Caribou – Le pouls de la toundra

Résumé

Les peuples autochtones de l’Arctique ont toujours compté sur le caribou pour se nourrir, se vêtir et se façonner des outils. Leurs cultures reflètent une relation étroite avec le caribou et un profond respect envers l’animal. Les méthodes de chasse traditionnelles autochtones sont écologiquement durables et constituent un bon point de départ pour la mise en place de nouveaux systèmes de cogestion.

De nombreuses hardes de caribous dans tout le Nord ont décliné. D’autres se maintiennent à une taille modérée. L’une d’entre elles, la harde de la Porcupine, est devenue importante.

Les prédateurs et les charognards tels que les loups, les grizzlis et les ours noirs, dépendent du caribou de la toundra. Leur nombre augmente et diminue en fonction de la taille des hardes de caribous. Des recherches sur le terrain de mise bas des hardes de Qamanirjuaq et de Beverly ont montré que les prédateurs tuaient peu de faons, et surtout des faons faibles ou malades.

Les hardes de caribous croissent et diminuent naturellement sur une période de 30 à 65 ans. Les Aînés inuits ont décrit comment les caribous en déclin se déplacent pour trouver une meilleure nourriture. Quelques caribous trouvent des endroits où ils peuvent survivre. Ils finissent par repeupler les zones une fois que la végétation s’est rétablie, ce qui prend environ 20 ans. L’utilisation du savoir autochtone pour relever, cartographier et protéger ces zones est importante pour aider le caribou à se rétablir.

Les caribous sont confrontés à des défis modernes qui peuvent empêcher ou ralentir leur rétablissement, voire provoquer un déclin. Les changements climatiques, le développement industriel et les méthodes de chasse modernes sont quelques-uns de ces défis.

Les gouvernements exigent que les nouvelles propositions de développement évaluent comment les projets s’ajouteraient aux impacts des développements existants et aux impacts des développements futurs possibles. Les plans de gestion du caribou doivent protéger le caribou contre les perturbations, en particulier pendant les périodes de mise bas et de post-mise bas.

Il existe de nombreuses données sur la façon dont le caribou s’adapte à son environnement. Une grande partie de cette information provient du suivi par collier émetteur. Les biologistes utilisent ces données avec un modèle informatique pour comprendre comment le climat et le développement ont une incidence sur le nombre de caribous.

Les Organisations de chasseurs et de trappeurs (OCT) ont souvent pris des mesures pour conserver le caribou en période de rareté. Ils ont interdit la chasse sportive et commerciale tout en permettant la chasse de subsistance. Les conseils de gestion ont limité les récoltes, ont introduit des autorisations de chasser et recommandent un plus grand nombre de rapports sur les récoltes. Certains gouvernements ont imposé des interdictions de chasse au caribou jusqu’à ce que des mesures de conservation à long terme puissent être élaborées. D’autres ont établi des réserves naturelles dans des zones importantes pour les routes migratoires et les étapes du cycle de vie du caribou. Il s’agit de mesures positives, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires.

Les particuliers, les communautés, les détenteurs de savoir autochtone et de connaissances scientifiques, ainsi que les organisations et les gouvernements, souhaitent tous voir des hardes de caribous en bonne santé. Les décisions relatives à l’utilisation des terres et à la récolte peuvent favoriser ou entraver la santé des hardes de caribous. Des mesures de conservation plus strictes, élaborées en cogestion, sont nécessaires. Nous devons travailler ensemble pour conserver les hardes de caribous et leur habitat.

La longue description de cette infographie suit

Description : Sommaire de l'abondance et la migration du caribou

Une infographie représente un état simplifié des hardes de caribous dans le nord du Canada et les facteurs qui affectent la population de caribous au pays. Dans le coin supérieur gauche de l'infographie, sur l'arrière-plan de la carte du Canada, on peut voir les aires de répartition de quatre troupeaux de caribous : Porcupine, Bathurst, Quamaniruaq et George River. Les aires de migration des troupeaux sont également indiquées sur la carte. En haut de la carte, on peut lire « Dans le passé, les populations de caribous ont fluctué suivant un cycle naturel. Nous ignorons de quelle façon les nouvelles menaces affecteront les caribous dans l'avenir. » À partir de chaque aire délimitée sur la carte, une flèche pointe vers une image de caribou dans un cercle qui symbolise chacun des quatre troupeaux et l'environnement dans lequel il vit.

La première image symbolise le troupeau de Porcupine. Une flèche à côté pointe vers le haut et on peut lire « Tendance actuelle (population) – À la hausse ». Une image de neige et de végétation représentant le changement climatique est accompagnée du texte « Principales répercussions des changements climatiques – La sécheresse en fin de printemps et les conditions de glace l'hiver réduisent la quantité de nourriture ». Une image d'une carabine est accompagnée du texte « Gestion de la récolte – Moins de 2 % par année » et « Autres menaces – L'aménagement présente un risque pour les aires de mise bas en Alaska ».

En dessous, une deuxième image symbolise le troupeau de Bathurst. Une flèche à côté pointe vers le bas indiquant la population actuelle avec le texte « Tendance actuelle – En déclin ». Des images de neige, de végétation, d'insecte et de pluie représentent le changement climatique et sont accompagnées du texte « Principales répercussions des changements climatiques – Étés plus chauds réduisant la quantité de nourriture; harcèlement par les insectes accru; pluie verglaçante ». Une image d'une carabine avec un signe d'interdiction est accompagnée d'un texte indiquant « GESTION - Récolte limitée » et « Autres menaces – Développement industriel, routes ».

La troisième image en dessous symbolise le troupeau de Quamaniruaq. Une flèche à côté pointe vers le bas indiquant la population actuelle avec le texte « Tendance actuelle – En déclin ». Des images de neige, de végétation et de pluie représentent le changement climatique et sont accompagnées du texte « Principales répercussions des changements climatiques – Étés plus chauds réduisant la quantité de nourriture; arbustification accrue; pluie verglaçante ». Une image d'une carabine est accompagnée d'un texte indiquant « Gestion – Récolte modérée » et « Autres menaces – Développement industriel, routes, corridor potentiel de lignes de transport d'électricité (accroît la prédation) ».

La quatrième image en dessous symbolise le troupeau de George River. Une flèche à côté pointe vers le bas indiquant la population actuelle avec le texte « Tendance actuelle – En déclin ». Des images de pluie, de végétation et d'insecte représentent le changement climatique et sont accompagnées du texte « L'augmentation des pluies en été modifie la végétation et accroît le harcèlement par les insectes ». Une image d'une carabine est accompagnée d'un texte indiquant « Gestion – Récolte limitée » et « Autres menaces – Développement industriel, routes, corridor potentiel de lignes de transport d'électricité ».

