Agent de détérioration : Polluants

Jean Tétreault

Table des matières

Les polluants sont groupés en une série de composés qui peuvent provoquer des réactions chimiques avec les composants d'un objet. Les polluants peuvent être présents sous forme de gaz, d'aérosol, de liquide ou de solide d'origine anthropique ou naturelle, et il s'agit de substances dont les effets nocifs (conséquences négatives) sur les objets sont connus. On considère que les dépôts de particules solides sont des polluants et, même s'ils ne causent pas nécessairement de dommages, il est bien connu qu'ils modifient l'aspect esthétique des objets. Dans certains cas, des particules fines déposées sur la surface d'un objet peuvent s'y adhérer fortement.

Dans un musée, les polluants atteignent les objets et les détériorent selon trois modes d'action. Dans le premier mode, les polluants sont dans l'atmosphère; dans le second, ils sont transférés entre deux matériaux à des points de contact; quant au troisième, il est intrinsèque, en ce sens que le polluant existe déjà et fait partie des matériaux qui composent l'objet, ou se forme au cours de réactions chimiques qui se produisent sur ou dans l'objet. Ce dernier polluant est également appelé secondaire. Dans ce texte, on fera l'examen de chacun de ces modes d'action. Au tableau 1, on présente la nature et les effets de certains polluants habituels.

Tableau 1. Effets des polluants sur les objets
Polluants Nature Effets

Polluants aéroportés

Sources atmosphériques : ozone, sulfure d'hydrogène, sulfure de carbonyle, dioxyde de soufre, dioxyde d'azote et particules (par exemple, suie, sels).
Produits, objets et personnes qui libèrent des polluants: gaz à base de soufre, acides organiques (par exemple, acides carboxyliques), particules (par exemple, poussières, squames).

Acidification des papiers, corrosion des métaux, altération des colorants, efflorescence d'objets à base de calcium dans un milieu humide (par exemple, coquillages), réduction de la résistance des textiles. Poussière : altération d'objets; attractifs d'insectes nuisibles; égratignures des surfaces molles par frottement.

Polluants transférés par contact

Plastifiant provenant de PVC (polychlorure de vinyle) flexible, composés sulfurés provenant du caoutchouc naturel, substances tachantes des produits du bois (surtout les nœuds), composés visqueux provenant d'anciennes mousses de polyuréthane, trombones fixés au papier, adhésifs sur des objets ayant déjà été exposés, substances huileuses provenant du cuir, acides provenant de certains minéraux, acides gras provenant de personnes ou d'objets graisseux tels que la peau et le cuir. Imprégnation de sels pendant l'enfouissement ou l'immersion dans l'eau de mer. Imprégnation de résidus d'agents nettoyants. Imprégnation de sel provenant de fondations ou de planchers en briques ou en pierres.

Corrosion ou décoloration de la surface de l'objet en contact avec du matériel néfaste provenant de produits ou d'objets.

Polluants intrinsèques

Objets composites ayant des composés dommageables aux autres éléments de l'objet, par exemple, de l'alun ou de l'encre ferro–gallique dans les papiers; du ruban gommé « d'origine » sur des papiers; des produits de corrosion du cuivre en contact avec du cuir (notamment des objets de cuir tanné comprenant des morceaux en cuivre); objets composites constitués de métaux et de composés à base de soufre. Polluants secondaires tels que l'acide acétique et les composés d'oxyde d'azote provenant respectivement de l'hydrolyse de l'acétate de cellulose et du nitrate de cellulose.

Détérioration des objets : acidification, décoloration des objets, ou formation de taches sur les objets.
Le polluant secondaire peut accélérer les processus de dégradation attribuables à l'oxygène, à la vapeur d'eau ou à d'autres polluants.

Polluants aéroportés

Les polluants aéroportés sont d'origine anthropique ou naturelle et sont transportés par voie aérienne. On les associe habituellement aux activités industrielles et urbaines. À l'intérieur des immeubles, certains polluants peuvent provenir de produits de construction. Le personnel et les visiteurs constituent également une source potentielle de polluants aéroportés intérieurs.

On ignore la quantité de polluants aéroportés dans un milieu particulier qui sont bel et bien nuisibles aux objets, mais il est possible de se concentrer sur ceux qui sont connus comme étant les plus nocifs. Nous avons désigné sept polluants comme principaux polluants aéroportés :

  • l'acide acétique
  • le sulfure d'hydrogène
  • le dioxyde d'azote
  • l'ozone
  • le dioxyde de soufre
  • les particules fines
  • la vapeur d'eau

Ces principaux polluants sont habituels et leur réactivité est égale ou supérieure à celle des autres polluants du même groupe chimique. Ainsi, en règle générale, les stratégies de lutte contre les sept principaux polluants serviront également à lutter contre les autres polluants aéroportés.

Acide acétique

Cet acide carboxylique (CH3COOH) est principalement généré à l'intérieur lors de l'utilisation de produits inappropriés, et peut causer des problèmes dans une enceinte hermétique. Normalement, toute enceinte fabriquée de matériaux mal choisis – bois ou peintures – connaîtra des problèmes. Le plomb est le matériau le plus sensible à l'acide acétique (consultez la figure 1 et la vignette 1) et on constate souvent sa corrosion là où du bois acide, ou de la peinture inappropriée ont servi à la fabrication de vitrines d'exposition ou d'armoires de rangement.

Sulfure d'hydrogène

Le sulfure d'hydrogène (H2S), un gaz sulfuré réduit que l'on reconnaît à son odeur d'« œuf pourri », est considéré comme un polluant principal en raison de sa grande capacité de ternir l'argent (figure 2) et le cuivre en très peu de temps, même en dehors des zones urbaines. La présence de ce gaz dans l'air provoque également le noircissement du blanc de plomb dans des tableaux. L'industrie des pâtes et papiers et celle du pétrole sont les principales sources anthropiques de sulfure d'hydrogène. En dehors des milieux urbains, ce sont les océans, l'activité volcanique et géothermique, les marais et la végétation qui dégagent le H2S. À l'intérieur des immeubles, ce sont souvent les membres du personnel et les visiteurs qui en constituent la principale source.

Dioxyde d'azote

Le dioxyde d'azote (NO2) est le plus commun des composés classés dans le groupe des oxydes d'azote (NOX). Il est à l'origine de la coloration rouge brunâtre que l'on observe en suspension au–dessus des villes, particulièrement en période de smog photochimique. Le NO2 se forme rapidement dans l'atmosphère par l'action de l'ozone sur le monoxyde d'azote (NO), qui est le principal NOX que produisent les gaz d'échappement des véhicules (environ 50 % des émissions), les centrales électriques et les activités industrielles. Dans l'atmosphère, une fraction de NO2 est susceptible d'oxydation supplémentaire, au point où il atteint sa forme acide, c.-à-d. l'acide nitrique (HNO3). Le HNO3 et le NO2 font tous les deux pâlir les colorants dont se servent les artistes et peuvent accélérer la détérioration du papier et du cuir tanné au végétal. On croit également que le NO2 absorbé par des objets s'oxyde pour devenir de l'acide nitrique et que cet acide est à l'origine de la plupart des dommages qui s'ensuivent.

