Le bien-être financier au Canada : Résultats de l'enquête

L’ensemble de données de l’Enquête sur le bien-être financier de 2018 est disponible sur demande : Formulaire de demande de données.

Le bien-être financier est la mesure dans laquelle vous pouvez répondre confortablement à tous vos engagements et besoins financiers actuels tout en ayant la résilience financière nécessaire pour continuer de le faire à l’avenirNote de bas de page 1 . Mais il ne s’agit pas seulement d’une question de revenu. Il s’agit aussi d’avoir le contrôle de vos finances, de pouvoir absorber un revers financier, d’être sur la bonne voie pour atteindre vos objectifs financiers et, peut-être surtout, d’avoir la liberté financière de faire des choix qui vous permettent de profiter de la vie.

Généralement, les personnes dont le niveau de bien-être financier est élevé ne sont pas stressées par l’argent et sont capables de faire face à des dépenses imprévues. En revanche, les personnes dont le niveau de bien-être financier est faible ont de la difficulté à respecter leurs engagements financiers et n’ont pas beaucoup d’argent en réserve pour les situations d’urgence. Un meilleur bien-être financier est associé à moins de stress et à une meilleure santé mentale et physiqueNote de bas de page 2 .

L’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC) a participé à une initiative multinationale dont l’objectif était d’évaluer le bien-être financier. L’ACFC a mené cette enquête afin de comprendre et de décrire les réalités de la population canadienne à tous les niveaux du bien-être financier et d’aider les décideurs, les professionnels du domaine et la population canadienne elle-même à atteindre un meilleur bien-être financier. Cela s’inscrit dans le travail continu de l’Agence pour surveiller les tendances et les nouveaux enjeux qui touchent les Canadiens et leurs finances.

Des recherches précédentesNote de bas de page 3 ont révélé que certains types de comportements et de facteurs économiques sont les principaux moteurs du bien-être financier. Ceux-ci sont influencés, à leur tour, par des facteurs psychologiques (comme l’impulsivité, la maîtrise de soi, le locus de contrôle, l’orientation temporelle, l’orientation vers l’actionNote de bas de page 4  ainsi que les attitudes envers les dépenses, l’épargne et l’emprunt). Les analyses contenues dans ce rapport sont fondées sur le modèle de Kempson et coll., illustré à la figure 1.

Figure 1 — Catégories de facteurs liés au bien-être financier

Figure 1 — Catégories de facteurs liés au bien-être financier
Version textuelle : Figure 1 — Catégories de facteurs liés au bien-être financier

Les comportements et les facteurs qui suivent en matière financière constituent des moteurs clés du bien-être financier :

Comportements financiers:

  • Épargne active
  • Ne pas emprunter pour des dépenses quotidiennes
  • Tenir une comptabilité
  • Limiter les dépenses
  • Limiter son recours au crédit à la consommation
  • Planification de l'utilisation du revenu
  • Prise de décisions financières éclairées
  • Choix éclairé de produits

Facteurs économiques :

  • Revenu
  • Accession à la propriété
  • Ratio revenu-prêt hypothécaire
  • Situation d'emploi
  • Baisse du revenu
  • Augmentation du revenu
  • Diminution des dépenses
  • Hausse des dépenses
  • Diplôme universitaire
  • Région

Facteurs psychologiques :

  • Confiance sur le plan financier
  • Attitudes à l'égard des dépenses, de l'épargne et de l'emprunt
  • Locus de contrôle
  • Orientation temporelle
  • Impulsivité
  • Statut social
  • Orientation vers l'action
  • Maîtrise de soi

Facteurs sociaux :

  • Sexe
  • Âge
  • Vivant en couple
  • Nombre d'enfants de moins de 18 ans
  • A des amis ou de la famille qui peuvent aider financièrement
  • Les parents parlent de la gestion de l'argent et de l'épargne
  • Immigration récente

Facteurs de connaissances et d'expérience :

  • Connaissances:
    • gestion financière
    • produits financiers
    • gestion des risques financiers
  • Expérience :
    • gestion financière
    • produits financiers

Dans ce modèle, le bien-être financier est déterminé en fonction de 5 catégories de facteurs :

Un certain nombre de questions ont été posées dans l’enquête pour mesurer chacune de ces catégories de facteurs. Les réponses ont été combinées à des variables connexes. Les variables de chaque catégorie sont énumérées à la figure 1.

En novembre 2018, l’ACFC a publié un document d’information contenant les résultats préliminaires de l’enquête et une comparaison des résultats globaux du Canada avec ceux de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et de la Norvège. Le présent rapport précise ces résultats en :

Messages clés

Méthode de l’enquête

En février 2018, l’ACFC a mené une enquête en ligne auprès d’un échantillon de Canadiens âgés de 18 ans et plus. Une enquête très similaire avait déjà été menée en Norvège, en Irlande, en Australie et en Nouvelle-Zélande. De légères modifications ont été apportées à certaines des questions pour les adapter au contexte de chaque pays, mais les résultats sont en grande partie comparables.

Nous avons sélectionné les répondants au hasard, à partir d’un vaste bassin de Canadiens qui se sont portés volontaires pour participer à cette enquête en ligne. Les enquêtes en ligne sont devenues monnaie courante au Canada, et il a été démontré que les résultats se généralisent bienNote de bas de page 5 . Un échantillon de 1 935Note de bas de page 6  résidents canadiens représentatif de la répartition selon le sexe, la région et l’âge au Canada a répondu à l’enquêteNote de bas de page 7 . Il fallait environ 15 minutes pour répondre à l’enquête. Il est possible d’obtenir de plus amples détails sur la méthodologie auprès de Bibliothèque et Archives CanadaNote de bas de page 8 .

Résultats

Cette section décrit les résultats de l’enquête. Plus précisément, elle décrit les niveaux globaux de bien-être financier de la population canadienne ainsi que les composantes du modèle de bien-être financier qui sont les plus étroitement liées au bien-être financier.

La plupart des Canadiens s’en tirent relativement bien sur le plan financier.

Pour évaluer le bien-être financier général des Canadiens, nous avons calculé un score global attribué au bien-être financier sur 100 pour chaque répondant à l’enquête. Le score moyen est de 66.

En examinant la répartition des scores (figure 2), nous pouvons constater que les trois quarts des Canadiens (74 %) ont obtenu un score de plus de 50. Comme nous l’expliquons ci dessous, les Canadiens qui ont obtenu un score de plus de 50 sont considérés comme ayant soit une bonne situation financière (s’ils ont obtenu un score de plus de 80) ou une assez bonne situation financière (s’ils ont obtenu un score entre 51 et 80).

Nous constatons aussi qu’environ le quart des Canadiens (26 %) a un score de bien-être financier de moins de 50. L’on estime que ces Canadiens ont une situation financière plutôt difficile (s’ils ont obtenu un score entre 31 et 50) ou très difficile (s’ils ont obtenu un score de 30 ou moins).

Figure 2 — Bien-être financier général

Figure 2 — Bien-être financier général
Version textuelle : Figure 2 — Bien-être financier général
Cote Pourcentage des répondants
Moins de 10 0,9
10 à moins de 20 2,1
20 à moins de 30 4,2
30 à moins de 40 7,3
40 à moins de 50 11,7
50 à moins de 60 13,2
60 à moins de 70 13,7
70 à moins de 80 13,6
80 à moins de 90 17,5
90 à 100 15,7

Le score global attribué au bien-être financier peut être divisé en 3 composantes :

Nous avons calculé les scores moyens pour ces 3 composantes. Les Canadiens ont obtenu un score moyen :

La figure 3 montre la distribution des scores des Canadiens pour chaque composante.

Même si la plupart des Canadiens réussissent très bien à respecter tous leurs engagements (figure 3a), la mesure dans laquelle ils se sentent à l’aise sur le plan financier varie grandement (figure 3b). De toute évidence, de nombreux Canadiens respectent leurs engagements, mais ne croient pas que leur situation financière leur permet de faire ce qu’ils veulent.

