Avis de biosécurité : Orthopoxvirus simien (OVS)

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Le présent avis de biosécurité est émis par l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) en vue d'aider les laboratoires cliniques, de diagnostic et de recherche à mettre en œuvre des procédures de biosécurité appropriées pour permettre la manipulation sécuritaire des matières pouvant contenir l'orthopoxvirus simien (OVS; aussi appelé « virus de la variole du singe » et « virus de l'orthopoxvirose simienne »). L'OVS est classé comme un agent pathogène humain du groupe de risque 3 (GR3) et un agent zoopathogène du GR3; il est également considéré comme un agent pathogène précisé, aussi connu sous le nom d'agent biologique à cote de sécurité élevée (ABCSE). La surveillance réglementaire de l'OVS relève de l'ASPC et de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA). Le présent avis de biosécurité est fondé sur les données scientifiques probantes disponibles au moment de sa publication, et pourrait être sujet à des révisions et à des changements à mesure que de nouveaux renseignements deviennent disponibles.

1.0 Contexte

Mpox (variole simienne) est une zoonose virale causée par l'orthopoxvirus simien (OVS), un virus enveloppé à ADN double brin qui appartient au genre Orthopoxvirus de la famille des PoxviridaeNote de bas de page 1. Le virus le plus connu de tous les poxvirus est celui qui est responsable de la variole, laquelle a été déclarée éradiquée en 1980. Au cours des années suivantes, l'OVS, un virus étroitement apparenté, est devenu la principale source d'infection à orthopoxvirus chez l'humainNote de bas de page 1, Note de bas de page 2. Diverses espèces, y compris les humains, les primates non humains et les rongeurs sauvages, sont susceptibles d'être infectés par l'OVSNote de bas de page 1, Note de bas de page 3, Note de bas de page 4. Auparavant, mpox était considérée comme une zoonose classique rare, la majorité des cas observés chez l'humain étant le résultat d'un contact avec des animaux infectés, y compris leur sang, leurs liquides biologiques ou leurs lésionsNote de bas de page 1, Note de bas de page 5. Or, les récentes éclosions démontrent que la transmission interhumaine est de plus en plus fréquenteNote de bas de page 5, Note de bas de page 6. La transmission interhumaine peut se faire par contact étroit avec une personne infectée (p. ex. par contact avec des sécrétions respiratoires, des lésions cutanées, des matières contaminées)Note de bas de page 1,Note de bas de page 4, Note de bas de page 7. Bien qu'aucun cas de transmission de l'humain à l'animal n'ait été signalé jusqu'à présent, le risque d'une telle transmission ne peut être écarté chez les animaux sensiblesNote de bas de page 3.

2.0 Classification par groupe de risque et exigences relatives à la délivrance de permis

L'OVS est classé comme un agent pathogène humain du GR3, un agent zoopathogène du GR3 et un ABCSE. Il est réglementé en vertu de la Loi sur les agents pathogènes humains et les toxines (LAPHT) et de la Loi sur la santé des animaux (LSA). Les exigences relatives à la délivrance de permis varient en fonction du type d'échantillon et du type d'activité, et si la matière contenant l'OVS est importée ou non :

Permis visant des agents pathogènes humains du GR3, y compris des ABCSE du GR3

Permis visant des agents zoopathogènes terrestres du GR3

Permis d'importation

Pour en savoir plus sur la façon d'obtenir un permis délivré par l'ASPC, veuillez visiter la page Web du Programme de délivrance de permis ou faire parvenir un courriel à l'adresse licence.permis@phac-aspc.gc.ca.

Pour en savoir plus sur la façon d'obtenir un permis délivré par l'ACIA, veuillez composer le 1-855-212-7695 ou faire parvenir un courriel à l'adresse permission@inspection.gc.ca.

3.0 Exigences en matière de biosûreté

Une habilitation de sécurité en vertu de la LAPHT est requise pour pouvoir mener des activités réglementées avec l'OVS, étant donné qu'il s'agit d'un ABCSE. Veuillez consulter notre site Web pour obtenir de plus amples renseignements sur les ABCSE, le Programme d'habilitation de sécurité en vertu de la LAPHT et les normes de service connexes.