Ozone

L'ozone (O3) est un oxydant puissant, qui est normalement présent dans la stratosphère et qui nous protège des rayons ultraviolets intenses et néfastes. Au niveau du sol, il se forme en présence de smog photochimique. Ce dernier résulte de réactions chimiques multiples entre des oxydes d'azote et des hydrocarbures, et leurs dérivés oxygénés, lorsqu'ils sont exposés à la lumière du soleil. Au Canada, c'est dans le corridor Québec–Windsor que les concentrations d'ozone sont les plus élevées. Ce niveau élevé est attribuable à la forte densité de population et à l'industrialisation dans cette région, ainsi qu'aux vents dominants du sud–ouest qui portent les précurseurs d'ozone, particulièrement depuis la région tout juste au sud des Grands Lacs. Le transport des précurseurs d'ozone dans l'atmosphère entraîne de fortes concentrations d'ozone dans des régions éloignées, où l'activité humaine est pourtant limitée. Dans les immeubles, les principales sources d'ozone sont les dépoussiéreurs électriques intégrés aux systèmes de chauffage, ventilation et climatisation (CVC), les épurateurs d'air électroniques (ozoneurs) et les photocopieurs. L'ozone peut attaquer les matériaux en brisant toute liaison double entre les atomes de carbone. La détérioration du caoutchouc naturel vulcanisé, sous l'effet de la tension, et le pâlissement des colorants dont se servent les artistes sont les effets les plus souvent examinés.

Le dioxyde de soufre

Aux États–Unis et en Europe, les principales sources de dioxyde de soufre (SO2) sont les centrales électriques au charbon et la combustion du mazout, suivies des procédés industriels et du transport. La combustion de l'essence dans les véhicules à moteur ne produit que de petites quantités de dioxyde de soufre. Au Canada, les activités industrielles, en particulier la fonte des métaux, sont les principales sources de dioxyde de soufre. Les matériaux présents dans les enceintes (c.-à-d. les substances protéiniques, les caoutchoucs vulcanisés au soufre, les sulfures oxydants dans des spécimens géologiques et certaines teintures) sont des sources de composés sulfureux. Le dioxyde de soufre provoque la corrosion du cuivre, l'altération de certains colorants dont se servent les artistes et la détérioration du cuir tannés au végétal (figure 3). Le dioxyde de soufre et le dioxyde d'azote ont été associés à l'acidification des papiers dans des endroits où les pluies acides et la pollution urbaine constituent de graves problèmes.

Particules fines

Il est habituel de caractériser les matières particulaires (poussière) en fonction de leur diamètre aérodynamique, que l'on définit comme le diamètre d'une sphère de densité unitaire ayant le même comportement aérodynamique que la particule examiné. Le diamètre aérodynamique est important parce qu'il détermine à la fois le comportement des particules et les stratégies de contrôle. En matière de contrôle des polluants, la particule fine (MP2,5 : matière particulaire en suspension dont le diamètre aérodynamique est égal ou inférieur à 2,5 µm) et la particule grossière (MP10 : diamètre aérodynamique de 2,5 à 10 µm) sont souvent utilisés comme indicateurs. En raison de leur petite taille, les MP2,5 sont les plus difficiles à réguler. Les composés sulfurés et nitreux, le carbone organique, les matériaux crustaux et les sels sont les principaux composés nuisibles de source extérieure associés aux particules fines (MP2.5). Dans toute tentative de réguler la concentration des MP2,5, il faut considérer a priori la régulation de la concentration des MP10 et de certaines particules très grossières (>10 µm), qui contiennent encore des composés potentiellement réactifs, comme des résidus de combustion, des squames humaines et des spécimens microbiologiques. Les particules fines sont particulièrement nuisibles parce qu'elles décolorent ou salissent les surfaces, et les salissures changent la perception visuelle des objets. Plus les surfaces sont fragiles, poreuses ou altérées, plus il est difficile de les nettoyer. Toute stratégie de contrôle visant à maintenir de faibles concentrations de particules est donc désirable, justement parce que le nettoyage d'objets fragiles ou poreux est une opération délicate, chronophage, et qui exige l'intervention de restaurateurs qualifiés. La sculpture en ivoire de la figure 4 est un bon exemple d'un objet difficile à nettoyer. Le dépôt de particules hygroscopiques, grasses ou métalliques sur une surface peut amorcer ou accélérer la détérioration de l'objet ainsi que la formation de composés nuisibles, comme les acides. À l'exception des particules résultant de la préparation de nourriture dans la cafétéria d'un musée, ou de la consommation de combustibles (bougies et lampes), la plupart des particules de source interne sont formées de terre et de fibres provenant de tapis et de vêtements. En général, on considère que les fibres n'ont pas d'effets nuisibles directs sur une collection, sauf dans le cas des supports magnétiques comme les bandes sonores et les bandes vidéo, pour lesquels les poussières abrasives présentent un risque pendant la manipulation et l'écoute. En outre, l'accumulation de poussière peut créer un milieu attrayant pour les insectes en quête de nourriture et entraîner la formation de moisissure. D'un point de vue général, une autre conséquence négative est l'incidence sur la perception des visiteurs, y compris des donneurs éventuels, qui pourraient voir dans les dépôts de poussière la preuve d'un manque de soins élémentaires pour la collection.

Vapeur d'eau

L'eau (H2O) fait partie des principaux polluants aéroportés, même si, pour les musées, il existe des lignes directrices claires touchant les taux d'humidité relative afin d'éviter les dommages matériels causés par des taux contre–indiqués (trop sec ou trop humide), ou par des fluctuations excessives (voir la section Humidité relative inadéquate). L'action de la vapeur d'eau en tant que polluant est liée aux dommages physiques et chimiques. Par hydrolyse, la vapeur d'eau peut ainsi endommager directement les objets à base de cellulose comme les livres ou les œuvres d'art en papier, qui constituent habituellement une importante partie des collections. L'acétate et le nitrate de cellulose (figure 8 et figure 9), particulièrement sous forme de feuilles minces ou de pellicules enroulées, de papiers et de bandes magnétiques, comptent parmi les matériaux sensibles à l'effet d'hydrolyse de la vapeur d'eau. La vapeur d'eau a également une forte incidence sur la détérioration que provoquent d'autres polluants.

Oxygène

L'oxygène (O2) est naturellement présent dans l'atmosphère. Sans nécessairement les amorcer, l'oxygène intervient néanmoins dans bien des procédés de détérioration de matières organiques, notamment certains colorants, des polymères, des objets à base de cellulose et des peaux. C'est l'oxydation d'un composé qui cause la détérioration après la photo–excitation par les rayons ultraviolets ou visibles. L'oxydation qui en découle entraîne des altérations physiques, comme la fragilisation et l'apparition de fissures, ainsi que des altérations chimiques, comme le jaunissement et la décoloration. Dans un milieu humide, les métaux comme le fer rouillent. Jusqu'à présent, les milieux à faible concentration en oxygène – ou milieux anaérobies – ont été utilisés principalement pour la lutte contre les insectes et pour la mise en réserve à long terme d'objets individuels dans des sacs étanches à l'air. Il existe peu d'études sur l'utilisation de milieux faibles en oxygène dans les enceintes de grande taille. L'absence de telles études est notamment attribuable aux problèmes associés à l'étanchéité à l'air, aux coûts d'entretien et à l'accès. En raison de l'utilisation limitée des milieux faibles en oxygène et du besoin inutile d'inclure l'oxygène dans les stratégies de surveillance élémentaires, celui–ci n'est pas classé parmi les principaux polluants.

Ensemble de photographies présentant des dommages typiques causés par les polluants.

