ARCHIVÉ – Analyse des données sur les niveaux de compétence linguistique canadiens issues de l’enquête sur la langue (Citoyenneté)

Analyses des niveaux de compétence linguistique canadiens

Tel qu’il est mentionné dans la lettre d’entente initiale, le but principal de cette analyse est d’examiner la relation qui existe entre les notes obtenues avec l’outil d’Évaluation selon les Niveaux de compétence linguistique canadiens pour l’expression et la compréhension (la version combinée) et un éventail de facteurs susceptibles d’influencer les progrès dans l’apprentissage d’une langue seconde. Dans les sections suivantes, nous nous pencherons sur chacun de ces facteurs à tour de rôle : pays d’origine, langue maternelle, cours de langue au Canada, études au Canada, emploi au Canada, langue parlée au travail, notes obtenues à l’examen pour la citoyenneté, et ville dans laquelle l’examen a été donné.

Pays d’origine

Pour faciliter l’analyse générale, nous avons créé 8 grandes catégories géographiques, telles qu’elles sont illustrées au tableau 3 (ci-après). L’examen des notes à l’ENCLC a révélé que les groupes ayant obtenu les meilleures notes étaient celui du Pacifique Sud (Fidji), suivi par les Européens et les groupes de l’Amérique centrale/du Sud /les Caraïbes. La région affichant les résultats les plus faibles à l’ENCLC est celle de l’Asie orientale; en effet, les résultats dans ce groupe étaient de beaucoup inférieurs à ceux de toutes les autres régions. La plus grande représentation au sein de cette catégorie provenait de la Chine. Les totaux comprennent seulement les locuteurs dans des langues autres que l’anglais ou le français.

Tableau 3: Notes moyennes obtenues à l’ENCLC, selon la zone géographique.
Zone géographique Exemple de pays
(liste non exhaustive)
N Notes à l’ENCLC
Pacifique Sud Fidji 48 7,4
Europe Russie, Roumanie, Pologne, Allemagne 547 7,3
Amérique centrale/du Sud et Caraïbes Mexique, El Salvador, Colombie, Cuba 202 7,1
Afrique République démocratique somalienne, Éthiopie, Ghana, Nigeria 216 6,9
Pays où l’anglais est une langue officielle Royaume-Uni, États-Unis, Jamaïque, 71 6,7
Asie méridionale Inde, Pakistan, Sri Lanka, Bangladesh 727 6,5
Moyen-Orient Afghanistan, Iraq, Liban, Israël 452 6,4
Asie orientale Chine, Philippines, Hong Kong, Taïwan, Vietnam 1 559 6,1

Langue maternelle

Un facteur étroitement lié au pays d’origine qui est plus pertinent pour cette analyse est la langue maternelle. Comme nous l’avons déjà mentionné, un très grand nombre de langues maternelles étaient représentées dans l’échantillon. Toutefois, le petit N dans beaucoup de cas ne nous permet pas d’analyser chaque langue séparément. C’est pourquoi, nous avons reclassé les langues dans 20 grandes catégories en nous fondant sur les langues les plus fréquemment représentées dans l’échantillon, les relations génériques entre les langues et la zone géographique. Nous avons obtenu ainsi 20 catégories qui sont présentées à la figure 2.

Figure 2 : Note moyenne à l’ENCLC, selon le groupe linguistique.

Note moyenne à l’ENCLC, selon le groupe linguistique
Note moyenne à l’ENCLC, selon le groupe linguistique
Groupe linguistique Note moyenne à l’ENCLC
Vietnamien/cambodgien 3,71
Cantonais 4,92
Tamil/dravidien 5,99
Mandarin 6,14
Coréen/japonais 6,15
Iranien 6,30
Sémitique 6,37
Serbo-Croate 6,37
Autres langues chinoises 6,45
Hindi/Punjabi 6,57
Somali/Oromo 6,79
Turc 6,89
Autres langues indiennes d’Asie 7,11
Russe/ukrainien 7,24
Philippin/indonésien 7,25
Niger/Congo 7,27
Autres langues 7,40
Autres langues européennes 7,44
Autres langues slaves 7,55
Roman 7,80