À gauche, à côté des images représentant les quatre troupeaux, il y a un graphique illustrant les variations historiques de la population de caribous des quatre troupeaux. Ce graphique montre l'évolution du nombre de caribous dans les quatre troupeaux entre 1900 et aujourd'hui. Il illustre que les troupeaux ont atteint un sommet dans les années 1940, se sont effondrés dans les années 1960, sont remontés dans les années 1980 et ont connu un déclin important dans les années 2000. Le graphique est basé sur des enquêtes qui ont été menées et sur les connaissances autochtones, comme le mentionne le texte au-dessus du graphique.

La dernière partie de l'infographie présente les facteurs qui influencent la population de caribous. Sur l'image illustrant la taïga, la toundra et la glace marine, on voit un certain nombre de caribous et les facteurs influençant leur population sont indiqués. Dans le coin supérieur gauche de cette partie de l'infographie, on peut lire « De nombreux facteurs influent sur les populations de caribous ». Juste à côté, il y a une image de pluie tombant sur un groupe de caribous qui marchent sur de la glace. On peut y lire « Conditions météorologiques et fourrage ». À côté d'une image d'une forêt en feu, on peut lire « Feux de forêt » et à côté d'une image d'un caribou malade, « Maladie ». Des images d'un loup, d'un ours et de moustiques sont accompagnées des textes « Insectes » et « Prédation ». Une image de deux chasseurs est accompagnée du texte « Récolte ». Autre centre de cette partie de l'infographie, un groupe de caribous est accompagné d'une image d'un thermomètre qui représente le changement climatique ainsi que de deux textes indiquant « Changement climatique » et « Développement industriel », qui sont joints par des flèches circulaires représentant les deux conséquences sur le caribou. Des images d'un hélicoptère et d'un avion sont accompagnées du texte « Bruit ». L'image de la colonisation est accompagnée du texte « Perte d'habitat » et celle des routes qui traversent la toundra est accompagnée du texte « Obstructions ». Dans le coin droit de l'infographie, on peut voir un graphique à barres illustrant les conséquences cumulatives des facteurs influençant la population de caribous. La barre la plus longue du graphique montre le temps disponible pour se nourrir, tandis que les barres plus courtes représentent le temps perdu pour éviter les prédateurs et les insectes, creuser à travers la glace, éviter les obstacles à la migration et éviter les avions.

Auteurs et contributeurs

  • Eric Bongelli* Faculté des sciences et des études environnementales, Département de géographie et d’environnement, Université Lakehead, esbongel@lakeheadu.ca
  • Lynda Orman* Savoir polaire Canada, Station canadienne de recherche dans l’Extrême-Arctique, Division de la gestion des connaissances, lynda.orman@polar-polaire.gc.ca
  • Jan Adamczewski Gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles
  • Mitch Campbell Gouvernement du Nunavut, ministère de l’Environnement
  • H. Dean Cluff Gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles
  • Aimee Guile Wek’èezhìı Renewable Resources Board
  • Jody Pellissey Wek’èezhìı Renewable Resources Board
  • Ema Qaqqutaq Kitikmeot Regional Wildlife Board
  • Justina Ray Wildlife Conservation Society of Canada
  • Don Russell Université du Yukon, Réseau circumpolaire de surveillance et d’évaluation du caribou
  • Isabelle Schmelzer Gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, ministère des Forêts et de la Faune
  • Mike Suitor Gouvernement du Yukon, ministère de l’Environnement, de la Pêche et de la Faune
  • Joelle Taillon Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, Gouvernement du Québec

* Auteurs correspondants/ co-premier auteurs

Information sur la citation

Bongelli, E., Orman, L., Adamczewski, J., Campbell, M., Cluff, H. D., Guile, A., Pellissey, J., Qaqqutaq, E., Ray, J., Russell, D., Schmelzer, I., Suitor, M. et Taillon, J. 2022. Caribou – Le pouls de la toundra. Savoir polaire : Rapport Aqhaliat, volume 4, Savoir Polaire Canada, p. 84–105. DOI: 10.35298/pkc.2021.04.fra

Introduction

Le caribou a la plus grande aire de répartition circumpolaire de tous les grands mammifères à sabots. En Amérique du Nord, le caribou vit aussi loin au nord que l’île d’Ellesmere, et aussi loin au sud que le Nord des États-Unis. Il vit d’un bout à l’autre du Canada. Au Canada, il existe quatre écotypes différents de caribous : migrateurs ou de la toundra, des bois, de Peary et de montagne. Ils diffèrent les uns des autres par leur comportement, leur écologie, leur génétique et leur apparence physique.

Les peuples autochtones de l’Arctique partagent un écosystème avec le caribou, dont ils dépendent pour se nourrir, se vêtir et se façonner des outils depuis des millénaires. Leurs cultures reflètent une relation étroite avec le caribou et un profond respect pour lui. Les Aînés soulignent qu’un chasseur ne doit prendre que ce dont il a besoin, et utiliser tout l’animal, sans gaspillage. Ces pratiques sont écologiquement durables et constituent un bon point de départ pour constituer des systèmes de gestion. 1

De nombreuses hardes de caribous migrateurs du Nord canadien hivernent dans la forêt boréale et migrent vers le nord au printemps pour mettre bas dans la toundra. Ils migrent pour accéder aux ressources alimentaires saisonnières de grande qualité et abondantes de la toundra et pour éviter les prédateurs de la forêt boréale. Ces hardes continuent d’afficher un comportement migratoire pendant les périodes d’abondance ou de rareté de nourriture. La surveillance actuelle révèle que de nombreuses hardes dans tout le Nord soit sont en déclin, soit présentent des effectifs faibles (p. ex., les hardes de Bathurst et de la rivière George). D’autres, comme la harde de Qamanirjuaq, maintiennent une taille modérée, mais elles sont déclarées comme étant en déclin. La harde de la Porcupine a récemment atteint un nombre record (Figure 1).

Les Aînés savent que, sur de longues périodes, la taille des hardes de caribous diminue et augmente – et ils disent que « le caribou reviendra ». Néanmoins, les activités humaines qui nuisent au caribou ont augmenté. Ces activités comprennent notamment l’exploitation et l’exploration minières, les routes, les méthodes de chasse très efficaces, la vente de viande sur Internet et les effets des changements climatiques. En raison de ces activités, certains craignent que le caribou ne puisse pas se rétablir comme il l’a fait par le passé.

Le présent rapport rassemble les connaissances scientifiques et le savoir autochtone pour répondre aux questions soulevées au sujet de l’abondance et de la migration du caribou lors de l’atelier régional sur la planification et l’échange de connaissances de 2020 qui s’est tenu à la Station de recherche dans l’Extrême-Arctique canadien au Nunavut, au Canada. 2

Mouvements et répartition des hardes – habitat du caribou

La connaissance de l’utilisation des aires de répartition saisonnière est un élément clé de la gestion des hardes de caribous migrateurs et de leur habitat. L’aire de répartition annuelle est composée de différentes aires de répartition saisonnière situées dans la forêt boréale, la taïga et la toundra arctique. La taille et l’emplacement de l’aire de répartition annuelle sont principalement touchés par l’ampleur des migrations de printemps et d’automne entre les aires de répartition d’été et d’hiver de la harde.

