 1

Kurina AB, Solovieva AE, Khrapalova IA, Artemyeva AM. Composition biochimique des fruits de tomates de différentes couleurs. Vavilovskii Zhurnal Genet Selektsii. Septembre 2021; 25(5) : 514-527. doi : 10.18699/VJ21.058. PMID : 34595374; PMCID : PMC8453365.

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Note de bas de page 2

Base de données Phenol-Explorer sur la teneur en polyphénols des aliments. Consultée le 06/05/2025. Affichage de tous les aliments dans lesquels le polyphénol acide 5-caféoylquinique est présent - Phenol-Explorer.

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Note de bas de page 3

OCDE. (2008). Document de consensus sur les considérations relatives à la composition des nouvelles variétés de tomates. OCDE ENV/JM/MONO(2008)26. L'intervalle indiqué dans le document de l'OCDE est exprimée en poids frais, c'est pourquoi un facteur de conversion de 16,9 a été utilisé pour convertir l'intervalle en valeur de poids sec. Ce facteur de conversion a été basé sur des valeurs mesurées spécifiques provenant de la tomate violette.

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Détails de la page

2025-10-08