Une patène corrodé.
Figure 1 : Une patène ou un poids en plomb gravement corrodé à cause du fond en aggloméré de la vitrine d'exposition (photo gracieuseté de Christoph Waller).
Porte–clés en cuivre plaqué argent.
Figure 2 : Porte–clés en cuivre plaqué argent terni progressivement en raison de la présence de composés sulfurés réduits dans la pièce.
Livre relié en cuir tanné.
Figure 3 : Livre relié en cuir tanné au végétal, présentant une détérioration importante connue sous le nom de pourriture rouge, causée par le dioxyde de soufre.
Sculpture inuite en ivoire.
Figure 4 : Sculpture inuite en ivoire présentant des fissures incrustées de suie.
Un tube en caoutchouc sur un carnet.
Figure 5 : Taches sur un carnet après environ dix ans de contact avec un tube en caoutchouc.
Coquillages.
Figure 6 : Efflorescence sur des coquillages – celui de droite a été exposé à une forte concentration de vapeurs d'acide acétique.
Cuivre en contact avec un cuir gras.
Figure 7 : Cuivre en contact avec un cuir gras formant un composé cireux vert de corrosion du cuivre : le stéarate de cuivre – un exemple de polluant intrinsèque.
Peigne brisé.
Figure 8 : Peigne en nitrate de cellulose fabriqué dans les années , devenu très fragile à cause de l'hydrolyse.
Feuille de négatifs en acétate de cellulose.
Figure 9 : Feuille de négatifs en acétate de cellulose dont la détérioration est avancée, également à cause de l'hydrolyse. Le support de film est jauni et très friable.

Stratégies de contrôle des polluants aéroportés

Lignes directrices sur les concentrations de polluants aéroportés

Toute présence de polluants aéroportés autour des collections est indésirable. Si le maintien d'une très faible concentration de polluants peut s'avérer très cher sur le plan du temps et de l'argent, la notion de degré de préservation peut aider à déterminer si la préservation de la collection contre les polluants est appropriée en fonction du mandat et des ressources du musée. Il s'agit d'une approche fondée principalement sur la notion de dose (la concentration du polluant multipliée par la durée d'exposition) à partir de laquelle les premiers signes de détérioration causée par un polluant sont mesurables sur un matériau. Dans le jargon de la gestion du risque, cette dose se nomme « dose minimale de polluant avec effets nuisibles observables » (DMENO). Suivant le principe de réciprocité, pour une dose donnée d'un polluant sur un objet, il est possible de déterminer pendant combien de temps on peut exposer un objet avant qu'il y ait des signes de dommage. Par exemple, la fuchsine basique (un colorant vert) commence à pâlir à partir d'une dose de dix microgrammes de dioxyde de soufre par mètre cube an (10 µg m−3an). Par conséquent, si on est prêt à accepter un léger changement de couleur après 10 ans, la concentration moyenne de dioxyde de soufre ne doit pas dépasser plus de 1 µg m−3 (10 µg m−3an/10 ans).

Le tableau 2 présente la concentration maximale permise pour chacun des polluants aéroportés afin de réduire au minimum le risque pour la plupart des matériaux, selon les périodes d'exposition indiquées. Les concentrations maximales de polluants sont regroupées en trois degrés, ou objectifs de préservation : 1, 10 et 100 ans. L'objectif de 100 ans assure une meilleure préservation et signifie que s'ils sont exposés à la concentration maximale permise du polluant – indiquée dans la colonne correspondante – la plupart des objets ne subiront pas d'effets nocifs pendant 100 ans. Pour la plupart des objets, il est probablement irréaliste et peu fiable de préciser des concentrations de polluants dans la pièce inférieures à celles de l'objectif de préservation de 100 ans. On peut également adopter des objectifs intermédiaires, par exemple, 50 ou 80 ans. Il est important de souligner que le tableau 2 présente le degré de préservation en tenant compte des objets de sensibilité moyenne, qui comprennent la majorité de la collection. On exclut les matériaux à haut risque – présentés dans le tableau 3 – parce qu'il serait trop coûteux de fournir une stratégie globale de contrôle visant à préserver tous les objets, y compris ceux à risque élevé. Il est bien plus rentable de fournir un degré plus élevé de préservation aux objets à haut risque et une stratégie globale pour l'ensemble de la collection. Il est très important de repérer les objets à haut risque dans une collection pour pouvoir leur consacrer plus d'attention.

Tableau 2. Lignes directrices sur les concentrations de polluants aéroportés (d'après Tétreault, 2003)
Principaux polluants aéroportés Concentrations maximales moyennes pour les objectifs de préservation indiquées [µg m−3 (ppb) Tableau 2 note 1 ] Plage de concentrations moyennes de référence [µg m−3 ]
1 an 10 ans 100 ans Basse troposphère non polluée Milieu urbain
Acide acétique 1 000 (400) 100 100 0,3–5 0,5–20 Tableau 2 note 2
Sulfure d'hydrogène 1 (0,71) 0,1 0,01 0,01–1 0,02–1
Dioxyde d'azote 10 (5,2) 1 0,1 0,2–20 3–200
Ozone 10 (5,0) 1 0,1 2–200 20–300
Dioxyde de soufre 10 (3,8) 1 0,1 0,1–30 6–100
Particules fines (MP2,5) 10 1 0,1 1–30 1–100
Vapeur d'eau Maintenir l'HR Tableau 2 note 3 à moins de 60% N/A

Notes tableau 2

Tableau 2 note 1

L'objectif de préservation est la durée (en années) de l'exposition permise de l'objet aux concentrations de polluants indiquées, sans risque de détérioration. Les objectifs sont fondés sur la DMENO (dose minimale de polluants avec effets nuisibles observables) de la plupart des objets (hormis les objets dont le risque de contamination est élevé; voir à ce sujet le tableau 3), et supposent que l'on maintient l'humidité relative (HR) moyenne entre 50 et 60 %, que la température se situe dans la plage de 20 à 30 °C et que l'on prend les mesures nécessaires pour assurer la propreté de la collection (sinon, les concentrations maximales des principaux polluants aéroportés devront toutes être recalculées). Ces valeurs ne s'appliquent pas aux matériaux dont le risque de contamination est élevé. Le terme ppb signifie « partie par milliard ».

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Tableau 2 note 2

Les concentrations des émissions d'acide acétique peuvent atteindre jusqu'à 10 000 µg m−3 dans les enceintes construites de matériaux inappropriés, comme la silicone acide fraîchement appliquée.

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Tableau 2 note 3

Dans le cas de collections permanentes où l'humidité relative (HR) ne se situe généralement pas entre 50 et 60 %, on recommande de maintenir la moyenne annuelle historique.

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Tableau 3 Liste des objets dont le risque de contamination est élevé et les polluants aéroportés correspondants
Objets et dommages potentiels Tableau 3 note 1 Polluants aéroportés les plus dommageables et sources correspondantes

Les colorants sensibles tels que le cramoisi d'alizarine, la fuchsine basique, la curcumine et une préparation à base de pararosaniline ont tendance à pâlir.

Des polluants externes typiques, comme le dioxyde d'azote, le dioxyde de soufre et l'ozone.

Plomb : dans une enceinte, en présence de produits libérant des acides carboxyliques, le plomb a tendance à subir la corrosion en formant une poudre blanche à sa surface.

Principalement l'acide acétique et l'acide formique dégagés par le bois, particulièrement par le chêne et le cèdre, ou en présence de peintures à l'huile ou de peintures alkydes dans une enceinte.

Caoutchouc naturel (vulcanisé ou non) : le caoutchouc, particulièrement lorsqu'il est soumis à des contraintes, a tendance à se fissurer et à devenir plus cassant. Les caoutchoucs synthétiques sont également sensibles à ces conditions, mais dans une moindre mesure.

De l'ozone provenant de l'atmosphère inférieure.

Argent : il est bien connu que dans des conditions ambiantes normales, l'argent ternit facilement dans l'espace d'un an. Le nettoyage fréquent peut provoquer la perte de détails, ce qui constitue un grave problème si la couche d'argent est mince.

Gaz sulfurés réduits, par exemple, le sulfure d'hydrogène, le disulfure de carbone et le sulfure de carbonyle, provenant de sources naturelles et anthropiques. Dans les musées, les visiteurs peuvent constituer la principale source de sulfure d'hydrogène. Certains produits peuvent contenir des composés à base de soufre.