Les caribous migrateurs passent généralement par neuf stades définis à la fois par les déplacements et les événements de reproduction au cours d’une année :

  • vêlage
  • post-vêlage
  • été
  • fin de l’été
  • migration d’automne (pré-reproduction)
  • rut
  • migration d’automne (post-reproduction)
  • hiver
  • migration de printemps vers les aires de vêlage 3

Les caribous sont vulnérables aux perturbations à tous les stades, mais le risque est considéré comme élevé pendant et après le vêlage. Il y a plusieurs raisons à cela :

  • Les femelles ont besoin de beaucoup d’énergie après la naissance de leurs petits. Elles dépendent de l’accès à la végétation de la toundra, qui n’est disponible que pendant de courtes périodes chaque année.
  • S’ils sont dérangés, les caribous sont plus susceptibles de s’enfuir, car c’est à cette époque que le lien entre les femelles et leurs faons est le plus fort. Les femelles pourraient éviter les zones trop perturbées, ce qui les amènerait à utiliser un habitat de moindre qualité, avec moins de nourriture pour le faon.
  • De nombreuses femelles et faons restent ensemble dans une zone géographique restreinte, de sorte que toute perturbation aura probablement une incidence sur un plus grand nombre d’animaux.

Les plans de gestion du caribou doivent protéger le caribou des perturbations à tous les stades, mais les saisons de vêlage, de post-vêlage et de migration printanière sont essentielles à protéger.

Les caribous migrateurs se rendent généralement dans les mêmes zones de vêlage d’année en année. Cependant, il arrive que certains se déplacent vers des hardes ou des zones de vêlage à proximité. Dans l’Est du Canada, les données de suivi ont montré que quelques femelles de la rivière George se sont déplacées vers la zone de vêlage de harde voisine de la rivière aux Feuilles entre 1990 et 2000. Cependant, un tiers de ces femelles sont revenues dans l’aire de vêlage de la harde de la rivière George les années suivantes. Depuis 2008, il n’y a aucune donnée probante de déplacement de femelles de la harde de la rivière George vers celle de la rivière aux Feuilles. L’analyse actuelle suggère que ce mouvement de caribous n’est pas un facteur important dans le déclin documenté de la harde de la rivière George au cours de la dernière décennie.

À l’échelle mondiale, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a réévalué le Rangifer dans l’ensemble de son aire de répartition nord-américaine et eurasienne comme étant vulnérable en raison du déclin de 40 % observé au cours des 21 à 27 dernières années. 4 Parmi les populations de caribous migrateurs d’Amérique du Nord, il existe des variations régionales dans l’étendue et le moment du déclin et du rétablissement des populations. Ainsi, en Alaska, trois hardes ont connu un pic entre 2003 et 2010, puis ont décliné de 53 % avant que, en 2017, deux hardes ne commencent à se rétablir. La harde de la Porcupine, que se partagent le Canada et l’Alaska, est la seule harde en Amérique du Nord à avoir augmenté au cours des deux dernières décennies – de 70 % entre 2001 et 2017. D’autres hardes, notamment au Nunavut, ont connu un déclin au cours de la dernière décennie.

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) utilise les normes de l’UICN pour évaluer le risque des espèces en péril au Canada, y compris le caribou. En 2016, le COSEPAC a évalué le caribou de la toundra de l’Ouest du Canada continental comme étant menacé, car les effectifs de neuf hardes avaient gravement chuté 5. En 2017, le COSEPAC a recommandé l’inscription du caribou migrateur de l’Est, qui comprend les hardes de la rivière George et de la rivière aux Feuilles, comme espèce en voie de disparition en vertu de la Loi sur les espèces en péril. En 2015, le caribou de Peary, à la suite d’une réévaluation, a vu son statut passer d’Espèce en voie de disparition à Espèce menacée6, tandis qu’en 2017, le caribou de Dolphin-et-Union a vu son statut passer d’Espèce préoccupante à Espèce en voie de disparition. 7

Le caribou et le système écologique

Des chercheurs, comme Anne Gunn, ont qualifié le caribou de « pouls de la toundra » en raison de son rôle dans le façonnement de l’écosystème toundrataïga. Des communautés et de nombreuses autres espèces sauvages dépendent de l’arrivée saisonnière des caribous pour leur survie et leur bien-être.

Les prédateurs et les charognards dépendent du caribou et, pour certaines populations, leur nombre augmente et diminue en fonction des changements de la taille des hardes de caribous. La prédation est un élément naturel de l’écologie du caribou migrateur. Les loups, son principal prédateur, chassent le caribou à longueur d’année. La survie des louveteaux semble être liée à l’abondance des caribous. 8 Les loups préfèrent faire leur tanière au sud de l’aire de vêlage, mais toujours au nord de la limite des arbres. On pense que cette stratégie permet d’optimiser la disponibilité du caribou pendant la migration et après le vêlage, lorsque les petits ont le plus besoin de protéines. 9 Les grizzlis, et les ours noirs de l’Est du Canada, sont également d’importants prédateurs du caribou. De nombreux relevés aériens permettent de voir beaucoup plus d’ours que de loups sur les aires de vêlage. Les aigles royaux sont également connus pour tuer des faons nouveau-nés, mais ce type de prédation est considéré comme mineur. Les caribous sont si importants pour le paysage que s’ils en étaient retirés, cela entraînerait un effondrement écologique. Le caribou est une espèce indicatrice de la santé des écosystèmes nordiques et des impacts des activités industrielles et des changements climatiques.

Bon nombre des 23 hardes de caribous du Nord canadien ont connu un déclin de leur population.5, 10, 11, 12, 13 Les Autochtones ont exprimé leur crainte que les prédateurs (grizzlis, ours noirs et loups) n’en soient la cause. Ce sentiment a poussé des chercheurs à mener une étude des prédateurs sur l’aire de vêlage des hardes de Qamanirjuaq et de Beverly entre 2010 et 2013. L’étude a révélé que la mortalité des faons liée à la prédation était relativement faible dans la harde de Qamanirjuaq, et que la plupart des faons tués par des loups dans la harde de Beverly représentaient une « mortalité compensatoire », les loups s’attaquant à des faons déjà affaiblis et prédisposés à la mort en raison de troubles physiologiques ou pathologiques. 14

Dans l’Est du Canada, les chercheurs étudient comment les prédateurs (loups et ours noirs) ont une incidence sur les hardes de la rivière George et de la rivière aux Feuilles. De 2011 à 2021, des loups et des ours noirs ont fait l’objet d’études pour évaluer leur répartition, leur abondance et leur régime alimentaire saisonnier. La population d’ours noirs qui fréquente l’aire de répartition de la rivière George semble s’accroître. Ce constat est étayé par des observations récentes et plus fréquentes d’ours à proximité de communautés autochtones. Depuis 2011, les observations de loups sur l’aire de répartition de la rivière George ont considérablement diminué. Cela suggère que la prédation par les loups est actuellement peu fréquente dans l’aire de répartition de la harde.