Un certain nombre de Canadiens sont en bonne position pour être résilients pour l’avenir, par exemple, environ 30 % ont obtenu un score de 80 ou plus pour cette composante, mais beaucoup d’autres ont un niveau de résilience inférieur (figure 3c).

Ces résultats nous indiquent que les Canadiens bénéficieraient de stratégies qui leur permettraient d’intégrer davantage de réserves dans leurs plans de dépenses et d’être mieux préparés aux revers financiers, comme des dépenses imprévues ou une baisse du revenu.

Figure 3 (a, b, c) — Scores obtenus par les Canadiens pour 3 composantes clés du bien-être financier

Figure 3 (a) — Respect des engagements

Figure 3 (a) — Respect des engagements
Version textuelle : Figure 3 (a) Respect des engagements
Cote Pourcentage des répondants
Moins de 10 1,3
10 à moins de 20 0,7
20 à moins de 30 1,8
30 à moins de 40 2,6
40 à moins de 50 3,4
50 à moins de 60 9,7
60 à moins de 70 10,2
70 à moins de 80 9,0
80 à moins de 90 9,8
90 à 100 51,5

Figure 3 (b) — Se sentent à l'aise financièrement

Figure 3 (b) — Se sentent à l'aise financièrement
Version textuelle : Figure 3 (b) Se sentent à l'aise financièrement
Cote
Pourcentage des répondants
Moins de 10 1,7
10 à moins de 20 3,7
20 à moins de 30 5,3
30 à moins de 40 9,5
40 à moins de 50 10,7
50 à moins de 60 16,9
60 à moins de 70 16,0
70 à moins de 80 10,7
80 à moins de 90 13,3
90 à 100 12,2

Figure 3 (c) — Résilience face à l'avenir

Figure 3 (c) — Résilience face à l'avenir
Version textuelle : Figure 3 (c) Résilience face à l'avenir
Cote Pourcentage des répondants
Moins de 10 7,6
10 à moins de 20 4,9
20 à moins de 30 6,2
30 à moins de 40 13,3
40 à moins de 50 6,2
50 à moins de 60 9,9
60 à moins de 70 8,8
70 à moins de 80 8,6
80 à moins de 90 11,9
90 à 100 22,5

Nous avons examiné 5 catégories de facteurs, soit les facteurs financiers, économiques, psychologiques, sociaux et de connaissance et d’expérience, et nous avons effectué des analyses pour déterminer lesquels d’entre euxNote de bas de page 9  étaient les plus étroitement liés au bien-être financier des Canadiens. Chaque ensemble de facteurs contient un certain nombre de variables connexes. Par exemple, les variables de la catégorie des facteurs économiques comprennent le revenu, la situation d’emploi et l’accession à la propriété. Il est important pour les décideurs et les professionnels du domaine, comme les conseillers en crédit, les conseillers financiers et les enseignants, qui recherchent des conseils sur les comportements, les expériences, les attitudes, les types de connaissances et les différences sociales ou économiques le plus étroitement liés au bien-être financier, de savoir comment ces facteurs et leurs variables sous-jacentes se rapportent au bien-être financier des Canadiens.

Les données transversales obtenues dans le cadre de l’enquête ne nous indiquent pas avec certitude que l’amélioration du score d’une personne dans un domaine améliorera son bien-être financier général. Toutefois, le fait de savoir comment chacun de ces facteurs est lié au bien-être financier — et de comprendre la force relative des relations entre eux — constitue la première étape pour cibler les domaines à améliorer.

Le revenu est important, mais le comportement l’est tout autant.

Comme le montre la figure 4, le bien-être financier augmente considérablement lorsque le revenu du ménage dépasse 50 000 $. Toutefois, le score moyen attribué au bien-être financier ne diffère pas entre les ménages dont le revenu se situe entre 50 000 $ et 150 000 $ (barres bleu foncé). Le bien-être financier ne s’améliore de nouveau que pour le groupe de revenu le plus élevé (plus de 150 000 $).

Autrement dit, le rapport entre le revenu et le bien-être financier se fait le plus ressentir pour les ménages canadiens à revenu très faible ou très élevé. Le faible changement constaté dans le bien-être financier des différents groupes de revenus est cohérent avec les conclusions indiquant que d’autres facteurs, tels que le comportement, ont une plus grande influence sur celui ci. Cette constatation est frappante parce qu’elle est contre-intuitive et contraire à la croyance de nombreuses personnes selon laquelle un revenu plus élevé mène invariablement et à lui seul à un meilleur bien-être financierNote de bas de page 10 .

Figure 4 — Scores attribués au bien-être financier selon le revenu du ménage

Figure 4 — Scores attribués au bien-être financier selon le revenu du ménage
Version textuelle : Figure 4 — Scores attribués au bien-être financier selon le revenu du ménage
Revenu du ménage Cote attribuée au bien-être financier (sur 100)
Moins de 25 000 $ 51
25 000 $ à moins de 50 000 $ 60
50 000 $ à moins de 75 000 $ 68
75 000 $ à moins de 100 000 $ 70
100 000 $ à moins de 125 000 $ 74
125 000 $ à moins de 150 000 $ 74
Plus de 150 000 $ 84

Les scores attribués au bien-être financier varient grandement à l’intérieur de chaque tranche de revenu (figure 5). Notamment, certains Canadiens des tranches de revenu élevé (dont le revenu annuel du ménage est supérieur à 100 000 $) déclarent un bien-être financier relativement faible (score attribué au bien-être financier inférieur à 50 : barres oranges et rouges), tandis que certains Canadiens des tranches de revenu inférieures (revenu du ménage inférieur à 25 000 $) déclarent un bien-être financier relativement élevé (score attribué au bien-être financier entre 50 et 100 : barres bleu foncé et bleu sarcelle).

Figure 5 — Niveau de bien-être financier par tranche de revenu du ménage

Figure 5 — Niveau de bien-être financier par tranche de revenu du ménage
Version textuelle : Figure 5 — Niveau de bien-être financier par tranche de revenu du ménage
Revenu du ménage Cote du bien-être financier de 0 à 30 Cote du bien-être financier de 30 à moins de 50 Cote du bien-être financier de 50 à moins de 80 Cote du bien-être supérieure à 80
Moins de 25 000 $ 17 % 32 % 38 % 13 %
25 000 $ à moins de 50 000 $ 10 % 25 % 41 % 24 %
50 000 $ à moins de 75 000 $ 4 % 16 % 45 % 35 %
75 000 $ à moins de 100 000 $ 4 % 15 % 42 % 39 %
100 000 $ à moins de 125 000 $ 2 % 15 % 36 % 46 %
125 000 $ à moins de 150 000 $ 5 % 12 % 34 % 49 %
150 000 $ et plus 1 % 1 % 33 % 65 %

Le bien-être financier est plus étroitement lié aux comportements qu’aux facteurs économiques.

Alors que certains facteurs économiques (dont le revenu du ménage) jouent clairement un rôle important dans le bien-être financier d’une personneNote de bas de page 11 , notre modèle indique qu’ils ne sont pas les facteurs étant le plus étroitement lié au bien-être financier. Nous avons constaté que pour les scores attribués au bien-être financier des Canadiens, environ :

Cette constatation nous indique que la façon dont une personne gère son argent (par exemple, la fréquence à laquelle elle épargne et elle emprunte) a le lien le plus étroit avec son score attribué au bien-être financier, suivie des facteurs économiques tels que le revenu, le fait de posséder ou de louer une maison et l’emploi (travailler à temps plein ou à temps partiel ou être au chômage). Ces résultats impliquent que pour améliorer leur bien-être financier, les Canadiens ont d’autres choix que de modifier leur revenu ou leur situation d’emploi. Ils peuvent être en mesure d’obtenir de bons résultats simplement en modifiant certains comportements financiers.

Les Canadiens qui épargnent activement ont un niveau de bien-être financier plus élevé que ceux qui ont le même revenu et qui n’épargnent pas activement.

Ensuite, nous avons examiné comment chaque variable (en tenant compte des 5 catégories de facteurs) est liée au bien-être financier. La variable ayant la relation la plus forte est l’épargne active, qui est liée à 10 % de la variabilité des scores attribués au bien-être financier.

