Chapitre 10 : Normes Canadiennes pour la lutte antituberculeuse 7e édition – La tuberculose et le virus de l'immunodéficience humaine
Normes Canadiennes pour la lutte antituberculeuse 7e édition
- Chapitre 1. L'épidémiologie de la tuberculose au Canada
- Chapitre 2. La pathogenèse et la transmission de la tuberculose
- Chapitre 3. Le diagnostic de la tuberculose active et de la pharmacorésistance
- Chapitre 4. Le diagnostic de l'infection tuberculeuse latente
- Chapitre 5. Le traitement de la tuberculose active
- Chapitre 6. Le traitement de l’infection tuberculeuse latente
- Chapitre 7. La tuberculose non respiratoire
- Chapitre 8. La tuberculose pharmacorésistante
- Chapitre 9. La tuberculose de l’enfant
- Chapitre 10. La tuberculose et le virus de l’immunodéficience humaine
- Chapitre 11. Les mycobactéries non tuberculeuses
- Chapitre 12. Le suivi des contacts et la gestion des éclosions dans le cadre de la lutte antituberculeuse
- Chapitre 13. La surveillance et le dépistage de la tuberculose dans certaines populations à haut risque
- Chapitre 14. La prévention de la tuberculose et les soins aux tuberculeux chez les membres des Premières nations, les Inuits et les Métis
- Chapitre 15. La prévention et la lutte contre la transmission de la tuberculose dans les milieux de soins de santé et d’autres milieux
- Chapitre 16. La vaccination par le bacille de Calmette-Guérin (BCG) au Canada
Annexes
Chapitre 10 - La tuberculose et le virus de l'immunodéficience humaine
Stan Houston, MD, DTM&H, FRCPC
Thomas Wong, MD, MPH, FRCPC
Table des matières
- Messages/Points Clés
- Introduction
- Physiopathologie
- Diagnostic de l'infection à VIH chez les patients tuberculeux
- Diagnostic de l'infection tuberculeuse chez les sujets infectés par le VIH
- Prévenir le développement d'une TB active : TAR et traitement de l'infection tuberculeuse latente
- Diagnostic de la TB active
- Traitement de la TB
- Mise en route du TAR
- Interactions médicamenteuses
- 10.1 Antirétroviraux
- 10.2 Rifamycines
- Traitement de la TB pharmacorésistante (multirésistante et ultrarésistante) en présence d'une coinfection par le VIH
- Réactions de reconstitution immunitaire
- Bacille de Calmette-Guérin
- Lutte contre la transmission de la TB aux personnes infectées par le VIH : coordination des programmes
- Références
Messages/Points Clés
Diagnostic de l'infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH)
- Tous les patients dont la TB vient d'être diagnostiquée et dont on ignore le statut à l'égard du VIH devraient subir, après en avoir été informés, un dépistage sérologique du VIH, à moins qu'ils le refusent de façon persistante (consentement présumé au dépistage).
- Les programmes de lutte antituberculeuse devraient tirer profit des activités de recherche des contacts pour offrir aux personnes à risque le dépistage du VIH à l'initiative du dispensateur de soins.
Diagnostic de l'infection tuberculeuse latente (ITL)
- Tout patient dont l'infection à VIH vient d'être diagnostiquée devrait être évalué en ce qui concerne les antécédents de TB active, les résultats d'anciens tests cutanés à la tuberculine (TCT) et l'exposition connue ou probable à la TB par suite d'un contact étroit avec un cas contagieux ou de l'exposition à une population dans laquelle la prévalence de la TB est élevée. Une évaluation clinique et une radiographie pulmonaire devraient être effectuées pour déceler des signes d'une TB antérieure ou active.
- Sauf lorsque le patient a des antécédents de TB active ou lorsqu'on peut déterminer avec certitude qu'un TCT ou un test de libération d'interféron gamma (TLIG) a donné un résultat positif dans le passé, il faudrait faire subir à toute personne infectée par le VIH un TCT avec 5 unités de tuberculine purifiée et le faire lire après un délai de 48 à 72 heures par un travailleur de la santé qui a de l'expérience dans la lecture des TCT.
- L'usage d'un TLIG comme test supplémentaire peut être envisagé si le TCT est négatif, particulièrement si la probabilité que le patient ait été exposé à la TB est forte.
- Une induration ≥ 5 mm au TCT devrait être considérée comme révélatrice d'une infection tuberculeuse chez les personnes infectées par le VIH.
- Le test d'anergie n'est pas recommandé.
- Le TCT devrait être répété chaque année chez les patients à risque nettement élevé d'exposition continue à la TB, p. ex. exposition dans un refuge pour sans-abri ou séjour dans un pays de forte endémie de TB.
- On devrait envisager de faire subir aux patients dont le TCT initial est négatif un nouveau TCT une fois qu'un traitement antirétroviral (TAR) a été institué et qu'une reconstitution du système immunitaire est signalée par une augmentation du nombre de lymphocytes CD4.
- On devrait faire subir aux patients infectés par le VIH qui obtiennent un résultat positif au TCT ou au TLIG ou qui ont des antécédents bien documentés de TCT positif un examen clinique, une radiographie pulmonaire et d'autres explorations jugées utiles d'après les résultats cliniques afin de déceler la présence d'une TB active. Même lorsque la radiographie pulmonaire est normale, il faudrait obtenir des expectorations pour une recherche de M. tuberculosis par frottis et culture.
Mise en route du TAR et diagnostic de l'ITL
La positivité au TCT ou au TLIG peut être considérée comme un facteur qui justifie la mise en route plus rapide du TAR.
Traitement de l'ITL
Les recommandations concernant le traitement de l'ITL chez les sujets infectés par le VIH sont similaires à celles s'appliquant aux patients non infectés par le VIH et sont examinées en détail au chapitre 6. Il est important de rappeler que, chez les personnes soumises à un TAR, le risque de réactivation de l'ITL est substantiellement plus élevé et que les interactions médicamenteuses doivent être prises en compte.
- Sauf dans les cas où on dispose de preuves que le traitement de l'ITL ou de la TB active a été mené à terme, on devrait vivement recommander à tous les patients infectés par le VIH qui ont présenté une réaction ≥ 5 mm au TCT ou un TLIG positif de se soumettre à un traitement de l'ITL, quel que soit leur âge et qu'ils aient déjà reçu ou non le BCG (bacille de Calmette-Guérin), après que la présence d'une TB active a été exclue.
- Les personnes infectées par le VIH qui auraient eu des contacts étroits récents avec un cas de TB contagieuse devraient recevoir un traitement contre une ITL présumée quel que soit le résultat du TCT.
- Quand un traitement de l'ITL est indiqué chez une personne infectée par le VIH, le schéma recommandé est le même que celui recommandé pour les patients non infectés par le VIH : de l'isoniazide (INH) auto-administré chaque jour pendant 9 mois.
- Vu les taux d'exposition relativement faibles, il n'est pas recommandé de prendre de l'INH pendant plus de 9 mois au Canada.
- L'administration quotidienne de rifampicine (RMP) pendant 4 mois est une solution de rechange pour les patients qui ne tolèrent pas l'INH ou dans le cas d'une résistance à l'INH chez le cas source, ou quand on juge que la probabilité d'achèvement sera très faible si le traitement n'est pas raccourci, à la condition que ce traitement soit compatible avec le schéma antirétroviral du patient.