De nombreuses études antérieures ont porté sur les prédateurs présents sur les aires de vêlage pendant la première semaine de vie des faons. L’étude de la relation entre le caribou et ses prédateurs devrait se poursuivre durant les périodes de post-vêlage et d’hivernage afin de mieux comprendre comment les prédateurs ont une incidence sur la survie du caribou durant toutes les périodes de sa vie. 14

D’autres études ont cherché à mieux comprendre les causes du déclin des populations. Une étude en particulier a porté sur le déclin du caribou de l’île de Terre-Neuve. 15 Voici un aperçu des résultats de l’étude : 

  • Le nombre d’animaux était trop élevé par rapport à ce que le milieu pouvait accueillir
  • La surabondance a entraîné une concurrence accrue pour la nourriture et l’espace, d’où une malnutrition
  • La malnutrition a entraîné une diminution de la taille des femelles, des taux de survie et de grossesse
  • Le surpâturage a amené les caribous à fréquenter des habitats qu’ils évitaient auparavant pour accéder à la nourriture – ces zones avaient plus de prédateurs
  • Les faons de petite taille couraient un risque accru de prédation
  • La survie des faons est devenue très faible (moins de 5 % au début des années 2000)

Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si une relation similaire entre de nombreuses hardes de caribous migrateurs du Nord et leur aire de répartition est un facteur contribuant aux récents déclins.

Dynamique des populations

La taille des hardes de caribous migrateurs augmente et diminue sur de longues périodes qui peuvent s’étendre sur des décennies. 5, 16, 17, 18 Les histoires orales autochtones parlent également des hausses et des baisses des populations de caribous. 19, 20 Les populations de caribous de Bathurst et de la rivière George sont actuellement à des niveaux extrêmement bas. L’estimation la plus récente (2021) pour la harde de Bathurst est d’environ 6 200, soit une baisse par rapport aux estimations précédentes d’environ 8 200 en 2018 et de 20 000 individus en 2015. Il s’agit d’une baisse par rapport au pic de population d’environ 500 000 individus atteint en 1986. La harde de la rivière George a été estimée à 8 100 têtes en 2020. Bien que légèrement supérieur à l’estimation précédente (2018) de 5 500, cela représente un déclin de près de 99 % de la taille de sa population de 800 000 caribous au début des années 1990. 21 Par contre, la harde de la Porcupine est à un niveau élevé, estimé à 218 000 en 2017. L’estimation la plus récente de la harde de Qamanirjuaq, à 288 000 individus, en 2017, suggère que la harde se situe entre son maximum (500 000) et son minimum (44 000) historiques et qu’elle connaît un lent déclin.

Il y a une limite au nombre de caribous que leur habitat peut soutenir. Lorsque les populations sont composées d’un grand nombre d’animaux, les caribous ont un impact direct sur leur habitat par le broutage et le piétinement. La surutilisation de l’aire de répartition par le caribou peut entraîner un déclin de son état. Les aliments dont ils se nourrissent poussent lentement et mettent du temps à se régénérer. La dégradation de l’habitat peut entraîner une mauvaise condition physique, réduire la fertilité des femelles et diminuer la survie des faons. Ce facteur peut contribuer à l’augmentation et à la diminution des populations.

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Figure 1 : La nature cyclique de la fluctuation et de l'état des populations de caribous migrateurs du Nord d'après les relevés scientifiques et le savoir autochtone : hardes de caribous de la Porcupine, de Bathurst, de Qamanirijuaq et de la George River.

Comme les hardes augmentent et diminuent naturellement, les communautés ont dû faire face à des périodes où les caribous étaient rares. Les périodes d’augmentation et les périodes de déclin peuvent durer des décennies. Il est important de prendre en compte les perspectives à court et à long terme des tendances en matière d’abondance. Les tendances à court terme peuvent aider à définir la santé et le statut actuels. Les tendances à long terme peuvent aider à évaluer si les contraintes causées par l’homme, telles que le développement et les changements climatiques, aggravent les déclins, prolongent les périodes de rareté ou même empêchent le rétablissement.

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Figure 2 : Évolution de l’indice d’abondance du caribou au fil du temps à l’aide de l’Inuit Qaujimajatuqangit transmis par des Aînés du Sud de l’île de Baffin.19

Savoir autochtone sur la dynamique des populations de caribous

Des Aînés inuits du Sud de l’île de Baffin ont transmis l’Inuit Qaujimajatuqangit sur les changements passés dans la répartition et l’abondance du caribou. 19 Un cycle dure la vie d’un Aîné, avec des déclins périodiques après un surpâturage. Les Aînés se sont souvenus de la forte fluctuation de la population de caribous de l’île au long des cycles naturels, à commencer par l’augmentation du nombre de caribous au début des années 1900, qui a duré environ 20 ans, suivie d’un déclin rapide qui a duré environ trois décennies. Parce que « la terre devait se reposer », les Inuits ont continué à récolter des caribous pendant la période de faible abondance des années 1950 et 1960, ce qui a permis le rétablissement du lichen dont se nourrissent les caribous. De 1970 à 2000 environ, l’abondance des caribous a augmenté. 19 En se basant sur des relevés partiels, Ferguson et Gauthier 17 ont suggéré une abondance de l’ordre de 120 000 caribous dans le Sud de l’île de Baffin en 1991. Au début des années 2000, les Aînés inuits ont prédit un autre déclin. Un déclin brutal s’est produit au cours des années 2000 et s’est poursuivi jusqu’au niveau actuel de 5 000 caribous sur l’île de Baffin. 22 Les participants inuits d’un atelier sur le caribou de l’île de Baffin en 2014 ont discuté de la rareté de l’abondance du caribou d’après l’Inuit Qaujimajatuqangit et les relevés aériens approfondis, ainsi que des options de gestion coopérative. 23

Les Aînés prédisent des déclins cycliques après avoir vu « trop de caribous pendant trop longtemps ». Les caribous se déplacent d’abord pour trouver une meilleure nourriture, mais leur abondance finit par décliner. Après des périodes de faible abondance, l’aliment en hiver, le lichen, peut se rétablir sur une période d’environ 20 ans. Les Aînés ont dit : « Il nous faudra attendre que la mousse et les plantes poussent sur les bois de caribou au sol avant que le nombre de caribous augmente à nouveau. » Les Aînés ont également décrit des zones importantes où les Inuits trouvent quelques caribous lorsqu’il n’y en a pas ailleurs. À partir de ces endroits, les caribous ont fini par repeupler d’autres zones à mesure que l’habitat se restaurait. Selon le savoir autochtone, ces zones et d’autres sont importantes pour le rétablissement du caribou. 19