À l’examen de ces notes à l’ENCLC, nous constatons que les extrêmes concernent les locuteurs de langues romanes qui affichent une moyenne de 7,8 par rapport aux Vietnamiens/Cambodgiens qui affichent une moyenne de 3,7. Ce résultat traduit un large éventail de niveaux de compétence au sein de ces groupes. Il se pourrait que l’on assiste ici à une variété d’influences. La similitude typologique, par exemple, pourrait expliquer pourquoi les locuteurs de langues romanes et d’autres langues européennes ont obtenu des résultats élevés, tandis que les locuteurs de beaucoup de langues non-indo-européennes obtenaient des résultats beaucoup moins impressionnants. Toutefois, ce facteur n’explique pas à lui seul les résultats. En effet, les locuteurs philippins/indonésiens en particulier figuraient parmi ceux ayant obtenu les meilleures notes, une constatation que l’on peut peut-être relier à la présence importante des Anglais dans ces régions, comme aux Philippines et dans les îles du Pacifique. D’autres facteurs sont susceptibles d’avoir influé sur la compétence linguistique, notamment le degré de distance culturelle, la taille des communautés de compatriotes dans les villes canadiennes, les méthodes d’enseignement de la langue dans le pays d’origine et les différences dans les niveaux de compétence globaux à l’arrivée.

Pour bien comprendre les différences existant entre les langues maternelles, nous avons examiné de plus près les notes obtenues à l’ENCLC pour les cinq catégories de langue maternelle les plus souvent représentées dans l’échantillon. Ici, nous obtenons la note moyenne la plus élevée dans le groupe Tagalog (N = 281, M = 7,2), suivi par l’arabe (N = 222, M = 6,5), le mandarin (N =575, M = 6,1), le punjabi (N = 248, M = 6,0) et le cantonais (N = 289, M = 4,9). L’analyse de la variance a révélé un important effet de la langue maternelle sur les notes à l’ENCLC, F(4, 1 610) = 36,1, p < 0,001. Les tests-t (< 0,01) ultérieurs de Bonferroni ont montré que les locuteurs du cantonais obtenaient des notes beaucoup plus faibles que tous les autres groupes, tandis que les locuteurs du tagalog obtenaient des notes beaucoup plus élevées que tous les autres groupes. Quant aux trois autres groupes, il n’y avait pas de différence significative entre eux. Les notes relativement faibles obtenues par les locuteurs du mandarin et du cantonais à l’examen sont particulièrement frappantes compte tenu que ces groupes comptent une représentation plus forte dans la catégorie des immigrants indépendants que ceux des 5 autres principales langues maternelles (79,2 % pour le mandarin et 53,4 % pour le cantonais), ce qui semble indiquer un niveau de scolarité élevé en fonction des critères de sélection des immigrants. De fait, lorsque l’on examine l’ensemble de données au complet, on constate que les immigrants dans la catégorie des indépendants ont obtenu des notes beaucoup plus élevées (M = 6,8) en fonction des mesures de l’ENCLC que ceux de la catégorie de la famille (M = 6,3) ou que les réfugiés (M = 6,0), lesquels différaient également passablement entre eux (Bonferroni, p < 0,05). Ainsi, les notes obtenues par les locuteurs du mandarin et du cantonais, qui constituent une composante importante de l’échantillon, semblent sans rapport avec celles des autres membres de la catégorie des indépendants.

Il n’est pas possible de tirer de conclusions définitives sur les raisons pour lesquelles les locuteurs du mandarin et du cantonais semblent tellement désavantagés. Mis à part le fait que ces langues sont typologiquement distinctes de l’anglais, il se pourrait que les méthodes d’enseignement et les facteurs culturels présents en Chine et à Hong Kong puissent jouer un rôle. Les recherches menées dans le futur devraient examiner le genre de cours de langue en anglais reçus par ces groupes avant leur arrivée au Canada afin de déterminer comment on pourrait répondre à leurs besoins sur le plan de l’expression orale avant l’immigration. Il est malheureux que les résultats obtenus par ces groupes à l’ENCLC en lecture et écriture n’aient pas été mesurés parce que nous pensons que les locuteurs du chinois devraient faire preuve d’une compétence supérieure dans ces domaines par rapport aux compétences en matière d’expression orale. Un autre domaine méritant une attention particulière est celui du degré d’exposition à l’anglais sur une base quotidienne après l’arrivée au Canada. Des recherches antérieures (Derwing, Munro et Thomson, 2007) ont montré que les immigrants au Canada s’exprimant en mandarin ont moins d’interactions avec les anglophones que les immigrants d’origine slave, une tendance qui pourrait s’expliquer en partie par leur développement plus lent sur le plan de l’expression orale.

