Chapitre 4 : Normes Canadiennes pour la lutte antituberculeuse 7e édition – Le diagnostic de l'infection tuberculeuse latente

La 7e édition des Normes canadiennes pour la lutte antituberculeuse est désormais obsolète.

Veuillez vous référer à l'édition actuelle : Normes canadiennes pour la lutte antituberculeuse, 8e édition

Chapitre 4 - Le diagnostic de l'infection tuberculeuse latente

Madhukar Pai, MD, PhD
Dennis Kunimoto, MD, FRCPC
Frances Jamieson, MD, FRCPC
Dick Menzies, MD, MSc

Table des matières

  1. Messages et points clés
  2. Principales recommandations
  3. Introduction : diagnostic de l'infection tuberculeuse latente
  4. Indications et but des tests de dépistage de l'ITL
  5. Test cutané à la tuberculine
  6. Tests de libération d'interféron gamma (TLIG)
  7. Recommandations révisées concernant l'utilisation du TCT et des TLIG au Canada
  8. Importance de tenir compte du contexte clinique
  9. Références

Messages et points clés

  • Le but du dépistage de l'infection tuberculeuse latente (ITL) est d'identifier les personnes qui présentent un risque accru de développer une tuberculose (TB) active et qui bénéficieraient donc d'un traitement de l'ITL.
  • Seules les personnes qui tireraient des bienfaits d'un traitement devraient subir un test; par conséquent, une décision de faire subir le test présuppose une décision de traiter si le résultat est positif.
  • Deux tests sont acceptés pour la détection de l'ITL : le test cutané à la tuberculine (TCT) et le test de libération d'interféron gamma (TLIG).
  • Pour interpréter le TCT, on ne doit pas se limiter seulement à la dimension de la réaction, c'est à dire la taille, mais plutôt aux trois dimensions : la taille de l'induration, la valeur prédictive positive et le risque de tuberculose si la personne est vraiment infectée.
  • Comme c'est le cas avec le TCT, les TLIG sont des marqueurs de substitution de l'infection à Mycobacterium tuberculosis et indiquent la présence d'une réponse immunitaire à médiation cellulaire à M. tuberculosis.
  • En règle générale, les TLIG sont plus spécifiques que le TCT dans les populations vaccinées par le bacille de Calmette Guérin (BCG), en particulier si ce vaccin a été administré la première année de vie ou plus d'une fois.
  • Ni le TCT ni les TLIG ne permettent de distinguer l'ITL de la TB, de sorte qu'ils ne sont pas utiles pour la détection de la TB active. La sensibilité des deux tests est sous optimale dans le cas de la TB active, en particulier chez les personnes infectées par le VIH et chez les enfants.
  • Les deux tests semblent bien corrélés avec le gradient d'exposition. Des variations non spécifiques et des problèmes de reproductibilité ont été observés avec les deux tests, et il faut interpréter avec prudence les valeurs à la limite de la normale.
  • Ni les TLIG ni le TCT ne permettent de prédire avec une grande exactitude la TB active, mais l'utilisation des TLIG peut réduire le nombre de personnes chez lesquelles un traitement préventif est envisagé.

Principales recommandations

Le TCT et le TLIG sont tous deux acceptables pour le diagnostic de l'ITL. Les deux tests peuvent être utilisés dans toute situation dans laquelle le dépistage de l'ITL est indiqué, exception faite des préférences et des situations qui suivent.

1. Situations dans lesquelles ni le TCT ni les TLIG ne devraient être utilisés pour le dépistage

  • Ni le TCT ni le TLIG ne devraient être employés chez les personnes qui présentent un faible risque d'infection et un faible risque d'évolution de l'infection vers une TB active s'ils sont infectés. Cependant, il arrive souvent que des personnes à faible risque soient soumises à un test avant une exposition, lorsque le test sera probablement répété. Dans cette situation, le TCT est recommandé (se référer à la recommendation 3 ci dessous); si le TCT est positif, un TLIG peut être utile pour confirmer ce résultat afin d'augmenter la spécificité.
  • Ni le TCT ni le TLIG ne devraient être employés pour le diagnostic de la TB active chez les adultes (dans le cas des enfants, se référer à la recommandation 4).
  • Ni le TCT ni le TLIG ne devraient être employés pour le dépistage systématique ou de masse de l'ITL chez tous les immigrants (adultes et enfants).
  • Ni le TCT ni le TLIG ne devraient être employés pour la surveillance de la réponse au traitement antituberculeux.

2. Situations dans lesquelles les TLIG sont préférables pour le dépistage, mais le TCT est acceptable

  • Personnes qui ont reçu le vaccin BCG après la première année de vie ou l'ont reçu plus d'une fois.
  • Personnes appartenant à des groupes dans lesquels, dans le passé, le pourcentage de sujets qui se présentaient pour la lecture du résultat du TCT était faible.

3. Situations dans lesquelles le TCT est recommandé pour le dépistage, mais un TLIG n'est PAS acceptable

  • Le TCT est recommandé dans toutes les situations où une répétition du test est prévue pour évaluer le risque d'une nouvelle infection (virage), telles que la recherche des contacts ou des tests en série chez les travailleurs de la santé ou d'autres populations (p. ex. personnel des établissements correctionnels ou détenus) qui peuvent être exposées de façon constante.

4. Situations dans lesquelles les deux tests peuvent être employés (l'un après l'autre, quel que soit l'ordre) pour augmenter la sensibilité

Bien que l'usage systématique combiné des deux tests ne soit pas recommandé, il existe des situations dans lesquelles les deux résultats peuvent être utiles pour augmenter la sensibilité globale :

  • Lorsque le risque d'infection, le risque d'évolution vers la maladie et le risque d'une issue défavorable sont élevés.
  • Dans le cas des enfants (moins de 18 ans) chez lesquels on soupçonne une TB active, les TLIG peuvent être employés comme outil diagnostique complémentaire, en association avec le TCT et d'autres épreuves, pour étayer le diagnostic de TB. Toutefois, les TLIG ne devraient pas remplacer le prélèvement adéquat d'échantillons ni éliminer la nécessité d'effectuer de tels prélèvements. Un TLIG (ou TCT) négatif ne permet pas d'écarter une TB active chez les patients de tous âges et en particulier les jeunes enfants.
  • De plus, la répétition d'un TLIG, ou l'exécution d'un TCT, peut être utile lorsque le résultat du premier TLIG était indéterminé, équivoque ou non valide et lorsque la raison pour laquelle le test a été réalisé est toujours manifeste.

Introduction : diagnostic de l'infection tuberculeuse latente

Bien que le diagnostic et le traitement de la TB active soient la priorité de la lutte antituberculeuse, l'identification et le traitement des personnes atteintes d'une ITL revêtent également une importance majeure. Chez la plupart des personnes, les défenses de l'hôte réussissent au départ à circonscrire l'infection à Mycobacterium tuberculosis, et celle-ci demeure latente. Cependant, l'infection latente peut se transformer en une TB active à tout moment. L'identification et le traitement de l'ITL peuvent réduire substantiellement le risque de développement de la maladie (se référer au chapitre 6, Le traitement de l'infection tuberculeuse latente) et peuvent par conséquent protéger la santé des individus et de la population en réduisant le nombre de sources possibles de transmission future.

Il existe deux tests de détection de l'ITL : le test cutané à la tuberculine (TCT) et le test de libération d'interféron gamma (TLIG). Ces deux tests évaluent l'immunité à médiation cellulaire, et aucun des deux ne permet de distinguer l'ITL de la TB activeNote de bas de page 1. Le TCT consiste en l'injection intradermique d'une petite quantité de protéines purifiées dérivées (PPD) du bacille M. tuberculosis. Chez une personne qui a développé une immunité à médiation cellulaire contre ces antigènes tuberculiniques, l'injection produira une réaction d'hypersensibilité retardée dans les 48 à 72 heures. Cette réaction causera un œdème localisé et se manifestera par une induration de la peau au point d'injectionNote de bas de page 2.

Les TLIG sont des tests sanguins in vitro qui permettent d'évaluer la réponse immunitaire à médiation cellulaire; ils mesurent la libération d'interféron gamma (IFN-γ) par les lymphocytes T après stimulation par des antigènes spécifiques de M. tuberculosisNote de bas de page 1 Note de bas de page 3. Des déclarations d'un comité consultatif (DCC) antérieures ont fourni des recommandations concernant l'usage des TLIG au CanadaNote de bas de page 4 Note de bas de page 5 Note de bas de page 6. Le présent chapitre remplace ces déclarations et constitue des lignes directrices à jour sur l'utilisation des TLIG et du TCT au Canada.

Indications et but des tests de dépistage de l'ITL

Le but du dépistage de l'ITL est d'identifier les personnes qui présentent un risque accru de développer une TB active et qui bénéficieraient donc d'un traitement de l'infection tuberculeuse latente (autrefois appelé traitement préventif ou prophylaxie). Seules les personnes qui tireraient des bienfaits d'un traitement devraient subir un test; par conséquent, une décision de faire subir le test présuppose une décision de traiter si le résultat est positif. Ainsi, le dépistage de l'ITL chez les personnes ou les groupes en bonne santé dont le risque de développer une TB active est faible est déconseillé, car la valeur prédictive positive du TCT et du TLIG est faible, et les risques associés au traitement l'emporteront souvent sur ses avantages possibles. De plus, le dépistage de l'ITL ne devrait être réalisé que chez les sujets qui se sont engagés a priori à se faire traiter ou à être suivis si le résultat est positifNote de bas de page 7.

En général, il y a lieu d'effectuer un dépistage de l'ITL lorsque le risque de développer la maladie, si le patient est infecté, est accru. Les populations ciblées pour le dépistage de l'ITL et les catégories de risque sont décrites au chapitre 13, La surveillance et le dépistage de la tuberculose dans les populations à risque élevé, et au chapitre 6, Le traitement de l'infection tuberculeuse latente.

Test cutané à la tuberculine

La seule méthode recommandée à l'échelle internationale pour le test cutané à la tuberculine est le test de Mantoux, qui consiste en une injection intradermique de tuberculine à la surface antérieure de l'avant bras. Cette méthode a été adaptée et est reproduiteNote de bas de page 2 Note de bas de page 7 telle que décrite ci dessous.

Administration

Manipulation de la solution de tuberculine

  • Tubersol® : produit recommandé au Canada qui contient 5 unités de tuberculine (5 UT) de PPD-S (tuberculine dérivée de protéines purifiées - standard). L'utilisation d'une unité de tuberculine (1 UT) n'est pas recommandée, car elle entraîne trop de réactions faussement négatives. L'utilisation de 250 UT n'est pas recommandée, car elle est associée à un taux très élevé de réactions faussement positivesNote de bas de page 8.
  • Conserver la solution à une température de 2° à 8° C, mais ne pas congeler. Jeter la solution si elle est congelée.
  • Retirer la solution de tuberculine de la fiole dans des conditions d'asepsie. Un peu plus de 0,1 mL de solution de tuberculine devrait être prélevé dans la seringue. Tenir la seringue à la verticale et la tapoter légèrement pour évacuer l'air, puis expulser une goutte. Vérifier qu'il reste bien 0,1 mL dans la seringue.
  • Ne pas transférer la solution d'un contenant à un autre (la puissance de la tuberculine pourrait diminuer).
  • Prélever la solution juste avant de l'injecter. Ne pas préremplir les seringues en vue d'un usage ultérieur, car la puissance de la tuberculine pourrait diminuer.
  • La solution peut être altérée si elle est exposée à la lumière. La tuberculine devrait être conservée à l'obscurité, sauf lorsque les doses sont retirées de la fiole.
  • Jeter la solution si la fiole est ouverte depuis plus de 1 mois ou depuis un laps de temps indéterminé (la puissance de la solution peut être réduite).
  • Utiliser la solution dans le mois qui suit l'ouverture de la fiole. Au moment de l'ouverture, indiquer sur l'étiquette de la fiole la date à laquelle la solution doit être jetée.