- La prise quotidienne de RMP et d'INH est une solution de remplacement (chapitre 6), mais l'INH peut être toxique et les interactions médicamenteuses sont possibles avec la RMP.
- Le schéma supervisé d'une durée de 3 mois combinant la rifapentine (RPT) et l'INH pris une fois par semaine est une solution de remplacement prometteuse, mais n'est PAS recommandé actuellement pour les patients infectés par le VIH.
- L'association rifampicine (RMP)-pyrazinamide (PZA) n'est PAS recommandée dans le traitement de l'ITL, quel que soit le statut à l'égard du VIH.
- Il est recommandé de porter une attention particulière aux mesures pratiques telles que les heures d'ouverture des cliniques, l'attitude des employés, les encouragements, le soutien social, le suivi étroit et l'établissement de liens avec les services de soutien à l'observance qui pourraient être en place pour le TAR.
- Dans le cas des patients infectés par le VIH qui présentent des facteurs prédictifs d'une faible observance tels que l'absence de logement stable, la toxicomanie ou une psychose majeure, ou de ceux dont l'observance a été faible dans le passé, des mesures devraient être prises, sans compter les autres mesures de soutien, pour offrir le traitement de l'ITL sous observation directe deux fois par semaine; les schémas bihebdomadaires devraient toujours être administrés sous supervision directe.
- Les personnes infectées par le VIH qui sont candidates à un traitement préventif, mais qui ne le reçoivent pas pour une raison quelconque devraient faire l'objet d'un suivi clinique régulier. Il faudrait prendre en compte la TB lors du diagnostic différentiel, et la recherche de mycobactéries par culture d'échantillons appropriés devrait faire partie de l'exploration de toute maladie inexpliquée.
- Lorsque le traitement de l'ITL est indiqué chez une femme enceinte infectée par le VIH, il devrait être mis en route dès que la TB active a été exclue et ne devrait pas être reporté après l'accouchement.
Diagnostic de la TB active
- Les travailleurs de la santé qui sont appelés à dispenser des soins à des personnes infectées par le VIH devraient être à l'affût des signes de TB, en particulier s'il y a une probabilité épidémiologique accrue d'exposition récente ou passée à la TB, lorsqu'ils tentent de déterminer les causes de toute maladie inexpliquée, notamment une fièvre ou une maladie pulmonaire persistantes, et ce, même en l'absence de signes caractéristiques de la TB.
- Un patient infecté par le VIH qui présente dans un échantillon respiratoire des BAAR devrait généralement être pris en charge comme un cas suspect de TB jusqu'à ce qu'on détermine que la bactérie n'est pas M. tuberculosis.
Traitement de la TB Active
Traitement de la TB
- Le traitement de la TB chez les patients infectés par le VIH devrait être dirigé par un médecin qui possède une expertise dans la prise en charge des deux maladies ou en étroite collaboration avec un médecin expert dans le traitement de l'infection à VIH.
- Le traitement antituberculeux devrait être mis en route immédiatement après le diagnostic de la TB, sans tenir compte du TAR.
- Un schéma standard comprenant une rifamycine (RMP ou rifabutine [RBT]) devrait être utilisé à moins que le bacille soit résistant aux rifamycines ou que le patient ne les tolère pas (se référer au chapitre 5).
- Le programme antituberculeux devrait réussir à traiter jusqu'au bout et avec succès les patients à l'aide des mesures présentées au chapitre 5, correspondant aux besoins des patients, notamment la thérapie sous observation directe (TOD).
- Un traitement de 8 mois se composant d'INH et de RMP pendant les 8 mois et de PZA les 2 premiers mois est recommandé pour les patients infectés par le VIH qui ne se soumettent pas au TAR parce qu'ils le refusent ou pour une autre raison.
- Comme c'est le cas avec le schéma privilégié pour les patients non infectés par le VIH, les patients infectés par le VIH, en particulier ceux dont la numération des lymphocytes CD4 est ≤ 100 x 106/L, devraient prendre chaque jour les médicaments prévus pendant les 2 premiers mois (phase intensive); pendant la phase de continuation, ils devraient les prendre chaque jour (si le traitement est auto-administré) ou trois fois par semaine (si on a recours à la TOD), mais pas deux fois par semaine. Si des cavités sont présentes à la radiographie pulmonaire ou si la réponse au traitement est retardée (culture positive après 2 mois), une prolongation du traitement (de 6 à 9 mois) pourrait s'imposer (se référer au chapitre 5).
- Lorsqu'un traitement antirétroviral par un inhibiteur de la protéase (IP) est jugé le plus approprié, la RMP devrait être remplacée par de la rifabutine à dose ajustée dans les schémas thérapeutiques standard. (Le remplacement devrait avoir lieu 2 semaines avant le début du TAR pour s'assurer que l'induction des enzymes hépatiques a pris fin).
- Il est suggéré d'effectuer un dosage sérique régulier des antituberculeux (en particulier la RBT), particulièrement pour les patients souffrant de diarrhée chronique et d'infection à VIH avancée chez lesquels on soupçonne qu'une interaction médicamenteuse abaisse la concentration des antituberculeux ou dont la réponse au traitement antituberculeux est sous-optimale.
Traitement antirétroviral
- Un diagnostic de TB chez un sujet infecté par le VIH est une indication du TAR.
- Pour les patients qui ne reçoivent pas de TAR au moment où le traitement antituberculeux est amorcé, si la numération des lymphocytes CD4 est < 50 x 106/L, le TAR devrait être entrepris dans les 2 semaines suivant le début du traitement antituberculeux; si la numération des lymphocytes CD4 est > 50 x 106/L, le TAR devrait être entrepris dans les 8 semaines suivantes.
- Pour la plupart des patients qui sont soumis au schéma antituberculeux standard contenant de la RMP et qui ne reçoivent pas déjà de TAR, un schéma à base d'éfavirenz combiné à deux analogues nucléosidiques ou nucléotidiques (qui permet d'éviter le risque de neuropathie périphérique [effet additif] associé à la stavudine et au didanosine) est recommandé à moins qu'il soit contre indiqué à cause d'une pharmacorésistance, d'inquiétudes liées au risque pendant la grossesse ou à une intolérance.
- Chez les patients qui reçoivent déjà un TAR d'association efficace au moment du diagnostic de la TB, le passage à un schéma à base d'éfavirenz peut être envisagé s'il n'est pas contre-indiqué.
- Si on a recours à un schéma à base d'IP, la RMP doit être remplacée par la RBT.
- Dans les cas exceptionnels où on ne peut utiliser ni un schéma à base d'éfavirenz ni un schéma à base d'IP, un schéma contenant quatre inhibiteurs nucléosidiques, un schéma à base de névirapine ou même un schéma à base d'inhibiteur de l'intégrase peut être envisagé.
- Chez les patients qui présentent une réponse virologique au TAR sous-optimale qui pourrait s'expliquer par une interaction avec un antituberculeux, après avoir optimisé l'observance et écarté la possibilité d'une résistance aux antiviraux, on devrait envisager un suivi des concentrations sériques des antirétroviraux.