Nous avons évalué l’épargne active en posant des questions sur la fréquence à laquelle une personne :

À première vue, il peut sembler évident que les personnes qui gagnent suffisamment d’argent pour pouvoir épargner ont un bien-être financier plus élevé. Toutefois, ce n’est pas tout. L’analyse tenait compte des différences économiques et démographiques entre les personnes, comme le revenu, l’âge, le nombre d’enfants à charge, la situation d’emploi et plus encore. Cette constatation démontre que le fait de mettre intentionnellement de l’argent de côté est la variable la plus fortement liée au bien-être financier, indépendamment du niveau de revenu ou d’autres facteurs démographiques.

Étant donné que l’épargne active représente une si grande partie du score attribué au bien-être financier, nous voulions mieux comprendre ce comportement afin de pouvoir guider les Canadiens et aider les professionnels du domaine à encourager cette pratiqueNote de bas de page 12 . De façon générale, nous avons constaté que les facteurs psychologiques sont ceux qui ont le plus grand lien avec le fait qu’un Canadien économise régulièrement ou non de l’argentNote de bas de page 13 . Plus précisément, la façon dont les Canadiens perçoivent l’argent influe sur leur choix d’épargner ou nonNote de bas de page 14 . Il n’est pas surprenant de constater que ceux qui ont une attitude positive envers l’épargne et une attitude négative envers l’emprunt sont plus susceptibles d’épargner. De plus, ceux qui ont une vision à long terme sont plus susceptibles d’épargner que ceux qui sont plus enclins à vivre dans l’instant présent.

Le même principe s’applique aux Canadiens qui se sentent à l’aise de gérer leur argent au quotidien, de planifier leur avenir financier et de prendre des décisions au sujet des produits et des services financiers : ils sont plus susceptibles d’épargner et d’avoir un niveau de bien-être financier plus élevé que ceux qui se sentent moins à l’aise dans la gestion financière.

Il peut être difficile d’aider un individu à adopter une nouvelle disposition d’esprit à l’égard des dépenses, de l’épargne et de l’emprunt ou à changer de point de vue quant au contrôle qu’il a sur sa vie. Cependant, contrairement aux facteurs démographiques tels que l’âge, le sexe ou le nombre de personnes à charge, il est possible de modifier ces facteurs psychologiquesNote de bas de page 15 . En tenant compte du fait que les facteurs psychologiques sont étroitement liés au bien-être financier, il est encourageant de constater que cette malléabilité peut mener à de nouvelles interventions qui aideront les Canadiens à améliorer leur bien-être financier.

Les Canadiens qui évitent d’emprunter pour payer leurs dépenses quotidiennes ont un niveau de bien-être financier plus élevé que ceux qui empruntent régulièrement, quel que soit leur revenu.

La variable ayant la deuxième plus forte relation avec le bien-être financier était un comportement financier consistant à ne pas emprunter pour les dépenses quotidiennes. Cette variable est liée à 5 % de la variabilité des scores attribués au bien-être financier. Nous avons évalué cette variable à l’aide de questions sur la fréquence à laquelle une personne a emprunté de l’argent pour rembourser ses dettes, était à découvert dans son compte bancaire ou utilisait le crédit pour de la nourriture et pour ses dépenses quotidiennes parce qu’elle manquait d’argent. Comme décrit ci-dessus, ce résultat tient compte d’éléments tels que le revenu et la démographie. Il indique que lorsque tous les autres éléments sont constants, le fait de ne pas emprunter pour les dépenses quotidiennes est la variable la plus fortement liée au bien-être financier. Il semble que les personnes qui trouvent des moyens d’éviter d’emprunter pour leurs dépenses quotidiennes — par exemple, en réduisant leurs dépenses — ont un bien-être financier plus élevé, peu importe leur niveau de revenu, leurs comportements en matière d’épargne, leur situation familiale, leur accession à la propriété, leur niveau de scolarité et leur situation d’emploi.

En général, nous avons constaté que le fait pour un Canadien d’emprunter ou non pour ses dépenses quotidiennes était le plus étroitement lié à des facteurs psychologiques et économiquesNote de bas de page 16 . À l’instar de ce que nous avons appris sur l’épargne active, les personnes qui avaient une attitude positive à l’égard de l’épargne et une attitude négative à l’égard des emprunts étaient moins susceptibles d’emprunter (tout comme les personnes qui avaient une confiance plus élevée sur le plan financier). Nous avons également constaté que les personnes qui avaient de la facilité à résister à la tentation et à rompre avec leurs mauvaises habitudes, et qui se sentaient maîtres d’eux-mêmes, étaient moins susceptibles d’emprunter pour les dépenses quotidiennesNote de bas de page 17 .

Ces renseignements sur les variables liées au fait de ne pas emprunter pour des dépenses quotidiennes peuvent aider les professionnels du domaine à déterminer les domaines sur lesquels ils doivent se concentrer avec les Canadiens qui veulent améliorer leur bien-être financier. Par exemple, dans le cas des Canadiens qui ont tendance à emprunter de l’argent pour leurs dépenses quotidiennes, les professionnels du domaine pourraient chercher des moyens de renforcer leur confiance sur le plan financier, d’accroître leur maîtrise de soi et de changer leurs attitudes à l’égard des dépenses, de l’épargne et de l’emprunt.

Dans l’ensemble, le bien-être financier est surtout lié à 2 variables de comportements financiers : l’épargne active et ne pas emprunter pour des dépenses quotidiennes. Les différences dans ces comportements sont, à leur tour, le plus fortement associées à des facteurs psychologiques et économiques. Pour ces 2 comportements financiers, la confiance sur le plan financier et les attitudes à l’égard des dépenses, de l’épargne et de l’emprunt sont à l’origine de la plus grande partie de la variabilité des scores attribués au bien-être financier.

Groupes de bien-être financier

Pour avoir une idée de la proportion de Canadiens qui se trouvent aux différents niveaux de bien-être financier et pour mieux comprendre la signification pratique de ces niveaux, l’étude a classé les répondants canadiens dans l’un de 4 groupes en fonction de leurs scores attribués au bien-être. Ces groupes représentent la situation financière de leurs membres. Les 4 groupes sont les suivants :

Dans cette section, nous présentons la proportion de Canadiens dans chaque groupe et discutons des éléments suivants :

La figure 6 montre l’éventail des scores attribués au bien-être financier qui ont été utilisés pour créer les groupes et le pourcentage de Canadiens dans chacun des groupes. Comme nous l’avons déjà mentionné, les Canadiens, dans l’ensemble, semblent relativement bien s’en sortir : plus de 74 % d’entre eux se classent dans les 2 premiers groupes, celui des personnes dont la situation financière est bonne et celui des personnes dont la situation financière est assez bonne.

Figure 6 — Pourcentage des répondants canadiens dans chaque groupe de bien-être financier

Figure 6 — Pourcentage des répondants canadiens dans chaque groupe de bien-être financier
Version textuelle : Figure 6 — Pourcentage des répondants canadiens dans chaque groupe de bien-être financier
Groupes de bien-être financier Pourcentage
Groupe des personnes dont la situation est bonne (cote supérieure à 80) 33
Groupe des personnes dont la situation financière est assez bonne (cote de 50 à moins de 80) 41
Groupe des personnes dont la situation financère est plutôt difficile (cote de 30 à moins de 50) 19
Groupe des personnes dont la situation financière est difficile (cote de 0 à moins de 30) 7

Afin de mieux comprendre la situation financière des Canadiens de ces groupes, ainsi que leur composition démographique, les groupes sont décrits dans la section suivante.

Il convient de noter que les principaux éléments liés au bien-être financier d’une personne seraient probablement différents pour chaque groupe. Par exemple, les Canadiens faisant partie du groupe des personnes dont la situation financière est très difficile pourraient constater que leur bien-être financier est lié à des facteurs différents de ceux du groupe des personnes dont la situation financière est bonne. Pour explorer cette possibilité, nous avons également examiné chaque groupe individuellement et examiné quelles variables étaient liées au bien-être financier au sein du groupeNote de bas de page 19 .

