Santé mentale et opérations

Les déploiements peuvent être très gratifiants, mais ils requièrent aussi de composer avec de multiples exigences et des facteurs de stress particuliers. Les sources de stress liées au déploiement sont de plusieurs natures. Le stress opérationnel résulte de la nécessité d’accomplir les tâches de la mission et comprend tout le stress physiologique et émotionnel provoqué par les exigences et les risques associés aux opérations, y compris l’exposition à des milieux et à des événements défavorables. Le stress de séparation provient de la distance qui sépare les militaires de leur maison et de leur famille. Le stress d’adaptation est causé par la nécessité de s’adapter à un nouvel environnement quotidien et à un changement de routine. Finalement, le stress des retrouvailles découle des difficultés associées à la transition entre l’environnement opérationnel et la maison ainsi qu’au retour à la routine normale.

Le stress lié au déploiement peut entraîner diverses réactions allant du comportement adaptatif au comportement mésadapté. Les signes et les symptômes du stress lié au déploiement s’inscrivent dans le modèle du continuum de santé mentale (page 8). Les responsabilités des leaders, qui font également partie du continuum, comprennent les mesures préventives (zone verte – Protection), la réponse aux réactions de stress (zone jaune – Détection) et l’aide aux personnes souffrant de blessures psychiques (zone orange-rouge – Soutien). La section qui suit aborde brièvement chacun de ces aspects.

Protection : Éducation et prévention

Tel que mentionné précédemment dans ce document, il existe quelques actions clés par les chefs qui peuvent jouer un rôle de protection dans la prévention du développement de réactions ou blessures de stress au combat/opérationnel. Premièrement, il faut s’assurer que l’entraînement pour la mission soit réaliste et adéquat, et qu’il y ait de l’entraînement spécialisé sur le développement des habilités de gestion du stress (les Quatre Grandes stratégies). Alors que les FC introduisent les habilités de résilience dans le système d’instruction, les membres des FC seront mieux préparés pour les déploiements. Ensuite, du leadership efficace et une forte cohésion d’unité sont clés pour gérer le stress opérationnel et doivent être bien établies avant tout déploiement ainsi que continueront de demeurer essentiels tout au long de la mission. Troisièmement, la médecine préventive est une considération importante pour le maintien d’une force de combat et pour s’assurer que le personnel des FC sont en mesure de continuer à performer tout au long de l’opération. Dans toute planification opérationnelle, vous devez toujours considérer les facteurs tels l’hydratation, le sommeil et les horaires de repos (voir la section sur le sommeil du présent guide), acclimatation au fuseau horaire (décalage horaire), nutrition saine, problèmes sanitaires et les besoins pour l’hygiène, ainsi que les maladies ou autres menaces à la santé.

Détection : Soins de première ligne pour les réactions de stress au combat/opérationnel

Les RSC ne sont pas perçues comme des problèmes psychiatriques, mais comme des réponses naturelles et appropriées face au stress extrême des combats. Quelques sources probables de RSC incluent l’exposition soudaine à du stress traumatique, l’accumulation d’expositions à des stresseurs répétitifs, des stresseurs physiques réduisant l’habilité à opérer (manque de sommeil, déshydratation, surmenage, maladie physique, stresseurs environnementaux – tel que du bruit, le froid, la chaleur) et les inquiétudes ménagères. Les symptômes de RSC se retrouvent sous la phase jaune du Modèle du Continuum de la Santé Mentale, incluant des signes tels la fatigue, ralentissement du temps de réaction, indécision, déconnection de la réalité et l’incapacité à prioriser.

Sous le thème « Détecter » des actions par le leadership, la chaîne de commandement a la responsabilité de s’assurer que pendant les48 à 72 heures de l’émergence des symptômes, une intervention de support est fournie pour rassurer le soldat, légitimiser les réactions aux stresseurs ou aux émotions et lui communiquer l’espérance de remises sur pied et du retour à la normale. Ceci peut être fait par l’application de PIES. Les principes de PIES incluent :

  1. Proximité – le traitement est administré aussi près que possible de la ligne de front, alors que la situation tactique le permet et préférablement dans les lignes de l’unité;
  2. Instantanéité – le traitement est administré le plus tôt possible suite à l’apparition des symptômes;
  3. Expectative – les attentes sont que le soldat récupérera rapidement et redeviendra fonctionnel et ceci est clairement communiqué au soldat par ses chefs;
  4. Simplicité – les interventions les plus simples, s’adressant aux besoins primaires du soldat. Les interventions simples sont brèves, des méthodes non médicales qui adressent les 5 R (COSC, 2006) :
    • Rassurer par rapport à la normalité des symptômes
    • Repos (répit des combats ou pause du travail)
    • Remplir les besoins du corps (tel que le confort thermique, l’eau, la nourriture, l’hygiène et le sommeil)
    • Restaurer la confiance par des activités utiles et le contact avec l’unité
    • Retour au travail

L’idée est de fournir un soulagement temporaire des stresseurs et de l’épuisement afin que le soldat puisse regagner le contrôle et retourner à son devoir.

Soutien : Prendre soin des victimes en santé mentale

Après 48 – 72 heures, avec support et repos, si un membre des FC est toujours incapable de reprendre le devoir actif, ou s’il devait exister un risque pour lui-même ou les autres ou s’il y a eu apparition de réactions sévères (tel que des idées/gestes/tentatives suicidaires ou meurtrières, psychose, catatonie, ou parésie significative, paralysie et/ou perte sensorielle) il faut alors référer à un professionnel des soins de la santé. Les ressources en santé mentale disponibles en déploiement varient d’une mission à l’autre. Toutefois, elles peuvent inclure :

  • Aumônier
  • Technicien médical
  • Assistant au médecin
  • Médecin
  • Professionnels spécialisés en santé mentale

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