Préparation du patient

  • Faire asseoir la personne confortablement et lui expliquer l'intervention.
  • Utiliser la face antérieure de l'avant bras, de préférence du bras non dominant (où l'administration et la lecture de la réaction sont les plus faciles), à 10 cm (4 pouces) environ en bas du coude. Éviter les zones où il y a des abrasions, une tuméfaction, des veines visibles ou des lésions. Éviter également les zones où l'on observe une éruption localisée, une brûlure ou un eczéma localisé.
  • Si aucun des deux avant bras ne peut être utilisé, se servir de la face externe de l'avant bras ou de la partie supérieure du bras. Dans ce cas, bien indiquer l'emplacement dans le dossier.
  • Nettoyer la zone où l'injection sera pratiquée avec un tampon imbibé d'alcool et la laisser sécher.
  • Ne pas utiliser de crème EMLA® (ou une crème d'anesthésie locale similaire), car des œdèmes localisés ont été signalés après son application et pourraient être facilement confondus avec un résultat positif au TCTNote de bas de page 7.

Injection de la solution de tuberculine

  • Utiliser une aiguille de 0,6 à 1,3 cm (¼ à ½ pouce) de longueur et de calibre 26 ou 27 avec une seringue à tuberculine jetable en plastique.
  • Orienter le biseau de l'aiguille vers le haut.
  • Tout en tendant la peau de la face antérieure de l'avant bras, insérer l'aiguille à un angle de 5 à 15° par rapport à la peau sans aspirer. La pointe de l'aiguille sera visible juste sous la surface de la peau. L'aiguille est insérée jusqu'à ce que tout le biseau soit recouvert (se référer à la figure 1).
  • Administrer la tuberculine par une injection intradermique lente de 0,1 mL de 5 UT.
  • Une papule pâle bien délimitée de 6 à 10 mm de diamètre devrait apparaître. Elle disparaît habituellement en l'espace de 10 à 15 minutes. Le diamètre de la papule n'est pas une donnée tout à fait fiable, mais s'il y a une fuite importante de liquide au moment de l'injection et qu'il n'y a pas de papule, il faut répéter l'injection sur l'avant bras opposé, ou sur le même avant bras, mais à une distance d'au moins 5 cm du point d'injection précédent.
  • Une goutte de sang peut être visible, ce qui est normal. Donner au patient un tampon pour essuyer le sang et lui expliquer qu'il ne doit pas masser le point d'injection afin d'éviter de faire sortir la tuberculine et de nuire au test.
  • Ne pas couvrir le site d'un bandage.
  • Dire au patient de ne pas gratter le point d'injection et l'informer qu'il peut vaquer à toutes ses activités normales, y compris prendre une douche ou un bain.
  • Placer les seringues et les aiguilles jetables non recapuchonnées dans un contenant résistant aux perforations tout de suite après l'usage.
  • Si le TCT est donné accidentellement sous forme d'injection sous cutanée ou intramusculaire, cela ne devrait pas poser de problème sérieux. Il est possible que les personnes sensibles à la tuberculine présentent une inflammation localisée, qui devrait se résorber spontanément. Il ne serait pas alors possible de mesurer ou d'interpréter cliniquement une telle réaction, et le TCT devrait être administré de nouveau, mais en utilisant une technique intradermique correcte, sur la face antérieure de l'avant-bras. La nouvelle administration devrait se faire immédiatement (dès qu'on réalise que l'injection était trop profonde).

Figure 1: Technique d'administration du TCT

Normes Canadiennes pour la lutte antituberculeuse 7e édition

Annexes
Équivalent Textuel - Figure 1

Cette figure est une photographie d’un test cutané à la tuberculine (TCT) qu’un fournisseur de soins de santé est en train d’administrer. L’avant-bras du patient repose sur une surface plane, face antérieure orientée vers le haut. Le fournisseur de soins de santé maintient en place, avec ses mains gantées, une seringue à tuberculine à un angle de 5° à 15° par rapport à la surface du bras. Le biseau de l’aiguille a été inséré juste sous la surface de la peau. Une papule pâle bien délimitée est visible au point d’injection.

Noter les éléments suivants :

  • date de l'injection;
  • dose de tuberculine (5 UT, 0,1 mL);
  • fabricant de la solution de tuberculine;
  • numéro de lot de la solution de tuberculine;
  • date de péremption de la solution de tuberculine;
  • point d'injection;
  • personne qui administre le TCT.

Précautions

  • Des réactions allergiques aiguës, notamment une réaction anaphylactique, un angio œdème, de l'urticaire ou de la dyspnée, sont rarement signalées après l'administration de Tubersol®, se référer au « Risque de réactions allergiques graves après l'administration de Tubersol® (tuberculine dérivée de protéines purifiées [Mantoux]) ».
  • Ces réactions peuvent survenir chez les personnes qui n'ont jamais subi de TCT.
  • Il convient d'avoir à la portée de la main une solution de chlorhydrate d'épinéphrine (1:1000) et d'autres agents appropriés pour pouvoir traiter immédiatement une éventuelle réaction anaphylactique ou réaction d'hypersensibilité aiguë. Les professionnels de la santé devraient bien connaître les recommandations actuelles du Comité consultatif national de l'immunisation concernant la surveillance des réactions immédiates chez les patients pendant au moins 15 minutes après l'inoculation et la prise en charge initiale de l'anaphylaxie en milieu non hospitalier (se réferer à l'Agence de la santé publique du Canada, Guide canadien d'immunisation).

Les personnes suivantes ne devraient pas subir de TCT :

  • les personnes qui ont présenté dans le passé une réaction positive grave au TCT sous forme de vésicules ou qui présentent des brûlures ou un eczéma étendus au site d'administration du TCT, à cause du plus grand risque de réactions indésirables ou de réactions graves;
  • les personnes atteintes d'une TB active confirmée ou ayant des antécédents bien établis de traitement adéquat de l'infection tuberculeuse ou de la maladie dans le passé. Chez ces patients, le test n'a aucune utilité clinique;
  • les personnes atteintes d'une infection virale grave (rougeole, oreillons, varicelle, etc.);
  • les personnes qui ont reçu un vaccin contre la rougeole ou un autre vaccin contenant un virus vivant au cours des 4 semaines précédentes, car il a été établi que le vaccin augmentait le risque de résultats faussement négatifs au TCT. Bien que seule la vaccination contre la rougeole se soit avérée la cause de résultats faussement négatifs au TCT, il semble prudent d'adopter le même critère de 4 semaines pour les autres vaccins à virus vivant : oreillons, rubéole, varicelle et fièvre jaune. Si l'on risque cependant de rater la chance d'effectuer un TCT, on ne devrait pas le retarder à cause d'un vaccin à virus vivant, car ce sont là des considérations purement théoriques. (À NOTER qu'un TCT peut être administré avant les vaccins, voire le même jour, mais à un site différent.)

Les personnes suivantes peuvent subir un TCT :

  • les personnes qui ont déjà reçu le vaccin BCG;
  • les patients qui souffrent d'un rhume;
  • les femmes enceintes ou qui allaitent;
  • les sujets qui ont reçu un vaccin quel qu'il soit le jour même;
  • les personnes qui ont reçu au cours des 4 semaines précédentes d'autres vaccins que ceux énumérés précédemment;
  • les patients qui ont des antécédents non documentés de réaction positive au TCT (autre que l'apparition de vésicules);
  • les patients traités par de faibles doses de corticostéroïdes à action générale, < 15 mg de prednisone (ou l'équivalent) chaque jour. Il faut généralement une dose de stéroïde ≥ 15 mg de prednisone chaque jour pendant 2 à 4 semaines pour supprimer la réactivité à la tuberculineNote de bas de page 9 Note de bas de page 10.

Mesure de l'induration

  • Le TCT devrait être lu par un professionnel de la santé dûment formé. Les personnes qui n'ont pas l'expérience de la lecture du résultat d'un TCT peuvent ne pas percevoir une induration légère, et le résultat du TCT pourrait être noté par erreur comme étant 0 mm.
  • L'auto lecture peut donner des résultats très inexacts et est vivement déconseilléeNote de bas de page 11.
  • La lecture devrait être faite de 48 à 72 heures après l'administration, car l'induration peut atteindre sa taille maximale jusqu'à 48 heures après l'inoculation, mais il est difficile d'interpréter une réaction après 72 heures. La réaction peut persister pendant au plus 1 semaine, mais jusqu'à 21 % des réactions positives après 48 à 72 heures redeviendront négatives après 1 semaineNote de bas de page 12. Si le TCT ne peut pas être lu dans les 72 heures à cause de circonstances imprévues, il devrait être répété à un point d'injection assez éloigné de celui utilisé pour le test précédent de façon qu'il n'y ait pas de chevauchement des réactions. Aucun délai minimal d'attente ne doit être respecté avant de répéter le test.
  • L'avant bras doit être appuyé sur une surface ferme et légèrement fléchi au coude. L'induration n'est pas toujours visible. Palper le site du bout des doigts pour vérifier si une induration est présente. S'il y a induration, à l'aide d'un stylo placé à un angle de 45°, en marquer la limite en déplaçant la pointe vers le point d'injection (figure 2). La pointe s'arrêtera à la limite de l'induration, s'il y en a une. Répéter le processus du côté opposé de l'induration. La méthode du stylo a l'avantage d'être aussi fiable que la méthode de palpation classique (qui repose entièrement sur le bout des doigts) pour les lecteurs expérimentés et d'être plus facile à apprendre et à utiliser pour les lecteurs sans expérience.
  • Au moyen d'un compas, mesurer la distance entre les marques faites au stylo, qui correspond au diamètre transversal le plus large de l'induration (à angle droit par rapport à l'axe de l'avant bras). Il est recommandé d'utiliser un compas, car les lectures seront plus précises et, surtout, l'erreur d'arrondissement sera réduite si le lecteur doit régler le compas, puis lire le diamètre. Si l'on ne peut trouver de compas, on peut utiliser une règle flexible.
  • Il n'y a pas lieu de mesurer l'érythème (rougeur). De 2 % à 3 % environ des personnes testées présenteront un érythème ou une éruption cutanée localisée (sans induration) dans les 12 premières heures. Il s'agit de réactions allergiques bénignes qui ne signalent pas une infection tuberculeuse. Elles ne sont pas une contre indication d'autres TCT dans l'avenirNote de bas de page 13.
  • La formation d'une vésicule, qui peut survenir dans 3 % à 4 % des cas positifs, devrait être notée dans le dossier.
  • Enregistrer le résultat en millimètres (mm). S'il n'y a pas d'induration, inscrire « 0 mm ». Il n'est pas recommandé de consigner le résultat comme étant « négatif », « douteux » ou « positif ».
  • Ne pas arrondir le diamètre de l'induration au multiple de 5 mm le plus proche, car cela pourra empêcher de déterminer, lors d'un TCT ultérieur, s'il y a eu virage tuberculinique. Si la mesure tombe entre deux graduations de la règle, il faut prendre le plus petit des deux nombres.