Le groupe des personnes dont la situation financière est bonne

Situation financière : « assez bonne » ou « très bonne »

Les membres de ce groupe :

  • représentent environ 33 % de la population
  • sont confiants quant à leur situation financière au cours des 12 prochains mois
  • peuvent faire ce qu’ils veulent et profiter de la vie
  • seraient en mesure de couvrir une dépense imprévue équivalant au revenu d’un mois en utilisant de l’argent comptant ou de l’argent dans un compte
  • ont une épargne d’au moins l’équivalent de 6 mois de revenu (80 %)

Qui fait partie du groupe des personnes dont la situation financière est bonne?

  • 51 % sont des hommes
  • 50 % sont âgés de 60 à 91 ans
  • 65 % sont dans une relation de couple
  • 51 % sont propriétaires de leur maison, 31 % ont une hypothèque et 16 % ont un loyer
  • Le revenu moyen des ménages est de 89 000 $

Parmi les membres du groupe des personnes dont la situation financière est bonne, le revenu est la variable la plus fortement liée au bien-être financier. Cette constatation concorde avec la constatation (décrite précédemment) selon laquelle le revenu fait une différence à l’extrémité supérieure de l’échelle des revenus : tous les membres du groupe des personnes dont la situation financière est bonne ont un niveau assez élevé de bien-être financier, mais au sein de ce groupe, ceux qui ont les revenus les plus élevés ont tendance à avoir les scores les plus élevés attribués au bien-être financier.

À des niveaux de revenu très élevés, les personnes peuvent jouir d’un très haut niveau de bien-être financier sans être prudentes quant à la façon dont chaque dollar est dépensé. Elles peuvent faire de petites erreurs et s’en remettre sans conséquence à long terme. Elles peuvent facilement couvrir leurs dépenses nécessaires, se payer du luxe ou ce qu’elles désirent, tout en mettant de l’argent de côté pour l’avenir. Cela ne veut pas dire qu’il est impossible pour une personne ayant un revenu très élevé d’avoir de la difficulté à couvrir ses dépenses, mais il est clair que les défis et les possibilités sont différents de ceux qui existent à des niveaux inférieurs. Les personnes dont le revenu est plus élevé ont aussi tendance à avoir un revenu disponible plus élevé et plus d’occasions d’acquérir de l’expérience avec une gamme de produits et de services financiers. Par exemple, pour acheter des produits de placement et accéder à des conseils financiers professionnels, il faut avoir de l’argent à investir et de l’argent pour obtenir des conseils.

La connaissance de la gestion financière (c.-à-d. le fait de savoir comment planifier ses dépenses en fonction de son revenu, de choisir les bons produits d’épargne et de choisir les bons prêts à la consommation et les bonnes cartes de crédit) est également fortement liée aux scores attribués au bien-être de ce groupe. Cette constatation démontre que le bien-être financier n’est pas seulement une question d’argent. Tous les membres du groupe des personnes dont la situation financière est bonne ont un niveau élevé de bien-être financier. Ce qui distingue ceux qui réussissent bien de ceux qui réussissent très bien, ce sont les compétences liées à la façon dont ils gèrent l’argent qu’ils ont. Il s’agit là d’une considération importante pour les Canadiens et les professionnels du domaine, car ces domaines de connaissances et ces compétences peuvent s’acquérir et être perfectionnés au fil du temps.

Situation financière de Marc

Groupe des personnes dont la situation financière est bonne

Âge : 65

Respect des engagements : 99

Sentiment de confort financier : 84

Résilience face à l'avenir : 91

État matrimonial : Marié

Situation familiale : Marié à Nicole depuis 40 ans. Ils ont 2 enfants qui vivent de façon autonome et qui ne sont plus dépendants financièrement.

Mode d’occupation de logement : Marc et Nicole sont entièrement propriétaires de leur maison.

Occupation : Marc est à la retraite et il a un régime de pension d’employeur; son épouse est semi-retraitée et complète le revenu de pension de Marc avec des postes contractuels qu’elle aime occuper.

Revenu annuel : Revenu combiné de 85 000 $

Connaissances et expérience : Beaucoup d’expérience avec différents produits financiers, comme les hypothèques, l’assurance-vie et divers types de placements.

Facteurs psychologiques : Il continue de privilégier l’épargne par rapport aux dépenses, il pense à l’avenir et il n’est pas très impulsif. Il se sent maître de son avenir financier.

Situation financière : Au fil des années, Marc et Nicole ont régulièrement mis de l’argent de côté et ont des investissements importants qu’ils planifient utiliser pendant leur retraite lorsque Carole arrêtera de travailler. Marc est confiant qu’ils auront des épargnes suffisantes pour vivre confortablement pendant leur retraite.

Qu’est-ce que Marc peut faire : Pour maintenir leur haut niveau de bien-être financier, il pourrait être avantageux pour Marc et Nicole de s’assurer de profiter au maximum des instruments d’épargne, par exemple un compte d’épargne libre d’impôt (CELI), et d’éviter de contracter de nouvelles dettes. Marc devrait s’assurer d’être informé au sujet des meilleurs produits et services disponibles avant de prendre des décisions financières.

Le groupe des personnes dont la situation financière est assez bonne

Situation financière : « Ni bonne ni mauvaise » ou « assez bonne »

Les membres de ce groupe :

  • représentent 41 % de la population
  • sont soit assez confiants quant à leur situation financière (50 %) ou neutres par rapport à leur situation financière (40 %) au cours des 12 prochains mois
  • peuvent faire ce qu’ils veulent et profiter de la vie (30 %) ou sont neutres sur le sujet (30 %)
  • ont tendance à avoir encore un peu d’argent après avoir payé la nourriture et les factures du ménage, du moins parfois
  • peuvent avoir de la difficulté à respecter leurs engagements de temps à autre (40 %)
  • peuvent avoir l’équivalant de plus de 3 mois de revenu en épargne (50 %)

Qui fait partie du groupe des personnes dont la situation financière est assez bonne?

  • 57 % sont des femmes
  • Il y a une représentation assez égale de tous les groupes d’âge
  • 64 % sont dans une relation de couple
  • 44 % ont une hypothèque, 30 % louent leur maison et 21 % sont propriétaires de leur maison
  • Le revenu moyen des ménages est de 66 000 $

Dans le groupe des personnes dont la situation financière est assez bonne, le nombre d’enfants à charge vivant à la maison est fortement lié au bien-être financier. Les personnes ayant moins d’enfants à charge (ou aucun) à la maison ont tendance à avoir un bien-être financier plus élevé que ceux qui ont plus d’enfants à la maison. Cela a probablement à voir avec le nombre de personnes soutenues, actuellement et à l’avenir, par le revenu du ménage. Le fait de prévoir les dépenses à venir pour les personnes à charge (p. ex., le besoin de payer leurs frais scolaires) peut ajouter un stress considérable pour ces Canadiens. Le nombre d’enfants vivant à la maison est souvent fortement corrélé à l’âge d’une personne; le nombre d’enfants à la maison atteint un sommet chez les adultes d’âge moyen. À mesure que les personnes vieillissent et approchent de la retraite, leurs enfants, la plupart du temps, deviennent indépendants et quittent la maison.

Les personnes qui sont propriétaires de leur maison (plutôt que locataires) ont tendance à avoir un meilleur bien-être financier, surtout celles qui n’ont pas d’hypothèque. Cela s’explique probablement par l’effet que les coûts de logement ont sur le revenu disponible. Le fait de ne pas avoir d’hypothèque à payer est souvent associé au stade de la vie; les jeunes adultes ne sont souvent pas propriétaires d’une maison, mais lorsqu’ils ont une carrière établie et qu’ils fondent une famille, le cas échéant, ils achètent une maison avec une hypothèque et remboursent l’hypothèque avec le temps.