Effets cumulatifs sur le caribou

Rôle du climat

Les caribous migrateurs du continent peuvent supporter des conditions météorologiques défavorables, en partie parce qu’ils recherchent les habitats optimaux pour chaque saison – la forêt boréale en hiver et la toundra en été. Ainsi, chaque harde s’épanouit sur ses propres terres et selon son propre climat. Les hardes de la Porcupine et de la rivière George, par exemple, vivent dans un paysage de pergélisol, et elles bénéficient de la riche croissance des plantes que les étés chauds favorisent. La harde de Bathurst vit sur le substrat rocheux du Bouclier canadien, où il y a moins de pluie en été. Les sols sont peu profonds, et lorsqu’ils s’assèchent, la nourriture des caribous peine à pousser. En revanche, l’aire de répartition de la harde de la rivière George sur la péninsule d’Ungava reçoit plus de pluie en été par rapport aux autres aires de répartition et elle bénéficie d’étés chauds. 24 Ces conditions favorisent une croissance plus rapide des plantes et augmentent la couverture arbustive.

Pour confondre les effets complexes des changements climatiques, des études récentes sur le caribou boréal du Labrador montrent une efficacité prédatrice accrue des loups en hiver en raison de la diminution des chutes de neige. 25 En outre, des recherches menées au Northern Plant Ecology Lab au Yukon 26 suggèrent une tendance future à l’empiétement vers le nord de la forêt de feuillus, de trembles et de bouleaux. L’impact peut contribuer à un déclin futur de la productivité et de l’adéquation de l’habitat pour les caribous migrateurs dans certaines parties sud de leur aire d’hivernage actuelle.

Dans des milieux nordiques, les changements climatiques se produisent plus rapidement que dans des milieux tempérés ou tropicaux plus au sud. Plusieurs études suggèrent que les changements climatiques entraîneront des modifications de la température et des précipitations dans les aires migratoires du caribou. Un changement de température et de précipitations peut avoir une incidence sur la croissance de la végétation, des insectes piqueurs et des parasites, ainsi que l’état de la neige. En apprenant comment le climat de l’aire de répartition de chaque harde influe sur sa santé, le nombre de faons qu’elle engendre et les conditions rencontrées pendant sa migration, nous pourrons mieux comprendre les impacts des changements climatiques.

Effets cumulatifs

La demande mondiale de ressources entraîne une augmentation du nombre de routes, de mines et d’autres aménagements dans le Nord. Les routes permettent aux chasseurs et aux prédateurs d’atteindre plus facilement les hardes de caribous, et ces derniers ont plus de mal à trouver des endroits sûrs. Les gouvernements exigent de ceux qui proposent de nouveaux développements qu’ils expliquent comment le projet pourrait avoir des répercussions sur les hardes de caribous. Ils doivent évaluer ses effets cumulatifs, c’est-à-dire la façon dont le projet s’ajouterait aux impacts des développements existants et aux impacts des développements futurs possibles. Ainsi, si quelqu’un propose une route dans l’aire d’hivernage d’une harde de caribous, il doit évaluer comment cette route touchera les caribous hivernants, mais aussi comment elle s’ajoutera aux impacts existants d’autres développements dans l’ensemble de l’aire de la harde. Il doit également évaluer si la construction de la route peut encourager un aménagement futur. 27 Des études récentes sur l’impact des routes dans l’arrêt et le retardement de la migration du caribou de Qamanirjuaq dans la région de Kivalliq au Nunavut pendant une période de cinq jours, telle que mesurée par l’information sur les colliers de caribous, fournissent des indications importantes sur les effets cumulatifs des obstacles à la migration des caribous. 28 Malheureusement, la science des impacts cumulatifs est récente et encore en cours de compréhension.

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Participants de l'étude du caribou grâce à l'Inuit Qaujimajatuqangit, de gauche à droite : ᕼᐅᕆ ᓚᕝᕙᖅ, ᐊᑲᑲ ᓵᑖ, ᓄᕙᔪᑦ ᐊᐃᐱᓕ,ᔫᓴ ᐅᓂᐅᖅᓴᕋᖅ,ᔫ ᑎᑭᕕᒃ, ᐸᑦᓗᓇᐅᓪᓚᖅ, ᓘᑲᓯᓄᑕᕋᓗᒃ, ᓴᐃᒨᓂᐊᓚᐃᙵ). 19

Il est difficile de faire ces évaluations, et cela demande beaucoup de connaissances. Nous devons savoir comment chaque caribou réagit aux perturbations humaines et quel rôle le climat peut jouer dans la santé des caribous. Nous devons établir un lien entre l’impact sur un seul animal et l’ensemble de la harde. Heureusement, de nouvelles études tentent de comprendre comment le caribou s’adapte à son milieu, et de nouvelles informations sont recueillies chaque année. Cela inclut les informations provenant des colliers émetteurs posés sur des caribous.

Des modèles informatiques sont utilisés pour rassembler toutes ces informations. Le modèle indique quand, et pendant combien de temps, le caribou rencontrera une route, une mine ou tout autre aménagement. Connaître ses besoins alimentaires, la quantité de nourriture disponible et son comportement alimentaire est utile pour estimer son poids. Il est plus facile pour une femelle plus lourde de devenir gestante, et pour un faon plus lourd de survivre à l’hiver. Ces modèles informatiques nous aident à comprendre comment le climat et le développement peuvent influer sur le nombre de caribous, mais ils ne peuvent pas rendre compte de l’ensemble de la situation.

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Nous devrons attendre que la mousse et les plantes poussent sur les bois des caribous au sol avant que le nombre de caribous augmente à nouveau. 23 Crédit photo : Gouvernement du Nunavut

Les scientifiques ont utilisé des modèles informatiques pour évaluer les possibilités d’exploitation pétrolière sur les aires de vêlage et de post-vêlage de la harde de la Porcupine et pour fournir des informations au Plan de l’aire de répartition de la sous-population de Bathurst.

Pour une description du savoir autochtone relatif aux effets cumulatifs sur le caribou, veuillez consulter la section sur les facteurs de stress et effets ci-dessous.

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Figure 3 : De nombreux facteurs influencent les populations de caribous, les effets étant complexes et cumulatifs.

Gestion des récoltes

La chasse au caribou est au cœur de la relation entre les humains et le caribou. La surveillance de la chasse au caribou est importante pour la gestion du caribou. Les données sur les récoltes sont essentielles pour une gestion durable et pour comprendre comment la chasse a une incidence sur la taille des hardes. C’est aussi une occasion pour recueillir des informations sur la santé, la répartition et l’écologie du caribou.