Figure 2 : Méthode au stylo à bille pour lire le diamètre transversal de l'induration au TCT

Équivalent Textuel - Figure 2

Cette figure est une photographie d’une induration au point d’administration du TCT qui est mesurée par la méthode au stylo à bille.

L’avant-bras du patient repose sur une surface plane, face antérieure orientée vers le haut. Une induration (enflure) de la taille d’un vingt cinq sous est visible au milieu de la face antérieure de l’avant-bras, et elle est entourée d’une petite zone d’érythème (rougeur). Une marque horizontale a été faite au stylo à angle droit par rapport à l’axe de l’avant bras, depuis le côté gauche externe de l’avant bras jusqu’à la zone d’induration. La marque s’arrête au bord gauche de la zone indurée. Le fournisseur de soins de santé tient le stylo à bille à un angle de 45° du côté droit de l’avant bras. La pointe du stylo repose sur le bord droit de la zone indurée.

La distance entre les marques des deux côtés de la zone indurée correspond au plus grand diamètre transversal, qui est la mesure à consigner en millimètres (mm).

Noter les éléments suivants :

  • dates où l'induration a été mesurée;
  • mesure de l'induration, le cas échéant, en millimètres (mm);
  • toute réaction indésirable, p. ex. formation d'une vésicule;
  • nom de la personne qui a lu le test.

Fournir un relevé du résultat du TCT à la personne qui a subi le test.

Interprétation d'un résultat négatif au TCT

Réactions faussement négatives
Les causes des réactions faussement négatives peuvent être techniques ou biologiques.

Causes possibles d'un résultat faussement négatif au test à la tuberculineNote de bas de page 2 Note de bas de page 14 Note de bas de page 16

  • Technique (pourrait être corrigée)
    • Tuberculine :
      • Conservation inadéquate (exposition à la lumière ou à la chaleur)
      • Contamination, mauvaise dilution ou dénaturation chimique
    • Administration :
      • Injection d'une quantité trop faible de tuberculine, ou injection trop profonde (devrait être intradermique)
      • Administration plus de 20 minutes après l'aspiration de la solution de tuberculine dans la seringue
    • Lecture :
      • Lecteur inexpérimenté ou jugement biaisé
      • Erreur de consignation du résultat
  • Biologique (impossible à corriger)
    • Infections :
      • TB active (en particulier à un stade avancé)
      • Autre infection bactérienne (fièvre typhoïde, brucellose, typhus, lèpre, coqueluche)
      • Infection à VIH (en particulier si la numération des lymphocytes T CD4 est < 200)
      • Autre infection virale (rougeole, oreillons, varicelle)
      • Infection fongique (blastomycose sud américaine)
    • Administration d'un vaccin à virus vivant : rougeole, oreillons, poliomyélite
    • Médicaments immunosuppresseurs : corticostéroïdes, inhibiteurs du facteur de nécrose tumorale (FNT), etc.
    • Maladie métabolique : insuffisance rénale chronique, malnutrition sévère, stress (chirurgie, brûlures)
    • Maladies des organes lymphoïdes : lymphome, leucémie lymphoïde chronique, sarcoïdose
    • Âge : nourrissons de < 6 mois, personnes âgées

Conduite à tenir en cas de résultat positif au TCT

La conduite à tenir en cas de résultat positif au TCT comporte deux étapes distinctes :

ÉTAPE 1 : Détermination de la positivité ou non d'un TCT
Le professionnel de la santé qui lit le TCT doit décider si le test est positif. Il doit se fonder sur la taille de l'induration, en utilisant les critères énumérés au tableau 1. Une fois qu'un TCT est considéré comme positif, le patient devrait être orienté vers un service d'évaluation médicale. Lorsqu'un test est considéré comme positif, il n'est plus utile sur le plan clinique de le répéter, pourvu qu'il ait été bien exécuté et que le résultat ait été lu correctementNote de bas de page 2 Note de bas de page 7.

ÉTAPE 2 : Évaluation médicale
Cette étape devrait comprendre une évaluation des symptômes évocateurs d'une TB active possible et des facteurs de risque de TB (tels les antécédents d'exposition ou d'autres maladies), de même qu'une radiographie pulmonaire. En présence de symptômes ou d'anomalies à la radiographie pulmonaire, il faudrait prélever des expectorations pour la recherche sur frottis et la culture de bacilles acido alcoolo résistants (BAAR). Chez les sujets qui ne présentent aucun signe de TB active, il faudrait formuler une recommandation concernant le traitement d'une ITL, qui est basée sur l'interprétation du TCTNote de bas de page 2 Note de bas de page 7.

Interprétation d'un TCT positif

Pour interpréter le TCT, on ne doit pas se limiter à une seule dimension de la réaction, c'est à dire la taille, mais plutôt aux trois dimensionsNote de bas de page 17 :

  1. la taille de l'induration;
  2. la valeur prédictive positive;
  3. le risque de tuberculose si la personne est vraiment infectée.

Il existe un algorithme interactif sur le WebNote de bas de page 17, Interpréter le TCT/TLIG(IGRA) en ligne, version 3.0, qui intègre les trois dimensions et qui peut faciliter l'interprétation du TCT et du TLIG (figure 3).

PREMIÈRE DIMENSION : taille de l'induration
Cette dimension (tableau 1) est la plus facile à comprendre (mais la moins importante)Note de bas de page 17. Un critère de 5 mm pour un diagnostic d'ITL a une sensibilité de > 98 %, mais une spécificité plus faible. Ce critère est utilisé lorsqu'il est souhaitable d'avoir une sensibilité maximale dans les cas où le risque de maladie active est élevé. Un critère de 10 mm a une sensibilité de 90 % et une spécificité de > 95 % et est recommandé dans la plupart des situations cliniques. Un critère de 15 mm ou plus a une sensibilité de seulement 60 % à 70 %, mais une grande spécificité (> 95 %) dans la plupart des régions du monde. Ce critère n'est cependant pas indiqué au Canada, parce que sa spécificité n'est pas beaucoup plus grande que le critère de 10 mm ou plus, alors que sa sensibilité est très réduiteNote de bas de page 2 Note de bas de page 7.

Figure 3 : Capture d'écran de Interpréter le TCT/TLIG(IGRA) en ligne (version 3.0)

Équivalent Textuel - Figure 3

Cette figure représente une capture d’écran de la page Web donnant accès à l’outil interactif Interpréter le TCT/TLIG(IGRA) en ligne.

Dans le haut de la page, au milieu, on peut voir une image représentant le bras d’une personne dont on mesure la réaction au test cutané à la tuberculine à l’aide d’une règle flexible. Sur le côté gauche de la page, on peut voir cinq onglets : Liens, Références, Avertissement, À propos et Calculer.

À gauche, dans le haut de la page, on peut lire à quoi sert l’outil :

L'outil suivant évalue le risque de développer une tuberculose active chez une personne ayant une réaction au test cutané tuberculine de ≥ 5mm selon sur son profil clinique. Il est voulu que les adultes soient testés avec la tuberculine standard (5 TU PPDS ou 2 TU RT-23) et/ou les tests de libération d'interféron-gamma (TLIG(IGRA)).

Dans la description se trouve un lien vers l’onglet « À propos », où l’on peut obtenir plus de renseignements sur l’algorithme utilisé. Il y a aussi un lien vers un article de Menzies et al. dans lequel les auteurs décrivent la version originale de l’outil, un lien vers l’onglet « Références », et un lien vers l’adresse de courriel du Dr Richard Menzies pour les personnes qui souhaitent obtenir plus d’information.

Les deux tiers inférieurs de la page sont divisés en six sections. Dans les cinq premières sections se trouvent sept listes déroulantes dans lesquels l’utilisateur peut choisir les options qui correspondent le mieux au patient. Ces listes sont les suivantes : taille du TCT; résultat du TLIG (IGRA); âge; âge à l’immigration; pays de naissance; statut vaccinal par le BCG; et état du contact récent. Un lien vers le site Web du BCG World Atlas est inclus sous la liste déroulante du statut vaccinal par le BCG.

La sixième section, qui se trouve au bas de la page, énumère les facteurs de risque de TB active, qu’on peut sélectionner si l’un ou l’autre s’applique au patient : sida; radiographie pulmonaire anormale (maladie fibronodulaire); insuffisance rénale chronique nécessitant une hémodialyse; diabète sucré (tous les types); infection tuberculeuse récente (conversion du TCT il y a 2 ans ou moins); silicose; inhibiteurs du facteur de nécrose tumorale alpha (ex. infliximab/étanercept); jeune âge au moment de l’infection (0 à 4 ans); radiographie pulmonaire anormale (granulome); carcinome de la tête et du cou; cigarette (plus d’un paquet par jour); infection au VIH; transplantation (exigeant un traitement d’immunosuppresseur); traitement par des glucocorticoïdes; et insuffisance pondérale (moins de 90 pour cent du poids corporel idéal ou indice de masse corporelle (IMC) de 20 ou moins).

Tout au bas de la page, au milieu, se trouve le bouton Soumettre.

Une fois que les options des listes déroulantes et les facteurs de risque applicables ont été sélectionnés et soumis, l’outil intègre les renseignements dans un algorithme qui interprète la signification de la réaction au TCT ou du résultat du TLIG fourni pour le patient. Le résultat obtenu à l’aide de l’algorithme s’affiche dans une zone de texte appelée « Résultats » dans le coin supérieur droit de la page. Un lien vers l’adresse de courriel du Dr Menzies figure aussi dans la zone de texte « Résultats » pour les personnes qui auraient des questions ou des suggestions à formuler.

Tableau 1. Interprétation des résultats du TCT et valeurs seuils dans divers groupes à risqueNote de bas de page 2 Note de bas de page 7
Résultat du TCT Situations dans lesquelles une réaction est considérée comme positiveTable 1 - Footnote A
0-4 mm En général, un tel résultat est considéré comme négatif et aucun traitement n'est indiqué.
Enfant de moins de 5 ans et risque élevé d'infection tuberculeuse
≥5 mm Infection à VIH
Contact avec un cas de TB infectieuse au cours des 2 dernières années
Présence de maladie fibronodulaire à la radiographie pulmonaire (TB guérie, mais non traitée antérieurement)
Greffe d'organe (associée à un traitement immunosuppresseur)
Inhibiteurs du FNT-alpha
Autres médicaments immunosuppresseurs, p. ex. corticoïdes (l'équivalent de ≥ 15 mg/jour de prednisone pendant 1 mois ou plus; le risque de TB active augmente avec la dose et la durée du traitement)
Insuffisance rénale terminale
≥10 mm Toutes les autres, incluant les situations spécifiques suivantes :
  • Virage du TCT (dans les 2 ans)
  • Diabète, malnutrition (< 90 % du poids corporel idéal), tabagisme, consommation quotidienne d'alcool (> 3 consommations/jour)
  • Silicose
  • Hémopathies malignes (leucémie, lymphome) et certains carcinomes (p. ex. de la tête et du cou)
Note
ALe but du dépistage de l'ITL est d'identifier les personnes qui présentent un risque accru de développer une TB active et qui bénéficieraient donc d'un traitement de l'ITL. Seules les personnes qui tireraient des bienfaits d'un traitement devraient subir un test; par conséquent, une décision de faire subir le test présuppose une décision de traiter si le résultat est positif (se référer au texte).