Il est important de noter qu’il est avantageux de rembourser une hypothèque au fil du temps, plutôt que d’être grevé d’une hypothèque. Par le passé, il s’agissait de la seule option pour la plupart des gens, mais au cours des dernières années, les marges de crédit hypothécaires (MCH) ont gagné en popularité au Canada. Les MCH présentent un problème, à savoir que 27 % des Canadiens paient seulement l’intérêtNote de bas de page 20 , ce qui mène à un endettement persistent. Pour les gens dont la situation financière est assez bonne, une MCH peut fournir de la flexibilité pour financer des rénovations ou d'autres dépenses importantes reliées à leur maison. Par contre, pour les propriétaires qui auront de la difficulté à rembourser ces prêts assez rapidement, les MCH peuvent menés à des conséquences inattendues et l'érosion de la richesse. Les professionnels du domaine devraient garder cela à l’esprit lorsqu’ils conseilleront les acheteurs de maison sur les options qui s’offrent à eux pour financer l’achat d’une maison et les dépenses quotidiennes liées à l’achat d’une maison. Ils devraient souligner davantage l’importance de rembourser l’hypothèque et d’éviter les dettes à la consommation pour atteindre les objectifs financiers à long terme.

Situation financière de Maude

Groupe des personnes dont la situation financière est assez bonne

Âge : 42

Respect des engagements : 83

Sentiment de confort financier : 60

Résilience face à l’avenir : 59

État matrimonial : Marié

Situation familiale : Mariée à Martin. Ils ont 2 enfants à la maison et beaucoup de dépenses.

Mode d’occupation de logement : Maude et Martin ont une hypothèque, mais ils font des progrès pour la rembourser.

Occupation : Maude est éducatrice en garderie, Martin est un opérateur d’équipement.

Revenu annuel : Revenu familial de 98 000 $

Connaissances et expérience : Maude a une certaine expérience avec des produits comme les prêts hypothécaires, mais elle ne connaît pas très bien les options de placement.

Facteurs psychologiques : Maude pense parfois à l’avenir, mais elle a beaucoup d’obligations actuelles qui accaparent son énergie mentale. Elle estime avoir un certain contrôle sur ses finances parce qu’elle peut choisir de travailler moins ou plus.

Situation financière : Maude a économisé un petit montant d’argent pour les urgences et a commencé à penser à épargner en vue de la retraite, mais Martin et elle n’ont plus beaucoup d’argent à la fin du mois après avoir payé pour leurs dépenses quotidiennes.

Comportements financiers : Ils n’empruntent jamais pour leurs dépenses quotidiennes et essaient toujours de faire des choix éclairés en matière de produits financiers.

Qu’est-ce que Maude peut faire : Afin d’accroître son niveau de bien-être financier, il serait avantageux pour Maude de mettre en place des mécanismes d’épargne automatiques et réguliers, qui lui permettront d’accroître sa résilience financière et de pallier un éventuel revers financier. Ainsi, elle pourra éviter d’accumuler, à l’avenir, une dette à la consommation. Elle pourrait aussi profiter de ressources en éducation financière qui l’aideront à déterminer et à atteindre ses objectifs financiers, notamment le remboursement de son hypothèque et l’épargne en prévision de sa retraite.

Le groupe des personnes dont la situation financière est plutôt difficile

Situation financière : « Ni bonne ni mauvaise »

Les membres de ce groupe :

  • représentent 19 % de la population
  • décrivent leur situation financière comme n’étant ni mauvaise ni bonne ou comme étant plutôt mauvaise
  • sont neutres quant à leur avenir financier ou n’ont pas confiance en leur situation financière au cours des 12 prochains mois
  • ne pensent pas que leurs finances leur permettent de faire ce qu’ils veulent et de profiter de la vie (2 répondants sur 3)
  • sont parfois (50 %) ou souvent ou toujours (11 %) à court d’argent pour la nourriture ou d’autres dépenses quotidiennes
  • ont tendance à éprouver de temps à autre de la difficulté à respecter leurs engagements comme les factures, le loyer ou l’hypothèque et le paiement des cartes de crédit (68 %)
  • ne seraient pas en mesure de couvrir la totalité du montant si demain, ils avaient une dépense imprévue équivalant à 1 mois de revenu (5%; quoique 52 % ont dit qu’ils seraient en mesure de couvrir une partie des dépenses imprévues en utilisant de l’argent comptant ou de l’argent dans un compte)

Qui fait partie du groupe des personnes dont la situation financière est plutôt difficile?

  • 57 % sont des femmes
  • 29 % sont âgés de 30 à 44 ans et 30 % sont âgés de 45 à 59 ans
  • 51 % sont dans une relation de couple
  • 50 % sont locataires, 37 % ont une hypothèque et 10 % sont propriétaires
  • Le revenu moyen des ménages est de 48 000 $

Les analyses que nous avons menées sur le groupe des personnes dont la situation financière est plutôt difficile révèlent que le fait de ne pas avoir recours à l’emprunt pour couvrir les dépenses quotidiennes est la variable la plus fortement associée à un niveau plus élevé de bien-être financier. Comme pour tous les participants à l’enquête, les Canadiens de ce groupe qui n’ont pas eu recours à l’emprunt pour couvrir leurs dépenses quotidiennes jouissent généralement d’un meilleur bien-être financier. Ce résultat, qui tient compte de facteurs comme le revenu et le nombre d’enfants à la maison, indique que, lorsque tous les autres facteurs sont les mêmes, la variable la plus fortement liée au bien-être financier pour ce groupe est le fait de ne pas recourir à l’emprunt pour couvrir les dépenses quotidiennes.

Il en ressort que le fait d’avoir un faible revenu ou un faible revenu disponible n’entraîne pas nécessairement un emprunt pour couvrir les dépenses quotidiennes; les membres de ce groupe font des choix différents pour gérer leur budget, certains emprunts étant contractés pour couvrir les dépenses quotidiennes alors que d’autres le sont pour des raisons différentes. Ceux qui trouvent des moyens d’éviter d’emprunter pour couvrir leurs dépenses quotidiennes — peut-être en réduisant ou en reportant leurs dépenses quotidiennes lorsqu’une dépense imprévue survient — jouissent de niveaux de bien-être financier plus élevés.

Nos analyses montrent que le fait d’avoir un diplôme postsecondaire est étroitement corrélé au bien-être financier des répondants de ce groupe. En général, le fait d’avoir un diplôme postsecondaire est associé à un potentiel de revenu plus élevéNote de bas de page 21  et à une meilleure littératie financièreNote de bas de page 22 . Cela indique que la possibilité pour les Canadiens à faible revenu d’accroître leurs gains grâce à l’éducation est encore plus grande que pour les Canadiens ayant un revenu plus élevé. Les membres du groupe des personnes dont la situation financière est plutôt difficile pourraient se demander si une formation supplémentaire pourrait améliorer les possibilités qui s’offrent à eux et, partant, leur bien-être financier.

Situation financière de Samuel

Groupe des personnes dont la situation financière est plutôt difficile

Âge : 26

Respect des engagements : 65

Sentiment de confort financier : 38

Résilience face à l'avenir : 28

État matrimonial : Célibataire

Situation familiale : Pas d’enfants

Mode d’occupation de logement : Samuel est locataire de son logement de 2 chambres à coucher.

Occupation : Il occupe un poste de commis à temps plein dans un magasin d’alimentation.

Revenu annuel : 32 000 $

Connaissances et expérience : Il a une carte de crédit, mais peu d’autres produits financiers, comme une assurance ou une hypothèque.

Facteurs psychologiques : Il vit dans le moment présent et n’a pas vraiment commencé à penser à la retraite.

Situation financière : Il considère que sa situation financière actuelle n’est ni bonne ni mauvaise, mais il n’est pas très confiant par rapport à son avenir financier. Il est habituellement en mesure de payer son loyer et les autres factures courantes, bien qu’il éprouve des difficultés de temps à autre.

Qu’est-ce que Samuel peut faire : Afin d’augmenter son niveau de bien-être financier, il pourrait être avantageux pour Samuel d’adopter certaines pratiques qui l’aideraient dans la gestion quotidienne de son argent, la planification de son avenir financier et la prise de décisions entourant les produits et les services financiers. Par exemple, il pourrait commencer par établir un budget pour l’aider à prévoir ses dépenses quotidiennes et économiser de manière systématique, même s’il ne s’agit, au départ, que de petits montants. Il pourrait aussi profiter de ressources en éducation financière qui l’aideront à déterminer et à atteindre ses objectifs financiers ainsi qu’à acquérir des actifs financiers importants à ses yeux. À travers tout cela, il devra aussi faire attention d’éviter d’accumuler des dettes à la consommation.