Des règlements contrôlent la chasse au caribou pratiquée par des chasseurs non autochtones. Les droits de récolte des Autochtones ne sont normalement pas limités, mais dans certaines zones où il y a un problème de conservation, les droits de récolte des Autochtones peuvent être limités. Il est difficile d’établir des rapports sur les récoltes de caribous, car les hardes migrent sur de vastes zones couvrant différents pays, territoires, provinces et revendications territoriales. Les rapports de récolte fonctionnent mieux lorsque les chasseurs font confiance aux organismes qui collectent les informations. Tout le monde y gagne lorsque tous les gouvernements (y compris des Autochtones – Inuits, Premières Nations et Métis) travaillent ensemble pour compter et gérer la récolte du caribou.

Dans différents territoires et provinces du Canada, les OCTs ont souvent pris des mesures pour conserver le caribou en période de rareté. Au Nunavut, par exemple, ils ont interdit de manière proactive la chasse sportive et commerciale tout en maintenant la chasse de subsistance. La vente de viande de caribou par les médias sociaux dans et entre les communautés est en augmentation, ce qui peut signifier que davantage de caribous sont récoltés. Des mesures de conservation plus strictes et des rapports élaborés sur les récoltes dans le cadre d’une gestion coopérative sont nécessaires.

Dans les Territoires du Nord-Ouest, le Wek’èezhìı Renewable Resources Board (WRRB) a sévèrement restreint la récolte de la harde de Bathurst en 2010. La taille de la harde est restée stable de 2009 à 2012, mais elle a ensuite repris sa baisse. Par conséquent, en 2016, le WRRB a décidé de restreindre toutes les récoltes. Cette situation a entraîné une détresse et des difficultés au sein des communautés.

Il est difficile de faire respecter l’interdiction de récolte, car la harde de Bathurst partage une aire d’hivernage avec les hardes de Bluenose-est et de Beverly et d’Ahiak. La zone de gestion du noyau de population mobile du caribou de Bathurst a été créée pour cette raison. Chaque semaine, les chasseurs reçoivent une carte qui indique l’emplacement de la harde de Bathurst, avec une zone tampon autour de celle-ci, afin qu’ils sachent où la chasse est interdite. Des agents patrouillent dans la région pour s’assurer que ces interdictions sont respectées, mais la taille et l’éloignement des zones rendent leur application difficile. En 2021, le gouvernement Tłıchǫ, les Dénés Yellowknives ̨ et l’Alliance métisse North Slave ont posté des surveillants communautaires sur la route d’hiver de Tibbitt à Contwoyto pour suivre la récolte et fournir des informations aux récolteurs.

Pour des informations sur le savoir autochtone et la gestion des récoltes, veuillez consulter les sections sur réduire les facteurs de stress liés à la récolte et l’impact sur la santé des peuples autochtones ci-dessous.

Rétablissement du caribou

Lorsque les caribous se déplacent sur le territoire, leurs sabots laissent des traces sur les racines des plantes. Les traces sont encore visibles des centaines d’années plus tard, ce qui aide les biologistes à comprendre les périodes passées d’abondance et de rareté. 29 Les informations qu’elles montrent correspondent au savoir autochtone sur les hausses et les baisses du nombre de caribous. Il est possible que les pics ne soient pas aussi élevés qu’auparavant et que les faibles quantités aient duré plus longtemps que d’habitude. En outre, toutes les périodes de déclin ne sont pas nécessairement suivies d’un rétablissement.

À l’heure actuelle, de nombreuses hardes sont à des niveaux faibles, la gestion du caribou doit donc se concentrer sur le maintien ou la création des meilleures conditions possible pour leur rétablissement. Nous pouvons savoir quelles conditions sont liées aux périodes de déclin et de rétablissement en examinant les fluctuations passées du nombre de caribous et l’évolution de leurs aires de répartition depuis le dernier pic.

Les biologistes mesurent plusieurs facteurs pour les aider à évaluer la santé d’une harde. Bien que chaque harde soit unique, voici les signes généraux d’une harde en bonne santé et en pleine croissance :

  • Bonne condition physique des femelles. Les femelles grasses sont également plus susceptibles d’être gestantes
  • Bon poids à la naissance et survie des faons (les faons représentent au moins 20 % de la harde en octobre)
  • Un mélange équilibré de femelles et de mâles (Environ 30 faons pour 100 femelles en octobre)
  • Un taux de survie annuel élevé des femelles adultes de 85 % et idéalement de 80 % pour les mâles (bien que viable à un taux de survie des mâles plus faible)

Lorsque les hardes se rétablissent et se développent, elles commencent à élargir leur aire de répartition. Elles peuvent revenir dans des zones qu’elles n’ont pas utilisées depuis des décennies, où la végétation a eu le temps de se rétablir après avoir été broutée par les caribous. Les activités de développement actuelles et futures peuvent interférer avec l’accès aux habitats saisonniers et les déplacements saisonniers des caribous.

De nombreux facteurs ont une incidence sur les populations de caribous, notamment les prédateurs, les développements industriels, les routes, la chasse et les facteurs naturels tels que les incendies, les conditions météorologiques et les maladies. Lorsque les hardes sont réduites, leur déclin est probablement plus rapide. Les petites populations sont particulièrement vulnérables aux changements qui touchent à la survie des adultes et des faons, notamment la récolte, les conditions météorologiques ainsi que la qualité et la disponibilité de la nourriture. Cependant, à mesure qu’une harde s’agrandit, elle devient généralement plus sûre. Elle compte suffisamment d’animaux pour résister à des revers tels que des noyades en traversant une rivière, ou un printemps tardif, qui peut s’avérer mortel pour des faons. Une population rétablie a besoin d’un habitat suffisant pour chaque partie de son cycle de vie (vêlage et post-vêlage, rut, migrations et aires d’hivernage) et elle doit pouvoir se rendre dans ces habitats.

Les conseils de gestion, en collaboration avec leurs nombreux partenaires – organisations de chasseurs et de trappeurs, organisations régionales de protection de la faune, biologistes gouvernementaux, détenteurs de savoir traditionnel et autres, formulent des recommandations visant à préserver la santé de l’habitat du caribou à long terme. Ainsi, les évaluations des impacts du développement sur le caribou — routes, bruit, poussière et autres perturbations — doivent prendre en compte les effets du développement sur toute la durée des hauts et des bas de la population naturelle. Ceci est particulièrement important pour les habitats qui sont essentiels à la durabilité de la harde.

