Évaluation de l’Initiative de développement de collectivités accueillantes

5. Conclusions

Voici les principales conclusions de cette évaluation.

1. Les programmes visant à lever les obstacles à l’intégration des nouveaux arrivants, dont le racisme et la discrimination, répondent à un besoin. L’IDCA joue un rôle à cet égard en facilitant l’intégration des nouveaux arrivants; elle s’efforce d’éliminer les obstacles à la participation et encourage les collectivités à être plus accueillantes et inclusives.

De 2001 à 2006, la population des minorités visibles au Canada a augmenté cinq fois plus vite que la population en général. Presque les trois quarts des Canadiens croient que le racisme existe au Canada et la proportion des minorités visibles qui ont senti qu’elles étaient victimes de discrimination était deux fois plus élevée que celle des minorités non visibles.

L’IDCA peut jouer un rôle clé dans l’intégration des nouveaux arrivants en les aidant à tisser des connexions communautaires, et en sensibilisant les collectivités et les informant sur la diversité, le multiculturalisme et les bienfaits de l’immigration. Plus précisément, les projets soutenus dans le cadre de l’IDCA peuvent aider à contrer les pratiques discriminatoires et le racisme à l’égard de minorités visibles et des immigrants. Ils peuvent aussi accroître la capacité des organismes de services aux immigrants et aux non-immigrants à fournir des services adaptés sur le plan culturel et à contrer efficacement le racisme et la discrimination. Ils peuvent enfin accroître la conscientisation du public sur le racisme et la discrimination et favoriser la création de milieux de travail inclusifs.

2. De façon générale, l’IDCA cadre avec les priorités et les objectifs du gouvernement du Canada, de CIC et du PACCR. L’action menée par l’Initiative se démarque de celle des autres programmes de lutte contre le racisme en ce qu’elle se concentre sur les nouveaux arrivants.

L’IDCA cadre avec l’engagement du gouvernement fédéral à assurer la réussite de l’intégration des nouveaux arrivants, tel qu’il est énoncé dans la Loi sur le multiculturalisme canadien, qui engage le gouvernement à « promouvoir la participation entière et équitable des individus et des collectivités de toutes origines à l’évolution de la nation et au façonnement de tous les secteurs de la société, et à les aider à éliminer tout obstacle à une telle participationNote de bas de page 60 ».

L’examen des résultats stratégiques de CIC montre également que les objectifs et les activités de l’IDCA sont pertinents et qu’ils cadrent avec les résultats stratégiques de CIC, lesquels sont axés sur l’élaboration de programmes d’intégration et de citoyenneté qui favorisent une société diversifiée et l’inclusion sociale.

Le PACCR fournit aussi du financement à d’autres ministères et organismes fédéraux pour la prestation de programmes de lutte contre le racisme, qui ont tous une orientation stratégique différente de celle de l’IDCA. L’IDCA est unique en ce qu’elle constitue la seule initiative axée spécifiquement sur les nouveaux arrivants et sur la réduction des obstacles auxquels ils doivent faire face relativement au racisme et à la discrimination.

3. Même si les premières données probantes indiquent que les différents projets de l’IDCA peuvent avoir un impact positif sur les nouveaux arrivants, les collectivités d’accueil et les organismes d’aide à l’établissement, le résultat de l’Initiative dans son ensemble n’est pas encore bien connu. En raison de la durée de vie de l’IDCA au moment de l’étude et de problèmes liés à la mesure du rendement, il n’a pas été possible d’évaluer adéquatement les impacts de l’Initiative dans son ensemble.

Des données sur le succès des différents projets ont pu être recueillies dans le cadre de cette évaluation. Les produits et activités des projets de l’IDCA cadraient avec les produits prévus pour l’Initiative et la plupart des projets ont très bien réussi à atteindre leurs objectifs respectifs. Dans l’ensemble, les utilisateurs des résultats des projets de l’IDCA ont exprimé leur satisfaction à l’égard des produits et de l’information offerts et les ont trouvés à jour, complets, invitants et accessibles. Les principaux facteurs ayant contribué au succès des projets de l’IDCA incluaient l’efficacité des partenariats et la mobilisation de la collectivité, la couverture médiatique, la souplesse de la conception et l’engagement d’experts du domaine.

Les conclusions ont aussi montré que certains projets de l’IDCA ont aidé les nouveaux arrivants, particulièrement les jeunes, à composer avec les questions liées au racisme et à la discrimination, à comprendre ce qu’est le multiculturalisme et à mieux s’intégrer dans leur collectivité. D’autres projets ont fait en sorte que les collectivités d’accueil sont devenues plus conscientes des problèmes liés au racisme et à la discrimination, et ont mis en valeur le multiculturalisme dans ces collectivités. Certains projets de l’IDCA ont par ailleurs permis au secteur de l’établissement d’être plus à même de contrer les problèmes que sont le racisme et la discrimination en lui fournissant des outils, des ressources et de l’information; ils ont de plus élargi la portée des programmes d’établissement existants pour y incorporer la lutte contre le racisme et des mesures portant sur le multiculturalisme.