Le groupe des personnes dont la situation financière est très difficile

Situation financière : « Plutôt mauvaise » ou « très mauvaise »

Les membres de ce groupe :

  • représentent 7 % de la population
  • sont inquiets de la situation financière de leur ménage au cours des 12 prochains mois
  • n’ont pas le sentiment que leurs finances leur permettent de faire ce qu’ils veulent et de profiter de la vie
  • sont souvent ou toujours à court d’argent pour faire l’épicerie ou d’autres dépenses quotidiennes (2 répondants sur 3)
  • planifient souvent ou toujours la façon dont leur ménage utilisera leur revenu régulier
  • disposent de moins d’un mois de revenu sous forme d’épargne (ou ne savent pas combien ils ont)

Qui fait partie du groupe des personnes dont la situation financière est très difficile?

  • 66 % sont des femmes
  • 32 % sont âgés de 30 à 44 ans et 38 % sont âgés de 45 à 59 ans
  • 54 % sont dans une relation de couple
  • 44 % sont locataires, 42 % ont une hypothèque et seulement 8 % sont propriétaires
  • le revenu moyen des ménages est de 40 000 $

Les répondants de ce groupe qui ont obtenu un score plus élevé pour le locus de contrôle jouissent généralement d’un meilleur bien-être financier. Le locus de contrôle fait référence à la mesure dans laquelle les individus croient pouvoir influer sur l’issue des événements qui surviennent dans leur vie, par opposition aux événements externes qui échappent à leur volonté. Le score des répondants à cette question était fondé sur leur degré d’accord avec les 3 énoncés suivants :

Quand on a l’impression que tout échappe à notre volonté, il peut être souhaitable de se fixer un objectif réalisable et de se concentrer sur celui-ciNote de bas de page 23 . Les professionnels du domaine peuvent aider les personnes en difficulté à définir un but approprié et à trouver des ressources permettant de l’atteindre. À titre d’exemple, les personnes qui ont de la difficulté à produire leur déclaration de revenus auraient avantage à se prévaloir de l’aide d’un bénévole du Programme communautaire des bénévoles en matière d’impôt. Cette seule démarche pourrait être très bénéfique afin d’informer les personnes des prestations qu’elles ne reçoivent pas et auxquelles elles pourraient être admissibles. D’autres Canadiens pourraient avoir accès à des ressources d’information ou d’autres ressources sur leur lieu de travail, notamment à leur service des ressources humaines ou à un programme d’aide aux employés. Le site Web canada.ca/argent du gouvernement du Canada offre aux Canadiens une foule de ressources pour les aider à gérer leur argent.

Situation financière d'Anne

Groupe des personnes dont la situation financière est très difficile

Âge : 52

Respect des engagements : 38

Sentiment de confort financier : 19

Résilience face à l'avenir : 8

État matrimonial : Célibataire

Situation familiale : Elle vit avec son partenaire. Elle a une fille de 26 ans qui occupe un emploi à temps partiel et compte encore parfois sur son aide financière.

Mode d’occupation de logement : Elle et son conjoint sont locataires.

Occupation : Elle est réceptionniste médicale dans un hôpital.

Revenu annuel : Elle gagne environ 42 000 $ par année, mais ses heures travaillées et son salaire peuvent varier grandement d’un mois à l’autre.

Connaissances et expérience : Elle a un compte chèques, un compte d’épargne et une carte de crédit et elle n’a jamais fait de placements.

Facteurs psychologiques : Elle ne pense pas qu’elle arrive à contrôler ce qui se passe dans sa vie. Lorsqu’elle doit prendre une décision difficile, elle a tendance à la rapporter à un autre jour.

Situation financière : Elle qualifie sa situation financière actuelle de plutôt mauvaise. Malgré tous ses efforts de planification budgétaire, elle manque souvent d’argent pour faire son épicerie et payer ses factures et a mis peu d’argent de côté. Elle a constamment l’impression d’être à court d’argent et n’a pas les moyens de se permettre les activités qu’elle aimerait faire, comme sortir au restaurant avec son conjoint ou prendre l’avion pour rendre visite à sa sœur. Elle s’inquiète de son avenir financier et ne voit pas comment elle pourrait se permettre de prendre sa retraite.

Qu’est-ce que Anne peut faire : Pour améliorer son bien-être financier, Anne voudrait pouvoir jouir d’un revenu plus stable. Elle pourrait envisager de discuter avec son patron des occasions qui s’offrent à elle de travailler un plus grand nombre d’heures, et ce, sur une base régulière. Anne profiterait aussi vraisemblablement d’en connaître davantage au sujet du Régime de pensions du Canada, de la Sécurité de la vieillesse et du Supplément de revenu garanti afin de mieux comprendre les critères d’admissibilité de ces programmes et les montants qu’elle peut s’attendre de recevoir lors de sa retraite. Il serait aussi intéressant pour Anne de se fixer de petits objectifs réalisables en matière d’épargnes pour être en mesure d’amortir les effets des fluctuations de son revenu et bâtir sa confiance sur le plan financier.

En quoi ces groupes diffèrent-ils les uns des autres?

Nous avons ensuite examiné en quoi diffèrentNote de bas de page 24  les comportements financiers, les caractéristiques psychologiques, les connaissances, l’expérience et les caractéristiques démographiques des 4 groupesNote de bas de page 25 .

Le locus de contrôle et la confiance sur le plan financier ont joué un rôle plus important chez les répondants des 2 groupes situés au bas l’échelle du bien-être financier.

Les groupes des personnes dont la situation financière est plutôt difficile ou très difficile ont des caractéristiques démographiques comparables, notamment pour ce qui est du revenu annuel du ménage, du niveau de scolarité, de la propriété du logement et du nombre d’enfants de moins de 18 ans vivant à la maison. Les différences entre ces 2 groupes portent sur les principales variables du comportement financier (épargne active, ne pas emprunter pour couvrir les dépenses quotidiennesNote de bas de page 26  et restreindre les dépenses) et 2 facteurs psychologiques (locus de contrôle et confiance sur le plan financier).

Il se peut que ces principales différences comportementales et psychologiques aient contribué à creuser l’écart qui existe entre ces groupes au chapitre du bien-être financier. Par conséquent, les professionnels du domaine qui travaillent avec des clients dont le bien-être financier est relativement faible auront de meilleures chances de succès en les aidant à trouver des moyens d’épargner activement, de limiter le recours à l’emprunt pour couvrir leurs dépenses quotidiennes et de restreindre davantage leurs dépenses. Ils pourraient également aider leurs clients à acquérir une plus grande confiance sur le plan financier en leur suggérant d’adopter des mesures efficaces en matière de gestion financière et des comportements qui leur permettraient de se sentir davantage aux commandes de leur avenir. Les personnes aux prises avec de fortes contraintes financières peuvent améliorer leur bien-être financier et éventuellement passer du groupe des personnes dont la situation financière est très difficile au groupe des personnes dont la situation financière est plutôt difficile en modifiant les comportements et les facteurs psychologiques associés à leur situation.

Les stades de la vie ont joué un rôle plus important chez les répondants des 2 groupes situés au haut de l’échelle du bien-être financier.

Les répondants du groupe des personnes dont la situation est bonne semblent faire bande à part, ayant obtenu des scores beaucoup plus élevés que ceux des répondants des autres groupes au chapitre du comportement financier, des connaissances, des expériences et des mesures psychométriques. Les répondants de ce groupe se démarquent également en ce qui a trait aux facteurs démographiques suivants : ils sont en moyenne beaucoup plus âgés; le pourcentage de ceux qui détiennent au moins un baccalauréat est beaucoup plus élevé que dans tous les autres groupes; ils ont beaucoup moins d’enfants de moins de 18 ans à la maison et ils sont plus susceptibles d’être propriétaires de leur logement.