Tant Hong Kong que Taïwan ont subi davantage l’expérience du monde occidental que la Chine. Pour cette raison, nous avons entrepris une analyse plus poussée dans laquelle nous comparons les résultats obtenus à l’ENCLC par les participants issus de la Chine, de Hong Kong et de Taïwan. Nous n’avons enregistré aucune différence importante sur le plan statistique, et ce, malgré une tendance chez les locuteurs de la Chine à obtenir de moins bonne notes que ceux de Hong Kong et de Taïwan.

Dans l’ensemble, nous avons constaté un important effet relatif au genre, à tel point que la note moyenne à l’ENCLC pour les hommes (6,7) était supérieure à celle des femmes (6,4), t (3 825) = 3,49, p < 0,001. Il est évident qu’un large éventail d’autres variables interagissent avec le sexe des participants dans la détermination de la compétence linguistique. Par exemple, il est bien connu que des résultats scolaires élevés sont des gages de réussite supérieure dans l’étude d’une langue seconde (Gardner, Polyzoi et Rampaul, 1996) et que le niveau de scolarité peut souvent varier entre les sexes. Toutefois, nous ne disposons pas de renseignements au sujet des antécédents des immigrants sur le plan des études effectuées avant l’arrivée au Canada. Nous avons aussi comparé les notes obtenues par les hommes et les femmes à l’ENCLC pour chacune des 20 catégories linguistiques figurant au tableau 4.

Tableau 4: Notes moyennes à l’ENCLC selon le sexe et la langue maternelle.
Langue M pour les femmes M pour les hommes Signification (test-t)
Cantonais 4,8 5,0 ns
Philippin/indonésien 7,6 6,6 p < 0,001
Hindi/punjabi 6,2 7,0 p = 0,002
Iranien 6,2 6,4 ns
Coréen/japonais 6,3 6,0 ns
Mandarin 6,1 6,2 ns
Niger/Congo 7,1 7,4 ns
Roman 7,9 7,7 ns
Russe/ukrainien 7,0 7,6 p = 0,026
Sémitique 5,8 6,9 p < 0,001
Serbo-Croate 6,5 6,3 ns
Somali/Oromo 6,7 6,9 ns
Tamil/dravidien 5,7 6,3 ns
Turc 7,2 6,5 ns
Vietnamien/cambodgien 3,3 4,6 p = 0,064
Autres langues chinoises 6,4 6,6 ns
Autres langues indiennes d’Asie 6,7 7,5 p = 0,005
Autres langues européennes 7,6 7,3 ns
Autres langues slaves 7,6 7,5 ns
Autres langues 7,6 7,2 ns

Pour plusieurs pays, aucune différence significative n’a été enregistrée en matière de compétence linguistique en anglais entre hommes et femmes, mais nous tenons à mentionner que dans cinq cas, les femmes ont obtenu des notes de beaucoup inférieures à celles des hommes. Dans un cas, le groupe philippin/indonésien, les femmes ont obtenu des notes de beaucoup supérieures à celles des hommes. Nous ne pouvons que présumer que ces différences sont liées aux méthodes d’enseignement dans le pays d’origine.