Bandes magnétiques (audio, vidéo, données) : la présence de poussière contamine l'équipement et provoque des erreurs de lecture, dans le cas des bandes numériques, et des pertes du signal (pertes d'information) dans celui des bandes analogiques, ainsi que des égratignures à la surface du ruban. Supports d'enregistrement avec sillons (disques 78 tours, 45 tours, 33 tours et cylindres) : comme il faut une aiguille pour en faire la lecture, la présence de poussière peut les endommager s'ils ne sont pas bien nettoyés avant leur utilisation.

Particules provenant de l'extérieur et de l'intérieur (squames et poussière provenant des employés et des visiteurs, ainsi que produits associés aux activités humaines comme les travaux de rénovation et la cuisine).

Objets dont le nettoyage est difficile, notamment les objets présentant des surfaces ou des pigments poudreux, par exemple, certains objets ethnographiques peints, des plumes, des ailes de papillon, des objets fragiles tels que les collections d'insectes et les minéraux filamenteux, des objets qui présentent des microfissures ou des interstices dans lesquels de fines particules pourraient se loger (par exemple, des ivoires ou des objets peints fissurés), des objets présentant des surfaces gluantes, par exemple, certains plastiques détériorés et certains objets en bois gorgés d'eau traités au polyéthylène glycol, des objets ne pouvant être facilement nettoyés au moyen d'un aspirateur, d'un bain d'immersion ou d'un cataplasme, ainsi que des objets comprenant de nombreux constituants de petite taille dont le nettoyage adéquat serait difficile et chronophage.

Particules fines provenant de l'extérieur, principalement celles formées par la combustion dans le domaine du transport urbain.

Objets craignant l'humidité (sensibles à l'hydrolyse) tels que des matières plastiques à base d'acétate de cellulose et de nitrate de cellulose, des photographies couleur, de la gélatine pour émulsion photographique, des bandes d'enregistrement magnétiques, de nombreux types de papiers, des vernis naturels et des produits en PVC flexible (plastifié). Les dommages dépendent de la nature du matériau, mais peuvent comprendre la décoloration, l'acidification, la diminution de la résistance à la traction et la déformation.

Vapeur d'eau dégagée par les visiteurs, les peintures à base d'eau et les adhésifs, les activités de nettoyage par voie humide, ainsi que celle provenant du milieu extérieur.

Objets contenant des sels hydrosolubles qui réagissent avec l'acide acétique et l'acide formique, y compris des céramiques, des coquillages et des minéraux. Ils ont tendance à développer de longs cristaux filamenteux ou des dépôts floconneux (efflorescence).

Vapeur d'eau, acide acétique, acide formique et objets contenant des sels ou des composés d'acétate.

Note tableau 3

Tableau 3 note 1

On peut aussi envisager l'emploi de stratégies de contrôle associées à un niveau supérieur de préservation ou consulter Tétreault (2003).

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On peut considérer que les concentrations maximales permises pour les principaux polluants aéroportés des objectifs de 1 et de 10 ans – présentées dans le tableau 2 – sont efficaces et réalisables pour les besoins de la préservation. Bon nombre d'objets ne manifesteront des signes de détérioration qu'après le temps d'exposition indiqué. Dans les pièces de la plupart des immeubles historiques, le meilleur objectif réalisable est, en fait, d'environ 10 ans. Toutefois, atteindre des concentrations de polluants avec un objectif de conservation peu élevé dans une pièce peut contribuer à un meilleur degré de préservation à l'intérieur d'une enceinte, à condition qu'il n'y existe pas d'importantes sources émissives de polluants.

La facilité avec laquelle on atteint un certain degré de préservation dans une pièce dépend de la valeur de la DMENO du polluant par rapport à la majorité de la collection. C'est exactement la même valeur que celle donnée pour l'objectif d'un an dans le tableau 2 (pour NO2; 10 µ g m-3 x 1 an = 10 µg m−3 an−1 ). Plus la valeur de la DMENO est élevée et plus la concentration extérieure est faible, plus il est facile d'atteindre un degré élevé de préservation. Mais s'il existe une source interne de polluant, comme un grand nombre de visiteurs dégageant du sulfure d'hydrogène, il est plus difficile d'atteindre un degré élevé de préservation. Tout dépend des installations existantes et des ressources disponibles pour améliorer la qualité de l'air.

Approche systématique

Les stratégies de contrôle consistent en des mesures coordonnées visant à réduire un ou plusieurs polluants aéroportés à un certain niveau, afin de limiter le risque que courent les objets qui y sont exposés ou leur taux de détérioration. Ces mesures peuvent découler de caractéristiques, qui sont des descriptions exactes des exigences techniques touchant les immeubles, l'équipement et le matériel, ainsi que les procédures. Les diverses stratégies de contrôle dont on peut se servir pour prévenir les effets nuisibles des polluants aéroportés sont résumées au tableau 4, qui rend compte des possibilités de contrôle à différentes étapes. Éviter, bloquer, diluer et filtrer ou sorber sont les stratégies qui permettent de réduire les concentrations de polluants dans l'air ambiant. L'atténuation des réactions diminue les effets nuisibles des polluants sur des objets. Cette stratégie consiste, tout d'abord, à réduire les facteurs environnementaux tels que les radiations et les composés qui, sans être les polluants principaux, interviennent dans la réaction. En deuxième lieu, la stratégie consiste à neutraliser les polluants sorbés dans les objets. Cette stratégie est utilisée pour la désacidification en masse des livres. Le fait d'écourter la durée d'exposition limite la détérioration des objets en raccourcissant l'exposition à un milieu nuisible. Dans la mesure du possible, il est toujours préférable d'éviter les sources de polluants. Il y a toutefois peu de moyens qui permettent d'éviter les polluants extérieurs; c'est le blocage qui est le plus réaliste. Dans le cas des polluants de source interne, c'est la stratégie de l'évitement (c.-à-d. éviter d'exposer les objets aux polluants en choisissant des produits sécuritaires) qui est la plus efficace pour les enceintes. S'il est impossible d'agir ainsi, les stratégies bloquer, diluer, filtrer ou sorber permettent de réduire partiellement les concentrations de polluants. Soulignons qu'il n'est pas nécessaire de mettre en œuvre les stratégies de contrôle de façon uniforme à l'échelle du musée. Il est possible de les adapter en fonction de la valeur et des besoins de préservation des objets, de même qu'en fonction des différentes salles et enceintes.

Stratégies de contrôle des polluants aéroportés (Tétreault, )