- Après l'instauration du TAR, une « réaction paradoxale à type de syndrome inflammatoire de reconstitution immunitaire (SIRI) » devrait être soupçonnée chez un patient dont la numération initiale des lymphocytes CD4 était basse et qui présente une fièvre et des signes localisés, une fois qu'on a exclu les autres causes possibles. La corticothérapie (prednisone à raison de 1 mg/kg par jour) peut être envisagée si la réaction est sévère. Ni les antituberculeux ni le TAR ne devraient être interrompus en raison d'un SIRI.
- Les patients dont le nombre de lymphocytes CD4 est < 200 x 106/L devraient recevoir un traitement préventif contre la pneumocystose conformément aux lignes directrices actuelles.
- Des suppléments de pyridoxine devraient être donnés aux patients tuberculeux infectés par le VIH qui reçoivent de l'INH.
- Le traitement contre la TB du système nerveux central (SNC) et la péricardite tuberculeuse devrait être conforme aux lignes directrices (chapitre 6) établies pour les patients non infectés par le VIH. Une fois le TAR mis en route, les patients atteints de TB du SNC devraient faire l'objet d'une surveillance très étroite pour déceler les manifestations potentiellement graves des changements neurologiques indésirables causés par le SIRI.
BCG
- Le BCG ne devrait pas être administré aux cas (de tout âge) connus ou suspects d'infection à VIH ni aux enfants dont la mère est infectée par le VIH.
Lutte contre l'infection
- Les hôpitaux, les maisons d'hébergement, les cliniques, les établissements correctionnels et les autres milieux où des personnes infectées par le VIH peuvent se retrouver en grand nombre devraient établir des politiques et mettre en place les pratiques requises pour faciliter l'identification précoce et l'isolement efficace des cas possibles de TB contagieuse et pour réduire au minimum le risque d'exposition des patients infectés par le VIH à des patients tuberculeux contagieux.
- Les programmes de lutte contre la TB et le VIH et les dispensateurs de soins devraient collaborer étroitement à la prise en charge des patients et aux activités de prévention.
Introduction
L'épidémie causée par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) a des répercussions considérables sur les taux de TB et sur la lutte antituberculeuse dans les populations où les deux infections sont répandues, tant dans les pays industrialisés que dans les pays à faible revenu. Le VIH est le plus grand facteur de risque connu de la TB active chez les personnes infectées par Mycobacterium tuberculosis (se référer au tableau 1 du chapitre 6, Le traitement de l'infection tuberculeuse latente). La TB est responsable d'une mortalité accrue parmi les patients infectés par le VIH, en particulier ceux qui ne sont pas soumis à un traitement antirétroviral (TAR); à l'échelle mondiale, la TB est la cause de décès la plus fréquente chez les personnes infectées par le VIHNote de bas de page1. Au Canada, la coinfection par le VIH et le bacille tuberculeux touche de façon disproportionnée les immigrants et les réfugiés originaires de pays où la TB et l'infection à VIH sont endémiques ainsi que les peuples autochtones (se référer au chapitre 1, L'épidémiologie de la tuberculose au Canada).
Physiopathologie
L'effet du VIH sur l'immunité touche surtout l'immunité à médiation cellulaire, partie du système immunitaire qui joue le rôle le plus important dans la réponse de l'organisme contre M. tuberculosis. L'immunodéficience provoquée par l'infection à VIH diminue la capacité de l'hôte à contenir l'infection latente et à empêcher une nouvelle infectionNote de bas de page2 ou une réinfection par M. tuberculosis. Elle modifie également la réaction d'hypersensibilité retardée qui intervient dans le test cutané à la tuberculine (TCT) de même que les caractéristiques cliniques et radiologiques de la TB, qui sont déterminées en partie par la réponse de l'hôte. Bien que la TB puisse survenir à tout moment dans l'évolution de l'infection à VIHNote de bas de page3, le risque croît à mesure que l'immunodépression progresse et diminue chez les patients qui reçoivent un TAR efficaceNote de bas de page4 Note de bas de page5. L'interaction entre les deux infections est bidirectionnelle : le traitement de l'infection tuberculeuse diminue la réplication du VIHNote de bas de page6.
Diagnostic de l'infection à VIH chez les patients tuberculeux
La prévalence du VIH est nettement plus forte parmi les patients tuberculeux que dans la population canadienne à cause du chevauchement des groupes à risque et du puissant effet biologique du VIH sur l'activation de M. tuberculosis. Par conséquent, le dépistage du VIH chez les patients tuberculeux est justifié pour des motifs épidémiologiques. L'établissement du diagnostic d'infection à VIH est bénéfique pour le patient, car la prise en charge de cette infection peut débuter plus tôt, notamment le TAR, et, du point de vue de la santé publique, il contribue à réduire le risque de transmission ultérieure.
Recommandations concernant le diagnostic de l'infection à VIH
- Tous les patients dont la TB vient d'être diagnostiquée et dont on ignore le statut à l'égard du VIH devraient subir, après en avoir été informés, un dépistage sérologique du VIH, à moins qu'ils le refusent de façon persistante (consentement présumé au dépistage).
(Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité élevée) - Les programmes de lutte antituberculeuse devraient tirer profit des activités de recherche des contacts pour offrir aux personnes à risque le dépistage du VIH à l'initiative du dispensateur de soins.
(Recommandation conditionnelle, reposant sur des preuves de faible qualité)
Diagnostic de l'infection tuberculeuse chez les sujets infectés par le VIH
Chez les personnes coinfectées par le VIH et le bacille tuberculeux, le risque annuel de TB active peut atteindre 10 pour 100 personnes-années en l'absence de TARNote de bas de page7 Note de bas de page8, de sorte que le diagnostic et le traitement de l'infection tuberculeuse latente (ITL), de même que la détection précoce de la TB active, offrent des avantages sur le plan clinique et pour la santé publique.
La sensibilité du TCT décroît avec la diminution de nombre de lymphocytes CD4. Des résultats faussement négatifs au TCT peuvent devenir positifs lorsque le test est répété si une certaine reconstitution immunitaire est survenue chez le patient grâce au TARNote de bas de page9. Les tests de libération d'interféron gamma (TLIG) ne se sont pas révélés plus efficaces que le TCT chez les personnes infectées par le VIHNote de bas de page10.
La probabilité d'une TB active dont les manifestations cliniques ou radiologiques sont atypiques est plus grande chez les patients infectés par le VIH que chez ceux qui ne le sont pasNote de bas de page11. Il y a donc lieu de déployer de grands efforts pour exclure la présence d'une TB active avant la mise en route du traitement de l'ITL. Chez les patients dont le nombre absolu de lymphocytes CD4 est ≤ 50 x 106/L, il peut être utile de procéder à une recherche de mycobactéries par hémoculture afin d'exclure une infection par le complexe M. avium (CMA) et d'identifier certains patients qui sont atteints d'une TB disséminée.
Recommandations concernant le diagnostic de l'ITL
- Tout patient dont l'infection à VIH vient d'être diagnostiquée devrait être évalué en ce qui concerne les antécédents de TB active, les résultats d'anciens TCT et l'exposition connue ou probable à la TB par suite d'un contact étroit avec un cas contagieux ou de l'exposition à une population dans laquelle la prévalence de la TB est élevée. Une évaluation clinique et une radiographie pulmonaire devraient être effectuées pour déceler des signes d'une TB antérieure ou active.
(Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité modérée) - Sauf lorsque le patient a des antécédents de TB active ou lorsqu'on peut déterminer avec certitude qu'un TCT ou un TLIG a donné un résultat positif dans le passé, il faudrait faire subir à toute personne infectée par le VIH un TCT avec 5 unités de tuberculine purifiée et le faire lire après un délai de 48 à 72 heures par un travailleur de la santé qui a de l'expérience dans la lecture des TCT.
(Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité élevée) - L'usage d'un TLIG comme test supplémentaire peut être envisagé si le TCT est négatif, particulièrement si la probabilité que le patient ait été exposé à la TB est forte.
(Recommandation conditionnelle, reposant sur des preuves de faible qualité) - Une induration ≥ 5 mm au TCT devrait être considérée comme révélatrice d'une infection tuberculeuse chez les personnes infectées par le VIH.
(Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité modérée) - Le test d'anergie n'est pas recommandé.
(Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité modérée) - Le TCT devrait être répété chaque année chez les patients à risque nettement élevé d'exposition persistante à la TB, p. ex. exposition dans un refuge pour sans-abri ou séjour dans un pays de forte endémie de TB.
(Recommandation conditionnelle, reposant sur des preuves de qualité modérée) - On devrait envisager de faire subir aux patients dont le TCT initial est négatif un nouveau TCT une fois qu'un TAR a été institué et qu'une reconstitution du système immunitaire est signalée par une augmentation du nombre de lymphocytes CD4.
(Recommandation conditionnelle, reposant sur des preuves de qualité modérée) - On devrait faire subir aux patients infectés par le VIH qui obtiennent un résultat positif au TCT ou au TLIG ou qui ont des antécédents bien documentés de TCT positif un examen clinique, une radiographie pulmonaire et d'autres explorations jugées utiles d'après les résultats cliniques afin de déceler la présence d'une TB active. Même lorsque la radiographie pulmonaire est normale, il faudrait obtenir des expectorations pour une recherche de M. tuberculosis par frottis et culture.
(Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité élevée)
Prévenir le développement d'une TB active : TAR et traitement de l'infection tuberculeuse latente
Le TAR réduit de 65 % l'incidence de la TB active chez les adultes, mais son plus grand impact se fait sentir chez les personnes dont la numération des lymphocytes CD4 est la plus basseNote de bas de page12-14 et chez les enfantsNote de bas de page15. L'incidence de la TB active demeure toutefois plus élevée parmi les personnes infectées par le VIH que parmi celles qui ne le sont pas, et ce, même après que les numérations de lymphocytes CD4 sont redevenues normalesNote de bas de page13.
Le traitement de l'ITL chez les adultes infectés par le VIH dont le TCT est positif a permis de réduire le risque de TB active d'environ 32 %, mais on n'a pas réussi à clairement établir s'il diminuait la mortalitéNote de bas de page16. Certaines études semblent indiquer que la protection peut s'estomper dans les années suivant le traitement de l'ITL, peut-être par suite d'une réinfection dans une collectivité où le taux de transmission est élevéNote de bas de page17 Note de bas de page18, mais ce phénomène pourrait être moins pertinent dans la plupart des milieux canadiens, où le risque de réexposition attendu est faible. Le traitement d'une ITL chez les patients infectés par le VIH dont le TCT était négatif ou qui étaient anergiques ne s'est pas révélé bénéfique dans plusieurs essais randomisésNote de bas de page16 Note de bas de page19.
Les bienfaits du traitement de l'ITL par l'INH semblent s'ajouter à ceux du TAR pour ce qui est de réduire l'incidence de la TB active chez les adultesNote de bas de page20 et les enfantsNote de bas de page21.
Recommandation concernant la mise en route du TAR et l'ITL
- La positivité au TCT ou au TLIG peut être considérée comme un facteur qui justifie la mise en route plus rapide du TAR.
(Recommandation conditionnelle, reposant sur des preuves de faible qualité)
Les taux d'achèvement du traitement préventif complet dans les programmes canadiens varient énormémentNote de bas de page22. De nombreuses personnes infectées par le VIH qui sont candidates au traitement préventif présentent souvent au moins une des caractéristiques associées à une mauvaise observance du traitement, telles que la toxicomanie, l'alcoolisme ou l'absence de logement stable. Diverses mesures de soutien et différents incitatifs pourraient augmenter les taux d'achèvement du traitement. Le traitement préventif sous observation directe, habituellement administré deux fois par semaine, par exemple dans une clinique d'entretien à la méthadone ou par un travailleur communautaire, s'est avéré rentable et même économique dans diverses conditionsNote de bas de page23 Note de bas de page24.
Un traitement d'une durée de 6 mois s'est révélé efficace chez des patients infectés par le VIH dans au moins cinq études, mais l'expérience avec les patients non infectés par le VIH montre qu'un traitement de 9 mois est idéal (se référer au chapitre 6, Le traitement de l'infection tuberculeuse latente).
Le traitement bihebdomadaire par l'INH n'a pas été comparé au traitement préventif quotidien, mais on y a eu recours dans deux études publiéesNote de bas de page17 Note de bas de page18; vu son efficacité thérapeutique, on estime généralement qu'il est comparable au traitement préventif quotidien.
Deux études, l'une portant sur l'administration de doses quotidiennes et l'autre de doses bihebdomadaires de RMP et de PZA pendant 2 mois à des personnes infectées par le VIH, ont montré que l'efficacité était comparable à celle de l'administration d'INH pendant 6 moisNote de bas de page17 Note de bas de page25. L'expérience subséquente avec ce schéma dans une autre étude, qui comptait des personnes non infectées par le VIH, a mis en évidence un taux élevé d'hépatotoxicité graveNote de bas de page26 Note de bas de page27. Ce schéma n'est plus recommandé pour les personnes infectées par le VIH ni pour celles qui ne le sont pas (se référer aussi au chapitre 6).
Le schéma prévoyant l'administration de RMP seule chaque jour pendant 4 mois (se référer au chapitre 6) n'a pas été évalué chez les sujets infectés par le VIH. Pour les patients incapables de prendre de la RMP à cause de son interaction avec les inhibiteurs de la protéase, la RBT est recommandée et semble avoir une efficacité comparable dans le traitement de la TB activeNote de bas de page28, bien qu'elle soit associée à des taux plus élevés de toxicité hématologique et n'ait pas été évaluée dans le traitement de l'ITL.
Sur les deux études qui ont évalué les bienfaits d'un traitement prolongé de l'ITL dans des milieux où la transmission de la TB était très forte, l'une a conclu que la prise d'INH pendant 36 mois procurait des bienfaitsNote de bas de page29, mais l'autre nonNote de bas de page30.
Dans une étude menée auprès de plus 7 000 patients traités contre l'ITL, dont 2,7 % dans le groupe RPT-INH étaient infectés par le VIHNote de bas de page31, un cycle de 3 mois de RPT (non offerte au Canada actuellement) et d'INH pris une fois par semaine sous observation directe était au moins équivalent à un schéma standard d'INH auto-administré pris seul une fois par jour pendant 9 mois; le risque d'hépatite était plus faible, mais on a observé des taux globaux plus élevés d'effets secondaires, dont des réactions d'allergie ou d'hypersensibilité. Les répercussions des possibles interactions avec des antirétroviraux n'ont pas été déterminées.