DEUXIÈME DIMENSION : valeur prédictive positive
La valeur prédictive positive (VPP) du TCT désigne la probabilité qu'un résultat positif indique qu'un sujet souffre réellement d'une ITL. Elle diffère de la sensibilité, qui correspond à la probabilité qu'un résultat soit positif en présence d'une ITL connue. La valeur prédictive positive est surtout influencée par la probabilité ou la prévalence de l'infection tuberculeuse avant le test, de même que par la spécificité du TCT. Ainsi, la valeur prédictive positive est faible et l'utilité du TCT est limitée dans les populations qui courent un faible risque d'ITL, qui ont déjà été exposées à des mycobactéries non tuberculeuses (MNT) ou qui ont déjà reçu le vaccin BCG, chacun de ces facteurs pouvant réduire la spécificité du TCTNote de bas de page 18.

MNT : Dans les régions du monde jouissant d'un climat tropical, subtropical ou tempéré chaud, les MNT sont souvent présentes dans le sol et l'eau, et la plupart des adultes présenteront des signes d'exposition et de sensibilisation à certains antigènes de MNT. Comme les antigènes de MNT sont similaires à ceux de M. tuberculosis, on observera chez les personnes qui sont sensibilisées à ces antigènes une réactivité croisée avec la PPD-S, ce qui causera de petites réactions tuberculiniques, la plupart de 5 à 9 mm et certaines de 10 à 14 mm, mais presque jamais de ≥ 15 mm. Dans la plupart des régions du Canada, la sensibilité aux antigènes de MNT est rare et elle n'est pas une cause importante de réactions de 10 mm ou plus au TCTNote de bas de page 19. Une étude effectuée au Québec a montré que moins de 5 % de toutes les réactions de 10 mm ou plus à la tuberculine standard étaient attribuables à cette réactivité croiséeNote de bas de page 20 Note de bas de page 21. C'est la raison pour laquelle au Canada, la valeur de 10 mm demeure le seuil de référence pour déterminer si une infection tuberculeuse est présenteNote de bas de page 7.

Vaccination par le BCG : Plusieurs groupes au Canada ont probablement déjà reçu le BCG, notamment les immigrants issus de nombreux pays européens et de la plupart des pays en développementNote de bas de page 22. Au Canada, un grand nombre d'Autochtones ont été vaccinés, tout comme les personnes nées au Québec et à Terre-Neuve et Labrador entre les années 1940 et les années 1970 (consulter le site Web de l'Agence de la santé publique du Canada pour se référer au résumé de l'usage provincial et territorial du vaccin BCG au fil du temps.

Selon des études menées au Canada et dans plusieurs autres pays, seulement 1 % des sujets qui avaient reçu le BCG pendant leur première année de vie avaient un résultat de ≥ 10 mm à un TCT pratiqué > 10 ans plus tardNote de bas de page 18. Ainsi, on peut faire abstraction des antécédents de vaccination par le BCG pendant la première année de vie pour toutes les personnes âgées de 10 ans et plus lorsqu'on interprète une réaction à un TCT initial de 10 mm ou plusNote de bas de page 18 Note de bas de page 23-26.

Si le BCG avait été administré après l'âge de 12 mois, 42 % des vaccinés obtenaient un résultat faussement positif de ≥ 10 mm après l'âge de 10 ans. S'il avait été administré entre l'âge de 1 et 5 ans, 10 % à 15 % des sujets présentaient une réaction positive qui persistait jusqu'à 25 ans plus tardNote de bas de page 26. Jusqu'à 40 % des sujets vaccinés à l'âge de 6 ans ou plus présentaient une réaction positive persistante. Les réactions attribuables au BCG peuvent atteindre 25 mm de diamètre ou même plusNote de bas de page 27 Note de bas de page 28. Par conséquent, si la personne a été immunisée après l'âge de 12 mois, le BCG peut être une cause importante de réactions faussement positives au TCT, surtout dans les populations où la prévalence théorique de l'ITL (réactions vraiment positives) est inférieure à 10 %.

En résumé, on peut écarter la vaccination par le BCG comme cause d'un TCT positif dans les circonstances suivantesNote de bas de page 2 Note de bas de page 7 :

  • le BCG a été administré au cours de la première année de vie et la personne testée est maintenant âgée de 10 ans ou plus;
  • il existe une forte probabilité d'infection tuberculeuse : contacts étroits d'un cas de TB infectieuse, Autochtones canadiens issus d'une communauté à haut risque ou immigrants/visiteurs originaires d'un pays où l'incidence de la TB est élevée;
  • il existe un risque élevé d'évolution de l'infection tuberculeuse vers la TB active.

Le BCG devrait être considéré comme la cause probable d'un TCT positif dans les circonstances suivantesNote de bas de page 2 Note de bas de page 7 :

  • il a été administré après l'âge de 12 mois ET
    • le sujet n'a pas été exposé à un cas de TB active ni ne présente d'autres facteurs de risque ET
      • le sujet est soit un non-Autochtone né au Canada OU
      • un immigrant ou visiteur originaire d'un pays où l'incidence de la TB est faible.

Les taux internationaux d'incidence de la TB sont affichés sur le site web de l'Agence de la santé publique du Canada.

On trouvera certains conseils pour l'identification des cicatrices du BCG dans la présentation intitulé « Reconnaissance de la cicatrice laissée par le vaccin BCG » (comparativement à la variole).

Les politiques relatives à la vaccination par le BCG dans différents pays sont présentées dans le BCG World AtlasNote de bas de page 22 (figure 4) (en anglais seulement).

Figure 4 : Capture d'écran du BCG World Atlas

Équivalent Textuel - Figure 4

Cette figure représente une capture d’écran de la page Web. La bannière dans le haut de la page se lit ainsi : BCG World Atlas: A Database of Global BCG Vaccination Policies and Practices [BCG World Atlas : une base de données sur les politiques et pratiques mondiales en matière de vaccination par le BCG]. Sous la bannière se trouvent six onglets : Home [accueil], Questionnaire, About [à propos], Links [liens] Publications et Contact Us [contactez-nous].

Sous la ligne d’onglets, on trouve un message de bienvenue et une description de ce à quoi l’outil interactif en ligne de la page Web peut servir :

This interactive website provides detailed information on current and past BCG policies and practices for over 180 countries. The Atlas is designed to be a useful resource for clinicians, policymakers and researchers alike, providing information that may be helpful for better interpretation of TB diagnostics as well as design of new TB vaccines. [Ce site Web interactif offre de l’information détaillée au sujet des politiques et pratiques passées et actuelles de plus de 180 pays relativement au BCG. L’atlas se veut une ressource utile pour les cliniciens, les décideurs et les chercheurs, car il procure des renseignements qui peuvent être utiles pour mieux interpréter le diagnostic de TB et pour concevoir de nouveaux vaccins contre la TB.

Vers le milieu de la page, à gauche, on trouve une vignette assortie d’un lien (PLoS Medical Journal) qu’on peut sélectionner pour accéder à un article décrivant la raison d’être et la méthodologie du BCG World Atlas. On peut aussi accéder à l’article à l’aide d’un lien intégré dans le texte à la droite de la vignette.

Les utilisateurs peuvent voir l’information disponible concernant les politiques et pratiques d’un pays en particulier au sujet du BCG en sélectionnant le pays dans une liste déroulante située juste sous la vignette ou en utilisant la carte du monde interactive située à droite de la liste déroulante.

Sous la ligne d’onglets, du côté droit de la page, on peut visionner une vidéo de 4 min et 31 sec intitulée The BCG World Atlas: A world first in the fight against tuberculosis [Le BCG World Atlas : une première mondiale dans la lutte contre la tuberculose], McGill.

Une bannière au bas de la page énumère : les auteurs (Alice Zwerling, Marcel Behr, Aman Verma, Timothy Brewer, Dick Menzies et Madhukar Pai), les affiliations (Université McGill et Centre universitaire de santé McGill, Montréal, Québec, Canada) et une reconnaissance du soutien apporté par l’Agence de la santé publique du Canada.

TROISIÈME DIMENSION : risque de développement d'une TB active
Après une primo infection tuberculeuse, le risque cumulatif à vie de développer une TB active est généralement estimé à 10 %. La moitié des cas se produiront dans les deux premières années qui suivent l'infection. Certains facteurs viennent augmenter le risque de réactivation de la TB à cause d'une diminution de l'immunité locale ou générale. Ces facteurs sont résumés au chapitre 6, Le traitement de l'infection tuberculeuse latente.

De nombreux états et traitements peuvent accroître le risque de réactivation, mais le principal facteur de risque est l'infection à VIHNote de bas de page 2 Note de bas de page 7. Les autres états ont comme point commun de réduire ou de supprimer la fonction immunitaire. Ce sont notamment le diabète, l'insuffisance rénale, la malnutrition, certains cancers, l'abus d'alcool et le tabagisme. Les traitements médicaux immunosuppresseurs, décrits au chapitre 6, Le traitement de l'infection tuberculeuse latente, sont des indications de plus en plus importantes du traitement de l'ITL.

Exemple d'interprétation tridimensionnelle
Prenons l'exemple d'une jeune femme de 20 ans adressée à un spécialiste à cause de la présence visible à la radiographie pulmonaire de tissu cicatriciel fibronodulaire au niveau de la région apicale. On n'observe pas de changement par rapport à la radiographie pulmonaire précédente effectuée 6 mois plus tôt. Elle a reçu le BCG au cours de sa première année de vie, a quitté récemment (il y a 1 an) les Philippines, un pays où l'incidence de la TB est élevée, pour immigrer au Canada et est asymptomatique. Son induration après le TCT mesurait 8 mm. Son risque annuel de développer une TB active, estimé à l'aide de l'algorithme Interpréter le TCT/TLIG(IGRA) en ligne, est d'environ 1 %, et la probabilité qu'il s'agisse d'un résultat vraiment positif (VPP) est estimée à 77 %. Après avoir soupesé la probabilité que le résultat du TCT soit vraiment ou faussement positif et le risque de développement de la maladie, il peut ou non être indiqué de prescrire de l'isoniazide (INH), la décision devant être fondée sur le risque de développement de la maladie par rapport aux risques associés au traitement (s'il vous plaît, se référer au chapitre 6, Le traitement de l'infection tuberculeuse latente).

Interprétation des résultats de TCT en série (répétés)

Variation non spécifique
À cause des différences dans la technique d'administration et de lecture du TCT ou dans la réponse biologique, on peut observer des variations pouvant atteindre 5 mm dans la taille des réactions chez une même personne d'un test à l'autre. Aussi a-t-on choisi le seuil de 6 mm comme critère pour distinguer une augmentation réelle d'une variation non spécifiqueNote de bas de page 29.

Virage de la réaction
C'est la situation clinique qui permet le mieux de distinguer un virage tuberculinique de l'effet de rappel décrit dans la prochaine section. S'il y a eu une exposition récente, tel un contact étroit avec un cas de TB active ou une exposition professionnelle à la TB chez un travailleur, la probabilité d'un virage tuberculinique sera plus grande que s'il n'y a pas eu d'exposition. Le virage tuberculinique est défini comme une réaction au TCT de 10 mm ou plus après une réaction de moins de 5 mm à un test antérieur. Si la taille de la réaction antérieure se situait entre 5 et 9 mm, la définition du virage est alors plus controversée. Au moins deux critères sont utilisés actuellement, mais aucun n'est étayé par des données solides :

  1. une augmentation de 6 mm ou plus : il s'agit d'un critère plus sensible, proposé pour les personnes qui sont immunodéprimées et courent un risque accru de maladie, ou encore dans le cas d'une éclosion;
  2. une augmentation de 10 mm ou plus : ce critère est moins sensible mais plus spécifique. En général, on peut dire que plus l'augmentation de la taille des réactions est importante, plus la probabilité qu'il s'agisse d'un véritable virage tuberculinique est forteNote de bas de page 29.