4.0 Recommandations en matière de biosécurité pour les activités de diagnostic

Un agent pathogène dans un échantillon primaire (c.-à-d. dans son milieu naturel) est exclu de la LAPHT et n'est donc pas réglementé par l'ASPC si l'agent pathogène n'a pas été cultivé ou intentionnellement recueilli ou extrait (p. ex. concentré, mis en culture). Les échantillons primaires contiennent généralement des concentrations d'agents pathogènes plus faibles que celles provenant de cultures (c.-à-d. des agents pathogènes cultivés). Des exemples d'échantillons primaires comprennent des échantillons prélevés par grattage de lésions cutanées, des écouvillons rectaux, du sang, du plasma, des échantillons respiratoires (p. ex. des expectorations), des matières fécales et des tissus prélevés directement chez des patients. Les échantillons de diagnostic provenant d'animaux infectés naturellement (c.-à-d. que l'infection ne découle pas d'études in vivo) sont également considérés comme des échantillons primaires.

Bien que les analyses de laboratoire et les activités de diagnostic sans mise en culture impliquant des échantillons primaires soient exclues de la LAPHT, il est recommandé que, au minimum, de bonnes pratiques microbiologiques soient suivies dans les espaces de travail où les échantillons primaires sont manipulés Note de bas de page 8. Les pratiques de base et les précautions universelles sont également recommandées dans les laboratoires où des échantillons primaires pouvant contenir l'OVS sont manipulés Note de bas de page 9.

Exemples d'activités de diagnostic pour lesquelles les pratiques de base et les précautions universelles sont recommandées :

  • les études de chimie clinique, les analyses d'urine, et les analyses hématologiques et sérologiques (p. ex. des analyses au moyen de plateformes automatisées)
  • l'examen visuel d'échantillons ou de tissus inactivés (p. ex. fixés au formol)
  • l'examen visuel de cultures bactériennes et fongiques
  • la coloration de routine et l'analyse microscopique de frottis fixés chimiquement ou par la chaleur
  • les tests avec des échantillons de virus inactivés
  • la préparation d'échantillons pour l'extraction des acides nucléiques
  • la préparation d'échantillons pour l'emballage et la distribution à des laboratoires de diagnostic pour des tests supplémentaires

Tel que décrit dans la Ligne directrice canadienne sur la biosécurité : Activités de diagnostic humain, il est recommandé aux installations d'effectuer une évaluation locale des risques (ELR) pour les activités de diagnostic, laquelle prend en compte le potentiel de production de gouttelettes et d'aérosols infectieux ainsi que le risque d'exposition. Cette évaluation aidera à déterminer les mesures d'atténuation appropriées qui réduisent les risques propres à l'endroit et à l'activité. Des exemples d'activités de diagnostic qui peuvent mener à la production d'aérosols comprennent l'inoculation de milieux de culture, la préparation d'échantillons pour l'analyse PCR et la préparation de coupes de tissus congelés (non fixés) avec un cryostat. Les pratiques exemplaires relatives aux ELR peuvent être consultées dans la Ligne directrice canadienne sur la biosécurité : Évaluation locale des risques Note de bas de page 10.

À mesure que plus de renseignements sur l'éclosion actuelle de mpox deviennent disponibles, il pourrait être déterminé que le risque d'exposition est moindre lors de la manipulation de certains types d'échantillons primaires. Par exemple, les données préliminaires suggèrent que le sang présente un risque d'exposition moindre que les échantillons prélevés par grattage ou par écouvillonnage de lésions cutanées en raison de la courte durée de la virémie, qui atteint son maximum à un stade précoce de l'infection, généralement avant l'apparition des lésions cutanéesNote de bas de page 1, Note de bas de page 11.

5.0 Exigences en matière de biosécurité pour les activités in vitro et in vivo avec l'OVS

L'OVS est classé comme un agent pathogène humain du GR3, un agent zoopathogène du GR3 et un ABCSE. Par conséquent, des exigences strictes en matière de confinement doivent être satisfaites pour réduire les risques d'exposition et de rejet de matières concentrées ou mises en culture. Le tableau 1 résume les exigences minimales en matière de confinement que doivent respecter les laboratoires où l'OVS est manipulé et entreposé.