ÉVITER la présence de sources extérieures
  • Choisir l'emplacement de nouveaux bâtiments en fonction des sources environnantes de polluants aéroportés, telles que les usines polluantes et les vents dominants.
  • Réduire au minimum les sources de production de polluants, notamment en faisant asphalter le terrain de stationnement et en limitant la circulation à proximité de l'édifice.
ÉVITER la présence de sources dans les pièces et dans l'ensemble de l'immeuble
  • Réduire au minimum les activités produisant des poussières et des gaz, à proximité de la collection ou dans les zones utilisant les mêmes conduits de ventilation.
  • Restreindre le nombre de visiteurs pouvant se trouver dans une même pièce, en fonction de la capacité de ventilation.
  • Choisir et utiliser les produits soigneusement, en tenant compte de leur composition chimique.
ÉVITER la présence de sources dans les enceintes
  • Choisir et utiliser les produits soigneusement, en tenant compte de leur composition chimique.
EMPÊCHER l'infiltration des polluants dans les pièces et l'ensemble de l'immeuble
  • Accroître le degré d'étanchéité de la membrane de l'immeuble ou de certaines pièces; ajouter des vestibules près de l'entrée principale et gérer soigneusement l'ouverture des fenêtres.
  • Choisir un endroit adéquat pour l'entrée d'air du système CVC, mettre en place différentes zones à pression positive et assurer un taux minimum d'infiltration d'air. Installer des filtres à gaz et à particules efficaces. Remplacer les filtres régulièrement, selon les indications du fabricant, ou en tenant compte des résultats d'une évaluation effectuée par une entreprise qui se spécialise dans la qualité de l'air.
EMPÊCHER l'infiltration des polluants dans les enceintes
  • Utiliser des enceintes étanches ou des dispositifs de filtration de l'air à pression positive. Remplacer les filtres régulièrement.
  • Envelopper les objets dans des matériaux absorbants tels que du tissu de coton ou du papier de soie non acide.
EMPÊCHER la libération de polluants par les produits dans les pièces et les enceintes
  • Appliquer un revêtement coupe–vapeur à la surface des produits du bois qui libèrent des polluants.
EMPÊCHER le transfert des polluants sur les objets (par dépôt ou absorption)
  • Appliquer un revêtement coupe–vapeur à la surface des objets (solution peu pratiquée).
DILUER, FILTRER ou SORBER les polluants présents dans les pièces et les bâtiments
  • Envisager la répartition judicieuse des collections dans les zones du bâtiment présentant différents niveaux de qualité de l'air (ainsi que la possibilité d'utiliser une enceinte).
  • Accroître la distance entre la source de polluants et les objets.
  • Utiliser les dispositifs d'évacuation d'air localisés dans le cas des activités les plus polluantes (cuisine, atelier, entreposage de produits chimiques).
  • Utiliser des ventilateurs portatifs pour repousser l'air ambiant à l'extérieur des pièces et du bâtiment (dans le cas de dégagement important de polluants à court terme, comme celui de murs et de planchers fraîchement peints).
  • Filtrer l'air recyclé du système CVC ou utiliser un dispositif de filtration portatif. Remplacer les filtres régulièrement.
  • Enlever périodiquement la poussière qui s'accumule dans l'immeuble et sur les surfaces d'équipement et de matériel. Réduire au minimum la remise en suspension de la poussière.
DILUER ou SORBER les polluants présents dans les enceintes
  • Envisager l'utilisation d'une enceinte munie d'un dispositif de tirage (effet de cheminée) si les conditions ambiantes de la pièce sont bien régulées ou utiliser un dispositif de filtration à pression positive.
  • Diluer l'air avec un gaz inerte tel que l'argon, l'hélium ou l'azote.
  • Utiliser des méthodes d'absorption passive ou active (notamment celles basées sur l'emploi de gaz, de particules, de vapeur d'eau et d'absorbants d'oxygène). Remplacer la matière absorbante régulièrement.
RÉDUIRE LES RÉACTIONS des produits avec les objets
  • Réduire l'humidité relative (HR) et la température ambiante ou l'intensité des rayonnements ultraviolet, visible et infrarouge (le cas échéant).
  • Neutraliser les polluants absorbés par les objets (par exemple, la présence de composés alcalins dans le papier inhibe la détérioration de l'acide).
RÉDUIRE LA DURÉE D'EXPOSITION DES OBJETS
  • Restreindre la durée d'exposition des objets dans des conditions inadéquates.
SURVEILLER l'état de la collection
  • Inspecter périodiquement les objets, ainsi que les produits pertinents des enceintes et de l'immeuble afin de déceler tout signe de détérioration.
SURVEILLER la présence et la quantité de polluants présents dans les pièces et les enceintes
  • Effectuer une surveillance in situ adéquate des polluants.
SURVEILLER le fonctionnement des dispositifs de régulation
  • Vérifier périodiquement le degré d'efficacité des dispositifs de filtration de gaz et de poussière.
  • Mesurer le débit de fuite de l'immeuble et des enceintes.
INTERVENIR lors de la détection de polluants ou de l'observation de dommages aux objets
  • Protéger les objets des conditions ambiantes nocives ou effectuer une surveillance étroite.
  • Éliminer les poussières, les produits d'efflorescence et les produits de corrosion active présents sur les objets.
  • Réévaluer les stratégies ÉVITER, EMPÊCHER et RÉDUIRE, envisager une analyse coûts et avantages.

La surveillance constitue un volet important de la stratégie de contrôle. Cependant, les méthodes de surveillance de la qualité de l'air dans les musées ne sont toujours pas normalisées et ne sont pas largement utilisées, en raison, dans une certaine mesure, de leur coût élevé. Cette réalité confirme l'importance des stratégies Éviter et Bloquer. Si les ressources le permettent, ou si un important problème particulier existe, le document Polluants dans les musées et les archives... (Tétreault ) propose une méthode d'enquête. On trouve également une liste détaillée de dosimètres commerciaux dans le document de Grzywacz (). En l'absence d'équipement de surveillance, on peut facilement effectuer une inspection visuelle de la collection. Au cours d'une inspection de routine, chercher les signes de corrosion récente sur les métaux, particulièrement dans les nouvelles vitrines ou les nouvelles armoires de rangement. Les gaz que dégagent les nouveaux produits dans l'enceinte peuvent entraîner de la corrosion, qui est observable après quelques semaines ou quelques mois seulement. Si l'humidité relative est maintenue à des concentrations élevées ou si sa fluctuation est importante, vérifier s'il y a efflorescence, comme la formation d'une poudre blanche ou de cristaux sur les objets en céramique ou les coquillages (figure 6). Les autres signes de détérioration (décoloration, fissures et fragilisation) apparaissent en général progressivement et il est difficile d'évaluer les changements, à moins d'avoir des documents de référence. On peut également surveiller l'accumulation de poussière en plaçant des plaques en verre propres à différents endroits. Après quelques mois d'exposition, une analyse préliminaire de la nature des poussières au moyen d'un microscope optique peut aider à déterminer la principale source dans cet emplacement précis. Si le taux de dépôt est inacceptable, il est possible de réviser les stratégies de contrôle.

Les stratégies susmentionnées font partie du mode préventif. Dès qu'un problème est détecté, il faut le régler en passant au mode actif. Tous les objets à risque doivent se trouver dans un environnement sûr, ou ils doivent être enlevés pour réduire le temps d'exposition. Il faut les surveiller de près et, si l'on estime que les composés déposés sur les objets par les polluants peuvent toujours être actifs, ce sont des professionnels qualifiés qui doivent effectuer le traitement des objets. Dès que la cause est détectée, il faut réévaluer les stratégies de contrôle pour éviter les mêmes risques à l'avenir.

Stratégies de contrôle selon différents degrés de préservation

On regroupe des ensembles typiques de stratégies de contrôle en vue de répondre à trois degrés progressifs de préservation : élémentaire, intermédiaire et avancé. Le tableau 5 présente trois différents degrés de préservation pour la plupart des objets d'une collection. Ils sont basés principalement sur l'amélioration du choix des produits de construction, l'étanchéité à l'air des enceintes et la filtration de l'apport d'air frais. Ces degrés de préservation ne sont pas absolus et, au besoin, on peut les ajuster.

Tableau 5 Stratégies de contrôle des polluants aéroportés, pour différents niveaux de préservation de collections mixtes.
Niveau de préservation Stratégies de contrôle

Élémentaire

  • HR < 75 % Tableau 5 note 1.
  • Pièce : éviter l'utilisation de produits qui libèrent des quantités importantes de polluants Tableau 5 note 2, par exemple, les revêtements à base d'huile ou d'alkyde fraîchement appliqués; recouvrir avec du tissu et une pellicule de plastique tout objet de grande taille mis en réserve. S'il existe un système CVC, le dispositif de filtration doit répondre aux critères de la classe D Tableau 5 note 3. Le plancher des zones de grande circulation doit être balayé quotidiennement.
  • Enceinte : éviter l'utilisation de produits qui libèrent des quantités moyennes ou importantes de polluants Tableau 5 note 2, par exemple, des revêtements secs à base d'huile ou le bois non étanchéisé; éviter l'utilisation de produits sulfurés dans des vitrines d'exposition ou des armoires de rangement. Laisser sécher les revêtements pendant 3 à 4 semaines avant d'utiliser l'enceinte. Conserver les objets de petite taille dans des sacs, dans des boîtes faites de matériau non acide ou dans des boîtes en plastique; on peut également les envelopper dans une pellicule plastique, du tissu de coton ou du papier de soie non acide.