Toutes les données expérimentales et épidémiologiques montrent invariablement que le virage se produit dans les 8 semaines suivant l'expositionNote de bas de page 29. Par conséquent, le fait d'adopter une période de 8 semaines comme intervalle maximal pour le virage à la suite d'une exposition permet d'identifier un mois plus tôt les contacts nouvellement infectés. Cet intervalle est aussi plus pratique pour les contacts occasionnels, qui peuvent être testés une fois seulement après 8 semaines; de plus, moins de problèmes d'interprétation se posent à cause de l'effet de rappel.

TCT en deux étapes et effet de rappel
Un premier TCT peut entraîner une faible réponse, mais stimuler une réponse immunitaire secondaire anamnestique, de telle sorte que le deuxième TCT pratiqué entre 1 semaine et 1 année plus tard produira une réaction beaucoup plus marquéeNote de bas de page 29. Il est important de reconnaître ce phénomène, car il peut être confondu avec un virage tuberculinique. L'effet de rappel a été décrit pour la première fois chez des personnes âgées et on a cru qu'il indiquait qu'une ITL avait été contractée de nombreuses années auparavant (ancienne) et que l'immunité s'était affaiblie par la suiteNote de bas de page 30. On l'a également décrit chez des personnes qui avaient reçu le BCG dans le passé ou qui s'étaient révélées sensibles aux antigènes de mycobactéries non tuberculeusesNote de bas de page 21 Note de bas de page 31 Note de bas de page 32.

Indications du test à la tuberculine en deux étapes
Le TCT en deux étapes est recommandé si l'on envisage de pratiquer ultérieurement des TCT à intervalles réguliers ou après une exposition à un cas de TB infectieuse, par exemple chez les travailleurs de la santé ou le personnel des établissements correctionnelsNote de bas de page 29. On vise ainsi à réduire le risque d'un virage tuberculinique faussement positif lorsque le TCT est répété. Il n'y a pas consensus à savoir si les voyageurs devraient subir le TCT en deux étapes avant ou après un voyage dans une région où l'incidence de la TB est élevée. Le lecteur est prié de se reporter au chapitre 13, La surveillance et le dépistage de la tuberculose dans les populations à risque élevé, pour connaître les recommandations à ce sujet.

Le protocole en deux étapes doit être appliqué UNE FOIS seulement s'il est bien exécuté et documenté. Il n'est jamais nécessaire de le répéter. Tout TCT subséquent peut se faire en une étape, peu importe le laps de temps écoulé depuis le dernier TCTNote de bas de page 2 Note de bas de page 7.

TCT répété lors d'une recherche des contacts : Lors d'une recherche des contacts, un seul TCT devrait être effectué le plus tôt possible après que le diagnostic a été posé chez la source et que le contact a été identifié. Si le premier TCT est négatif et a été réalisé moins de 8 semaines après la fin de tout contact avec la source, un second TCT devrait être effectué au moins 8 semaines après la fin du contact. Cette méthode vise à détecter les infections très récentes survenues juste avant la fin du contact, car il faut 3 à 8 semaines avant que le TCT devienne positif après le moment où l'infection a été contractéeNote de bas de page 2 Note de bas de page 7.

TechniqueNote de bas de page 2 Note de bas de page 7 Note de bas de page 29
Le même matériel et les mêmes techniques d'administration et de lecture devraient être utilisés pour les deux tests. Il devrait y avoir un intervalle de 1 à 4 semaines entre le premier et le deuxième test. Un intervalle de moins de 1 semaine ne laisse pas assez de temps au phénomène pour se produire, alors qu'un délai supérieur à 4 semaines peut permettre un véritable virage tuberculinique. Les deux tests devraient être lus et les résultats consignés après 48 à 72 heures. Dans certains centres, afin de réduire à trois le nombre total de visites, le premier test est lu après 1 semaine et les personnes dont le résultat est négatif peuvent subir immédiatement le deuxième TCT. Notons cependant que la lecture faite après 1 semaine est moins fiable et n'est donc pas recommandée.

Interprétation
Les deux seules études longitudinales portant sur le risque de TB après un effet de rappel définissaient cette réaction anamnestique simplement comme un résultat de 10 mm ou plus au second TCTNote de bas de page 16 Note de bas de page 33. Il est donc recommandé de considérer comme significatif un résultat de 10 mm ou plus au second TCT et de faire subir au patient une évaluation médicale et une radiographie pulmonaire.

Chez les personnes âgées, un effet de rappel marqué indique vraisemblablement une ITL ancienne. Dans les études longitudinales, les sujets qui avaient une réaction de 10 mm ou plus au second TCT présentaient un risque de TB deux fois moins élevé environ que les sujets dont la réaction au premier test était de 10 mm ou plusNote de bas de page 33. Ainsi, on devrait considérer que le risque de TB pour les personnes dont la réaction à un second TCT est de 10 mm ou plus se situe à un niveau intermédiaire entre celui des sujets qui ont obtenu un résultat positif au premier test et celui des sujets qui ont obtenu un résultat négatif au premier test dans le même groupe.

Prise en charge
Toutes les personnes qui ont une réaction de 10 mm ou plus au second test d'un TCT en deux étapes n'auront plus besoin de subir de TCT à l'avenir, car il n'aura plus d'utilité cliniqueNote de bas de page 2 Note de bas de page 7. Ces personnes devraient subir une évaluation médicale, telle que celle effectuée dans le cas des sujets qui ont obtenu un résultat positif à un premier TCT. Comme le risque de TB est environ deux fois moins élevé que chez les patients dont le TCT initial est positif, la décision d'administrer de l'INH devra être prise au cas par cas.

Une question courante qui se pose est de savoir comment prendre en charge une personne qui a présenté une induration de 5 à 9 mm au premier TCT et de 10 mm ou plus au second TCT, lorsque la différence entre les deux résultats est de moins de 6 mm. Ce cas devrait être considéré comme ayant un TCT positif; autrement dit, il devrait subir une évaluation médicale, mais ne pas subir d'autre TCT. Bien qu'on ne dispose pas de données épidémiologiques suffisantes, il semble raisonnable de penser que le risque de TB active serait alors plus faible que chez les personnes dont le résultat au second TCT a augmenté d'au moins 6 mm. La décision d'administrer de l'INH devra être prise au cas par cas.

Tests de libération d'interféron gamma (TLIG)

La mise au point des TLIG constitue une nouvelle percée dans le diagnostic de l'ITL. Les TLIG sont des tests sanguins in vitro qui permettent d'évaluer la réponse immunitaire à médiation cellulaire; ils mesurent la libération d'interféron gamma (IFN-γ) par les lymphocytes T après stimulation par des antigènes spécifiques de Mycobacterium tuberculosis : la protéine ESAT-6 (early secreted antigenic target 6) et la protéine CFP-10 (culture filtrate protein 10). Ces antigènes sont codés par des gènes situés dans le segment appelé région de différence 1 (RD1) du génome de M. tuberculosisNote de bas de page 1. Ils sont plus spécifiques de M. tuberculosis que les protéines purifiés dérivées de M. tuberculosis (PPD), car ils ne sont pas présents dans les souches vaccinales du BCG ni dans la plupart des espèces de mycobactéries non tuberculeuses, à l'exception de M. marinum, M. kansasii, M. szulgai et M. flavescensNote de bas de page 1.

Types d'essais

Deux TLIG sont offerts dans de nombreux pays : le QuantiFERON-TB Gold In-Tube (QFT-GIT) (Cellestis/Qiagen, Carnegie, Australie) et le T-SPOT.TB (Oxford Immunotec, Abingdon, Royaume-Uni). Ces deux tests sont approuvés par Santé Canada et par la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis.

Le QFT-GIT est un test ELISA (essai immunoenzymatique) dans un tube qui est réalisé sur du sang total et qui utilise les peptides de trois antigènes de M. tuberculosis (ESAT-6, CFP-10 et TB7.7). Le résultat est exprimé en nombre d'unités internationales (UI) d'IFN-γ par millilitre (mL). Un sujet est considéré comme étant infecté par M. tuberculosis si la quantité d'IFN-γ produite en réponse aux antigènes de M. tuberculosis se situe au-delà de la valeur seuil (après soustraction de la quantité d'IFN-γ mesurée dans le témoin négatif [bruit de fond]) [se référer à l'annexe D, Normes pour les laboratoires de tuberculose et de mycobactériologie : services et politiques].

Le T-SPOT.TB est un essai immunoenzymatique de type ELISPOT (enzyme-linked immunospot) réalisé sur des cellules mononucléées du sang périphérique séparées et comptées; il utilise les peptides des antigènes ESAT-6 et CFP-10. Le résultat est exprimé en nombre de lymphocytes T produisant de l'IFN-γ (cellules formant des « spots »). Un sujet est considéré comme étant infecté par M. tuberculosis si le nombre de spots dans les puits contenant les antigènes du bacille dépasse un seuil établi par rapport aux puits contenant les témoins (se référer à l'annexe D).

Les TLIG doivent être effectués dans des laboratoires qui disposent de l'équipement requis et de personnel compétent. De plus, comme les TLIG s'effectuent sur des échantillons de sang frais, les étapes pré-analytiques et les délais de transport peuvent nuire à sa performanceNote de bas de page 34. Les échantillons de sang pour le QFT-GIT doivent être prélevés et agités conformément aux directives du fabricant. Ils doivent être mis dans une étuve le plus tôt possible, dans les 16 heures suivant le prélèvement. En ce qui concerne le T-SPOT.TB standard, le sang doit être traité dans les 8 heures suivant le prélèvement. Cependant, si le réactif T-Cell Xtend® est utilisé, le sang total peut être conservé pendant la nuit, puis être traité le lendemainNote de bas de page 35. Les trousses d'analyse doivent être transportées et conservées dans des conditions optimales pour prévenir l'exposition à une chaleur excessive. Des méthodes d'assurance qualité strictes sont nécessaires pour déceler les tendances inhabituelles dans les résultats (p. ex. un pic du nombre de résultats indéterminés en raison d'une faible réponse à l'agent mitogène ou de fortes réponses des témoins négatifs), et il est important d'analyser un témoin négatif et un témoin positif à chaque essai. L'annexe D fournit des renseignements techniques sur l'exécution des TLIG et l'interprétation des résultats, ainsi que sur les façons d'obtenir des résultats de grande qualité.

Dans les recommandations qui suivent, les deux TLIG commerciaux (QFT et T-SPOT.TB) sont considérés comme acceptables, bien qu'il existe des différences entre les deux sur les plans de l'expertise de laboratoire requise, du coût, des étapes pré analytiques et de la facilité d'utilisation (se référer à l'annexe D). La décision concernant le TLIG commercial à offrir est laissée à la discrétion des laboratoires provinciaux, commerciaux et hospitaliers du Canada.

Sensibilité et spécificité des TLIG

Lorsqu'on utilise comme critère substitutif de référence la TB active, les TLIG ont une spécificité > 95 % pour le diagnostic de l'ITL, et la vaccination par le BCG n'a pas d'incidence sur leur spécificitéNote de bas de page 36 Note de bas de page 37. La sensibilité du T-SPOT.TB semble supérieure à celle du QFT-GIT et du TCT (environ 90 %, 80 % et 80 %, respectivement)Note de bas de page 37. La spécificité du TCT est élevée dans les populations non vaccinées par le BCG (97 %). Dans les populations qui reçoivent le BCG, elle est beaucoup plus faible, quoique variable (environ 60 %)Note de bas de page 37.

