Atténuer les incidences du stress

Quoi faire

Les FAC ont adopté quatre grandes compétences ou stratégies (établissement des objectifs, monologue interne, préparation mentale et visualisation) qui se sont avérées efficaces pour renforcer la résilience et aider les soldats à se remettre après des situations difficiles.

Les quatre grandes stratégies

Établissement des objectifs

L’établissement d’objectifs nous donne une direction à suivre, une certaine rétroaction, et de la motivation. Un objectif se doit de représenter un défi, mais ne doit pas être hors de portée. Vous devez diviser les objectifs en petites parties, prendre des mesures et évaluer les progrès.

Bien que certaines personnes arrivent facilement à établir leurs objectifs, d’autres trouvent cet exercice très difficile. Cependant, l’établissement des objectifs est une compétence que vous pouvez acquérir si vous vous rappelez les points suivants de la méthode SMART :

• "S" - Specifique : : Les objectifs doivent être associés à un comportement spécifique que vous adoptez – vous ne pouvez pas établir d’objectifs pour les autres. L’action doit se concentrer sur vous.
• "M" - Mesurables : Vous devez pouvoir suivre vos progrès – si vous ne pouvez pas mesurer vos objectifs, comment saurez-vous que vous les avez atteints?
• "A" - Atteignables : Les objectifs doivent être atteignables et réalisables.
• "R" - Réalistes : Les objectifs doivent être réalistes et doivent vous motiver – ils doivent concerner quelque chose de souhaitable ou de nécessaire, c’est-à-dire quelque chose que vous voulez OU dont vous avez besoin.
• "T" - Temporels : Vous devez savoir à quel moment vous aurez atteint vos objectifs. Il peut être utile de diviser l’échéancier en étapes plus simples à gérer.

Préparation mentale / Visualisation

La préparation mentale consiste notamment à vous préparer mentalement aux éventualités. Il ne s’agit pas d’être négatif et de laisser nos pensées nous accabler, mais plutôt d’envisager les problèmes qui pourraient survenir et d’essayer à l’avance d’y trouver des solutions.

CONSIDÉREZ LES CONSEILS SUIVANTS :

1. Commencez calme et détendu, puis augmentez le stress tel que requis
2. Utilisez tous vos sens (vision, sons, odeurs, toucher, goût)
3. Contrôlez vos images mentales – vous voulez vous voir réussir
4. Ne compliquez pas les choses
5. Utilisez le mouvement
6. Pratiquez, pratiquez, pratiquez

Monologue interne

Ce n’est pas un événement qui commande nos émotions et notre comportement, mais plutôt nos pensées au sujet de l’événement. Si nos pensées sont négatives et non positives, elles altèrent grandement notre capacité de réussir.

• Prenez conscience de l’existence du monologue interne
• Arrêtez les pensées négatives; remplacez-les par des pensées positives
• Utilisez des mots clés : Prêt. Focus. Persévérer. Vaincre. Confiance.

Contrôle de l'activation : Respiration tactique

La technique de la respiration tactique est basée sur le fait que beaucoup de personnes respirent superficiellement ou irrégulièrement lorsqu’elles sont anxieuses ou tendues. Cette façon de respirer cause un déséquilibre entre la quantité d’oxygène et de dioxyde de carbone dans le corps, ce qui peut provoquer des symptômes physiologiques de l’anxiété. Le diaphragme est une sorte de cloison mobile qui sépare les poumons des autres organes. Il ne bouge pas beaucoup lorsqu’une personne respire superficiellement, mais lorsqu’elle respire profondément, ses poumons se remplissent davantage et le diaphragme descend, ce qui stimule le fonctionnement de certains organes tels que l’estomac et les reins. Cela diminue l’effet d’« accélérateur » causé par le stress intense et constitue la façon la plus naturelle de trouver son « frein » intérieur.

Essentiellement, il s’agit de l’un des outils les plus portatifs et les plus efficaces dont nous disposons pour tempérer la réaction d’attaque ou de fuite, et regagner le contrôle de notre physiologie.