En dépit des données probantes de ces réussites au niveau des programmes, l’évaluation n’a pas pu mesurer l’impact global de l’IDCA. L’Initiative n’avait été en place que depuis trois ans au moment de l’évaluation de la période à l’étude – une durée relativement très courte pour mesurer des résultats de programme portant sur des changements d’attitude et de comportement, lesquels mettent en général plus de temps à se manifester assez clairement pour être mesurables. De plus, l’Initiative a éprouvé un certain nombre de problèmes de surveillance et de mesure du rendement pendant la période à l’étude. Ces deux facteurs combinés ont fait que les données étaient insuffisantes pour faire cette évaluation.

4. La souplesse de la conception de l’IDCA a fait en sorte que l’Initiative s’est bien adaptée aux besoins particuliers des collectivités, mais la grande diversité des projets financés a produit un vaste éventail de résultats et d’indicateurs qui ne se laissent pas aisément cartographier et mesurer quand vient le moment d’évaluer le rendement du programme.

La souplesse de l’IDCA lui permet d’être plus réceptive; les collectivités de part et d’autre du pays peuvent ainsi adapter leurs projets en fonction de leurs objectifs. Toutefois, la grande étendue des activités et des groupes cibles dans le cadre de l’Initiative a suscité des projets divers dont la large gamme de résultats et d’indicateurs ne se laisse pas aisément cartographier et mesurer pour évaluer l’impact global des projets.

L’analyse typologique a déterminé l’existence de 56 différents projets de l’IDCA, et montré que la portée des activités et des groupes cibles soutenus par l’Initiative est vaste. Six grands thèmes ont été utilisés pour classer par catégorie le principal objectif et la principale orientation des activités de chaque projet relevé. Toutefois, beaucoup de projets de l’IDCA classés incluaient des activités qui recoupaient plusieurs thèmes et plusieurs publics cibles.

Les conclusions tirées de l’étude des documents ont révélé que CIC a reconnu que l’IDCA nécessiterait l’élaboration d’une orientation stratégique et d’un ensemble d’objectifs et d’indicateurs de rendement clairement défini; les partenaires et les intervenants éprouvent le besoin d’être mieux guidés quant aux résultats souhaités de l’IDCA.

Les conclusions tirées des entrevues ont indiqué que les opinions sont plus équilibrées quant aux bienfaits de la souplesse d’une part, et à la nécessité d’une orientation plus précise d’autre part. Les représentants des FS ont appuyé la conception générale de l’Initiative, mais ont ajouté que l’élaboration future des projets devrait être mieux orientée et plus claire quant aux résultats stratégiques et à la façon dont ils favorisent l’intégration et l’établissement des nouveaux arrivants. Les gestionnaires et les directeurs de CIC ont prédit que, dans le cadre de l’approche modernisée, l’IDCA devrait pouvoir conserver sa souplesse, mais qu’elle devrait préciser son orientation, ses attentes, ses résultats et son évaluabilité.

5. La surveillance et la mesure du rendement ont représenté un défi constant pour l’IDCA. Le financement et les projets de l’IDCA ne sont pas faciles à distinguer des autres financements et des autres projets d’aide à l’établissement, et il a été difficile d’établir des indicateurs de rendement normatifs faute de résultats comparables d’un projet à l’autre. Par conséquent, il n’y a pas de données suffisantes pour évaluer la réussite et les réalisations de l’IDCA dans son ensemble et pour en rendre compte.

La surveillance et la mesure du rendement de l’IDCA ont été difficiles à mener en raison d’un certain nombre de facteurs. Entre autres, la souplesse de l’approche de l’IDCA à l’égard du financement et la diversité des projets financés qui s’en est suivie ont posé un défi tout particulier (la question est examinée ci-dessous). Par conséquent, la mesure du rendement de l’IDCA s’est limitée à la cueillette d’informations sur les activités de projet et sur l’état d’avancement, qui avait été effectuée dans le cadre du rapport annuel présenté au PACCR. Cette information était de nature extrêmement narrative et son contenu n’était pas uniforme.

De plus, le suivi du financement et des activités de l’IDCA a posé problème. Les codes financiers de l’IDCA, établis en 2007, n’ont pas été uniformément appliqués, et les activités de projet de l’IDCA ne sont pas saisies explicitement dans le SGEC. Cette lacune a rendu difficile la distinction entre les projets de l’IDCA et les autres activités soutenues par les programmes d’établissement. Certains projets de l’IDCA étaient un prolongement de programmes d’établissement actuels. Cependant, il n’a pas toujours été possible d’isoler le financement de l’IDCA du financement d’établissement, ce qui a nui à la mesure des impacts progressifs du financement additionnel de l’IDCA.

Il s’ensuit que les projets de l’IDCA sont difficiles à identifier et leur rendement, difficile à mesurer. Les données sur le rendement des projets de l’IDCA sont insuffisantes pour évaluer les impacts de l’Initiative dans son ensemble. Si la surveillance était accrue et que la stratégie de mesure du rendement était plus solide, CIC pourrait rendre compte du succès et des réalisations globales de l’IDCA, obtenir des données uniformes d’un projet à l’autre qui guideraient ensuite l’orientation stratégique, cerner les pratiques exemplaires et déterminer des critères de comparaison entre les projets de l’IDCA. De plus, le travail futur d’évaluation de la contribution globale de l’IDCA s’en trouverait facilité.

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