Les répondants du groupe des personnes dont la situation financière est assez bonne se situent au milieu. Si les répondants de ce groupe ont davantage de comportements, de facteurs psychologiques, de connaissances et d’expériences qui démontrent une bonne capacité sur le plan financier que les répondants des groupes des personnes dont la situation financière est plutôt difficile ou très difficile, ils en ont du reste beaucoup moins que les répondants du groupe des personnes dont la situation est bonne. Sur le plan démographique, les répondants du groupe des personnes dont la situation est assez bonne ont un revenu familial plus élevé et sont plus nombreux à détenir un baccalauréat que ceux des groupes des personnes dont la situation financière est plutôt difficile ou très difficile, mais leur revenu et leur scolarité sont en moyenne inférieurs à ceux des répondants du groupe des personnes dont la situation financière est bonne. Les répondants du groupe de personnes dont la situation financière est assez bonne sont plus nombreux à avoir un prêt hypothécaire et ont généralement plus d’enfants de moins de 18 ans vivant à la maison que ceux du groupe des personnes dont la situation financière est bonne.

En nous fondant sur ces constantes, nous avons cherché à déterminer s’il est possible que les stades de la vie constituent une différence fondamentale entre les groupes des personnes dont la situation financière est bonne et dont la situation financière est assez bonne. Plus précisément, nous nous sommes demandé si bon nombre des répondants du groupe des personnes dont la situation financière est assez bonne ne sont pas en fait des versions plus jeunes des répondants du groupe des personnes dont la situation financière est bonne, qui, s’ils adoptent de bonnes habitudes financières telles que rembourser leur hypothèque, éviter les dettes et épargner régulièrement, pourraient éventuellement s’inscrire dans les rangs de ce dernier groupe.

Comme le montrent les descriptions précédentes, les répondants du groupe des personnes dont la situation financière est assez bonne s’en sortent généralement bien, mais sont aux prises avec des obligations financières (comme élever des enfants et rembourser des prêts hypothécaires) que les répondants plus âgés, comme ceux du groupe des personnes dont la situation financière est bonne, sont moins susceptibles d’avoir. D’ailleurs, les répondants du groupe des personnes dont la situation financière est bonne sont plus nombreux à être âgés de 60 ans ou plus que ceux du groupe des personnes dont la situation financière est assez bonneNote de bas de page 27 . Ils sont également plus nombreux à être à la retraiteNote de bas de page 28  et à avoir remboursé leur hypothèqueNote de bas de page 29 . Les répondants du groupe des personnes dont la situation financière est assez bonne sont presque deux fois plus nombreux à avoir des enfants de moins de 18 ans à la maison que ceux du groupe des personnes dont la situation financière est bonneNote de bas de page 30 .

Étant donné que plus une personne avance en âge, moins elle est susceptible d’avoir des enfants à la maison, et qu’une personne qui rembourse son prêt hypothécaire avec diligence est plus susceptible de devenir propriétaire, on peut raisonnablement conclure que ces 2 principales différences démographiques entre les groupes des personnes dont la situation financière est bonne ou assez bonne sont principalement liées à l’âge et aux stades de vie. La connaissance et l’expérience des produits financiers peuvent aussi s’accroître avec l’âge à mesure que la situation d’une personne change et qu’elle se familiarise avec des produits qui répondent à une variété de besoins. Si elle dispose des ressources appropriées et a maintenu de bonnes habitudes financières tout au long de l’âge adulte, elle est plus susceptible de détenir d’autres actifs, tels que l’épargne et les investissements.

Les répondants du groupe des personnes dont la situation financière est bonne ont également obtenu des scores plus élevés pour toutes les variables de la catégorie des facteurs psychologiques, sauf pour le statut socialNote de bas de page 31 . Alors qu’il existe possiblement un lien entre les scores les plus élevés obtenus dans la catégorie des facteurs psychologiques et l’âge des répondantsNote de bas de page 32 , il se peut aussi que les membres de ce groupe aient toujours eu de grandes capacités dans ces domaines. Il est possible que le groupe actuel des personnes âgées soit composé d’un plus grand nombre de personnes détenant des perspectives psychologiques favorables à leur bien être financier. Il n’y a donc aucune garantie que seul le vieillissement permettra aux Canadiens plus jeunes de passer au groupe des personnes dont la situation financière est bonne.

Les différences démographiques entre les répondants des groupes des personnes dont la situation financière est bonne ou assez bonne et les raisons plausibles qui expliquent pourquoi le groupe des personnes dont la situation financière est bonne a obtenu des scores plus élevés pour les facteurs des catégories psychologie, connaissances et expérience semblent indiquer que les stades de vie jouent un rôle important au niveau supérieur de l’échelle du bien-être financier.

Cela ne veut pas pour autant dire qu’il n’y a pas de jeunes dans le groupe des personnes dont la situation financière est bonne ou que le seul fait de vieillir donne accès à ce groupe. Mais il est fort probable que certains adultes plus jeunes et d’âge moyen qui ont un plus grand bien-être financier et qui ont acquis de saines habitudes financières passeront probablement au groupe des personnes dont la situation financière est bonne à un âge plus avancé. Ces habitudes consistent notamment à s’efforcer d’épargner activement, à examiner soigneusement la façon dont l’argent est dépensé, à bien gérer ses dettes et à prendre des décisions financières éclairées, y compris en matière de produits financiers.

Conclusion

Dans l’ensemble, les trois quarts des Canadiens ont un score de bien-être financier de 50 points ou plus, ce qui les place soit dans les groupes des personnes dont la situation financière est bonne ou assez bonne. Ceci signifie qu’environ un quart des Canadiens éprouve des difficultés financières à un certain niveau.

L’un des points forts des Canadiens est qu’ils paient les factures à temps. Par contre, malheureusement, le budget de nombreux Canadiens dispose d’une marge de manœuvre très limitée. Cette situation s’avère préoccupante puisque les Canadiens affichent des niveaux d’endettement records accumulés au cours de la période récente où les taux d’intérêt étaient historiquement basNote de bas de page 33 . Lorsque les taux augmenteront ou si d’autres facteurs macro ou microéconomiques changent, certains Canadiens — en particulier ceux qui font partie des groupes des personnes dont la situation financière est assez bonne, plutôt difficile ou très difficile — auront de la difficulté à payer toutes leurs factures à temps. Par conséquent, il est d’une importance cruciale que nous continuions à prendre des mesures dès maintenant pour aider les Canadiens à améliorer leur planification financière, à épargner, à adopter de bons comportements financiers et à augmenter leurs connaissances en matière de gestion financière. Ils seront ainsi mieux préparés à relever les défis financiers qui pourraient se poser à l’avenir, comme des hausses de taux d’intérêt, une récession économique et autres difficultés qui peuvent survenir.

Les facteurs économiques comme la situation d’emploi et le revenu seront toujours des facteurs importants du bien-être financier. Notre analyse a démontré que les Canadiens dont le revenu du ménage était de moins de 50 000 $ avaient des niveaux de bien être financier bien en deçà de ceux des Canadiens dont les revenus sont plus élevés. Cependant, les résultats présentés dans ce rapport montrent que le revenu n’est pas l’unique facteur déterminant au bien-être financier, ni même celui qui lui est le plus étroitement lié, et ce, pour les Canadiens de façon général. Les résultats de l’enquête indiquent que les comportements financiers comme l’épargne et l’emprunt sont plus étroitement liés au bien-être financier que des facteurs tels que le revenu, la situation d’emploi et l’accession à la propriété. Nos analyses démontrent qu’il y a des effets positifs liés à ces comportements même lorsque des facteurs démographiques (comme le nombre d’enfants à charge) et économiques (comme le revenu) sont pris en compte. Il s’agit d’une nouvelle encourageante pour les Canadiens qui souhaitent améliorer leur bien-être financier, car pour certains, il est plus probable d’arriver à modifier leurs comportements que d’augmenter considérablement leur revenu ou de changer de situation d’emploi.