Cours de langue au Canada

Dans l’enquête, trois différentes sources de cours de langue étaient spécifiées : le programme Cours de langue pour les immigrants au Canada  (CLIC), les cours payants sur les langues officielles, et les cours sur les langues officielles donnés dans les établissements d’enseignement secondaire/collégial/universitaire. Les notes obtenues à l’ENCLC en fonction des trois sources variaient considérablement, F(2,1 848) = 171,2, p < 0,001. Les tests-t de Bonferroni ont montré que les notes obtenues par les participants selon la catégorie de formation variaient beaucoup les unes par rapport aux autres : la catégorie de cours donnés dans les établissements d’enseignement secondaire/collégial/universitaire a affiché la note moyenne la plus élevée (7,2), suivi par celle des cours payants (6,1) et par celle du CLIC (5,0) (voir figure 3). Ce n’est pas vraiment surprenant, compte tenu que le CLIC est destiné aux apprenants ayant de faibles compétences, et que beaucoup d’autres fournisseurs de cours de langue conçoivent leurs programmes de manière à ce qu’ils concordent avec ceux du CLIC afin d’éviter le chevauchement des services. Ainsi, les autres catégories de cours de langue ont tendance à desservir des apprenants possédant des compétences supérieures.

Figure 3 : Notes moyennes obtenues à l’ENCLC, selon la source des cours de langue.

Notes moyennes obtenues à l’ENCLC, selon la source des cours de langue
Notes moyennes obtenues à l’ENCLC, selon la source des cours de langue
Cours de formation en langue officielle au Canada suivis dans un établissement d’enseignement secondaire/collégial/universitaire n=431 Cours payants de formation en langue officielle au Canada n=663 Cours de formation en langue officielle au Canada dispensés par le CLIC n=787
Mean 7,17 6,07 4,95

Des écarts importants sont apparus dans la relation existant entre le genre de cours de langue suivis et les notes obtenues à l’ENCLC lorsque nous avons examiné les données relatives à diverses villes un peu partout au Canada. À Vancouver, le schéma suivait les données globales canadiennes décrites ci-dessus. À Edmonton, les notes obtenues à l’ENCLC par ceux ayant suivi les cours payants et ceux du CLIC étaient beaucoup plus faibles que celles de ceux ayant suivi les cours dans un établissement d’enseignement secondaire/collégial/universitaire; toutefois, il n’y avait pas beaucoup de différence entre les deux dernières catégories. À Ottawa, les notes obtenues à l’ENCLC par les étudiants des cours de langue payants ne différaient pas de celles de ceux ayant suivi les cours du programme CLIC. Et enfin, à Montréal, les notes obtenues par les étudiants des établissements d’enseignement secondaire/collégial/universitaire étaient beaucoup plus élevées que celles de ceux qui avaient suivi les cours des programmes payants; le petit nombre de cas ayant suivi le programme CLIC (N = 11) n’a pas permis de procéder à une analyse statistique. Les écarts entre les villes peuvent refléter les différences qui existaient entre les limites supérieures du programme CLIC au moment de l’étude, limites qui étaient plus faibles en Colombie-Britannique puisqu’elles se situaient au niveau 3, suivie de l’Alberta au niveau 4, et de l’Ontario au niveau 5. On a donc constaté un chevauchement potentiellement plus important entre le contenu du programme dispensé par le CLIC et celui des programmes payants en Ontario. La figure 4 montre les notes obtenues à l’ENCLC dans cinq villes canadiennes selon la source des cours de langue.

Figure 4 : Notes moyennes à l’ENCLC dans cinq villes canadiennes selon la source des cours de langue.

Notes moyennes à l’>ENCLC dans cinq villes canadiennes selon la source des cours de langue
Notes moyennes obtenues à l’ENCLC dans cinq villes canadiennes selon la source des cours de langue
Cours de formation en langue officielle au Canada suivis dans un établissement d’enseignement secondaire/ collégial/universitaire Cours payants de formation en langue officielle au Canada  Cours de formation en langue officielle au Canada dispensés par le CLIC
Vancouver 7,32 6,18 4,29
Edmonton 7,10 6,76 5,72
Toronto 6,93 5,42 8,22
Ottawa 6,77 5,77 5,29
Montréal 7,62 6,72 6,64

Un examen additionnel des notes obtenues à l’ENCLC par les participants inscrits à temps plein par rapport à ceux inscrits à temps partiel a révélé des résultats légèrement supérieurs pour le premier groupe (M = 6,34 c. 6,06). Toutefois, cet écart n’était pas statistiquement significatif (p = 0,07). Nous avons constaté chez les réfugiés une légère tendance à suivre davantage les cours à temps plein (68,2%) que les membres des catégories de la famille (57,7 %) ou des indépendants (61,0 %). Toutefois, cette tendance n’était pas statistiquement significative.