Comme le statut vaccinal à l'égard du BCG n'a pas d'incidence sur les TLIG, ceux ci sont utiles pour évaluer l'ITL chez les personnes vaccinées par le BCG, en particulier dans les situations où le BCG est administré après la première année de vie ou plus d'une fois (rappel). Par contre, comme il a déjà été mentionné, la spécificité du TCT varie selon le moment d'administration du BCG et l'administration ou non de doses de rappelNote de bas de page 18. De plus, bien que cette constatation soit basée sur des données limitées, la plupart des mycobactéries non tuberculeuses qui peuvent causer des réactions faussement positives au TCT ne semblent pas avoir d'effet sur les TLIG. Néanmoins, deux mycobactéries non tuberculeuses, Mycobacterium marinum et M. kansasii, renferment des séquences de gènes qui codent les protéines ESAT-6 ou CFP-10, antigènes utilisés dans les nouveaux TLIG. L'infection par l'une ou l'autre de ces MNT a donné des résultats positifs avec les TLIG qui utilisent ces antigènes, tout comme avec le TCTNote de bas de page 38 Note de bas de page 39.

L'infection à VIH réduit la sensibilité des TLIGNote de bas de page 40 Note de bas de page 41. De faibles numérations de lymphocytes CD4 ont été associées à des taux élevés de résultats indéterminés aux TLIG, en particulier avec le QFT-GITNote de bas de page 40 Note de bas de page 41. L'immunosuppression semble moins influer sur le T-SPOT.TB que sur le QFT-GIT, probablement parce que la technique d'analyse exige qu'un nombre adéquat de cellules mononucléées du sang périphérique soit placé dans chaque puits, même si le nombre total de lymphocytes dans le sang périphérique est faible. Un « résultat indéterminé » indique que le test ne peut pas donner de résultat valide, souvent en raison d'une immunosuppression qui entraîne une absence de réponse des lymphocytes T du témoin positif. La probabilité d'obtenir un résultat indéterminé augmente parallèlement à la baisse du nombre de lymphocytes CD4 chez les personnes infectées par le VIH. Un résultat indéterminé au TLIG devrait être répété pour s'assurer qu'il n'est pas dû à un problème technique ou à une erreur du laboratoire. Si le résultat du deuxième TLIG est aussi indéterminé, le clinicien ne peut pas s'y fier pour prendre une décision clinique. D'autres tests, les facteurs de risque et les données cliniques constitueront de l'information utile dans un tel casNote de bas de page 42.

Corpus de données sur la performance des TLIG chez divers sous-groupes

Un grand nombre d'études ont évalué les TLIG, et ces études ont été résumées dans plusieurs revues systématiques et lignes directrices (se référer à la section 'Principales conclusions des revues systématiques sur les TLIG'). Tout comme le TCT, les TLIG sont des marqueurs de substitution de l'infection à M. tuberculosis et indiquent une réponse immunitaire à médiation cellulaire à M. tuberculosis. Les TLIG (tout comme le TCT) ne permettent pas de distinguer l'infection latente de la TB active.

Principales conclusions des revues systématiques sur les TLIG

  • Sous groupes ou objet de l'examen : TB active (pulmonaire et extra pulmonaire) Note de bas de page 43 Note de bas de page 44
    • Principales conclusions: Les TLIG ont une exactitude limitée à l'égard du diagnostic de la TB active. Leur sensibilité n'est pas assez élevée pour qu'ils permettent d'exclure une TB, et comme ils ne permettent pas de distinguer une TB active d'une ITL, leur spécificité à l'égard de la TB active est faible et ne peut pas servir à établir la présence de la maladie.
  • Sous groupes ou objet de l'examen : EnfantsNote de bas de page 45 Note de bas de page 46
    • Principales conclusions: L'exactitude du TCT et des TLIG est similaire en ce qui concerne la détection de l'infection tuberculeuse et le diagnostic de la maladie chez les enfants. Les deux tests sont similairement corrélés avec le gradient d'exposition chez les enfants. Toutefois, la capacité du TCT et des TLIG à établir ou à exclure une TB active est sous optimale.
  • Sous groupes ou objet de l'examen : Personnes infectées par le VIHNote de bas de page 40 Note de bas de page 41 Note de bas de page 47
    • Principales conclusions: Les données les plus récentes laissent croire que les TLIG ont une efficacité similaire au TCT pour identifier les personnes infectées par le VIH qui souffrent d'une ITL. Les deux tests ont une valeur prédictive modeste et une sensibilité sous optimale. Même si le T SPOT semblait moins affecté par l'immunosuppression que le QFT GIT et le TCT, globalement, les différences observées entre les trois tests étaient faibles ou ne permettaient pas de tirer des conclusions.
  • Sous groupes ou objet de l'examen : Maladies inflammatoires à médiation immunitaire (MIMI) Note de bas de page 48-50
    • Principales conclusions: Les données les plus récentes ne laissent pas clairement croire que les TLIG sont plus efficaces que le TCT pour identifier les personnes atteintes d'une MIMI qui pourraient bénéficier d'un traitement de l'ITL. À ce jour, aucune étude n'a été menée pour évaluer la valeur prédictive des TLIG chez les patients atteints d'une MIMI. Parmi les patients soumis à une thérapie biologique, dans des régions où la prévalence de la TB est modérée ou élevée, et parmi les patients qui présentent des facteurs de risque de la TB, certaines données laissent croire que l'utilisation combinée du TCT et du TLIG augmente la sensibilité.
  • Sous groupes ou objet de l'examen : Travailleurs de la santéNote de bas de page 51 Note de bas de page 52
    • Principales conclusions: L'utilisation d'un TLIG au lieu d'un TCT pour un test unique pourrait se traduire par un nombre réduit de tests positifs ainsi que de travailleurs de la santé qui ont besoin d'un traitement de l'ITL, en particulier dans les milieux où l'incidence de la TB est faible. Cependant, lorsque les valeurs seuils du fabricant étaient utilisées, les taux de positivation des TLIG étaient élevés (2 % à 15 %), souvent plus élevés que ceux du TCT, et plus élevés que le risque annuel d'infection tuberculeuse attendu dans ces milieux à faible incidence. Les taux de négativation spontanée étaient eux aussi élevés avec les TLIG, soit de 20 % à 40 % dans la plupart des études.
  • Sous groupes ou objet de l'examen : Valeur prédictive de l'évolution vers la TB activeNote de bas de page 53
    • Principales conclusions: L'exactitude en ce qui concerne la prédiction de la TB active n'est grande ni pour les TLIG ni pour le TCT, bien que l'utilisation des TLIG dans certaines populations puisse réduire le nombre de personnes chez lesquelles un traitement préventif est envisagé.
  • Sous groupes ou objet de l'examen : Reproductibilité, variation intra sujet des résultats des TLIG, et effet de rappel du TCT sur les résultats des TLIGNote de bas de page 54
    • Principales conclusions: Bien qu'elle soit basée sur des données limitées, une variabilité intra sujet était présente dans toutes les études, mais son ampleur variait (16 % à 80 %) d'une étude à l'autre. Un « effet de rappel » induit par le TCT sur les résultats des TLIG a été mis en évidence dans plusieurs études, et même s'il était plus prononcé chez les personnes dont le résultat du TLIG était positif (personne sensibilisée), il était aussi présent chez une proportion plus faible mais significative des sujets dont le résultat au TLIG était négatif.
  • Sous groupes ou objet de l'examen : Utilisation des TLIG pour la surveillance de la réponse au traitement antituberculeuxNote de bas de page 55
    • Principales conclusions: La surveillance des changements dans les résultats du TLIG pendant le traitement antituberculeux n'a aucune utilité chez l'adulte. Les données chez les enfants sont limitées, mais vont dans le même sens que les résultats signalés chez les adultes.

TLIG Pour le diagnostic de la TB active

Pour le diagnostic de la TB active, la sensibilité et la spécificité des TLIG sont faibles, en particulier chez les personnes vivant dans un milieu où l'incidence de la TB est élevéeNote de bas de page 43. La spécificité est faible parce que la prévalence de l'ITL est élevée dans ces populations (p. ex. immigrants récents) et que les tests immunitaires ne permettent pas de distinguer la maladie active de l'infection latenteNote de bas de page 43. La sensibilité est faible à cause de l'anergie temporaire associée à la maladie aiguë. Un résultat positif au TLIG n'indique pas nécessairement une TB active, et un résultat négatif au TLIG ne permet pas nécessairement d'exclure une TB active. Par conséquent, les TLIG ne devraient pas être employés pour le diagnostic de la TB active chez les adultesNote de bas de page 43.

Enfants

Les données recueillies grâce aux revues systématiques laissent croire que le TCT et les TLIG ont une exactitude similaire en ce qui a trait à la détection de l'infection tuberculeuse et au diagnostic de la maladie chez les enfantsNote de bas de page 45 Note de bas de page 46. Les deux tests sont similairement corrélés avec le gradient d'exposition chez les enfants. Cependant, la capacité du TCT et des TLIG était sous optimale pour ce qui est d'établir ou d'exclure la présence d'une TB active, ce qui montre qu'il vaut mieux utiliser ces tests comme des outils complémentaires (plutôt que des tests isolés) pour le diagnostic clinique de la TB active. Dans le cas des enfants chez qui l'on soupçonne une TB active, tous les efforts devraient être faits pour prélever des échantillons cliniques adéquats pour les tests de microbiologie, et les TLIG devraient être utilisés avec d'autres données cliniques (résultats du TCT, observations à la radiographie pulmonaire, antécédents de contact, etc.) pour étayer un diagnostic de TB activeNote de bas de page 56.

Personnes infectées par le VIH

Les revues systématiques ont révélé que, chez les personnes infectées par le VIH atteintes d'une TB active (critère substitutif de référence pour l'ITL), les estimations groupées de la sensibilité étaient hétérogènes, mais plus élevées pour le T-SPOT.TB (72 %; intervalle de confiance [IC] à 95 % : 62 % à 81 %) que pour le QFT-GIT (61 %; IC à 95 % : 47 % à 75 %) dans les pays à revenu faible ou moyenNote de bas de page 5. Cependant, aucun des TLIG n'était systématiquement plus sensible que le TCT lors des comparaisons directes. Le T-SPOT.TB semblait moins affecté par l'immunosuppression que le QFT-GIT et le TCT, mais, globalement, les différences entre les trois tests étaient faibles ou ne permettaient pas de tirer de conclusions. Par conséquent, les données les plus récentes laissent croire que les TLIG ont une efficacité similaire au TCT pour identifier les personnes infectées par le VIH qui sont atteintes d'une ITL, et les deux tests ont une sensibilité sous optimale pour la détection de la TB activeNote de bas de page 5 Note de bas de page 6 Note de bas de page 47.