Les résultats de l’enquête indiquent que les facteurs psychologiques sont eux aussi fortement corrélés au bien-être financier. Ainsi, le bien-être financier des Canadiens qui affichent une certaine confiance sur le plan financier et qui préfèrent épargner plutôt que dépenser et emprunter est généralement élevé. Un certain nombre de chercheurs ont également découvert un lien entre la confiance sur le plan financier et la situation financièreNote de bas de page 34 . Comprendre comment aider les gens à renforcer leur confiance, à approfondir leurs connaissances en matière de gestion quotidienne de leur argent, à accroître leur capacité de planification de leur avenir financier et à prendre de bonnes décisions en ce qui concerne les produits et services financiers deviendra un important sujet de recherche pour l’avenir.

Bien que de nombreux Canadiens aient en général des niveaux de bien-être financier raisonnablement élevés, avec 74 % des répondants ayant un score de 50 ou plus, ces niveaux varient beaucoup d’un groupe à l’autre. Les tendances que nous avons observées donnent des informations sur la meilleure façon d’aider les Canadiens aux différents niveaux de bien-être financier. Certains comportements financiers des Canadiens appartenant aux groupes des personnes dont la situation financière est plutôt difficile ou très difficile sont différents de ceux des Canadiens des groupes des personnes dont la situation financière est bonne ou assez bonne, notamment au chapitre des efforts consentis régulièrement pour épargner activement ainsi que pour trouver des façons d’éviter d’emprunter pour couvrir les dépenses quotidiennes. Bien qu’elle n’ait pas encore été mise à l’épreuve, cette constatation donne à penser que le fait d’aider les Canadiens du groupe des personnes dont la situation financière est très difficile à trouver des façons d’éviter d’emprunter pour couvrir les dépenses quotidiennes (ce qui peut comprendre le renforcement des comportements de réduction des dépenses) et à accroître leurs efforts d’épargne pourrait contribuer à améliorer leur bien-être financier.

Ces 2 groupes diffèrent également des autres sur 2 facteurs psychologiques : le locus de contrôle et la confiance sur le plan financier. Le fait d’aider les Canadiens dont le bien-être financier est très faible à exercer une plus grande maîtrise sur leur avenir financier et à renforcer leur confiance dans leurs compétences en gestion et en prise de décisions financières peut également améliorer considérablement leur bien-être financier.

En revanche, la connaissance de la gestion financière est une importante variable prédictive du bien-être financier pour les Canadiens du groupe des personnes dont la situation financière est bonne. Cela donne à penser que les efforts visant à améliorer le bien-être financier des personnes qui s’en tirent déjà très bien pourraient être axés sur l’amélioration de leurs connaissances de la planification des dépenses en fonction du revenu ainsi que sur leurs connaissances des produits d’épargne, de prêts à la consommation et de crédit.

Le présent rapport cerne les forces et les faiblesses du bien-être financier des Canadiens et détermine la façon dont certains comportements, connaissances, expériences et facteurs psychologiques particuliers sont liés au bien-être financier des différents groupes. Il s’agit d’une étape importante dans la recherche de moyens d’améliorer le bien-être financier des Canadiens.

Prochaines étapes

Ces constatations fournissent des renseignements précieux qui pourraient s’avérer utiles aux professionnels du domaine et aux intervenants en littératie financière dans la conception et la prestation de leurs interventions. Nos constatations ont permis de formuler les 2 recommandations générales suivantes à leur intention :

Pour encourager, de façon générale, l’épargne active : les professionnels du domaine peuvent se concentrer sur les interventions visant à modifier les facteurs psychologiques, par exemple favoriser une vision à long terme, adopter une attitude positive à l’égard de l’épargne et négative à l’égard de l’emprunt puis aider les individus à se sentir confiants quant à leur situation financière. Ceci comprend la confiance envers leur capacité à gérer leur argent au quotidien, à prévoir leur avenir financier ainsi qu’à prendre des décisions en lien avec des produits et services financiers. Il serait aussi utile de mettre en place des mécanismes d’épargne automatiques (comme les virements automatiques effectués mensuellement vers un compte d’épargne) ainsi que de fixer des objectifs financiers.

Pour dissuader, de façon générale, d’effectuer des emprunts pour payer les dépenses quotidiennes : les professionnels du domaine peuvent se concentrer sur les interventions qui visent à accroître la confiance sur le plan financier ainsi qu’à favoriser des attitudes positives à l’égard de l’épargne et négatives à l’égard de l’emprunt. D’autres conseils pratiques comprennent notamment de demander à l’employeur une avance de salaire ou de communiquer avec les créanciers afin d’obtenir un délai supplémentaire de paiement.

Nos constatations mènent également à des recommandations précises que les professionnels du domaine pourraient prendre en considération pour les Canadiens faisant partie des groupes visés.

Pour aider les Canadiens compris dans les groupes des personnes dont la situation financière est plutôt difficile ou très difficile : les professionnels du domaine peuvent envisager différentes façons qui permettront d’aider les individus à définir des moyens d’épargner davantage et d’éviter d’emprunter pour les dépenses quotidiennes. Il serait utile d’appuyer les gens de ces groupes afin qu’ils aient une meilleure maîtrise de leur situation financière. L’une des stratégies à adopter pourrait être d’aider les personnes en difficulté à définir un but approprié et à trouver des ressources permettant de l’atteindre.Les professionnels du domaine pourraient aussi envisager de trouver des moyens d’aider les individus à acquérir de l’expérience pour accroître leur confiance financière, notamment dans les domaines de la gestion de l’argent, de la planification de leur avenir financier, et de la prise de décisions concernant les produits et services financiers. Il serait aussi avantageux pour les Canadiens se trouvant dans le groupe des personnes dont la situation financière est très difficile de profiter de ressources en éducation financière qui abordent ces sujets, qui sont par exemple offertes sur les lieux de travail ou par l’entremise d’organismes communautaires.

Pour aider les Canadiens du groupe des personnes dont la situation financière est plutôt difficile : se concentrer sur les moyens permettant d’éviter d’emprunter pour les dépenses quotidiennes (veuillez vous référer aux recommandations générales ci dessus).

Pour aider les Canadiens des groupes des personnes dont la situation financière est bonne ou assez bonne : s’assurer que ces Canadiens en connaissent suffisamment au sujet des produits d’épargne, des prêts à la consommation et des cartes de crédit afin qu’ils choisissent ceux qui correspondent le mieux à leurs besoins. Il convient de s’assurer que les Canadiens remboursent leur hypothèque et évitent d’autres formes de dettes à la consommation, telles que les cartes de crédit et les marges de crédit hypothécaire. De façon générale, les Canadiens se trouvant dans ces groupes devraient se concentrer sur l’accumulation d’actifs par l’entremise d’instruments d’épargne, tels que les CELI et les régimes enregistrés d’épargne-retraite, ainsi que les régimes enregistrés d’épargne-études s’ils ont des enfants qui souhaitent faire des études postsecondaires.

Nous encourageons les professionnels et les consommateurs à opter pour les stratégies et outils suivants pour établir les priorités en matière de dépenses, prendre de bonnes habitudes d’épargne et éviter d’être à court d’argent :

Remerciements

L’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC) tient à souligner l’excellent travail du personnel de l’Agence qui a planifié l’Enquête sur le bien-être financier au Canada, analysé les données et communiqué les résultats. Nous souhaitons remercier tout particulièrement les membres suivants de l’équipe de recherche et d’élaboration des politiques : Rebecca Kong, PH. D., Mathieu Saindon, PH. D., Steve Trites, Michael Olson et Bruno Lévesque.

L’ACFC tient également à souligner l’importante contribution de Jerry Buckland, PH. D., du Menno Simons College, de Jodi Letkiewicz, PH. D., de l’Université York, de Brenda Spotton Visano, PH. D., de l’Université York, de Tamara Kelly et de John Eisner de Credit Counselling Services of Atlantic Canada, inc, de Laurie Campbell et d’Adriana Molina de Crédit Canada et de Michelle Pommells de Conseil en crédit du Canada pour leurs commentaires sur certaines sections du rapport.

Enfin, nous aimerions remercier la professeure Elaine Kempson, PH. D., et Christian Poppe, PH. D., qui ont conçu le questionnaire et le modèle du bien-être financier et préparé le fichier de données pour nos analyses.

Références

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