Recommandations concernant le traitement de l'infection tuberculeuse latente
Les recommandations concernant le traitement de l'ITL chez les sujets infectés par le VIH sont similaires à celles s'appliquant aux patients non infectés par le VIH et sont examinées en détail au chapitre 6. Il est important de rappeler que, chez les personnes soumises à un TAR, le risque de réactivation de l'ITL est substantiellement plus élevé et les interactions médicamenteuses doivent être prises en compte.
- Sauf dans les cas où on dispose de preuves que le traitement de l'ITL ou de la TB active a été mené à terme, on devrait vivement recommander à tous les patients infectés par le VIH qui ont présenté une réaction ≥ 5 mm au TCT ou un TLIG positif de se soumettre à un traitement de l'ITL, quel que soit leur âge et qu'ils aient déjà reçu ou non le BCG (bacille de Calmette-Guérin), après que la présence d'une TB active a été exclue.
(Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité élevée) - Les personnes infectées par le VIH qui auraient eu des contacts étroits récents avec un cas de TB contagieuse devraient recevoir un traitement contre une ITL présumée quel que soit le résultat du TCT.
(Recommandation conditionnelle, reposant sur des preuves de faible qualité) - Quand un traitement de l'ITL est indiqué chez une personne infectée par le VIH, le schéma recommandé est le même que celui recommandé pour les patients non infectés par le VIH : de l'INH auto-administré chaque jour pendant 9 mois.
(Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité modérée) - Vu les taux d'exposition relativement faibles, il n'est pas recommandé de prendre de l'INH pendant plus de 9 mois au Canada.
(Recommandation conditionnelle, reposant sur des preuves de faible qualité) - L'administration quotidienne de RMP pendant 4 mois est une solution de rechange pour les patients qui ne tolèrent pas l'INH ou dans le cas d'une résistance à l'INH chez le cas source, ou quand on juge que la probabilité d'achèvement sera très faible si le traitement n'est pas raccourci, à la condition que ce traitement soit compatible avec le schéma antirétroviral du patient.
(Recommandation conditionnelle, reposant sur des preuves de qualité modérée) - La prise quotidienne de RMP et d'INH est une solution de remplacement (chapitre 6), mais l'INH peut être toxique et les interactions médicamenteuses sont possibles avec la RMP.
(Recommandation conditionnelle, reposant sur des preuves de faible qualité) - Le schéma supervisé d'une durée de 3 mois combinant la RPT et l'INH pris une fois par semaine est une solution de remplacement prometteuse, mais n'est PAS recommandé actuellement pour les patients infectés par le VIH. (Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité modérée)
- L'association RMP- PZA n'est PAS recommandée dans le traitement de l'ITL, quel que soit le statut à l'égard du VIH.
(Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité modérée) - Il est recommandé de porter une attention particulière aux mesures pratiques telles que les heures d'ouverture des cliniques, l'attitude des employés, les encouragements, le soutien social, le suivi étroit et l'établissement de liens avec les services de soutien à l'observance qui pourraient être en place pour le TAR.
(Recommandation conditionnelle, reposant sur des preuves de faible qualité) - Dans le cas des patients infectés par le VIH qui présentent des facteurs prédictifs d'une faible observance tels que l'absence de logement stable, la toxicomanie ou une psychose majeure, ou de ceux dont l'observance a été faible dans le passé, des mesures devraient être prises, sans compter les autres mesures de soutien, pour offrir le traitement de l'ITL sous observation directe deux fois par semaine; les schémas bihebdomadaires devraient toujours être administrés sous supervision directe. (Recommandation conditionnelle, reposant sur des preuves de faible qualité)
- Les personnes infectées par le VIH qui sont candidates à un traitement préventif, mais qui ne le reçoivent pas pour une raison quelconque devraient faire l'objet d'un suivi clinique régulier. Il faudrait prendre en compte la TB lors du diagnostic différentiel, et la recherche de mycobactéries par culture d'échantillons appropriés devrait faire partie de l'exploration de toute maladie inexpliquée.
(Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité modérée) - Lorsque le traitement de l'ITL est indiqué chez une femme enceinte infectée par le VIH, il devrait être mis en route dès que la TB active a été exclue et ne devrait pas être reporté après l'accouchement.
(Recommandation conditionnelle, reposant sur des preuves de faible qualité)
Diagnostic de la TB active
Le tableau clinique de la TB peut varier en présence d'une infection à VIH, en particulier lorsque l'immunodépression est plus marquée. La TB extrapulmonaire est plus fréquente, les ganglions lymphatiques étant la localisation la plus courante, mais on a également observé que la tuberculose pleurale, la péricardite tuberculeuse, la méningite tuberculeuse et la tuberculose intéressant plus d'un organe sont toutes plus fréquentes chez les personnes infectées par le VIH que chez les personnes non infectées.
Les caractéristiques radiologiques de la TB peuvent être modifiées dans une proportion qui varie approximativement en fonction de l'importance du déficit immunitaireNote de bas de page32. La prédominance au niveau du lobe supérieur et la présence de cavités sont plus rares, alors que l'adénopathie intrathoracique, les épanchements pleuraux, la maladie disséminée et une radiographie pulmonaire normale sont plus fréquents chez les personnes infectées par le VIH, en particulier celles dont l'immunodépression est plus marquée.
Le diagnostic en laboratoire de la TB peut aussi être influencé par la présence d'une infection à VIH. Le taux de positivité au frottis d'expectorations est généralement plus faible parmi les personnes atteintes de TB pulmonaire qui sont coinfectées par le VIHNote de bas de page33. Les granulomes caractéristiques peuvent être absents ou différents à l'examen histologique des tissusNote de bas de page34. La bactériémie à M. tuberculosis, qui est rare en l'absence d'une coinfection par le VIH, est beaucoup plus fréquente aux stades avancés de l'infection à VIH, de sorte que l'hémoculture peut être un instrument diagnostique utile dans ces casNote de bas de page35. La recherche de bacilles acido-alcoolo-résistants (BAAR) dans les produits d'aspiration des ganglions lymphatiques est une méthode plus sensible chez les patients coinfectés par le VIH que chez les patients séronégatifs pour le VIH qui présentent une lymphadénite tuberculeuseNote de bas de page36. L'infection par des mycobactéries non tuberculeuses est relativement fréquente dans les cas avancés d'infection à VIH; les techniques d'amplification en chaîne par la polymérase permettent de confirmer ou d'exclure rapidement la présence de M. tuberculosis chez un patient présentant des BAAR dans un frottis d'expectorations ou en culture, ce qui a d'importantes répercussions sur le plan clinique et sur la santé publique.
Recommandations concernant le diagnostic de la TB active
- Les travailleurs de la santé qui sont appelés à dispenser des soins à des personnes infectées par le VIH devraient être à l'affût des signes de TB, en particulier s'il y a une probabilité épidémiologique accrue d'exposition récente ou passée à la TB, lorsqu'ils tentent de déterminer les causes de toute maladie inexpliquée, notamment une fièvre ou une maladie pulmonaire persistantes, et ce, même en l'absence de signes caractéristiques de la TB.
(Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité modérée) - Un patient infecté par le VIH qui présente dans un échantillon respiratoire des BAAR devrait généralement être pris en charge comme un cas suspect de TB jusqu'à ce qu'on détermine que la bactérie n'est pas M. tuberculosis.
(Recommandation conditionnelle, reposant sur des preuves de faible qualité)
Traitement de la TB
La récidive de la TB est plus courante chez les personnes infectées par le VIHNote de bas de page37. Lorsque des techniques moléculaires ont été utilisées pour distinguer les rechutes des réinfections, dans des collectivités affichant des taux élevés de transmission persistante, les taux de rechute causée par la souche originale étaient similaires, alors que la réinfection par une nouvelle souche de M. tuberculosis était plus fréquente chez les sujets infectés par le VIHNote de bas de page38. La mortalité est plus forte parmi les patients tuberculeux infectés par le VIH et est corrélée avec le degré d'immunodépressionNote de bas de page39. Cependant, lorsqu'un traitement antituberculeux adéquat est donné et que le TAR est amorcé rapidement, la mortalité en excès attribuable au VIH peut être grandement réduite.
Dans un certain nombre d'études, les chercheurs ont observé une baisse des concentrations sériques des antituberculeux chez les patients infectés par le VIH et l'ont attribuée à une absorption réduiteNote de bas de page40 Note de bas de page41.
Les résultats d'essais randomisésNote de bas de page42 et d'une méta-analyse réalisés récemment laissent croire que les schémas contenant de la RMP administrés pendant 8 mois ou plus pourraient être associés à des taux plus élevés d'échec thérapeutique et, en particulier, de rechute chez les sujets infectés par le VIH qui ne reçoivent pas de TARNote de bas de page43; parmi les patients tuberculeux qui recevaient un TAR, le risque de rechute était plus faible et les bienfaits d'un traitement de plus de 6 mois étaient moins évidentsNote de bas de page44.
Plusieurs chercheurs ont noté que la prolongation de la thérapie par l'INH (« traitement préventif secondaire ») à la fin du traitement type de la TB était associée à des taux plus faibles de rechute de la TB chez les patients infectés par le VIH, mais ce résultat peut être imputable à la prévention des réinfections dans les milieux où les taux de transmission sont élevésNote de bas de page45 Note de bas de page46.
Des échecs thérapeutiques dans des cas de monorésistance acquise à la RMP ont été observés pendant le traitement antituberculeux chez des patients infectés par le VIH qui recevaient un schéma à base d'INH et de RPT une fois par semaine ou à base de RMP deux fois par semaine, échecs associés à de faibles concentrations sériques d'INH. Le phénomène s'observe surtout chez les patients dont la numération des lymphocytes CD4 est < 100 x 106/L et chez ceux traités deux fois par semaine contre la TB active pendant la phase intensiveNote de bas de page47-51.
Mise en route du TAR
Chez le patient infecté par le VIH qui souffre d'une TB active, l'instauration d'un traitement efficace contre la TB est la grande priorité. Si les deux traitements étaient instaurés en même temps, le chevauchement des effets secondaires des médicaments, le grand nombre de comprimés à prendre, les interactions médicamenteuses et le SIRI pourraient constituer des obstacles inacceptables à la réussite du traitement antituberculeux. Par contre, un retard indu dans la mise en route d'un TAR efficace entraîne un risque important de décès lié au VIH chez les patients dont l'immunodépression est avancée.
Trois essais comparatifs randomisés récents ont révélé que l'instauration précoce du TAR, 2 à 4 semaines après le début du traitement antituberculeux, réduisait la mortalité par les maladies définissant le sida ou l'incidence de telles maladiesNote de bas de page52-54. Dans deux des trois études, cet effet se limitait aux patients dont la numération des lymphocytes CD4 était < 50 x 106/L. Lorsqu'on n'amorçait le TAR que 8 semaines après le début du traitement antituberculeux chez les patients dont la numération des lymphocytes CD4 était plus élevée, on observait une baisse du risque de SIRI sans que le risque d'évolution de l'infection à VIH ni de décès ne soit augmenté.
Les avantages de la mise en route précoce du TAR sont moins évidents dans le cas de la méningite tuberculeuseNote de bas de page55, peut-être à cause des risques particuliers liés au SIRI dans l'espace clos du crâne.
Interactions médicamenteuses
Les interactions médicamenteuses entre les antirétroviraux et les antituberculeux peuvent être complexes et parfois bidirectionnelles. L'expérience s'accumule et les recommandations continuent d'évoluer, même avec les vieux agents tels que l'éfavirenz, mais particulièrement avec les médicaments plus récents. On peut obtenir de l'information à jour sur plusieurs sites Web mis à jour régulièrement :
- HIV Insite (San Francisco, CA) : se référer à Database of Antiretroviral Drug Interactions
- Liverpool (R.-U.) : se référer à HIV Drug Interactions
- Toronto General Hospital : se référer à Immunodeficiency Clinic, Drug Interaction Tables
Antirétroviraux
Les médicaments antirétroviraux, en particulier ceux de la classe des inhibiteurs de la protéase (IP), mais aussi de la classe des inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse (INNTI), ont des interactions importantes et parfois bidirectionnelles avec les antituberculeux de la famille des rifamycines. On n'a pas encore découvert d'interactions cliniquement importantes entre les antituberculeux et un des analogues nucléosidiques ou nucléotidiques (zidovudine, didanosine, stavudine, lamivudine, abacavir, emtricitabine et ténofovir). Bien que l'expérience clinique soit limitée, on sait que les inhibiteurs de l'intégrase et les antagonistes du récepteur CCR5 interagissent aussi avec la RMP.
Rifamycines
Les rifamycines, qui sont essentielles au succès du traitement de courte durée de la TB, sont les seuls antituberculeux à avoir des interactions cliniques importantes avec les antirétroviraux. On a observé des interactions plus faibles dans le cas de la RBT que dans celui de la RPT, laquelle interagit moins que la RMP.
Interactions spécifiques avec des rifamycines
La vaste expérience acquise a montré que l'éfavirenz (un INNTI) à la dose standard de 600 mg/jour demeure efficace lorsqu'il est employé avec la RMP (en particulier dans les populations dont la masse corporelle est relativement faible), malgré une réduction variable des concentrations sériques de l'éfavirenzNote de bas de page56. Par suite d'études cinétiques, la Food and Drug Administration des états-Unis a recommandé en 2012 de porter la dose à 800 mg chez les personnes de 50 kg ou plus.
Aucun schéma contenant un IP ne s'est révélé sûr et efficace en association avec la RMP. La RBT peut remplacer la RMP dans le traitement antituberculeux pour permettre l'usage d'IPNote de bas de page28, mais elle est associée à des taux plus élevés de toxicité hématologique. Les concentrations de RBT augmentent à divers degrés avec un traitement concomitant par différents IP. La RBT, avec une réduction de dose adéquate, peut être utilisée en concomitance avec la plupart des IP potentialisés par le ritonavir. Les concentrations de RBT peuvent varier lorsque celle ci est donnée avec le lopinavir/ritonavir, et des doses de RBT plus fortes que les doses standard recommandées peuvent être requises pour atteindre des concentrations sériques efficacesNote de bas de page57 Note de bas de page58.