Intermédiaire

  • HR < 65 % Tableau 5 note 1.
  • Pièce : éviter l'utilisation de produits qui libèrent des quantités importantes de polluants Tableau 5 note 2 , utiliser un système de régulation de la climatisation (modèle portatif ou système CVC) comportant un dispositif de filtration de classe B Tableau 5 note 3 . Idéalement, le plancher des zones de grande circulation doit être nettoyé avec un aspirateur ayant une bonne capacité de filtration des poussières.
  • Enceinte : utiliser des joints d'étanchéité statiques et sceller les joints afin d'améliorer l'étanchéité des vitrines d'exposition et des armoires de rangement. Éviter l'utilisation de produits qui libèrent des polluants Tableau 5 note 2. Dans la réserve, utiliser des étuis ou des boîtes non acides.

Avancé

  • HR < 55 % Tableau 5 note 1.
  • Pièce : éviter l'utilisation de produits qui libèrent des quantités moyennes ou importantes de polluants Tableau 5 note 2, utiliser un système de régulation de la climatisation comportant un dispositif de filtration de classe A Tableau 5 note 3, un système CVC pouvant répondre aux besoins en filtration (en fonction du nombre de visiteurs, de la nature de la collection et de l'étanchéité de la pièce ou de l'immeuble). Restreindre l'accès aux visiteurs ou aux employés. Le plancher des zones de grande circulation doit être nettoyé avec un aspirateur ayant une grande capacité de filtration des poussières.
  • Enceinte : enceinte bien étanche (étanchéité estimée ou mesurée, égale ou inférieure à un échange d'air par jour), munie d'un dispositif d'absorption passive Tableau 5 note 4, ou dont l'étanchéité est acceptable, et munie d'un dispositif de filtration active à pression positive. Utiliser des produits qui ne libèrent aucun polluant ou qui n'en libèrent que de très faibles quantités Tableau 5 note 3 et qui, idéalement, ont été mis à l'essai ou ont fait l'objet d'une caractérisation poussée. On peut également envisager l'emploi d'un gaz inerte comme milieu ambiant Tableau 5 note 5 .

Notes tableau 5

Tableau 5 note 1

Si cette valeur ne contredit pas celle de HR requise pour l'ensemble de la collection. La valeur, exprimée en %, est basée sur une valeur moyenne établie pour une période de quelques semaines. Pour en savoir plus, voir la section Humidité relative inadéquate.

Retour à la référence tableau 5 note 1

Tableau 5 note 2

Bulletin technique 32 Produits utilisés en conservation préventive.

Retour à la référence tableau 5 note 2

Tableau 5 note 3

Tableau 6.

Retour à la référence tableau 5 note 3

Tableau 5 note 4

Vignette 2.

Retour à la référence tableau 5 note 4

Tableau 5 note 5

Consulter la section Ravageurs.

Retour à la référence tableau 5 note 5

Les stratégies de contrôle peuvent varier en fonction des besoins de préservation de collections ou d'objets particuliers. Pour assurer un degré approprié de préservation aux objets hypersensibles susmentionnés, il faut clairement les désigner. Pour obtenir le même degré de préservation que le reste de la collection, il faudra probablement accroître le niveau des stratégies de contrôle.

Préservation élémentaire

Le niveau élémentaire assure une préservation minimale en proposant des stratégies de contrôle qui réduisent pendant une période d'un à trois ans les risques de dommage que provoquent les polluants aéroportés. En général, les risques les plus élevés proviennent de nouveaux produits, par exemple, l'utilisation de produits mal choisis pour la fabrication ou la rénovation de vitrines d'exposition, ou l'installation d'objets dans une vitrine avant la fin de son séchage. Les produits problématiques les plus courants sont le chêne et autres bois semblables, les revêtements à polymérisation oxydative comme les peintures alkydes et à base d'huile; ils peuvent corroder les métaux et provoquer des efflorescences sur des objets à base de calcium. Des fluctuations importantes de l'humidité relative (au–dessus d'environ 70 %) peuvent aussi amorcer et accélérer la corrosion.

Comme le nettoyage des objets est une opération délicate qui exige beaucoup de temps, il est préférable d'empêcher le dépôt de poussières. Quand ils sont mis en réserve, les objets de grande taille doivent être recouverts de tissus ou de feuilles de plastique. Pour ce qui est des objets difficiles à nettoyer, il faut les conserver dans des boîtiers fermés dans la réserve, mais également dans les aires d'exposition. Pour enlever des particules des surfaces fragiles, il faut parfois des conseils sur la préservation.

Préservation intermédiaire

Une fois le niveau de préservation élémentaire atteint, le personnel du musée peut envisager un niveau plus élevé. Les stratégies de contrôle décrites pour la préservation intermédiaire réduisent les risques de dommage pendant une période de 10 à 30 ans pour des objets de sensibilité moyenne. Elles mettent surtout l'accent sur la réduction de l'infiltration des polluants aéroportés dans l'immeuble et dans les enceintes, ainsi qu'une meilleure sélection de produits à faibles émissions à l'intérieur des enceintes. L'efficacité minimale du filtre à particules du système CVC est de catégorie B tableau 6, basée sur le rendement du MERV 14 pour la phase finale de la filtration.

Tableau 6 Caractéristiques relatives aux dispositifs de filtration de systèmes CVC(Tétreault, 2003)
Classe-
ment selon les caracté-
risti-
ques
Filtre à particules de première étape, dont l'efficacité minimale est basée sur : Filtre à gaz Filtre à particules de l'étape finale, dont l'efficacité minimale est basée sur : Air de reprise Tableau 6 note 3
Norme ASHRAE 52.2 (MERV Tableau 6 note 1 ) Effica-
cité contre les parti-
cules de pouss-
ière Tableau 6 note 2
Norme EN 779 Tableau 6 note 2 Efficacité contre les particules de poussière Dust
spot effi-
ciency
Norme EN 779
AA >12 >70 % >F6 1 ou 2 étapes >6 >99 % >H10 Filtré
A 11 60–65 % F6 1 étape 15 >95% F9 Filtré
B 10 50–55 % F5 1 étape (de préfé-
rence)
14 90–95 % F8 Filtré
C 9 40–45 % F5 Aucun 13 80–85 % F7 Filtré (de pré-
férence)
D 8 30–35 % G4 Aucun 12 70–75 % F6 Non filtré

Notes tableau 6

Notes tableau 6

MERV (Minimum efficiency reporting value ) désigne la valeur de référence d'efficacité minimale de filtration, selon la norme ANSI/ASHRAE 52.2. Cette norme remplace les deux essais normalisés antérieurs, américain et européen (la remarque Pied de tableau 2 , ci–après). Les valeurs MERV s'échelonnent de 1 à 20, celle de 20 étant le niveau de filtration le plu élevé. Une valeur MERV égale ou supérieure à 17 répond aux besoins de filtration d'un milieu ultrapur, par exemple, celui des entrepôts de stockage de matières radioactives et des salles de chirurgie.

Retour à la référence Tableau 6 note 1

Note de bas de tableau 2

Efficacité du filtre déterminée en fonction de l'essai d'efficacité contre les particules de poussière atmosphérique (ASHRAE 52.1) et de la norme EN 779 du Comité européen de normalisation (inclus à titre de référence).