Études au Canada

Le tableau 5 montre les notes moyennes obtenues à l’ENCLC selon les études suivies par les participants au Canada. Si on a pu observer un écart significatif dans les notes entre les catégories [F(5, 1 299) = 6,90, p < 0,001], il reste que les tests ultérieurs de Bonferroni ont montré que cet écart était dû à des notes beaucoup plus élevées à l’ENCLC pour les titulaires d’un diplôme d’études universitaires ou collégiales comparativement à toutes les autres catégories, sauf ceux dans la catégorie de la formation en apprentissage.

Tableau 5: Notes moyennes à l’ENCLC, selon le niveau d’études au Canada.
Niveau d’études N Note moyenne à l’ENCLC
Diplôme d’études universitaires ou collégiales 543 7,6
Apprentissage 72 7,6
Cours d’informatique 134 7,1
Éducation permanente 274 6,9
Études secondaires 144 7,1
Autres 138 7,0
Total 1 305 7,3

Emploi au Canada

Nous avons examiné les codes de la CNP et établi que nous obtiendrions beaucoup de renseignements en effectuant une analyse des notes obtenues à l’ENCLC par rapport au degré d’expertise requis pour diverses professions. En faisant l’examen des données les plus récentes sur les professions, nous avons reclassifié toutes les professions dans trois catégories de compétences professionnelles : hautement qualifié, professionnel et haute direction (N = 697); qualifié, technique et cadre intermédiaire (N = 1 453); et faible niveau de compétences/non qualifié, emplois de soutien (N = 817). Les notes moyennes obtenues à l’ENCLC pour ces groupes variaient beaucoup d’une catégorie à l’autre, F (2, 2 964) = 42,3, p < 0,001. Les notes pour les personnes dans la catégorie hautement qualifié, professionnel et haute direction étaient de beaucoup supérieures à celles obtenues dans les deux autres groupes, Bonferroni, p < 0,05. Nous n’avons constaté aucun écart significatif dans les points des derniers groupes. Nous avons également examiné les professions récentes les plus fréquemment citées. Au tableau 6, les professions dans lesquelles au moins 25 immigrants travaillent sont illustrées, de concert avec les notes obtenues à l’ENCLC par ordre de grandeur. À partir de ces renseignements, nous constatons un large éventail de notes moyennes à l’ENCLC, qui vont de 8,48 pour les infirmières autorisées, à 3,0 pour les opératrices de machines à coudre. Comme on pouvait s’y attendre, il existe un rapport évident entre les exigences de communication au travail et les notes obtenues par les participants à l’ENCLC. Il est intéressant de mentionner, par exemple, que les boulangers-pâtissiers (5,0) et les cuisiniers (5,0) possédaient des compétences linguistiques inférieures à celles des serveurs/préparateurs au comptoir de service alimentaire (6,1). À première vue, nous pourrions supposer que le niveau de compétences pour ces emplois est assez semblable, mais il y a davantage d’interactions verbales au comptoir de service, ce qui nécessite des compétences linguistiques supérieures.

Étant donné que la question portant sur l’emploi conservé le plus longtemps débouchait sur un schéma de réponses très semblable, il nous semble peu utile d’en fournir une analyse séparée. Il est regrettable qu’aucune question dans l’enquête n’ait porté sur l’emploi occupé dans le pays d’origine. Ainsi, nous sommes incapables de déterminer quel pourcentage de ces personnes ont réintégré leurs professions, et dans quelle mesure leur degré de compétence linguistique a joué un rôle dans cette réintégration ou absence de réintégration.