• En résumé, vous devez retenir le chiffre quatre : inspirez pendant
  • 4 secondes, et expirez pendant
  • 4 secondes, pendant au moins 4 minutes

Mentorat des quatre grandes stratégies

La science nous apprend que même si ces compétences peuvent être utiles et efficaces en situation de stress, il importe de les enseigner, de les mettre en pratique et de guider leur application dans le cadre des activités et des formations courantes. Afin d’intégrer ces compétences à l’instruction collective, les leaders devraient :

• enseigner les quatre grandes stratégies;
• insister sur l’importance des compétences;
• inclure des repères pour utiliser ces compétences;
• renforcer la confiance des subordonnés en leurs capacités;
• préparer des exercices permettant de mettre les compétences en pratique directement;
• encourager l’établissement d’objectifs et segmenter ceux-ci en éléments facilement gérables;
• décrire les techniques et en faire la démonstration.

L'Examen ponctuel de l'incident (EPI)

En plus des quatre grandes stratégies, comme leaders vous devez être préparé à intervenir et à apporter du soutien à vos subordonnés après une exposition à un incident stressant. L’Examen ponctuel de l’incident (EPI) est un outil que vous pouvez utiliser pour structurer votre intervention de soutien auprès du groupe et réduire le stress. Le processus peut être entrepris de façon officielle ou non, auprès des membres d’une petite unité ou d’un sous-groupe, ou, de façon plus informelle, selon un système de jumelage de pairs.

Étape 1 : Admettre et écouter

Admettre :

Les leaders ont la responsabilité d’admettre qu’un événement s’est produit : « Quelque chose de terrible vient de se produire », « Cet événement était difficile ». Vous pouvez faire une déclaration globale sur la façon dont les membres du groupe se sentent. Ne faites pas comme si l’événement ne s’était pas produit, et ne poursuivez pas vos activités sans admettre que l’événement soit arrivé. Cependant, n’accordez pas non plus trop d’importance à l’événement. Parlez seulement des faits. Ce que vous pourriez faire : faites comme si vous vouliez diffuser un message à la radio, en restant calme, direct et clair.

Écouter :

Votre travail ne consiste pas à réparer les dommages (vous ne le pouvez pas). Vous pouvez toutefois aider vos pairs en leur offrant une occasion de discuter de l’événement. Vous devez vous attendre à ce que certains membres ne veuillent pas parler de l’événement, ou que d’autres ne veuillent pas en parler avec vous, mais seulement avec leurs pairs. Cela est correct. Chaque personne fait face aux événements à sa façon, et nous ne voulons pas perturber les stratégies d’adaptation naturelles de chacun. Vous ne devez pas forcer quelqu’un à vous parler, car cela pourrait être dommageable. Toutes les discussions doivent être amorcées volontairement et naturellement.

Étape 2 : Intervenir - Vérifier et appliquer le modèle

La plupart des personnes (80 %) ont une réaction rapide face au stress opérationnel ou aux événements difficiles. Les meilleures interventions sont les plus simples, c’est-à-dire les interventions non médicales qui peuvent être mises en œuvre par l’entremise de la chaîne de commandement en place.

Après avoir admis qu’un événement se soit produit, et avoir offert à vos subordonnés l’occasion d’en parler, vous devez leur rappeler qu’il est important de prendre soin d’eux-mêmes. L’événement n’aura peut-être eu aucun impact sur certains membres, mais d’autres pourraient continuer de présenter des symptômes de détresse pendant des jours, ou même des semaines après l’événement. Réitérez qu’il s’agit d’une réaction normale, mais que si les symptômes deviennent trop pénibles, vous pouvez les aider à avoir accès aux ressources mises à leur disposition.

Étape 3 : Répondre - Oberver, faire un suivi et servir de modèle

Observez les membres en question et faites un suivi auprès d’eux plus tard pour savoir comment ils vont, et servez de modèle en ayant recours à une saine stratégie d’adaptation. Un mot au sujet du fait de servir de modèle : les gens veulent entendre les leaders parler de leurs émotions ou de leurs pensées négatives, à la suite d’un événement difficile. Ils ne veulent pas que vous fassiez semblant que tout va bien. Cependant, ils ont aussi besoin de voir leurs leaders gérer leurs réactions de manière saine, notamment en demandant de l’aide lorsque nécessaire.

Les situations défavorables présentent un défi pour les leaders, mais elles sont par ailleurs une occasion privilégiée. En effet, les leaders efficaces profiteront de ces événements pour montrer qu’ils se préoccupent du bien-être des membres de FAC, qu’ils reconnaissent les pertes, qu’ils communiquent directement avec les membres de l’unité ou de l’équipage et leurs familles, et qu’ils envoient le message qu’ils s’attendent à ce que l’unité passe au travers de l’épreuve. Grâce à un leadership efficace, ils pourront contribuer à renforcer la cohésion, la résilience et l’état de préparation opérationnelle.