La RMP réduit les concentrations sériques de névirapine dans une plus grande mesure que les concentrations d'éfavirenzNote de bas de page59 Note de bas de page60. Les données au sujet de la suppression virologique avec les schémas à base de névirapine en association avec la RMP sont contradictoiresNote de bas de page61. La névirapine donnée une fois par jour s'est révélée inférieure à l'éfavirenz lorsqu'elle était administrée avec la RMPNote de bas de page62. Il n'existe pas de données publiées concernant l'association névirapine-RBT.
Le traitement associant quatre inhibiteurs nucléosidiques/nucléotidiques de la transcriptase inverse (zidovudine, lamivudine, abacavir [combiné avec Trizivir] et ténofovir) s'est révélé comparable aux schémas standard de TAR dans les quelques études menées sur ces deux modalités thérapeutiques et ne devrait pas entraîner d'interactions médicamenteuses importantesNote de bas de page63.
Bien que l'expérience clinique avec la classe plus récente des inhibiteurs de l'intégrase, tel le raltegravirNote de bas de page64 Note de bas de page65, demeure limitée, des ajustements de dose sont recommandés lorsque ces agents sont donnés avec la RMP, mais pas avec la RBT. Le métabolisme du maraviroc, un antagoniste du récepteur CCRNote de bas de page5, est aussi induit par la RMP, et une augmentation des doses de maraviroc est également recommandée. Le fabricant déconseille actuellement l'usage concomitant de l'étravirine et de la RMP, mais l'usage de RBT peut être envisagé malgré les légères baisses des concentrations des deux médicaments. Les recommandations concernant ces nouveaux agents seront probablement modifiées.
Vu la possibilité d'une absorption réduite des médicaments, les interactions médicamenteuses complexes et difficiles à prédire qui pourraient survenir et les conséquences sérieuses (échec thérapeutique, résistance aux médicaments) d'un traitement inadéquat de la TB active ou de l'infection à VIH, le suivi thérapeutique pharmacologique des concentrations des antituberculeuxNote de bas de page66 (se référer au chapitre 5, Le traitement de la tuberculose active) et des antirétroviraux joue un rôle de plus en plus important dans la prise en charge de la TB chez les personnes infectées par le VIH, en particulier lorsqu'on utilise un schéma qui n'est pas à base d'éfavirenz, lorsque la réponse au traitement est moins bonne que prévu ou lorsque les traitements choisis pour un patient donné ont été moins étudiésNote de bas de page67.
Traitement de la TB pharmacorésistante (multirésistante et ultrarésistante) en présence d'une coinfection par le VIH
(Se référer au chapitre 8, La Tuberculose Pharmacorésistante)
Globalement, le VIH n'est pas clairement lié à un risque accru de TB multirésistante (TB MR), mais peut être associé à des éclosions de TB MR à transmission nosocomialeNote de bas de page68. Les premières expériences avec la TB MR et le VIH, puis avec la TB ultrarésistante (TB UR) et le VIH, ont mis en lumière une très forte mortalitéNote de bas de page69. Le diagnostic précoce de la pharmacorésistance et la mise en route rapide du TAR semblent contribuer à de meilleurs résultatsNote de bas de page70 Note de bas de page71. Il existe peu de données sur les interactions entre les antituberculeux mineurs et les antirétrovirauxNote de bas de page72.
Réactions de reconstitution immunitaire
Le syndrome inflammatoire de reconstitution immunitaire (SIRI) peut survenir pendant le traitement antituberculeux, après la mise en route du TAR (réactions paradoxales) ou après la mise en route du TAR chez les patients atteints d'une TB non reconnue (TB « démasquée » [unmasking])Note de bas de page73. La fréquence signalée du SIRI paradoxal varie de 8 % à 43 %Note de bas de page74. Il peut se manifester par une fièvre et une progression clinique et radiologique de la maladie aux sièges touchés (p. ex. hypertrophie des ganglions lymphatiques, aggravation des infiltrats pulmonaires ou exacerbation des changements inflammatoires dans d'autres localisations)Note de bas de page75-77. Presque tous les patients touchés ont une numération initiale basse des lymphocytes CD4, habituellement entre 50 et 100 x 106/LNote de bas de page75-80. Les réactions se manifestent de 2 à 40 jours après la mise en route du TARNote de bas de page77 Note de bas de page79. Elles peuvent se produire même lorsque le TAR est amorcé plus de 2 mois après le début du traitement antituberculeux, mais le risque peut être plus élevé lorsque le TAR est entrepris plus tôt. Il est souvent difficile de diagnostiquer ces réactions, et il faut exclure les autres causes possibles des signes cliniques observés, y compris l'échec thérapeutique causé par une pharmacorésistanceNote de bas de page81 ou la présence d'une autre infection opportuniste. Une définition normalisée du SIRI a été proposéeNote de bas de page82. La mortalité attribuable au SIRI semble rare, sauf s'il y a atteinte neurologique. Si la réaction est assez grave pour justifier un traitement, on peut recourir à un corticostéroïde tel que la prednisone à des doses d'environ 1 mg/kg de poids corporel, ce traitement s'étant révélé efficace dans un essai randomiséNote de bas de page83. Dans presque tous les cas, les patients peuvent être pris en charge avec succès sans interruption du TAR ni du traitement antituberculeux.
Même si la corticothérapie adjuvante a été moins étudiée chez les personnes infectées par le VIH, les données existantes laissent croire qu'elle procure des bienfaits dans les cas de méningite ou de péricardite tuberculeuseNote de bas de page84-86.
Les personnes infectées par le VIH courent un risque accru de neuropathie attribuable au VIH ou à des agents antirétroviraux précis et peuvent être plus susceptibles à la neuropathie associée à l'INH.
Recommandations concernant le traitement de la TB active
Traitement de la TB
- Le traitement de la TB chez les patients infectés par le VIH devrait être dirigé par un médecin qui possède une expertise dans la prise en charge des deux maladies ou en étroite collaboration avec un médecin expert dans le traitement de l'infection à VIH.
(Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité modérée) - Le traitement antituberculeux devrait être mis en route immédiatement après le diagnostic de la TB, sans tenir compte du TAR.
(Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité élevée) - Un schéma standard comprenant une rifamycine (RMP ou RBT) devrait être utilisé à moins que le bacille soit résistant aux rifamycines ou que le patient ne les tolère pas (se référer au chapitre 5).
(Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité élevée) - Le programme antituberculeux devrait réussir à traiter jusqu'au bout et avec succès les patients à l'aide des mesures présentées au chapitre 5, correspondant aux besoins des patients, notamment la thérapie sous observation directe (TOD).
(Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité élevée) - Un traitement de 8 mois se composant d'INH et de RMP pendant les 8 mois et de PZA les 2 premiers mois est recommandé pour les patients infectés par le VIH qui ne se soumettent pas au TAR parce qu'ils le refusent ou pour une autre raison.
(Recommandation conditionnelle, reposant sur des preuves de qualité modérée) - Comme c'est le cas avec le schéma privilégié pour les patients non infectés par le VIH, les patients infectés par le VIH, en particulier ceux dont la numération des lymphocytes CD4 est ≤ 100 x 106/L, devraient prendre chaque jour les médicaments prévus pendant les 2 premiers mois (phase intensive); pendant la phase de continuation, ils devraient les prendre chaque jour (si le traitement est auto-administré) ou trois fois par semaine (si on a recours à la TOD), mais pas deux fois par semaine. (Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité modérée)
- Si des cavités sont présentes à la radiographie pulmonaire ou si la réponse au traitement est retardée (culture positive après 2 mois), une prolongation du traitement (de 6 à 9 mois) pourrait s'imposer (se référer au chapitre 5).