Tableau 6: Notes moyennes à l’ENCLC et N pour les emplois occupés par plus de 25 participants.
Emploi le plus récent N Note à l’ENCLC
Infirmières autorisées 29 8,48
Analystes en informatique 30 8,23
Vérificateurs financiers et comptables 52 7,94
Concepteurs et développeurs Web 55 7,82
Auxiliaires familiales, bonnes et emplois connexes 25 7,80
Programmeurs 52 7,70
Enseignants au niveau postsecondaire et assistants de recherche 30 7,67
Service à la clientèle, commis aux renseignements et emplois connexes 44 7,57
Directeurs des ventes au détail 28 7,43
Travailleurs autonomes (sans précision) 28 7,20
Représentants commerciaux, vendeurs 168 7,14
Travailleurs communautaires et travailleurs sociaux 27 7,11
Commis généraux de bureau 36 7,08
Commis à l’expédition et à la réception 35 6,91
Infirmières auxiliaires et infirmiers 44 6,82
Gardiens de sécurité et emplois connexes 34 6,82
Caissiers 98 6,57
Gardiennes d’enfants, bonnes d’enfants et aides familiaux 44 6,52
Propriétaires d’entreprises (sans précision) 105 6,50
Gérants de restaurants et de services alimentaires 49 6,35
Chauffeurs de camions 46 6,30
Manutentionnaires 26 6,23
Serveurs aux comptoirs de services alimentaires et préparateurs d’aliments 26 6,08
Serveurs d’aliments et boissons 70 5,99
Aides-cuisiniers et de services alimentaires 33 5,70
Monteurs et inspecteurs de matériel mécanique 48 5,40
Concierges, préposés à l’entretien et gérants d’immeubles 33 5,36
Nettoyeurs – travaux légers 74 5,32
Aides-travailleurs de la construction et journaliers 44 5,07
Boulangers-pâtissiers 25 5,04
Cuisiniers 74 5,03
Autres travailleurs dans le domaine de la transformation, de la fabrication et des services publics 67 4,96
Opératrices de machines à coudre 28 3,00
Total 1 607 6,49

Nous avons effectué une autre analyse au cours de laquelle nous avons examiné le degré de compétence professionnelle selon la catégorie d’immigration. Comme nous l’avons déjà mentionné, les immigrants de la catégorie des indépendants affichent des notes beaucoup plus élevées à l’ENCLC que ceux dans les catégories de la famille et des réfugiés. Cependant, ce résultat ne semble pas représenter un si grand avantage que l’on pourrait penser pour ce qui est des emplois décrochés. La figure 5 montre que dans le groupe des immigrants indépendants, nous constatons une plus forte représentation de personnes travaillant dans des emplois hautement qualifiés que dans les autres groupes. Néanmoins, près des deux tiers (66 %) occupaient un emploi soit dans la catégorie des emplois moyennement qualifiés ou faiblement qualifiés, et ce, même si la majorité avaient été sélectionnés pour venir au Canada, du moins en partie, en raison de leurs compétences professionnelles supérieures et de leurs études.

Figure 5 : Niveau de compétence professionnelle, selon la catégorie d’immigration.

Niveau de compétence professionnelle, selon la catégorie d’immigration
Niveau de compétence professionnelle, selon la catégorie d’immigration
Hautement qualifiés Moyennement qualifiés Faiblement qualifiés ou non qualifiés
Réfugiés 14 51 35
Famille 19 51 30
Indépendants 34 46 20

Même si on a demandé aux participants s’ils occupaient un emploi au moment de l’enquête, il n’est pas possible de dire si ceux ayant répondu par la négative se trouvaient en réalité sur le marché du travail. Néanmoins, nous avons procédé à une autre analyse des notes à l’ENCLC en comparant cette fois les participants occupant un emploi à ceux qui étaient sans emploi, en excluant de la dernière catégorie ceux qui avaient déclaré avoir des personnes à charge à la maison. Ceci nous permet de brosser un tableau sommaire de l’incidence du statut d’emploi sur la compétence linguistique. Nous avons constaté que la note moyenne à l’ENCLC était significativement plus élevée dans le groupe des personnes occupant un emploi (M = 6,78) comparativement à celle du groupe sans emploi (M = 6,19), t (1 728) = 6,77, p < 0,001.