Le caribou est confronté à des défis modernes qui peuvent empêcher ou ralentir son rétablissement, voire provoquer son déclin. Les changements climatiques, le développement industriel et les méthodes de chasse modernes peuvent tous limiter le rétablissement. Les compromis associés à l’utilisation des terres et aux décisions de récolte qui peuvent être favorables ou défavorables doivent être discutés. Les personnes, les communautés, les détenteurs de savoir autochtone et de connaissances scientifiques, ainsi que les gouvernements, veulent tous voir des hardes de caribous en bonne santé. Nous devons travailler ensemble pour conserver les populations et leur habitat.

Perspective autochtone

Les paragraphes qui suivent présentent le point de vue du savoir autochtone sur les questions abordées ci-dessus, transmis dans le cadre d’entrevues et de discussions tenues avec George Lyall, de Nain, au Nunatsiavut, à Terre-Neuve-et-Labrador, Lars Qaqqaq de Baker Lake, au Nunavut, et Johnnie Lennie d’Inuvik, Inuvialuit, des Territoires du Nord-Ouest.

Populations de caribous

La harde de Qamanirjuaq, près de Baker Lake, qui était autrefois massive, est en train de se contracter. Le cycle de population de cette harde est de 60 à 70 ans, mais d’autres facteurs contribuent à son déclin. La harde de Beverly est également en déclin, en raison de modifications de sa voie de migration et de ses aires de vêlage, de l’évolution des conditions de glace le long de sa voie et d’autres facteurs.

Au Nunatsiavut, la harde de la rivière George, autrefois estimée à 750 000 individus, n’en compte plus que très peu, et la taille de la harde des monts Torngat continue d’être évaluée par des relevés aériens. La population de caribous forestiers des monts Red Wine est petite. Les biologistes qui ont examiné des carcasses n’ont pas été en mesure de trouver la cause de ces déclins.

Dans la région d’Inuvialuit, les hardes de caribous de Bluenose et de la péninsule de Tuktoyaktuk semblent toutes deux se trouver dans un cycle bas. La harde Bluenose, autrefois unique, s’est scindée en deux. Les caribous de la péninsule de Tuktoyaktuk se sont reproduits avec des rennes qui ont été importés dans la région il y a de nombreuses années. La harde de la Porcupine est en bonne santé.

Facteurs de stress et effets

Les caribous ont beaucoup de défis à surmonter. La croissance des collectivités et la construction de mines et de routes peuvent causer du stress et avoir des effets négatifs sur le caribou. Les routes facilitent les déplacements sur le territoire pour les chasseurs. Certains peuvent tuer plus que ce dont ils ont besoin et gaspiller de la viande. Les loups attendent aussi les caribous le long des routes. Les populations de loups augmentent et diminuent lorsqu’il y a plus de caribous, en particulier de faons.

Dans les Territoires du Nord-Ouest, le gouvernement a payé des chasseurs en échange de carcasses de loups. Si cela réduit le nombre de loups, cela peut contribuer à protéger le caribou à court terme. Les caribous n’aiment pas traverser les lignes électriques au Nunatsiavut et au Québec. Cette question préoccupe certains habitants de la région de Kivalliq, au Nunavut, car une ligne électrique y a été proposée. Les aménagements hydroélectriques au Nunatsiavut et au Québec ont causé du stress et d’autres effets négatifs pour le caribou. Les étés plus chauds peuvent amener plus de moustiques et de mouches, ce qui oblige les caribous à se rapprocher de plans d’eau. Les changements climatiques ont également retardé le gel des lacs et des rivières. Certains ne gèlent pas complètement, ce qui peut nuire à la migration du caribou. Les pluies tardives dans l’année et la pluie verglaçante sur la neige créent une croûte que le caribou doit briser pour atteindre sa nourriture. Les faons meurent de faim lorsque la croûte de glace est épaisse.

Réduire les facteurs de stress liés à la récolte

De nombreuses mesures sont prises pour réduire le stress que la chasse fait peser sur les hardes. Les conseils de gestion de la faune font ce qu’ils peuvent pour gérer la récolte afin qu’elle reste viable pour les communautés qui dépendent du caribou. La plupart d’entre eux s’appuient sur le savoir autochtone pour élaborer des règles, telles que l’interdiction de chasser le caribou de tête, qui marche en tête de la harde, l’interdiction de chasser les femelles gestantes ou les femelles avec des faons, et l’interdiction de chasser pendant la saison du rut. Partout où les hardes sont en déclin (même en raison de cycles naturels), les conseils de gestion ont diminué le nombre de caribous autorisés par foyer ou réduit la chasse dans une certaine zone, de sorte que les chasseurs doivent se déplacer plus loin pour obtenir plus de caribous.

La chasse sportive et la vente de viande de caribou ont été réduites ou éliminées dans certaines régions de l’Arctique, mais elles constituent un problème dans d’autres régions. Les Inuits sont autorisés à vendre de la viande de caribou à d’autres Inuits dans certaines communautés et régions. Cette situation peut être préoccupante et fait l’objet d’une surveillance prudente. Dans ces endroits, la chasse commerciale est réduite lorsqu’il n’y a pas assez de caribous pour subvenir aux besoins alimentaires des Inuits locaux.

Lorsqu’une harde de caribous est considérée comme trop petite pour supporter toute récolte, les systèmes de cogestion peuvent introduire un moratoire comme outil de gestion, uniquement en cas de besoin. Un moratoire ne fonctionne que si tout le monde l’accepte. Les personnes qui continuent à chasser peuvent mettre la harde à risque. Elles peuvent causer des dommages à long terme à la harde de caribous et elles vont à l’encontre des intérêts des communautés autochtones. Les chasseurs qui respectent l’interdiction estiment que ce comportement est injuste.

Impact sur la santé des peuples autochtones

Lorsque la viande de caribou est difficile à obtenir ou n’est pas disponible du tout, les gens peuvent se tourner vers des aliments achetés en magasin, qui sont moins nutritifs et plus chers. Chaque génération mange de moins en moins de caribou en raison des limitations et des interdictions.

Le gouvernement du Nunatsiavut a importé du caribou et du bœuf musqué d’une autre région pour donner à ses membres la possibilité de manger du caribou et du bœuf musqué. (Remarque : Pour compenser la rareté du caribou et le manque d’aliments traditionnels sur l’île de Baffin, le gouvernement du Nunavut a recommandé une chasse communautaire au bœuf musqué sur l’île Devon, où une population saine de ces animaux est disponible pour la récolte par les communautés de la côte nord de l’île de Baffin. 30