- Lorsqu'un traitement antirétroviral par un inhibiteur de la protéase (IP) est jugé le plus approprié, la RMP devrait être remplacée par de la RBT à dose ajustée dans les schémas thérapeutiques standard. Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité élevée (Le remplacement devrait avoir lieu 2 semaines avant le début du TAR pour s'assurer que l'induction des enzymes hépatiques a pris fin).
- Il est suggéré d'effectuer un dosage sérique régulier des antituberculeux, en particulier la RBT, particulièrement pour les patients souffrant de diarrhée chronique et d'infection à VIH avancée chez lesquels on soupçonne qu'une interaction médicamenteuse abaisse la concentration des antituberculeux ou dont la réponse au traitement antituberculeux est sous-optimale.
(Recommandation conditionnelle, reposant sur des preuves de qualité modérée)
Traitement antirétroviral
- Un diagnostic de TB chez un sujet infecté par le VIH est une indication du TAR.
(Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité modérée) - Pour les patients qui ne reçoivent pas de TAR au moment où le traitement antituberculeux est amorcé, si la numération des lymphocytes CD4 est < 50 x 106/L, le TAR devrait être entrepris dans les 2 semaines suivant le début du traitement antituberculeux; si la numération des lymphocytes CD4 est > 50 x 106/L, le TAR devrait être entrepris dans les 8 semaines suivantes. (Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité élevée)
- Pour la plupart des patients qui sont soumis au schéma antituberculeux standard contenant de la RMP et qui ne reçoivent pas déjà de TAR, un schéma à base d'éfavirenz combiné à deux analogues nucléosidiques ou nucléotidiques (qui permet d'éviter le risque de neuropathie périphérique [effet additif] associé à la stavudine et au didanosine) est recommandé à moins qu'il soit contre indiqué à cause d'une pharmacorésistance, d'inquiétudes liées au risque pendant la grossesse ou à une intolérance.
(Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité élevée) - Chez les patients qui reçoivent déjà un TAR d'association efficace au moment du diagnostic de la TB, le passage à un schéma à base d'éfavirenz peut être envisagé s'il n'est pas contre-indiqué.
(Recommandation conditionnelle, reposant sur des preuves de faible qualité) - Si on a recours à un schéma à base d'IP, la RMP doit être remplacée par la RBT.
(Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité élevée) - Dans les cas exceptionnels où on ne peut utiliser ni un schéma à base d'éfavirenz ni un schéma à base d'IP, un schéma contenant quatre inhibiteurs nucléosidiques, un schéma à base de névirapine ou même un schéma à base d'inhibiteur de l'intégrase peut être envisagé
(Recommandation conditionnelle, reposant sur des preuves de faible qualité) - Chez les patients qui présentent une réponse virologique au TAR sous-optimale qui pourrait s'expliquer par une interaction avec un antituberculeux, après avoir optimisé l'observance et écarté la possibilité d'une résistance aux antiviraux, on devrait envisager un suivi des concentrations sériques des antirétroviraux.
(Recommandation conditionnelle, reposant sur des preuves de faible qualité) - Après l'instauration du TAR, une « réaction paradoxale de type SIRI » devrait être soupçonnée chez un patient dont la numération initiale des lymphocytes CD4 était basse et qui présente une fièvre et des signes localisés, une fois qu'on a exclu les autres causes possibles. La corticothérapie (prednisone à raison de 1 mg/kg par jour) peut être envisagée si la réaction est sévère. Ni les antituberculeux ni le TAR ne devraient être interrompus en raison d'un SIRI.
(Recommandation conditionnelle, reposant sur des preuves de qualité modérée) - Les patients dont le nombre de lymphocytes CD4 est < 200 x 106/L devraient recevoir un traitement préventif contre la pneumocystose conformément aux lignes directrices actuelles.
(Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité élevée) - Des suppléments de pyridoxine devraient être donnés aux patients tuberculeux infectés par le VIH qui reçoivent de l'INH.
(Recommandation conditionnelle, reposant sur des preuves de faible qualité) - Le traitement contre la TB du système nerveux central (SNC) et la péricardite tuberculeuse devrait être conforme aux lignes directrices (chapitre 6) établies pour les patients non infectés par le VIH. Une fois le TAR mis en route, les patients atteints de TB du SNC devraient faire l'objet d'une surveillance très étroite pour déceler les manifestations potentiellement graves des changements neurologiques indésirables causés par le SIRI.
Schéma antituberculeux | Schéma antirétroviral | |
---|---|---|
INH = isoniazide, RMP = rifampicine, PZA = pyrazinamide, EMB = éthambutol, RBT = rifabutine | ||
Première intention | INH/RMP/PZA/EMB chaque jour pendant 2 mois suivi de INH/RMP chaque jour ou 3 fois/semaine pendant 4 mois |
Éfavirenz 600 mgA et deux analogues nucléosidiques/nucléotidiques (pas de stavudine ni de didanosine) AEnvisager l'éfavirenz 800 mg si le poids >50 kg ou si la réponse virologique est sous-optimale |
Schémas de remplacement | INH/PZA/EMB chaque jour pendant 2 mois avec RBT 150 mg q 2 jours suivi de INH/PZAAEMB chaque jour ou 3 fois/semaine pendant 6 mois avec RBT 150 mg q 2 jours |
Inhibiteur de la protéase potentialisé par le ritonavir et deux analogues nucléosidiques/nucléotidiques |
Bacille de Calmette-Guérin
La vaccination par le BCG est associée à un risque substantiel de TB disséminéeNote de bas de page87, et son efficacité semble nettement réduite chez les nourrissons infectés par le VIHNote de bas de page88.
Recommandation concernant le BCG
- Le BCG ne devrait pas être administré aux cas (de tout âge) connus ou suspects d'infection à VIH ni aux enfants dont la mère est infectée par le VIH.
(Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité élevée)
Lutte contre la transmission de la TB aux personnes infectées par le VIH : coordination des programmes
Des éclosions de TB, y compris de TB-MR, chez des patients et des travailleurs de la santé infectés par le VIH ont été observées dans des hôpitaux et des cliniques qui dispensent des soins à des patients infectés par le VIHNote de bas de page69 et dans des établissements correctionnels.
Recommandations concernant la lutte contre l'infection
- Les hôpitaux, les maisons d'hébergement, les cliniques, les établissements correctionnels et les autres milieux où des personnes infectées par le VIH peuvent se retrouver en grand nombre devraient établir des politiques et mettre en place les pratiques requises pour faciliter l'identification précoce et l'isolement efficace des cas possibles de TB contagieuse et pour réduire au minimum le risque d'exposition des patients infectés par le VIH à des patients tuberculeux contagieux.
(Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité modérée) - Les programmes de lutte contre la TB et le VIH et les dispensateurs de soins devraient collaborer étroitement à la prise en charge des patients et aux activités de prévention.
(Recommandation forte, reposant sur des preuves de qualité modérée)
Références
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