Langue parlée au travail

Comme nous l’avons déjà mentionné, 85 p. 100 des répondants ont désigné une des langues officielles comme celle qui était le plus souvent utilisée au travail. Toutefois, cette information est limitée parce qu’elle ne révèle pas dans quelle mesure les personnes doivent communiquer dans le cadre de leur travail et avec quel type d’auditoire. Elle n’indique pas non plus dans quelle mesure les répondants pourraient utiliser plus d’une langue dans leur milieu de travail. Par exemple, un vendeur pourrait utiliser une langue avec les clients, et une autre avec ses collègues. Nous pouvons seulement supposer que les notes plus faibles à l’ENCLC sont probablement associées à une utilisation plus restreinte de l’anglais ou du français au travail. Les opératrices de machines à coudre par exemple ont peu d’occasions de communiquer avec les autres dans le cadre de leur travail, tandis que de bonnes aptitudes à la communication sont des qualités que l’on recherche véritablement pour les employés du service à la clientèle. Étant donné les nombreuses complexités associées à l’utilisation de la langue au travail, tenter d’obtenir d’autres renseignements à partir de ces données n’est pas possible.

Notes obtenues à l’examen pour la citoyenneté et notes à l’ENCLC

Les notes à l’ENCLC et celles obtenues à l’examen pour la citoyenneté présentaient une corrélation de Pearson (r = 0,391, p < 0,05) faible, mais néanmoins statistiquement significative. Il n’est pas surprenant que les compétences linguistiques permettent de prédire dans une certaine mesure le rendement à l’examen écrit. L’effet des compétences linguistiques sur les notes de passage réelles semblent, toutefois, être minime compte tenu que l’on n’a enregistré aucun écart statistiquement significatif entre les locuteurs natifs et non natifs des langues officielles, comme nous l’avons déjà mentionné. Néanmoins, la catégorie d’immigration a bien exercé un effet significatif sur les notes obtenues à l’examen pour la citoyenneté, F (2, 1 930) = 81,74, p < 0,001, à tel point que les réfugiés ont obtenu des résultats significativement moins élevés (M = 17,34/20) que les immigrants dans la catégorie de la famille (M = 18,11), qui, quant à eux, ont affiché des résultats moindres que les immigrants indépendants (M = 19,16).

Écarts entre les villes

Le tableau 7 présente les notes moyennes à l’ENCLC selon diverses villes. Des écarts significatifs ont pu être observés entre les villes, F (5, 3 821) = 37,1, p < 0,001. Lest tests ultérieurs de Bonferroni ont révélé que les notes obtenues à Montréal étaient beaucoup plus élevées que dans toutes les autres villes. Cette constatation pourrait s’expliquer en partie par le degré de compétence linguistique des participants à l’arrivée. À Montréal, seulement 7 p. 100 des cas ayant déclaré avoir pris des cours d’anglais ont suivi le programme CLIC (conçu pour le niveau débutant ou pour les locuteurs de l’anglais ayant une compétence limitée). À titre de comparaison, à Edmonton le pourcentage était de 46. Ce résultat montre que, à Montréal, une plus grande proportion de personnes possédait déjà une certaine connaissance de l’anglais avant d’arriver au Canada. Les notes moyennes à l’ENCLC relevées à Edmonton étaient beaucoup plus élevées que dans les autres villes anglophones. Cet écart pourrait s’expliquer, en partie du moins, par les proportions relatives d’immigrants dans les catégories des réfugiés, de la famille et des indépendants qui sont représentées dans les données pour chacune des villes. Alors qu’à Montréal, la majorité des répondants appartiennent à la catégorie des indépendants (61 %), ce qui contribue à accroître la moyenne globale à l’ENCLC, à Ottawa on enregistre une représentation largement disproportionnée de réfugiés (27 %) et à Edmonton, le pourcentage de réfugiés (14 %) est le plus faible des cinq villes incluses dans l’étude.

Tableau 7: Notes moyennes à l’ENCLC, selon la ville.
Ville N Moyenne
Vancouver métropolitain 1 369 6,3
Toronto métropolitain 801 6,2
Montréal 597 7,4
Ottawa 531 6,3
Edmonton 520 6,9
Halifax N N

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