ARCHIVÉ – Analyse des données sur les niveaux de compétence linguistique canadiens issues de l’enquête sur la langue (Citoyenneté)

Autres analyses corrélationnelles et de régression

Analyses corrélationnelles simples

Des analyses corrélationnelles additionnelles ont été effectuées pour examiner des relations dont il n’a pas encore été question. Le tableau 8 présente les intercorrélations (Pearson r) entre un certain nombre de variables continues et nominales d’intérêt. Parmi les constatations les plus dignes de mention, notons une corrélation négative significative qui a été observée entre les notes à l’ENCLC et l’âge au moment de l’immigration. Ce résultat est conforme aux conclusions bien documentées dans la littérature sur l’acquisition d’une langue seconde, lesquelles montrent que la compétence ultime est étroitement liée à l’âge au moment de l’apprentissage de la langue seconde (Long, 1990). De fait, les âges chronologiques des participants (non illustrés au tableau 8) étaient également corrélés de manière significative avec les notes à l’ENCLC (r = -0,258, p < 0,01), de telle sorte que les personnes plus âgées avaient tendance dans l’ensemble à afficher une compétence inférieure.

Il est frappant qu’il n’existe pas de corrélation significative entre le nombre d’années passées au Canada et les notes à l’ENCLC. De fait, la littérature spécialisée dans la recherche sur l’acquisition d’une langue seconde indique que les effets de la résidence sur l’acquisition ultime d’une langue sont habituellement beaucoup plus faibles que ceux de l’âge au moment de l’apprentissage (Oyama, 1976). En outre, aucune relation significative n’a été observée entre la formation linguistique (en mois) et les notes à l’ENCLC. Toutefois, il est important de reconnaître que compte tenu de l’absence d’une évaluation de la compétence linguistique à l’arrivée au Canada, il est impossible d’évaluer l’effet global de la formation linguistique. De plus, des variations spectaculaires dans la qualité de l’instruction dispensée dans les divers programmes de cours de langue contribuent à compliquer énormément l’interprétation de ces résultats.

Tableau 8: Intercorrélations entre des variables d’intérêt sélectionnées.
  Note à l’ENCLC Sexe Années Source
de la forma
tion
Cours
temps plein/
 partiel
Mois de form- 
ation
Niveau d’ét
udes
Âge au mom-
ent de
l’imm.
Cito
yen
Cat
d’
imm
igr.
Note à l’ENCLC 1                  
Sexe 0,056** 1                
Années au Canada 0,025 -0,036* 1              
Source formation linguistique -0,395
**
-0,068
**
-0,090
**
1            
Cours à temps partiel/
temps plein
0,073 0,042 0,024 -0,010 1          
Mois de formation linguistique 0,015 -0,005 0,057* -0,202
**
0,172** 1        
Niveau d’études 0,150** -0,016 -0,096
**
-0,002 -0,238
**
-0,185
**
1      
Âge au moment de l’immigration -0,274
**
0,051** -0,200
**
0,341** -0,116
**
-0,149
**
0,128** 1    
Note à l’examen pour la citoyenneté 0,391* 0,020 -0,084
**
-0,107
**
0,059 -0,047 0,053 -0,002 1  
Catégorie d’
immigration
0,149** 0,005 -0,041
*
-0,016 -0,051 -0,106
**
0,160** 0,163** 0,278** 1

*significatif au niveau p<0,05
** significatif au niveau  p<0,01

Analyse de régression multiple

À titre d’investigation exploratoire de la contribution des variables relatives aux participants aux notes à l’ENCLC, nous avons effectué une analyse de régression multiple (par paire), dans laquelle les notes à l’ENCLC servaient de variable dépendante et dans laquelle on a inclus un large éventail de variables explicatives. Le but de cette analyse était de déterminer la meilleure combinaison de variables susceptibles de prédire les notes à l’ENCLC. Cette évaluation doit être considérée comme préliminaire en raison de certaines difficultés relatives aux données déterminées ci-dessus. Toutefois, elle pourrait se révéler utile pour fournir des pistes de direction pour des travaux dans le futur.