Reproductibilité

Lors d'une revue systématique publiée en 2009, des données limitées ont été colligées sur la reproductibilité. Une variabilité intra-sujet a été observée dans toutes les études, et son ampleur différait (16 % à 80 %) d'une étude à l'autreNote de bas de page 54. Des études plus récentes ont confirmé cette observation et ont étendu le type de données sur la reproductibilité des tests. Il existe maintenant des études qui montrent cinq importantes causes de variabilité des résultats des TLIG :

  1. les étapes pré analytiques (agitation des tubes, délai avant l'incubation, durée d'incubation, etc.);Note de bas de page 34
  2. la variation entre les résultats du premier et du deuxième test (même échantillon, analysé deux fois);Note de bas de page 57
  3. les variations intra-sujet dans le temps (même personne, tests effectués des jours différents sur des échantillons différents);Note de bas de page 58
  4. les variations intra-laboratoire (même échantillon analysé dans des laboratoires différents);Note de bas de page 59
  5. les variations des résultats du QFT induites par le TCT (effet d'un ancien TCT sur les valeurs ultérieures d'IFN-γ)Note de bas de page 60.

L'importance des facteurs pré-analytiques tels que le temps écoulé entre le prélèvement du sang et le traitement de l'échantillon ou l'incubation à 37 °C a été reconnue dans une étude récente menée aux États-UnisNote de bas de page 34. Comparativement à l'incubation immédiate, un délai de 6 et de 12 heures entraînait une négativation du résultat dans une proportion de 19 % (5/26) et de 22 % (5/23), respectivement.

Lors d'une vaste étude menée récemment aux États Unis sur la reproductibilité du QFT, les chercheurs ont effectué de nombreux TLIG à l'aide de restes de plasma stimuléNote de bas de page 57. Ils ont fait état d'une variation substantielle des valeurs obtenues lorsque le QFT était répété avec le même échantillon de patient. L'intervalle normal attendu de variation intra sujet à la répétition du test correspondait à une différence de +/- 0,60 UI/mL pour tous les sujets (coefficient de variation [CV] 14 %) et de +/- 0,24 UI/mL (CV 27 %) pour les sujets dont la valeur initiale obtenue au test se situait entre 0,25 et 0,80 UI/mL. Les auteurs ont recommandé d'interpréter avec prudence les résultats des personnes dont les valeurs d'IFN-γ sont inférieures à 0,59 UI/mLNote de bas de page 57.

Une autre étude récente a comparé les résultats des mêmes sujets lorsque le QFT (ELISA) était réalisé dans différents laboratoires des États UnisNote de bas de page 59. Cette étude a révélé une variation interlaboratoires importante de l'interprétation du QFT et des valeurs d'IFN-γ mesurées lorsque les échantillons de sang prélevés en même temps chez une même personne étaient analysés dans trois laboratoires différents. Sur les 97 sujets dont le sang a été analysé dans trois laboratoires, 11 % ont obtenu une interprétation discordante du QFT d'après les données originales signalées. Une partie de la variation de l'interprétation du test était attribuable à des erreurs lors de la saisie manuelle des donnéesNote de bas de page 59.

Toutes ces études ont fait valoir l'utilité d'une zone équivoque (équivalent conceptuel d'un résultat de 5 à 9 mm au TCT) pour l'interprétation des TLIG, plutôt qu'une interprétation simplement négative ou positive. Les versions du QFT Gold In-Tube actuellement approuvées par la FDA et Santé Canada ne donnent pas de zone équivoque, et les laboratoires ne déclarent pas systématiquement les valeurs absolues d'IFN-γ ou de cellules formant des spots.

Actuellement, il n'existe pas de consensus sur la zone équivoque exacte à utiliser, et la question fait l'objet de débats et de recherches. Jusqu'à ce que des données plus définitives soient disponibles et qu'un consensus soit atteint, il convient, d'après la documentation existante, d'interpréter avec prudence les valeurs d'IFN-γ se situant entre 0,20 et 1,00 UI/mL au QFT, car les variations non spécifiques et les problèmes de reproductibilité peuvent facilement laisser faussement croire à une positivation ou à une négativation si la valeur initiale se situait dans la zone équivoque. Si le résultat se situe dans cette zone, le dispensateur de soins peut choisir de répéter le test, selon le contexte clinique et les autres renseignements dont il dispose (p. ex. facteurs de risque). Pour faciliter l'interprétation de telles valeurs, les laboratoires devraient fournir des résultats quantitatifs en plus des résultats dichotomiques (positif ou négatif). C'est particulièrement essentiel pour l'interprétation des résultats du TLIG répété (se référer à l'annexe D).

Les laboratoires devraient aussi normaliser les étapes pré analytiques telles que l'agitation des tubes, l'intervalle entre le prélèvement du sang et l'incubation, et la durée exacte d'incubation. Si on utilise des étuves portatives, il importe de s'assurer que leur température peut être stabilisée précisément à 37 °C. Les laboratoires devraient aussi éviter la saisie manuelle des résultats pour ne pas ajouter à la variabilité et aux erreurs (se référer à l'annexe D).

Travailleurs de la santé et autres groupes qui pourraient bénéficier de tests en série

Des tests en série (répétés) de détection de l'infection tuberculeuse sont indiqués dans certaines populations telles que les travailleurs de la santé qui œuvrent dans un milieu à haut risque, les détenus et le personnel des établissements correctionnels ainsi que les contacts étroits.

Plusieurs études ont évalué l'utilisation des TLIG chez les travailleurs de la santé, et ces études ont été résumées dans des revues systématiques ou narrativesNote de bas de page 51 Note de bas de page 55 Note de bas de page 61. Dans les milieux où l'incidence de la TB est faible, la prévalence groupée des TLIG positifs chez les travailleurs de la santé était significativement plus basse que celle du TCT positif. Cependant, dans les milieux à forte incidence, aucune différence constante en ce qui concerne la prévalence des tests positifs n'a été constatée. Les résultats du TLIG étaient bien corrélés avec les facteurs de risque professionnels d'exposition à la TB dans les milieux à faible incidence. Seules dix études ont évalué l'utilisation des TLIG pour les tests en série, et toutes ont fait état d'une grande variation dans les taux de positivation et de négativation; aucune donnée ne laissait croire que les TLIG étaient plus efficaces que le TCT pour déterminer l'incidence des nouvelles infections tuberculeusesNote de bas de page 51.

Par conséquent, l'utilisation d'un TLIG au lieu d'un TCT pour un test unique pourrait se traduire par un nombre réduit de tests positifs ainsi que de travailleurs de la santé qui ont besoin d'un traitement de l'ITL, en particulier dans les milieux où l'incidence de la TB est faible. Cependant, lorsqu'un simple changement de négatif à positif était utilisé comme seuil, les taux de positivation des TLIG étaient élevés (2 % à 15 %), souvent plus élevés que ceux du TCT, et plus élevés que le risque annuel d'infection tuberculeuse attendu dans ces milieux à faible incidence. Les taux de négativation étaient eux aussi élevés avec les TLIG, soit de 20 % à 40 % dans la plupart des étudesNote de bas de page 52. Ainsi, l'utilisation des TLIG pour les tests en série est rendue difficile par le manque de données sur les seuils optimaux pour les tests en série, les problèmes de reproductibilité ainsi qu'une interprétation et un pronostic incertains des positivations et des négativationsNote de bas de page 61.

D'après le nombre croissant d'études ayant évalué les TLIG en série, plusieurs observations peuvent être dégagéesNote de bas de page 44 :

  • Les TLIG sont intrinsèquement dynamiques dans un contexte de tests en série, et cela se reflète dans la littérature, qui fait constamment état de taux plus élevés de positivation et de négativation.
  • Ce profil dynamique s'observe dans les milieux où l'incidence de la TB est faible, intermédiaire ou élevée, ce qui laisse croire qu'au moins une partie des variations observées est due au test lui-même, quel que soit le risque d'exposition. Il s'agit de variations non spécifiques attribuables à des facteurs biologiques ainsi que de problèmes de reproductibilité du test (déjà examinés).
  • Si les TLIG ne souffrent pas de la subjectivité associée à la lecture du résultat du TCT, d'autres facteurs ont une influence sur leur reproductibilité, notamment le délai avant l'analyse (p. ex. délai avant l'incubation et durée de l'incubation), les manipulations telles que l'agitation des tubes (pour le QFT), ainsi que la variation entre les résultats du premier et du deuxième test et les variations interlaboratoires.
  • Si les seuils du fabricant sont utilisés pour déterminer la positivation, ils donneront probablement des taux de positivation incompatibles avec ce que les données épidémiologiques laissent prévoir dans un milieu particulier.
  • Il est fort probable que des négativations au TLIG se produisent parmi les personnes dont la valeur d'IFN-γ (ou le nombre de spots) se situe juste au-delà du seuil diagnostique (zone équivoque), et les taux de négativation peuvent dépasser les 40 % à 50 % dans certains milieux. Les négativations peuvent être spontanées, même sans traitement.
  • Bien qu'un TLIG antérieur ne fasse pas augmenter les résultats du TLIG suivant, un TCT antérieur peut faire augmenter le résultat du TLIG suivant; cela s'observe surtout chez les personnes déjà sensibilisées à la mycobactérie (TCT positif), mais pas à cause du BCG.
  • Lorsque les tests sont répétés plus fréquemment chez une même personne, des profils ou phénotypes plus complexes s'observent, y compris des positivations stables ou instables (transitoires), des résultats qui demeurent positifs ou négatifs et d'autres profils complexes difficiles à décrire.
  • Il n'existe pas de données longitudinales sur le pronostic associé à de tels phénotypes ni aucune certitude concernant les sous-groupes qui devraient recevoir un traitement préventif.

Globalement, l'utilisation systématique des TLIG dans les programmes de dépistage en série offre certains avantages (p. ex. plus grande spécificité et logistique facilitée), mais présente aussi des difficultés majeures lors de l'interprétation des résultats, et ce, tant pour le patient que pour ledispensateur de soins. C'est ce qui ressort d'expériences récentes vécues dans des hôpitaux nord américains qui ont commencé à utiliser les TLIG pour le dépistage chez les employés après la publication des lignes directrices de 2005 des Centers for Disease Control and Prevention (CDC)Note de bas de page 62-64. Des observations analogues ont été faites dans des hôpitaux canadiensNote de bas de page 65.

Il existe peu de données sur le moment de la positivation des TLIG. Les données disponibles laissent croire que la plupart des positivations surviennent 4 à 7 semaines après l'exposition à la TBNote de bas de page 66 Note de bas de page 67. Cependant, dans certains cas, la positivation peut survenir après plus de 3 mois; la concordance entre le TCT et les TLIG est meilleure après cette fenêtre sérologique.

Prédiction de la maladie active

Comme le montre une revue systématique récente, ni les TLIG ni le TCT ne peuvent prédire avec une grande exactitude la TB active, bien que l'utilisation des TLIG dans certaines populations puisse réduire le nombre de personnes chez lesquelles un traitement préventif est envisagé (à cause de la plus grande spécificité)Note de bas de page 53. Plusieurs études longitudinales montrent que les taux d'incidence de la TB active sont faibles, même parmi les personnes qui obtiennent un résultat positif au TLIG et qui vivent dans un pays où le fardeau de la TB est élevé, ce qui laisse croire que la grande majorité (> 95 %) des sujets dont le résultat est positif au TLIG ne développent pas de TB active pendant le suivi. Il en va de même du TCT. Comparativement aux résultats négatifs, les résultats positifs aux TLIG et au TCT étaient sensiblement les mêmes en ce qui concerne le risque de TB (le rapport des taux d'incidence [RTI] groupés dans les cinq études qui ont utilisé les deux était de 2,11 [IC à 95 % : 1,29-3,46] pour TLIG contre 1,60 [0,94-2,72] pour le TCT au seuil de 10 mm)Note de bas de page 53.

