Stress et performance

Au cours des dernières décennies, la neuroscience nous a permis de mieux comprendre les réactions physiologiques et psychologiques du corps et de l’esprit en situation de stress. Cette compréhension accrue nous permet d’améliorer la résilience de nos forces et d’augmenter l’efficacité opérationnelle.

Le stress est la réaction du corps provoquée par la nécessité de s’adapter à des modifications de l’environnement. Les stress étant une expérience très personnelle, ce qui est stressant pour un individu peut ne pas l’être pour un autre. N’oublions pas que le stress n’est pas uniquement généré par de grands événements, ou par des événements traumatisants ou extrêmement déplaisants. Les tracas quotidiens, les problèmes de tous les jours (comme les bouchons de circulation, un milieu de travail pénible, etc.) qui nous dérangent au travail ou à domicile, peuvent avoir des incidences plus grandes sur notre santé mentale que les grands événements très stressants.

Par ailleurs, le stress n’est pas toujours négatif. La loi de Yerkes-Dodson stipule que le rendement augmente avec l’éveil physiologique ou psychologique (stress), mais seulement jusqu’à un certain point (Diamond et coll., 2007). Par conséquent, cela signifie que,. lorsque les niveaux de stress sont trop faibles ou trop élevés, le rendement diminue. Cette observation est démontrée dans le graphique ci-après.

Un graphique avec une courbe verte montrant que la performance s’améliore avec le niveau d’activation, mais seulement jusqu'à un certain point, car elle se détériore lorsqu’on dépasse ce niveau optimal d'activation.
Description textuelle du graphique

Dans le graphique ci-dessus, l’axe des y représente la performance et l’axe des x représente l’activation. L’indicateur « faible » apparaît à gauche de l’axe des x (activation) et l’indicateur « moyen » apparaît à mi-chemin de l’axe des x et l’indicateur « élevé » apparaît à droite de l’axe des x. Ces indicateurs représentent le niveau d’activation. Une ligne verte partant de la position 0,0 sur le graphique (faible niveau d’activation) forme une courbe qui culmine à un niveau d’activation moyen et redescend jusqu’à un niveau d’activation élevé sur l’axe des x. La courbe verte montre que la performance s’améliore à mesure que le niveau d’activation augmente, mais seulement jusqu’à un certain point, car elle se détériore lorsqu’on dépasse ce niveau d’activation optimal. L’espace sous la courbe est divisé verticalement en trois sections. La partie centrale (en gris), qui correspond au point le plus haut de la courbe, est la zone de performance optimale. C’est là que la performance optimale est supérieure à la zone de confort de l'individu, mais que l'activation reste gérable. À gauche de la zone optimale (au centre, en gris), le niveau d’activation est trop faible et la performance est également sous-optimale, car il n’y a pas de croissance. À droite de la zone optimale (au centre, en gris), le niveau d’activation est trop élevé et la performance se détériore en raison d’un affaiblissement ou d’une dégradation physique.

Le principal défi du militaire consiste généralement à gérer un stress ou une activité d’éveil trop intense. Cependant, gérer un manque d’éveil est tout aussi important. Par exemple, la privation de sommeil, la fatigue, l’ennui ou la baisse de la vigilance peuvent entraîner une chute de l’éveil et avoir une incidence sur le rendement, comme le montre le côté gauche du diagramme. Le côté droit du diagramme représente la détresse qui se produit lorsque les facteurs de stress se situent au-delà de nos capacités à continuer à faire face aux difficultés et à exécuter nos tâches avec efficacité. La clé est de comprendre nos réactions physiologiques au stress et d’utiliser des stratégies qui nous permettront de gérer ces réactions afin de rester dans la « zone de rendement » optimale.

Physiologie et cerveau

Le stress chronique et les facteurs de stress aigus peuvent provoquer des réactions physiologiques dans notre corps et déclencher la réponse au stress (aussi appelée réaction de combat, de fuite ou d’immobilité). La réponse au stress est la réaction de défense automatique du corps à la perception d’une menace, réelle ou imaginée. Face au stress, le système nerveux réagit en libérant un flux d’hormones de stress, notamment l’adrénaline et le cortisol. La fréquence cardiaque augmente, les muscles se tendent, la pression artérielle s’élève, la respiration s’accélère et les sens deviennent plus aiguisés.

Le système de réponse au stress (combat/fuite/immobilité) est hors de notre contrôle direct. C’est un réflexe programmé par l’évolution qui se manifeste lorsque nous faisons face à une situation menaçante. Cependant, même si nous n’exerçons aucun contrôle direct sur le réflexe de combat/fuite/immobilisation, le fait de comprendre son fonctionnement peut nous permettre d’exercer indirectement un certain contrôle sur le stress et d’éviter que ses effets deviennent néfastes ou chroniques.

Lorsque les réactions engendrées par le stress se manifestent, on peut réagir et reprendre la maîtrise de soi en commençant par « ralentir le processus ». Il s’agit de lutter contre le stress en détendant son corps, en ralentissant sa respiration et en augmentant l’apport d’oxygène au cerveau. La capacité à se détendre ne s’acquiert pas facilement – c’est une habileté qui doit être apprise et exercée.

L’utilisation des techniques de réduction du stress entraîne les effets physiques suivants :

  • Effets immédiats : diminution de la tension artérielle, du rythme cardiaque, de la respiration et de la consommation d’oxygène.
  • Effets à long terme (avec un entraînement régulier) : diminution des sentiments d’anxiété et de dépression, et amélioration de la capacité à gérer les agents stressants quotidiens.

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