La variance totale représentée par le modèle final (paramètre r2 ajusté) était de 41,6 p. 100. Une liste des variables ayant contribué de manière significative à la régression est fournie au tableau 9, de concert avec la pente de la droite de régression, les coefficients beta, les notes-t et les niveaux de signification. La formation offerte par le programme CLIC (comparativement aux autres cours de langue), les cours sur les langues officielles en général, et les cours payants avaient tous un lien avec de faibles notes à l’ENCLC. Il est important de ne pas interpréter ce résultat comme une indication que le programme CLIC ou les autres cours de langue ont une incidence négative sur la compétence linguistique. En effet, cette constatation est sans doute imputable au fait que les participants qui ont voulu suivre ces cours possédaient probablement à leur arrivée des compétences inférieures ou aucune compétence en anglais. Les études suivies au Canada affichaient un lien positif avec les notes à l’ENCLC. Le niveau d’études était aussi un facteur parce que, comme nous l’avons déjà mentionné, les participants titulaires d’un diplôme d’études universitaires ou collégiales affichaient des résultats de beaucoup supérieurs à l’ENCLC à ceux de la majorité des autres participants. L’âge au moment de l’immigration continue d’afficher une corrélation négative avec les notes à l’ENCLC, et ce, même quand d’autres facteurs sont pris en considération. La catégorie d’immigration était associée aux notes à l’ENCLC parce que, comme nous l’avons déjà mentionné, la catégorie des immigrants indépendants a obtenu à l’ENCLC des notes moyennes supérieures à celles des immigrants dans les catégories de la famille ou des réfugiés. Le lieu de résidence à Toronto avait tendance à être associé à des notes plus basses à l’ENCLC. Cette constatation mérite que l’on s’y attarde davantage dans le futur. Plusieurs explications sont possibles, mais aucune ne peut être confirmée avec cet ensemble de données. Par exemple, la sous-représentation des cas admissibles pour la ville de Toronto pourrait avoir influé sur les résultats. Par ailleurs, compte tenu que Toronto reçoit davantage d’immigrants que tout autre endroit au Canada, l’existence de grandes communautés de compatriotes pourrait avoir eu une incidence sur l’apprentissage de la langue. Dans certains cas, il n’a peut-être pas été nécessaire pour certains d’apprendre une langue officielle pour pouvoir obtenir un emploi ou des services. Finalement, les résultats peuvent être dus à une influence réciproque complexe des variables démographiques qui affectent Toronto d’une manière différente que les autres villes.

Deux variables explicatives négatives significatives des notes à l’ENCLC étaient une « langue maternelle de l’Asie orientale » et une « langue maternelle de l’Asie méridionale ». Dans l’ensemble, le premier groupe a obtenu des notes beaucoup plus faibles (M = 5,89) que les autres principaux groupes linguistiques ayant participé à l’analyse. Ce groupe est constitué de locuteurs du mandarin, du cantonais, du philippin/indonésien, d’autres langues chinoises, du coréen/japonais et du vietnamien/cambodgien. Toutefois, il convient de mentionner que 69 p. 100 de ce groupe est constitué de locuteurs du mandarin, du cantonais et d’autres langues chinoises. De fait, comme nous l’avons déjà mentionné, les locuteurs du tagalog (dans le groupe du philippin/indonésien) ont obtenu des notes beaucoup plus hautes dans l’ensemble que les locuteurs du chinois. Les participants qui parlaient des langues de l’Asie du Sud-Est (M = 6,41) étaient eux aussi désavantagés comparativement aux autres groupes linguistiques. Parmi les nombreuses langues de l’Asie du Sud-Est représentées dans l’échantillon, les locuteurs de la famille du tamil-dravidien affichaient les notes les plus faibles à l’ENCLC (M = 5,99).

Tableau 9: Variables de la régression finale ayant eu des effets significatifs.
Variable Valeurs Pente  Beta    Résultat t Signi-
fication
Programme CLIC Autres cours de langue, CLIC -1,576 -0,335 -7,421 0,000
Niveau d’études au Canada Secondaire, cours d’informatique, apprentissage, études universitaires ou collégiales 0,395 0,263 6,738 0,000
Cours sur les langues officielles non, oui -1,218 -0,262 -7,781 0,000
Études au Canada non, oui 1,013 0,218 6,360 0,000
Langue maternelle de l’Asie orientale non, oui -1,098 -0,218 -3,639 0,000
Âge au moment de l’immigration Années -0,043 -0,167 -4,654 0,000
Catégorie d’immigration Réfugiés, familles, économique 0,393 0,130 3,526 0,000
Cours de langue payants Autres cours, payants -0,729 -0,149 -3,466 0,001
Résidant de Toronto non, oui -0,722 -0,126 -2,792 0,005
Langue maternelle du Sud-Est asiatique non, oui -0,755 -0,108 -2,310 0,021

Autres variables utilisées dans l’analyse n’ayant pas contribué de manière significative : sexe, nombre d’années au Canada, résidence à Edmonton, résidence à Ottawa, résidence à Vancouver, langue maternelle africaine et langue maternelle indo-européenne.

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