Tableau 1 : Exigences canadiennes en matière de niveau de confinement pour l'OVS
Activités avec l'OVS Niveau de confinement minimal exigé

Activités in vitro sans mise en culture
Parmi ces activités figurent :

  • la préparation d'échantillons humains ou animaux dans le but de concentrer ou d'isoler l'OVS à des fins de recherche (p. ex. la concentration du virus par centrifugation)

NC3

Activités de mise en culture in vitro
Parmi ces activités figurent :

  • la mise en culture des échantillons (p. ex. le fait de cultiver du virus)
  • le travail préparatoire pour les activités in vivo
  • la manipulation d'une culture qui contient l'OVS (c.-à-d. la manipulation du virus cultivé ou multiplié) pour son emballage et sa distribution à des laboratoires

NC3

Activités in vivo
Parmi ces activités figurent :

  • la préparation d'un inoculum
  • l'inoculation d'animaux
  • le prélèvement d'échantillons chez des animaux infectés expérimentalement

NC3Note de bas de page 1

Note de bas de page 1

Le travail dans les zones de confinement de petits animaux (zones PA) doit répondre aux exigences applicables de la colonne NC3 de la Norme canadienne sur la biosécurité (NCB), et le travail dans les zones de confinement de gros animaux (zones GA) doit répondre aux exigences applicables de la colonne NC3-Ag de la NCB.

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Bon nombre des exigences de la NCB sont axées sur les risques et la performance; les installations doivent donc effectuer une ELR pour déterminer si des mesures de biosécurité supplémentaires dépassant les exigences minimales liées au NC3 sont nécessaires.

Éléments à considérer pour le travail avec des animaux

La transmission de l'animal à l'humain se fait par contact direct avec des animaux infectés, vivants ou morts, ou par contact indirect avec les liquides biologiques de ces animauxNote de bas de page 4,Note de bas de page 7, Note de bas de page 12. Par conséquent, les précautions additionnelles suivantes sont considérées pour le travail avec des animaux :

6.0 Transport

Le transport de l'OVS doit se conformer au Règlement sur le transport des marchandises dangereuses (RTMD) et satisfaire aux exigences d'emballage énoncées dans la norme CAN/CGSB-43.125.

Les matières qui pourraient contenir l’OVS, à l’exception des échantillons prélevés chez des patients, sont classifiées sous UN2814, MATIÈRE INFECTIEUSE POUR L’HOMME, classe 6.2, catégorie A pour le transport.

Les déchets médicaux ou les déchets d’hôpital associés à l’OVS, à l’exception des déchets générés par les soins aux patients ou par la collecte ou le test d’échantillons prélevés chez des patients, sont classifiés sous :

Conformément aux conditions du Certificat temporaire TU 0886.1 :

Ce certificat temporaire a été délivré pour aider les professionnels de la santé à faire face à la demande accrue en transport d’échantillons de diagnostic pour l’OVS et de déchets associés avec les soins aux patients, ainsi que la collecte ou le test d’échantillons. Veuillez noter qu’il s’agit d’une mesure temporaire pour aider le Canada à lutter contre l’éclosion actuelle de mpox.

Les matières qui ne sont pas considérées infectieuses en vertu du RTMD ou qui sont exemptées des exigences d’emballage du RTMD doivent tout de même répondre aux conditions normales de transport, comme avoir un emballage étanche. Veuillez consulter le RTMD si d’autres matières infectieuses ou marchandises dangereuses sont présentes.

Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez consulter le site Web de Transports Canada sur le transport des marchandises dangereuses ou le bulletin de Transports Canada sur l'expédition des matières infectieuses. Pour obtenir de l'aide, veuillez communiquer avec Transports Canada aux coordonnées suivantes :

En cas d'urgence concernant des marchandises dangereuses, veuillez appeler CANUTEC au 1-888-CANUTEC (226-8832), au 613-996-6666 ou au *666 (pour les téléphones cellulaires).