Protection actuelle et future de l’habitat du caribou

Le gouvernement et les partenaires de cogestion dans tout le Nord ont travaillé ensemble pour élaborer des mesures de protection du caribou et de son habitat. Certains ont établi des réserves naturelles dans des zones importantes pour les voies migratoires et les stades du cycle de vie du caribou. Le gouvernement du Québec, par exemple, a récemment créé des aires protégées qui protègent une partie des aires de répartition de la harde de caribous de la rivière George. Ces aires protègent une partie des aires de répartition saisonnière du cycle de vie annuel de la harde de caribous de la rivière George. Aucune activité d’exploration ou d’exploitation de ressources naturelles (y compris l’exploitation minière, l’extraction d’énergie, la foresterie) n’est autorisée dans ces aires. 31 Les aires de vêlage et de post-vêlage du caribou de la Porcupine sont actuellement protégées par le parc national Ivvavik au Canada et par l’Arctic National Wildlife Refuge en Alaska, bien qu’une grande partie des aires de vêlage soit menacée par une éventuelle exploitation pétrolière. Le Conseil de gestion des ressources fauniques du Nunavut (CGRFN), principal instrument de gestion des ressources fauniques du territoire, a dressé une liste de recommandations concernant l’habitat du caribou pour le projet de Plan d’aménagement du Nunavut. 32 Cette liste comprend une recommandation visant à créer des réserves afin de protéger l’habitat essentiel du caribou dans la région du Nunavut, notamment :

  1. L’établissement d’aires protégées est généralement une mesure de conservation plus efficace pour la protection de l’habitat principal du caribou et des populations vulnérables de caribous que la simple mise en place de mesures de protection.
  2. Compte tenu notamment des faibles effectifs actuels, de la grande valeur économique, sociale et culturelle du caribou et de son habitat pour les Inuits et des activités d’exploration et de développement en cours sur l’ensemble du territoire, il est urgent que des mesures rapides et efficaces soient prises par les autorités de gestion pour assurer la protection de cette ressource naturelle irremplaçable.
  3. L’établissement, en vertu de la Loi sur la faune et la flore du Nunavut, de régions de gestion spéciale et de mesures de protection réglementaires qui les accompagnent, semble être une mesure juridique efficace et appropriée pour la protection du caribou et de son habitat. 32

Bien qu’aucune aire protégée pour l’habitat essentiel du caribou (aires de vêlage, aires de post-vêlage, voies migratoires connexes et franchissements de cours d’eau) n’ait encore été mise en réserve au Nunavut, il s’agit de pas positifs dans la bonne direction. En outre, l’élaboration du Plan d’aménagement du Nunavut doit être poursuivie afin de répondre aux besoins de protection de l’habitat du caribou. Les hardes à risque dans d’autres régions du Nord canadien pourraient avoir besoin d’une protection similaire.

Questions émergentes d'intérêt pour la recherche

Bon nombre des questions émergentes et des domaines d’intérêt pour la recherche concernant le caribou dans tout le Nord sont souvent complexes et entremêlés. À titre d’exemple, le climat de la planète change, tout comme le milieu dans lequel vit le caribou. La façon dont le caribou réagit à ces changements est très intéressante et préoccupante, car beaucoup d’entre eux pourraient être préjudiciables. Un climat plus chaud entraîne des changements dans l’approvisionnement alimentaire, car les communautés végétales s’adaptent également à des régimes plus humides ou plus secs. De nouveaux parasites et de nouvelles maladies apparaissent, ainsi qu’une augmentation du nombre et de l’aire de répartition des insectes, l’allongement des saisons de croissance offrant un nouveau point d’ancrage pour l’achèvement des stades complexes de la vie. La concurrence pour la nourriture augmente lorsque de nouvelles espèces envahissent un milieu moins hostile ou contribuent à une augmentation des prédateurs nouveaux ou existants. On s’attend à ce que des conditions plus sèches entraînent davantage de feux de forêt, ce qui modifiera l’approvisionnement en nourriture avec la perte de lichens et la structure des paysages. De nouvelles techniques de recherche, telles que l’imagerie par satellite, la télédétection et la surveillance du cortisol sanguin, peuvent aider les chercheurs à comprendre les impacts de l’aménagement des terres, des changements climatiques et des effets cumulatifs des changements à grande échelle de l’habitat et des facteurs de stress sur le caribou. S’il est possible de s’accommoder du changement, c’est le rythme du changement qui peut être une cause de rupture. Les hardes de caribous continueront-elles à être fidèles à ces aires en particulier? Conserveront-elles leur mode de migration?

En plus des questions émergentes liées aux changements climatiques, il existe de nombreux domaines d’intérêt pour la recherche scientifique et le savoir autochtone qui ont trait au cycle de vie naturel et à l’écologie du caribou dans tout le Nord. Les populations de caribous présentent des hauts et des bas de population qui peuvent persister pendant des décennies. De nombreuses populations de caribous sont actuellement en déclin. La clé d’une gestion durable est la déclaration des récoltes, qui pourrait être améliorée pour la gestion du caribou. Verrons-nous un retour aux grandes populations (p. ex., 0,5 million ou plus d’animaux dans une harde) ou les hardes se diviseront-elles et se disperserontelles davantage?

Les modifications futures apportées au territoire détermineront si le rétablissement peut atteindre les niveaux antérieurs au déclin. La dynamique prédateur-proie joue un rôle important dans l’écologie du caribou, car elle a façonné l’évolution du caribou et de ses prédateurs depuis des millénaires. On ne sait toujours pas si la prédation, notamment par les loups, peut modérer l’abondance des caribous. La limitation de l’abondance par l’approvisionnement en nourriture est probablement plus répandue, mais il peut y avoir des périodes où certains processus exercent une plus grande influence qu’à d’autres moments. Il est clair que des études à long terme peuvent aider à répondre à ces questions, mais il est urgent d’obtenir des réponses maintenant, car certaines hardes sont peut-être en péril. Avec les grandes quantités de données qui accompagnent la recherche et la surveillance, le développement et le test de modèles de population qui peuvent être complétés par le savoir autochtone couvrant des décennies deviennent de plus en plus importants. Pour que le caribou conserve une place importante dans le paysage, il aura besoin de notre aide collective pour faire face aux changements rapides qui se produisent. Grâce à la collaboration, nous pouvons travailler ensemble en utilisant les connaissances traditionnelles et scientifiques afin d’acquérir une compréhension plus complète des relations complexes entre les humains, les caribous et la terre. Si nous travaillons ensemble, le caribou pourra continuer à être le pouls de la toundra.

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  31. Présentation du Conseil de gestion des ressources fauniques du Nunavut lors de la 4e réunion technique en 2016 à la Commission d’aménagement du Nunavut – Caribou, dans le projet de Plan d’aménagement du Nunavut, transcription, 2016. 14-179E-2016-04-22 Transcript - DNLUP 4th Technical Meeting - Caribou.pdf. Consulté le 20 juil 2021.
  32. Présentation du Conseil de gestion des ressources fauniques du Nunavut lors de la 4e réunion technique en 2016 à la Commission d’aménagement du Nunavut – Caribou, dans le projet de Plan d’aménagement du Nunavut, transcription, 2016. 14-179E-2016-04-22 Transcript - DNLUP 4th Technical Meeting - Caribou.pdf. Consulté le 20 juil 2021.

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