Retour à la référence Tableau 6 note 2

Note de bas de tableau 3

L'air de reprise est filtré lors de sa recirculation dans le dispositif de filtration.

Retour à la référence Tableau 6 note 3

Préservation avancée

Lorsque les ressources le permettent, ou lorsque la valeur des objets le justifie, on peut atteindre un niveau de préservation avancé au moyen de stratégies de contrôle plus sévères. On utilise une membrane haute barrière pour l'immeuble et on sélectionne rigoureusement des produits passifs pour les enceintes étanches à l'air. À l'intérieur des enceintes, on peut utiliser des sorbants en mode actif ou passif (Vignette 2). En raison des contrôles rigoureux exigés, on peut limiter l'accès des visiteurs aux réserves et, dans une certaine mesure, aux aires d'exposition dans des situations particulières. L'objectif d'une préservation avancée est de réduire les risques de dommage pendant 100 ans ou plus. Pour s'assurer d'obtenir ce niveau de préservation, on peut, dans certains cas, choisir un environnement sec ou faible en oxygène pour l'exposition ou la mise en réserve d'objets hypersensibles ou de grande valeur.

Polluants transférés par contact

Un polluant se trouvant à la surface d'un objet ou d'un produit peut être transféré par contact avec une autre surface, causant habituellement une décoloration ou des taches. L'étendue des dommages dépend de la quantité et de la mobilité du polluant et de la porosité ou de la réactivité de la surface qui reçoit le polluant. Jusqu'à un certain point, tous les objets sont susceptibles d'être tachés par contact avec des produits inappropriés. Il peut être difficile d'enlever de telles taches des objets poreux ou très fragiles. Les produits les plus susceptibles de causer des taches par contact prolongé sont les bois non scellés (particulièrement là où il y a des noeuds), les papiers et les cartons acides (la Vignette 3), le PVC souple, les plastiques sulfurés, les mousses tendres de polyuréthane, la plupart des rubans adhésifs, quelques adhésifs liquides, les surfaces contaminées par le sel (comme les briques ou les planchers de pierre contaminés), les métaux dans des conditions humides (ils tachent les matériaux organiques et peuvent causer une corrosion galvanique sur des objets métalliques), ainsi que les matériaux gras comme les peaux et le cuir, mais également les acides gras provenant du personnel et des visiteurs. Les produits de nettoyage peuvent être nocifs s'ils sont mal utilisés, par exemple, les produits de nettoyage général de l'immeuble peuvent s'éclabousser sur des objets exposés ou en réserve, ou des composés associés au nettoyage et au polissage d'objets peuvent causer des problèmes s'ils sont mal utilisés ou utilisés en trop grande quantité. Parfois, il est difficile de voir les résidus laissés par les composés de polissage.

Stratégies de contrôle

Les stratégies visant à réduire le risque de taches par contact, ont principalement pour objet d'éviter des produits ou des objets inappropriés, de bloquer la migration des polluants aux points de contact, ou de réduire la durée de contact. Le tableau 7 présente des stratégies courantes pour atteindre trois différents degrés de préservation pour le contact avec des produits nocifs. Le degré de préservation élémentaire réduira les dommages causés par contact au cours des premières années; les niveaux intermédiaire et avancé empêcheront les dommages pendant quelques dizaines d'années ou quelques centaines d'années, respectivement.

Tableau 7. Stratégies de contrôle des dommages causés par le contact avec des produits nocifs, pour différents niveaux de préservation de collections
Niveau de préservation Stratégies de contrôle

Élémentaire

  • Éviter tout contact avec des produits sulfurés; ne pas utiliser d'adhésifs (hormis la colle d'amidon, dans le cas des œuvres d'art sur papier) ou des bandes élastiques qui touchent les objets; laisser sécher les revêtements appliqués sur du bois pendant 3 à 4 semaines avant tout contact avec les objets; ne pas utiliser des dispositifs de fixation métalliques sans revêtement.
  • Éviter de déposer les objets sur le sol ou sur un plancher en briques ou en céramique contaminé par des sels.
  • S'assurer d'avoir les mains propres ou de porter des gants avant de manipuler les objets. Les visiteurs ne doivent pas pouvoir facilement toucher aux objets.

Intermédiaire

  • Utiliser des feuilles intercalaires à faible perméabilité, par exemple, celles de papier tamponné, ou des feuilles en plastique mince à faible perméabilité, par exemple, celles en PET [poly(éthylène téréphtalate)] ou en Melinex 516. Une pellicule d'aluminium plastifiée constitue également une excellente feuille intercalaire mince et imperméable.
  • Éviter tout contact avec des produits acides comme les papiers acides, le PVC souple et les feuilles d'acétate de cellulose.

Avancé

  • Utiliser des produits qui ne contiennent pas de polluants secondaires et qui n'en produiront pas avec le temps, par exemple, le verre et les plastiques épais recommandés.

Polluants intrinsèques

Un polluant intrinsèque est un polluant qui fait déjà partie du contenu original de l'objet, ou qui a été ajouté au cours de sa transformation ou de son traitement. On utilise parfois le terme de détérioration inhérente pour qualifier l'action des polluants intrinsèques dans l'objet. Ces polluants peuvent causer des dommages en raison de leur instabilité, ou en réaction avec d'autres composés dans l'objet. Les nouveaux composés formés dans des objets au cours d'un processus de dégradation peuvent également être considérés comme des polluants intrinsèques ou, plus précisément, des polluants intrinsèques secondaires. Un bon exemple est l'acide acétique dégagé par des pellicules en acétate de cellulose au cours de l'hydrolyse. L'acide acétique formé dans la pellicule accélère sa dégradation. Dans les œuvres d'art en papier, l'alun (utilisé comme colle interne) a tendance à accélérer la dégradation du papier. Les objets traités avec des matières grasses, comme les cuirs traités, peuvent corroder les parties en cuivre qui y sont attachées (figure 7).

Les plastifiants contenus dans les objets en PVC souple constituent également un problème courant; le plastifiant est instable dans l'objet et a tendance à migrer vers sa surface. Le PVC souple deviendra collant et se déformera au moment de la perte du plastifiant. Certains colorants dans le plastique peuvent être dissous et migrer avec le plastifiant, tachant ainsi d'autres parties de l'objet avec lesquelles il est en contact. Une réduction de la température contribuera à ralentir la migration.

Stratégies de contrôle

Si les polluants intrinsèques caractérisent les matériaux instables dont se servent les artistes ou les produits fabriqués dont on se sert dans les œuvres d'art, on ne peut pas faire grand-chose pour les éviter, à part la sensibilisation. Le blocage du polluant à l'intérieur de l'objet sert souvent de solution. La désacidification des livres dans les archives et dans les bibliothèques est une stratégie habituelle, bloquant l'action des composés acides par l'ajout de composés alcalins. Autrement, les principales stratégies se limitent à réduire les réactions en gardant les objets au frais et au sec. Ainsi, le degré de préservation élémentaire consistera à éviter les excès d'humidité relative, de température et de lumière.

Il faut repérer les objets de la collection contenant des polluants intrinsèques et établir des stratégies de contrôle particulières avant que de graves dommages irréversibles ne se produisent. Certains matériaux d'objets faits de composés de soufre, de mousses de polyuréthane, de PVC souple, de laine (figure 10), de colle inadéquate ou d'acétate de cellulose peuvent causer des dommages à l'objet lui–même par dégazement ou par contact.