7.0 Maladies à déclaration obligatoire et à notification immédiate

L'Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) encourage les pays à lui signaler la détection de l'OVS chez un animal par l'intermédiaire de l'autorité vétérinaire nationale compétente. Au Canada, l'ACIA doit être avisée immédiatement si l'OVS est détecté chez un animal. Pour informer l'ACIA de la détection de l'OVS chez un animal ou pour obtenir de plus amples renseignements sur les maladies à déclaration obligatoire et à notification immédiate chez les animaux, veuillez communiquer avec l'ACIA à l'adresse cfia.notification-notification.acia@inspection.gc.ca.

8.0 Coordonnées

Pour obtenir de plus amples renseignements en matière de biosécurité, veuillez visiter le site Web du Centre de la biosûreté de l'ASPC ou communiquer avec nous :

Pour en savoir plus sur la façon d'obtenir un permis délivré par l'ASPC, veuillez visiter la page Web du Programme de délivrance de permis ou faire parvenir un courriel à l'adresse licence.permis@phac-aspc.gc.ca.

Pour en savoir plus sur la façon d'obtenir un permis délivré par l'ACIA, veuillez composer le 1-855-212-7695 ou faire parvenir un courriel à l'adresse permission@inspection.gc.ca.

9.0 Références et ressources

Note de bas de page 1

Organisation mondiale de la Santé. (2022). Variole du singe (Orthopoxvirose simienne). Consulté le 30 mai 2022 à l'adresse https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/monkeypox

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Note de bas de page 2

Sklenovská, N. et Van Ranst, M. (2018). Emergence of Monkeypox as the Most Important Orthopoxvirus Infection in Humans. Frontiers in Public Health, 6:241.

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Note de bas de page 3

Organisation mondiale de la santé animale. (2022). Variole du singe. Consulté le 1 février 2023 à l'adresse https://www.woah.org/fr/maladie/variole-du-singe/

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Note de bas de page 4

Petersen, E., Kantele, A., Koopmans, M., Asogun, D., Yinka-Ogunleye, A. et al. (2019). Human Monkeypox: Epidemiologic and Clinical Characteristics, Diagnosis, and Prevention. Infectious Disease Clinics of North America, 33(4):1027-1043.

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Note de bas de page 5

Bunge, E. M., Hoet, B., Chen, L., Lienert, F., Weidenthaler, H. et al. (2022). The changing epidemiology of human monkeypox - A potential threat? A systematic review. PLoS Neglected Tropical Diseases, 16(2):e0010141.

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Note de bas de page 6

Simpson, K., Heymann, D., Brown, C. S., Edmunds, W. J., Elsgaard, J. et al. (2020). Human monkeypox – After 40 years, an unintended consequence of smallpox eradication. Vaccine, 38(33):5077-5081.

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Note de bas de page 7

Brown, K. et Leggat, P. A. (2016). Human Monkeypox: Current State of Knowledge and Implications for the Future. Tropical Medicine and Infectious Disease, 1(1):8.

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Note de bas de page 8

Microbiology Society. (2022). Good microbiological laboratory practice. Consulté le 07 juin 2022 à l'adresse https://microbiologyonline.org/teachers/safety-information/good-microbiological-laboratory-practice

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Note de bas de page 9

Gouvernement du Canada. (2021). Activités de diagnostic humain. Disponible à l'adresse https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/normes-lignes-directrices-canadiennes-biosecurite/directrices/activites-diagnostic-humain/document.html

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Note de bas de page 10

Gouvernement du Canada. (2018). Évaluation locale des risques. Disponible à l'adresse https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/normes-lignes-directrices-canadiennes-biosecurite/directrices/lignes-directrices-canadiennes-biosecurite/document.html

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Note de bas de page 11

Organisation mondiale de la Santé. (2022). Analyses en laboratoire pour la détection du virus de la variole du singe (orthopoxvirose simienne). Consulté le 30 mai 2022 à l'adresse https://www.who.int/fr/publications/i/item/WHO-MPX-laboratory-2022.1

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Note de bas de page 12

Diaz, J. H. (2021). The Disease Ecology, Epidemiology, Clinical Manifestations, Management, Prevention, and Control of Increasing Human Infections with Animal Orthopoxviruses. Wilderness & Environmental Medicine, 32(4):528-536.

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