Objectif proposé pour la qualité de l’eau potable au Canada pour les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées : Considérations relatives à la santé

De nombreuses substances et de nombreux groupes appartenant à la classe des SPFA sont peu étudiés et présentent des propriétés différentes; toutefois, on sait que les SPFA bien étudiées sont persistantes dans l'environnement et qu'elles ont été détectées chez les humains, dans la faune et dans les milieux environnementaux du monde entier (Wang et coll., 2017). Certaines SPFA se bioamplifient dans les réseaux trophiques et peuvent nuire à la santé de la faune et des humains. Chez les humains, certaines SPFA bien étudiées, comme l'acide perfluorocarboxylique et l'acide sulfonique, sont facilement absorbées par l'organisme et se lient à des protéines du sang, ce qui consiste en un mécanisme de transport primaire (Kudo, 2015; Forsthuber et coll., 2020).

Une fois distribuées dans l'organisme, ces substances s'accumulent dans le sang et les tissus bien perfusés tels que le foie et les reins (Kudo, 2015). Quelques-unes de ces substances peuvent traverser la barrière placentaire, ce qui peut entraîner une exposition in utero du fœtus en développement (Mamsen et coll., 2019; Wang et coll., 2019; Li et coll., 2020), et peuvent également être transmises aux nourrissons et aux enfants par le lait maternel (VanNoy et coll., 2018). Les données disponibles montrent que certaines SPFA sont éliminées très lentement de l'organisme, probablement en raison de leur forte affinité de liaison aux protéines et des processus de réabsorption internes (Yang et coll., 2010; EFSA, 2020). Ainsi, certaines SPFA (p. ex. l'APFO, le PFNA, le PFHxS et le SPFO) peuvent s'accumuler et persister dans l'organisme pendant des années (ATSDR, 2021). D'autres SPFA à chaîne plus courte (p. ex. le PFBA et le PFHxA) sont éliminées plus rapidement, avec des demi vies estimées allant de plusieurs jours à plusieurs semaines (Chang et coll., 2008; Russell et coll., 2015).

On dispose de renseignements toxicologiques (in vitro et in vivo) et épidémiologiques pour seulement un nombre limité de SPFA. Les SPFA les plus étudiées sont le SPFO et l'APFO. Des données limitées existent pour plusieurs autres SPFA (p. ex. les SPFA à base d'éther et les substances à base de fluorotélomère), tandis qu'aucune donnée n'est disponible pour la grande majorité des SPFA (Pelch et coll., 2021). Sur la base des renseignements dont on dispose, il est évident que l'exposition à certaines SPFA est susceptible de nuire à plusieurs systèmes et organes (ATSDR, 2021). De plus, il a été déterminé que de nombreuses SPFA affectent les mêmes systèmes et organes. Chez les humains, les principales cibles sont le foie, le système immunitaire, le système endocrinien (thyroïde), la fertilité, le développement et le métabolisme (cholestérol, poids corporel) (Sanexen, 2021). En outre, des cas de cancers des testicules et des reins ont été explicitement liés à l'exposition à l'APFO (IARC, 2017), et l'EPA de la Californie a ajouté le SPFO à sa liste des produits chimiques connus pour causer le cancer (OEHHA, 2021).

Bon nombre des effets observés chez l'humain sont étayés par des études expérimentales réalisées sur des modèles animaux. De nouveaux renseignements sur les SPFA bien étudiées montrent des effets qui se produisent à des concentrations inférieures à celles qui ont été établies dans les études précédentes (p. ex. le HFPO-DA et son sel d'ammonium [U.S. EPA, 2021a]) et font ressortir d'importants effets préoccupants qui, auparavant, n'étaient pas considérés comme étant critiques (Sanexen, 2021). À l'heure actuelle, seul un petit nombre de SPFA est surveillé dans les enquêtes de biosurveillance humaine. Ces SPFA ont été détectées dans le sang (plasma ou sérum) de la population générale au Canada et à l'étranger.

La population canadienne est exposée simultanément à plusieurs SPFA, comme le montrent les données de biosurveillance (Santé Canada, 2021a). Les dangers de l'exposition à des mélanges de SPFA sont en grande partie inconnus, bien que des effets antagonistes, synergiques et additifs aient tous été observés dans un nombre limité d'études in vitro et in vivo (Ojo et coll., 2021). Les études indiquent également que, dans les régions où l'eau potable est une source d'exposition importante aux SPFA, le traitement de l'eau potable en vue de réduire les concentrations de SPFA peut diminuer les concentrations sériques de SPFA et, éventuellement, les effets néfastes sur la santé (Herrick et coll., 2017; Waterfield et coll., 2020).

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