#ImmigrationÇaCompte à Winnipeg, au Manitoba -Rapprocher les cultures pour changer les vies

« Les communautés autochtones et de nouveaux arrivants de Winnipeg ont vécu des expériences semblables en matière de racisme, d’exclusion, de pauvreté et de traumatisme », affirme Mandela Kuet. Toutefois, en raison de conceptions erronées et de la concurrence pour les ressources, des conflits entre les deux communautés peuvent survenir. Mandela veut aider ces deux communautés à se comprendre.

« En resserrant les liens, nous pouvons veiller les uns sur les autres », dit-il.

Mandela avait 13 ans lorsqu’il est arrivé à Winnipeg après avoir quitté le Soudan du Sud à la fin des années 1990. Il a grandi dans le nord de la ville, dans un quartier à majorité autochtone, et y habite toujours. Mandela a remarqué une hostilité croissante entre les deux groupes à mesure que d’autres nouveaux arrivants se sont installés dans la ville.

Il croit que la rareté des ressources et les stéréotypes sont à l’origine de la tension. « Chaque groupe pense que l’autre se voit offrir un plus grand nombre d’occasions », explique-t-il.

Un autre problème est la crainte; les gangs dans le nord de la ville ciblent les jeunes qui sont vulnérables et défavorisés sur le plan économique pour les recruter. Les résidents qui ne se sentent pas en sécurité considèrent parfois les membres de gangs de l’autre communauté comme la source du problème.

Mandela essaie d’aider chacune des communautés à comprendre les défis de l’autre. Lorsqu’il parle aux nouveaux arrivants, Mandela explique l’impact du colonialisme, des pensionnats autochtones et du traumatisme intergénérationnel sur les peuples autochtones. Lorsqu’il parle aux jeunes autochtones, Mandela attire l’attention sur le fait que les nouveaux arrivants peuvent avoir connu la guerre et la peur, avoir été confrontés à des pénuries et avoir vécu des pertes. « Tout le monde, insiste‑t‑il, ne fait qu’essayer de survivre. »

En décembre 2019, Mandela a fait équipe avec le militant autochtone Michael Redhead Champagne pour créer Real Talk Winnipeg (en anglais seulement), un balado faisant la promotion de la paix et de la collaboration entre les deux principales communautés du nord de la ville en renversant les stéréotypes. Par exemple, il y a eu des épisodes qui ont abordé la question des soutiens gouvernementaux, dans lesquels il y a eu des discussions sur la façon dont les circonstances personnelles, et non la race, influencent l’accès aux ressources. D’autres ont mis l’accent sur la parentalité et les stéréotypes liés aux cheveux longs ou aux tresses rastas.

Par conséquent, le balado tente de créer un effet d’entraînement à l’aide des auditeurs qui présentent les idées positives dont ils entendent parler dans leurs groupes d’influence, les encourageant à s’informer et à remettre les autres en question lorsque les stéréotypes négatifs sont renforcés.

« Mandela apporte au balado une énergie rationnelle et calme, ainsi qu’un sens de l’humour unique, affirme Michael. Partant d’un esprit aimant, il s’efforce de créer des occasions pour les résidents du nord de la ville, peu importe leurs origines, et de tisser des liens entre les différentes communautés. »

The Hood Fams (en anglais seulement), un organisme sans but lucratif qui offre de la formation et du soutien aux jeunes autochtones, aux jeunes racisés et aux jeunes nouveaux arrivants en vue de les aider à éviter d’entrer dans le système judiciaire, est une autre parmi les initiatives de Mandela. Cet organisme offre une halte-accueil, organise des initiatives communautaires, ainsi que propose aux jeunes des séances de perfectionnement personnel et de mentorat visant à exploiter leur motivation en vue de changer. Mandela souhaite en faire un organisme national.

Entre‑temps, il forme personnellement la prochaine génération de dirigeants.

Gode Katembo, un bâtisseur communautaire maintenant dans la mi-vingtaine, mais qui a grandi dans l’ouest de la ville, un quartier avoisinant, affirme que Mandela est un mentor d’influence et une source d’inspiration. Il y a quelques années, Gode a reconnu qu’il existait un besoin de programmes pour les jeunes afin d’éviter que les enfants des quartiers défavorisés ne soient dans la rue et ne joignent des gangs. Il essayait d’organiser une intervention lorsque Mandela l’a remarqué et a proposé de l’encadrer.

Aujourd’hui, Gode est le fondateur de 2 organismes qui utilisent le sport comme catalyseur pour le changement positif : Sports Without Boundaries et Manitoba African Cup of Nations (en anglais seulement). Les 2 organismes renforcent les liens communautaires en rendant les sports abordables et accessibles.

« Si ce n’était pas de Mandela, ces initiatives n’existeraient sûrement pas aujourd’hui, affirme Gode. Je suis devenu la personne que je suis grâce à son encadrement. »

En établissant des partenariats avec les dirigeants de communautés autochtones et en travaillant avec The Hood Fams, Mandela comble le fossé entre les nouveaux arrivants et les autochtones, et donne aux jeunes les outils dont ils ont besoin pour changer leur vie et améliorer les choses.