Une seule étude a évalué le risque d'évolution vers la TB associé à la positivation des TLIGNote de bas de page 68. Cette étude, réalisée chez des adolescents d'Afrique du Sud, comparait le taux d'incidence de la TB active après une récente positivation du QFT comparativement à l'absence de positivation. La positivation récente était indicatrice d'un risque environ huit fois plus élevé d'évolution vers la TB active (comparativement à l'absence de positivation) dans les 2 ans suivant la positivation dans une cohorte d'adolescents. Parmi les personnes dont le résultat est passé de négatif à positif, le taux d'incidence de la TB (tous les cas) était de 1,46 cas pour 100 personnes années. Un taux d'incidence de la TB significativement plus bas (0,17 cas pour 100 personnes années) a été observé en l'absence de positivation du QFT68. Il convient de souligner que, même chez les cas de positivation du QFT, l'incidence globale de la TB était d'environ 3 % dans les 2 années suivant la positivation. Ce résultat concorde avec celui d'autres études ayant montré que la grande majorité des personnes qui obtiennent un résultat positif au TLIG ou au TCT ne développent pas la TB. Par conséquent, il faudra mener d'autres recherches pour identifier des biomarqueurs fortement prédictifs qui permettront de repérer les personnes atteintes d'une ITL dont le risque de progression de la maladie est le plus élevéNote de bas de page 69.

Surveillance du traitement

Une revue systématique récente portant sur l'utilisation des TLIG pour la surveillance du traitement antituberculeux a révélé que la négativation du TLIG ne survenait que chez une minorité de patients traités et que la surveillance des modifications des résultats du TLIG dans le temps n'avait aucune utilité clinique chez les adultesNote de bas de page 55. Les données concernant les enfants étaient limitées, mais allaient dans le même sens que celles obtenues avec les adultes.

Recommandations révisées concernant l'utilisation du TCT et des TLIG au Canada

Les données disponibles laissent croire que le TCT et les TLIG sont acceptables, mais imparfaits, dans le cas de l'ITL. En règle générale, les TLIG sont plus spécifiques que le TCT dans les populations ayant reçu le vaccin BCG, en particulier si ce vaccin a été donné après la première année de vie ou à plusieurs reprises. Ni le TCT ni les TLIG ne permettent de distinguer l'ITL de la TB active, et leur utilité est donc nulle pour la détection de la TB active chez les adultes. La sensibilité des deux tests est sous optimale pour la TB active, en particulier chez les personnes infectées par le VIH et chez les enfants. Les deux tests semblent bien corrélés avec le gradient d'exposition. Ni les TLIG ni le TCT ne permettent de prédire avec une grande exactitude la TB active, bien que l'utilisation des TLIG dans certaines populations puisse réduire le nombre de personnes chez lesquelles le traitement de l'ITL est envisagé. Les TLIG comportent certaines améliorations par rapport au TCT, mais il s'agit plutôt d'un complément que d'une transformationNote de bas de page 70.

En 2010, le Comité canadien de lutte antituberculeuse a publié une déclaration d'un comité consultatif (mise à jour) sur les TLIGNote de bas de page 4 qui recommandait l'utilisation du TLIG comme test de confirmation lorsque l'on soupçonnait un résultat faussement négatif ou faussement positif. Les nouvelles recommandations qui suivent remplacent la précédente déclaration d'un comité consultatif :

Le TCT et le TLIG sont tous deux acceptables pour le diagnostic de l'ITL. Les deux tests peuvent être utilisés dans toute situation où le dépistage de l'ITL est indiqué, exception faite des préférences et des situations qui suivent.

Nouvelles recommandations

1. Situations dans lesquelles ni le TCT ni les TLIG ne devraient être utilisés pour le dépistage

  • Ni le TCT ni le TLIG ne devraient être employés chez les personnes qui présentent un faible risque d'infection et un faible risque d'évolution de l'infection vers une TB active s'ils sont infectés. Cependant, il arrive souvent que des personnes à faible risque soient soumises à un test avant une exposition, lorsque le test sera probablement répété. Dans cette situation, le TCT est recommandé (se référer à la recommandation 3); si le TCT est positif, un TLIG peut être utile pour confirmer ce résultat afin d'augmenter la spécificité.
  • Ni le TCT ni le TLIG ne devraient être employés pour le diagnostic de la TB active chez les adultes (dans le cas des enfants, se référer à la recommandation 4).
  • Ni le TCT ni le TLIG ne devraient être employés pour le dépistage systématique ou de masse de l'ITL chez tous les immigrants (adultes et enfants).
  • Ni le TCT ni le TLIG ne sont des outils utiles pour la surveillance de la réponse au traitement antituberculeux.
    (Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité élevée)

Justification Le but du dépistage de l'ITL est d'identifier les personnes qui présentent un risque accru de développer une TB active et qui bénéficieraient donc d'un traitement de l'ITL. Seules les personnes qui tireraient des bienfaits d'un traitement devraient subir un test; par conséquent, une décision de faire subir le test présuppose une décision de traiter si le résultat est positif. C'est la raison qui justifie de ne pas utiliser le TCT ou un TLIG pour le dépistage chez les personnes à faible risque. Cependant, dans certains milieux, les personnes à faible risque pourraient subir un TCT. Dans de telles situations, il pourrait être utile d'exclure un résultat faussement positif au TCT en procédant à un TLIG. Cette stratégie augmentera la spécificité globale du test chez les personnes à faible risque et pourrait aussi être rentable, comme le montre une étude menée au Canada.

Ni le TCT ni les TLIG ne permettent de distinguer l'ITL de la TB active, et ces tests ne devraient donc pas être utilisés pour les adultes chez qui l'on soupçonne une TB activeNote de bas de page 55. Dans le cas des enfants chez qui l'on soupçonne une TB active, tous les efforts devraient être faits pour prélever des échantillons cliniques adéquats pour les tests de microbiologie. Les TLIG peuvent être utilisés comme outil complémentaire d'aide au diagnostic, avec le TCT, d'autres épreuves et les données cliniques (radiographie pulmonaire, antécédents de contact, etc.), pour étayer un diagnostic de TB chez les enfantsNote de bas de page 56.

Ni le TCT ni les TLIG ne sont utiles pour la surveillance de la réponse au traitement antituberculeux, et leur usage à cette fin devrait être évitéNote de bas de page 55.

2. Situations dans lesquelles les TLIG sont préférables pour le dépistage, mais le TCT est acceptable

  • Personnes qui ont reçu le vaccin BCG après la première année de vie ou l'ont reçu plus d'une fois.
  • Personnes appartenant à des groupes dans lesquels, dans le passé, le pourcentage de sujets qui se présentaient pour la lecture du résultat du TCT était faible.
    (Recommandation conditionnelle, reposant sur des preuves de qualité modérée)

Justification
Parmi les personnes qui ont reçu le BCG après la première année de vie ou l'ont reçu à plusieurs reprises, la spécificité du TCT sera probablement faible. Le TLIG est donc le test privilégié, bien que le TCT puisse aussi être employé. Parmi les personnes appartenant à des populations dans lesquelles, dans le passé, le pourcentage de sujets qui se présentaient pour la lecture du résultat TCT était faible (sans-abris, utilisateurs de drogues par injection, etc.), l'utilisation des TLIG peut aider à obtenir un taux plus élevé de dépistage complet et de suivi, même s'il sera peut-être difficile d'administrer un traitement complet contre l'ITL dans ces populations.

3. Situations dans lesquelles le TCT est recommandé pour le dépistage, mais un TLIG n'est PAS acceptable

  • Le TCT est recommandé dans toutes les situations où une répétition du test est prévue pour évaluer le risque d'une nouvelle infection (virage) telles que la recherche des contacts ou des tests en série chez les travailleurs de la santé ou d'autres populations (p. ex. personnel des établissements correctionnels ou détenus) qui peuvent être exposées de façon constante.
    (Recommandation conditionnelle, reposant sur des preuves de qualité modérée)

Justification
Les TLIG ne sont pas recommandés dans ces situations parce que les études portant sur les tests en série ont révélé des taux élevés de positivation et de négativation non liés à l'exposition ou au traitement. Il n'y a pas consensus sur les valeurs seuils adéquates ou les zones équivoques permettant de décider s'il y a positivation ou négativation des TLIG, mais, selon la documentation publiée, les valeurs d'IFN-γ se situant entre 0,20 et 1,00 UI/mL pour le QFT devraient être interprétées avec prudence, car les variations non spécifiques et les problèmes de reproductibilité peuvent facilement laisser faussement croire à une positivation ou à une négativation si la valeur initiale se situait dans la zone équivoque. Si le résultat se situe dans cette zone, le dispensateur de soins peut choisir de répéter le test, selon le contexte clinique et les autres renseignements dont il dispose (p. ex. facteurs de risque). Pour faciliter l'interprétation de telles valeurs, les laboratoires devraient fournir des résultats quantitatifs en plus des résultats dichotomiques (positif ou négatif).

4. Situations dans lesquelles les deux tests peuvent être employés (l'un après l'autre, quel que soit l'ordre) pour augmenter la sensibilité

Bien que l'usage systématique des deux tests (TCT et TLIG) ne soit pas recommandé, il existe des situations dans lesquelles les deux résultats peuvent être utiles pour augmenter la sensibilité globale :

  • Lorsque le risque d'infection, le risque d'évolution vers la maladie et le risque d'une issue défavorable sont élevés. se référer au chapitre 6, Le traitement de l'infection tuberculeuse latente.
  • Dans le cas des enfants (moins de 18 ans) chez lesquels on soupçonne une TB active, les TLIG peuvent être employés comme outil diagnostique complémentaire, en association avec le TCT et d'autres épreuves, pour étayer le diagnostic de TB. Toutefois, les TLIG ne devraient pas remplacer le prélèvement d'échantillons adéquats ni éliminer la nécessité d'effectuer de tels prélèvements. Un TLIG (ou TCT) négatif ne permet PAS d'écarter une TB active chez les patients de tous âges, en particulier les jeunes enfants.
  • De plus, la répétition d'un TLIG, ou l'exécution d'un TCT, peut être utile lorsque le résultat du premier TLIG était indéterminé, équivoque ou non valide et lorsque la raison pour laquelle le test a été réalisé est toujours manifeste.
    (Recommandation conditionnelle, reposant sur des preuves de qualité modérée)

Dans ces situations, il est recommandé au dispensateur de soins d'utiliser le TCT ou un TLIG comme premier test et, si le résultat est négatif, de recourir à un deuxième test différent. Si le premier test est positif, le deuxième n'est pas nécessaire.

Par exemple, si le TCT initial est positif, le dépistage cesse parce que l'ITL est diagnostiquée. Si le TCT initial est négatif, un TLIG peut être réalisé (ou vice versa, si le premier test était un TLIG).

Importance de tenir compte du contexte clinique

Les résultats du TCT et des TLIG devraient être interprétés de pair avec d'autres données cliniques pertinentes telles que l'âge, le statut à l'égard du BCG, les antécédents de contact avec une personne atteinte de TB active et les facteurs qui augmentent le risque d'évolution vers la maladie active. Un algorithme Interpréter le TCT/TLIG(IGRA en ligne), a été mis au point pour faciliter l'interprétation tridimensionnelle de ces tests. Toutes les personnes qui obtiennent un résultat positif au TCT ou au TLIG devraient subir une évaluation pour déterminer si elles sont atteintes d'une ITL ou d'une TB active et pour être traitées conformément aux recommandations des chapitres 5, Le traitement de la tuberculose active et 6, Le traitement de l'infection tuberculeuse latente.

Références

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