Une pièce de monnaie de 19ème siècle.
Figure 10. Un ajustoir du XIX e siècle mis en réserve dans son boîtier en bois pendant des dizaines d'années à l'Augustinermuseum, à Fribourg. Aux endroits où les fils de laine touchaient les culots en laiton, ces derniers présentent des lignes noires. On ignore la nature de cette couche de corrosion noire, mais comme la laine fait partie de l'objet, elle était la source de polluants ou, à tout le moins, a fortement contribué aux dommages. On ignore également dans quelle mesure le boîtier a provoqué de la corrosion. Photographie gracieuseté de Christoph Waller.

Références

Grzywacz, C. M. Monitoring for Gaseous Pollutants in Museum Environments. Los Angeles, Publication Getty, .

Documents clés

Hatchfield, P.B. Pollutants in the Museum Environment: Practical Strategies for Problem Solving in Design, Exhibition and Storage . Londres, Publications Archetype, .

Tétreault, J. Polluants dans les musées et les archives : évaluation des risques, stratégies de contrôle et gestion des la préservation, Ottawa, Institut canadien de conservation, .

Tétreault, J. « Lignes directrices sur les concentrations de polluants dans les musées ». Bulletin de l'ICC , 31 (), p. 3–5.

Thomson, G. Museum Environment , deuxième édition, Londres, Butterworths, .

Glossaire

Enceinte

Assemblage de produits qui délimitent un espace précis (par exemple, sac de plastique, vitrine, armoire de rangement ou caisse de transport).

Système de CVC (HVAC system)

Système de chauffage, de ventilation et de climatisation, comprenant toutes les surfaces internes du système de circulation de l'air d'une installation, pour les espaces climatisés et les espaces occupés.

Matériau

Composant d'un objet ou d'un produit, par exemple, cuivre, chêne, coton. Voir aussi Objet et Produit.

Objet

Objets considérés par la société, ou par certains de ses membres, comme ayant une importance historique, artistique, sociale ou scientifique. Les objets peuvent être composés d'un ou de plusieurs matériaux. Il s'agit de biens meubles (comme les œuvres d'art, les artefacts, les livres, les archives et autres objets d'origine naturelle, historique ou archéologique) ou de biens immeubles (comme des intérieurs architecturaux ou des structures présentant un intérêt historique ou artistique).

Produit

Substance fabriquée ou transformée, formée d'un ou de plusieurs matériaux utilisés dans le cadre de l'entretien ou de la mise en réserve de collections ou d'objets. Par exemple, un panneau contreplaqué est un produit contenant deux matériaux : du bois et de la colle. Pour décrire les produits en vue de faire des choix de façon adéquate, on utilise divers termes, notamment inerte, stable, sûr (ne présentant qu'un risque faible ou aucun risque) ou approprié. Ces termes ne sont pas normalisés, mais le terme « inerte » renvoie presque toujours à une très forte stabilité qui n'est habituellement pas obligatoire en conservation. Autrement, il faudra bannir les produits courants recommandés, comme le papier sans acide, dans le domaine de la préservation.

Vignettes

Vignette 1. Corrosion sous forme de dépôt poudreux blanc dans une réserve

Problème : Découverte, sur une médaille, de corrosion sous forme de dépôt poudreux blanc (centre de la figure). L'examen a permis de constater que tous les articles corrodés sont de plomb. C'est l'utilisation, dans un milieu d'exposition ou de réserve, de produits dégageant des acides carboxyliques qui est à l'origine d'une telle corrosion. Le plomb est particulièrement susceptible de se corroder en présence de ces composés acides.

Solution : Trouver la source de la pollution et l'éliminer. Dans ce cas, les panneaux en chêne utilisés pour fabriquer les enceintes de stockage dégageaient de l'acide acétique. On peut atténuer le problème en scellant le bois avec de la peinture–émulsion acrylique, en la laissant sécher au moins quatre semaines et en assurant un contrôle élémentaire de l'humidité relative. Toutefois, en raison de la sensibilité du plomb à l'acide acétique et de la probabilité que des produits libèrent des concentrations élevées d'acide acétique, il est préférable d'éviter des produits acides comme le bois, le papier acide, la peinture fraîche et les émulsions de colle fraîches dans les vitrines où sont exposés des objets de plomb.

Médailles corrodées de fil.
Figure 11. Médailles de plomb corrodées dans une vitrine en chêne. Photographie gracieuseté du Musée du séminaire de Sherbrooke.

Vignette 2. Utilisation de sorbants

Mélange des sorbants de polluant
Figure 12. Mélange de sorbants pour polluants.
Photographie gracieuseté de Purafil, Inc.

Les sorbants (ou détritivores) peuvent extraire certains éléments de l'air ambiant et les conserver au moyen d'un procédé d'affinité ou de réaction. Un sorbant peut fonctionner par absorption (interactions essentiellement concentrées dans les pores de matériaux solides) ou par adsorption (interactions concentrées sur des surfaces solides). Parmi les procédés en cause, on peut également distinguer la chimisorption (liaison chimique avec le substrat) et la physisorption (attraction physique, par exemple, des forces électrostatiques faibles). La désorption peut aussi se produire dans certaines conditions (si les gaz sorbés n'ont pas réagi précédemment), si le sorbant est proche de l'équilibre (entre la concentration des polluants ambiants et ce que le sorbant peut absorber) et si la concentration de polluants dans l'air ambiant diminue. Pour un bon rendement, il faut remplacer ou regénérer le sorbant avant qu'il n'atteigne le processus de désorption.

De manière empirique, si l'enceinte est bien scellée (en supposant un échange d'air par jour) et ne contient pas de matériaux émissifs importants (objets et produits), 500 grammes de charbon actif par mètre cube peuvent réduire la concentration de polluants à l'intérieur de l'enceinte d'un facteur 10 par rapport à la concentration dans la pièce, et ce, pendant un an. Par la suite, il faudra remplacer le charbon. Si l'enceinte n'est pas bien scellée, s'il y a une source interne de polluants, ou s'il faut augmenter la durée de vie du sorbant, il faudra plus de sorbant. Dans la pratique, on recommande l'utilisation de sorbants, surtout quand des mesures sont déjà prises pour réduire les sources internes et maintenir un niveau élevé d'étanchéité à l'air des enceintes.

Pour en savoir plus sur l'utilisation des sorbants, consulter la Note de l'ICC 15/1 La préservation des objets en caoutchouc ou en plastique ou Tétreault (2003).

Vignette 3. Coloration d'une œuvre d'art sur papier

Œuvre d'art présentant
Figure 13. Œuvre d'art présentant une coloration à la suite d'un contact avec un passe–partout acide pendant de nombreuses années.

C'est en raison d'un contact pendant plus de dix ans avec le composant migrateur d'un passe–partout acide que l'œuvre d'art sur papier présente une tache, qui est pratiquement irréversible. Il aurait fallu utiliser un carton alcalin non acide. Pour la préservation à long terme, il faut éviter d'utiliser du papier et du carton acide, ainsi que des agrafes ou des trombones métalliques, des élastiques et du ruban adhésif.

Vignette 4. Vidéo

L'utilisation de peintures commerciales dans les musées

Cette vidéo fournit des réponses aux questions fréquemment posées : quelle peinture devrait-on utiliser pour éviter d’endommager une collection de musée, et combien de temps devrait-on laisser sécher une surface peinte avant que des objets puissent y être exposés? Cette vidéo a été créée par l'Institut canadien de conservation.

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Ressources connexes

Vidéo en accéléré d'une détérioration : deux clés en fer, humidité relative inadéquate et polluants

Grâce au Centro Nacional de Conservación y Restauración, situé au Chili, le document Web intitulé « Agents de détérioration » publié par l’Institut canadien de conservation et traduit en espagnol par l’ICCROM, est désormais gratuitement accessible en ligne. Ce document destiné aux conservateurs et aux restaurateurs, identifie les dix principaux agents qui constituent une menace pour les environnements patrimoniaux.

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